Étymologie :
INSECTE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1553 (P. Belon, Observations, II, 34 ds R. Philol. fr. t. 43, p. 193). Empr. au lat. insecta de même sens, plur. neutre de insectus, part. passé de insecare, de secare « couper », calque du gr. τ α ̀ ε ́ ν τ ο μ α plur. neutre du gr. ε ́ ν τ ο μ ο ς « entaillé ».
Lire également la définition du nom insecte afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Croyances populaires :
Pour Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :
Lorsqu'on frappe certains Articulés et même certains Vertébrés, ils deviennent tout à fait immobiles et raides, on dit qu'ils simulent la mort, afin qu'on les laisse tranquilles. On a montré qu'il existe chez ces animaux des zones dont l'excitation provoque automatiquement cette sorte d'immobilité et d'insensibilité, et qu'il en est d'autres qui agissent en sens inverse, sans relation aucune avec une utilité possible pour l'animal.
Au sujet de l'interprétation souvent si fantaisiste des gestes de la vie des Insectes nous ne pouvons mieux faire que de citer encore. Coutière (Le Monde vivant, vol. Ill) « Un grand nombre de gestes des Insectes qui excitent si souvent et de confiance, l'admiration, sont de qualité douteuse... En choisissant soigneusement les cas et les examinant d'un certain angle humain, on est porté vers l'étonnement admiratif. En examinant autant que possible tous les cas, et surtout en tenant compte des morts, on voit au contraire des malfaçons, du gaspillage d'énergie, de l'à-peu-près et de l'absurdité. Les choses vivantes subsistent, en un mot, vaille que vaille, frisant à chaque pas la disparition et se donnant une énorme peine superflue. Tout le merveilleux des Insectes, en particulier, est à revoir de ce point de vue sévère mais juste, et il ne faut pas chercher ailleurs l'espèce de désaffection qui atteint aujourd'hui, malgré leur immense valeur, les Souvenirs entomologiques de Fabre, un peu trop « romancés ».
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Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17 Mars 2009) :
”Oh, quelle diversité de vers y-a-t-il, ma mère ! Pour chacun d’eux, j’enlèverais ma chaussure et je le tuerais. Aucun ne me plait absolument” (Olędzki 1963: 105) – une habitante des Kourpie exprimait ainsi actuellement son opinion sur les insectes. On peut y dénoter la crainte résultant des anciennes croyances. Selon celles-ci les insectes, êtres capables de voler, peuvent quitter ce monde et avoir des contacts avec les forces impures et avec les âmes. Avant 1929 le maire de Dzików Jan Słomka écrivit dans ses mémoires: “s’il y avait des insectes dans le puits de quelqu’un (...), on disait qu’une femme y avait puisé de l’eau avant ses relevailles, ce qu’on prenait pour une grande vengeance et un péché” (Słomka 1983 : 132). Il faut préciser que dans la culture populaire traditionnelle la femme avant la cérémonie religieuse des relevailles, c’est-à-dire de sa purification, était également considérée comme un être impur, autour duquel se concentraient des puissances nocives. Selon les anciennes croyances, les âmes des défunts et des vivants – pendant leur sommeil prenaient l’apparence d’insectes, de papillons par exemple. Dans la région de Żywiec “quand on laboure et qu’on voit dans le champ un insecte, il est interdit de le tuer, parce que c’est une âme en pénitence” (Moszyński 1967 : 549). Dans la région de Siedlce il existait un préjugé disant que l’âme sous forme d’insecte, jetée dans un poêle avec un morceau de bois, “piaule” sous le feu (Moszyński 1967 : 549)."
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Symbolisme :
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Par opposition aux insectes considérés comme bénéfiques, en raison principalement de leur utilité, on tient fréquemment ceux qui sont nuisibles pour maléfiques. dans la première catégorie figure en tête l'abeille, qui fabrique le miel et la cire ; dans la seconde, on trouvera notamment la mouche, associée à la saleté et à la décomposition. Parallèlement à ces traditions, les insectes ailés (notamment l'abeille, le papillon et même la mouche) sont souvent tenus en Europe pour des guides des âmes. en Amérique centrale également, « les petits insectes volants sont fréquemment considérés come les âmes des morts visitant la terre. Au Guatemala, où persiste cette croyance, on les associe aux étoiles ».
