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La Chicorée




Étymologie :

  • CHICORÉE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. xiiie s. bot. cikoré (Ms. Cambridge 0.1.20, Traité de méd., P. Meyer ds Romania, t. 32, 1903, p. 86) ; ca 1370 cicoree (J. Le Fèvre, Lament. de Matheol., I, 1269, Van Hamel ds Gdf. Compl.) ; 1528 chicoree (Sidrac le grant philosophe ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 305) ; 2. 1792 « racine torréfiée de la chicorée sauvage » (Encyclop. méthod. Méd. t. 4) ; cf. 1825 (Brillat-Savarin, Physiol. du goût, p. 116) ; 3. p. anal. a) 1694 « ruche froncée ou plissée, employée en garniture » (Boursault ds Lar. Lang. fr.), attest. isolée ; repris par Nouv. Lar. ill. ; b) 1831 archit. (Hugo ds Lar. Lang. fr.) ; 1832 (Hugo, Notre-Dame de Paris, p. 130). Cicorée, empr. au lat. médiév. cicorea, cicoria (viie s., Paulus Ægineta ds Mittellat. W. s.v., 571-59), lat. class. cĭchŏrēum (gr. κ ι ́ χ ο ρ α, κ ι χ ο ́ ρ ι α) ; la forme chicorée par infl. de l'ital. cicoria (1re moitié xiiie s. ds Batt.).


Lire aussi la définition du nom chicorée pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Cichorium intybus sylvestre ; Barbe de capucin ; Bois de corde ; Cheveu de paysan ; Chiche ; Chicorée à fourrage ; Chicorée à lapins ; Chicorée amère ; Ecoubette ; Gire-sol ; Laideron ; Létron ; Tournan-midi ; Yeux de chat ;

Cichorium endivia ; Chicorée frisée ;

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Botanique :


Selon Jean-Marie Pelt, auteur d'un ouvrage intitulé Des Légumes (Éditions Fayard, 1993) :


Y a-t-il plante plus commune que la chicorée sauvage, toujours si ardemment présente au bord des chemins ou des fossés, avec ses capitules de fleurs bleu vif et son architecture rameuse un peu dégingandée ?

Cette chicorée sauvage et sa cousine germaine la chicorée endive (Cychorium endivia), ont engendré la scarole, la frisée et l'endive. La scarole ressemble à une laitue non pommée, et la frisée présente le même aspect, mais ses feuilles sont découpées et crispées. La première est une chicorée d'hiver, la seconde une chicorée d'été. Grecs et Romains connaissaient selon toute vraisemblance les deux formes, qu'ils consommaient crues ou cuites. Mais ils ne connaissaient pas une troisième : l'endive, produite par étiolement, pratique horticole mise au point en Europe au cours du Moyen Âge.

La pratique de l'étiolement systématique a tout juste un siècle et demi, et consiste à priver la plante de lumière. Vers 1850, un certain Bresiers, chef de cultures au Jardin botanique de Bruxelles, découvre le processus de formation du chicon de chicorée ou witloof, c'est-à-dire « feuilles blanches » en flamand. Il cultivait ses chicorées dans les caves du Jardin botanique en l'absence totale de lumière. Il fut frappé par le fait que certaines racines donnaient de petites pommes allongées, et chercha la cause de ce développement si particulier. Il constata qu'il était dû à la présence, au-dessus des collets, d'une couche de terre exerçant une pression sur les jeunes feuilles en voie de développement, les obligeant à se maintenir imbriquées et pressées les unes sur les autres en forme de pomme. Le mode d'obtention ainsi trouvé fut conservé secret pendant longtemps, et le witloof resta un légume local durant plus de vint ans. Peu à peu, cependant, il pénétra dans la culture maraîchère des environs de Bruxelles, et la Belgique se fit exportatrice de ce nouveau légume, accueilli partout avec la plus grande faveur. En 1878, le premier cageot fut mis en vente aux Halles de Paris. Le crieur à qui l'on demanda le nom de ce nouveau légume répondit, sans plus réfléchir, « endive de Bruxelles. » L'endive était baptisée et ce nom lui resta.

Croissant dans l'obscurité, les endives sont incolores, car la chlorophylle ne peut se former qu'en présence de lumière. Les feuilles sans chlorophylle de l'endive sont donc la dernière invention perpétrée dans le groupe des chicorées. L'endive witloof est à l'origine, encore amère, propriété qui disparaîtra avec un intense effort de sélection.

