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VII. Le Chariot / Taranis

Dernière mise à jour : 20 juil.




Étymologie :


  • CHARIOT, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. a) 1285 charrioz, chariot « voiture à quatre roues » (Ord. de l'host. le roy, Fontanieu, 47-48 ds Gdf. Compl.) ; b) 1611 fig. astron. (Cotgr.) ; 2. 1680 chariot d'enfant (Rich.); 3. 1838 industr. « pièce ou appareil ayant pour fonction de supporter ou de transporter certains matériaux » (Ac. Compl. 1842). Dér. de charrier*; suff. -ot*.


Lire également la définition du nom chariot afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Identification :


Selon Jean-Jacques Hatt, auteur d'un "Essai sur l'évolution de la religion gauloise". (In : Revue des Études Anciennes. Tome 67, 1965, n°1-2. pp. 80- 125) :


Taranis, Teutatès, Ésus constituent une triade celtique confédérale à l'image des triades indo-européennes définies par G. Dumézil. Créée et maintenue par les druides, cette triade est au centre du polythéisme celtique continental.

Nous possédons, dans l'iconographie gauloise, deux représentants de cette triade : le gobelet d'argent de Lyon (i?. Α., 1936, II, p. 47 à 53) présente Taranis sous la forme d'un aigle combattant un serpent, comme motif central. Au dieu du ciel est associé, à sa gauche, un Mercure-Teutatès au sanglier, vers lequel descend le corbeau de Belenus, tandis qu'Ésus-Cernunnos, tenant une corne d'abondance et un collier, étendu sur un divan, est accompagné d'un cerf et d'un chien. L'idole d'Euffigneix (Varagnac, L'art gaulois comporte un œil, symbole de Taranis, un sanglier, symbole de Teutatès, un buste d'homme imberbe portant un torques, symbole d'Ésus.

[...]

Qui est Taranis? Son nom, en gaulois, signifie le tonnerre. D'après les gloses de Berne, des hommes lui sont offerts en holocauste dans de grands mannequins d'osier qui sont brûlés. Le même rituel est mentionné par César. Le symbole gaulois de la foudre et du tonnerre est la roue. La roue est présente, en Narbonnaise, sur les autels consacrés à Jupiter. Un de ces autels porte, à côté de la roue, la mention : fulgur conditum.

Taranis est précisément le dieu à la roue. Il est figuré, sur le chaudron de Gundestrup, sous la forme d'une idole masculine, tenant d'une main une roue et accompagné d'un assistant, sorte de géant habillé du costume militaire gaulois et coiffé d'un casque à cornes bouletées. Entre le dieu et la terre, personnifiée par le serpent à tête de bélier, on peut apercevoir une théorie de griffons ailés à bec d'aigle, faisant sans doute allusion aux rapports étroits qui semblent exister, dans la triade gauloise, entre Taranis et Belenus, l'Apollon gaulois.

Taranis est précisément le dieu à la roue. Il est figuré, sur le chaudron de Gundestrup3, sous la forme d'une idole masculine, tenant d'une main une roue et accompagné d'un assistant, sorte de géant habillé du costume militaire gaulois et coiffé d'un casque à cornes bouletées. Entre le dieu et la terre, personnifiée par le serpent à tête de bélier, on peut apercevoir une théorie de griffons ailés à bec d'aigle, faisant sans doute allusion aux rapports étroits qui semblent exister, dans la triade gauloise, entre Taranis et Belenus, l'Apollon gaulois (voir plus loin).

Il y a un mythe gaulois de Taranis qui est figuré sur le chaudron de Gundestrup. Ce mythe est éclairé par un rituel celtique de la roue enflammée, dont le souvenir est conservé dans les Actes de saint- Vincent d'Agen4, qui fut martyrisé au début du ive siècle : une roue enflammée sortait d'un temple situé au-dessus d'une rivière où elle allait se plonger, puis remontait dans le sanctuaire par une marche inverse, en continuant de projeter des flammes et de la fumée. — Ce mécanisme reproduisait celui de la foudre, tel que les Gaulois l'avaient conçu :

Taranis lançait sa roue enflammée sur la terre, faisant ainsi jaillir l'eau de pluie et l'eau des sources, par le choc de la terre et du feu. Puis il ramenait sa roue enflammée dans le ciel avec l'aide de son acolyte, le géant.

A quel dieu gréco-romain Taranis était-il assimilé ? Les autels de Narbonnaise, comme aussi le texte de César, paraissent démontrer que l'identification la plus courante, la plus normale en apparence, était avec Jupiter. Ce dieu est, de beaucoup, le plus souvent nommé et le plus représenté en Gaule romaine.

Cependant, les travaux d'Ê. Thevenot ont démontré qu'il existait un dieu indigène du ciel et de la lumière, associé du cheval et en rapport avec les sources. Cette grande divinité, parfois appelée Loucetios, ou Leucetius (le brillant, l'étincelant), ou Rudianos, Rudiobos, ou Segomos, paraît bien avoir des rapports directs avec Taranis. Elle est en tout cas issue d'un mythe parallèle : celui du cheval, ou du dieu cavalier solaire descendant du ciel sur la terre pour apporter la pluie et faire jaillir l'eau des sources. Mais il n'est pas exclu qu'il y ait eu, à l'intérieur des divinités du premier groupe de la triade (dieux cosmiques, en rapport avec les druides), une distinction entre un dieu sidéral (Loucetios) et un dieu fulgurant (Taranis), comme il y a une différence dans le panthéon germanique, entre Tiu, dieu du ciel, Thor et Donar, dont l'un est le dieu de la foudre et l'autre le dieu de la tempête.