Précisons que, dans l'ancienne Perse, tous les insectes étaient abhorrés car on les tenait pour les créatures du redoutable Arhiman, chef des démons.
Dans le folklore breton, certains insectes sont des créatures diaboliques : quand Dieu créa l'abeille, le diable, qui voulut faire aussi bien, créa la guêpe et la mouche. Dieu fit le papillon ; le diable le hanneton. Selon une tradition quasi générale, les insectes nuisibles aux récoltes et aux hommes étaient supposés obéir aux sorciers.
Au Moyen Âge, le clergé, qui semble avoir partagé la croyance en la nature diabolique de certains insectes, recourait, lorsque ces derniers causaient des ravages dans les champs, aux prières, au anathèmes, au excommunications - en 1516, l'Official de Troyes « déclara maudites et anathémisées toutes les petites bêtes en leur donnant six jours pour sortir du terroir » -, et même aux exorcismes, qui avaient lieu en général entre les fêtes de Pâques et de l'Ascension : l'un de ces exorcismes eut lieu à Provins, en mai 1669, contre les écrivains (coléoptères qui rongent les feuilles de vigne en laissant des traces comparables à des caractères d'écriture, d'où leur nom) qui ravageaient les vignes. Dans la région dijonnaise, quand la vermine causait des dégâts dans les vignes, on effectuait des processions ; chacun devait se confesser et avait défense de jurer.
En 1743, le rituel de Séez interdisait les abjurations dan les champs pour en chasser des insectes nuisibles (sauf permission spéciale), mais indiquait toutefois la formule de bénédiction pour leur expulsion : « Le prêtre revêtu de son surplis et de son étole devait se rendre dans le lieu infesté et l'asperger d'eau bénite en récitant les versets et oraisons la cérémonie se terminait par une nouvelle aspersion en forme de croix du champ, du jardin, de la vigne ».
Au Pérou également, on excommunia des termites (XVIIIe siècle) et, au Brésil, des fourmis.
En Europe, on intentait même des procès aux insectes malfaisants - ils étaient relativement courants en Italie -, et les prévenus pouvaient être défendus par un avocat, comme ce fut le cas, en France, notamment sous le règne de François Ier (XVIe siècle). En 1713, dit-on, les moines du monastère de Saint-Antoine (mont Qolzum, près de la mer Rouge) firent un procès aux fourmis qui dévoraient leurs récoltes. L'avocat des fourmis conseilla de leur attribuer un territoire : le jugement accepté, il fut lu au fourmis, qui se déplacèrent à l'endroit qui leur avait été concédé.
Dans certaines régions de Russie, pour chasser les insectes, les jeunes filles enfermaient ceux qu'elles avaient trouvés dans des légumes (navets, par exemple), dont elles avaient faits de petits cercueils, et les enterraient avec un cérémonial funèbre. Ce rite conjuratoire avait lieu le 1er septembre. Les Bulgares croyaient se débarrasser des insectes et des vermines en tapant, le dernier jour de février, sur des casseroles de cuivre dans toute la maison et en criant : « Sortez, serpents, scorpions, puces, insectes et mouches ! ». En Bulgarie toujours, le 1er mars, on enfermait dans un roseau quelques insectes et on donnait le tout au boucher en lui disant : « Voici de la chair, voici du sang, pour votre commerce ; prenez-les et donnez-nous quelque chose de mieux en échange ». voir des petits insectes voler le soir autour de la lampe annonce une nouvelle (Bretagne).
Si une femme enceinte est effrayée par un insecte, elle ne doit surtout pas porter la main à son visage, « sinon elle court le risque que son enfant en soir marqué ».
Selon des croyances américaines, chasser des insectes de leur trou porte malheur tandis qu'être piqué (quel que soit l'insecte) est signe de jalousie ou de chagrin. Pour les Turcs, les morsures d'insecte sont plus dangereuses à la pleine lune.
