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La Laitue




Étymologie :

Étymol. et Hist. 1121-34 (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1576 ds T.-L.). Du lat. lactuca « id. » (dér. de lac « lait ; suc laiteux des plantes ») cf. judéo-fr. fin xie s. laitug[u]e (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 85).


Lire également la définition de laitue pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Lactuca ; Plante des eunuques ;

Lactuca scariola ; Lactuca serriola ; Laitue sauvage ; Laitue scariole ; Plante-boussole ;

Lactuca virosa ; Laitue sauvage ; Laitue vireuse ;

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Botanique :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


LAITUE. Un singulier capitulaire de l'empereur Louis, défendait aux moines de manger des laitues et des pommes, à moins qu'ils ne prissent en même temps d'autres aliments.

 

Selon Jean-Marie Pelt, auteur d'un ouvrage intitulé Des Légumes (Éditions Fayard, 1993) :


« Quelque variété d'herbe il y ait, tout s'enveloppe sous le nom de salade », notait déjà Montaigne, étonné de cet abus sémantique qui confond sous le même nom la matière première et le produit fini.

Ainsi nommé, l'usage de la salade remonte à l'Antiquité. Pline parlait déjà de ces « légumes qui n'exigent pas de feu et économisent le bois [...], nourriture toujours prête et disponible ». On mangeait alors la salade relevée d'une sauce chaude et très salée, laquelle disparaît au XVe siècle, remplacée par le traditionnel arrosage d'huile et de vinaigre. Jusqu'à la fin du Ier siècle après Jésus-Christ, les Romains terminaient leurs repas par la salade. Mais, ensuite, l'ordre fut interverti et l'on consomma les salades en début de repas avec les radis et crudités, pour exciter l'appétit. Louis XIV est resté dans les annales un très gros consommateur de salade, si l'on en croit Saint-Simon, et son jardinier, La Quintinie en cultivait abondamment dans le potager de Versailles.

Toutes les espèces susceptibles d'être servies en salade portent ce nom, et, parmi elles toutes, la laitue est naturellement la reine des salades. Après moult hésitations et discussions, on penche aujourd'hui pour reconnaître dans Lactuca scariola l'ancêtre sauvage de nos laitues. Curieux ancêtre, en vérité, que cette laitue, encore nommée « plante-boussole », car ses feuilles sont toujours dirigées, tout le long de la tige, selon une direction nord-sud. Cette plante pousse dans toute l'Europe, à l'exclusion des pays septentrionaux.

Mais il y a laitue et laitue ! La plus ancienne est sans doute la laitue romaine, une laitue non pommée déjà cultivée dans l'Égypte ancienne. La laitue était servie à la table des empereurs de Perse six siècles avant Jésus-Christ. Deux siècles plus tard, elle fut introduite en Grèce par Alexandre le Grand et, de là, se répandit dans tout l'Empire romain. La papauté fait à la laitue romaine sa réputation ; celle-ci fut introduite en France par l'intermédiaire des papes d'Avignon. Mais, selon d'autres sources, elle aurait été introduite par Rabelais, par l'intermédiaire du « grand sac ciré pour les affaires du roi » - c'est-à-dire la valise diplomatique. La laitue pommée n'entre en France que plus tard, au XVIIe siècle.

Louis XIV aimait les salades : on raconte que, un jour, à Marly, il présidait une table où avaient pris place tous les fils de France et toutes les princesses de sang. L'atmosphère était libre et détendue. Louis XIV lançait des boulettes de pain aux dames. Et voici que l'une d'elles, atteinte un peu rudement, lança à l'auguste tête du monarque une salade tout assaisonnée. Le roi rit et l'incident fut clos.

La laitue cultivée entretient un cousinage incertain avec la laitue vireuse. Rien de commun, à première vue, entre cette laitue sauvage aux longues tiges dressées et aux feuilles dentées hérissées d'aiguillons et la laitue pommée cultivée dans un jardin. De plus, la laitue vireuse est amère au point que les Septante, traduisant la Bible hébraïque en grec, qualifièrent de laitue les « herbes amères » prescrites pour remémorer, avec l'Agneau pascal, les amertumes de l'Exode.

Toutes les laitues sont récoltées avant qu'elles ne « montent », c'est-à-dire qu'elles ne forment leur hampe florale terminée par des capitules jaunes ou, pour l'une des espèces sauvages, bleues. Même variété de couleurs pour la laitue elle-même, depuis le « rouge vif de la merveille des quatre saisons, le brun carmélite de la frisée d'Amérique, le vert sombre de la romaine craqueuse, jusqu'à l'or éclatant de la pomme d'or, au vert cendré de la lilloise et au blond or d'épis de la petite laitue crêpe. »

On ne s'étonnera pas d'apprendre que le constituant principal des feuilles de laitue est l'eau ; il en résulte que leur valeur alimentaire est lus que modeste. Mais la salade apporte des hydrates de carbone, notamment de la cellulose qui permet une bonne tenue et une avantageuse progression du bol alimentaire intestinal. Enfin, la laitue s'honore d'avoir guéri, dit-on, l'empereur Auguste d'une grave maladie de foie et d'avoir donné sur le tard à Dioclétien, grand pourfendeur de chrétiens, l'agrément de la déguster quotidiennement à ses repas. On dit que, durant sa retraite anticipée, il cultivait les laitues en son jardin de Salone où il plantait ses choux et ses salades.