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Symbolisme :


Voici la présentation du Tarot du Sepher de Moïse qui met en avant les lames du Livre de Thot :

Lame du nombre 7 - lettre hébraïque Zaïn - le Chariot


Le Nombre Sept, le Chariot dans le livre de Thoth, le principe de l’expansion de toute chose par le mouvement dans le temps et l’espace. Dans l’Ennéade Héliopolitaine c’est Isis. Dans le Zodiaque sacré c’est le troisième signe : Kanaîn/Cancer. Le Sept est premier Nombre du troisième ternaire (7-8-9), celui sous domination du Nombre Trois de notre Ternaire Divin : le Destin, ce qui est en parfaite correspondance avec sa troisième position dans le Zodiaque sacré. Mais en tant que premier Nombre de ce troisième ternaire il est l’expression de la Providence ce que confirme l’addition et la réduction théosophiques des Sept premiers Nombres (28 ou 2+8 = 10 le 1). Ce Nombre est celui de la gamme des couleurs de base du spectre lumineux, ou celui des sept tonalités d’une octave. C’est l’addition du Ternaire Divin et de son incubation au travers du quaternaire (3+4), ce qui nous donnera la prolifération autant-que-possible, conforme au signe astral qui lui est rattaché : Kanaîn/Cancer. C’est encore les sept vertus cardinales et théologales que symbolisent les sept planètes du système solaire (chapitre IV), vertus qui sont expliquées dans ce chapitre par la Chrysopée du Seigneur de Raymond Lulle. Ce Nombre Sept étant l’expression des six premiers Nombres, il renferme en lui leurs signatures, dont les multiples combinaisons trouveront un champ du possible pour se manifester. Si le Nombre Cinq est le premier signe de Terre, le Nombre Six le premier signe de Feu, le Nombre Sept est le premier signe d’Eau ; en tant que troisième signe de notre Zodiaque sacré, il est en étroite relation avec le Nombre Trois le Destin et ses lois de causalité de la sphère temporelle. Le char du Triomphe qui caractérise le hiéroglyphe de cette lame dans le livre de Thoth, indique qu’il échappera aux lois de causalité du Destin si le conducteur (le Nombre Six) parvient constamment à dominer les deux sphinx de polarités magnétiques différentes du grand agent plastique de la force sexuelle que sont Jakin et Boas. Pour diriger par sa volonté et son autorité ce chariot, qui ne fera de son conducteur le triomphateur que s’il est l’expression volontaire de la maîtrise des Puissances sexuelles qui fournissent l’énergie à son mouvement, mais aussi des Six Puissances qui ont leurs signatures dans ce Nombre Sept. Les épreuves (parcours) que devra traverser le conducteur de ce chariot seront celles qui parsèmeront son avancée vers son évolution ; ces épreuves ne sont pas localisées à ce Nombre Sept, elles commencent chaque fois que la volonté manifeste son expression. Le conducteur de cette volonté (la Conscience) devant être capable de tenir fermement les rênes qui le font souverain de sa ou ses décisions et de sa conduite, et qui ne resteront jamais sans produire des réactions négatives, antagonistes ou positives selon qu’il est mégalomane ou humble, ignorant ou non. Les premières épreuves qui découleront de l’expression de la faculté volitive se manifesteront par des tentations (faiblesse, vanité, émotivité, désirs, passions, etc...) que devra maîtriser le conducteur du char pour espérer parvenir au triomphe. Eliphas Lévi écrivait concernant ce Nombre Sept, dans l’ouvrage précité :

La vertu du septénaire est absolue en magie, car le nombre est décisif en toutes choses ; aussi toutes les religions l’ont-elles consacrée dans leurs rites. La septième année chez les Juifs était jubilaire : le septième jour est consacré au repos et à la prière : il y a sept sacrements, etc.

Les sept couleurs du prisme, les sept notes de la musique, correspondent aussi aux sept planètes des anciens, c’est-à-dire aux sept cordes de la lyre humaine. Le ciel spirituel n’a jamais changé, et l’astrologie est restée plus invariable que l’astronomie. Les sept planètes, en effet, ne sont autre chose que les symboles hiéroglyphiques du clavier de nos affections. Faire des talismans du Soleil, de la Lune ou de Saturne, c’est attacher magnétiquement sa volonté à des signes qui correspondent aux principales puissances de l’âme ; consacrer quelque chose à Vénus ou à Mercure, c’est magnétiser cette chose dans une intention directe, soit de plaisir, soit de science ou de profit. Les métaux, les animaux, les plantes et les parfums analogues, sont en cela nos auxiliaires.


Chaque Nombre ayant une réalité en involution comme en évolution, à l’inverse du char du Triomphe, si le conducteur (la faculté volitive) n’est pas maître de ces Puissances, ce ne sera pas en triomphateur qu’il le dirigera mais en mégalomane vers un déluge certain qui finira par l’engloutir. Nous avons dans ce chapitre VI, juste avant que n’intervienne le déluge, l’illustration d’une conduite de ce Chariot de la volonté dans des conditions d’expansion désastreuse comme l’indique le verset 13, celui correspondant à la lame de la Mort dans le livre de Thoth :


Car-elle-s’est-comblée, la-terre, d’une-ardeur-dépravante, par-la-face-entière : et-voici-moi laissant-dégrader (avilir, détruire) entièrement l’ipséité-terrestre.


Dans l’ancienne Égypte la septième Puissance était Sechat-Sefekht, divinité qui cristallisait dans la Nature les signatures des Six premières Puissances. Sechat-Sefekht était le Neter de l’écriture et de tout ce qui s’inscrit et se signe dans la Nature. Les égyptiens lui donnaient une forme féminine, portant sur la tête une étoile à sept branches, c’était la représentation de l’accumulation du patrimoine karmique de chaque âme-de-vie et de sa Monade/conscience. Les sentences suivantes du Tao-Tô-King me paraissent définir subtilement l’essence de cette Puissance expansive :


Le ciel et la terre sont éternels. Ils n’ont pas de vie propre. Voilà pourquoi ils sont éternels. Ainsi, la première place revient au Sage qui a su s’effacer. En oubliant sa personne, il s’impose au monde. Sans désirs pour lui-même, ce qu’il entreprend est parfait. Il s’était assis à la dernière place. C’est pour cela qu’il se retrouve à la première.


Le Nombre Sept a pour lettre hébraïque Zaïn, nom divin Zakaï (pureté du monde).