Des amulettes sont fabriquées à l'image de certains insectes, notamment le scarabée et la coccinelle. En 1887, Sarah Bernhardt, revenant d'une tournée en Amérique, offrit à son amie, la cantatrice Mme Théo, un capricorne ) : (grand coléoptère) vivant. Celle-ci surnomma l'insecte « Charlot » et le portait à son corsage, en guise de porte-bonheur Lionel Bonnemère (1843-1905), l'un des fondateurs de la Société des traditions populaires, raconte l'épisode suivant (août 1887) :
« Ayant été présenté à Mme Théo, je remarquai sur son corsage un affreux insecte d'une taille assez grosse et d'une couleur un peu cendrée qui me parut être de la grosseur d'un très fort capricorne. Je prévins la divette et m'offris pour chasser l'animal. Mais Mme Théo partir d'un grand éclat de rire et me pria de ne point toucher à Charlot [...]. L'artiste me fit remarquer qu'il avait un anneau en or passé autour de son corselet et qu'il était attaché à sa robe par une chaîne terminée pet une épingle anglaise. Toutes deux étaient en même métal Elle me dit qu'elle tenait cet insecte de Sarah Bernhardt, qui e lui avait rappporté d'Amérique, et qu'il ne la quittait jamais et était en quelque sorte un porte-bonheur vivant. J'avoue que je m'apitoie et que je demandai comment on s'y prenait pour le nourrir. Mme Théo me répondit qu'elle lui faisait boire un peu d'eau sucrée tous les huit jours. il y avait déjà plusieurs mois que le pauvre insecte était, paraît il, dans la possession de Mme Théo. » « A cette époque, ajoute Bonnemère, Madame Théo n'eût pas chanté une chanson nouvelle sans avoir ce porte-bonheur ».
Avoir dans sa poche des carapaces d'insectes morts trouvés sous les pierres guérit les maux de dents (Languedoc).
Dans les Côtes d'Armor, le gyrin (coléoptère appelé aussi tourniquet car il tournoie à la surface des eaux stagnantes) est appelé « couturier » car « l'on prétend qu'ils ont appris à coudre aux tailleurs ».
Au Japon, une légende veut que le « shiwan », petit insecte jaune qui s'attaque aux concombres, eût été un physicien qui, ayant eu une intrigue amoureuse, dut fuir ; mais il se prit le pied dans une racine de concombre, fut pris et tué. Depuis, sous l'aspect de cet insecte, il s'acharne à détruire la plante qui l'a perdu.
L'apparition précoce des insectes au printemps promet de bonnes récoltes.
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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message des insectes de la quatrième et de la cinquième dimension
Nous sommes honorés de vous apporter la guérison, l'amour
la lumière, les messages et la sagesse de nos planètes. Nous avons
beaucoup plus à vous offrir que ce ce Diana a pu partager.
Cela ne représente que la pointe de l'iceberg.
Nous vous demandons d'être attentif à nos messages et à nos connaissances, car cela élargira votre conscience et votre joie. Lorsque, à votre tour, vous nous honorez et vous nous respectez, cela ajoute à votre lumière et à celle du royaume des insectes, car nous faisons tous partie d'un tout.
Le monde n'existerait pas sans les insectes car ils jouent un rôle vital dans la préservation de nos écosystèmes. ils décomposent la matière organique et enrichissent notre sol. Ils servent même de nourriture pour les gros animaux dans la chaîne alimentaire. La abeilles et autres insectes sont essentiels ) notre survie, car ils pollinisent les plantes ainsi que beaucoup de nos cultures alimentaires.
Certains insectes, comme les libellules, présentent une géométrie sacrée avancée et des manœuvres aériennes D'autres répandent la guérison. Tous ont une mission sacrée sur Terre et sont censés emporter ce qu'ils ont appris lorsqu'ils retournent sur leur planète d'origine.
Il existe des millions de types d'insectes différents, tous appartenant à des groupes d'âmes, et c'est beaucoup plus que toutes les autres espèces animales, et c'est beaucoup plus que toutes les autres espèces animales et végétales réunies.
De nombreux insectes sont de la troisième dimension. Quelques-uns vibrent à la quatrième et à la cinquième dimension. L'archange Preminilek, assisté de divers élémentaux, veille sur tous, coordonne leur travail de service et les aide à accéder à une fréquence supérieure.
Les insectes sont sur une longueur d'onde très différente de celle des humains. Il est plus difficile de nous accorder à leur bande de fréquence, bien qu'il soir plus facile de communiquer avec les insectes qui émettent une vibration plus élevée.
[...]
Les insectes de la quatrième dimension : Quand les humains, les animaux et les insectes recherchent leur propre intérêt, ils sont de la troisième dimension. Lorsque leur cœur s'ouvre et qu'ils se préoccupent du bien-être des autres et du monde qui les entoure, ils accèdent à la quatrième dimension.
