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  • Photo du rédacteurAnne

La Pieuvre, reine des profondeurs


Documentaire sur l'intelligence incroyable de cet animal pourtant décrié.


Pour le 100e Tour de France et les 10 ans de l'Inventaire national du Patrimoine naturel (INPN), le Muséum national d'Histoire naturelle s’associe, du 29 juin au 21 juillet, à France Télévisions et au Tour de France :

http://inpn.mnhn.fr/accueil/films-especes


Étymologie :

  • PIEUVRE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1866 (Hugo, Travaill. mer, p. 370) ; 2. 1866, 18 avr. «personne insatiable» (Événement ds Larch. 1872, p. 196). Mot normand (cf. puerve « poulpe ; femme méprisable », Dum. 1849 et Du Bois, Travers, Gloss. du pat. norm., Caen, A. Hardel, 1856), du lat. polypus «poulpe» (cf. FEW t. 9, p. 140a).

  • POULPE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1538 poupe « polype du nez » (Est.) ; 2. 1546 poulpre « mollusque » (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. XIII, 130) ; 1554 poulpe pourpe (Rondelet, Libri de piscibus marinis, p. 510). Empr. aux deux sens du lat. polypus (polype*), comme terme d'hist. nat. par l'intermédiaire du prov. pourpre/poupre.


Lire également la définition des noms pieuvre et poulpe pour repérer les premières pistes d'interprétation symbolique.

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Zoologie :


Selon Frans de Waal, auteur de Sommes-nous trop "bêtes" pour comprendre l'intelligence des animaux (Édition originale 2016 ; traduction française : Éditions Les Liens qui Libèrent, 2016) :

« L'exemple final, qui élargit peut-être encore la définition de l'outil, concerne la pieuvre veinée des mers proches de l'Indonésie. Nous parlons ici d'un invertébré : un mollusque ! On l'a vu récolter des coques de noix de coco. Puisque les pieuvres sont le mets favori de nombreux prédateurs, le camouflage est un de leurs buts principaux dans la vie. Au départ, les coques de noix de coco n'ont pourtant aucun avantage, car il faut les transporter, ce qui ne fait qu'attirer une attention indésirable. Étendant ses bras en membres rigides, la pieuvre trottine sur le fond marin en tenant son trophée dans certains de ses autres bras. Marchant maladroitement vers un repaire sûr, elle pourra ensuite utiliser les coques pour se cacher dessous. Un mollusque qui ramasse des outils pour jouir d'une protection future, si simple soit-elle : que de chemin parcouru depuis le temps où l'on voyait dans la technique le trait qui définissait notre espèce !

[...]

Certains aquariums publics donnent à voir l'intelligence de la pieuvre en l'enfermant dans un bocal en verre dont on visse le couvercle. Tel un véritable Houdini, la pieuvre met moins d'une minute à saisir le couvercle de l'intérieur avec ses ventouses et à le dévisser pour s'échapper.

Mais, quand on donnait aux pieuvres des bocaux contenant une écrevisse vivante, elles n'en faisaient rien. C'était un mystère pour les scientifiques, car ce mets délicat était tout à fait visible, et il bougeait. Peut-être les pieuvres avaient-elles du mal à dévisser un couvercle de l'extérieur ? Encore une de nos erreurs humaines de jugement ! Les pieuvres ont une très bonne vue,mais elles se fient rarement à ce sens pour chasser. Elles utilisent surtout le toucher et les informations chimiques, et sans ces indices elles ne peuvent reconnaître une proie. Dès que l'extérieur du bocal a été couvert de mucus de hareng, qui lui donnait le goût du poisson, la pieuvre est entrée en action et l'a manipulé jusqu'à l'ouverture du couvercle. Elle a vite retiré et mangé l'écrevisse. Une fois ces talents développés, c'est devenu une opération de routine. […] La pieuvre a le cerveau le plus gros et le plus complexe de tous les invertébrés, mais ses capacités extraordinaires s'expliquent peut-être autrement. Ces animaux pensent littéralement « hors cadre » - hors de leur tête. Une pieuvre possède près de deux mille ventouses, chacune équipée de son propre ganglion d'un demi-million de neurones. Cela fait énormément de neurones, en plus des 65 millions que compte son cerveau. Et une chaîne de ganglions court aussi tout le long de ses bras. Son cerveau est en relation avec tous ces mini-cerveaux, qui sont également en contact entre eux. Au lieu d'avoir un centre de commandement unique, comme dans notre espèce, le système nerveux du céphalopode fonctionne plutôt comme Internet : le contrôle local est très important. Un bras coupé peut ramper tout seul, et même ramasser de la nourriture. De même, une crevette ou un petit crabe peut passer d'une ventouse à l'autre, comme sur une courroie de convoyage, en direction de la bouche. Lorsque ces animaux changent de couleur de peau pour se défendre, la décision vient sans doute du commandement central, mais il est possible que la peau joue aussi un rôle, puisque la peau des céphalopodes détecte probablement la lumière. Cela paraît presque incroyable : un organisme dont la peau voit et dont les huit bras pensent indépendamment !

[…] Si l'on pouvait mettre « unique » au superlatif, la pieuvre serait l'espèce la plus unique de toutes. On ne peut la comparer à aucune autre – contrairement à notre espèce, qui dérive d'une longue lignée de vertébrés terrestres aux cerveaux et aux plans d'organisation corporelle structurellement similaires. Le cycle de vie des pieuvres est étrange. La plupart ne vient qu'un an ou deux ; c'est inhabituel pour un animal doté d'une telle capacité cérébrale. Elles grandissent vite, en s'efforçant de rester à distance des prédateurs, jusqu'au moment où elles ont une occasion de s'accoupler et de se reproduire, après quoi elles meurent. Elles cessent de s'alimenter, perdent du poids et entrent en sénescence. A propos de ce dernier stade, Aristote a observé : « Après la ponte […] elles deviennent insensibles, ne s'aperçoivent pas que le flot les soulève, et il est facile à un plongeur de les prendre à la main. »

Êtres solitaires à la vie brève, les pieuvres n'ont aucune organisation sociale à proprement parler. Étant donné leur biologie, elles n'ont aucune raison d'être attentives les unes aux autres, sauf comme rivales, partenaires sexuelles, prédatrices et proies. Il est sûr qu'elles n'ont ni ami ni conjoint. Rien n'indique qu'elles apprennent les unes des autres ou répandent des traditions comportementales, comme le font beaucoup de vertébrés, poissons compris. Par cette absence de lien social et de coopération, et pas leurs mœurs cannibales, les céphalopodes nous sont tout à fait étrangers.