Les endives sont très riches en eau et leur bilan calorique est faible ; roches en cellulose, comme toutes les salades, elles contribuent à la bonne circulation du bol alimentaire dans l'intestin, et constituent un mets particulièrement fin et rafraîchissant.

Les racines de chicorée servent également à préparer la chicorée torréfiée, succédané du café ; 186 000 tonnes de racines fraîches sont traitées annuellement en France - le quart de la production mondiale -, fournissant 40 000 tonnes de cossettes, morceaux parallélépipédiques de racines desséchées de 3 à 5 cm de côté, qui seront ensuite torréfiées et concassées. Ces cossettes contiennent une très forte teneur en inuline, un sucre condensé à base de fructose auquel la chicorée doit ses vertus diurétiques. on y trouve de surcroît les mêmes principes amers que dans la laitue sauvage, ce qui lui confère des propriétés stomachiques, diurétiques et dépuratives. Quant à sa substitution au café, c'est évidemment affaire de goût ; on laissera aux fins gourmets le soin de trancher, et l'on verra que l'arbitrage rendu ne penchera sans doute pas en faveur de la chicorée !

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Usages traditionnels :


Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) recense les différentes plantes alpines dignes d'intérêt :


Villars rapporte qu'en Dauphiné la racine de la chicorée, Cichorium Intybus, [...] était desséchée et moulue pour être mélangée à la farine d'orge et servir à faire le pain. En Savoie, cette tradition s'est perdue.

 

Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions supplémentaires sur la Chicorée :


La chicorée frisée : sans cœur et dans le noir de préférence pour plus de douceur ! Elles sont frisées, fines, grosses ou même en cornet comme parfois des religieuses nos chicorées, ce qui prêterait pour le moins à sourire avant que l'amertume des feuilles crues consommées, ni blanchies ni assaisonnées, ne tire une grimace à bien des gourmands imprudents ! Si pour les laitues ma préférence va à la "Grosse blonde paresseuse" à la fin du printemps, c'est à la "Grosse Pancalière" qu'elle va en automne pour les chicorées. Son nom n'y est pas pour rien bien sûr. J'avoue que ce n'est pas le hasard non plus si à la seconde place sur mon podium arrive la "Grosse pommant seule" que j'imagine, au moment de la semer, comme une dondon un peu revêche s'adonnant aux plaisirs solitaires. En troisième position, vient la délicieuse "Endivette toujours blanche". Elle, je l'imagine plutôt pauvrette et un peu souffreteuse. Un genre de chicorée à la Zola dont je me régale malgré tout sans la blanchir, après l'avoir semée aussi dru que de la roquette.

Mais revenons à nos salades. Comme les cardons ou les céleris branches, les chicorées se domptent à l'obscurité. Certains les ligotent, d'autres les emprisonnent sous cloche, bref, tout est bon pour les priver de lumière une bonne semaine avant de leur faire subir l'assaut final du jardinier. Ne pouvant faire de photosynthèse, elles perdent de leur amertume, s'adoucissent nettement. Et ça marche vraiment ! Même avec celles réputées sans cœur comme cette "grosse pancalière" - un nom étrange venant de Pancalieri, une province italienne très réputée pour ses cultures maraîchères En fait, ce mot « pancalier » désignait à l'origine, plutôt que des chicorées, des choux à feuilles, proches de ce qu'on appelle actuellement les choux kale. On désignait ainsi « une espèce de chou, haut sur pied, qui n'a pas de cœur, mais seulement des feuilles vertes », comme les décrit Chateaubriand. C'est également ainsi que l'on qualifia, en Vendée, les mous et les tièdes dans leur soutien à la révolte des Chouans. Être traité de pancalier revenait à dire que vous n'aviez pas de cœur ! Toujours est-il que ma chicorée, sans pomme et ligotée, va bientôt connaître les hommages de mon couteau et de ma fourchette. Rassurons-nous, elle ne va rien sentir puisqu'on nous répète que cette pancalière n'a pas de cœur !

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la chicorée :


CHICORÉE - FRUGALITÉ.

Horace a chanté la frugalité de ses repas , composés de Mauves et de Chicorée.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Chicorée - Frugalité.

A cause de la petite quantité de substance nutritive que contient cette plante.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :

CHICORÉE AMÈRE - FRUGALITÉ.

Une personne frugale jouit d'un sommeil salutaire, elle dort jusqu'au matin et son âme se réjouira en elle-même. Si l'on vous presse de manger beaucoup, levez-vous du milieu des convives et ce repos vous donnera du soulagement, et vous ne vous exposerez pas à la maladie.