Vocabulaire radical de La langue hébraïque restituée :


Ce caractère appartient en qualité de consonne, à la touche sifflante, et s’applique, comme moyen onomatopée, à tous les bruits sifflants, à tous les objets qui fendent l’air et s’y réfléchissent. Comme symbole, il est représenté par le javelot, le trait, la flèche, tout ce qui tend à un but comme signe grammatical, c’est le signe démonstratif, image abstraite du lien qui unit les choses. L’hébreu ne l’emploie point comme article ; mais il jouit de cet avantage en éthiopique, où il remplit les fonctions d’article démonstratif. Son nombre arithmétique est 7.

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Marie-Claire a la gentillesse de partager avec nous son travail de condensation par extraits choisis des Méditations sur les 22 Arcanes Majeures du Tarot d'un auteur qui a préféré garder l'anonymat (Éditions Aubier, 1980, 1984) :


Arcane VII : Le Chariot


Le septième Arcane représente d’un côté celui qui, ayant triomphé des trois tentations, est resté fidèle aux vœux d’Obéissance, de Pauvreté et de Chasteté mais aussi le danger de la quatrième tentation ; la tentation d’agir "en son propre nom", d’agir en maître et non en serviteur. Le Chariot est l’Arcane de la maîtrise comprise dans le sens d’achèvement aussi bien que de tentation.

"Ce qui est en haut étant comme ce qui est en bas." La renonciation à ce qui est en bas met en mouvement des forces d’accomplissement d’en haut et la renonciation à ce qui est en haut met en mouvement des forces d’accomplissement d’en bas. La récompense est donc l’action que l’on met en mouvement en haut par la renonciation aux désirs des choses d’en bas. C’est le "oui" d’en haut correspondant au "non" d’en bas. Cette correspondance constitue une base de la réalisation magique et une loi fondamentale de l’Hermétisme chrétien. Ce n’est pas le désir qui porte la réalisation magique mais bien la renonciation au désir. Dire qu’il faut renoncer à ce que l’on désire revient à dire qu’il faut pratiquer les trois vœux sacrés d’Obéissance, de Pauvreté et de Chasteté avec douceur à l’image de "la concentration sans efforts" du Bateleur.

"… Et aussitôt des Anges s’approchèrent…" Les Anges sont des entités qui se meuvent verticalement. Se mouvoir, s’approcher pour un Ange signifie changer de respiration, ne pas pouvoir s’approcher signifie que l’atmosphère de laquelle il veut s’approcher est telle qu’il n’y peut plus respirer et qu’il "s’évanouirait" s’il y entrait. Cette "loi de présence" nous invite à protéger par nos pensées, nos paroles et nos actes tous les lieux sacrés où on prie, médite, adore Dieu… "… Et ils le servaient…" A chaque tentation repoussée correspondait un Ange chargé d’une mission et d’un service spécial de récompense.

- Il avait refusé, étant affamé, que les pierres deviennent des pains. Or, ce fut "la Parole qui sort de la bouche de Dieu" devenue pain que l’Ange de la Pauvreté lui servit.

- Il avait refusé de se jeter en bas du faîte du Temple. Or, ce fut "le souffle de la hauteur du trône de Dieu" que l’Ange de la Chasteté lui apporta.

- Il avait refusé d’accepter le rôle de Surhomme et de roi de ce monde au prix de l’adoration de l’idéal du monde du Serpent. Or, ce fut "la couronne d’or du monde de Dieu" que l’Ange de l’Obéissance lui présenta.

L’effet du triple renoncement fut la maîtrise du monde des éléments puis les sept miracles décrits dans l’Evangile selon St Jean. A ces sept aspects de la Maîtrise ou "Gloire" correspondait la révélation des sept aspects du Nom du Maître :

  • Je suis le vrai cep

  • Je suis le chemin, la vérité et la vie

  • Je suis la porte

  • Je suis le pain de vie

  • Je suis le bon berger

  • Je suis la lumière du monde

  • Je suis la résurrection et la vie

Cet Arc-en-ciel aux sept couleurs est la manifestation de la Maîtrise ou Gloire et l’octave à sept tons de la révélation du Nom ou de la mission du vainqueur des trois tentations.

Trois du bien quand il prévaut sur trois du mal produit sept du bien tandis que trois du mal qui prévaut sur trois du bien ne produit que trois du mal car le bien n’est que qualitatif et, lorsqu’il peut se manifester, il se manifeste en la plénitude indivisible. Le nombre sept est la plénitude et lorsqu’elle se manifeste la Gloire dont parle St Jean. Le premier des miracles aux noces de Cana fut le commencement de la manifestation de la plénitude ou de la Gloire. "…ses disciples crurent en lui…" càd qu’ils crurent en son Nom ou à sa mission qui fut révélée dans ses sept aspects par les sept "Je suis… " Tout cela ne fut que la manifestation de la Gloire du Père par le Fils et que la révélation du Nom du Père par le Nom du Fils. Mais la possibilité de l’autre gloire càd de la manifestation de la maîtrise en son propre nom existe également. Le Surhomme a plus d’attrait que le Fils de Dieu parce qu’il promet une puissance croissante tandis que le Fils de Dieu n’offre que la carrière d’un laveur de pieds !

Le septième Arcane qui représente l’homme couronné debout sur un char tiré par deux chevaux bleu et rouge est le Triomphateur des épreuves c'est-à-dire des tentations et s’il est Maître, il l’est de lui-même. Il est seul, personne n’est là pour l’applaudir ni pour lui rendre hommage, le sceptre qu’il tient n’est pas une arme. Sa maîtrise acquise dans la solitude est due aux épreuves seules et non à quoi que ce soit ni à qui que ce soit d’autre. La victoire remportée dans la solitude est la seule gloire réelle car elle ne dépend pas des faveurs ni du jugement humains ; elle est la gloire intrinsèque, le rayonnement réel de l’aura devenue lumineuse. Elle est en même temps le plus réel et le plus grave danger spirituel qui existe "Hybris" et "Orgueil" ; sorte de mégalomanie mystique où l’on divinise le centre de son propre être "son égo", où on ne voit le divin qu’en lui et où on devient aveugle pour le divin hors de lui. On éprouve alors son "Soi supérieur" comme le Soi suprême et unique du monde.

