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La Dent-de-lion


Étymologie :


  • PISSENLIT, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Mil. xve s. pissenlit (Évangiles des Quenouilles, Paris, P. Jannet, 1855, p. 40) ; 2. 1862 expr. manger des pissenlits par la racine (Hugo, Misér., t. 1, p. 686). Comp. de pisse (forme du verbe pisser*), de la prép. en* et de lit*. Cette plante est ainsi nommée en raison de ses propriétés diurétiques.

Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion sur le symbolisme de la plante.


Autres noms : Taraxacum Officinalis ; Chandelle ; Chopine ; Cochet ; Couronne-de-moine ; Dent-de-lion ; Doudou ; Fleur des beaux garçons ; Fleurion d'or ; Florin d'or ; Florion d'or ; Groin-de-porc ; Horloge du berger ; Lait d'âne ; Laitue de chien ; Pichaulit ; Pisse-en-lit ; Pistelon ; Tête de moineau ; Tête de moine (parce qu'il est chauve quand il a perdu ses aigrettes) ; Salade de taupe.

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Botanique :


Selon Jean-Marie Pelt, auteur d'un ouvrage intitulé Des Légumes (Éditions Fayard, 1993) :


Le pissenlit est l'une de nos herbes les plus communes, car, non content de régner en maître sur les prairies, les chaumes, les friches, les talus, il va jusqu'à s'insinuer entre les pavés des places de nos villes. Ses feuilles découpées en lobes aigus lui ont valu le nom spécifique de « dent de lion ». C'est à ses merveilleux capitules de fleurs jaune d'or,, juchés au sommet d'un pédoncule creux et souple, qu'il doit le nom de « fleurion d'or ». Après la formation par chaque fleur d'un petit fruit sec, surmonté d'une fine aigrette en forme de parachute, la belle collection de ces aigrettes au sommet de la hampe lui vaut le nom de « chandelle ». Depuis que Pierre Larousse en fit l'emblème de son œuvre, l'essaimage des airettes au moindre souffle de bise ou de vent reste une image familière qui orne les livres où s'écrit l'histoire de la langue française. Quand toutes les aigrettes ont disparu, il ne reste plus que le réceptacle bombé, nu, et c'est alors que le pissenlit s'appelle « tête de moine ». Le nom de « pissenlit », regroupant tous les autres, évoque les incontestables propriétés diurétiques de la plante. Reste le latin Taraxacum : cette racine proviendrait du grec et évoquerait l'action salutaire du pissenlit dans les maladies des yeux, fort contestable au demeurant.

En raison de son amertume, le pissenlit fut d'abord une plante médicinale et ensuite seulement une salade. Parmi bon nombre d'indications thérapeutiques, hétéroclites et discutables, on relèvera cependant une indication constante du pissenlit dans les maladies du foie et des reins ; amer comme la bile, il est, de fait, un excellent draineur et un bon diurétique.

La culture du pissenlit en tant que légume remonte à la Renaissance et se pratique surtout en France ; mais l'on récolte toujours le pissenlit sauvage. La plante possède une puissante racine pivotante pouvant atteindre 30 cm de profondeur ; elle est inscrite à la pharmacopée. Riche en inuline, proche de celle de la chicorée - on l'a d'ailleurs utilisée comme succédané de celle-ci -, elle entre dans de nombreuses compositions de tisanes dépuratives. Quant aux feuilles, elles contiennent des vitamines B et C ainsi qu'un principe amer identique à celui de la chicorée.

Laitue, chicorée, pissenlit, toutes ces salades appartenant à la famille des astéracées (ex-composées) sont chimiquement apparentées. Ces plantes se caractérisent par leur amertume, par la haute teneur en inuline de leurs racines et par leurs effets favorables sur les sphères hépatobiliaire et hépatorénale ; d'où des propriétés diurétiques, cholagogues, cholérétiques.

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D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :


"Le pissenlit porte de longues feuilles dentelées. Il pousse en très grand nombre dans les prairies. Au printemps, au milieu du vert des prés, une multitude fleurs jaunes éclosent puis donnent naissance à des plumets légers que le vent emporte. Le pissenlit est une plante à latex, dont le lait ne brûle pas la bouche. Il est juste un peu amer.


Pourquoi fait-il ça ? Le latex du pissenlit a pour effet de repousser les limaces et les escargots, qui se contente de manger les vieilles feuilles un peu pourries du dessous. Par contre, les lapins, les vaches ou les chevaux en raffolent et le pissenlit s'en trouve plutôt bien car plus il est brouté, mieux il repousse !


Salade de pissenlits : Le pissenlit se mange en salade, surtout quand les feuilles sont jeunes et tendres. Il est délicieux avec de l'huile d'olive et des petits lardons grillés. Mais les enfants, eux, le trouvent souvent bien trop amer. Dommage, car le pissenlit est bon pour la santé, même s'il a tendance à donner envie de faire pipi (on peut l'écrire d'ailleurs "pisse-en-lit" !


Des pneus en pissenlit : Le latex du pissenlit devient extensible en durcissant. Il pourrait même servir à faire des élastiques, ou des balles de caoutchouc. En Russie, on a essayé de l'utiliser pour fabriquer du caoutchouc. Mais on a abandonné car les pissenlits étaient trop difficiles à récolter."

 

Nicolas Gilsoul, dans un ouvrage intitulé Chlorophylle & bêtes de villes (Éditions Arthème Fayard, 2022) détaille la géométrie du pissentlit :


Baissez-vous : tout petit déjà, Pissenlit est une merveille d'architecture. Sa rosette n'a rien à envier aux rosaces de nos cathédrales gothiques. Elle déploie cinq feuilles espacées de 72° exactement. Implantées en spirale parfaite sur une courte tige invisible, elles se plaquent au sol pour éviter les dents et la langue des herbivores. Les jeunes feuilles sont douces et juteuses, Pissentlit doit les protéger. Au centre apparaît rapidement un bourgeon carapacé. Pissenlit pousse. Ses feuilles décollent, deviennent coriaces, amères et dentelées comme la mâchoire d'un grand fauve. On l'appelle aussi Dent-de-Lion. [...] Le bourgeon monte au bout d'une tige creise jusqu'à 10 centimètres du sol. Il est alors à la même hauteur que les autres herbacées champêtres et peut ouvrir son salon.

Dès les premiers rayons du soleil, les bractées du bouclier se rabattent sur la tige en quelques secondes et la fleur jaune s'panouit en pompon joyeux. Pissenlit fait partie de la famille des Composées, come les asters et les artichauts. Le pompon n'est pas une fleur, mais un bouquet. Chaque lanière jaune est une minuscule fleur fichée dan un coussin ovale, le capitule. Pissenlit est généreux, il distribue avec aisance pollen et nectar aux butineuses de passage. Il accepte les syrphes travestis en guêpes, les bourdons du dimanche et les abeilles solitaires. L'osmie ébouriffée est une habituée. La distribution faite, le bouclier se referme jusqu'u lendemain. Pendant trois jours, c'est l'orgie. Etamines et pistils tirent des plans sur la comète. Quand le bourgeon est devenu un ventre, il redescend vers le sol, plein de promesses. La tige se penche, se couche et s'allonge à l'abri des retgards. Pissentlit étire langoureusement son pédoncule et, lorsqu'il a triplé de taille, le redresse fièrement au-dessus des autres herbes des champs. Là où les courants d'air prendront le relais pour assurer son avenir.

Il dévoile enfin sa boule plumeuse aux regards. Celle que l'on souffle en riant ou en fansaint nos voeux pour la planète. La sphère évanescente est composée d'une cinquantaine de graines creuses surmontées d'un parachute de soies. Les botanistes parlent d'akène pour le fruit et de pappus pour l'hélicoptère translucide.

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Bienfaits thérapeutiques :


Le pissenlit est essentiellement utilisé pour ses propriétés diurétiques comme son nom l'indique. Selon le site de la Société Française d'Ethnopharmacologie (SFE), "C’est une petite plante très commune dans toutes les régions tempérées du monde dont les racines sont traditionnellement utilisées comme dépuratifs, cholagogues et cholérétiques mais aussi pour ses effets diurétiques. Les racines s’emploient en décoction et les feuilles en infusion."

 

Pissenlit et cancer : Selon une étude menée par Siyaram Pandey, professeur de l’université de Windsor au Canada, les racines de pissenlit seraient bien plus efficaces que la chimiothérapie. Ainsi, les effets cytotoxiques de l’extrait de racine de Pissenlit pourrait tuer jusqu’à 96% des cellules de la leucémie myélomonocytaire chronique (forme de cancer du sang) 48 heures seulement après assimilation.


Pour en savoir davantage, lire l'article publié sur le site de l'université de Windsor.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Le collet et les feuilles du pissenlit, Taxacum officinale, du Liondent, Léontodon hastile, des crépides, Crepis virens et taraxacifolia, et dans les montagnes, du Crepis aurea (ces cinq dernières plantes cueillies au printemps avant la croissance des tiges ou des hampes), servent à faire une salade fort appréciée dans le peuple (1) et sont vendues sous le nom de Dents de lion. On leur attribue une grande vertu dépurative, probablement parce que c'est la première herbe mangeable à bon marché qui paraisse à la fin de l'hiver.


Note : 1) Pendant le séjour de l'armée de Bourbaki en Suisse, les soldats récoltaient de vraies cargaisons de pissenlits et les mangeaient en salade, au grand étonnement des habitants qui ne le mangeaient que cuit et qui, malgré l'exemple donné, sont restés fidèles à leurs habitudes. (Christ in litt.)

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Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot nous apprend que :


L'action de souffler sur les graines légères, qui sert à des consultations amoureuses, constitue aussi un jeu. Les enfants prennent une boule de pissenlit, puis l'un deux souffle dessus, puis toujours les uns après les autres ; celui qui soufflera le dernier brin aura gagné. [...] En Berry et dans une partie de la Sologne, on appelle amoureux du Berry les graines légères de pissenlits que le vent propage dans les campagnes aux mois d'août et de septembre. Les jeunes filles les attrapent quand elles le peuvent, elles les placent dans leur corsage en disant : Encore un de pris. C'est une allusion à l'amoureux qu'elles pourront attraper au vol, quand elles auront l'âge de se marier.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


PISSENLIT. Lorsque cette plante est en graines, chacune de celles-ci est surmontée d'une aigrette qui la soutient dans l'air et la transporte quelquefois à de très grandes distances. A cet état de fructification, la fleur n'offre plus de pétales, mais une sorte de globe plumeux que le souffle suffit pour briser et en disperser les parties. Les jeunes filles ont encore fait de ce globe un objet de divination. Pour s'assurer du résultat d'une chose qui occupe leur pensée, elles soufflent une seule fois sur la boule en question : si toutes les graines se dispersent sous l'effort de cet innocent ouragan, la réussite du projet formé est immanquable ; mais s'il reste seulement une graine attachée au réceptacle, c'est qu'on ne doit avoir aucun espoir d'arriver à ses fins.