Ecclésiaste, XXXI, 24-25.

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Chicorée - Frugalité.

C'est une excellente plante potagère peu nutritive, et bonne pour les convalescents. Elle vit de peu, aussi la rencontre-t-on souvent dans les endroits les plus arides qu'elle égaie de ses jolies fleurs bleues.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Chicorée sauvage (Cichorium intybus sylvestre) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Soleil

Élément : Air

Pouvoirs : Courage ; Puissance virile ; Invisibilité.


Utilisation magique : Un pied de Chicorée sauvage cueilli après la pleine lune des jours caniculaires et arraché de terre avant le lever du soleil avec accompagnement de cérémonies et d'exorcismes est un puissant protecteur contre les maléfices en tout genre. Si la cueillette se fait la nuit de la Saint-Jean, dans un silence absolu, avec un couteau en or, ces plantes-là auront vraiment des pouvoirs exceptionnels : leurs feuilles dentelées ouvriront n'importe quelle serrure, aucun coffre, fût-il à secret, ne leur résistera ; et l'homme ou la femme qui tiendra un de ces pieds dans sa main gauche sera invisible.

La racine de Chicorée sauvage, portée sur soi, donne le courage d'affronter les obstacles les plus insurmontables, avec la certitude tranquille d’en venir à bout.

Si vous briquez un poste qui peut vous apporter la gloire, mais où les risques sont grands, et demandant des qualités peu communes de force et d’audace la tradition recommande que vous vous fassiez longuement masser le corps entier au jus de Chicorée avant d'aller vous présenter. Les personnalités qui recevront votre candidature seront favorablement impressionnées, et il y a de fortes chances pour qu on vous confie la mission.

Mis sous le nez d'une personne lâche, ou simplement timorée, un pied de Chicorée lui donne une crise d'angoisse. Mêlée avec du sang de huppe femelle et mise dans une lampe avec de l'huile, la plante provoque des effets hallucinogènes chez toutes les personnes éclairées par cette lampe.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Les Égyptiens connaissaient déjà les pouvoirs de la chicorée contre les maléfices. Au Moyen Âge, on conseillait d'en récolter la racine la nuit de la Saint-Jean, à genoux, en silence (prononcer un seul mot pouvant faire mourir) et en utilisant un ustensile, un couteau par exemple, en or ou en argent : outre la protection qu'elle offrait  contre la sorcellerie, la plante permettait alors d'ouvrir les serrures et de franchir tous les obstacles. On croyait également qu'elle rendait invisible celui qui en tenait dans la main gauche ou qui en mâchait quelques feuilles.

Arrachée selon un rituel différent, la racine de chicorée devient le talisman de tous ceux qui partent en expédition. On dit d'ailleurs que de nombreux pionniers américains et chercheurs d'or lui ont fait confiance. L'opération doit impérativement se dérouler entre le 21 mars et le 21 septembre, entre la nouvelle lune et le premier quartier. Voici comment il faut s'y prendre :

  • Procurez-vous une planche taillée en biseau qui vous servira de bêche ; une branche flexible mais solide et assez longue ; un morceau de ficelle, genre ficelle de cuisine et un linge ou un foulard de 30 x 30 cm.

  • Arrivez sur les lieux où vous attacherez la chicorée, dans la nuit du vendredi au samedi ; entre minuit et une heure du matin.

  • Plantez la branche flexible dans la sol à côté de la chicorée. Prenez la ficelle de cuisine, faites un nœud coulant et passez-le autour de la chicorée.

  • Courbez la branche de façon à en abaisser l'extrémité de 15 ou 20 cm. Attachez l'extrémité libre de la ficelle à l'extrémité de la branche par un nœud solide.

  • Avec la planche taillée en biseau, dégagez la terre autour de la racine comme vous le feriez avec une bêche.

  • Au cours de ces opérations, vos mains ne doivent jamais toucher la chicorée (ni la tige, ni la racine).

  • Quand la racine est dégagée, la branche se détend, soulevant la chicorée au-dessus du sol.

  • Prenez la chicorée suspendue à la ficelle à travers le linge ou le foulard. refermez ce morceau de tissu en paquet. coupez la ficelle. Rentrez chez vous.

  • Aussitôt arrivé chez vous : déposez la chicorée enveloppée dans un endroit sombre et sec.