Jung découvrit le processus profond et intime qu’il désigna comme "processus de l’individuation" qui n’est autre chose que la naissance graduelle d’un autre moi. Jung appelle "le Soi" le Moi supérieur à l’égo ordinaire. Ce processus d’individuation comporte des dangers ou tentations en particulier celui de l’inflation ; l’état de conscience du moi gonflée à outrance connu en psychiatrie sous le nom de mégalomanie. Le processus d’individuation est la réalisation spontanée de l’homme total car la formule désormais valable pour la notion d’âme est "la psyché, la conscience du moi, l’inconscient". Non seulement c’est à la psyché inconsciente que revient la plus grande durée d’existence à travers le sommeil mais c’est elle aussi qui assure la continuité de l’être…" a découvert C.G. Jung. Or le processus d’individuation est celui de l’harmonisation de la conscience du moi et de l’inconscient de la psyché. Il s’agit d’une harmonisation qui n’est réalisable que par voie de recentrage de la personnalité càd de la naissance d’un nouveau centre de la personnalité qui participe à la nature de la conscience du moi par le biais d’un centre où l’inconscient est perpétuellement entrain de se transformer en conscience.

Dans le processus d’individuation, on éveille les symboles-forces que Jung désigne sous le nom d’'Archétypes. "Ces derniers sont des éléments psychiques structurels et, par conséquent, facteurs d’importance vitale pour l’économie psychique…" Ils sont des forces psychiques formidables qui peuvent aussi envahir, inonder, engloutir la conscience. Il se produit alors, le plus souvent, une identification de la conscience avec le rôle du héros ou d’une figure cosmique archétypale. Si la dissolution de l’identification à la figure du héros ne réussit pas, elle prend possession de la conscience. Alors a lieu la deuxième identification qui se manifeste dans un état d’inflation avec la conviction d’être quelqu’un de spécial ou bien par l’impossibilité de réaliser ses prétentions qui prouve sa propre infériorité et qui favorise le rôle du "héros souffrant". Ces deux aspects sont identiques ; une mégalomanie consciente se compense par un sentiment d’infériorité inconscient et un sentiment d’infériorité conscient correspond à une mégalomanie inconsciente. On ne rencontre jamais l’un sans l’autre. Or l’inflation est le danger principal que courent tous ceux qui cherchent l’expérience de la profondeur, l’expérience de ce qui est occulte. L’inflation constitue la plus grande épreuve des occultistes et autres politiciens, artistes, psychologues, croyants et agnostiques…

Celui qui aspire à un plan plus haut que celui du plan terrestre risque de devenir hautain, celui qui cherche la largeur au-delà des limites du cercle normal de ses devoirs et jouissances terrestres risque de se considérer comme de plus en plus important, celui qui est en quête de la profondeur sous-jacente à la surface des phénomènes de la vie terrestre court le risque le plus grand ; celui d’un complexe de supériorité, d’une inflation, d’une mégalomanie. L’ancien dicton "Ora et Labora" contient la seule réponse pour contrer ce danger ; "Adoration et Travail". Il faut adorer ce qui est au-dessus de nous et il faut participer à l’effort humain dans le domaine des faits objectifs pour pouvoir tenir en échec les illusions sur ce que l’on est et ce que l’on peut faire car quiconque sait élever sa prière et sa méditation au niveau de l’adoration pure sera toujours conscient de la distance qui sépare (et unit en même temps) l’adorateur et l’adoré. Il ne sera dons pas tenté de s’adorer lui-même ce qui est, en dernière analyse, la racine de la mégalomanie et ne confondra pas ce qu’il est avec ce qu’est l’être adoré. D’autre part, celui qui travaille càd qui prend part à l’effort humain tendu vers des résultats objectifs et vérifiables ne s’illusionnera pas aisément sur ce qu’il peut. L’Adoration et le Travail constituent donc la condition sine qua non de l’ésotérisme pratique en vue de tenir en échec la tendance à la mégalomanie.

Toutefois pour obtenir l’immunité contre cette maladie morale, il faut avoir l’expérience de la rencontre véritable et vraiment concrète avec un être supérieur càd en face à face. Elle peut être spirituelle -face à face en vision- ou bien physiquement concrète (Ste Thérèse d’Avila pour ne citer qu’elle). Or celui qui a vécu l’expérience de la rencontre vraiment concrète avec un être supérieur devient, de ce fait même, immunisé à l’égard de la tendance vers la mégalomanie. Jamais être humain qui a vu et entendu ne pourra faire de soi-même une idole ! L’expérience authentique du divin rend humble, celui qui n’est pas humble n’a pas vécu d’expérience authentique du divin. L’humilité comme la charité n’est pas une qualité naturelle de la nature humaine qui ne produit que des lutteurs, des guerriers… C’est donc une qualité qui doit être due à l’action de la Grâce, elle doit être un don d’en-haut. Or les rencontres concrètes en face à face sont toujours sans exception des événements dus à la

Grâce puisque l’être supérieur s’approche de son plein gré de l’être inférieur. Notre rôle est seulement de "chercher" de "frapper" et de "prier" car l’acte décisif vient toujours d’en haut.

Le septième Arcane dont le sens traditionnel est "victoire, triomphe, réussite" nous avertit du danger de la mégalomanie et nous enseigne le triomphe vrai conduit à son terme par le Soi càd la réussite du processus d’individuation. Le Triomphateur du Chariot peut donc désigner soit un malade souffrant de mégalomanie soit un homme passé par la première étape sur la voie de l’initiation ; la purification. Il signifie à la fois "le triomphateur" et "le Triomphateur", le mégalomaniaque et l’homme maître de lui-même. Il tient en échec les quatre tentations càd les trois tentations dans le désert et la tentation de la "Hybris (ou démesure)" qui les synthétise. Il est donc le maître des quatre éléments qui composent le véhicule de son être ; le feu, la terre, l’eau et l’air càd qu’il est créatif dans la pensée claire, fluide et précise ; qu’il a un cœur chaleureux, large, sensible et fidèle ; qu’il a de l’ardeur en tant qu’homme de désir, de l’ampleur, de la souplesse et de la volonté. Il représente les quatre vertus naturelles de la théologie catholique ; la prudence, la force, la tempérance et la justice ou bien les quatre vertus cardinales de Platon ; la sagesse, le courage, la tempérance et la justice.