Les laitues doivent leur nom au fait qu'un suc lactescent est sécrété par toute la plante ; la sélection naturelle a limité cette sécrétion dans les variétés cultivées pour la bouche, mais bon nombre de laitues, et particulièrement la laitue vireuse - qui doit avoir sa place dans l'arbre généalogique des laitues -, émettent un suc laiteux amer, contenu dans toutes les parties de la pante et s'écoulant à la moindre blessure. Ce suc blanc laiteux coagule rapidement ; séché au soleil, il devient un médicament, le lactucarium, à odeur forte et vireuse et de saveur amère. Ce suc desséché, fort utilisé par les anciens Grecs et Romains, était considéré comme un succédané de l'opium. Il délivra, dit-on, Galien des insomnies de la vieillesse. Oublié pendant de nombreux siècles, il effectue une percée en thérapeutique à la fin du XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle. On l'a utilisé en médecine infantile comme médicament de la toux, de la coqueluche et des bronchites notamment ; mais sa teneur en substances actives est très variable, de sorte que ses effets sont irréguliers, ce qui a nui à cette drogue aujourd'hui tombée en désuétude.

[...]

La laitue compte parmi les tout premiers légumes à avoir subi le forçage, qi consiste à placer la plante dans des conditions telles qu'elle produise à contre-saison. Pour ce faire, on dispose de milieux aménagés qui permettent de jouer sur la ventilation, l'humidité, la chaleur, la lumière. Les laitues sont traditionnellement forcées en couche et, par conséquent, produites plus tôt qu'elles ne le seraient en pleine terre. Mais la rapidité des approvisionnements, grâce au développement des transports à distance, a entraîné une régression de ces pratiques.

La laitue, par ses sécrétions de suc laiteux, évoque les nourrices dont elle est d'ailleurs censée augmenter la production de lait, toujours selon la fameuse « théorie des signatures » qui veut que la plante porte un signe indiquant son effet thérapeutique. Le signe, ici, c'est le lait. Le dicton qui prétend que les enfants naissent dans les choux eût été plus convaincant s'il les avait fait naître dans une laitue pommée, à la source même du lait maternel nécessaire à leur croissance ! Mais il arrive que les dictions trahissent les réalités, ou ne les prennent en compte que partiellement.

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Dans "Confusion lors de cueillettes de plantes médicinales." (In :Bulletin du Cercle vaudois de botanique., 2003, vol. 32, p. 17-22) André Dolivo relève une confusion fréquente qui concerne la Laitue :


Pour mémoire, il faudrait citer encore la laitue vireuse (Lactuca virosa, astéracées), très rare en Suisse, qui sécrète un latex aux effets narcotiques et qui ressemble fort à la laitue cultivée (Lactuca sativa). Relevons que des infusions artisanales de laitue vireuse ont été utilisées en injections intraveineuses par des toxicomanes et ont provoqué de sévères troubles (BRUNETON 2001 p. 10).

 

Dans un article intitulé "Etude éthnobotanique et éthopharmacologique des espèces médicinales libanaises agissant sur le système broncho-pulmonaire" (Extrait de : Annales de recherche scientifique. — N° 6 (2005), pp. 145-176), S. el Chaar, sous la direction du Prof. Dr. Nelly Arnold Apostolides, recense les usages de Lactuca sativa L. au Liban, dont le nom vernaculaire est "Khass" :


Parties utilisées : feuille, tige et semence.


Composition chimique : Lactucarium, lactucirine, lactucine, acide lactucique, asparagine, hyosciamine, vitamines A, B9, C, C, E, sels minéraux.


Action physiologique : béchique, émolliente, asthme et pleurésie.


Posologie => Usage interne :

Alcoolature : 60 gouttes avant les trois repas.

Décoction des feuilles : 75g de laitue / 1l d'eau. Ébullition 30 min. Prendre 3 verres / jour.

Semences : 4/5 graines. En décoction, 1 c.c. / tasse, 2-3 tasses / jour.


Autres propriétés et indications : rafraîchissante, apéritive, dépurative, minéralisant, analgésique, hypnotique, hypoglycémiante laxative, drainage lymphatique.

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Vertus médicinales :


Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle :


LA LAITUE. Ses diverses espèces ; ses propriétés hygiéniques ; son opium.

La laitue renferme un grand nombre de variétés. L'espèce principale, la laitue cultivée, provient elle-même de trois variétés :

1° La laitue pommée à feuilles concaves ;

2° La laitue frisée, à feuilles crépues ;

3° La laitue romaine à feuilles allongées et plus étroites à leur base. Cette dernière est ainsi nommée sans doute parce qu'elle était en grande vogue chez les Romains, qui en faisaient un de leurs mets favoris.

Les laitues ont toujours été les plus estimées des herbes potagères ; elles sont rafraîchissantes, tempèrent la soif, facilitent l'écoulement des urines, préviennent la constipation et portent au sommeil.

Galien rapporte que dans sa vieillesse il ne trouva point de meilleur remède contre les insomnies auxquelles il était sujet que de manger des laitues le soir, soit crues, soit bouillies. Les disciples de Pythagore leur attribuaient la propriété de calmer les ardeurs du sang.

La laitue contient un jus qui épaissi est un véritable opium, de meilleure qualité que celui qu'on retire du Levant. Le suc laiteux qui forme cet opium existe dans la tige et dans les feuilles de la plante: il se trouve dans des vaisseaux qui lui sont propres, et qui suivent longitudinalement la partie fibreuse de la tige. On le recueille lorsque la plante commence à monter en graines; auparavant il n'a pas toutes ses qualités, plus tard son produit est moins considérable.