  • Ouvrez le foulard ou le linge de façon que la racine soit exposée à l'air.

  • Laissez sécher sur le foulard ou le tissu pendant six ou sept mois au moins.

  • Retournez la racine tous les trois jours pour en éviter le pourrissement. Quand la racine est sèche, mettez-la dans votre poche : c'est un talisman très efficace. [A condition de ne jamais révéler sa présence, sinon elle perd tous ses pouvoirs.]

Déracinée le 29 juin ou le 25 juillet avec une pièce d'or ou une corne de cerf, la plante a la particularité de faire connaître à son possesseur les qualités souhaitées par la personne aimée.

Sachez également que se passer du jus de chicorée sur le corps permettait autrefois d'obtenir les faveurs des "grands". Aujourd'hui encore, "si vous briguez un poste qui peut vous apporter la gloire, mais où les risques sont grands, et demandant des qualités peu communes de force et d'audace, la tradition recommande que vous vous faisiez longuement masser le corps entier au jus de chicorée avant d'aller vous présenter. Les personnalités qui recevront votre candidature seront favorablement impressionnées, et il y a de fortes chances pour qu'on vous confie la mission".

Si une personne sous le nez de laquelle on met un pied de chicorée a une crise d'angoisse, c'est qu'elle est lâche ou timorée.

En Angleterre, la chicorée permettait de pénétrer dans les rochers et les régions souterraines.

Selon une tradition allemande, les chicorées abritent l'âme d'hommes maudits ou méchants, sauf celles de couleur bleue qui sont associées aux hommes vertueux.

En Vendée, on dit que la plante semée le 1er mai, sauf s'il s'agit d'un dimanche, ne monte pas.

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi la Chicorée (Cichorium intybus) :


"Cette plante vivace pousse à l'état sauvage aussi bien en Europe qu'en Amérique du Nord ; ses branches sont angulaires et ses feuilles, dentelées ; sa tige contient un liquide amer et ses fleurs sont d'un bleu tendre.


Propriétés médicinales : Il s'agit d'un stimulant similaire au café. Le jus extrait des feuilles et des fleurs favorise la production biliaire, l'élimination des calculs biliaires ainsi que des surplus de muqueuses. La chicorée régularise l'activité de la rate et est recommandée en cas de jaunisse. Elle accroît l'appétit et facilite la digestion.


Genre : Masculin.


Déités : Apollon.


Propriétés magiques : Réduction des obstacles - Obtention de faveurs - Invisibilité.


Applications :

SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • A une certaine époque, on croyait que la chicorée rendait invisible et permettait d'ouvrir les cadenas et les portes verrouillées ; pour ce faire, il fallait cueillir la plante sur le coup de minuit à l'aide d'un couteau à lame d'or.

  • Une tradition veut que si l'on enduit son corps d'un extrait de chicorée, on obtient facilement les faveurs que l'on demande.

SACHET POUR VAINCRE LES OBSTACLES

Ce dont vous avez besoin :

  • quelques feuilles de chicorée

  • une chandelle rouge

  • de l'encens de sang-de-dragon

  • un morceau d'ivoire

  • un petit sac rouge

Rituel : Allumez la chandelle et l'encens. Dans un petit sac rouge, placez de la chicorée que vous aurez réduite en poudre, ainsi qu'un morceau d'ivoire (ou une dent de requin ou de loup). Consacrez ensuite ce sachet, puis portez-le autour de votre cou, sur la peau, afin d'augmenter votre capacité de vaincre les obstacles et de réussir ce que vous entreprenez."

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Selon Claire Tiberghien, auteure de Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir (Éditions Jouvence, 2016), la chicorée sauvage présente de multiples intérêts :

Élément : Bois.


De son nom latin Cichorium intybus, la Chicorée sauvage fait partie de la famille des Astéracées. Sa particularité nous amène à l'essence.

Pendant des siècles, on l'a utilisée pour préparer des philtres d'amour. Au 1er siècle av. J. C., on la mélangeait avec de l'eau de rose et du vinaigre pour soigner les maux de tête. Aujourd'hui, sa racine grillée peut remplacer le café.

Les forces thérapeutiques de la chicorée sauvage agissent au niveau digestif. Son amertume ouvre l'appétit, tonifie le foie et l'appareil digestif. Cette plante stimule la sécrétion de la bile et exerce une action favorable sur le pancréas. Hypoglycémiante, elle officie également comme draineur rénal. Une infusion de ses feuilles est utile en cas de ballonnements, de flatulence, de constipation ou de maux de tête. La chicorée s'avère aussi efficace contre les rhumatismes, la goutte ou l'urticaire Chez les personnes souffrant de diabète, elle calme la soif et régularise l'élimination des urines.

