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La Plante


L'esprit des plantes, documentaire ARTE.



Étymologie :


  • PLANTE, subst. fém.

Étymol. et Hist. A. 1273 « plantation, vigne récemment plantée » (Aumonieres, Arch. Haute-Saône, H 27 ds Gdf.). B. 1. 1532 « exemplaire du règne végétal » (Grammaire de G. Du Wes, éd. F. Génin, Paris, 1852, p. 1053 d'apr. Ch. Schmitt ds R. Ling. rom. t. 43, p. 29) ; 1542 (Gesner, Catalogus plantarum latine, graece, germanice et gallice, f+90 vo, 91 ro, 140 vo, 141 ro) ; 2. 1668 p. oppos. à arbre « végétal non ligneux » (La Fontaine, Fables, II, I, 11 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 1, p. 130) ; 3. 1685 p. métaph. (ici, en parlant d'une pers.) (Bossuet, Oraisons funèbres, Anne de Gonzague, éd. J. Truchet, p. 259). A plus prob. déverbal de planter* qu'issu du lat. planta, -ae (v. FEW t. 9, p. 21b et note 6). B empr. au lat. médiév. planta, -ae qui apparaît chez Albert Le Grand (De vegetabilibus et plantis, p. 27, Opera Omnia, t. 10 ds FEW t. 9, p. 19b, v. aussi W. V. Wartburg ds Essais de philol. mod., 1951, Paris, 1953, p. 102) pour exprimer la notion gén. de « exemplaire du règne végétal » alors qu'en lat. class. planta, -ae, déverbal de plantare (planter*) ne désignait qu'une bouture à planter, puis un jeune plant, à côté de herba qui ne recouvrait que partiellement la notion actuelle de plante puisqu'il excluait les végétaux désignés par arbor « arbre ».


Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.

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Botanique :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes et revient sur le célèbre ouvrage de Goethe sur La Métamorphose des plantes :


Goethe observe dans l'évolution de toute plante trois phases de contraction et trois phases d'expansion La vie de la plante commence par l'extrême concentration du végétal dans un minuscule embryon au sein de la graine. Puis la germination initie une vaste phase d'expansion continue qui, s'il s'agit d'une plante annuelle, couvre tout son développement végétatif ; des feuilles se forment dont la taille a tendance à s'atténuer peu à peu au fur et à mesure de la croissance en hauteur. Vient alors une deuxième phase de contraction avec la formation de boutons floraux où les feuilles, réduites et transformées en sépales verts, protègent le bouton et se disposent en rangs serrés sur un plan circulaire. L'épanouissement du bouton met en œuvre le deuxième temps de l'expansion, manifesté par l'explosion odorante et colorée des pétales et des étamines. Cet épanouissement de la fleur à a lumière s'atténue par la formation d'un organe clos et de petite taille situé au centre de la fleur : le pistil, dont l'architecture varie selon les types floraux. Au sein de ce pistil formé de feuilles contractées et repliées sur elles-mêmes, caractéristiques des plantes à fleurs, la graine se forme tandis que, simultanément, une troisième phase d'expansion se manifeste avec la transformation des parois du pistil en fruit, souvent de grande dimension.

Ainsi s'achève ce cycle des phases d'expansion et de contraction qui avait beaucoup frappé Goethe et qui reste, deux siècles plus tard l'un des fondements des anthroposophes et de leur façon de "lire" la nature. Ils y voient l'équivalent végétal des mouvements de contraction et d'expansion qui rythment les principaux orages de la vie animale (cœur, poumons, intestins, etc.), mais à une cadence très ralentie. Car la vie, qu'elle soit animale ou végétale, obéit à certains rythmes. Bien qu'ils se remarquent moins chez les plantes, ils marquent de bout en bout leur existence : ainsi de la croissance qui ne s'effectue pas verticalement de manière rectiligne, mais en décrivant des cercles concentriques qui affectent l'extrémité de la tige ; ainsi de la photosynthèse qui recommence chaque matin avec le lever du soleil pour s'interrompre le soir, les plantes vivant au rythme de la lumière que respectent aussi les animaux diurnes ou nocturnes.

[...]

Comme le dit justement Pierre Rossion dans un récent article, « si l'on pouvait attribuer un quotient intellectuel aux végétaux, les plantes grimpantes viendraient en tête, et ce prix d'intelligence se doublerait d'un prix de gymnastique » (Pierre Rossion, Science et Vie, 1990, n°877). De fait, leurs prouesses étonnent et évoquent à nouveau, pour les botanistes, la notion d'« intelligence végétale » chère à Maeterlinck. Et Rossion d'ajouter que « les lecteurs qui auront planché sur les nœuds marins au cours d'un stage de voile ou de leur service dans la Royale, seront surpris d'apprendre qu'une plante grimpante comme la passiflore utilise les variantes du nœud de vache, de chaise, ou du nœud simple... pour se fixer sur ses supports ! »

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Les plantes ont-elles une mémoire ?


La mémoire est l’une des conditions de l’intelligence humaine. En est-il de même pour les plantes ? Que sait-on de la mémoire végétale, et s’agit-il bien de mémoire ? À moins qu’il ne s’agisse des traces physiologiques d’événements passés et des réponses qui leur ont été données ?