On l'extrait, comme l'opium de pavot, par incision : l'ouverture doit être circulaire; une petite profondeur suffit. Le jus sort en gouttes blanches, qu'on laisse sur la tige pour les enlever lorsqu'elles sont desséchées. On a essayé d'obtenir cet opium par la pression, mais les autres sucs de la plante qui s'y mêlent l'altèrent presque entièrement.

Toutes les espèces de laitues contiennent plus ou moins d'opium ; la lactuca silvestris ou virosa de Linné est celle qui en fournit le plus. Les essais ont été faits sur la laitue commune, qui n'est pas celle qui en donne le moins; de sorte que les tiges qu'on laisse monter en graines pourraient procurer un double avantage.

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Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Enfin, les hystériques doivent boire les tisanes de laitue.

 

Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions sur les laitues :


Cuir ou latex ? « Nous, c'est clairement latex », répondent nos laitues qu'on identifie à cette substance laiteuse qui ne manque pas de s'écouler quand on les coupe au pied pour les récolter et qui explique leur nom. C'est d'ailleurs les propriétés réputées calmantes et propices au sommeil de ce latex qui ont valu à nos laitues ce surnom peu amène, imputé à Pythagore, de « plantes à eunuques ». Effectivement, l'illustre philosophe portait sur ces plantes, incitant plus au calme qu'à la volupté, au sommeil plutôt qu'aux ébats un regard sans complaisance. Plus bienveillant leur égard, le médecin Galien les appelle « herbes au philosophe », estimant que le calme et l'apaisement qu'elles procurent sont propices à la réflexion.

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Croyances populaires :


Qui vin ne boit après salade

Est en danger d'être malade.

 

Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des plantes :


À toutes ces plantes qui ont des propriétés aphrodisiaques, doivent en être ajoutées d’autres, dont les propriétés sont exactement le contraire, à savoir qu’elles répriment le désir sexuel. Ce groupe comprend spécialement les graines de laitues (ḫass, Lactuca sativa L.) et la coriandre (kuzbara, Coriandrum sativum L.). Celle-ci, en plus de réduire le désir sexuel et les érections, assèche le sperme (Al-Qazwīnī, Kitāb ʿaǧāʾib al-maḫlūqāt, F. Wüstenfeld (éd.), 1967, p. 281-282, p. 295).


[...] Finalement, al-Qazwīnī, en prenant des informations du Livre des propriétés de Balinas (Appolonius), énumère une longue série d’événements extraordinaires, dont nous retenons ici certains. Le premier exemple concerne les graines de laitue (ḫass, Lactuca sativa L.) : si ces graines sont macérées dans l’eau pendant une heure, puis versées dans un plat de riz bouilli, elles allongent les grains de riz et se déplacent dans le plat comme si elles étaient des vers (Al-Qazwīnī, Kitāb ʿaǧāʾib al-maḫlūqāt, F. Wüstenfeld (éd.), 1967, p. 281-282.).

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la laitue :


LAITUE - REFROIDISSEMENT.

Vénus, après la mort d’Adonis, se coucha sur un lit de laitues, afin d'éteindre le feu d’un inutile amour.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Laitue - Refroidissement.

Sa graine est une des cinq graines froides. La médecine emploie la laitue pour calmer les ardeurs voluptueuses.

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Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte plusieurs exemples qui créent une forme de baromètre botanique :


Laitue. - Si la laitue s'épanouit, on peut compter sur la pluie.


L'autrice s'intéresse également au symbolisme de la laitue dans le langage des fleurs :


Laitue - Refroidissement.

Le suc que l'on retire de la tige de cette plante potagère est employé en médecine pour calmer les sens. Avant que la laitue soit parvenue à sa maturité on la mange en salade .

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


LAITUE : Rafraîchissement.

Les poëtes antiques lui attribuaient la vertu de calmer les feux de la concupiscence ; d'après eux, Vénus, après la mort d'Adonis, se coucha sur un lit de laitues pour essayer d'apaiser l'ardeur de son amour.

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Maurice Maeterlinck écrit L'Intelligence des fleurs (1907, libre de droits), ouvrage où il fait l'éloge du végétal. Dans une petite note, il revient sur une caractéristique de la laitue, dans son passage du sauvage à la culture :


[...] Il est en outre remarquable que, cultivées par l’homme, la plupart des plantes à épines abandonnent peu à peu leurs armes, remettant le soin de leur salut au protecteur surnaturel qui les adopte dans son clos (1).


Note : 1) Parmi les plantes qui ne se défendent plus, le cas le plus frappant est celui de la Laitue. « À l’état sauvage, comme le fait remarquer l’auteur cité plus haut, si l’on casse une tige ou une feuille, on en voit sortir un suc blanc, un latex, corps formé de matières diverses qui défend vigoureusement la plante contre les atteintes des limaces. Au contraire, dans l’espèce cultivée qui dérive de la précédente, le latex fait presque défaut ; aussi la plante, au grand désespoir des jardiniers, n’est-elle plus capable de lutter et se laisse-t-elle manger par les limaces. » Il conviendrait cependant d’ajouter que ce latex ne manque guère que chez les jeunes plantes, au lieu qu’il redevient fort abondant quand la Laitue se met à « pommer » et quand elle monte en graine. Or c’est au début de sa vie, au moment de ses premières et tendres feuilles, qu’elle aurait surtout besoin de se défendre. On dirait que la plante cultivée perd un peu la tête, si l’on peut s’exprimer ainsi, et qu’elle ne sait plus au juste où elle en est.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Laitue vireuse (Lactuca virosa) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Lune

Élément : Eau

Pouvoirs : Protection ; Chasteté ; Sommeil ; Voyage astral.