Les quatre colonnes soutenant le dais dans le char signifient les quatre éléments pris dans leur sens vertical càd dans leur sens analogique à travers les trois mondes ; spirituel, psychique et physique. La fonction matérielle du dais est de protéger. Pris au sens spirituel, le dais au-dessus d’un homme portant une couronne royale en or exprime deux choses contraires ; l’homme couronné est un mégalomaniaque séparé du ciel par le dais ou bien un initié au mystère qui ne s’identifie pas au ciel du fait qu’il est conscient de la différence qui existe entre son moi et ce qui est au-dessus de lui. Autrement dit, le dais indique les faits et les vérités sous-jacentes à la mégalomanie aussi bien qu’à l’humilité. Il y a une peau (un dais) dans sa conscience qui, tout comme la peau du corps humain, sépare l’humain du divin et les unit en même temps. Cette "peau spirituelle" protège la santé spirituelle de l’homme en ne lui permettant pas de s’identifier ontologiquement avec Dieu ou de dire "Je suis Dieu !" tout en lui permettant les rapprochements et les éloignements analogues au processus de la respiration faite d’inspirs et d’expirs avec la conscience toujours présente de la non-identité.

Il existe trois formes d’expériences mystiques ; l’union avec la nature, l’union avec le Soi transcendant humain et l’union avec le Dieu Vivant dans l’amour. Le trait caractéristique de l’union avec la nature est l’ivresse càd la fusion du moi avec les forces extérieures à la conscience du moi ; la forme de l’expérience mystique du Soi consiste en la séparation du moi ordinaire d’un moi supérieur expérimenté comme libre et immortel dont le trait caractéristique est le dégrisement progressif ayant pout but la sobriété complète ; le trait caractéristique principal de l’union avec Dieu est la synthèse de l’ivresse de la mystique de la nature (enthousiasme ardent) et de la sobriété de la mystique du Soi (paix profonde) dans un état de Béatitude. La vision béatifique implique la dualité du voyant et du vu d’une part et leur unité en accord intrinsèque dans l’amour d’autre part. La rencontre de l’âme et de Dieu -face à face dans l’amour- est la quintessence de l’expérience mystique théiste. Cette expérience est d’autant plus élevée que la différenciation est complète et que l’union est parfaite.

Le Triomphateur porte une cuirasse, se tient sous un dais et est couronné parce qu’il ne se perd pas dans la nature, qu’il ne perd pas Dieu dans l’expérience de son moi supérieur et qu’il ne perd pas le monde dans l’expérience de l’amour de Dieu. Il tient en échec le danger de l’exaltation et de la démesure, il est le véritable adepte de l’Hermétisme càd l’adepte de la Mystique, de la Gnose et de la Magie divines, humaines et naturelles à la fois. Il se tient debout dans son véhicule, il n’est pas assis plongé dans l’extase, il tient un sceptre qui lui sert de bride pour les chevaux qui traînent son char et lui évitent de marcher. Les forces instinctives du "oui" et du "non", de l’attraction et de la répulsion, du sang veineux et du sang artériel, de la confiance et de la méfiance, de la foi et du doute, de la vie et de la mort, de la droite de la gauche enfin symbolisées par les colonnes sont devenues en lui des forces motrices obéissant à son sceptre. Elles le servent de leur plein gré, il se fie à elles, elles se fient à lui. Dans l’Hermétisme, la maîtrise ne signifie pas l’asservissement de l’adorateur à l’adoré mais l’alliance du sur-conscient, du conscient et du sous-conscient ou instinct. C’est l’idéal Hermétique de la paix dans le microcosme, le prototype de la paix de l’humanité divisée en races, nations, classes et croyances.

On peut dire que le Triomphateur est le "convalescent" c'est-à-dire qu’il a triomphé de la maladie ou du désordre spirituel, psychique et physique ou encore qu’il est en même temps toujours le juste, celui qui a triomphé des quatre tentations en restant fidèle aux trois vœux sacrés ainsi qu’à leur racine et à leur synthèse : l’humilité. Cela veut dire enfin qu’il est "l’homme libre" ou "Maître de lui-même". Etant libre des influences des planètes astrologiques (redécouvertes par C.G. Jung sous la forme de l’inconscient collectif avec ses sept forces psychiques ou Archétypes), il est Maître des Archétypes et du Soi au-dessus duquel trône le "Soi des Sois" ou Dieu. Il n’est pas pour autant sans influence des planètes puisque les Archétypes composent le "corps astral" ou "corps psychique" de tout humain. Le Triomphateur du septième Arcane est donc le Maître des sept forces psychiques inconscientes collectives ou planétaires de son corps astral ou corps psychique.

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Sur le site de Philippe Camoin, on peut trouver un petit fascicule intitulé Le Tarot de Marseille restauré ou "L'Art du Tarot" par Alexandro Jodorowsky qui propose une liste de mots clefs impressionnante, glanés selon les œuvres de différents auteurs :