Les plantes sont confrontées à différents facteurs environnementaux : les variations de températures, les signaux mécaniques (le vent, la gravité...), la lumière et l'ombre. Elles perçoivent ces signaux et répondent par un changement d'état. Elles peuvent émettre des réponses de croissance au vent en faisant intervenir des canaux situés dans la membrane des cellules. Une flexion peut induire une modification de la structure des plantes par exemple.

Que sait-on de la mémoire végétale, et s’agit-il bien de mémoire ? À moins qu’il ne s’agisse des traces physiologiques d’événements passés et des réponses qui leur ont été données ? Dans quelle mesure les plantes mémorisent-elles et disposent-elles d’un passé incarné ? Tel est l’un des domaines les plus subtils et les plus controversés relatifs à l’intelligence végétale.


Iglika Christova, artiste plasticienne ; Claire Damesin, écophysiologiste végétale au laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution UPSud, CNRS, AgroParisTech ; Ludovic Martin, docteur en biologie végétale, ingénieur de recherche contractuel au PIAF ; Jean-Baptiste Veyrieras, journaliste à Science et vie.


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Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) nous fait découvrir le monde des chlorobiontes :


Les chlorobiontes, champions de la photosynthèse et du phototropisme


Leur nom n'est pas d'un usage courant, pourtant ils sont omniprésents sur terre comme sur mer, nous gratifiant de leurs bienfaits. Eux, ce sont les chlorobiontes, c'est-à-dire l'ensemble des végétaux verts, à la fois les plantes terrestres érigées et les algues vertes, du microplancton au séquoia. Mais à force de les côtoyer, on en oublie presque combien ils ont été essentiels dans l'histoire du vivant. Ou simplement même comment ils sont apparus, et ce qui les caractérise en propre.

« Chlorobiontes » vient du grec chloro qui signifie vert et bionte, êtres vivants. Comme ce nom l'indique, ils regroupent tous les organismes dotés de pigments de chlorophylle qui leur confèrent la capacité d'effectuer la phototsynthèse et de produire leur propre matière organique à partir du dioxyde de carbone et de la lumière.

Comprendre précisément ce qui les apparente dans l'arbre phylogénétique - autrement dit dans l'étude par classification de l'évolution des organismes vivants - revient à voyager loin dans le passé jusqu'aux origines des plantes. La machine à remonter le temps indique alors trois milliards d'années. C'est à cette époque que la photosynthèse apparaît. Elle est l'œuvre des cyanobactéries (appelées également « algue bleue ») qui, grâce à leur chlorophylle, commencent à utiliser la lumière du soleil comme source d'énergie. Évoluant dans l'océan primitif, minuscules, invisibles, elles transforment le dioxyde de carbone et l'hydrogène présents dans l'eau en glucose. on parle ici de photosynthèse oxygénique, car elles rejettent de l'oxygène au cours de cette opération. Ce dernier, au fil des millions d'années, finit par donner naissance à l'atmosphère, au bleu du ciel et à la couche d'ozone qui protège la Terre des rayons ultraviolets.

Puis, bien plus tard, il y a environ un milliard et demi d'années, une cellule eucaryote (c'est-à-dire une cellule qui possède un noyau ainsi que des compartiments fonctionnels appelés organites) aurait phagocyté une cyanobactérie, ce qui aurait eu pour effet de provoquer une endosymbiose. Autrement dit, la capacité de l'algue bleue microscopique d'opérer la photosynthèse oxygénique aurait alors été assimilée par ce micro-organisme devenu hybride et ce, à plusieurs reprises sur une très longue période.

Cette hypothèse de l'endosymbiose a été formulée à la fin des années 1960 par la microbiologiste américaine Lynn Margulis à la suite des théories énoncées par plusieurs savants du XIXe siècle. Selon cette hypothèse, la fusion des deux organismes a eu pour conséquence de développer au sein de la cellule eucaryote un nouvel organite décisif dans l'histoire de l'évolution : le chloroplaste. C'est lui qui a pour fonction, grâce à sa chlorophylle, de convertir l'énergie lumineuse en énergie biochimique.

Selon les biologistes, il y aurait eu ensuite divergence entre les algues vertes, à partir desquelles ont évolué les plantes terrestres, et les algues rouges (Rhodophytes) qui ont un fonctionnement photosynthétique spécifique avec une composition pigmentaire qui leur est propre.

C'est ensuite, il y a quatre cent-soixante-dix millions d'années, que les plus anciennes plantes font leur apparition sur la terre ferme alors à nue. Il s'agit de plantes non vasculaires, comme des mousses, sans racines, ni tige, ni feuilles.

Sept biologistes internationaux (dont deux Français : Alin Le Herissé et Florentin Paris) ont montré au printemps 2009 que les premières plantes vasculaires ont ensuite émergé presque aussitôt après, vers - 450 millions d'années. il s'agit de plantes à l'image des fougères, dans lesquelles circulaient l'eau et la sève. La découverte de ces chercheurs a permis de reculer la date d'apparition de ces plantes de vingt-cinq millions d'années par rapport aux précédentes connaissances, prouvant par là même qu'elles sont donc parvenues à traverser la période glaciaire qu'a connue la Terre entre - 445 et - 443 millions d'années. Ces plantes sur tige, dotées de racines et de feuilles, se reproduisent par l'intermédiaire de spores ayant pour but de favoriser la dissémination de leurs gènes à l'aide du vent, et de coloniser la planète.