Comme l'indique leur nom, les Laitues (Lactuca) contiennent un lait, c'est-à-dire un latex blanc, d'apparence laiteuse. L'espèce la plus connue du genre est la Laitue commune ou cultivée (Lactuca sativa), originaire d'Asie; elle est, depuis des siècles, l'une des herbes les plus importantes de la culture maraîchère. Elle contient moins de latex que les autres Laitues.

La Laitue vireuse est une grande herbe des lieux incultes et rocailleux, pouvant atteindre 2 m de haut. Elle renferme beaucoup de ce latex dont on a connu de très bonne heure les propriétés calmantes et hypnotiques. Dès la plus haute Antiquité, la Laitue maraîchère a possédé la réputation « d'herbe aux beaux rêves » ; les Romains en mangeaient le soir pour se procurer un sommeil euphorique ; les solitaires de la Thébaïde, pour lutter contre le démon de la chair. Dioscoride, Galien, Celse, Oribase signalent dans leurs écrits le suc blanc de Laitue comme ayant des propriétés analogues à celles de l'opium.

On employa pendant longtemps un extrait de ce suc qui fut nommé thridace (du gr. thridax = Laitue) ; puis, au XVIII e siècle, le Dr Cox, de Philadelphie, parvint à dessécher le thridace pour le conserver indéfiniment. Ce produit sec, raffiné en laboratoire, fut appelé lactucarium, dit aussi, en France, opium de Laitue, O. indigène, O. écossais ; O. de Philadelphie, etc.

Au milieu du XIX e siècle, une importante entreprise de culture industrielle fut mise au point par le savant français Hector Aubergier. C'est aux environs de Clermont-Ferrand, dans la plaine de la Limagne, qu'il établit ses champs d'essais, lesquels devinrent très importants. Après des essais de culture sur toutes les variétés de Laitues du monde entier, .il donna la préférence à la Laitue géante (Lactuca. altissima), originaire du Caucase, tant par la quantité de lactucarium qu’elle pouvait fournir que par sa richesse en principes actifs. La Laitue vireuse vient immédiatement après.

C'est en juin, quand les Laitues montent et s'apprêtent à fleurir, que le latex devient abondant. En juillet et en août, les champs expérimentaux d'Aubergier s'animaient du travail des « saigneuses » qui, leur canif à la main, disparaissaient presque complètement au milieu des Laitues géantes. Le latex frais a l'aspect et la consistance de la crème fraîche; il noircit très rapidement la lame des couteaux à inciser et rougit le papier de tournesol. Le lactucarium brut possède une odeur caractéristique, forte, désagréable, vireuse, et une saveur d'une amertume extrême; il était livré alors au commerce en pains aplatis, pesant de 20 à 30g.


Utilisation rituelle : Dans leur région d'origine, Caucase, Turkestan, steppes d'Asie centrale, les diverses Laitues sauvages sont des plantes de derviches ; ils consomment le latex soit pur, soit le plus souvent incorporé à des préparations du type haschich, pour avoir des visions et entrer en transe.


Utilisation magique : Pour avoir de beaux rêves, parfois prophétiques, avant de vous coucher faites-vous masser délicatement le front, la tête, la nuque et la naissance des épaules avec du suc frais de Laitue cultivée (salade) ; si la variété vireuse est employée, il faut diluer le jus car, pur, ses effets risqueraient d'être trop violents. Des éruptions, des boutons douloureux peuvent même apparaître sur les parties du corps touchées. Une recette classique, éprouvée, mélange à parts égales le suc de Laitue vireuse avec du jus de camomille romaine; on peut se servir aussi de la verveine sans craindre des réactions chimiques parfois imprévisibles.

Si des Laitues vireuses sont venues pousser spontanément autour de la maison, ne les arrachez pas comme de vulgaires « mauvaises herbes » (en fait il n'y a pas de mauvaises herbes) ; traitez-les au contraire avec bienveillance et amour, car elles protègent votre foyer et votre jardin. Une tradition du Forez veut, toutefois, qu'on ne les laisse pas monter en juin-juillet, car la stérilité pourrait s'installer dans le foyer – rappel symbolique des vertus apaisantes, sur les sens comme sur le psychisme, qu'ont, à des degrés divers il est vrai, toutes les Laitues, surtout l'été quand leurs tiges sont gorgées de latex.

Les feuilles (nocives, ne l’oubliez pas) de la Laitue vireuse présentent la curieuse particularité de s'abriter contre l'ardeur du soleil en pivotant de façon à ne lui présenter que leur tranche. À midi, elles sont orientées vers la source lumineuse et placée dans un axe vertical qui correspond exactement au méridien du lieu ; cette particularité est exploitée dans de nombreux rites. S'il fait, ou non, grand soleil à certaines dates de fêtes, ou les jours de certains saints, on prédit l'avenir en fonction des positions que prend la Laitue vireuse.

A Middlesborough et dans plusieurs localités de la vallée de la Tees (nord-est de l'Angleterre), les filles semaient, le 24 mars, une ligne de Laitue et une ligne de cresson. Si la Laitue levait la première, le mari serait un homme gentil, conciliant ; si le cresson levait d'abord, il serait violent et n'hésiterait pas à battre, à l'occasion.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


A l'entrée Laitue : Dans la mythologie, Aphrodite, ayant caché Adonis, fils de Myrrha, dans des feuilles de laitue, un sanglier en mangea et tua l'enfant. La laitue, qui prenait place dans les repas funéraires des Anciens, est considérée comme une nourriture néfaste dont l'ingestion excessive provoque l'impuissance, empêche la conception ou, chez la femme enceinte, rendra imbécile l'enfant qu'elle porte. Toutefois, d'après le médecin Apulée, la laitue guérit de la fièvre lorsqu'elle est mise dans l'oreiller du malade à son insu.