V. LE PAPE

Dieu agissant - Victoire - Idéal vers lequel s'organisent les forces et tendent les évolutions - Œuvre organisée et vivante se mouvant - Mutation - Changement - Forces négatives dominées s'additionnent aux positives pour arriver au triomphe - Semence - Amant - Intelligence dominant la matière - Conscience du cosmos - Initié comme unité intellectuelle - Égocentrisme - Paresse - Homme contrôlé sexuellement par sa mère - Action violente et destructrice - Sublimation - Surmonter les obstacles - Difficulté pour avancer - Désirs contenus - Complexes sexuels - Frigidité. - Volonté - Triomphe de la vie - Dépression nerveuse contrôlée -Progrès conscient - Principe constructeur de l'univers - Maîtrise - Domination absolue de soi-même - Direction - Gouvernement - Talent - Incapacité - Ne pas savoir demander. -Obéir à la volonté divine - Désirs contenus - Vigilance. - Éternelle attention - Construction - Chemin de la lumière - Nouvelle évolution - Âge de la raison - Rapidité dans les actions - Grande lenteur - Prisonnier du devoir - Gagner de l'argent - Perdre de l'argent - Bonne santé - Culpabilité ou mauvais fonctionnement sexuel - Accident de voiture en vue - Mauvaises nouvelles - Traversée dangereuse - Dominer ses passions - Canalisation de l'agressivité dans la création - Grand pouvoir de concentration - Inhibitions - Sensualité - Ambitions démesurées - Déceptions - Avarice - Conquête - Positif plus important que le négatif - Calomnies - Propagande verbale - Ne peut couper le cordon ombilical - Dérangement - Vengeance - Popularité - Échec - Incapacité d'affronter la réalité - Imite le père sans pouvoir trouver sa vraie personnalité - Mémoire intense - Espérance - Digestion - Autorité sous l'autorité. -Ce qui est fixe et concret - Exhibitionniste intellectuel - Immaturité - Opportunisme dangereux - Sottise - Séducteur - Attire les femmes mariées à des hommes puissants ou célèbres - Infidélité - Nécessité de changer constamment d'amants - Orgasme précoce - Étale sa force intellectuelle et physique pour cacher sa faiblesse sexuelle - Guerrier - Annonce des événements importants - Union secrète - Victoire sur le moi - L'esprit se sépare de la matière - Ici et maintenant présent éternel - Peur de la bataille - Le conducteur ne peut conduire son véhicule - Homme dominé par ses passions animales - Destin - Unification par le mouvement - Obéit pour commander - Cœur pur - Bonheur - Longévité. -Artiste à succès - Secours providentiel - Initiative - Est son propre médecin - Immoralité - Autonomie - Changer la nature - Lutte inachevée - Remords - Serviteur de Marie -

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Symbolisme celte :


Laura Tuan, autrice d'un livret d'accompagnement intitulé Les Tarots celtiques (Éditions De Vecchi S.A., 1998) propose un article sur Teutates pour illustrer l'arcane VII du tarot :


A la différence de César, qui romanise les noms des dieux celtiques; Lucain mentionne trois noms de divinités gauloises : Taranis, Esus et Teutatès (que l'on peut traduire par « père des peuples »). Dans les commentaires plus tardifs, ce dernier est assimilé tantôt à Mars, tantôt à Mercure. L'historien Strabon rapporte en tout cas que les prisonniers de guerre lui étaient sacrifiés (comme il convient à une divinité guerrière, à un triomphateur) par des méthodes extrêmement cruelles : noyés dans un tonneau ou massacrés dans un chaudron de bronze par de vieilles prêtresses vêtues de blanc, qui tiraient ensuite des présages de l'examen de leur sang.

Bien que l'archéologie ne nous en ait restitué aucune image nette et précise, Teutatès est décrit comme un guerrier conduisant un char et armé d'une lance, d'une épée, d'un bouclier et d'un casque à cornes.

Une inscription offre en effet un Toutates Medurini, que l'on peut rattacher à ce Midir irlandais (mir signifie hydromel) qui fut le précepteur d'Œngus (fils de Lug) et obtint par enchantement que le roi Elcmar cède ses propriétés à ce dernier. Comme Odin dans la légende germanique, et Horus dans le mythe égyptien, il perd un œil à la suite d'une blessure infligée par un coup de bâton, mais est soigné par le médecin divin Diancecht.

Dans le mythe irlandais, il incarne le figure du héros enflammé par la fureur du combat, et s'entoure souvent de chiens, d'un taureau ou de la corneille Badh, annonciatrice de mort violente.

On sait très peu de choses sur son champ d'action. Il semble renvoyer également à la fécondité, à la richesse et même aux sources et au passage dans l'au-delà, mais sa spécialité reste la bataille dont il sort toujours vainqueur.


La carte : Sur l'image proposée par le septième arcane, Teutatès revêt l'apparence d'un triomphateur. Son visage a une expression sereine, presque imperturbable. Cependant, la couleur vive du vêtement, le bouclier, le casque à cornes typique des Gaulois et, surtout, l'épée dégainée en signe de victoire témoignent de son caractère guerrier, enclin à la conquête et à l'action. Reine et prophétesse des champs de bataille, messagère de la mort pour les soldats, une corneille complète le tableau.


Signification ésotérique : Le secret de la victoire consiste à ne pas s'agiter. Agir avec détermination et courage sans jamais se troubler, permet d'économiser de l'énergie en la concentrant, sans en gaspiller une miette, vers un seul objectif.

L'inaction s'avère parfois, en cas de besoin, préférable à l'action, mais quand l'heure est venue d'agir et de combattre, reculer ne fait que compliquer les choses.


Mots-clés : Estime personnelle - Action - Progrès - Lutte - Courage -


A l'endroit : Self-contrôle - Confiance en soi - Projets faciles à réaliser - Victoire - Triomphe - Difficultés surmontées - Dynamisme - Chance - Volonté - Enthousiasme - Courage - Aides inespérées - Influence sur autrui - Union favorable - Mariage - Réconciliation - Avancement dans la carrière - Voyages heureux - Sport - Etude des langues et des philosophies anciennes - Diplôme - Grandes affaires commerciales - Expédition- Contrats importants- Bonne unité - Longévité - Un étranger - Un personnage de premier plan - Un politicien - Un chef - Le partenaire - L'associé - Le frère - L'ami - Une personne mûre entre 40 et 60 ans.


A l'envers : Besoin de lutter - Efforts - Obstacles Projets désastreux - Aides ratées - Choix risqués - Ambition effrénée - Incohérence- Désordre - Limites personnelles - Vengeance - Conflits - Fuite de la réalité - Révolte - Rupture - Malheur affectif - Problèmes professionnels - Voyages repoussés - Investissements démesurés - Dettes - Accident - mauvaise santé.


Le temps : Mardi et jeudi - Décembre.


Signes du zodiaque : Bélier - Sagittaire.


Le conseil : réfléchissez toujours deux fois avant d'agir, mais quand l'action devient inéluctable, laissez les doutes derrière vous et franchissez le pas fatidique.

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Dans le livret accompagnant le jeu de cartes du Tarot des Druides de Philip et Stephanie Carr-Gomm (Édition originale 2004 ; traduction française : Édition Véga, 2014), on trouve le petit texte explicatif suivant :


Le Message : Maturité et sagesse sont le résultat d'une attitude courageuse face aux difficultés et aux défis de la vie. L'art du succès repose sur la capacité d'abandonner et de prendre le contrôle.