L'évolution biologique ne s'arrête pas en si bon chemin. Il y a environ 360 millions d'années, un nouveau moyen de reproduction plus efficace apparaît avec les plantes à graines, à commencer par les conifères.

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Autre chapitre du même ouvrage :


Molécules de signalisation : quand le tabac sauvage appelle à l'aide


D'autres créatures ont réservé de nombreuses surprises aux scientifiques ces dernières années en apparaissant beaucoup moins passives qu'elles pouvaient donner à le croire : les plantes. Darwin a largement contribué à nourri cet intérêt scientifique en étudiant les stratégies de pollinisation ou encore la motricité des plantes. Son propre fils, Francis Darwin, professeur de physiologie végétale, fut même l'un des premiers à affirmer ouvertement que les plantes sont « intelligentes ». Une thèse repose et développée récemment par le chercheur italien Stefano Mancuso, qui s'est spécialisé à l'université de Florence dans la « neurobiologie végétale » mais d'autres scientifiques estiment que seule l'activité humaine peut être dite « intelligente » - ce à quoi Mancuso répond que l'intelligence de la plante et toutes ses fonctions sont décentralisées, alors que pour nous autres humains, cette faculté est centralisée. La manière dont une plante est capable d'appeler au secours en cas d'attaque illustre parfaitement ce qu'est la neurobiologie végétale.

« C'est un combat permanent : les trois cent mille espèces de plantes de notre planète ne cessent de subir l'assaut des quatre cent mille espèces d'insectes herbivores. mais pour se défendre, les agressées ne manquent pas d'atouts. Leur arme la plus subtile ? Attirer les prédateurs de leurs assaillants (1) », expliquant Anne-Marie Cortesero, responsable de l'équipe Écologie et génétique des insectes de l'université de Rennes, et Eric Thibout, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de la biologie de l'insecte. Si la plante commence à se sentir croquée par un insecte herbivore, elle synthétise et libère des composés volatils en vue de se défendre. Des composés équivalents à ceux que l'on reconnaît facilement quand on tond la pelouse.

« Leur nature diffère selon la plante émettrice, soulignent-ils. Par exemple, le cotonnier et le maïs émettent plutôt des terpénoïdes, alors que le chou ou le poireau émettent plutôt des composés soufrés. » C'est en étudiant les plants de tabac sauvage en Amérique du Nord que cette manière de se défendre a pu être démontrée àl a fin des années 1990. Attaqué par la chenille Heliothis virescens, le plant de tabac semble être capable à la fois de l'identifier et d'émettre des composés volatils à destination de la guêpe Chardiochiles nigriceps, qui est l'ennemi naturel de cette chenille spécifique.

Les chercheurs ont découvert encore autre chose de tout aussi étonnant. En cas d'attaque, les plantes libèrent une phythormone appelée acide jasmonique, qui est destinée à les aider à se défendre pour compenser l'agression des insectes phytophages ou autres pathogènes. « Cette molécule semble dotée de bien des pouvoirs : elle est en effet située à la croisée de plusieurs modes de défense, puisqu'elle est également impliquée dans l'induction des mécanismes directs (par exemple, une synthèse accrue de nicotine - toxique pour les insectes - dans les plants de tabac). (2) » C'est donc bien tout un système de signalisation moléculaire végétale qui a été mis en évidence par les scientifiques ces dernières années.

L'objectif des recherches menées sur ce sujet au niveau international, et notamment celles d'Anne-Marie Cortesero avec son équipe rennaise, est de toujours mieux comprendre ces réseaux d'interaction entre les plantes, les insectes phytophages et leurs ennemis naturels, par exemple d'identifier différents « bouquets volatils » qui correspondent à chaque association plante-herbivore ou de toujours mieux saisir le fonctionnement des mécanismes associant l'acide jasmonique, avec comme enjeu la possibilité de proposer des stratégies en matière d'agriculture qui reposent sur une gestion intégrée des insectes ravageurs des cultures.


Notes : 1) Anne-Marie Cortesero et Erix Thibout, « id. »,2) Ibid.

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Au XVIe siècle le sang menstruel était funeste aux plantes :

L'erbe en muert, c'est chose clere

[...]

En Haute-Bretagne, les plantes ne sont « médecines » que si avant d'en faire usage on a prononcé l'oraison qu'il faut réciter pour qu'elles aient la vertu de guérir ? » Au XVIIe siècle, on croyait arrêter le flux de sang en laissant tomber à terre un fétu, et en disant certaine quantité de fois : Herbe qui de Dieu est créée ; Montre la vertu que Dieu l'a donnée.

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Symbolisme :


Dans Physionomies végétales, Portraits d'arbres et de fleurs, d'herbes et de mousses (1875 ; Éditions Héros-Limite, 2012) Jacques Lefrêne (pseudonyme d'Elie Reclus) propose quelques fragments intéressants :


La plante, c'est le règne de la féminité. Elle est mère et amante et elle proclame la subordination du principe masculin, qui n'a qu'une durée temporaire. Le mâle n'a d'autre existence qu'au temps de l'amour ; il n'existe pas avant, il n'existe pas après. Le mâle est un moment, le plus important de tous, mais il n'est pas la vie ; il est transitoire. Le mâle n'est pas le but ; il n'est qu'un moyen. Si l'on ne voyait que la plante, on verrait la domination de la femme.