[…] La pieuvre semble être le seul invertébré qui joue. Je dis semble, car le comportement de jeu est très difficile à définir, mais la pieuvre va plus loin que la simple manipulation et inspection des nouveaux objets. [...] Avec leur entonnoir, par exemple, les pieuvres lancent des jets d'eau sur ne bouteille en plastique qui flotte pour la balader d'un côté à l'autre de leur aquarium, ou pour se la faire renvoyer par le courant que reproduit le filtre à eau, comme si elles faisaient rebondir un ballon. Ces manipulations sans but précis et inlassablement répétées ont été interprétées comme des indices de jeu.

[…]

Roger Hanlon, scientifique du laboratoire de biologie marine de Woods Hole, dans le Massachusetts, a accumulé des vidéos sous-marines peu communes de pieuvres en action. Tout ce qu'on voit au départ, c'est une grosse touffe d'algues sur un rocher, mais, cachée au milieu, il y a une grande pieuvre, indiscernable de son environnement. Quand le plongeur approche et l’effraie, l'animal devient presque blanc, et l'on se rend compte qu'il représentait la moitié de la touffe d'algues. Il s'en va précipitamment en lançant un nuage d'encre noire : c'est sa deuxième ligne de défense. Il atterrit ensuite sur le fond marin et grossit énormément, écartant tous ses bras et tendant la peau entre eux comme une tente. Cette dilatation effrayante est sa troisième ligne de défense. [...] Enfin, il y a une championne du camouflage : la pieuvre mimétique, que l'on trouve au large des côtes indonésiennes. Cette espèce imite d'autres espèces. Elle agit comme un flet, adoptant la forme et la couleur de ce poisson, mais aussi sa nage caractéristique, ondulante, proche du plancher océanique. Elle peut imiter une douzaine d'organismes marins locaux, tels que la rascasse, les serpents de mer et la méduse. Nous ne savons pas exactement comment les pieuvres atteignent une capacité d'imitation aussi impressionnante. Il y a peut-être une part d'automatisme, mais il est probable qu'un apprentissage joue aussi – fondé sur l'observation d'autres créatures et l'adoption de leurs habitudes. »

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Dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) Emmanuelle Pouydebat expose les caractéristiques de la pieuvre à anneaux bleus (Hapalochlaena maculosa), qu'elle appelle la "surdouée des fonds marins" :


Survivre dans l'eau... Tel est l'objectif des animaux aquatiques. Et il n'en est un qui n'a pas son pareil pour s'adapter au milieu marin. La pieuvre ou poulpe à anneaux bleus est un octopode (huit tentacules) benthique (des fonds marins) qui évolue dans les massifs coralliens où il se nourrit de crustacés, de mollusques et de petits poissons. Pour survivre à son milieu, il est parfaitement adapté, que ce soit pour respirer dans l'eau, se dé&placer, chasser et se protéger.

Pour respirer dans l'eau, la pieuvre possède des branchies, comme les poissons. En forme de plume, ils sont dissimulés dans n sac musculaire dont l'ouverture est située derrière les tentacules. L'eau y est aspirée et passe par les branchies qui capturent le dioxygène dissous. La pieuvre bénéficie alors de trois cœurs pour diffuser le dioxygène : deux cœurs qui propulsent le sang vers les branchies pour qu'il se charge en dioxygène, et un cœur dit systémique qui distribue le sang oxygéné au reste du corps. L'eau est quant à elle expulsée par un entonnoir mobile situé sous leur ventre. Lorsque cette expulsion est rapide, elle crée une force de propulsion très puissante, utile à la pieuvre pour fuir extrêmement rapidement un prédateur. Les déplacements plus précis se font par l'ondulation des nageoires aidée par des tentacules utiles pour ramper sur les fonds marins et attraper la nourriture que la pieuvre déchiquette à l'aide de son bec très dur et tranchant.

Mais c'est sans nul doute pour se protéger dans son milieu marin que cette pieuvre est la plus performante. Tout d'abord, grâce à ses millions de cellules pigmentaires (les chromatophores, la pieuvre à anneaux bleus est capable, comme beaucoup de céphalopodes, d'homochromie, c'est-à-dire de changer perpétuellement de couleur pour se dissimuler sur le substrat.

Certaines pieuvres se recouvrent même de coquillages pour se cacher et positionner leurs tentacules sur les branchies des certains prédateurs comme les requins pour les empêcher de respirer et s'évader ! Outre ces camouflages perfectionnés qui peuvent parfois s'apparenter à une reproduction de l'apparence d'autres espèces (certains céphalopodes se « déguisent » en Bernard l’ermite !), la pieuvre peut projeter une nuée d'encre noire en se propulsant afin de se dissimuler et d'avoir le temps de s'enfuir. Si cela ne leur suffit pas, la pieuvre à anneaux bleus peut mordre. Elle injecte alors un venin mortel d'origine salivaire, l'un des plus puissants du monde animal. Ce venin contient une neurotoxine, la tétrodotoxine, qui provoque la mort par détresse respiratoire en quelques minutes et peut tuer un humain. Autant dire que les anneaux bleus sont donc extrêmement dissuasifs... Pour survivre en milieu aquatique, les céphalopodes possèdent trois cœurs, des millions de neurones, un système sensoriel hors normes avec un odorat qui perçoit la pression de l'eau, un toucher démultiplié par des milliers de ventouses autonomes, une vision percevant la réfraction de la lumière sur une surface, mais également une capacité à vivre en cités. La mère mourant peu de temps après l'éclosion des œufs, la transmission des connaissances pourrait sembler impossible. Mais nous savons désormais que les céphalopodes mémorisent, apprennent, innovent, jouent et que, encore dans leurs œufs, ils cumulent déjà des informations sur le monde extérieur à travers la membrane !