Si les Romains attribuaient à la laitue la propriété de rendre une femme féconde, on affirme dans les pays anglo-saxons qu'avoir trop de laitues dans son potager empêche une femme de devenir mère. D'ailleurs, Albert le Grand lui reconnaissait le pouvoir de tempérer la concupiscence.

Se passer, avant le coucher, du suc frais de laitue sur le front, la tête, la nuque, favorise les rêves prophétiques mais rêver d'une laitue présage un malheur. Une jeune fille qui, en "fatigant" la salade, laisse échapper du saladier une feuille, doit renoncer à toute idée de mariage dans l'année.

En Angleterre, les jeunes filles semaient le 24 mars une ligne de laitue et une ligne de cresson : "Si la laitue venait la première, le mari serait un homme gentil, conciliant ; si le cresson levait d'abord, il serait exigeant et n'hésiterait pas à battre, à l'occasion".

Pour protéger les laitues du gel, il convient de les semer le jour de la Chandeleur. Le 8 novembre (jour des Saintes-Reliques) et le vendredi saint sont également de bonnes dates. Quant aux laitues d'hiver, les piquer le jour de la Sainte-Catherine leur assure une belle croissance. Dans le Perche et dans les Vosges, les laitues sont semées de préférence pendant le décours de la lune.

La laitue vireuse, qui pousse spontanément dans les lieux incultes et qui est souvent considérée comme une mauvaise herbe, protège le jardin et la maison : il n'est donc pas indiqué de les arracher. Dans le Forez toutefois, on croit que si on les laisse croître en juin-juillet, elles font planer un risque de stérilité sur le foyer. Ses feuilles pivotent pour se protéger du soleil "de façon à ne lui présenter que leur tranche. A midi, elles sont orientées vers la source lumineuse et placées dans un axe vertical qui correspond exactement au méridien du lieu ; cette particularité est exploitée dans de nombreux rites. S'il fait, ou non, grand soleil à certaines dates de fêtes, ou les jours de certains saints on prédit l'avenir en fonction des positions que prend la laitue vireuse".


A l'entrée Salade : Quand une jeune fille tourne la salade, on dit qu'autant de feuilles sont tombées du saladier, autant d'années elle devra attendre un mari. Il ne faut pas manger de salade si l'on doit prendre la parole en public car elle fait bafouiller.

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.


Les Nourricières : la Pomme de terre, la Vigne, le Blé, le Riz, l’Epinard, la Laitue et le Champignon. Les Nourricières alimentent la Terre et ses habitants.

[…]

Telle est ma vocation, mon talent et mon pouvoir.

Je nourrirai l’humanité.


Les Nourricières : Elles nourrissent l’humanité sur les cinq continents. Elles se sont acclimatées aux différents sols, aux conditions météorologiques. Elles se sont laissées domestiquer pour nous offrir leurs fruits, leurs feuilles, leurs racines. Elles nous ont livré leurs secrets pour les cuisiner et mettre en valeur leur goût, le secret de leurs qualités médicinales. On les appelle Salades, Tomates, Carottes, Epinards. Elles sont Céréales, Riz, Blé, Maïs. Elles sont sucrées, amères, salées. Elles se consomment fraîches, séchées, cuites. Elles puisent dans la terre, les oligo-éléments, les vitamines qui font leur richesse. Elles nous ont livré les secrets de leur reproduction, de leur culture. Si l’on prend soin d’elles, elles permettront aux sept milliards d’humains de vivre et de se nourrir sur cette terre. C’est pourquoi les plantes Nourricières méritent notre gratitude infinie.

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C'est à ta capacité à ployer sous le vent

Que tu reconnaîtras ta puissance.