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Dans Des hommes et des plantes (Éditions Opéra Mundi, 1970), son autobiographie, Maurice Mésségué évoque le savoir ancestral de son père :


Le soir, sur le pas de la porte, il regardait le ciel, et à la manière dont il disait en regardant la lune : « Le croissant il est bien petit ! » je savais que le lendemain nous irions cueillir des plantes.

- Mon chéri, jamais à la lune pleine, souviens-toi, sa lumière prend toutes leurs forces aux plantes ; pour qu'elles soient bien bonnes il leur faut beaucoup de soleil et peu de lune... Pour la sauge c'est à l'aube de la Saint-Jean qu'elle est la meilleure... [...]

Délicatement, dans un geste d'amour, mon père cassait quelques tiges, enlevait des feuilles ou arrachait des racines.

- Mon chéri, la bonté d'une plante ne se trouve pas toujours au même endroit. Parfois c'est dans sa tête (la fleur), dans son corps (la tige), ou dans ses pieds (les racines).

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D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"La plante symbolise l'énergie solaire condensée et manifestée.

Les plantes captent les forces ignées de la terre et reçoivent l'énergie solaire. Elles accumulent cette puissance ; d'où leurs propriétés guérisseuses ou vénéneuses et leur emploi dans la magie.

En rapport avec le principe vital mâle, elles signifient la croissance, au sens du Psaume 144, 12. Nos fils seront comme des plantes qui croissent dans leur jeunesse.

Les plantes portent leur semence. Certaines, telle l'hysope, exercent un rôle purificateur.

Les plantes symbolisent aussi la manifestation de l'énergie en ses formes diverses, comme la décomposition du spectre solaire en couleurs variées. En tant que manifestation de la vie, elles ont inséparables de l'eau, tout autant que du soleil.

Les liens unissant les deux symboles des eaux et des plantes sont faciles à comprendre. Les eaux sont porteuses de germes, de tous les germes. Les plantes - rhizomes, arbustes, fleurs de lotus - expriment la manifestation du Cosmos, l'apparition des formes. Ce qu'exprime le symbole Lotus (ou Rhizome) sortant des eaux (ou d'un emblème aquatique) est la procession cosmique elle-même. Les eaux y représentent le non-manifesté, les germes, les latences ; le symbole floral représente la manifestation, la création cosmique. La plante, premier degré de la vie, symbolise surtout la naissance perpétuelle, le flux incessant de l'énergie vitale.

Dans la tradition védique, si les plantes ont des vertus médicinales, c'est qu'elles sont elles-mêmes des dons du ciel et les racines de la vie. On les invoque comme des divinités :


A l'origine étaient les eaux

et les Plantes du Ciel :

... les Plantes

qui appartiennent à tous les Dieux,

les redoutables,

celles qui donnent la vie aux hommes...

Puissent les plantes aux mille feuillages,

me délivrer de la mort, de l'angoisse !

(Atharva, 8-7)"

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Dans un article intitulé « Histoire savante et "pensée sauvage" dans les nomenclatures botaniques en Europe », paru dans la revue Civilisations (Vol. 36, No. 1/2, Ethnologies d'Europe et d'ailleurs (1986), pp. 349-363), Renaud Zeebroek précise les liens entre l'appellation des plantes et la pensée populaire :


[...] La série de noms que nous venons d'énumérer [à propos de l'Achillée] est formée sur une base d'éléments provenant de catégorie très diverses : animal, humeur (le sang), activité sociale (charpentier) et anti-sociale (ensorceler), agent surnaturel (saint), etc. Étrange catalogue, qui n'est pas sans évoquer, mais de manière inversée, le système des appellations totémiques étudié par Levi-Strauss, même si ce rapprochement ne concerne que le mécanisme mis en jeu pour "nommer" : dans les deux cas un rapport d'analogie est établi entre un élément du règne naturel et l'ordre social ou surnaturel.

Si les règles de structuration des systèmes de nomination présentent de fortes ressemblances d'une société à l'autre, le contenu du code, la valeur prêtée à ses éléments constitutifs, dépend de la culture qui les met en jeu. De ce point de vue, l'Europe occupe une place à part. Sans doute est-elle due essentiellement à la coexistence entre une culture savante, écrite, et une culture populaire, orale. Cette spécificité est renforcée par le syncrétisme qui s'est produit entre le vieux fonds polythéiste et un christianisme de plus en plus dominant au fil des siècles.

Cette historie troublée, le savoir sur les plantes la reflète fidèlement. Enraciné chez les Grecs, nourri d'apports romains et celtes, il fructifia au Moyen Âge et reçut des greffes arabes avant d'atteindre son apogée à la Renaissance, pour être enfin rejeté du côté des superstitions avec l'avènement de la pensée classique. Aussi pouvons-nous difficilement éviter le détour historique indispensable pour éclairer le système complexe des appellations "populaires" et la conception du monde qui la fonde.