« Non seulement on a prétendu que ces poulpes pouvaient entraîner des navires, mais un certain Olaüs Magnus parle d'un céphalopode, long d'un mille, qui ressemblait plutôt à une île qu'à un animal. On raconte aussi que l'évêque de Nidros dressa un jour un autel sur un rocher immense. Sa messe finie, le rocher se mit en marche et retourna à la mer. Le rocher était un poulpe. » (Jules Verne)

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Croyances populaires :


Jean-Jacques Barloy, dans un article intitulé "Rumeurs sur des animaux mystérieux." In : Communications, 52, 1990. Rumeurs et légendes contemporaines. pp. 197-218 rapporte des anecdotes relatives à des couleuvres géantes :

Des pieuvres colossales : Les rapports sur des pieuvres de forte taille qui habiteraient le littoral provençal et la Côte d'Azur ne manquent pas. Comme les poulpes recherchent les secteurs rocheux, ce serait assez normal : d'ailleurs, les témoignages se poursuivent sur les côtes italiennes et grecques.

Ainsi, au milieu du siècle dernier, une pieuvre de 25 kilos et de près de 5 mètres d'envergure est capturée à Nice. En 1911, dans la rade de Toulon, un scaphandrier est attaqué par un poulpe, qui l'enlace. L'homme parvient à tirer la sonnette d'alarme et il est ramené inanimé à la surface. L'animal est tué : il avait environ 8 mètres d'envergure pour un poids de 60 kilos.

Vers 1920, un spécimen de 18 kilos et de 3,50 mètres d'envergure est tué par un scaphandrier dans la baie de Villefranche-sur-Mer.

En août 1936, un jeune Anglais de 13 ans est attaqué par une pieuvre au cours d'une plongée aux îles de Lérins. L'animal commence à l'enlacer. Un compagnon, plus âgé, vient à son secours et tue le mollusque, dont la taille n'est pas précisée.

A Nice encore, un tentacule long de 20 mètres aurait été découvert vers 1970, lors de la construction d'un immeuble. Une telle taille paraît cependant peu vraisemblable.

Ces dernières années, il était toujours question, dans les environs de Toulon, de deux rochers entre lesquels vivrait une redoutable pieuvre géante. L'histoire se raconte dans la région depuis plusieurs décennies.

Un témoignage plus précis m'a été rapporté par deux plongeurs chevronnés, Éric Colletta et Jocelyn Delétang. Au cours de plongées près des îles de Lérins, voici sept ou huit ans, ils ont pu observer une pieuvre géante de 6 à 8 mètres d'envergure. Celle-ci se tenait dans un ancien décor de cinéma installé sous un phare. Parfois ses tentacules pendaient, d'autres fois ils étaient repliés.

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Symbolisme :

Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :


"La pieuvre, animal informe et tentaculaire est une représentation significative des monstres qui symbolisent habituellement les esprits infernaux, voire l'enfer lui-même.

Le poulpe se retrouve dans l'ornementation de l'Europe du Nord, du monde celte et de la Grèce, ce qui pourrait expliquer une origine hyperboréenne. Il correspond au signe zodiacal du Cancer, et s'oppose au dauphin. Cette assimilation n'est pas sans rapport avec l'aspect infernal de l'animal, le solstice d'été étant la porte des enfers."

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Le poulpe, appelé « enfant du diable » par les Bretons, et à fortiori la pieuvre, de plus grande taille, « animal informe et tentaculaire », sont associés à l'enfer. Le poulpe, qui « s'oppose au dauphin correspond au signe zodiacal du Cancer : cette assimilation n'est pas sans rapport avec l'aspect infernal de l'animal, le solstice d'été étant la porte des enfers ».

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D'après Madonna Gauding, auteure de Animaux de pouvoir, Guides, protecteurs et guérisseurs (Octopus Publishing Group 2006 ; traduction française : Éditions Véga, 2006) :


Guide d'interprétation


En tant que symbole onirique

Régénération ; Camouflage ; Excentricité ; Dextérité manuelle ; Variabilité ; Métamorphose.


En tant que gardien ou protecteur.

Garde en utilisant un écran de fumée ; Protège en s'éloignant rapidement du danger.


En tant que guérisseur

Rétablit grâce à la créativité ; Soigne le syndrome du tunnel carpien.


En tant qu'oracle ou augure

Diversifiez vos atouts ; Soyez plus adaptable.


Mythes et contes

Kanaloa est le dieu hawaïen de l'Autre Monde, qui a pris la forme d'une pieuvre. Il est censé enseigner la magie.


Si la pieuvre est votre animal de pouvoir

Vous êtes timide parmi des gens que vous ne connaissez pas, mais confiant en territoire familier - voisinage, maison ou bureau. Vous êtes intelligent et capable de traiter indirectement avec les autres. A une soirée, vous arrivez à pratiquement vous fondre dans le décor. Les amis seront incapables de se souvenir de vos vêtements. Ils se rappelleront cependant que vous vous habillez de façon excentrique. Votre instabilité irrite les collègues de travail qui se basent sur vous. Vous pouvez prétendre être puissant, mais vos proches connaissent votre vulnérabilité émotionnelle et physique et vous protègent. Votre dextérité manuelle est exceptionnelle. Homme, vous avez du mal à vous abstenir des "jeux de mains".