Grâce à leur teneur élevée en fer, les fleurs de chicorée sont un bon soutien en cas d'anémie et de fortes pertes de sang. La cure dure trois semaines.


Sur le plan psychique : La chicorée aide à surmonter les obstacles de la vie, éclaircit la pensée et permet de se recentrer sur l'essentiel. Elle nous apporte de l'énergie et renforce nos défenses. Elle nous guide sur e chemin de la tolérance et de la paix de l'âme, tout en nous donnant le courage de prendre des risques. C'est une source de bonheur et de joie de vivre. La chicorée nous fait découvrir l'amour inconditionnel Elle améliore notre capacité d'expression et renforce notre confiance en nous.


Grâce à la Chicorée sauvage, je peux affirmer :

  • Je suis conscient de mon fonctionnement.

  • Je tire ma force du calme et de la tranquillité.

  • Je vois la vie avec l'énergie du cœur.

  • Je suis droit et sincère envers moi-même.

  • Je découvre l'innovation, même dans le chaos.

  • J'avance sur le chemin de ma vie avec droiture.

  • La pleine confiance m'ouvre à la patience.

  • Je sais ce que je veux et j'ose m'occuper de mes besoins.

  • Je laisse la chaleur de mon cœur circuler en moi.

  • Enraciné, je renforce ma stabilité.

La méditation de la Chicorée sauvage : C'est le milieu de l'été. L'aube se lève. La journée s'annonce chaude et radieuse. Un peu en retrait du chemin qui surplombe la vallée, vous marchez sur un sol dur, sec, légèrement caillouteux. La vue est dégagée. Vous admirez, au-delà des montagnes, le scintillement qui annonce l'arrivée du soleil, éblouissant la nature qui se réveille. A vos oreilles, les premiers babillements des oiseaux percent joyeusement le silence.

Les rayons du soleil éclairent de magnifiques fleurs bleu-mauve. Vous découvrez, avec admiration, les fleurs de chicorée. Plein de respect, vous ressentez de la reconnaissance pour ces fleurs si droites, si patientes. Vous songez à l'endurance de cette plante qui peut croître et fleurir sur ce sol aride.

Toute son attention se dirige vers le soleil, et une à une, ses fleurs s'ouvrent, lentement, majestueusement. Des fleurs équilibrées, régulières, délicates. De quoi sera fait aujourd'hui ?

Le soleil poursuit son chemin dans le ciel et la chicorée ne le quitte pas des yeux. Dans ce tête-à-tête muet, elle oublie l'attente et accueille ce qui est bon pour elle maintenant.

Imaginez votre corps baignant dans une douce lumière bleu-violet. Une énergie légère, mais dynamique, vous envahit. Vous réalisez toutes les petites joies que la vie vous offre chaque jour. Prenez le temps de les ressentir.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


La Chicorée frisée n'est pas l'objet d'un article spécifique mais est classée avec l'Endive et la Scarole.




Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


CHICORÉE (Cichorium sativum) est la chicorée des potagers ; mais celle qui joue un grand rôle légendaire est la chicorée sauvage, cichorium intybus. Le peuple allemand l’appelle wegewarte, c’est-à-dire gardienne des chemins ; wegeleuchte ou lumière du chemin ; sonnenwende, sonnenwirbel ou solstice, sonnenkraut ou herbe du soleil, et enfin verfluchte jungfer, ou jeune fille maudite. Le peuple allemand raconte aussi qu’autrefois les chicorées étaient des hommes maudits ; les chicorées bleues, si nombreuses, des hommes vertueux ; les chicorées blanches, beaucoup plus rares, des hommes méchants. Mais la véritable légende est autre, et c’est le feu professeur Mannhardt qui nous l’apprend in extenso.