Certes, la culture orale des siècles passés est définitivement hors d'atteinte, mais les médecins-botanistes de toutes les époques y ont largement puisé pour rédiger leurs traités. Comme Homère et Hésiode ont mis en forme des récits de la tradition orale, Hippocrate, Théophraste ou Pline ont systématisé des connaissances bien établies à leur époque. Leurs textes font de nombreuses allusions aux "magi", ces praticiens qu'ils critiquaient autant qu'ils s'en inspiraient.

[...]

Trait universel sans doute, en Europe comme ailleurs, nous voyons les plantes médicinales se situer dans un espace polarisé entre l'influence solaire, positive, qui préside à un usage bienfaisant de leurs propriétés et une influence lunaire, ambivalente qui gouverne l'emploi des plantes dangereuses à des fins magiques. Cette opposition va structurer tout le champ occupé par les simples en Europe. Leur connaissance, leur culture, se partagera bientôt entre les monastères, qui étudieront principalement leurs vertus thérapeutiques, et les spécialistes villageois, sages-femmes, rebouteux, craints et respectés pour leurs connaissances, qu'en Occident l'Inquisition pourchassera comme sorciers lorsque le Christianisme en viendra à normaliser les pratiques rurales.

[...]

Toutes ces Histoires des plantes mêlent en un texte la description morphologique, le symbolisme, les usages et les légendes. Dans ce cadre de pensée, les propriétés médicinales et magiques forment un tout indissociable. Décrire l'aspect d'une plante, c'est déjà évoquer les signes qu'elle porte, faire apparaître sa marque, annonciatrice de ses vertus. Ce sont les lois de la similitude, de l'analogie qui guident ce décryptage, qui suggèrent les rapprochements signifiants.

Cette manière de "voir" le monde, mêlant observation et interprétation d'une manière indissociable, a régné sans partage sur l'Europe jusqu'à la fin de la Renaissance. Paracelse la théorisa et l'intégra à la culture savante. Ce médecin-alchimiste, qui ne fut pas sans susciter de nombreuses controverses, se distingue de ses contemporains par une connaissance approfondie des savoirs populaires. "Le plus clair de son savoir provenait - il le dit lui-même - de ces vieilles femmes demi-sorcières, qu'il rencontrait sur son chemin ; des pratiques populaires ; des recettes traditionnelles ; des moyens employés par les barbiers de village ; des méthodes de laboratoire dont se servaient les mineurs, les fondeurs d'or et d'argent" (Koyré, p. 80).

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


« Autrefois, lorsque les plantes descendirent du ciel, elles disaient : "Par nous, tout homme qui tiendra encore à la vie sera guéri de son mal" » (hymne védique, connu sous le nom de Chant du Médecin).

La magie des plantes est attestée depuis la plus haute antiquité. Les Grecs attribuaient aux dieux et aux héros de la mythologie la découverte du pouvoir des plantes ; Pythagore faisait du Soleil le père des plantes et de la Lune, leur mère. Hermès, dieu bénéfique et Hécate, déesse maléfique, présidaient à l'herboristerie magique. Les magiciennes comme Médée ou Circée recouraient fréquemment aux plantes pour effectuer leurs enchantements. Les plantes, particulièrement les aromates qui favorisaient la communication avec les dieux, jouaient également un rôle essentiel dans les rites religieux.

Les druides se servaient aussi de plantes aromatiques pour leur médecine magique.

Le Moyen Âge a repris la plupart des connaissances des Anciens, notamment celles de Dioscoride (De Medica materia), de Galien ou d'Hippocrate et de Pline (contenues dans son Histoire naturelle), qui prétendait que toute herbe cueillie en bordure de l'eau, avant le lever du soleil, avait un pouvoir magique, en raison de la rosée qui s'y déposait.

Selon Matthiole, médecin du XVIe siècle : « Le grand Maître de l'Univers, qui n'a rien jeté à l'aventure […] a donné à chaque espèce des qualités différentes pour réparer les fâcheuses brèches que le péché a faites dans notre chair ». Les Guérisseurs (certains étant spécialisés dans la connaissance des plantes) et sorciers recouraient aux plantes.

Pour les Bretons, certaines plantes ont été créées par le diable, comme le chardon, la ciguë, l'ivraie (plante qui gêne la croissance des céréales), le carex (ou laîche, plante vivace très commune au bord des eaux et dans les marais), et la cuscute (plante parasite). Ils disent aussi que lorsque Dieu fit la vigne, le diable chercha à l'imiter mais ne put créer que la ronce, quand Dieu fit le genêt et le rosier, le diable créa l'ajonc et l'églantier (ou rosier du diable).

En règle générale, la flore diabolique est constituée de végétaux munis d'épines, de plantes vénéneuses, et de mauvaise herbes. Plusieurs plantes passent également pour funestes à cause de la couleur sombre de leurs feuilles, de leurs fruits, ou de leurs fleurs.

Une tradition veut aussi que les mauvaises herbes viennent d'une malédiction de Dieu lorsque Adam lui désobéit : l'homme aura beau les arracher, il n'en sera jamais délivré.