Demandez à la pieuvre de vous aider

  • à remettre sur pied vos affaires après une perte ;

  • à admettre et à accepter votre vulnérabilité.

Accéder au pouvoir de la pieuvre en

  • lisant Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers ;

  • essayant des déguisements.

La pieuvre évite les prédateurs soit en nageant à reculons, soit en lançant un nuage d'encre imitant sa silhouette et lui servant de leurre. Quelles méthodes créatives pouvez-vous utiliser pour éviter les confrontations dommageables dans les affaires et la vie quotidienne ?


Élément Eau."

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Pour David Carson, auteur de Communiquer avec les animaux totems, puisez dans les qualités animales une aide et une inspiration au quotidien (Watkins Publishing, 2011 ; traduction française Éditions Véga, 2011), la pieuvre appartient à la famille de la Sagesse intérieure, au même titre que l'hippopotame, le chien, l'aigle, l'ours polaire, le cheval, le coyote, le papillon, la chouette, la salamandre, le saumon, le phoque, le paon, la grue, le tigre, le lièvre et le bœuf.


"Sagesse intérieure : Invoquer un esprit animal, c'est éveiller de nouvelles perceptions. tout phénomène naturel, y compris l'animal, est intrinsèquement mystérieux. L'indicible que recèle toute forme de vie nous ramène aux questions fondamentales sur l'existence. Comment et pourquoi s'est formé le cosmos ? Pourquoi les choses existent-elles plutôt que le néant (comme s'interrogent souvent les philosophes) ? La méditation peut nous apporter une conscience silencieuse des vérités qui se cachent derrière ces énigmes. Lorsque nous plongeons nos yeux dans ceux d'une autre créature, nous sommes confrontés à de profonds mystères, dont l'animal est l'incarnation vivante.

Ce chapitre présente les animaux susceptibles de nous guider vers de nouveaux indices et une acuité nouvelle. Si nous sommes prêts à nous ouvrir et à écouter, nous pouvons gagner en maturité spirituelle et avancer dans notre voyage intérieur. [...]

Autrefois, la pieuvre était fréquemment considérée comme un monstre des mers géant. Beaucoup d’œuvres d'art illustrent une grande goélette, toutes voiles dehors, écrasée par les rouleaux et prisonnière des tentacules d'une énorme pieuvre, poussant les marins à se jeter dans la mer écumante. Il existe cependant d'autres concepts, plus positifs, attachés à l'animal. Jadis, la pieuvre symbolisait aussi le centre du flot de la création. Elle possède huit appendices, tout comme la déesse hindoue Lakshmi a huit bras, le huit étant un chiffre spirituel synonyme d'équilibre, d’harmonie et de justice, de réalisation et d'achèvement.

L'animal est pourvu d'une large tête convexe en forme de cuillère, avec de grands yeux complexes, et sa tête est prolongée par huit membres. A l'aide de ces jambes, la pieuvre se propulse le long du fond marin sableux, chacune de ses tentacules présentant deux rangées de ventouses. Dotée d'un grand cerveau, elle est hautement intelligente et polyvalente. Elle peut en outre administrer des morsures empoisonnées. La pieuvre à anneaux bleus d'Australie, de la taille d'un œuf, peut même tuer un homme d'une seule morsure ; sans soin médical immédiat, la respiration s'arrête et le cœur lâche. La pieuvre peut changer de couleur et se fondre dans n'importe quel environnement et même disparaître dans un grand nuage d'encre lorsqu'elle ses sent sérieusement menacée.

Si cet animal vous attire, vous êtes sans doute prompt à saisir le sens des choses. La pieuvre réduit son stress en acceptant la situation, ne s'efforçant pas d'essayer de changer ce qui ne peut l'être. Elle se déplace par puissantes propulsions et résout les problèmes là où elle le peut - rapidement et efficacement. Ceux dont l'animal spirituel est la pieuvre restent éloignés des feux de la rampe. Lorsque votre chef réalise combien vous multipliez les tâches et parvenez à régler huit choses à la fois, il se peut qu'il ou elle souhaite saluer vos performances et vous récompenser - mais les projecteurs ne sont pas pour vous. Avec le pouvoir spirituel de la pieuvre, vous développerez une fondamentale capacité de survie dans les moments difficiles.


Mot-clé : Capacité de survie.

Devenir pieuvre

Peinture sur vase : Le peuple minoen célébrait toute forme de vie marine. Un fameux vase daté de 1 500 avant J. C. présente une pieuvre enroulé à la surface du vase. Célébrez votre esprit pieuvre avec art -peignez votre propre bol ou vase, avec des tentacules enroulées autour.


Méditez sur Lakshmi : Cette déesse de l'abondance, aux huit bras, fait partie d'un groupe de huit déesses associées à la prospérité, à la connaissance, à la force et au pouvoir. Fabriquez un autel pour cette divinité et placez-y les objets qui lui sont associés - lotus, sucre de canne et bananes - pour la remercier de sa générosité.


Faites du snorekling : Les récifs de corail sont l'un des habitats préférés des pieuvres et des poulpes. Partez nager sous l'eau, avec un tuba. Immergez-vous dans le monde spirituel de votre animal fort.


Masque pieuvre kwakiutl

Le peuple canadien kwakiutl vit sur la côte ouest de la Colombie-Britannique. Sa culture se fonde sur le festival potlatch, au cours duquel les richesses sont redistribuées. Les Kwakiutl fabriquent des totems raffinés et leurs danses cérémonielles sont animées par la magie et le pouvoir de l'esprit. Les chamans kwakiutl reçoivent leurs pouvoirs d'un esprit rêve et sculptent souvent de superbes masques, incluant celui de la pieuvre, pour honorer leurs pouvoirs par des danses cérémonielles. Généralement, ces pouvoirs sont tenus très secrets. Les Kwakiutl nomment la pieuvre : "ours des rochers".