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Par sa finesse, sa délicatesse et sa longue histoire, la Laitue est une personnalité incontournable du peuple végétal. Sensible, fragile, elle tient une place d'honneur dans nos potagers. Cette Nourricière a un tempérament généreux. Humble, discrète, toujours en évolution, elle ne prend pas de place et s'entretient facilement. A peine semée sur un sol ordinaire et pourvu qu'on lui offre un peu de soleil et d'eau de février à octobre, elle sortira de terre à peine six semaines après les semis. Elle appréciera toutefois le confort d'une serre, durant les gelées. Elle aime également qu'on l'éclaircisse dès les premières feuilles pour ne pas pousser trop près de ses sœurs. Lors de la récolte, la Laitue ne s'arrache pas, mais se dévisse à la main ou à l'aide d'un couteau pour permettre aux racines de donner continuellement de nouvelles feuilles. La Laitue est fragile de nature, ses feuilles sont fines et sensibles au Soleil et à l'air, elle devra être consommée rapidement. On caricature souvent la Laitue comme emblème des végétariens ou de celles et ceux qui ne veulent pas prendre de poids en mangeant. Il faut dire que la Laitue est peu calorifique. Pilier de la santé, elle permet de maintenir la ligne. De plus, elle est facile à préparer, à assaisonner, à accompagner. Elle est riche en calcium, en vitamine C, B9, chères aux femmes enceintes, en fibres, en bétacarotène. Elle est antioxydante et diminue les risques de cancer. Elle protège des radicaux libres. Les ancêtres de la Laitue étaient de petites feuilles sauvages dentelées et amères qui poussaient dans les montagnes du Kurdistan, du Proche-Orient et de l'ouest de l'Asie. Moïse la recommandait pour commémorer l'amertume de l'Exil en accompagnant l'agneau pascal au moment de Pâques. Alexandre le grand emportera avec lui la Laitue, comme tant d'autres de ses sœurs du peuple végétal, jusqu'en Grèce et dans tout l'Empire romain pour atteindre tout le bassin méditerranéen. Les Grecs et les Romains l'appréciaient pour préparer notamment leur estomac à leurs orgies. Son nom lactua nous rappelle le lait, car les Romains laissaient la Laitue monter jusqu'à ce que sa tige s'élève et donne à travers les encoches qu'ils faisaient sur son pied, un suc blanchâtre qu'ils buvaient. Ce suc avait des propriétés soporifiques au point d'être utilisé comme anesthésiant et anti-aphrodisiaque, d'où le quolibet de « plante des eunuques ». Ce qui est étonnant puisque dans l'Égypte antique, la Laitue était au contraire associée à la fécondité, justement pour l'apparence de son suc qui rappelle la semence de l'homme. Par la suite, à force de croisements, la Laitue, dont le corps est désormais comestible, a perdu son pied et s'est rapprochée du sol. Elle est devenue la Laitue romaine. Au fil des siècles et de sa propre évolution, la Laitue devint plus goûteuses et gagne en assurance, abandonne ses petites feuilles éparses et amères pour laisser pousser de belles et suaves feuilles d'un ert tendre. Si elle est domestiquée depuis quatre mille ans, la Laitue n'aura pas toujours eu autant le goût sucré qu'elle offre aujourd'hui. Ses ancêtres étaient plus amères et plus acides. Mais avec patience, persévérance, elle a su perdre son amertume, son acidité pour rendre hommage au sucre et à la douceur de la vie.


Mots-clés : L'amertume - La simplicité - La sobriété - la fragilité - La facilité - Le travail sur soi - L'acidité - Le sucre - La tendresse - La réconciliation - L'enracinement - Le dépouillement - La vulnérabilité -


Lorsque la Laitue vous apparaît dans le tirage : C'est pour vous rappeler qu'à force de patience, on peut transformer une aigreur en douceur. L'acidité, l'amertume que vous rencontrez dans votre existence ne sont jamais liées aux événements en eux-mêmes, mais à la charge émotionnelle que vous y avez associée. La Laitue dans sa jeunesse était une salade sauvage à peine comestible tant elle était amère. Pourtant, au fil des siècles, elle est devenue plus généreuse, plus sucrée. Comment le temps agit-il sur vous ? A-t-il tendance à renforcer votre amertume sur la vie, votre cynisme ou votre aigreur ? Ou, au contraire, vous rend-il plus généreux, plus confiant en l'homme, en l'humanité et en l'avenir, plus tendre et plus doux ? Lorsque la Laitue vous apparaît, c'est également pour vous rappeler qu'il existe une grande puissance qui se marie bien avec l'extrême légèreté et fragilité de l'existence.


Signification renversée :Dans sa position renversée, la Laitue vous interroge sur une forme de superficialité, peut-être une tendance à aborder les sujets avec légèreté sans réellement prendre le temps de trouver la profondeur d'un tempérament, d'une attitude. La Laitue renversée vous interroge sur la place que vous prenez et les soins que vous prodiguez .Avez-vous besoin d'espace ? Il se peut que vous ayez tendance soit à avoir besoin systématiquement de trop d'espace et que vous ayez tendance à trop facilement vous isoler, soit, au contraire, que vous ayez du mal à être seul et colliez un peu trop les personnes qui vous entourent.


Le Message de la Laitue : Je suis la Laitue, mes feuilles sont si sensibles qu'elles vibrent au moindre signal du vent. Pour autant j'ai appris à me faire ma place au potager. Quelle est ta première réaction face à la fragilité ? Quel rapport entretiens-tu avec ta vulnérabilité ? Lorsque le vent des contrariétés souffle sur toi, as-tu tendance à résister ou à te laisser bercer par l'imprévu, par l'inconnu ? A quoi résistes-tu ? Pourquoi résistes-tu ? Au fil des siècles, ma tige s'est raccourcie, et je me suis rapprochée du sol. C'est ce rapprochement du sol qui me donne toute mon assurance et ma stabilité. Aussi, lorsqu'un imprévu vient contrarier tes plans, ne te concentre pas sur le haut de ton corps, concentre-toi sur tes racines. Ne te concentre que sur tes besoins fondamentaux. Accepte de ne pas savoir. Regarde où tu vas, mais accepte de ne pas savoir par où la vie se prépare à passer. Plus tu seras proche du sol, plus tu te laisseras surprendre et plus la vie pourra jouer de sa musique douce et surprenante à travers toi.