Le folklore mentionne des herbes maudites, appelées « herbes d'égarement », « herbes de fourvoiement » ou « herbes de la détourne » : celui qui la foule ne peut retrouver son chemin (voir fougère, lycopode, mandragore, plantain). En Normandie, la « malherbe » (espèce non déterminée) rend maussades les personnes qui ont été en contact avec elle : à un homme de mauvaise humeur, on demandait encore au début du siècle : « Sur quelle herbe avez-vous marché ? »

Les « herbes de la Saint-Jean », qui faisaient fuir les démons, protégeaient des sorts et des maladies, devaient leur pouvoir au fait que la Saint-Jean (24 juin) était un jour magique par excellence. Le dicton « employer toutes les herbes de la Saint-Jean » signifiait que l'on avait utilisé tous les soins possibles pour guérir une personne ou fait tous les efforts nécessaires pour la réussite d'une entreprise. Selon une croyance du XVe siècle, celle qui donnait à son mari une soupe d'herbes cueillies à cette date était assurée qu'il ne la quitterait pas.

Les sorciers n'ont que vingt-quatre heures pour faire leur récolte d'herbes magiques : de l'Angélus de midi du 23 juin au lendemain même heure. Les plus puissantes sont celles qui ont été cueillies dans la nuit de Saint-Jean, à minuit.

Pour qu'une blessure cesse de saigner, on recommande de couper en deux un brin d'herbe et d'appliquer les morceaux, en forme de croix, sur la plaie. Selon un rite du Tarn, le fiévreux doit se lever de bon matin et, en marchant à reculons, se rendre dans un pré, y arracher, sans la regarder, une poignée d'herbe et la jeter derrière lui. S'il part en courant sans se retourner, « sa fièvre passe au diable ».

Chez les Juifs d'Orient, les aromates préservent du mauvais œil.

Les plantes, auxquelles on attribue des sentiments (ne dit-on pas qu'il faut leur « parler » ?), doivent être averties de la mort d'un membre de la famille : si on ne drape pas les pots en noir ou si on ne leur met pas un morceau de crêpe noir, elles risquent de se faner et de dépérir. On peut également leur murmurer la nouvelle.

Selon une croyance du XVe siècle, « si on s'abstient de torcher son derrière avec des herbes, des feuilles ou des verdures qui ont poussé sur terre, on n'aura jamais mal au dos ni aux reins. Celui qui agit ainsi n'aura jamais de coliques en sa tête mais en ce lieu il aura souvent sa chemise dorée ».

En Europe, voir une feuille à l'envers par terre est de mauvais augure. Les plantes qui fleurissent sur le toit des maisons portent chance mais l'herbe ou la mousse doivent être arrachées car elles sont maléfiques.

La floraison des plantes hors saison annonce un hiver rude, de nombreuses maladies et morts.

Quand les chiens et les chats mangent de l'herbe, il va pleuvoir (Angleterre).

Selon un dicton : « Plantes qui grainent se sèment en croissant, / Plantes qui racinent se sèment en défaillant. » On dit aussi : « Sème, pour la rendre féconde. / En pleine lune plante ronde ».

Sachez enfin que chaque signe astrologique est associé à une plante :

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Eliot Cowan, auteur de Soigner avec l'Esprit des Plantes, Une voie de guérison spirituelle (Édition originale 2014 ; traduction française Éditions Guy Trédaniel, 2019) raconte plusieurs histoires de guérison dont il a fait l'expérience à partir du moment où il est entré sur la voie de la Guérison avec l'Esprit des plantes :


"Ne serait-il pas tout aussi utile de prendre en considération notre relation avec les plantes ? La chose la plus frappante dans cette relation, c'est que nous avons besoin d'elles, mais qu'elles n'ont pas besoin de nous. Nous autres humains sommes totalement dépendants des plantes pour satisfaire tous nos besoins : les combustibles, les abris, les vêtements, les soins, de nombreux produits pétrochimiques, et bien sûr la nourriture (même la viande est faite de plantes). en revanche, les communautés de plantes se débrouillent très bien sans les humains. Il semble que nous n'offrions aux plantes que souffrance, destruction, et menace d'extinction.

Il y a ici une sorte de choc en retour karmique. Nous détruisons les forêts et les fondations de la vie végétale : le sol, l'air, l'eau, et les rayons du soleil. Ce n'est pas seulement meurtrier, c'est aussi suicidaire. Dans ces circonstances, la générosité sans fin des plantes à notre égard est absolument remarquable. Qu'est-ce qui rend les plantes si généreuses ? Et qu'est-ce qui nous rend si brutaux ?

Quelque part en chemin, nous avons perdu l'expérience de l'unité. Nous vivons en affirmant le mensonge pathétique que nous serions différents de tout le reste. C'est un mensonge parce que c'est la même conscience qui scintille dans le cœur de toute chose. Et ce mensonge est pathétique parce qu'il nous condamne à mener une vie stérile et aliénée.

La différence engendre l'indifférence. Si vous pensez que vous n'êtes pas la forêt, vous serez plus enclin à l'exploiter ou à en laisser d'autres l'exploiter pour vous.

De leur côté, les plantes ne sont pas dans l'illusion qu'elles sont séparées du reste de la création. Observez comment chaque plante interagit avec le sol, l'air, les minéraux et les insectes. Tout ce qui l'entoure est enrichi par sa présence et en bénéficie. Les plantes vivent en harmonie avec la nature. L'on pourrait même dire que les plantes sont la nature. De cette union provient leur incroyable générosité à notre égard et à l'égard de tous leurs prochains.

[...]