Quel que soit son niveau de croissance spirituelle sur Terre, chaque âme individuelle ou faisant partie d'un groupe a reçu une invitation de la Terre-Mère pour venir ici et chacune a quelque chose à offrir en retour.
VISUALISATION POUR SE CONNECTER AUX INSECTES DE LA CINQUIÈME DIMENSION :
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Respirez doucement et invitez l'archange Preminlek, l'ange des insectes, à venir vous retrouver.
Vous pouvez sentir sa lumière jaune-vert qui vous enveloppe.
Soyez conscient qu'un nid de fourmis se trouve devant vous et que de petites ouvrières s'activent. Puis, reliez-vous à la merveilleuse lumière angélique et aux vibrations sonores qui sont au-dessus de lui. Laissez tout cela créer une harmonie au fond de vous.
Invitez une abeille à placer une rose de guérison bleue venant des Pléiades dans votre aura.
Observez un beau papillon qui vole en face de vous et sentez le message qu'il vous apporte.
Laissez une coccinelle se poser sur vous ou près de vous. Ressentez un élan de joie et sentez une porte dorée dans l'univers qui s'ouvre pour vous.
Si vous le souhaitez, remerciez les insectes de la quatrième dimension, les libellules, les scorpions et les vers pour tout ce qu'ils offrent à notre planète.
Sachez que votre connexion aujourd'hui a ajouté à votre lumière et à celle présente dans le royaume des insectes.
Remerciez l'archange Preminlek et les insectes, et ouvrez les yeux.
[...]
Message des insectes de la troisième dimension :
Nous sommes ici, sur cette belle planète, pour apprendre et
parfois pour démontrer ce que nous avons déjà appris.
Nous souhaitons coexister avec vous en paix et
en harmonie. Notre désir est de faire notre travail de service,
car cela permet à la Terre de préserver la vie. Sans nous, vous
ne seriez pas ici. De grâce, reconnaissez-vous, donnez-nous de
l'espace et laissez-nous vivre. Nous vous honorons et nous
vous demandons de nous respecter.
Tous les insectes de la troisième dimension sont originaires de Neptune à l'exception des araignées, qui viennent d'un univers lointain et sont descendues sur Terre en passant par Sirius.
Les coléoptères : La mission de service de tous les coléoptères est de décomposer les vieilles matières non désirées, afin qu'elles puissent être recyclées dans une fonction plus élevée. Leur but est d'apporter de la lumière et d'emporter la connaissance acquise lorsqu'ils retournent sur Neptune.
Chaque type de coléoptère est extraordinaire et apporte son propre cadeau individuel. Par exemple, le dynaste Hercule peut soulever 850 fois son propre poids. L'équivalent d'un humain qui soulèverait 10 éléphants !
Actuellement, l'inconscient collectif croit que nous ne pouvons soulever qu'un certain pourcentage de notre poids corporel. ces coléoptères démontrent qu'il n'y a pas de limite.
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Dans Le Chamane et le Christ (Éditions Le Passe-Monde, 2020) Daniel Meurois évoque les croyances des Amérindiens Wendat à travers le témoignage d'un personnage d'homme-médecine déboussolé par les catastrophes liées à l'arrivée des Anglais et des Français sur son territoire :
J'ai passé deux jours, me souvient-il, à remonter lentement le lac, me couvrant souvent de boue et d'herbes le visage et les bras afin de réduire les attaques des insectes. Le vieux Tséhawéh m'avait appris à ne pas trop maudire ces derniers ; tout d'abord parce qu'ils nourrissaient les poissons et les oiseaux avec lesquels nous-mêmes nous nous nourrissions et ensuite parce qu'à tout bien y réfléchir, nous aussi, la race des hommes, n'étions sans doute guère plus que des insectes à la surface de ce monde... et que le jour où celui-ci aurait décidé de nous laisser patauger dans notre propre boue puis de secouer son échine tout serait à refaire... C'était d'ailleurs ce qu’affirmait une très ancienne prophétie de chez nous, tel un appel à l'urgence de l'humilité.