Mots-clefs : Triomphe - Succès - Maîtrise - Contrôle - Volonté - Ego développé - Surmonter les obstacles - Réputation - Voyages.


Signification : Engagement réussi dans la vie.


- Le succès et les qualités requises pour l'obtenir ;

- Excellence ou réputation dans un domaine choisi ;

- Le contrôle nécessaire pour développer la personnalité et maîtriser les difficultés et les circonstances ;

- Attention aux dangers de rigidité quand il convient de céder ;

- Forces complémentaires.


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Mots-clefs : Faiblesse ou mauvais usage de la volonté - Perte de contrôle - Retard - Echec - Succès injustifié.


Sens inversé : La personnalité risque de devenir un masque - Une crise peut être nécessaire pour qu'elle devienne un canal pour l'âme - Ne vous appuyez pas trop fortement sur votre volonté ou force de personnalité pour contrôler une situation - Le véritable pouvoir se trouve dans l'approfondissement de notre expérience et la compréhension des polarités du lâcher prise et de la pénétration - Retards ou interruptions des voyages - Un projet risque d'échouer ou d'obtenir un succès injustifié.

 

Kristoffer Hugues, dans Les secrets du tarot celtique (Llewellyn Publications, 2017 ; Éditions De Vinci, 2021) présente ainsi l'Arcane VII :


VII. Le Chariot


Mes roues tourneront-elles sur votre route,

résolues à aller au bout ?


Affirmation : Lâchez les rênes et suivez votre volonté.

Mots-clés : Victoire - Volonté - Progression.


Mon chariot porte la sagesse invisible de tout ce qu'il s'est déjà passé. Je suis la somme de tout ce que vous avez vu et été jusqu'ici. je viens de la compréhension et de la connaissance, et mon voyage me guide vers la forteresse de force et de pouvoir. Je suis forte. J'ai la volonté de causer de profondes transformations. Je défends la justice et la vérité ; je suis la vérité contre le monde et son action à l'œuvre. Je peux vous faire avancer d'un souffle de dragon jusqu'à la sphère de sagesse intérieure, mais êtes-vous prêt à croire suffisamment en vous pour que cela devienne réalité ?

Rares sont ceux qui s'aventurent au-delà de mon poste ; beaucoup tombent sous les obstacles de ceux qui m'ont précédée. Mes roues tournent-elles de leur propre gré, ou est-ce vous qui le décidez ? Percevez-vous ce qui se trouve derrière moi, ce qui anime mon chariot (et, par extension, votre expérience) ? Arrêtez-vous. Réfléchissez. Ce mouvement est-il vraiment ce que vous désirez ?


Interprétation : Vous ne pouvez pas grand-chose pour stopper l'avancée du Chariot, et donc de la situation en question. Celle-ci poursuit son chemin, que vous le vouliez ou non. Cette lame vous demande plutôt si vous êtes capable de grimper en cours de route. La destination n'est peut-être pas claire, mais la présence d'autres lames d'arcanes majeurs avant le Chariot, dans le tirage, vous donnera probablement des indices quant à cette destination. Vous devez faire appel à votre volonté et la pousser à agir ; ne restez surtout pas les bras ballants, à vous imaginer que les choses viendront d'elles-mêmes. Vous devez croire en votre capacité à mener cette situation jusqu'à sa conclusion, que celle-ci soit nécessaire ou inévitable. Notez toutefois qu'il s'agit là de la dernière carte du Voyage vers l'expression. Cherchez des indices signalant la suite du voyage vers la sagesse.

Si la lame paraît inversée, cela signifie peut-être que le train a déjà quitté le quai, et que vous vous retrouvez à courir vainement derrière. Chercheriez-vous à contrôler une situation qui vous dépasse ? Notez que la conductrice ne tient pas de rênes : c'est sa volonté seule qui dirige le Chariot. la confiance, le pouvoir... ces choses ont parfois un prix. Peut-être avez-vous du mal à renoncer à ce contrôle, ou votre omniprésence est telle qu'il n'y a pas de place pour le moteur ?

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Dans L'Oracle de la sagesse gauloise (Éditions Le Courrier du Livre, 2021) Caroline Duban et Lawrence Rasson propose une carte spécialement dédiée à Taranis :


Taranis

de taranu- « le Tonnant »


Il est l'un des dieux cités par Lucain avec Teutates et Esus. L'auteur raconte quels terrifiants sacrifices on avait coutume de lui préparer pour apaiser sa colère ou s'attirer ses faveurs. Ses victimes - coupables ou ennemies de préférence, innocentes à défaut de pourvoir aux premiers besoins - étaient immolées en son honneur. D'autres témoignages rapportent ces rituels, parfois avec quelques nuances.

Taranis est au ciel ce que Dis Pater est aux Enfers. Le Seigneur de l'orage, équivalent du Jupiter romain, est mentionné sur plusieurs autels de pierre ; on le trouve à Thuaron, Amiens, Orgon, mais aussi en Allemagne, en Italie et même en Croatie et en Hongrie. Lorsqu'il est figuré dan la Gaule romaine, il est régulièrement dévoilé sous des traits qui le dépeignent barbu, arborant des cheveux fournis et bouclés. Il brandit un éclair dans une main et tient contre lui, ou porte sur une épaule, une roue (généralement à six rayons). Ce dernier artéfact n'est pas sans symbole : le motif décorait armes et armures variées, des pièces de monnaies, ou encore était façonné pour créer des rouelles votives (à quatre, six ou huit rayons) offertes dans les sanctuaires, ou portées en amulette. Il est probable que cette roue, caractérisant le mouvement - peut-être le temps qui s'écoule et les saisons - soit en étroite relation avec le disque solaire. La roue, image symbolique du soleil, se reflète également à travers les svastikas dextrogyres ou sénestrogyres bien connus des Celtes. Il en est de même pour les esses qui désigneraient la course de l'astre du jour. Les esses étaient volontiers gravées sur le métal pour orner les pièces de harnachement ou d'armement chez ces peuples. Une statuette en bronze représente Taranis détenant la foudre et la roue, et portant en bandoulière une série d'esses (objet découvert au Châtelet de Gourzon). Taranis semble maitriser et protéger l'astre diurne. Il pourrait alors être un opposé complémentaire à Dis Pater. Les éclairs foudroyants symboliseraient-ils la colère solaire et son châtiment ?