Un vieux chant populaire de la Silésie autrichienne raconte l’histoire d’une jeune fille qui, pendant sept ans, pleura son bienaimé tombé à la guerre. Lorsqu’on voulait la consoler et la décider à se choisir un autre époux, elle répondait :

Eh wenn ich lass das Weinen stehn,

Will ich lieber auf die Wegscheid gehn,

Will dort ’ne Feldblum werden,


c’est-à-dire : « Je cesserai de pleurer lorsque je deviendrai une fleur des champs sur les chemins. » En Bavière, la même légende est encore plus tendre, plus délicate et plus détaillée. On raconte donc qu’une jeune et belle princesse fut un jour abandonnée par son jeune époux, un prince qui était d’une beauté incomparable. La douleur épuisa ses forces ; près de mourir, elle prononça ce vœu : « Je voudrais mourir et je ne le voudrais pas, pour revoir mon bien-aimé partout. » Les demoiselles ajoutèrent : « Et nous aussi nous voudrions et nous ne voudrions pas mourir, pour qu’il puisse nous voir sur tous les chemins. » Le bon Dieu entendit du ciel ces vœux, et les exauça : « Fort bien, dit-il, que votre désir se réalise, je vais vous changer en fleurs. Toi, princesse, tu resteras avec ton habit blanc sur tous les chemins où ton bien-aimé passera ; vous, jeunes filles, vous resterez sur les chemins, habillées de bleu, de manière qu’il puisse vous voir partout. » Voilà pourquoi on appelle maintenant ces fleurs les gardiennes des chemins (wegewarten). Le poète Hans Vintler, en l’année 1411, chantait, d’après la tradition populaire tyrolienne :

Viele bezeugen die Vegewart

Sei gewesen ein’ Fraue zart

Und warte ihr’s Buhlen noch mit Schmerzen,


c’est-à-dire : « Beaucoup de personnes attestent que la gardienne des chemins a été une femme gentille, et qu’elle attend toujours avec douleur son amant. » Le nom du jeune prince ou roi n’est point donné par la légende allemande ; mais ne serait-il pas le même Fioraliso, le même Basilek qui, en Italie et en Russie, a donné le nom au bluet ? La grande ressemblance qu’il y a entre la fleur de chicorée et le bluet justifierait peut-être cette conjecture à laquelle semble, d’ailleurs, ajouter du poids la ressemblance du conte petit-russien du Basilek, avec le conte allemand de la Wegewarte, et peut-être aussi le conte sicilien d’Isabetta, que nous avons cité au mot Basilic. La jeune princesse allemande est abandonnée par son époux ; ne serait-il pas ce même époux que la nymphe russalka a attiré vers elle et perdu ? Cette funeste rivale de la jeune princesse qui pleure jusqu’à la mort l’abandon de son époux lumineux, et qui, en mourant, le cherche encore, ne symboliserait-elle pas la nuit humide qui attire dans ses bras chaque soir le soleil, et qui le soustrait ainsi à l’amour de son épouse, l’aurore, qui se réveille tous les jours avec le soleil, ainsi que la fleur de chicorée ?

Quel que soit le nom du jeune prince sur la terre, — Fioraliso, ou Basilek, ou Basilic, — le beau jeune homme, le beau prince, le roi d’incomparable beauté, que maintenant la princesse changée en fleur de chicorée, en sonnenkraut, en herbe de soleil, regarde toujours et de tous les chemins avec amour, est certainement le soleil, vers lequel elle se tourne continuellement. En effet, cette fleur s’ouvre avec le soleil, et se ferme dès que le soleil disparaît. Le vieux botaniste allemand (1309-1381), le prêtre Conrad de Megenberg, sur les traces de ses prédécesseurs français, qui traduisaient sans doute en latin la langue vulgaire, appelle la chicorée non pas seulement solsequium, mais sponsa solis. On dira maintenant : Comment pourrait-elle, la jeune princesse, représenter l’aurore, si la fleur de chicorée a la couleur bleue ? Mais il y a aussi la chicorée blanche, et la légende germanique dit précisément que la jeune princesse habillée de blanc fut changée en fleur blanche, pendant que sa suite se transformait en fleurs bleues. En Allemagne, comme à Rome, où l’on vendait, sous le nom d’erraticum, ambubeia, la semence de la chicorée comme une panacée, mais surtout comme un moyen de fixer l’amour, on attribue des propriétés prodigieuses et toutes bienfaisantes à la chicorée ; on ne la déracine pas avec la main, mais avec une pièce d’or ou une corne de cerf, qui symbolisent le disque et les rayons du soleil, dans l’un des jours des apôtres (Le 29 juin et le 2 juillet). Alors elle garantit à celle qui la déracine l’amour du jeune homme qu’elle aime. Elle fait encore un miracle plus éclatant si on la porte sur soi : elle donne à celui qui la porte la notion de toutes les bonnes qualités souhaitées en lui par la personne qu’il aime.