Dans l'une de leurs légendes, une expédition de pêche disparut. Clam Shell Boy voulut savoir pourquoi et pagaya jusqu'à une île. Au bord d'un rocher, il trouva des os éparpillés, et le repaire d'une pieuvre mangeuse d'hommes. Il demanda à un chaman ce qu'il devait faire. "Tue le monstre en le transperçant quatre fois avec un bâton pointu trempé dans le sang d'une pieuvre", lui ordonna le chaman. Ce que Clam Shell Boy fit. Lorsque la pieuvre mourut, l'esprit d'un homme sortit d'elle et dit : "Tu m'as tué, je te transmets donc mes pouvoirs et le droit de porter mon visage." C'est ainsi qu'est né le masque sacré de la pieuvre."

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Dans son jeu de carte L'Oracle du peuple animal (Guy Trédaniel Éditeur, 2016), Arnaud Riou regroupe les animaux par famille. La pieuvre appartient selon lui à la famille de l'introspection avec le panda, le scorpion, la biche, le porc-épic, le griffon, la cigogne, le lapin, le sphinx et l'escargot.


"L'introspection. Lorsque vous tirez une carte de la famille introspection, c'est qu'un animal vient vous encourager à ne pas vous précipiter à agir, mais davantage à plonger en vous pour découvrir votre personnalité, le sens d'un obstacle ou d'une situation. Les animaux d'introspection vous aident à mieux vous connaître, mieux vous comprendre et mieux vous aimer dans votre développement personnel.

[...] Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les Dieux, enseignait Socrate. La première famille de cet Oracle du peuple animal est la famille de l'introspection. Lorsqu'une situation nous semble bloquée ou douloureuse, lorsque nous nous sentons perdus, il est nécessaire de revenir à soi, de chercher en soi les ressources nécessaires pour évoluer dans le bon sens.

Pour les chamans, le monde extérieur est une reproduction de notre monde intérieur. Si notre monde intérieur est fluide, apaisé, et si nous avons le cœur ouvert, nous allons attirer à nous des relations fluides, des situations apaisées et des personnes qui ont le cœur ouvert. Si en revanche, nous sommes blessés, si notre cœur s'est fermé et si nous sommes persuadés que les autres nous en veulent, nous allons attirer à nous des relations conflictuelles, douloureuses et toxiques. Chacun en a fait l'expérience, lorsque nous nous sentons amoureux, nous attirons à nous des belles personnes et des situations favorables.

Tous les changements démarrent de notre cœur. Pour transformer une situation, commencez par modifier le regard que vous portez sur une situation. Il n'existe aucun échec, il n'existe que des possibilités de s'améliorer, de ses développer et de grandir.

Lorsque vous tirez une carte de la famille de l'introspection, c'est une invitation à ne pas vous précipiter vers une solution ou une action. Prenez le temps de méditer, de vous comprendre. Les animaux de cette famille vont vous accompagner dans cette introspection pour vous apporter les images, les symboles, nécessaires à la juste compréhension de ce que vous traversez. [...]

C'est en plongeant dans les profondeurs abyssales

Que tu rencontreras la lumière de ton intelligence.

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La carte représente les fonds marins. Nous sommes à une profondeur où la lumière filtre peu. Seul un vortex de rayons solaires pénètre les tréfonds marins et éclaire une pieuvre. L'animal est en équilibre sur un rocher. Il semble à la fois flotter et être posé. La lumière bleue se reflète sur ses tentacules.

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La Pieuvre ou Poulpe vit dans les fonds marins, là où la lumière se fait plus rare. De par son environnement hostile et peu exploré encore par l'humain, la Pieuvre nous rappelle aux profondeurs de l'inconscient, aux tréfonds de la dimension archaïque de l'humanité, là où évoluent entre eux les poissons abyssaux et mystérieux. L'Océan est la dimension féminine de l'univers, c'est l'Océan qui brasse et fait circuler les émotions de l'humanité. La Pieuvre est dans son élément dans cet espace.

La Pieuvre est un animal solitaire. Elle installe son refuge dans le creux d'un rocher, souvent à cent mètres sous l'eau. Elle sort peu et quitte sa tanière pour en changer ou pour se nourrir au crépuscule, de crabes, d'écrevisses, d'escargots de mer et autres mollusques, qu'elle chasse dans une danse bien réglée où l'approche lente se termine par une forte propulsion. Puis, la Pieuvre attrape sa proie de ses huit tentacules, l'enserre et l'étouffe avant de la dévorer. Gourmande, la Pieuvre peut doubler de volume en trois mois. A chaque portée, la Pieuvre met au monde jusqu'à un demi-million d’œufs qu'elle couve avec une telle attention qu'elle en oublie de manger pendant plusieurs semaines. Elle est totalement dédiée à ses petits, et décline avant de mourir généralement à bout de force quelques semaines après la naissance. La Pieuvre ne peut alors rien transmettre de ses connaissances à ses progénitures qui devront apprendre par elles-mêmes. La Pieuvre évolue ainsi dans un rapport à la naissance et à la mort où une immense fécondité précède une mort certaine.

Son intelligence est remarquable. C'est probablement l'espèce la plus intelligente des invertébrés. Elle est capable de créer des outils, d'ouvrir toutes sortes de boîtes, d'adapter son apparence et son comportement à son environnement. Lorsqu'elle chasse, elle peut se fondre totalement au milieu des végétaux et des éponges, transformer sa couleur, sa texture. C'est ce qui lui permet de s'attaquer à des proies aussi impressionnantes que des requins. Ses neurones ne sont pas localisés dans son cerveau, mais dans ses huit tentacules qui abritent chacune une sorte de petit cerveau. Elle est dotée de neuf cerveaux, dont huit sont à l'extérieur. Les Pieuvres apprennent par imitation. Elles regardent faire les autres animaux et s'inspirent de leur comportement. On dit que si les Pieuvres apprenaient de leurs parents, elles deviendraient l'espèce la plus intelligente de la planète, privilège qu'elles refusent. C'est pourquoi les mères meurent après avoir donné naissance.