Il y avait assurément de la mouche ou du barikai en chacun de nous... et même quelque chose de la maladie. Qui pouvait nier que l'humain mordait et tuait ? Bien souvent, il passait même sa vie à massacrer et à détruire dans toutes les directions sans seulement le réaliser comme s'il avait le droit de souveraineté sur tout. Qui également aurait dit le contraire ? Alors, il fallait que lui aussi accepte de mourir sans rien dramatiser lorsque son temps venait.
Je les ai laissé longuement défiler en moi, ces pensées, et je suis convaincu qu'elles m'ont rendu plus fort parce qu'elles m'ont aidé à tenir debout face au portail de l’Acceptation dont je m'approchais.
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Symbolisme onirique :
Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),
Ce groupe de symboles, plus radicalement que tout autre, permet de mesurer la distance qui sépare le savoir du sentir, les catégories savantes de l'intellect rationalisant des formes sensibles à travers lesquelles s'exprime l'imaginaire. Les classements raisonnés de l'entomologiste lui permettent de maîtriser un peuple divisé en plus de cent mille espèces. L'explorateur des rêves, au terme de ses longues expéditions dans toutes les zones de l'imaginaire, sait que celui-là satisfait l'essentiel de ses besoins à l'aide d'une demi-douzaine de ces animaux.
Dans l'ordre de leur fréquence d'apparition sur la scène onirique, les acteurs les plus en vue sont le papillon, la fourmi, l'araignée, la libellule, le scarabée, la coccinelle. L'abeille s'intercalerait au quatrième rang mais le rêve l'associe rarement au mot "insecte'". Au fil des scénarios, on trouvera ça ou là quelques mouches, scolopendres ou lucanes. Il demeure que les six invertébrés que nous avons signalé assurent 90% des associations observées avec le terme insecte. Pourquoi consacrer un article particulier à cette famille générique et ne pas s'en tenir à l'interprétation séparée de chacun des quelques symboles qui la composent ? La plupart des auteurs qui ont traité du symbolisme ont évité cette approche globale. Celle-là me paraît pourtant justifiée par deux arguments complémentaires.
D'une part, dans beaucoup de scénarios, le mot "insecte" est prononcé sans plus de précision, ce qui oblige à remarquer que l'inconscient tient compte de caractéristiques communes à l'ensemble des espèces entrant dans cette vaste famille. D'autre part, il est facile de déterminer les caractéristiques objectives communes à tous les insectes et qui favorisent des projections psychologiques spécifiques.
La propriété majeure, commune à tous les insectes, est le passage, au cours de leur vie, par les stades visibles, tranchés, connus de la métamorphose. La chenille qui s'enferme dans le cocon et qui en sort sous la forme ailée du papillon multicolore s'inscrit, dans la psyché de chaque enfant, non seulement comme la manifestation du merveilleux, mais comme la preuve du merveilleux ! Nulle action miraculeuse de la fée ou de la sorcière ne put être réputée impossible quand la nature commet sus les yeux de l'enfant l'acte magique de la trans-formation ! Le cocon est avant tout l’œuf à l'intérieur duquel s'accomplit le mystère de la métamorphose. Il n'y a pas de différence subjective entre l’œuf alchimique, la chrysalide et la dynamique du rêve. Ce sont trois dimensions de la magie.
La magie ! Ce thème revient dans de nombreux articles du Dictionnaire de la symbolique. La magie peut se définir comme l'effet perceptible d'une cause indéterminée. L'insecte est magie en ses métamorphoses. Le rêve aussi ! Le processus de transformation qui s'accomplit pendant la séance de rêve éveillé et dont les images reçues portent témoignage est l'effet perceptible de l'action insaisissable de l'influx nerveux sur l'état des neurones. Le succès de toutes les thérapies qui font appel à la visualisation repose pour l'essentiel sur la dynamique de l'imaginaire. L'image, alors, se fait magie.
Lorsqu'il apparaît dans le rêve, l'insecte exprime le plus souvent la disposition grandissante du patient à s'en remettre à cette dynamique, dont il ressent les effets positifs sans en comprendre le mécanisme.
Mais la magie n'échappe pas à la loi d'ambivalence. Elle a son versant clair et son côté sombre. La magie blanche et la magie noire étendent jusqu'au profond du rêve leur compétition de toujours.