 

Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


La friction d'une plante sur le mal est aussi efficace peur faire disparaître ces excroissances [les verrues]. Au XVIe siècle, on conseillait de frotter le porion du lait d'une fueille de pissenlit, il en sèche plus tost.

[...] En Haute-Bretagne et dans la Beauce, si toutes celles [les aigrettes] du pissenlit s'envolent, on est très aimé ;s'il en reste quelques-unes, on l'est un peu moins ; l'affection est faible si la plupart résiste au souffle ; En Wallonie, on pose diverses questions en rapport avec l'amour et la destinée en soufflant, à chaque parole, sur un capitule de pissenlit : le mot sur lequel il se trouve complètement dégarni de ses graines donne l'explication attendue. La jeune fille qui veut savoir combien elle a de galants souffle par trois fois vigoureusement leur nombre est celui des aigrettes qui restent. En Provence, la jeune fille souffle sur une tige garnie de ces petites graines ailées, que l'on appelle Anges autant il en reste, autant d'années la séparent du mariage ; si toutes volent, elle se mariera bientôt si toutes résistent, le mariage est bien loin ; la même épreuve se fait en Haute-Bretagne avec le pissenlit et dans le Bocage normand si l'aigrette s'envole tout entière le mariage est prochain, s'il en reste, on devra attendre autant d'années qu'il faudra s'y reprendre de fois pour faire disparaître les grains.

En Haute-Bretagne et dans la Beauce, pour savoir combien l'on a d'années à vivre, on souffle sur le pissenlit en graine : le nombre d'aigrettes en indique le chiffre ; il dit aussi aux jeunes femmes des Côtes-du-Nord combien elles auront d'enfants. Les enfants wallons ont donné le nom d'horloge à la tête du pissenlit, parce qu'elle leur sert à .déterminer l'heure ; ils soufflent dessus jusqu'à ce que toutes ses graines aient disparu ; le chiffre est marqué par le nombre de fois que l'on, aura eu à souffler pour les éliminer toutes. En Haute-Bretagne, on souffle trois fois ; le chiffre de celles qui restent donne la réponse ; s'il y en a de cassées, ce sont des demi-heures ou des quarts d'heures ; la même consultation est pratiquée en Beauce. En Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-du-Nord, elle est employée par ceux qui ne se rappellent plus s'ils ont dit leurs prières le matin ; si on enlève toutes les graines, c'est qu'on est en règle. Aux environs de Dinan, les enfants qui, en route, réussissent à les faire envoler, croient que leur mère les attend avec impatience et leur ménage une surprise. Une consultation analogue est usitée en Savoie, où la fleur de pissenlit s'appelle Inà (lune). Lorsque les enfants s'amusant à la campagne craignent que leurs parents n'aient besoin d'eux pour quelque petit service, ils soufflent très fort sur cette lune si tous les pétales s'envole, leurs parents les réclament et il faut partir au plus tôt sinon, et quand bien même il ne resterait qu'un seul pétale, ils continueront leurs jeux sans inquiétude.

[...] Les plantes semblent ne jouer qu'un rôle secondaire dans les songes. En Franche-Comté, la jeune fille curieuse de voir en rêve celui qui sera son mari doit placer sous son oreiller, avant de se coucher, une feuille intacte de pissenlit.

[...] En Poitou, l'enfant aplatit à un bout le tuyau du pissenlit qui commence à fleurir, et s'il respire fortement, et qu'il ne passe pas d'air entre les lèvres et le bout de ce tuyau, il doit faire entendre un son.

 

Il est courant de faire un vœu lorsque l'on souffle sur les pistils de ce petit génie. Le rituel est similaire à celui de la lampe à huile, de l'étoile filante ou du bouton d'or.

Dans le calendrier républicain français, le 26e jour du mois de ventôse, est officiellement dénommé jour du Pissenlit.

Wikipédia

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Une tradition ancienne voulait que le pissenlit en fruit servit de présage aux jeunes filles à marier : les jeunes filles d'autrefois soufflaient sur la tête du pissenlit pour faire s'envoler toutes ses graines. Autant de fois elles soufflaient, autant d'années elles attendront un époux...

Les magiciens se frottent le corps de décoction de pissenlit afin d'être bien accueilli partout et d'obtenir tout ce qu'ils désirent.

 

Selon Ernest Small et Paul M. Catling dans Les Cultures médicinales canadiennes, (Conseil national de recherches Canada, NRC Research Press, 2000) :


"On peut prédire de combien de pouce grandira un enfant au cours de la prochaine année en mesurant la plus grande tige de pissenlit qu'il peut trouver."

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur :


Eté - Août

PISSENLIT OU DENT DE LION - ORACLE.

Portez-vous vos pas dans la plaine, sur la pente des collines, ou sur le haut des montagnes, regardez à vos pieds, vous ne tarderez pas à y découvrir des rosaces de verdure toutes couvertes de fleurs dorées, ou de sphères légères et transparentes. Déjà vous reconnaissez cet ami de votre enfance ; c'est le pissenlit, c'est l'oracle des champs ; partout on peut le consulter. Les pissenlits, comme les enfants des hommes, sont généralement répandus sur le globe ; on les trouve dans les quatre parties du monde, sous le pôle et sous l’équateur, aux bords des eaux et sur les rochers arides ; partout ils se présentent à la main qui veut les cueillir, ou à l'ail qui veut les consulter ; leurs fleurs, qui se ferment et qui s'ouvrent à certaines heures, servent d'horloge au berger solitaire ; et ses houppes emplumées lui prédisent le calme ou l'orage :

Il lit au sein des fleurs, il voit sur leur feuillage

Les desseins de l'autan, l'approche de l'orage.


Mais ses boules légères servent encore à de plus doux usages. Vit-on loin de l'objet de sa tendresse, on détache avec précaution une de ces petites sphères transparentes ; on charge chacun des petits volants qui la composent d'une tendre pensée ; puis on se tourne vers les lieux habillés par la bien-aimée, on souffle, et tous ces petits voyageurs, messagers fidèles, portent à ses pieds vos secrets hommages. Desire-t- on savoir si cet objet si cher s'occupe de nous comme nous nous occupons de lui, on souffle encore ; et s'il reste une seule aigrelte, c'est la preuve qu'il ne nous oublie pas ; mais cette seconde épreuve, il faut la faire avec précaution ; on doit souffler bien doucement ; car, à aucun âge, pas même à l'âge brillant des amours, il ne faut pas souffler trop fort sur les douces illusions qui embellissent la vie.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Pissenlit - Oracle et Présomption.

La fleur du pissenlit sert aux mêmes usages que celle de la marguerite. La petite sphère qui forme son fruit et qui se disperse au moindre souffle, dit aussi aux amants leur constance ou leur inconstance, selon qu’elle résiste ou ne résiste pas à l’épreuve qu’on lui fait subir.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


PISSENLIT - ORACLE.

Les oracles annoncés par votre ordre, 0 Seigneur, sont fondés sur la justice, rien n'en peut corrompre la vérité.

Psaumes : CXVIII, 138.

 

Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


PISSENLIT - ORACLE.

L'espèce la plus commune, le pissenlit dent-de-lion, se trouve en abondance dans les prés et les lieux herbeux et incultes. Ses pousses se mangent en salade dans les premiers jours du printemps, ou cuites comme la chicorée. Qui ne se rappelle les boules légères du pissenlit qui pousse dans les prés et que nous aimions à consulter quand nous étions enfants ? ... Désire-t-on savoir si un ami absent s'occupe de nous comme nous nous occupons de lui, dit madame Delatour, on souffle sur ces aigrettes légères, et s'il en reste une seule, c'est une preuve qu'il ne nous oublie pas ; mais celle épreuve, il faut la faire avec précaution ; on doit souffler bien doucement, car, à aucun âge, pas même à l'âge brillant des amours, il ne faut souffler trop fort sur les légères illusions de la vie.

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Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte les équivalences de l'Horloge de Flore :


Il est des fleurs qui s'ouvrent invariablement à la même heure ; les horticulteurs profitent de cette horloge naturelle pour régler leur temps, et les amoureux emploient ce moyen pour indiquer le moment où ils passeront sous les fenêtres de celle à qui ils offrent leurs vœux.


Trois heures du soir - Le pissenlit taraxacoïde.


L'autrice étudie ensuite le symbolisme des plantes selon le langage des fleurs traditionnel :


Pissenlit - Oracle.

Sa fleur est composée de capitules terminaux, à fleurons jaunes ; les aigrettes s'étalent à la maturité, et forment par leur réunion une tête globuleuse, qui, dans le langage familier, s'appelle chandelle. Cette petite sphère se disperse au moindre souffle, et les jeunes gens la consultent pour savoir dans combien d'années ils se marieront. On mange les feuilles et les racines du pissenlit en salade.

Le pissenlit est encore l'horloge des champs.

« Les fleurs, qui se ferment et qui s'ouvrent à certaines heures, servent d'horloge au berger, et ses houppes emplumées lui prédisent le calme ou l'orage . » (AIMÉ MARTIN.)

Son nom vient de ses qualités diurétiques.

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Jacques Lefrêne (pseudonyme d'Elie Reclus), auteur de Physionomies végétales, Portraits d'arbres et de fleurs, d'herbes et de mousses (In : Plant Physiognomie, 1931 ; Éditions Héros-Limite, 2012) s'appuie sur la description botanique de la plante pour en déduire des traits symboliques :


Il croît partout et fleurit dans toutes les saisons. C'est une fleur omniprésente et qui, souvent, couvre d'immenses étendues.

Cette fleur, qui est un soleil, devient une voie lactée, un monde d'astres, après la floraison. Elle passe de vert en jaune et en gris-bleu. Tout en elle est unité et radiation, les feuilles aussi bien que la fleur et le fruit. Le pissenlit représente une idée complète et harmonique ; il se révèle partout comme une incarnation de l'unité et constitue une image éloquente de la perfection dans la beauté et dans la simplicité.

Rien ne ressemble plus au soleil. En contemplant une prairie des Alpes, on a comme la vision de cieux immenses, avec des milliers de constellations et des millions de soleils. Le créateur biblique ne verrait pas plus beau en jetant un regard sur la vastitude des mondes. Le ciel bleu est parsemé de lambeaux de nuages blancs, s'élevant au-dessus de montagnes blanches aussi, découpées de bleu encore. Les colosses des Alpes ne sont que de petites réductions de figures météorologiques, affectant des formes plus verticales, plus déchirées, un peu plus blanches, un peu plus bleues.