Enfin, un autre visage de la divinité - sans doute moins connu du grand public actuel - était vénéré sous un aspect plus monumental et en plein air ; on le nomme le cavalier à l'anguipède. Dans l'est de la Gaule romaine et en Rhénanie notamment, ces images cultuelles se dressaient sur des piliers plus ou moins hauts. Sur ces sculptures, Taranis est confondu avec Jupiter et monte un cheval se cabrant, prêt à écraser une créature hybride mi-homme, mi-serpent ou poisson. Taranis maintient sa monture d'une main et lève son autre bras dans une posture qui indique qu'il devait autrefois porter un foudre de métal ou une lance. Sur des sites comme Luxeuil ou Meaux, le foudre fait place à la roue à rayons. En Gaule, le dieu du ciel terrassant le monstre a plus souvent été élevé dans des zones autrefois rurales, et bien moins régulièrement en milieu urbain. On associe cette particularité avec le désir de voir le protecteur du ciel, le commandeur du tonnerre et le maître du mouvement solaire, préserver les récoltes et le bétail. Ce saint Georges des temps antiques serait représentatif des forces du Bien gagnant sur la personnification du Mal.

La colonne de Cussy est à ce point remarquable qu'elle a été érigée près d'une source sacrée, eau dispensatrice d'abondance et de santé chez les Gaulois, qui ne manquent pas d'associer ou d'identifier chaque source a une puissance divine.

En dieu-cavalier vainqueur, symbolisé ou inscrit sur des autels votifs, les représentations du Jupiter-Taranis ne manquent pas. Les sanctuaires de plein air auraient significativement plus à la divine présence dans les massifs montagneux, naturellement propices aux orages. Les Vosges et les Pyrénées ont ainsi conservé de telles dédicaces. Dieu bon est favorable s'il maintient l'ordre entre les précipitations et les heures d'ensoleillement pour fournir d'éclatantes moissons, il peut se montrer inflexible sur les forces obscures qui viendraient troubler cet équilibre naturel. Les Gaulois cherchaient sa protection pour se prémunir des sinistres naturels. C'est pourquoi les colonnes du cavalier à l'anguipède étaient dressées à l'entrée des fermes.

Quant au cheval, il a une symbolique très marquée chez les Celtes. Il est rattaché au soleil et au cycle de la vie. Nombreuses sont les monnaies qui le portent sur leur revers, parfois sous les traits de l'anthropocéphale (voir Arbre de Vie).


Interprétation : Taranis contrôle le temps qu'il fera sur votre tête et fera pleuvoir, tonner ou briller ses rayons en fonction de vos paroles et de vos actes, selon les proportions auxquelles ils lui auront été adressés. C'est la carte qui résume :  « aide-toi, et le ciel t'aidera ! », ce qui ne signifie pas pour autant  « débrouille-toi ! ». C'est une carte qui vous incite à faire preuve de diligence sur ce que vous mettez en place, dans quel ordre et dans quelles proportions, pour atteindre l'objectif que vous vous êtes donné ou que l'on vous a octroyé. Celui-ci peut toucher n'importe quel domaine de votre vie. Si le domaine vous échappe encore, concentrez-vous. Prenez le temps de réfléchir sur ce à quoi cette lame vous fait penser, à quelle corde elle est associée pour la faire résonner. Peut-être vous est-il demandé de ne plus vous disperser pour faire germer les graines d'abondance en vous, pour développer de nouvelles qualités, des compétences mal ou pas assez utilisées... On peut vous conduire vers une autre façon de rayonner. La force de Taranis ne réside pas seulement dans ses éclairs, ils ne sont que la conséquence de sa volonté. Il dirige et maîtrise le feu du ciel pour embraser les âmes et les cœurs endormis, provoquer un électrochoc dans votre conscience pour vous ramener à une réalité à concrétiser ou à améliorer. Se rassembler, se recentrer, c'est s'autoriser à avoir une plus grande influence, un rayonnement plus important et plus bénéfique pour soi et les autres.

Si la question porte sur un champ plus matériel, Taranis répondra en cohérence avec votre résonance. Si vous ne vous en souciez pas, ou l'oubliez un peu trop facilement, il vous le rappellera amèrement ;si vous lui confiez vos espoirs et vos craintes, il saura exaucer les premiers et chasser les seconds. Il protège les justes et détruit, éloigne les énergies néfastes.

Particulièrement vénéré sur les hauteurs, dans les massifs montagneux, Taranis vous suggère de prendre de la hauteur pour mieux évaluer une situation. Son attitude dépend de la vôtre, car s'il nourrit les semences par des précipitations bienfaisantes, les pluies torrentielles sont désastreuses ; s'il fait descendre les rayons lumineux du soleil pour faire éclore les récoltes, les sécheresses qu'il causerait par sa colère seraient catastrophiques ; si les orages, survenant après une canicule, rafraichissent l'air et calment les esprits ensuqués par leurs pluies chaudes et lourdes, les orages secs et la grêle provoquent de lourdes pertes. Ainsi donc, Taranis devient un écho de vous-même, un double intérieur qui n'a pas de filtre et révèle aussi bien les aspects lumineux de votre personnalité que les recoins sombres de votre âme. Apprenez à doser vos paroles et vos actes pour qu'ils vous restent favorables.

Si votre question implique une notion temporelle, un aspect physique ou psychologique précis, il est préférable de prendre à part les cartes des quatre fêtes (Samain, Imbolc, Beltaine, Lugnasad), de les mélanger et d'en tirer une afin de recouper son message à celui de Taranis. Les conseils des deux lames seront à combiner.

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Cercle de tambour :


J'ai trouvé un site où la métaphore du chariot est très bien expliquée et auquel je vous renvoie pour approfondir si vous le souhaitez, la soirée dédiée au Chariot.

J'ajoute que Annie Guibert, une de mes enseignantes en Fleurs de Bach, utilise également ce support afin de transmettre sa connaissance des Fleurs dans son ouvrage fondamental Fleurs de Bach, Fleurs de Soi.


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