L'insecte peut attester la confiance du rêveur dans un processus d'évolution auquel il apporte une adhésion naïve, dans le sens le plus positif du qualificatif. Il peut aussi dénoncer l'espérance d'une solution de la problématique exonérée d'un authentique engagement dans la démarche.Nous avons montré, dans Le Test de l'Arche de Noé, que les insectes composent, avec les batraciens - eux aussi soumis à la métamorphose -, la foule inévitable de toutes les "nuits du sabbat", des réunions sulfureuses placées sous le patronage diabolique. L'insecte, c'est aussi le grouillement, l'agitation, la fébrilité, qui signent l'inconfort de la nervosité névrotique.
Foule agitée, mouvements désordonnés des pattes, autant d'images qui trahissent l'insecte dans son rôle de propagandiste de la persévérance dans les attitudes contraires au sens de la vie. Les rêves, comme les textes littéraires, ne manquent pas de scènes qui démasquent l'appartenance de l'insecte au monde satanique ou - si l'on préfère - à l’univers de la névrose. Deux exemples vont illustrer la ressemblance entre les images oniriques et celles de la littérature. On connaît cette nouvelle de Kafka, La Métamorphose, dans laquelle un homme, enfermé dans un mode de vie qui l'étouffe, finit par se transformer en un gros insecte allongé sur le dos et qui agite désespérément ses pattes. Anne, depuis le début de sa cure, exprime obstinément une attente consciente relative à la solution d'un conflit de couple. Ses rêves ne tiennent aucun compte de cette demande et tendent à lui propose des axes d'évolution vis-à-vis desquels elle développe de solides résistances. Le dix-neuvième scénario commence par ces mots : « Je vois le crâne de Maurice [son ami]... j'associe à cette image des hurlements de nouveau-né ! Je ne supporte pas d'entendre cirer les bébés... là... j'ai ne image horrible ! Un animal, une espèce de gros insecte, couché sur le dos... il agite ses pattes... je suis habituellement très sensible aux insectes mais là, je prends un piquet et je le plante dedans... tout ça c'est noir ! C'est des images de tension, de violence... mais je n'ai pas envie d'avoir pitié... »
Ces quelques phrases ne révèlent rien d'autre que le tumulte psychologique, le malaise, engendrés par le refus de comprendre que la solution du problème de couple passe par la réduction des tensions intérieures de la rêveuse. Un bref extrait du second scénario de Delphine résonne comme l'écho douloureux d'un poème de Verlaine dans lequel al bouche de l'un des personnages exhale des insectes noirs. A l'époque où Delphine fait ce rêve, sa problématique est activée par le choc de la disparition récente d'un proche : « ... Là, c'est un insecte, qui vole... à la fois autour tout est blanc et il y a des motifs très édulcorés, des tons très pastel... c'est indescriptible... y a rien là... quelques genres de papillons ou de vers à soie, dans un nuage... là, maintenant, c'est vraiment atroce ! Je vois maman, comme sur sa photo de mariage... qui regarde... la bouche de papa... non ! C'est une espèce de trou noir et il y a plein d'insectes, de mouches, qui entrent et sortent... elle regarde là-dedans... maintenant je vois un portrait... c'est une tête de mort... non ! pas vraiment... et je vois un oiseau dans une espèce de nid et... dans le nid... j'ai cru que c’était un squelette, mais c'est un insecte, zen train de se gratter les côtes... »
Ces deux exemples mettent l'emphase sur le versant sombre de la symbolique de l'insecte. Un rêve de Suzanne, dont nous utilisons des séquences dans plusieurs articles, offre une magnifique illustration du rôle positif de la métamorphose, incarné par ce dernier. Dans ce scénario, le cocon devient le lieu transitoire, matriciel, où se prépare l'éveil de la psyché : « ... Les rayons de la lune sont comme un voile argenté qui vient du ciel... je m'enroule dan ce voile argenté... je m'enroule, m'enroule, m'enroule... jusqu'à devenir un cocon... un énorme cocon de soie blanc et argenté... et moi, dedans, je dors, comme une chenille, mais je ne suis pas une chenille ! Je suis une femme, blottie dans un cocon... je dors d'un sommeil infini, d'un sommeil de gestation. Et... comme le ver à soie, je sors de mon cocon... et peut-être que j'ai des ailes qui me poussent et je sens qu'il y a quelqu'un qui me regarde sortir de mon cocon, quelqu'un d'amical... ce sont des ailes très belles, diaprées, avec du bleu, de l'agent, du rouge aussi... je suis devenue une femme-papillon et je vais me poser sur un roseau... le paysage a changé... j'attends... je crois que je vais m'envoler... voilà !»