Les prairies en fleur, d'un vert argenté, donnent l'impression de neige ensoleillé, brillant sur un brouillard doucement éclairé par la lune. Le vert abondant fait valoir le jaune des boutons d'or et des pissenlits. C'est le vert du bouleau : doux, frais, pur, innocent. Hier, il n'était que le brouillard vert qui s'était arrêté entre les branchilles violâtres. Maintenant, c'est un vert suave, au milieu duquel s'élèvent les troncs blancs tachetés de noir. On dirait de grands serpents dont les écailles de velours et d'argent se redressent dans les herbes. Là-dedans aussi nous remarquons l'antithèse du pommier et du poirier. Le poirier aux feuilles pâles, le pommier aux feuilles plus vertes ; le poirier aux fleurs toutes blanches, le pommier aux fleurs roses ; le poirier avec son grand élan vertical, le pommier avec son jet horizontal sont deux frères qui ne cessent de se contredire.


Le pissenlit, roi de la prairie, évoque l'idée de radiation ; cette Composée est l'image de l'état harmonique. Ses feuilles sont radiantes ; le pissenlit radie, il va du centre à la circonférence et revient de la circonférence au centre. C'est son jeu vital. D'abord, les feuilles partent du centre, se relèvent un peu sous la pression des herbes environnantes qui voudraient aussi se faire jour. Au milieu, on aperçoit une verrue, un nœud plat, vert foncé ; c'est la fleur future. Les feuilles lancéolées sont façonnées sur le terrible modèle de la lance barbelée, qui entre largement et ne peut ressortir qu'en déchirant les tissus. Mais elles sont inoffensives, ces feuilles, et ne blessent pas le moindre insecte ; on les mange, et la salade de pissenlit a une amertume légère et salutaire, un petit goût sauvage. Sur le centre de la plante, un peu de lait est répandu, qui ressemble au lait de laitue.

La verrue vert-foncé, presque noirâtre, se soulève un peu, puis monte, monte sur une hampe florale, une colonne creuse, blanc verdâtre, toujours plus blanche, garnie en haut de duvet caressant : pour empêcher quoi ? pour protéger comment ? La fleur future. C'est une intention, mais quelle est la réalité ?

Ce bouton est enveloppé par un double calice vert, avec reflet blanchâtre en dehors, mais au second calice le vert aboutit au violet. De nombreuses nuances s'offrent dans chaque partie de la plante, aux divers phases de croissance et de développement. Il y a une diversité extrême ; il ne s'agit que de regarder beaucoup, de prendre intérêt, de jeter des regards affectueux, de saluer avec respect et sympathie.

Donc, le pissenlit monte, monte sa colonne à la hauteur, ou à peu près, des plus hautes feuilles. Entre temps, la verrue a changé de forme. C'est un gland maintenant, avec une multitude de raies longitudinales ; ce sont les centres du second calice. Au sommet, une tache violette ferme bien le cœur du pissenlit. Ce cœur est fermé avec une puissance extraordinaire de concentration et pourtant il va s'ouvrir tout à l'heure et ne se ferme si bien que pour mieux s'ouvrir, quand le moment sera venu. Il s'entr'ouvre au milieu de la tache violette un point jaune éclatant, un œil de lumière Et cet œil s'élargir, s'élargit.

J'ai remarqué, un matin, que toutes les fleurs s'ouvrent par le côté Est et le côté Sud - le côté le plus près du soleil - ce qui prouverait que ces petites plantes ont une sensibilité inimaginable. Elles se rapprochent pour avoir davantage et mieux. Elles y gagnent le billionième du milliardième de rien du tout, ou de presque rien. Mais pourquoi le font-elles ? Tandis qu'elles sont pleinement épanouies du côté du Midi, quelques-unes au Nord sont encore fermées, ne sont pas réveillées, dorment encore, ne sont pas nées. Celles qui se sont levées les premières sont aussi les premières à se flétrir, à se relever en sens contraire.

Le moment le plus beau, c'est celui de la première floraison. On voit un léger arc de cercle, qui grandit jusqu'au demi-cercle, presque trois quarts de cercle. Les pétales s'abaissent, les pissenlits se relèvent. On leur fait place. Au milieu se trouve la multitude de folioles, de pistils et d'anthères formant masse solide comme cœur d'artichaut. C'est un globe entamé aux deux pôles ; on en a enlevé une calotte, une lentille ; sur la branche, se dessinent comme des rosaces, des guillochures formées d'une multitude de points disposés régulièrement, suivant des lignes pointillées, comme les guillochures des montres.

A chaque minute, à Chaque instant, se détache une foliole, un pistil du bourgeon central. Entre le bourgeon et la foliole, il y a comme un brouillard léger, avec des entrelacements de circonférences, des arabesques de cercles, qui se coupent et s'unissent ; il y a des ronds d'or sur un étang violet. Ces cercles sont produits par la coupure oblique. Les languettes renferment les pistils qui sont entourés chacun par les cinq anthères qui forment un seul corps.

La fleur est simple ; chaque fleur est si tranquille, est tout à fait chez soi et veut sa part de lumière, de chaleur, du monde entier, dans le minimum d'espace. On a tant admiré les cellules hexagonales des ruches ! qu'on admire donc ces fleurs composées ou Synanthérées, qui reflètent l'idéal du communisme, qui forment l'image de l'Etat. Dans une telle fleur, on peut voir tout un monde.


Le jaune, c'est la lumière par excellence. Les pétales du pissenlit sont jaunes, mais les étamines sont orange. Quand le rouge s'y met, on pense à chaleur et à passion. L'orange enthousiaste évoque l'admirable élan des idéalistes.

Quand tout finit par s'être développé, il n'y a plus de centre apparent en quelque sorte. Cette fleur soleil est comme le grand soleil du ciel, dans lequel on ne distingue plus rien. La splendeur du pissenlit, son moment de beauté suprême, est avant son complet développement. Après, la fleur procède en sens contraire ; elle s'est expandue au possible en trois quarts de globe ; maintenant toutes les folioles rentrent. Des étoiles apparaissent, dont les rayons sont plus longs que d'autres ; les pétioles n'ont plus leur fraîcheur ; les pistils sont encore debout, ils rougeoient. La fleur est plus orange qu'avant. Le calice horizontal remonte toujours, toujours ; mais enfin il se ferme, d'abord sous forme d'une glande plutôt deux fois plus large en haut qu'en bas ; ensuite, cela devient un pain de sucre, formé par deux lignes concaves. Ce pain de sucre s'empaquette en spirale et, alors, la tige prend un aspect plus violacé. Un nouveau travail intérieur se prépare. Le pissenlit se cache ; il rentre, comme la chrysalide, dans la profondeur de l'organisme pour son œuvre énorme. De nouveau, la fleur fermée se gonfle : les graines se forment avec leurs aigrettes, d'abord serrées comme étoffe de parapluie, qui poussent en haut la masse d'étamines mortes. On dirait une quenouille de soie jaune. Les languettes se détachent comme des calottes. Tout naturellement, elles montent, montent, et quand elles sont montées au plus haut, elles tombent, n'ayant plus de base.

Ainsi les empires, les capitaines, les rois, les empereurs, les villes et l'Etat...

Ce mouvement va de la circonférence au centre ; c'est la graine centrale qui est la dernière formée, de même la dernière étamine était celle qui semblait dominer et de qui toutes les autres semblaient procéder.

Le pissenlit offre aussi parfois une tendance à former des jumeaux. Deux tiges soudées paraissent, et alors la plante parle d'abondance, de facilité, de complaisance.

La fleur de pissenlit sur sa tige rappelle le palmier rayonnant. La semence, avec son aigrette comme de verre filé, reproduit la forme de la plante. Sur un bel exemplaire, on compte cent cinquante graines environ ; à vingt fleurs sur le pied, cela fait trois mille graines, un nombre respectable. Si l'on réfléchit que le nombre de plantes demeure à peu près stationnaire, on est obligé de reconnaître que, sur trois mille graines, une seule arrive à bien.

Le parfum du pissenlit, chose délicate et subtile, pour les petits hurbecs, pour les charançons qui le mangent, pour les abeilles qui viennent butiner. Ce sont des nuages d'encens, des amas de lumière zodiacale.

Pour nous autres, montagnes d'os et de chair, qui, pour les pissenlits, appartenons à la catégorie des grands monstres animaux, ce parfum est à peine perceptible, vapeur légère, saisissable par moments, insaisissable à d'autres, tantôt agréable à notre odorat, tantôt désagréable. Mais pour les cirons, pour toutes les petites limaces gluantes et grises, qui se vautrent avec délices dans cette corolle orangée, qui boivent à flot ce lait épais et crémeux, c'est de l'opium sucré.

Parmi les boutons d'or d'un jaune plus brillant, plus verni, nuance chrome, dans le brouillard léger d'un vert blanchâtre des ombellifères et les reflets de fer rouillé des oseilles, le pissenlit est une personnalité caractérisée.

Il est magnifique, mais sans orgueil. Bon, large, doux, facile, il est essentiellement bon prince, l'idéal du sympathique dans la bonne acception du mot, comme Bacchus était sympathique.

Il se réjouit de lui-même sans avoir des autres la moindre envie ; il est heureux de soi, de tous et de tout. Pourquoi ne serait-il pas plus heureux, puisqu'il se sent parfait ? Il n'est pas jaloux de la rose qui appartient à un monde tout autre. Il n'est même pas jaloux de son cousin Leontodon de l'automne, maigre, ambitieux, aristocratique et tout autrement distingué. Il le trouve joli, il le loue de bon cœur, mais pourquoi l'envierait-il ? L'autre a un je ne sais quoi qu'il n'a pas, un je ne sais quoi qui a bien son mérite, mais lui a son je ne sais quoi qui a son mérite aussi, et il a de plus ce certain je ne sais quoi, indéfinissable, que els uns croient la raison suprême, que d'autres estiment absolument irrationnel, et qu'on appelle être heureux.

Ivre de soleil, ivre de lui-même, ivre de tout, ivre de lumière et de chaleur, l'œil humide d'une coupe du généreux vin de Chiraz, Hafiz eût écouté une poésie du panthéiste Djelaleddin Rumi :


Je suis la fleur et je suis le soleil qu'elle regarde et qui la regarde ; je suis la dix-millionième fleur perdue dans la prairie et je suis aussi l'astre des cieux, roulant de vastitude en vastitude ; je dans se dans les tourbillons des constellations ; je jouis à la fois de ma petitesse infinie et de ma grandeur colossale. Je suis un monde de fleurs moi-même, tout un système floral ; à moi seule, je m'appelle Légion. Je suis la Composée. Je suis tout un Cosmos, un système d'Ordre, de Liberté, de Beauté, d'Egalité, de Fraternité. Je suis une Communauté, comme les Polypes, les Salpes, les Ascidies, les fourmilières et les ruches : mais je suis en même temps la ruche et les abeilles, la fourmilière et les fourmis, en même temps la fleur et les fleurettes, en même temps la République et tous ses citoyens. Je suis en même temps le soleil des cieux et la fleur dans laquelle il se reproduit, en même temps le grand soleil du grand univers et le pissenlit du bord de la route, Taraxacum officinale.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), Pissenlit (Taraxacum dens leonis) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Jupiter

Élément : Air

Divinité : Hécate

Pouvoirs : Divination ; Vœux ; Stimule les esprits.