Le Rituel de la Laitue : Vous allez vous concentrer sur un souvenir pour lequel vous avez ressenti de l'amertume. Cela peut être une relation qui vous a déçu, un objectif que vous n'avez pas atteint, une situation qui n'a pas abouti. Concentrez-vous quelques secondes sur ce que cette forme d'échec a provoqué en vous. Cela peut être de la déception, de la colère, de la tristesse, du ressentiment. Sentez ce que cette émotion provoque dans votre corps, dans votre estomac, dans votre vésicule biliaire. Si vous avez avec vous quelques feuilles de salade, croquez-les et rappelez-vous le parcours de la Laitue pendant ces siècles pour incarner le goût sucré. Croquez la salade et sentez ce que ce goût vous fait du bien. Puis réalisez que vous ne faites pas du bien en entretenant une attitude de ressentiment. Respirez profondément et sentez un sourire se dessiner et une paix vous envahir. Sentez que vous êtes prêt à pardonner et à passer autre chose. Sentez les intérêts secondaires que vous avez gagnés à ce que finalement la situation ne se passe pas comme prévu. Puis réalisez qu'une situation ne se passe justement jamais comme nous le souhaitons et que c'est en acceptant ces surprises de la vie que nous nous enrichissons.

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


La Laitue aiguise les sens, elle nous offre le sens de la vie. Elle montre à l'être humain le chemin de la Nature, là où celui qui s'est perdu dans une vie trop factice, trop agitée, trop fabriquée, s'est égaré trop loin de sa propre nature. La sphère psychique de la Laitue s'enroule sur elle-même avec force et plaisir. La Laitue est fort contente de son être et ignore toute tension, tout souci. Elle tend la main à l'être humain qui ne sait pas vraiment profiter, jouir de ce qui EXISTE, à celui qui n'a pas suffisamment conscience qu'il existe déjà tant de choses dont il peut se délecter en lui-même, dans la vie. L'être pur dans la nature, sans plus... Elle invite l'être humain à vivre à partir de ce sentiment originel du contentement issu de son propre être. Point n'est besoin qu'il existe quoi que ce soit au-delà de notre propre nature.

"Débarrasse-toi du luxe, du confort, de l'avidité, du superflu dans ta vie et apprends à te contenter de "toi-même", de ta nature", semble lui dire la Laitue. Dans cette optique, elle apparaît comme un véritable combattant de la liberté. On la prendrait pour un scout qui part en n'emportant que le strict nécessaire dans son sac à dos. Il vit et jouit des plus belles choses de la nature. Sachant bien se débrouiller, il n'a besoin de rien d'autre. Il hume avec délice cette splendide nature ; il perçoit son environnement intensément, par tous ses sens, de façon intentionnelle, ouverte et joyeuse. Aussi la Laitue dit-elle : "Ouvre-toi au sublime, à l'essentiel de la vie.... Respire, hume, observe, goûte !" Tout est là, rien ne manque pour être heureux... Cependant l'être humain ne cesse de se rendre malheureux en tournant ses pensées vers le négatif ou vers l'inexistant. Il se fait du souci pour la vie au lieu d'en retirer tout ce qui est possible afin de se rendre heureux. Tombant d'un mécontentement dans l'autre, il finira par ne plus rein s'attirer de joyeux s'il persiste à vivre ainsi !

La Laitue dit : "prends le départ au début, en toi-même, et traverse la splendeur de la vie avec l'enthousiasme d'un Sagittaire affranchi. Aie foi en cette force et en la beauté de la vie même. Ouvre-toi à ce qui se révélera à toi... Ne te remplis pas au point que ta Nature se sente étouffée ! Libère-toi, détends-toi, ouvre tes poumons et respire la vie dans la joie !"

C'est seulement quand l'être humain s'ouvre à cette beauté que celle-ci pourra se manifester à lui. S'il se tourne dans une espérance joyeuse vers le positif, celui-ci se révélera à lui.

"Garde la tête droite, regarde en avant et laisse le passé pour ce qu'il est... cultive l'espérance de vivre des choses magnifiques : c'est à partir de cette attitude que l'on fait l'expérience de la vie dans ce qu'elle a de véritablement beau ; vif et spontané, le coeur léger, joyeux et alerte !" dit la sphère de la Laitue.

L'être humain ne se précipite à aucun moment ; il ne se laisse bousculer par rien ni personne, bien au contraire. Il n'écoute que son propre rythme ; il s'accorde entièrement sur la fréquence de sa propre nature. Ceci le calme intérieurement. Il ne se laisse pas affoler par les choses du monde mais se tourne, joyeux, vers le vert feuillage des arbres. Il ne se souvient plus du tumulte de la vie. L'être humain qui a envie de Laitue a besoin de se vivre à partir de cette nature sans se laisser happer par l'agitation d'une existence superficielle et trépidante. Il veut, au fond, percevoir, observer et jouir ainsi de la vie. Il aspire à bien se détendre la tête. Sa vie pourra toujours avoir l'allure de "vacances".

Dans la sphère de la Laitue, l'être humain se débrouille par lui-même : il apprend à compter sur lui seul ; il ne "dépend" nullement d'autrui. Il sait qu'il doit voler de ses propres ailes. Il doit y parvenir par lui-même. Désormais nanti d'une saine curiosité, il prend la route en toute confiance. "Non, je saurai bien me débrouiller seule, je n'ai "besoin" de personne !" dit la Laitue. "Je jouis pleinement de ma personne, de la vie dans la Nature... Tu peux partager ma délectation, mais rien ne t'y oblige. Je me sens libre et spontanée." L'être humain s'abandonne à sa propre Nature et ressent un repos bienfaisant ; rien ni personne de son entourage ne saurait le déloger de ce champ de repos intérieur. Ses pensées cessent de voltiger nerveusement dans tous les sens : il vit dans le moment PRÉSENT et peut s'abandonner à ce qu'il voit, vit et perçoit dans cet ici maintenant sans avoir besoin de faire tourner son cerveau à plein régime pour se tenir au courant de ce qui s'est passé hier, de ce qui pourrait se produire demain? Il a besoin de prendre la journée comme elle vient... de moins planifier, de moins penser, de moins programmer. sa tête s'allège, se libère. Il se sert plus de ses sens qu'autrefois Vivant dans une saine insouciance, il entreprend les choses par étapes, sans rien forcer.