Regardez ce que les plantes font quand on le leur demande : toute la société humaine est une sorte de sous-produit de la générosité des plantes. L'histoire de l'espèce humaine montre que les plantes nous ont fourni tout ce que nous leur avons demandé. Notre société apprécie le confort, et c'est donc ce que nous sommes allés chercher dans le monde des plantes. Le confort est une chose merveilleuse, à développer autant que faire se peut, mais qui n'apporte guère de satisfaction. Si nous pouvions oublier un instant la quête du confort et demander aux plantes de nous aider à trouver la joie, la richesse humaine et le sens de la vie, y a-t-il une raison de penser qu'elles refuseraient de partager ces valeurs avec nous, comme elles l'ont fait avec tout le reste ?

Tous les êtres jouissent de l'union extatique avec la nature. La vie sans extase n'est pas la vraie vie et ne vaut pas la peine d'être vécue. Sans extase, l'âme devient rabougrie et pervertie, l'esprit devient corrompu, et le corps souffre. L'union extatique avec la nature est nécessaire à la santé ; elle est nécessaire pour survivre. Penser que les plantes sont juste des créatures stupides qui ne connaissent pas l'extase est pure ignorance, ou sottise arrogante et tragique.

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Quelle est la bonne façon de s'adresser à une plante ? Cela a en partie à voir avec le fait que nous comprenions qu'une plante a des racines. Une plante vit dans un endroit précis, avec sa terre, sa pluie, son soleil et son air. C'est avec tous ces éléments qu'elle accomplit la magie de sa croissance. Les plantes nous apprennent que, si nous voulons entrer dans la nature, il faut le faire là où l'on est, parce que c'est le seul endroit où l'on peut rencontre la nature. Il s'ensuit que, si vous voulez demander à une plante de vous emmener dans la bénédiction de la nature, il est préférable de le faire avec une pante qui vit près de chez vous. Le grand acupuncteur anglais J. R. Worsley a écrit : "Les plantes locales ne sont pas dix fois plus puissantes ou cent fois plus puissantes. Les plantes locales sont mille fois plus puissantes que les plantes exotiques." Et le professeur Worsley n'exagérait pas.

Une femme a décrit son premier traitement avec l'aide des esprits des plantes (locales) comme "la ramenant à un endroit où elle n'avait jamais été auparavant". Ces mots me laissèrent perplexe : comment pouvait-elle revenir à un endroit où elle n'était jamais allée ? Puis j'ai compris ce que cela voulait dire. Nous sommes une partie de la nature, mais combien d'entre nous vivent réellement dans la nature ? Que nous habitions des huttes en terre ou des gratte-ciel n'est pas la question. Ce dont il est question, c'est de la joie de vivre la danse de la création sur un pied d'égalité avec tous les autres êtres. Ce qui signifie que nous soyons à nouveau là où nous vivons déjà, avec la terre, la pluie, le soleil et l'air - juste comme nos frères et sœurs les plantes.

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La sagesse ancestrale disait que l'endroit où pousse le remède fait partie du remède. Les plantes ont des racines ; elles appartiennent au territoire où elles poussent spontanément. Elles s'y nourrissent des minéraux et des restes des plantes, des animaux et des humains. Et elles se nourrissent aussi de l'esprit et de la finalité du lieu où elles vivent. Elles incarnent et partagent le remède du lieu.

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Le soin avec l'esprit des plantes est un rite magico-religieux dans lequel les dieux des plantes accordent leur grâce. Comment cette grâce est-elle invoquée ? Certaines personnes utilisent le chant, d'autres utilisent des pilules ou des potions ; d'autres encore imposent leurs mains, agitent des plumes, ou dansent. Qui sait combien d'autres méthodes attendent peut-être d'être découvertes ou redécouvertes ?

Quelle que soit la méthode utilisée, les esprits sont invités à aider le patient entrer dans le rêve de nature ; cela n'a rien à voir avec combattre la maladie. Pour nous, il n'existe rien de tel qu'une plante bonne pour l'arthrite, la migraine, la dépression ou le cancer. Quel que soit le remède que l'esprit d'une plante vous offre, c'est cela qu'elle fera pour vos patients. Comme les Indiens Matsés d'Amazonie l'ont expliqué à Peter Gorman, si vous voulez utiliser une plante pour soigner, il faut d'abord en rêver, sinon elle ne fonctionnera pas pour vous. Il est rare que deux personnes fassent exactement le même rêve. Et il est rare que deux personnes utilisent la même plante exactement de la même façon.

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[dans un chapitre particulier, l'auteur retranscrit les entretiens qu'il a eu avec des guérisseurs par l'esprit des plantes. Voici la méthode de Don Enrique Salmon] :