La racine de chicorée rompt tous les liens, ôte les épines de la peau, et rend invisible. Après avoir examiné les différentes traditions germaniques qui se rapportent à la fleur de la chicorée, le professeur Mannhardt reproduit le beau chant des Roumains, où l’on raconte comment le soleil demanda en mariage une belle femme qui s’appelait Domna Florilor, ou la Dame des fleurs : elle le dédaigna ; le soleil se vengea en la transformant en fleur de chicorée, condamnée à regarder toujours le soleil dès qu’il paraît sur l’horizon, et à s’enfermer dans sa tristesse dès qu’il disparaît. Le nom de Domna Florilor, une espèce de Flora, donné par les Roumains à la femme aimée par le soleil, nous approche peut-être davantage du nom de Fioraliso, donné en Italie au bluet, et que je suppose avoir représenté le soleil. La légende roumaine a sans doute pris sa source en Italie, où elle a pu se développer sur un mythe hellénique, et précisément sur les amours du soleil Hélios avec la belle Klytia. Par la vengeance de Vénus, indignée contre le soleil, qui avait découvert ses entrevues secrètes avec Mars, Hélios abandonna Klytia, étant tombé amoureux de la brillante Leukothoë. Klytia, emportée par la jalousie, dénonça l’intrigue au père de Leukothoë, Orchamos, qui ensevelit sous une colline de sable sa fille toute vivante. Une plante aromatique en sortit ; cette plante était l’encens, le thus81. En attendant, Klytia continuait à être tourmentée par sa jalousie, et à désirer ardemment le retour de son amant, qui s’était entièrement refroidi pour elle. Après s’être, pendant neuf jours, nourrie de rosée et de ses propres larmes, en regardant le soleil, elle s’affaissa sur le sol, et fut transformée en une fleur blanche et rouge, qui continue à se tourner du côté de son amant volage. Dans la belle Klytia, le professeur Mannhardt reconnaît aussi une espèce de reine des fleurs, de Flora, ou déesse du printemps, figure mythologique qui se confond souvent avec celle de l’aurore, et dans Leukothoë la lune, la blanche rivale de l’aurore, la déesse de la nuit et de l’hiver, qui attire vers elle le soleil.

Dans la fleur Klytia on a cru reconnaître l’héliotrope, à propos duquel on se rappelle ce qu’écrivait au XVIe siècle le médecin napolitain Porta, dans son livre des Phytognonomica, où l’héliotrope est censé indiquer les heures. Les vingt-quatre jeunes filles qui entourent Leukothoë (la lune) entouraient probablement aussi Klytia (l’aurore) et devaient symboliser les vingt-quatre heures du jour. Porta constate qu’on appelle solis sponsa l’héliotrope « quod expergiscatur et occubet crepusculis sopita, desiderio quodam redeuntis syderis ex ortu, idem perdius, atque foedere quodam amantis intueatur solem et ob id amica solis aliquibus dicatur. » Maintenant on appelle vulgairement l’héliotrope vanille, à cause de son parfum ; on lui donne le nom d’une plante aromatique orientale, comme on a personnifié Leukothoë dans une plante aromatique de l’Arabie, l’encens. S’il y a dédoublement d’un même mythe dans les légendes de Klytia et de Leukothoë, on comprend que les deux jeunes filles aimées par le soleil se trouvent toutes les deux représentées par une plante parfumée. Et si, comme je le suppose, la légende du basilic est en rapport avec ces plantes solaires, ce rapport s’expliquerait encore mieux par leur qualité commune d’herbe odoriférante. Nous allons voir, d’ailleurs, à l’instant même, les rapports de la Klytia avec l’Indienne tulasî (ocimum sanctum), et il ne sera plus étonnant que notre propre ocimum, le basilic, joue un rôle mythologique analogue. Des équivoques de langage ont dû, sans doute, contribuer en partie au déplacement ou plutôt au renouvellement du même mythe, qui s’est développé sous plusieurs formes légendaires à peu près parallèles. Ces confusions sont très fréquentes dans la nomenclature botanique, où le même nom a été attribué à une foule de plantes différentes.