Utilisation magique : Pour savoir combien d'années vous vivrez, soufflez les graines de la tête du Pissenlit. Vous vivrez autant d'années qu'il restera de graines. Pour savoir l'heure : soufflez trois fois de la même manière que précédemment. Le nombre de graines restantes vous indiquera l'heure.

Pour envoyer un message à une personne aimée, soufflez sur la tête du Pissenlit, dans la direction de celle-ci, et en visualisant votre message. Le Pissenlit, enterré dans l'angle nord-ouest de la maison, apporte des vents favorables.

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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi le Pissenlit :


Mot clef : Oracle

Prédit me fut que devais fermement

Un jour aimer celui dont la figure

Me fut décrite, et, sans autre peinture,

Le reconnus quand vis premièrement.


Puis le voyant aimer fatalement,

Pitié je pris de sa triste aventure,

Et tellement je forçai ma nature,

Qu'autant que lui aimai ardentement


Qui n'eût pensé qu'en faveur devait croître

Ce que le Ciel de destins firent naître ?

Mais quand je vois si nubileux apprêts,


Vents et cruels et tant terribles orages,

Je crois qu'étaient les infernaux arrêts

Qui de si loin m'ourdissaient ce naufrage.


Louise Labé (v. 1525 - v. 1565).


Tous les enfants aiment souffler sur les boules plumeuses des Pissenlits ; les graines, portées par une sorte de petit parachute, se dispersent au vent et se répandent dans les cheveux, sur les vêtements. Si l'on fait un vœu et que l'on souffle toutes les graines en une seule fois, il sera exaucé... C'est pourquoi, le Pissenlit est un symbole d'oracle et de divination. Ces boules de graines lui ont valu, dans certaines régions, d'être appelé "Couronne de moine".

Cette plante médicinale porte également le nom de Dent de lion, parce que ses feuilles dentées évoquent les mâchoires du roi des animaux. Autrefois peu apprécié en matière culinaire, le Pissenlit a vu cette mauvaise réputation confirmée par l'usage, en recevant les sobriquets de Salade des chiens ou Salade des taupes.

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Selon le site http://1001symboles.net/ :


"Le pissenlit est le symbole de la mort et de la résurrection. Cependant, il symbolise aussi la diffusion du savoir.


La mélancolie de la mort et la lumière divine : Le pissenlit est aussi appelé "dent de lion" en raison de la découpure de ses feuilles. Aussi, son goût amer évoque la mélancolie de la mort. Cependant, ses fleurs solaires et printanières rappellent la lumière divine et la promesse de la résurrection.

La diffusion du savoir : Le pissenlit se caractérise par ses graines qui ont la particularité de s'éparpiller au gré du vent. Aussi, depuis 1876, il représente le logo [1] des éditions Larousse, dont la devise est : "Je sème à tout vent". Ainsi, le pissenlit symbolise la diffusion du savoir. D'ailleurs, l'ambition des fondateurs de la librairie Larousse en 1852 était : "Instruire tout le monde et sur toutes les choses".


1. Logo des dictionnaires Larousse = l'image représente une femme soufflant sur les aigrettes de pissenlits, symbole de « la connaissance semée à tout vent ».



 

Ernest Small et Paul M. Catling dans Les Cultures médicinales canadiennes, nous apprennent que :


"Les Iroquois attachaient à la racine du pissenlit un symbolisme de nature sexuelle. Lorsqu'on trouvait une racine dont une branche évoquait la forme d'un pénis, on pouvait la lancer par derrière en prononçant le nom de la personne désirée. De même on pouvait faire bouillir une paire de racines poussant entremêlées, puis se laver le visage et les doigts avec l'eau de cuisson, ce qui était censé rendre sexuellement irrésistible.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Cette plante, « née de la poussière soulevée par le char du soleil », sert souvent d'oracle grâce aux aigrettes qui surmontent sa tige avant sa floraison. Si, lorsqu'on souffle dessus, elles se décrochent en une seule fois, le présage est favorable : c'est l'annonce d'une bonne nouvelle ou d'un succès dans les affaires et surtout l'assurance d'être aimé et même de se marier dans l'année. Selon une version bretonne, normande, et anglaise, le nombre de fois nécessaires pour dénuder entièrement le pissenlit indique le nombre d'années qu'il faudra attendre avant de se rendre à l'autel. En Wallonie, on souffle sur les capitules du pissenlit en formulant quelques suggestions concernant son avenir et sa vie sentimentale. Celle qui correspond au moment où il se trouve dénudé se réalisera.

Enlever toutes les graines en une seule fois peut aussi indiquer le beau temps pour la journée, que l'on a bien effectué toutes ses prières du matin (en Ille-et-Vilaine et en Côtes-d'Armor), que la jeune fille qui a soufflé sur le duvet est vierge (Vienne, Luxembourg), qu'elle aura un nouveau vêtement (Brest) ou, pour les enfants, que leur mère les attend impatiemment avec une surprise (aux environs de Dinan). Les enfants savoyards en concluaient pour leur part qu'il leur fallait rentrer au plus tôt car leurs parents avaient besoin d'eux.

Le nombre d'aigrettes dispersées par un seul souffle peut représenter le nombre d'années de célibat, celui des années qui restent à vivre (en haute Bretagne et dans la Beauce), tout comme le nombre de ses futurs enfants (Côtes-d'Armor). La direction qu'elles prennent est également significative : en général, si le duvet prend de la hauteur, c'est un présage de bonheur mais le contraire s'il descend ; à droite, le mariage est prochain, à gauche des obstacles ou des retards sont à craindre. Un auteur a relevé à Ivry (sur Seine) une consultation répondant à toutes les curiosités : "Si les aigrettes vont à droite, la fille qui fait l'expérience épousera un brun ; à gauche, un blond ; droit en face, un notaire, un cultivateur, etc., selon ce qu'elle aura désiré auparavant". Enfin, si les aigrettes soufflées par une jeune fille se dirigent vers une autre cette dernière lui "prendra son amant".

Les enfants utilisaient le pissenlit pour connaître l'heure : autant de fois qu'ils devaient souffler pour dénuder complètement la tige étaient autant d'heures. En Haute Bretagne et dans la Beauce, au bout de trois souffles on comptait les aigrettes restantes, correspondant aux heures tandis que demi-heures et quarts d'heure étaient signalés par les aigrettes cassées. Les petits Américains faisaient de même.

Si la tige d'un pissenlit placé dans un verre d'eau se tortille, cela annonce qu'un voisin ou quelqu'un dans votre entourage vous veut du mal. La jeune fille qui, en soufflant dans la tige d'un pissenlit - comme elle le ferait dans une trompette - le fait éclater, risque de devenir mère célibataire.

Dans de nombreuses régions, toucher ou respirer un pissenlit en fleur fait uriner les enfants ; dans l'Eure, toucher son fruit rendra victime d'un vol. Même si, dans la région de Valence et dans la Drôme, il était déconseillé de toucher un pissenlit car il provoquait l'épilepsie, les magiciens eux assurent qu'un individu qui se frotte tout le corps de pissenlit obtiendra tout ce qu'il veut et sera le bienvenu partout. En outre, le suc d'une feuille de pissenlit assèche les verrues, et, en raison de son surnom de "dent-de-lion", sa racine favorise la dentition des enfants. En la mettant sous leur oreiller, les jeunes filles de Franche-Comté s'attendent à voir en rêve leur futur mari.

Dans le Var, si le vent pousse vers vous la petite sphère plumeuse du pissenlit c'est un présage de bonheur.

Enfin, le pissenlit, "enterré dans l'angle nord-ouest de la maison, apporte des vents favorables".

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Pissenlit (Taraxacum officinalis) :


"C'est une plante herbacée vivace à feuilles longues et dentées, à fleurs jaunes et à akènes pourvus d'une aigrette.


Propriétés médicinales : Le pissenlit possède essentiellement deux vertus au point de vue médicinal : il favorise la production de bile et il permet de réduire l'accumulation d'eau dans le corps lorsqu'un œdème est causé par des problèmes de foie. Sa racine permet d'évacuer toutes les toxines du corps ; il agit en même temps comme un tonique et un stimulant du système complet. Le jus qui en est extrait est supérieur à l'infusion, mais une tisane est aussi très bonne ; tiède, elle est d'ailleurs recommandée pour réduire la fièvre. Une infusion de la racine est efficace pour faire passer les calculs biliaires.


Genre : Masculin.


Déités : Brigide ; Hécate.


Propriétés magiques : Divination ; Rêve ; Spiritisme.


Applications :

SORTILÈGE ET SUPERSTITION : Pour connaître le nombre d'années qu'il vous reste à vivre, prenez une fleur de pissenlit, lorsqu'elle est en graines, et soufflez très fort ; le nombre de graines qui demeurent vous donneront le nombre d'années qu'il vous reste à vivre.


RITUEL POUR SUSCITER LES RÊVES PROPHÉTIQUES :

Ce dont vous avez besoin :

  • une chandelle blanche

  • de l'encens de violette

  • une racine de pissenlit séchée et pulvérisée en fin poudre

  • une tasse d'eau bouillante

Rituel : Allumez la chandelle et l'encens, prenez 5 ml. (1 c. à thé) de racine de pissenlit et versez-la dans une tasse. Ébouillantez et laissez infuser pendant 5 minutes. Filtrez et laissez reposer jusqu'à ce que l'infusion soit tiède. Avant de boire, levez la tasse vers le ciel en disant trois fois, d'une voix forte :


Brigide, ouvre-moi la porte de songes

Et des prophéties.


Buvez l'infusion et allez vous coucher aussitôt."

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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle du Pissenlit :


Nom botanique : Tanaxacum officinale.


Propriétés énergétiques : Libère des mauvaises énergies ; Apprend à gérer les émotions et réalise les souhaits.


Archanges correspondants : Jophiel ; Raguel ; Raphaël et Raziel.