Celui qui a envie de Laitue a besoin de repos intérieur et ne devra pas se laisser absorber par une existence stressante. Il a besoin de choisir pour "lui-même" sans se laisser remorquer par les autres, par un groupe, par un système social. Il doit se libérer, souvent au sens propre comme au figuré, d'un canevas dans lequel il s'est immobilisé Il ne suivra que son propre rythme interne. Il écoute davantage sa Nature au lieu de se figer dans un cadre structurel immuable et artificiel !

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Mythologie :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


LAITUE (Lactuca Sativa L.). — La laitue était considérée dans l’antiquité comme une nourriture néfaste ; on en faisait grand usage dans les repas funéraires, spécialement en souvenir de la mort d’Adonis, fils de Myrrha, que la déesse Aphrodite avait caché sous des feuilles de laitue ; un sanglier, en mangeant des laitues, avait disait-on, blessé à mort le beau garçon. D’autres disent que le jeune homme caché par Vénus sous la laitue était Phaon de Lesbos et non pas Adonis. Dans les contes des frères Grimm, où il est fait mention du Krautesel, le jeune héros trouve de la salade ; il en mange et il devient un âne ; mais, grâce à une autre herbe, il retrouve sa première forme. Ainsi, dans Apulée, l’âne en mangeant des roses redevient homme. Dans une légende de Jacopo della Voragine, on voit paraître un démon au milieu des feuilles de laitue. Chez Nider, Liber insignis de Maleficis, nous trouvons ce récit : Simile videtur huic, quod primo Dialogorum refert B. Gregorius de quadam Dei famula in monasterio virginum, quæ hortum ibidem ingressa, lactucam conspiciens et concupiscens, quam, signo crucis benedicere oblita avide momordit, arrepta a Daemone cecidit, et vexabatur, quousque statim vocato beato ibidem patre Equitio, per eundem liberata est. » D’après le livre De secretis mulierum attribué à Albert le Grand, par la laitue on peut juger si une jeune fille est encore vierge : « Accipe fractum lactucae et pone ante nares ejus ; si tunc est corrupta, statim mingit » (cf. Lis, Mauve). D’après les Apotelesmata d’Apomasaris (Francfort, 1577), si on voit de la laitue en songe, c’est une annonce de malheur. D’après Ibicus, philosophe pythagoricien, la laitue appelée eunuchion, et par les femmes astylida, empêche la génération ; si des enfants naissent, elle en fait des imbéciles ; ceux qui s’en nourrissent deviennent impuissants. On raconte qu’Eubolus adressait des vifs reproches à sa femme, parce qu’elle lui servait dans les repas de la laitue, recommandée seulement pour les repas funéraires. Pythagore, pour la raison contraire, se nourrissait de préférence de laitue. On prétend, d’après le médecin Apulée, que la lactuca leporina mise, sans qu’il le sache, sous le coussin d’un malade tourmenté par la fièvre, le guérira ; le même médecin, De virtutibus Herbarum, recommandait la laitue sauvage comme une médecine puissante : « Dicunt aquilam, quam in altum volare voluerit, prospicere rerum naturas, lactucæ sylvaticæ folium evellere, et succo ejus sibi oculos tingere, et maximam inde claritudinem accipere. Herbæ igitur lactucæ sylvaucæ succum cum vino optimo vetere et melle acapno, quod sine fumo collectum est, mixtum, in ampullam vitream condito, et eo utaris, summam medicinam experieris. »

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Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Dans les Ardennes, pour empêcher la salade de monter, on la pique le jour de la Trinité, avant le lever du soleil.

 

Jean-Marie Pelt, auteur d'un ouvrage intitulé Des Légumes (Éditions Fayard, 1993) aborde également le versant mythologique de ce végétal :


Les vertus thérapeutiques de la laitue avaient déjà été signalées par les pythagoriciens qui l'appelaient la « plante des eunuques », par allusion à l'action sédative qu'elle exerce aussi sur l'appareil génital. Au Moyen Age, on voyait dans les graines de laitue vireuse une drogue très sûre destinée à éviter au corps de « choir en pollution ». C'est à cause de ses effets anaphrodisiaques que le poète Callimaque représenta Adonis enseveli par Vénus sous un lit de laitues. La laitue est, en effet, très présente dans la mythologie : Faon, un batelier de Mytilène, eut un jour à transporter Vénus entre l'île de Lesbos et la côte ; il refusa tout paiement. La déesse le changea alors en un magnifique jeune homme. Séduite par sa beauté, la poétesse Sapho en tomba éperdument amoureuse, mais Faon la dédaigna. Pour se venger, Sapho le précipita dans la mer du haut du rocher de Leucade, et Vénus le transforma en laitue... On ne saura jamais si c'était pour le punir de sa sottise ou le récompenser de sa vertu.

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Contes et légendes :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Dans le Perche et dans les Vosges, en raison d'une idée analogique, les paysans sèment dans le cours ou dans le croissant, les plantes destinées à une belle croissance, alors que pour les autres, laitues, choux, etc., ils choisissent le décours.

[...] En Ille-et-Vilaine la graine de chanvre mélangée au cidre, dans la Loire-Inférieure la feuille de laitue cuite, endorment profondément.

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