Un conte slave silésien nous ramène, en attendant, à notre point de départ, à la chicorée. Le magicien Batir a une fille, appelée Czekanka ; elle aime le jeune Wrawanec ; mais un rival lui tue son amant ; elle se désespère et se tue sur le tombeau de son bien-aimé. En mourant, elle se change en fleur de chicorée, et donne à la plante son nom, czekanka. Dans la légende sicilienne d’Isabetta, les meurtriers de l’amant d’Isabetta semblent avoir été ses propres frères, qui lui enlevèrent le pot de basilic soigné par elle avec tant d’amour. Dans le conte slave, le meurtrier de Wrawanec, jaloux encore de Czekanka, jette sur la plante toute une fourmilière, dans l’espoir que les fourmis vont la détruire. Mais les fourmis, au contraire, se mettent à la poursuite du meurtrier, et l’obligent à se précipiter dans une crevasse de la montagne Kotancz. Dans l’Inde, enfin, l’herbe sacrée tulasî personnifie la déesse du printemps Lakchmî, sous sa forme de Sîtâ. Elle aussi aime son époux solaire Vichnu ou Rama, et elle en est brusquement séparée ; ayant été transformée en tulasî, elle porte dans sa main son herbe symbolique.

[...]

PANCRATIUM MARITIMUM. — L’un des noms donnés à la chicorée ; en Allemagne, on l’appelle aussi Meerlinse, et Machtblume, Machtlilie, Krafililie (fleur de la force, lis de la force). « Die erinnert (note le Dr Mannhardt, dans ses Germanische Mythen) au Thors Beinamen Thrûdarâss, Kraftgott. »

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Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Au XVIIe siècle, l'herbe de saint Jean devait être ramassée à jeun et sans parler ; la racine de chicorée que des gens portaient contre les maléfices avait été touchée par eux, à genoux avec de l'argent, un peu avant le soleil levé, et ils l'avaient ensuite arrachée de terre avec un ferrement et beaucoup de cérémonies.




Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque avec tendresse la Chicorée :

29 octobre

(Près de Peille)

[...]

Nigelle de Damas, ancolie des Alpes, chicorée sauvage : voici mes trois plantes surhumaines, mes trois fleurs bleues, au sens que Novalis donnait à ces mots. Ce sont les objets purs de mes émerveillements et de mes quêtes, les êtres autour desquels ma vie s'organise - les contrepoints de ma chanson éphémère.

[...] 1er août

(Fontaine-la-Verte)


Les capitules de la chicorée sauvage sont d'un azur qui les identifie à l'atmosphère. L'espèce a des tiges sinueuses comme un bouquet du Japon. Les feuilles sortent du pinceau subtil d'Hiroshige.

Je conduis mon âme en pâture à l'extrême limite des cinq dents de chaque ligule. Puis je l'enfouis dans le nid des fleurons capés de nuit et emmanchés d'hermine. enivrée de douce amertume, la partie la plus subtile de moi-même touche au Mystère

Fumée bleue

Pollen de chicorée

L'abeille le sait

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Régine Detambel consacre un ouvrage à Colette. Comme une flore, comme un zoo (Éditions Stock, 1997) dans lequel elle s'intéresse aux métaphores botaniques et zoologiques :


Fleurs de chicorée

« Regardez-moi, fleurs de chicorée, yeux plus cillés qu'une source dans l'herbe noire... »

Claudine s'en va

Si je devais recueillir, dans Claudine s'en va, toutes les citations comparant les yeux d'Annie à des fleurs de chicorée sauvage, elles ne tiendraient pas dans deux pages de grand cahier. Colette s’est gargarisée de fleurs de chicorée, elle les a amassées, infusées, s'en est étourdie, enivrée.

Le portrait d'Annie est une aveline mûre en guise de visage et, pour les paupières et les yeux, « une jarre élancée de grès fin, où trempent et fleurissent deux corolles bleues de chicorée sauvage. » Parfois, Colette choisit, pour la peau, un ton différent de l'aveline, un brun plus minéral : « Cette Annie, quels yeux merveilleux elle a, n'est-ce pas, mon cher grand ? Des fleurs de chicorée sauvage, écloses sur un sable brun... » dit Claudine à Renaud.

Il y aura, dans l'œuvre à venir, beaucoup d'autres fleurs de chicorée : « [Mistinguett] a-t-elle encore cette année, sa démarche qui rappelle celle de Réjane, ses prunelles couleur de fleur de chicorée, ses longues jambes, sa denture inattaquable, son gai sourire et son regard sentimental ? » Mais la plus jolie chicorée, la première, sauvage, fraîche, frisée, c'est Claudine adolescente, curieuse et délurée : « Je passe mon peignoir et cours à la fenêtre du salon, nu-pattes, coiffée comme une chicorée. »

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