Propriétés curatives : Le pissenlit a plusieurs utilités. La fleur jaune soigne la colère, le ressentiment, l'amertume et la jalousie. Elle ne supprime pas les émotions négatives, mais attire plutôt votre attention sur leur origine. En les comprenant mieux, vous pourrez les gérer plus efficacement à l'avenir. les graines de pissenlit blanches et rondes que l'on connaît bien constituent un merveilleux outil de travail. Elles sont particulièrement efficaces pour réaliser vos souhaits. Essayez cette technique que pratiquent souvent les enfants : cueillez un "pissenlit-boule" et tenez la tige dans vos mains. Fermez les yeux un instant et faites quelques respirations profondes. Concentrez-vous sur vos désirs et sur les objectifs qui vous tiennent à cœur et imaginez qu'ils sont devenus réalité. Fates deux respirations lentes et profondes, et, à la troisième, ouvrez les yeux et soufflez sur le pissenlit de toutes vos forces pour que les graines s'envolent. Aux dire des anges, ces dernières sont comme de petits messagers qui partent à la conquête de vos souhaits.


Message du Pissenlit : « N'oubliez pas de demander de l'aide aux anges. Ils se précipiteront à vos côtés et vous procureront le soulagement et l'amour dont vous avez besoin. J'aimerais vous aider à vous élever au-dessus des émotions négatives telles que l'amertume et la colère. Lorsque vous les analysez, vous pouvez en reconnaitre l'origine et vous en débarrasser. La colère découle d'une mauvaise canalisation des émotions - lorsque votre corps ne sait pas comment interpréter ses émotions, il les traite comme de la colère. Examinez votre situation actuelle : êtes-vous véritablement en colère contre les autres... ou contre vous-même ?

J'ai également le pouvoir de réaliser vos souhaits. ensemble, transformons les désirs profonds de votre cœur zen une réalité physique. »

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Alexandre Arnoux nous propose un Calendrier de Flore (Éditions Bernard Grasset, 2014) dans lequel le pissenlit n'est pas oublié :


Aujourd'hui, 7 janvier, l'hiver étant très doux et le pissenlit précoce, j'en ai mangé, en salade, pour la première fois de la saison. Des feuilles à la solide épine dorsale, aux découpures anguleuses et crénelées, en crémaillères, des feuilles blanches et croquantes, à l'arrière-goût d'une salubre amertume, une chair d'adolescente nerveuse et grasse, un peu étiolée à l'ombre, mais sans mollesse ; les pauvres terrains sablonneux ont retardé sa maturité âpre, ont engourdi en elle une délicatesse d'avant la puberté. Nous, les hommes, nous avons une sensualité, une âme horribles ; nous parlons des végétaux avec l'amitié de l'Ogre pour les enfants.

Dans ma race, il y a deux sortes d'individus, ceux, innombrables, qui sucent les pissenlits par la racine, et les autres, une faible minorité, qui se régalent de leur partie aérienne. Je possède encore le mince privilège d'appartenir au second groupe. Profitons-en. Plus tard, en avril, et tout le long ou presque de l'année, comme le séneçon des serins et la pâquerette du gazon, sa compagne fidèle, fleurit jusqu'à l'entrée de l'hiver, cette verdure se défendra opiniâtrement de nos mâchoires et de notre estomac. Alors les capitules jaunes émailleront les prairies, les montagnes, l'aridité et l'humidité, les vieux murs et les emblaves. Alors les boules plumeuses de leurs fruits, les jeunes filles les secoueront de leur haleine, et autant de fois elles auront soufflé dessus avant de détacher toutes les fragiles aigrettes, autant d'années elles attendront un époux.

Ce fourrage d'or, qui excite le lait des vaches, ce diurétique souverain contre l'arthritisme, ce baume du foie, cet habitant d'une multitude infinie, commun partout, répandu sur le globe entier, nous passons près de lui sans le considérer ; nous n'imaginons pas qu'il puisse cacher des mystères, différer du peuple vulgaire de la campagne, qu'il puisse avoir eu une destinée romanesque, épique même et conquérante, que cet hôte placide de la cambrousse appartienne à une horde exotique d'envahisseurs dévorants, apporte une sève asiatique parmi nos pecquenots du cru, nos ficaires, nos coucous et nos violettes. Bien acclimaté, acoquiné, il ne se distingue plus des autres, l'occupant barbare des terres rançonnées. Il vivote, satisfait de sa belle couleur il tourne vers le soleil ; il se ferme le soir pour le sommeil de la nuit et s'ouvre à l'aube ; parfois, dans la journée, en bon bourgeois, il pique un petit roupillon, une sieste brève. Content de lui-même, supposerait-on, et de son passé, sans avenir. Voilà qui nous trompe. Lisez seulement les chroniques et les monographies que lui a vouées M. P. Fournier, son historiographe, le fourrier, le collecteur de matériaux de l'Homère qui écrira son Iliade. J'ai souvent rêvé, moi indigne, de me hausser à cette entreprise. Mais Dieu, hélas ! m'a donné plus de vocation que de mérite effectif. Je me contenterai donc de rêver cette haute aventure poétique et végétale, de l'amorcer ; espérons qu'un autre l'achèvera.

Dans l'antiquité et au moyen âge, l'Europe ignore le pissenlit ; nul compilateur ne le mentionne ; il ne figure pas, que je sache, aux portes des cathédrales, d'une si riche flore, à côté de la clématite, de l'arum, du chou et du plantain ; la médecine ne le cite pas parmi les simples ; on l'identifie seulement à San Miniato, peint à la fin du XIVe siècle, aux pieds de saint Benoît, dont il orne un miracle. Où se terrait-il ? En Asie centrale, probablement, ayant la steppe pour berceau natal. Il y vit longtemps confiné. Puis, un beau jour il décide d'étendre son empire sur le monde occidental, de se joindre au courant des grandes migrations de peuples. Peut-être ses informateurs, ses batteurs d'estrade lui ont-ils appris que, vers le Ponant, à des milliers de lieues, on a défriché, déforesté, que la lumière a remplacé les sylves sombres, que les hommes ne ménagent pas l'engrais, qu'il y a du profit à tirer d'une invasion, de bonnes places à prendre au sein des cultures bien nourries, que les graminées timides ne lui opposeront pas une farouche résistance, qu'elles lui céderont aisément le sol et se laisseront reléguer par ses gros bataillons voraces, à la verdure de rosettes puissantes, aux racines robustes et qui s'enfoncent loin. Soudain ses conducteurs, jusqu'alors pacifiques, se décident ; ils parlent peut-être à cette foule casanière et satisfaite de peu depuis des millénaires, d'espace vital, d'héroïsme, de plaines opulentes et mal défendues, de la beauté du risque, de la honte, que nul n'avait ressentie encore, de l'inaction ; ses poètes lui révèlent ses aspirations et ses économistes ses besoins, qu'il a le malheur de mal discerner, lui démontrent qu'il ne peut pas continuer une existence médiocre, qui le contentait assez ignoblement, l'éveillent à la grandeur ; ses stratèges combinent des plans et choisissent, géniale intuition, le plus hardi, le plus imprévu, le meilleur. On ne s'accrochera pas à la queue et à la crinière des chevaux, aux vêtements des voyageurs, ainsi que tant de pauvres hères. Non, ses chefs ont plus d'invention, ils organisent la guerre moderne, la descente d'une armée, de cent armées de parachutistes qui survoleront toutes les défenses, atterriront au cœur même des citadelles à prendre, des royaumes où régner. Ses météorologues guettent la plus favorable occasion, une suite d'orages, de vents violents et continus en direction du Couchant. Tout est prêt : un signal parcourt la steppe attentive. Les fruits en aigrettes cassent leurs amarres, s détachent du capitule ; légers, filigranés, ils abattent des milliers de lieues, volant de jour et de nuit, plafonnant aux altitudes. Ils atteignent le but, descendent doucement ; leurs parachutes leur assurent un débarquement commode. Au bout du câble pend la graine enveloppée de crochets et de guideropes. Elle s'accroche au sol, s'y fixe, s'y enfouit, germe. L'aigrette-parachute, le câble rompu, se perd au ciel supérieur. Notre pissenlit ancré, rien ne le chassera plus des lieux où il a établi sa progéniture ; il y dominera, y étouffera des rivaux, n'abandonnant, et par condescendance, que la portion congrue aux autochtones. Voilà le roman que je voudrais écrire, le poème épique que j'aurais l'ambition de scander à l'honneur de la Salade de taupe, de la Dent de lion.

On l'a longtemps regardé en intrus, le pissenlit ; on le le représentait pas aux chapiteaux et aux tympans ; on le l'assaisonnait pas à l'huile et au vinaigre ; les hépatiques et les rhumatisants faisaient fi de ses vertus. Un métèque qui ne mérite pas de crédit, un usurpateur, un fâcheux, un colon indésirable et présomptueux, qui se tient à l'écart de l'indigène. A la longue tout s'arrange ; le fleuve des saisons noie les préventions des uns, la superbe de l'autre. On s'habitue à lui, il s'acclimate, il ne se distingue plus, il néglige son passé de conquérant. Les jeunes filles à marier le consultent, disséminent de leur haleine ses aigrettes prophétiques, qui, jadis, inaugurèrent, bien des siècles à l'avance, en les poussant à une perfection et à une échelle inégalées, les méthodes de la guerre actuelle ; les vaches le broutent, ce mongol, cet asiatique, ainsi que le brome et la flouve odorante, ces vieux chrétiens. Cependant, au dire des experts, il n'a pas oublié toute trace de ses origines, tout héritage de ses ancêtres steppiques. Ses feuilles recueillent la pluie comme s'il habitait toujours les plateaux sans humidité, ses racines cherchent au diable l'eau qu'elles ont à portée du collet. Et bien d'autres traits encore que ma faible science n'a pas retenus.

Bien plus, de cet envahisseur, de ce légionnaire au magnifique uniforme vert et jaune, au plumet sphérique, incomparable, on a fait une espèce de symbole d'humilité, un pion des antithèses solaires, un repoussoir de la majesté. Comme tout dégénère et se subvertit ! Un poète persan, un panthéiste, a prêté à Dieu, à la Nature, à lui-même, on ne sait jamais avec ces lyriques-là, ces totalitaires infatués, les versets suivants que je récite à mon tour, d'après Elie Reclus, et un peu abrégés :


Je suis la fleur et je suis le soleil qu'elle regarde et qui la regarde. Je suis la dix-millionième fleur de la prairie et le soleil roulant d'immensité en vastitude. Je suis le soleil des cieux et le pissenlit du bord de la route.