On dit que les Pieuvres sont les seuls survivants du monde qui nous précède. C'est pourquoi elles sont représentées dans les fresques et sur les amphores grecques. Elles sont alternativement symboles de sagesse et de fécondité.


Lorsque la Pieuvre vous apparaît dans le tirage, c'est pour vous inviter à utiliser votre intelligence dans sa globalité, et notamment à travers les différents niveaux de conscience physique, intellectuel, émotionnel, sensitif. La Pieuvre vous invite à vous relier à d'autres sources de connaissance pour apprendre et transmettre différemment.


Mots-clés : L'agilité - Les profondeurs - L'intelligence - La transmission - L'envahissement - La mort - L'éducation - Le contrôle.


Signification renversée : Par la description qu'en fit Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer et par celle de Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers, on imagine la Pieuvre comme un prédateur redoutable pouvant mesurer plus de soixante mètres et capable d'envoyer par le fond des navires qu'elle attrape et colle de ses tentacules. La Pieuvre est alors un symbole d'envahissement, de manipulation, de stratégie maléfique. La mafia italienne est surnommée "la Pieuvre", par ses ramifications, sa capacité à tout contrôler et par ses différents réseaux comme les tentacules d'une Pieuvre qui repoussent sitôt coupées. La Pieuvre dans sa situation renversée peut venir vous interroger sur ce que vous transmettez réellement à vos enfants, à votre descendance.


Le message de la Pieuvre : J'évolue dans le fond de l'océan. J'ai tellement exploré l'humanité que j'en connais les moindres recoins. Mon intelligence n'est pas limitée à mon cerveau. Il me suffit de toucher les rochers, les végétaux ou les humains pour en recueillir l'intelligence immédiate. J'ai associé l'intuition et l'expérience pour bâtir mon savoir. Je viens à toi pour t'apprendre à apprendre. Sur qui comptes-tu pour apprendre ? Sur des livres, sur des enseignants ? Sais-tu que tu peux apprendre différemment ? Qu'utilises-tu de ta propre observation des phénomènes pour apprendre ? Tu peux te faire confiance. Je viens t'apprendre à faire confiance à tes propres capacités de discernement et d'observation pour apprendre sur tous les sujets qui te concernent : l'alimentation, la santé, l'habitat, les voyages. Sache observer ce qui t'entoure. Ne considère rien comme acquis. Tu es sur la Terre pour apprendre toujours des choses nouvelles. Je vais t'accompagner. Avec moi, tu découvriras que l'apprentissage est infini.


Le rituel de la Pieuvre : Je me relie à l'esprit de la Pieuvre. J'accepte de recevoir en contact direct toutes les informations qui sont nécessaires à mon évolution. J'observe autour de moi la nature. Comment l'escargot fait-il pour glisser sur la terre, comment les hirondelles fabriquent-elles leur nid ? Je consacre le temps nécessaire à réellement regarder, dans les moindres détails, le comportement d'un animal ou d'un végétal. J'apprends, en regardant la nature, une chose nouvelle chaque jour. Je me rapproche de mes congénères, le boulanger, le conducteur de bus, mes voisins. Il y a quantité de choses qu'ils savent faire. Je leur demande dès que j'ai besoin de savoir une chose sur leur façon de résoudre les difficultés auxquelles ils sont confrontés. J'apprends en regardant, j'apprends par l'intuition, j'apprends en demandant. Je fais confiance à mes capacités d'apprentissage. Je me relie à la Pieuvre."

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la Pieuvre est définie par les caractéristiques suivantes :


Traits : Le Poulpe symbolise la capacité à rester hors du champ de vision, à demeurer calme par rapport à ce qu'on a planifié, et à savoir faire des changements en s'adaptant aux circonstances. Le poulpe a trois cœurs. L'un envoie le sang aux organes et les autres l'envoient depuis les branchies au reste du corps. Le poulpe préfère ramper, car, lorsqu'il nage, le cœur qui envoie le sang aux organes arrête de battre. Le poulpe est connecté à l'ancienne sagesse du fait qu'il existe depuis environ trois cents millions d'années. Chaque poulpe a sa personnalité unique, peut résoudre des problèmes et se souvenir des solutions, et participer à des choses uniquement pour le plaisir. Après l'accouplement, le mâle meurt. Après l'éclosion de ses œufs, la femelle meurt. Cela symbolise que, pour pouvoir renaître, une part de vous doit mourir. Dans le cas du poulpe, il s'agit d'une mort physique, mais dans le vôtre cela peut être un changement important qui transforme votre vie en touchant une part de vous-même sur le plan spirituel, émotionnel ou personnel.

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Talents : Adaptabilité ; Connaissance ancienne ; Artiste ; Change de couleur ; Ancre émotionnellement ; Flexible ; Gracieux ; Imagination ; Perspicacité ; Intuitif ; Invisibilité ; Versatile.


Défis : Accroché ; Besoin de contrôle ; Sur la défensive ; Idéaliste ; Inconstant ; Possessif ; Fuyant.


Élément : Eau.


Couleurs primaires : Peut prendre la couleur nécessaire pour s'adapter à son environnement.