Ce passage termine un rêve d'une richesse symbolique exceptionnelle, entièrement inspiré par la dynamique de transformation. Le nid, l’œuf, sont fréquemment associés à l'insecte. Il est une autre association, moins évidente mais très signifiante : l'été. Cette corrélation, qui passe aisément inaperçue, pourrait suggérer une réflexion importante. Le froid de l'hiver engourdit l'insecte, le réduisant à une survie végétative. Le froid exerce sur l'âme le même effet paralysant. L'évolution psychologique, comme tous les processus de la vie, exige la chaleur de l'été. Épanouissement, mûrissement et pourrissement ne s'accompliront qu'au temps de l'insecte, dans la chaleur de l'été. On pourrait aller jusqu'à démontrer que la métamorphose a besoin d'un air bourdonnant, bruissant.
Bruissant ! Faut-il voir dans ces quelques réflexions l'explication du fait que la corrélation la plus forte avec l'insecte est le bruit ? Le bruit, quel que soit son mode d'expression, sauf l'harmonie musicale ! Anne associait au crâne de son ami les hurlements de bébé. Le bruissement d'ailes, le bruit de la rue, les cris du bébé les battements du cœur, les sons de toutes sortes accompagnent les apparitions de l'insecte onirique. Un passage du dix-septième scénario de Cédric montrera que ces rapprochements ne relèvent pas du hasard : « ... J'entends les battements d'un cœur... mais aussi le tic-tac d'une horloge et des bruits de pas... et, soudain, un condor m'enlève... il m'emporte jusqu'à son nid... il me dépose tout contre un œuf énorme... j'entends les battements d'un cœur, à l'intérieur... et il y a un deuxième œuf dans lequel j'entends le tic-tac d'ne pendule... et un troisième, d'où viennent les bruits de pas... [...] Je suis dans une forêt... j'ai vu des biches et des cerfs... j'ai prélevé du sang de la biche pour e l'inoculer... j'entends ds bruits d'insectes, qui s'amplifient, des bruits de mouches qui font un vacarme insupportable... »
Si l'on fait abstraction des contenus de la problématique de Cédric qui induisent ces images, il reste à constater l'étroite imbrication du bruit, de l’œuf et de l'insecte.
Dans les articles correspondant respectivement à chacun des sept compères que l'imaginaire choisit habituellement pour représentants de l'immense famille des insectes, papillon, fourmi, araignée, abeille, libellule, scarabée, coccinelle, on trouvera quelques rappels de ce qui précède. Dans chacun de ces articles sont également développés les aspects de la traduction spécifiques à l'animal étudié.
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Lorsque le rêve évoque une foule d'insectes indéterminés ou l'un de ces invertébrés sans en préciser l'espèce, le praticien qui reçoit l'image assurera sa traduction si son approche tient compte des grandes orientations suivantes :
la constitution de l'insecte, comme l'étymologie de son nom, dirige l'attention sur la forme. La forme dont les sections, tête, thorax, abdomen, suggèrent l'idée de pièces mécaniques assemblées, souvent en contradiction avec les canons de l'harmonie esthétique ;
l'insecte rêvé est souvent l'expression du difforme. La difformité, la fébrilité, la voracité, le grouillement, autant de caractéristiques qui apparentent le symbole au monde satanique. De ce point de vue, l'image est une représentation de la stagnation névrotique ;
l'insecte n'est pas seulement forme ou difformité. Il exprime surtout la transition de forme, la métamorphose. Celle-là, en fonction des autres éléments du rêve, peut dénoncer la tentation de la guérison sans l'effort d'introspection, l'attente d'une solution magique de la problématique ou participer activement, comme dans le scénario de Suzanne, à la dynamique d'évolution. En d'autres termes, l'insecte peut être le dénonciateur du recours à la magie noire ou l’opérateur de la magie blanche.
S'il observe les matériaux proposés par le rêve à travers cette approche simplificatrice, l'interprète ne sera pas en grand risque de se tromper.