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Selon Claire Tiberghien, auteure de Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir (Éditions Jouvence, 2016), le pissenlit présente de multiples intérêts :


Élément : Bois


De son nom latin Taraxacum officinale, le pissenlit fait partie de la famille des Astéracées. Il nous insuffle l'envie de vivre. Par son action positive sur la fonction biliaire, le pissenlit favorise le transit intestinal et combat efficacement la constipation. il stimule l'appétit et facilite la digestion. On le préconise pour soigner l'insuffisance hépatique et les crises de foie douloureuses. Les grandes vertus diurétiques du pissenlit en font un excellent dépuratif qui aide l'organisme à éliminer les toxines et permet d'éviter la formation de calculs rénaux ou biliaires. Ce draineur hépatobiliaire et rénal est efficace contre la goutte, les rhumatismes et les problèmes cutanés tels que l'acné, l'eczéma ou le psoriasis.


Sur le plan psychique : Le pissenlit nous enracine et nous recentre. Il apporte de la clarté dans notre existence en supprimant les blocages, émotionnels, et nous incite à agir. Il nous aide à prendre soin de nous-mêmes. grâce à toi, nous percevons mieux notre valeur. Le pissenlit nous fait dire oui à la vie. Il élimine les accumulations, l'encombrement, l'engourdissement. Il libère des soucis, de l'amertume et adoucit l'existence. Il nous remplit de force, nous redonne de la vivacité d'esprit et nous permet de prendre des initiatives.


Grâce au Pissenlit, je peux affirmer :

  • Je ressens la joie de vivre.

  • J'ai conscience d'être une partie du tout.

  • Je me sens plein de force et de légèreté.

  • Je m'enracine là où le vent me porte.

  • Je suis en lien avec le ciel et la terre.

  • La chaleur de la lumière du soleil me relie à la terre.

  • Je suis libre d'être moi-même, seul ou en groupe.

La méditation du Pissenlit : Vous vous installez confortablement au milieu d'un champ de pissenlits. Tout autour de vous, le jaune éclatant de leurs fleurs vous procure une sensation de force et de joie. Sur votre peau, la douceur de la caresse du soleil vous apporte une sorte de détente insouciante. Allongé sur le sol tendre, la force de la terre attire votre corps, vous enracine. Sa solidité vous enveloppe de sécurité, vous soutient et votre esprit s'envole dans la lumière du soleil, votre regard emporté par le ciel bleu.

Laissez la chaleur de votre énergie circuler en vous. Vous avez le droit de vous retirer au calme et de vous ressourcer. Vous avez le droit de vous blottir dans votre cœur, à l'écoute de votre source. Cette source qui vous nourrit et vous donne la vitalité d'être vous-même. Un être unique.

Ressentez la joie pétillante de votre âme à votre présence. La joie de tous ces possibles qui sont en vous.

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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs du Pissenlit (Taraxacum officinale) :


Mot-clef : Persévérance


Le pissenlit est plein d'audace, d'éclat et de soleil. Il se fraye un passage entre les fissures du ciment et le mortier des murs de pierre. Gaiement. Son remède est la persévérance. Mais pas celle du martyr. Au contraire, le pissenlit est un éternel optimiste : comme le Mat dans le tarot, il est toujours content de se lancer dans une nouvelle aventure pour en apprendre davantage et creuser plus profond. Mais il ne fait pas preuve d'un optimisme béat, détaché de la réalité. Ses racines sont solides. Il est le chaman et le bouddha, et son message est simple : le bonheur est un paysage intérieur qui n'a pas grand-chose à voir avec l'endroit où vous êtes planté. Quand vous serez prête à vous fabriquer votre propre joie, indépendamment de ce que la vie vous envoie, appelez le pissenlit.


Rituel : Visite au pays du pissenlit

La plupart des plantes ont besoin d'un climat très spécifique pour pousser, mais le pissenlit, lui, s'adapte aux environnements les plus variés. par conséquent, où que vous soyez et quelle que soit la saison, vous avez toutes les chances de le rencontrer dans les parages. Si vous sentez l'attrait qu'il exerce sur vous, allez faire une balade et tentez de dégoter cette « mauvaise herbe » en or dans la nature - ville ou campagne, peu importe !

(Vous n'avez pas envie d'aller marcher ? Alors faites appel à la persévérance joyeuse du pissenlit pour vous faire bouger.)

En chemin, voyez si vous pouvez tomber sur le visage radieux du pissenlit. Si vous le souhaitez, souriez-lui en retour... vous pourriez vous sentir soudain un chouïa plus heureuse. Notez où il pousse et ce qu'il doit surmonter pour s'imposer à cet endroit :

Se tient-il bien droit ou penche-t-il vers le sol ?

Est-il au soleil ou à l'ombre ?

Émerge-t-il de la terre, de la pierre ou du béton ?

Que pouvez-vous apprendre de vos observations ?

Enfin, observez-vous après cette visite : êtes-vous rentrée chez vous en vous sentant plus apte à gérer les hauts et les bas de la vie moderne ?


Réflexion : Apprendre à s'adapter

LE PISSENLIT RÉUSSIT CETTE CHOSE ÉTONNANTE : quand il pousse sur une pelouse tondue régulièrement, sa tige reste courte et ses fleurs passent sous les lames de la tondeuse. Comme lui, comment pouvez-vous vous adapter à votre environnement ? Quel petit changement pouvez-vous effectuer pour vous permettre de vous épanouir dans votre situation actuelle ? Si votre humeur se dégrade et que vous êtes incapable de conserver la joie du pissenlit, demandez-vous si vous avez besoin de mieux régler votre humeur ou si vous luttez contre un obstacle qui vous détourne de votre vrai chemin; N'oubliez pas : la persévérance, ce n'est pas supporter des situations intenables, c'est savoir faire la différence entre ce qui est difficile mais faisable et ce qui est purement nuisible à votre âme.

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.

La famille des Guérisseurs comprend la Sauge, le Romarin, la Lavande, l’Ail, la Consoude, le Pissenlit, l’Ortie. Ils ont un rôle clé dans l’équilibre de la santé et de la guérison.

Que ton aliment soit ton seul médicament.

Hippocrate.


Les Guérisseurs : Si nous avons chacun une mission de vie, il en est de même pour chaque esprit parmi le peuple végétal, chaque arbre, plante, pousse, fruit, champignon, herbe a sa raison de vivre sur la Terre. Chacun contribue à l'équilibre de l'univers et à notre propre équilibre. Notre santé s'enrichit quand elle st vue comme un tout dans sa dimension systémique. C'est l'intelligence de différents systèmes superposés qui nous maintient en santé. Le système digestif, cardiovasculaire, immunitaire, musculaire, osseux, mais aussi l'équilibre entre le système conscient et inconscient, visible et invisible, interne et externe du corps. L'équilibre entre nous et l'environnement. Le peuple végétal l'a bien compris. Aucune plante ne survivrait sur la Terre si elle n'était nourrie par les autres. Nous sommes tous liés les uns aux autres et sont liées entre elles les différentes dimensions de notre incarnation. Ainsi, une relation toxique peut avoir des répercussions sur notre mode de pensée, sur notre cerveau et sur nos organes. Les Guérisseurs savent cela. Ils nous permettent d'équilibrer nos différents systèmes et de nous concentrer sur une facette ou sur un organe en particulier. La médecine quantique, qui est la médecine de demain, nous enseigne que le seul fait de se connecter à une plante ou à une information nous permet de recevoir cette information, cette qualité ou cette sagesse.

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Celui qui partage sa connaissance

S'enrichit à nouveau et apprend davantage.

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Le Pissenlit fait partie des plantes simples, populaires, faciles à trouver, à reconnaître. Le Pissenlit appartient à la famille des Guérisseurs et se comporte comme un médecin de campagne. Accessible, humble et très efficace, c'est une plante rustique qui appartient à la famille des Endives, des Laitues et des Salsifis. On le trouve partout en Europe, mais aussi au Canada et en Asie. Il pousse où il veut, aussi bien dans les jardins potagers, dans les friches, les champs, les prairies, il se développe librement avec ses amis le Coquelicot et la Pâquerette. Il s'invite dans les rocailles et dans les interstices entre les pavés des villes. C'est pourquoi bien qu'il soit riche de rares qualités, il a ses adeptes et es détracteurs, qui le considèrent comme une mauvaise herbe. Comme toute personnalité atypique, il gagne à être connu. Le Pissenlit est une espèce qui regroupe plus de deux mille sous-espèces à travers le monde. Ses fleurs à tige creuse mesurent une vingtaine de centimètres. Les racines du Pissenlit sont toujours deux fois plus longues que la tige et s'enfoncent profondément dans le sol pour lui permettre de survivre durant l'hiver, notamment dans les pays froids. Cette plante a été identifiée depuis des millénaires dans la médecine chinoise et dans la médecine ayurvédique. En Occident, il est probable qu'il ait été découvert à l'Antiquité, mais c'est vraiment au Moyen Âge qu'on lui reconnaît ses propriétés. Le Pissenlit doit son nom à ses propriétés diurétiques (Pisse en lit). En effet, il agit sur les reins. Il favorise l'élimination et le nettoyage du foie. Il lutte contre les calculs et améliore la qualité de la bile. Il a un effet anti-inflammatoire et peut traiter l'hypertension artérielle et l'insuffisance cardiaque. Le Pissenlit a également la réputation de nous aider à faire fondre la cellulite. En Chine, cette petite plante est utilisée dans les traitements contre le cancer, car elle a l'intelligence d'agir au cœur même des cellules. C'est pourquoi le Pissenlit fait partie des plantes les plus actives dans la guérison du cancer. Ses feuilles, ses fleurs et ses racines sont comestibles et utilisées en décoction. On utilise le suc de ses racines pour soigner les verrues. Les fleurs peuvent aussi être simplement cuisinées. Dans ce cas, il est préférable de cueillir les jeunes pousses et de se limiter aux récoltes de mars à juin. Sa tige n'est pas ornée par une fleur, mais par une multitude de petites fleurs jaunes. La couleur jaune de ses fleurs, qui s'ouvrent d'avril à novembre, est liée au troisième chakra, le chakra du plexus solaire, celui des émotions. En prenant soin du foie, le Pissenlit adoucit les émotions refoulées ou débordantes, notamment la colère. C'est pourquoi le Pissenlit qu'on surnomme aussi Dents de lion se liera davantage d'amitié avec les personnes nerveuses, tendues, qui travaillent beaucoup et sont en excès de feu. Enfin, avant la floraison, le Pissenlit forme une petite boule blanche semblable à un nuage sur laquelle les enfants aiment souffler. Une tradition nous invite à faire un vœu au moment de souffler. Si tous les brins se sont envolés, le vœu sera réalisé. Cette capacité à diffuser la sagesse du Pissenlit à travers champs en soufflant a associé la plante à la connaissance.


Mots-clés : La connaissance ; Le savoir ; La sagesse ; La transmission ; Le feu ; Le foie ; Le territoire ; L'envahissement ; La colère ; La sobriété ; Les reins ; L'eau ; La circulation ; La vésicule biliaire ; La simplicité ; L'humilité.