Eliot : Comment t-y prends-tu pour te mettre dans un état intérieur où tu peux recevoir ces communications des plantes ? Enrique : J'essaye de trouver un endroit tranquille où je peux me relaxer quelques heures. Ça peut être chez moi, mais c'est mieux à l'extérieur, car du coup je ne suis pas distrait par autre chose. Je bois un peu de tisane de la pante, et je la cherche. C'est quelque chose de curieux : je travaille avec des plantes qu ont été cueillies, mais les esprits à l'intérieur restent vivants. Je bois un peu de la tisane, et j'attends que quelque chose se passe. Parfois, je fais cela juste avant d'aller dormir, et j'attends un rêve. Ou bien je le fais au milieu de la journée et je reste assis là à fredonner un petit chant sacré. Je ferme les yeux et l'esprit vient à moi. Dans mon cas, il ne ressemble pas à une personne, en général ce sont des animaux. L'animal vient, et je l'entends dire en raramuri : "Salut, comment ça va ? Voici qui je suis, as-tu des questions ?" Je pose alors mes questions et ils répondent. Parfois ils me disent : "Oh, je ne peux pas te dire ça maintenant" ou bien "Tu n'es pas prêt pour ça maintenant" ou "Peut-être quand tu auras 50 ans, maintenant tu es trop jeune" ou quelque chose de ce genre. Mais ce sont en général de bons messages qui m'aident à comprendre comment utiliser une plante. Parfois aussi ils ne disent pas grand-chose, mais de toute façon c'est toujours une expérience très positive.

Eliot : Est-ce une méthode que tu as mise au point toi-même, ou est-ce ton grand-père qui t'a montré comment faire ?

Enrique : Ma grand-mère m'a montré comment elle faisait, mais d'une façon différente. Elle parlait à la plante vivante, la touchait, et restait juste assise là. J'ai développé une autre façon de faire parce que j'étais dans l'armée, puis au collège, et que je n'avais pas le temps d'aller à la campagne à la rencontre des plantes. C'est comme cela que j'ai découvert que les esprits restent dans les plantes après qu'on les a cueillies et qu'elles ont séché. Pas pour très longtemps toutefois, car au bout de huit mois peut-être ils ne sont plus là. Et j'ai aussi inclus le chant dans ma pratique. Ça c'est quelque chose que j'ai appris de mon grand-père, qui avait toujours l'habitude de chanter. Ainsi j'ai intégré ce que j'ai appris de mes deux grands-parents. C'est quelque chose qui marche bien pour moi - qui est très puissante.

Eliot : Lorsque tu utilises le pouvoir guérisseur des esprits des plantes, est-ce que ton patient boit ou mange toujours de cette plante ?

Enrique : Parfois les esprits me disent aussi de combiner plusieurs plantes dans un mélange à fumer rituellement.

Eliot : A fumer par toi ?

Enrique : Oui, à fumer par moi et à souffler sur le patient. L'esprit de la plante apparaît alors avec une forme visible et rentre dans le patient pour le rendre plus fort.

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Dans Les fleurs de Bach authentiques - les trouver, les identifier, les utiliser (Édition originale 2011 ; traduction française : Éditions Médicis, 2017) Scheffer Mechthild nous explique "comment Bach classait les plantes :


« Il existe trois types dans le règne végétal : le premier groupe est, en ce qui concerne son développement, inférieur à celui des humains ; en font partie les plantes primitives : algues, cactus, cuscuta pentagona, etc.

Les plantes du deuxième groupe correspondent à peu près au stade de l'évolution humaine. Elles sont inoffensives et sont à utiliser comme nourriture.

Mais il existe encore un troisième groupe qui, dans son stade d'évolution, est aussi élevé, voire encore davantage que l'être humain moyen. C'est dans ce groupe que nous devons choisir nos remèdes, car à eux est donnée la force d'élever nos vibrations et par là, d'attirer une force spirituelle qui purifie et guérit le cœur et le corps.

Ces plantes existent pour tendre à l'homme, dans ses sombres heures d'oubli, une main secourable, lorsque la conscience de sa divinité quitte son esprit et qu'il autorise les sombres nuées de la peur ou de la douleur lui voiler la vue. »

Ce sont donc les plantes de ce troisième groupe que Bach a sélectionnées pour ses teintures de fleurs. Elles ont la force d'élever nos vibrations. Nous y reviendrons au chapitre suivant, quand sera abordé ce que Bach entendait précisément par maladie et santé, et comment fonctionne sa thérapie.


 

Didier Van Cauwelaert, dans un ouvrage intitulé Les Émotions cachées des plantes (Éditions Plon, 2018) nous rappelle l'origine de la vie sur terre :


Faut-il en déduire que les bactéries ont inventé les plantes qui ont inventé l'animal, catégorie dans laquelle nous sommes bien obligés de nous ranger ? Le raccourci est abrupt, mais de nombreux biologistes l'ont pris. Ils rejoignent ainsi, sans toujours le savoir la tradition chamanique selon laquelle l'homme est « le rêve des plantes »

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Mythologie :


Eliot Cowan, auteur de Soigner avec l'Esprit des Plantes, Une voie de guérison spirituelle (Édition originale 2014 ; traduction française : Éditions Guy Trédaniel, 2019) raconte plusieurs histoires de guérison dont il a fait l'expérience et explicite les vertus des plantes en fonction de l'Esprit qui les habite. A la fin de son ouvrage, il raconte également cette histoire :


"L'histoire sacrée raconte qu'avant le début du monde, les êtres divins qui deviendraient plus tard les plantes ont proposé un marché à d'autres êtres divins destinés à devenir les humains. Un petit nombre de plantes accepterait d'endurer la domestication, pour nourrir et soutenir la vie des humains, et, en contrepartie, le peuple des plantes a demandé à être cultivé, préparé et mangé avec respect, dignité et gratitude. Le peuple des humains accepta l'accord et promit d'en respecter les termes."

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