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Littérature :
Insectes
M'éloignant davantage vers l'ouest, je vis des insectes à neuf segments avec des yeux énormes semblables à des râpes et un corsage en treillis comme les lampes des mineurs, d'autres avec des antennes murmurantes ; ceux-ci avec une vingtaine de paires de pattes, plus semblables à des agrafes ; ceux-là faits de laque noire et de nacre, qui croustillaient sous les pieds comme des coquillages ; d'autres hauts sur pattes comme des faucheux avec de petits yeux d'épingle, rouges comme ceux des souris albinos, véritables braises montées sur tiges, ayant une expression d'indicible affolement ; d'autres avec une tête d'ivoire, surprenantes calvities dont on se sentait tout à coup si frères, si près, dont les pattes partaient en avant comme des bielles qui zigzaguaient en l'air.
Enfin il y en avait de transparents, carafes qui par endroits seraient poilues ; ils avançaient par milliers, faisant une cristallerie, un étalage de lumière et de soleil tel, qu'après cela tout paraissait cendre et produit de nuit noire.
Henri Michaux, "Insectes" in "Mes Propriétés" (1929), La Nuit remue, Gallimard, 1935.
Les insectes
De gigantesques élytres, et quelques énormes pattes d'insectes entrecroisée d'un vert éclatant, apparurent sur le mur de ma chambre, étrange panoplie.
Ces verts rutilants, segments, morceaux et membres divers ne e lièrent pas en forme de corps. Ils restèrent comme les dépouilles respectées d'un noble insecte qui succomba au nombre.
Henri Michaux, "Le Sportif au lit" in La Nuit remue, 1935.
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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque les insectes :
21 septembre
(La Bastide)
Sur le psi d'une brindille à terre, l'accouplement de deux fragments d'ardoise : criquets œdipodes.
Cousu par ses six pattes sur une fleur d'acanthe, tricot de jacquard beige et brun : le papillon tircis.
Une mouche verte aux yeux de cuivre (ailes d'argent, corselet d'or) tourne et retourne sur un vieux gland rouillé.
Un ichneumon (abdomen étranglé, tarière sinusoïde) ondule incessamment sur une feuille morte.
Insecte minéral, insecte textile, insecte-métal, insecte-vibration : l'univers des hexapodes est un monde parallèle dont chaque fleur ou chaque herbe est une porte secrète. Mais les serrures, pour être ouvertes, nécessitent des antennes.
27 mars
(Fontaine-la-Verte)
Un mini- coléoptère agite ses six pattes sur ma feuille de papier. Il suit les déliés de ma plume. Il a cinq millimètres de longueur, des antennes en V, le thorax comme une bille et des élytres noirs à pois rouges ?
Quelle espèce se permet ainsi de contrôler, avec son pied, la qualité de ma prose ? Existe-t-il une façon objective de juger d'un style par les perceptions sensorielles des tarses ?
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Dans son roman policier Sous les Vents de Neptune (Éditions Viviane Hamy, 2004), Fred Vargas utilise l'insecte à des fins métaphoriques :
"Attelé à sa seconde pile le lendemain, le commissaire sentait un léger trouble bourdonner en lui comme un insecte coincé dans son corps, qui vrombissait entre ses épaules et son ventre. Une impression assez familière. Rien à voir avec les malaises qui l'avaient éreinté lors de la remontée du juge en torpille. Non, juste ce modeste insecte bruissant, un petit rien qui se cognait de-ci de-là comme une contrariété boudeuse exigeant son attention. De temps à autre, il ressortait sa fiche cartonnée, sur laquelle il avait ajouté les astuces de Mordent quant à la meilleure manière d'irriter les fantômes. Et il la parcourait, les yeux dans le beurre, comme avait dit le barman de L'Écluse.
Un léger mal de tête le propulsa vers la machine à café vers cinq heures. Bien, se dit Adamsberg en frottant son front, je tiens l'insecte par les deux ailes. Cette cuite de la nuit du 26 octobre. Ce n'était pas la cuite qui bourdonnait, mais bien ces foutues deux heures et demie d'oubli. La question revenait, vibrante. Qu'est-ce qu'il avait bien pu fabriquer durant tout ce temps sur le sentier de portage ? Et que pouvait lui importer ce minuscule fragment de vie échappé ? Il avait classé ce brin manquant au rayon de la mémoire poreuse, pour cause d'imbibation alcoolique. Mais, de toute évidence, ce rangement ne satisfaisait pas son esprit et le brin manquant ne cessait de sauter hors de son rayon pour venir le harceler discrètement."
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