Lorsque le Pissenlit vous apparaît dans le tirage : Il vient provoquer une émotion. C'est une gêne ou un réconfort en fonction du fait que vous accepterez de vous laisser toucher par la simplicité, la sobriété et l'innocence d'une petite plante sauvage. Le Pissenlit vous parle de vous et de vos émotions, notamment de votre colère. Le Pissenlit vous interroge sur votre rapport à vos émotions : la peur, la colère, la tristesse, la joie, le désir. Comment accueillez-vous vos émotions ? Savez-vous à quoi elles servent ? Parvenez-vous à les exprimer et à transformez votre colère en énergie créatrice ou avez-vous tendance à la refouler ? La crise de foie concerne un certain nombre de conflits liés à l'alimentation, les relations, la sexualité, l'activité et, bien sûr, la foi. Aussi, le Pissenlit vous interroge sur votre foi, votre confiance. Il vous interroge aussi sur votre aptitude à marquer votre territoire et à le défendre. Peut-être avez-vous tendance à vous laisser envahir, avez-vous du mal à dire non et à refuser ce qui ne vous correspond pas. Enfin, le Pissenlit vous interroge sur votre réputation : êtes-vous sensible à votre réputation ? Quelle image avez-vous de vous ? Petite plante simple et sans prétention, le Pissenlit vous inspire une force de caractère, une autonomie spirituelle et l'art de faire sa part.


Signification renversée : Lorsqu'il est renversé, le Pissenlit vous interroge sur votre relation à la solitude. Savez-vous vous tenir compagnie, être un bon compagbon pour vous-même ? Le Pissenlit peut vous demander si votre entourage est conscient de votre valeur, de vos connaissances et si vous savez naturellement transmettre ce que vous avez à transmettre. Dans le monde spirituel, l'ego n'a pas bonne réputation, on répète partout qu'il faut détruire l'ego, qu'il est l'ennemi de la croissance spirituelle et du développement personnel. On fustige les ambitieux, ceux qui qui cherchent la gloire, le succès ou le pouvoir. Mais parfois c'est aussi une autre attitude égtotique qui vous fait refuser les honneurs de la réussite. Il faut de l'humilité pour assumer sa puissance. Lorsqu'il se présente à l'envers, le Pissenlit peut vous révéler la sensation d'être mal compris, mal aimé ou exclu. Le Pissenlit à l'envers vous interroge sur la relation à votre pouvoir. Peut-être n'assumez-vous pas de briller, d'être une personne exceptionnelle.


Le Message du Pissenlit : Je suis le pissenlit. J'ai un message précieux à te transmettre. Es-tu prêt à l'écouter ? Je te pose la question, car beaucoup d'humains refusent de recevoir le message d'une petite fleur comme moi. Je pousse entre les pavés et ne fais pas la fierté des fleuristes. Pourtant, je continue depuis des millénaires à transmettre mes vertus, car je connais ma valeur. Et toi connais-tu ta valeur ? Tu as acquis en toi une grande expérience et une grande sagesse. De par ton parcours, tes rencontres, tes apprentissages, tu as en toi une connaissance. Pour autant, ce ne sont pas les expériences qui font ta connaissance, mais la façon dont tu les intègres et celles que tu es prêt à transmettre. Accueille ce que tu as appris profondément dans tes cellules, assume avec fierté ce que tu sais. A défaut, un pan de ta vie ne peut pas s'intégrer en profondeur. Il s'enkyste et forme des caillots qui bouchent tes artères, tes veines ou tes canaux sensibles. Tu as vécu tant d'expériences que tu n'as pas encore totalement intégrées, car tu ne les as pas acceptées. Parfois tu aurais aimé que ta vie se soit passée autrement, parfois tu as conservé de l'amertume ou de la rancœur, parfois tu n'as pas pardonné. Pourtant, c'est en acceptant pleinement ce qui t'es arrivé jusqu'à en être fier que tu accéderas à ta sagesse. Regarde mes fleurs. Je dis bien mes fleurs, car souvent on me prend pour une fleur. Ce n'est pas une fleur, mais des milliers de petites fleurs qui se forment en bouquets sur le haut de ma tige. J'incarne l'intelligence collective et je rassemble tout ce qui fait notre expérience. Accueille tout ce que tu es, tout ce que tu as été, pour honorer ce que tu seras...


Le Rituel du Pissenlit : Visualisez au niveau de votre cœur spirituel, au centre de votre poitrine, un Pissenlit après la floraison alors qu'il est composé de toutes ses petites aigrettes blanchâtres sur lesquelles les enfants aiment souffler. Visualisez dan le cœur du Pissenlit toutes les qualités dont le monde a besoin, la sagesse, le courage, la patience, la confiance, la bonté. A chaque inspiration, sentez que votre lumière se renforce. A chaque expiration, visualisez que toutes ces petites aigrettes porteuses de lumière viennent se diffuser dans le monde. Ainsi, ce sont toutes les qualités fondamentales qui se diffusent, portées par votre souffle. Dans un premier temps, observez ces petites aigrettes se diffuser comme les Papillons autour de vous à vos proches, à votre famille. Puis sentez que la destination s'élargit et que toutes ces qualités sont diffusées l'expiration également à vos amis, à vos voisins. Élargissez progressivement à tous les habitants de votre village, de votre vile, de votre pays, de votre continent. Puis ouvrez encore davantage votre cœur et votre sagesse aux animaux sur la terre, dans le ciel et dan les airs, puis à tous les êtres invisibles qui ont besoin, eux aussi, de connaître la paix et l'amour.

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Symbolisme celte :


Selon le site https://mythologica.fr/celte/brigit.htm :


Le pissenlit serait la plante tutélaire de Brigantona ou Brigid car la fête qui l'honore est Imbolc et est liée à la période de lactation des brebis. Ainsi le pissenlit lui est associé en raison de la sève blanche qui s'écoule de sa tige lorsqu'on la casse.

 

Pierre Dubois et René Hausman, auteurs de L'Elféméride, Le grand légendaire des saisons, Printemps (Éditions Hoebeke, 2016) mettent en vedette les plantes et les animaux en fonction du calendrier :

La Voie lactée solaire des prés et des pâtures, des talus, médailles et décorations champêtres de toutes verdures. Fleurs d'enfance bouquet poudreux à moustaches d'or à la poupée, à la maman, à la maîtresse d'école... Au premier émerveillement à cueillir de bébé sur la pelouse. Avec la marguerite, le plus coquet, au museau luisant de la vache qui rumine.

D'abord la feuille étoilée et dentelée, en salade que l'on ramasse derrière en l'air et agrémentée de lardons rissolés et qui rend l'appétit et qui rend l'appétit printanier à tous ceux qui l'ont perdu. Quant à sa fleur « née de la poussière soulevée par le char du soleil », les enchanteurs conseillent de s'en frotter sur le corps tout entier jusqu'à s'en teindre la peau de son or et ainsi attirer vers soi le bonheur et l'amour des fées. Parmi toutes les fleurs de pissenlit se cache la fleur d'or qui chante comme un rossignol, elle exauce les vœux, mais on ne peut la toucher, cent loups la protègent.

Une fois la fleur jaune et mellifère disparue, une boule soyeuse la remplace pour devenir divinatoire. On l'appelle dès lors « chandelle », « horloge », « bonne nouvelle ». Elle apprend à la jeune fille qui la souffle le nombre d'années qui lui reste avant de se marier. Autant de petits parapluies sur la « petite tête de moine » indiquent le temps à attendre le promis.

Si les semences montent gaiement, les épousailles seront heureuses ; si elles descendent, mieux vaut sagement prendre patience.

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La leçon du pissenlit :


Depuis plusieurs jours, les champs alentour se couvrent de pompons jaunes, les pissenlits. À la suite de la leçon de Maître Kang sur les pâquerettes, Adam s’est exercé. La sensibilité du monde des fleurs s’ouvre pour lui, avec cette joie mêlée d’humilité. Maintenant, il peut ressentir la vigueur de ces plantes et surtout l’envie de jouer.


- Maître, quelles sont les particularités de cette plante à fleurs jaunes ?

- C’est un pissenlit. Son nom prend racine dans le mot « pisser », sans doute à cause de ses vertus diurétiques. Après s’être épanouies, les fleurs se referment et donnent naissance à une sphère duveteuse dont le vent dissémine les akènes, ne laissant sur la tige qu’un petit crâne pelé, d’où son autre nom de « Couronne de moine. » Voici une plante vivace, dont la signature possède une grande valeur symbolique ; tout d’abord par son développement : racines, feuilles, fleurs, sphères d’akènes à aigrettes emportées par le vent semblable à l’Anémone pulsatille ; puis par les différents noms qui la caractérisent (Dent de lion, Couronne de moine). Ainsi poussons plus loin notre investigation : « Dent-de-lion » : les dents représentent l’énergie d’agressivité « mordre la vie à pleines dents » ; elles évoquent, dans les rêves, l’abandon d’habitudes (pertes de dents) ; le lion quant à lui symbolise plusieurs vertus : force, vigueur, sagesse, protection, justice. Enfin, la « Couronne de moine » traduit l’état de dépouillement et de renoncement nécessaires à l’ouverture de la fleur du crâne, lotus aux mille pétales ou encore jonction des cent points.

- Manger les pissenlits par les racines, reprend Adam, c’est être mort et enterré, et les vieilles dépouilles nourrissent les nouvelles formes de vie.

- Tu vois juste, le pissenlit représente la métamorphose.

- La méta quoi ?

- La métamorphose. Comme la chenille se change en papillon par l’intermédiaire d’un cocon, c’est une trans-formation ou encore le passage d’un état à un autre... La mort est une compagne de chaque jour, c’est l’amie de l’homme et de la vie. La mort reste le seul passage que chacun redoute à sa façon : pourtant, droits de l’homme sont enfin respectés face à elle, tout le monde meurt un jour, pas d’échappatoire, pas de privilèges, on n’emporte que l’essentiel, c’est-à-dire tout le bien que l’on a fait, tout ce que l’on a donné.

- Et pour le mauvais ?

- Il reste sur un compte, rappelle-toi le karma, dans une vie prochaine, celui qui vient de mourir devra épurer son karma en réalisant son dharma.

Oui, comme naissance, vie, mort, transformation, renaissance etc. Adam a la mémoire vive qui sature et le meilleur moyen de la dé-saturer est le rire. Ainsi, pour bénéficier des cycles de la nature et avoir accès à la métamorphose, il faut se faire plumer, être chauve, avoir des dents-de-lion, faire le cocon et enfin renaître papillon. Celui-ci doit résoudre le karma par son dharma, mais l’inverse est vrai aussi. C’est de la purée tout ça, de la science-fiction, on est loin des pissenlits...