Apparitions : Lorsque le Poulpe apparaît, cela veut dire qu'il faut vous mettre à l'abri et vous fondre dans le décor parce qu'un danger est proche. Le nuage d'encre que projette le poulpe couvre sa fuite et lui permet d'aller se cacher s'il se sent menacé. Cette encre est très dangereuse. Elle peut s'attaquer à l'odorat et au goût du prédateur et même l'aveugler. Si le poulpe se trouve pris dans son propre nuage d'encre, il peut en mourir. Cela veut dire que vous devez être prudent si vous prévoyez de vous en prendre à quelqu'un, parce que vous pouvez être attrapé dans votre propre obscurité s'il y a des mensonges sous-jacents. Le mimétisme du poulpe lui permet aussi de se camoufler en changeant de couleur pour s'adapter à son environnement. Il fait si bien cela que ses prédateurs ne le remarquent pas. Le poulpe apparaît lorsque quelque chose vous retient d'avancer. Il vous permet de voir ce qui vous refrène, qu'il s'agisse d'une relation, de votre travail ou de vos propres peurs. Une fois que vous les lâchez, vous devenez capable de flotter librement dans un océan de possibles et d'y choisir une perspective nouvelle, enthousiasmante, qui vous permet une croissance personnelle ou spirituelle.


Aide : Il vous faut mener plusieurs choses de front. Le poulpe a les deux tiers de ses neurones dans ses bras, aussi ses bras peuvent-ils s'occuper de quelque chose tandis que son cerveau est en train de prévoir son mouvement suivant. Si vous jonglez entre quantité de tâches différentes, le poulpe peut vous aider à la gérer avec facilité. Quand vous rencontrez des obstacles, il vous encourage à simplement glisser par-dessus, à vous moquer des préjugés et à ne pas vous soucier des situations inconfortables. Le poulpe peut vous aider à tendre la main pour attraper ce que vous voulez. Il vous aide à atteindre vos buts en avançant régulièrement. Lorsque l'existence vous semble sombre ou trouble, le poulpe vous rappelle de vous servir de votre sixième sens pour amener les choses dans la lumière. Vous pourrez les voir clairement, même dans l'obscurité, si vous utilisez vos capacités intuitives.


Fréquence : L'énergie du poulpe est fluide. Elle donne une sensation fraîche ou chaude. Elle aune sonorité en sourdine, épaisse, et qui sonne un peu creux. Cela ressemble à flotter sur le dos dans la piscine et à se laisser doucement couler dans l'eau.

Imaginez...

Vous déambulez dans l'aquarium public, lorsque vous arrivez devant une vitre où la lumière est faible. Vous scrutez l'intérieur en vous demandant si c'est vide, parce qu'il semble n'y avoir là aucune vie marine. Et puis, on dirait que le sol se met à onduler. Vous regardez de plus près et vous remarquez un poulpe étendu au fond, auprès de gros rochers. Il soulève l'un de ses tentacules comme s'il vous saluait, et vous voyez les ventouses blanches du dessous. Vous vous asseyez sur le banc face à la vitrine et vous l'observe pendant un moment. Vous ressentez son énergie comme la fluidité d'un battement de cœur qui vous enveloppe, qui vous étreint doucement. Cela vous fait vous sentir ancré et en sécurité. Vous pensez à votre spiritualité et à la connaissance ancienne et universelle. Vous décidez qu'il est temps pour vous de reprendre contact avec votre être intérieur. Lorsque vous quittez l'exposition, c'est avec le sentiment d'avoir un but dans l'existence.

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995 :


A parcourir les rêves à la poursuite de la pieuvre, le chercheur abandonnera rapidement l'espoir d'y rencontrer la monstrueuse créature que doit affronter Gilliatt dans Les Travailleurs de la mer. Dans sa description de la pieuvre, Victor Hugo, emporté par l'emphase imaginative et son talent narratif, atteint la démesure. L'exaltation qui conduit à faire du poulpe un gigantesque vampire des profondeurs, aspirant le sang de ses victimes par ses ventouses, sert probablement l'intensité dramatique d'un récit. Elle ne saurait rendre compte, ni de la vérité zoologique, ni de la réalité onirique.

Nous ne surprendrons personne en rapportant le fait que les deux tiers des associations fortes observées autour du céphalopode concernent des images de l'univers marin. Ce sont, dans l'ordre décroissant, le corail, la méduse, les algues, la sirène, le filet, le requin, le crabe. Le rassemblement de tels symboles paraît naturel. Un patient engagé dans une rêverie de la mer s'expose logiquement à des représentations de ce type. Cependant, chacun des symboles inscrits dans la constellation de la pieuvre imaginée propose un fil conducteur spécifique dot l'ensemble permettra de pénétrer la symbolique du céphalopode.

Présent dans 2% des scénarios de rêve éveillé, le poulpe, ou la pieuvre, les deux mots désignant le même animal, ne paraît pas avoir retenu l'intérêt des analystes. Les ouvrages traitant du symbolisme, à de rares exceptions près, demeurent très discrets, voire muets sur le sens de l'image. C. G. Jung, dans ses principaux écrits, n'en dit pas un mot. Avant d'entreprendre l'étude systématique du symbole, nous considérions la pieuvre comme l'une des représentations de la mère castratrice. Cela nous avait été enseigné et n'était pas en contradiction avec ce que nous ressentions. Une masse obscure qui se confond avec la mer dans laquelle elle se dissimule, qui étend de longs bras captateurs munis de ventouses, que l'imagination dote du pouvoir d'aspirer le sang, une image qui se superpose souvent à celle de l'araignée, ne peuvent-elles pas induire l'idée d'une intention paralysante ? Quelle tentation pour une psychologie atteinte par une vocation pathologique de soumission ! La silhouette confuse du céphalopode entrerait en résonance avec un élan de reddition masochiste. La pieuvre serait-elle vraiment l'un des symboles de la mère négative, de la mère-mort, dévoratrice de la vie qu'elle a donnée ? Peut-être ! La réponse à cette question demeurera indécise dans la mesure où 50% des scénarios pris en référence renvoient explicitement à la famille et à la mort, sans qu'aucune séquence ne vienne démontrer la justesse de la traduction évoquée.

