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Le Charançon

Dernière mise à jour : 25 mars




Étymologie :


  • CHARANÇON, subst. masc.

Étymol. et Hist. [1370 sans réf., ni indication de forme ds Bl.-W.1-5] ; 1465 charenson (A. Joubert, Étude sur la vie privée au XVe s. en Anjou, p. 135 cité par Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 303) − 1564, J. Thierry, Dict. fr.-lat. ds Gdf. Compl. ; 1508 charenton (Eloy d'Amerval, Le Livre de la Deablerie, p. 766 ds IGLF) − 1550, B. de la Grise ds Hug. ; 1546 charanton (F. Rabelais, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, ch. II, p. 23 : Charrantons) − 1611, Cotgr. ; 1611 charanson (ibid.) − 1867, Lar. 19e ; 1678 charançon (Duez d'apr. Gdf. Compl.). Orig. discutée. L'étymon préférable semble être un gaul. *karantionos dér. par double suffixation (-nt- et -n-) du rad. gaul. *ker- *kar- désignant le cerf (cf. cerf-volant et le savoy. le cornu désignant un coléoptère ; J. U. Hubschmied ds Vox rom., t. 3, 1938, p. 72 ; v. aussi IEW t. 1, pp. 574-76 ; cf. sérancer). Une dér. du lat. caries (carie*) dont les dér. désignent des insectes rongeurs (v. REW, no1692, 1694, 1697, Schuchardt ds Z. rom. Philol., t. 26, pp. 411-412, FEW t. 2, pp. 374b-375a, s.v. caries) présente des difficultés morphol. : Brüch (ds Z. fr. Spr. Lit., t. 50, pp. 307-309) et EWFS2 supposent une dér. d'un a. fr. *charenz qui pour le 1er serait issu de carente pour *cariente d'un verbe *carire formé sur caries et pour le second serait dér. de caries par l'intermédiaire de *caring formé à l'aide du suff. germ. -ing servant à désigner des petits d'animaux ou de petits animaux.


Lire également la définition du nom charançon afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Insectes nuisibles, les charançons étaient accusés autrefois d’obéir aux sorciers : « La croyance est sans doute plus ancienne que le XVIIe siècle, où l’on cite expressément parmi les maléfices connus celui qui consiste à envoyer des charançons dans les greniers » (Paul Sébillot).

Au Moyen Âge, on croyait chasser les charançons d’un grenier à blé en y plaçant aux quatre coins un morceau de papier, sur lequel on avait écrit : Ibi ceciderunt, expulsi sunt inimici mei, ou bien Expulsi sunt quia non potuerunt stare.

 

Wikipédia précise que :


  • En 1498, les grands vicaires d’Autun mandent aux curés du diocèse d’enjoindre à une sorte de charançon pendant les offices et processions de cesser leurs ravages et de les excommunier.

  • Vingt ans après, l’official publie une sentence contre les charançons et les sauterelles qui ravageaient le territoire de Millières, dans le Cotentin.

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L’un des exemples les plus curieux des procès contre les nuisibles est celui qui fut intenté par les habitants de Saint-Julien aux charançons et insectes qui abîmaient leurs récoltes. C’était en 1545. Un commencement d’instruction judiciaire eut lieu et deux plaidoyers furent prononcés devant l’official de Saint-Jean-de-Maurienne, l’un pour les habitants, l’autre en faveur des insectes, auxquels on avait nommé un avocat. Ceux-ci ayant disparu subitement, l’instance fut suspendue et ne fut reprise qu’au bout de quarannte deux ans, en 1587, lorsqu’ils firent de nouveau irruption dans les vignobles de la paroisse de Saint-Julien. Les syndics dressèrent une plainte à l’official, qui nomma derechef un procureur et un avocat des insectes. Après plusieurs plaidoiries, les syndics convoquèrent les habitants sur la place Saint-Julien et leur exposèrent qu’il « étoit requis et nécessaire de bailler auxdits animaux place et et lieu de souftizante pasture hors les voignobles de Saint-Julien et de celle qu’ils eu puissent vivre pour éviter de menger ni gaster lesdictes vignes. Les habitants offrirent une pièce de terrede deux hectares et demi et de laquelle les sieurs advocats et procureurd’iceulx animaux se veuillent comptenter . La dite pièce de terre, peuplée de plusieurs espèces de bois, plantes et feuillages, comme lioulx, allagniers, cyrisiers, chesnes, planes, arbessiers et autresarbres et buissons, oultre l’erbe et pasture qui y est an assez bonne quantité ». Les habitants se réservèrent le droit de passage à travers la terre dont ils faisaient abandon et proposèrent de faire dresser en faveur des insectes un contrat de cession « en bonne forme et valable à perpétuité ». Cette délibération était du 29 juin. Le 24 juillet, le procureur des habitants présenta une requête tendant « à ce qu’à défaut par les défendeurs d’accepter les offres qui leur avaient été faites , il plut au juge de lui adjuger ses conclusions, savoir à ce que les dits défenseurs soient tenus de déguerpir les vignobles de la commune avec défense de s’y introduire à l’avenir sous les peines de droit. » Le procureur des insectes déclara ne pouvoir accepter, au nom de ses clients, l’offre qui leur avait été faite parce que la localité en question était stérile. Des experts furent nommés. Là s’arrêta les pièces connues du procès et on ignore la décision rendue par l’official.

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Littérature :


Sur le site du Comité National des Traditions Monégasques, on peut écouter en monégasque un texte transmis par Paulette Cherici-Porello et traduit par l'auteur du site :


LE CHARANÇON


Un charançon qui avait voyagé Tant et plus... Avait beaucoup appris Mais il s’était peu engraissé, Ce charançon.

Amer et affamé Tant et plus... A Monaco est arrivé. Il cherchait à se fixer, Ce charançon. Vite, vite il a mangé Tant et plus... Il a bu, il a chanté, Il a obtenu ce qu’il a voulu, Ce charançon. Au bout de quelque temps Avec raison... Il traitait le Monégasque de benêt, Ce charançon.

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) imagine le Charançon en preux chevalier :

31 décembre

(Mont Leuze)


Les crocus versicolores s'égrènent entre les brachypodes et les cistes. Il y a beaucoup à boire des deux yeux dans ces micro-coupes blanches, dont chaque lame de périanthe porte au revers trois rayures violet sombre.

Au creux du Graal, trois étamines s'achèvent en masses d'armes jaune vif, et encerclent un pistil aux stigmates gluants, orange et pourpres.

Perceval est un charançon de cinq millimètres, protégé par une armure de chitine gris, violet et blanc.

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