- Approche-toi, Adam, dit le Maître, je vais te montrer ce qu’est la science friction à la purée. Sur ce, nos deux amis éclatent de rire et continuent leur promenade. Je les entends encore et je les entendrai toujours, car en chaque homme sommeillent un sage et un singe.


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Mythologie :


Apollon est, dans la mythologie grecque, le plus beau des dieux. Fils de Zeus, le dieu suprême, il est le protecteur de la musique et de la poésie, SOURCES de plaisir éternel. Il connaît l'avenir et il est le maître de la lumière. Dieu-Soleil, lorsque l'AUTOMNE arrive, il quitte la Grèce sur son char tiré par des CHEVAUX blancs et s'en va vers le Nord où le CIEL est toujours pur, pour n'en revenir qu'au PRINTEMPS suivant. La légende dit que c'est de la poussière légère soulevée par les roues de son char qu'est né le pissenlit aux AIGRETTES légères dispersées par le VENT et dont la FLEUR se referme au coucher du SOLEIL.

 

"Dans la mythologie grecque, Hécate, la déesse de la Lune donne des pissenlits à manger à Thésée. Elle le nourrit ainsi pendant trente jours afin qu'il devienne assez puissant pour tuer le Minotaure, ce monstre à corps d'homme et à tête de taureau.

Andrée Poulin, Miss Pissenlit, 2010.

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Contes et légendes :

Légende algonquine


"Une légende algonquine raconte l'histoire de Shawondasee, le vent du sud, qui était gros et paresseux. Un jour, il vit dans une prairie près de chez lui un pissenlit qui avait la forme d'une belle jeune fille aux cheveux d'or, mais il était trop paresseux pour lui faire la cour. Quelques jours plus tard, il retourna au même endroit et y découvrit une vieille femme courbée aux cheveux blancs. Déçu, Shawondasee poussa un soupir gigantesque et vit s'envoler au vent les cheveux blancs de la vieille femme. Depuis ce jour, chaque printemps, le vent du sud soupire encore en pensant à la belle qu'il n'a pas su conquérir."


Ernest Small et Paul M. Catling, Les Cultures médicinales canadiennes, 2000.

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Le jeune homme et le pissenlit

Sous les rayons du soleil printanier, les feuilles dentelées et robustes des premiers pissenlits firent leur apparition dans l’herbe tendre d’un jardin public. L’un d’eux arborait une splendide fleur jaune fraîche et dorée comme un coucher de soleil au mois de mai. Au bout de quelques jours, la fleur devint aigrette, sphère légère, bordée de minuscules petites plumes ancrées aux graines agglutinées au centre. Ah ! Comme elles rêvaient les petites semences bercées par la brise du soir et la timide sérénade des premiers grillons. « Où irons-nous germer ? – Qui sait ? – Seul le vent le sait ! »

Un matin, l’aigrette fut secouée par les doigts vigoureux et invisibles du vent. Attachées à leur petit parachute, les semences s’envolèrent emportées au loin. « Adieu.. Adieu.. » Se dirent-elles. Une à une, elles tombèrent dans la bonne terre de jardins et de prés. Mais la plus petite termina son envol sur un trottoir, dans la fissure du béton recouverte d’une fine couche de poussière. Pellicule bien dérisoire comparée à la terre grasse du pré ! « Mais elle est toute pour moi ! » Se dit la semence, qui sans hésiter une seconde, se blottit tout au fond et prit racine. En face de cette lézarde se dressait un vieux banc boiteux et tout gribouillé où venait souvent s’asseoir un jeune homme au regard tourmenté, le cœur rempli d’angoisse. Il avait l’air tendu et les poings crispés. En apercevant deux petites feuilles vert tendre et dentelées se frayer un passage à travers le béton, il se mit à ricaner : « Vous n’y arriverez pas ! Vous êtes comme moi. » Et il les piétina..

Le lendemain, il vit que les feuilles s’étaient redressées. Il y en avait quatre à présent. Depuis, il n’arrivait plus à détourner son regard de cette petite plante courageuse et têtue. Au bout de quelques jours, parut la fleur, d’un jaune brillant comme un cri de bonheur. Pour la première fois depuis bien longtemps, le jeune homme abattu sentit que la rancune et l’amertume qui pesaient sur son cœur commençaient à se dissiper. Il releva la tête, respira à pleins poumons et donna un grand coup au dossier du banc. « Maintenant, s’écria-t-il, j’en suis sûr, il est possible de réussir ! » Il avait à la fois envie de pleurer et de rire. Il caressa la petite tête jaune de la fleur : les plantes savent ressentir l’amour et la bonté des êtres humains. Pour ce pissenlit petit et courageux, cette caresse du jeune homme fut le plus beau moment de sa vie.

"Ne demande pas au vent, pourquoi il t’a déposé là où tu te trouves. Même si le béton t’étouffe, prend racine et vis. Tu es un message."

Pierre Trévet, Paraboles d'un curé de campagne, 2006.

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* Origine du pissenlit

Mindeulle-kkot-ui-jeonseol


Jadis, un vieillard vivait avec sa petite-fille, nommée Minduelle, "pissenlit, dent de lion". Le septuagénaire, malgré son âge et son dos voûté, travaillait dans les champs comme un jeune homme. Quand elle eut dix-huit ans, la jeune pucelle, toute belle, semblait un bouton prêt à s'épanouir. Tous les jeunes gens des environs la désiraient. Parmi eux, un célibataire très épris d'elle, nommé Dok, rencontra Minduelle tandis qu'elle était occupée à la corvée de bois. Fou de joie, il tapait sur les jambes de son cike ( sa hotte), faute de savoir exprimer autrement son exaltation. Rien de plus.

Comme il ne pouvait réaliser son désir, il tomba malade de langueur pour Minduelle. Un jour qu'il pleuvait fort, la maison du vieux et de Minduelle fut inondée, et emportée par les flots. Le jeune Dok invita les deux sans-abris à s'installer chez lui. Le vieux accepta la proposition. Dok fut fou de joie de pouvoir vivre auprès de celle qu'il aimait tant.

Sans être mariés, les deux jeunes gens franchirent les limites de la chasteté. Leur union devint indissoluble. Dok, diligent et loyal, vécut dans le bonheur avec sa chère Minduelle et le vieux. Ils mangeaient à leur faim. Les jours passaient, doux comme miel.

Un jour des soldats vinrent pour recruter des jeunes femmes, "cantinières" ou filles de bordel. Toutes les filles tant soit peu mignonnes étaient emmenées, de gré ou de force. Bien sûr, Minduelle était du lot. Dok et le vieux trépignèrent, fous de douleur, kilkil, devant les soldats, les implorant. En vain. Minduelle résista, finit par se tuer avec un canif.

A l'endroit où elle se tua pousse une fleur : on la nomme minduelle. C'est l'âme de Minduelle, qui vécut sans avoir vu son amour s'épanouir entièrement.


Maurice Coyaud et Jin-Mieung Li, Aux origines du monde, Contes et légendes de Corée (2015).

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque le Pissenlit :

14 janvier

(Saint-Martin-de-Peille)

Le mont Agel enneigé : Fuji-Yama. Au pied du volcan, le premier pissenlit. [...]

[...] 9 avril

(Fontaine-la-Verte)

Bruant jaune

Bloc de soufre

A reflets pissenlit


Les pissenlits sèment leurs écus d'or sur les talus de soufre, à l'entrée du bois ocre et rose. On subodore une féerie. Je ne vois pas le magicien du conte, mais sa baguette est une tige de coudrier à l'écorce violacée, marquée de hachures blanches. Le texte du grimoire est inscrit sur un chêne.

Je salue dans le noisetier le cortège immatériel de mes bonheurs d'enfance. Je m'anéantis derrière un rideau de bouleaux chamaniques.

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Dans L'Armée furieuse (Éditions Viviane Hamy, 2011) de Fred Vargas, le commissaire Adamsberg est chargé d'une enquête, après la destitution du capitaine Emeri, en Normandie qui frôle à plusieurs reprises le fantastique. Il en a été averti par une petite femme d'apparence très anodine.


"- C'est un truc qui me tracasse, Danglard. La petite femme en blouse fleurie qui était chez nous tout à l'heure, vous l'avez remarquée ?

- Si on veut. Un cas spécial d'inconsistance, d'évanescence physique. Elle s'envolerait si on lui soufflait dessus, comme les akènes d'un pissenlit.

- Les akènes, Danglard ? - Les fruits du pissenlit, qui sont portés par les parachutes duveteux. Vous n'avez jamais soufflé dessus étant petit ? - Évidemment. tout le monde a soufflé sur des pissenlits. Mais je ne savais pas que ça s'appelait des akènes.

- Si.

- Mais à part son parachute duveteux, Danglard, la petite femme était transie d'effroi.

[...] Émeri hocha la tête. A présent que ses projets combatifs s'étaient presque évanouis, sa pose et son visage avaient abandonné le formalisme. La modification était frappante et Adamsberg repensa au pissenlit. Quand il est fermé au soir, brun jaunâtre étriqué et dissuasif, quand il est ouvert au jour, opulent, attractif. Mais, à la différence de la mère Vendermot, le robuste capitaine n'avait rien d'une fleur fragile. Il cherchait toujours le nom de la graine en parachute, et il manqua les premiers mots de la réponse d’Émeri.

[...]

- C'est surtout cette argile qui est embêtante, dit-elle faiblement.

Si faiblement qu'Adamsberg ne doutait pas qu'en cet instant un souffle de vent la ferait s'éparpiller comme les parachutes duveteux des pissenlits. Une petite femme fragile et désemparée qui avait fendu son mari en deux coups de hache. Le pissenlit est une fleur humble et très résistante."

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Dans Temps glaciaires (Éditions Flammarion, 2015), c'est à un autre commissaire que Fred Vargas confie la réflexion sur le pissenlit :


- Je sais, dit le commissaire en attrapant la seconde cigarette couchée auprès de son paquet. J'ai conversé avec lui hier soir. Si cela s'appelle converser. Suicide, suicide, il faut classer et avancer, quitte à enfoncer sous terre les faits, certes infimes, en marchant dessus comme sur des pissenlits.

Les pissenlits, pensa-t-il, ce sont les pauvres de la société florale, nul ne les respecte, on les foule aux pieds, ou on les donne à manger aux lapins. Tandis que personne ne songerait à marcher sur une rose. Encore moins à la donner aux lapins. il y eut un silence, chacune partage entre l'impatience du nouveau juge et l'humeur négative du commissaire. [...]

Néanmoins songea Bourdin en poursuivant la boucle de sa pensée, les pissenlits sont coriaces tandis que la rose est sans cesse souffreteuse.

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