L'explication approfondie des matériaux oniriques dont nous disposons dirigera l'interprétation du poulpe imaginé vers une conclusion sensiblement différente. Par-delà l'effroi primaire que déclenche l'apparition de l'image, la pieuvre est l'indice d'un épisode d'activation de la métamorphose de l'âme. Plus qu'un indice, elle est un des agents actifs de la transformation psychique. C'est vraisemblablement l'une des raisons pour lesquelles cet animal figure parmi les symboles dont la traduction n'a pas tenté les analystes. Ceux-là ont concentré leurs efforts d'élucidation sur des images qui se prêtent à une ou plusieurs représentations psychologiques spécifiques. Ils semblent déconcertés par celles qui expriment la dynamique psychique pure.

Ce que nous avons écrit à propos de l'algue pourrait être repris presque intégralement au sujet de la pieuvre. La pieuvre est l'algue animalisée. L'une et l'autre participent à l'expression d'une extension tentaculaire, d'une activation reptilienne, d'une agitation voisine de la dispersion énergétique. Il serait par trip simple d'attribuer le rapprochement de l'algue et de la pieuvre à leur appartenance commune à la profondeur marine. Elles ne sont pas seulement des éléments complémentaires d'un décor sous-marin. Ce qui fonde leur synonymie symbolique ce sont leurs caractéristiques formelles. Les huit tentacules du poulpe, souples lanières prolongeant la tête de l'animal, reproduisent l'image d'une touffe de laminaires accrochée à quelque gros galet.

De l'algue, nous écrivons qu'elle est le prolongement de la sirène. La pieuvre est un synonyme animé de l'algue. L'une et l'autre exposent l'aspect redoutable de l'anima. La crainte inspirée par les contenus de l'inconscient. L'une et l'autre, pourtant, jalonnent un parcours qui mène à l'autre rive de l'être où ce dernier se réalisera dans la plénitude et la sérénité.

La pieuvre, les rêves vont le démontrer, invite au passage. Un rêveur plongé dans un champ d'algues, confronté à la présence de la pieuvre, ne peut plus revenir sur ses pas. Son avancée dans le mouvement évolutif atteint un point à partir duquel elle devient irréversible. Les tentacules qui agitent devant lui leurs fausses menaces sont comme les serpents qui protègent l'accès d'un seuil dont, à la fois, ils défendent et proposent le franchissement.

Ce qui surprend le chercheur lancé sur les traces de la pieuvre onirique, c'est la constance avec laquelle rêveurs et rêveuses éprouvent le besoin d'exprimer l'attitude inoffensive d'un animal dont l'imagination, dans une vision primaire, voulait faire un monstre redoutable. Plus de 75% des scénarios soumis à l'étude contiennent une phrase exprimant cette ambivalence : danger de dévoration et caractère inoffensif, menace et accueil, peur et confiance... Ces mots, cette dualité, signent la complicité entre la pieuvre, le serpent et le Vieux Sage. Ce dernier n'est-il pas le passeur type, le médiateur par excellence, chargé de tous les opposés de la psyché ?

Les mots qui accompagnent le plus souvent le mouvement tentaculaire expriment la crainte ou le sentiment de dispersion : "ça s'agite dans tous les sens", "je suis désordonnée", "je me sens comme décoordonné"... L'agitation tentaculaire s'apparente à la fébrilité des pattes de l'insecte, particulièrement du mille-pattes. Cela pourrait laisser entendre que la pieuvre symbolise l'entropie, la perte des énergies dans la poursuite des buts multiples. Il n'en est rien. Ou, plutôt, le céphalopode suggère la nécessité de s'abandonner à une aventure entropique violente mais qui porte en elle-même sa limite. Il s'agit de promouvoir un bouleversement qui aura toutes les apparences d'une catastrophe mais qui n'est qu'un épisode aigu de la restructuration de la psyché.

Le neuvième rêve de Mathilde constitue le document le mieux adapté pour illustrer les idées qui précèdent : "... c'est une vision d'apocalypse... je vois des nuages très noirs, il tombe une pluie très dense et très serrée... la foudre tombe... la terre s'ouvre, complètement... de cette ouverture on voit surgir les racines blanches des arbres... c'est terrifiant... ça ruisselle, das, un bruit d'épouvante... c'est l'orage.. [très long silence] ... la crevasse se remplit d'eau... je reste sur le bord, terrorisée, trempée, comme dans les tremblements de terre, lorsque la terre se fend. Ça évoque aussi une plaie, comme on en ouvre avec un scalpel... les racines ressemblent à des viscères. Ce qui est bizarre, c'est que, dans cette crevasse, les racines ont un mouvement autonome. Ça bouge dans tous les sens... en fait, ces racines ne s'agitent pas dans n'importe quel sens mais d'une façon homogène, comme sur un air de musique... ce n'est pas désordonné... c'est comme si elles obéissaient à quelque chose de coordonnateur que je n'entends pas ! Des pieuvres ! Je vois des yeux... plutôt rigolards ! Pas menaçants... avec plein de tentacules.. c'est comme si j'assistais à un ballet... je n'aime pas ces matières visqueuses, blanchâtres... j'ai tout de même un peu peur... en même temps, elles ont l'air de m'inviter à partager quelque chose... les mouvements des tentacules sont comme des paroles, très expressifs... je suis devenue toute petite, emportée sur une coquille de noix... je descends ce torrent, passant entre les tentacules, entre toutes ces pieuvres... finalement, c'est comme une promenade bercée par des tas de créatures qui ne me veulent pas de mal. Je n'ai plus peur du bruit. L'orage s'est arrêté... il ne pleut plus... c'est comme une promenade... la terre se referme, tout se restructure... il n'y a plus de crevasse... l'orage est terminé... »

Tout se restructure, l'orage est terminé. Ces mots pourraient conclure la plupart des rêves, dans lesquels le poulpe est l'acteur principal du mouvement de transformation.

Beaucoup de scénarios, comme celui de Mathilde, associent les images de tentacules, la vision des racines et celle des réseaux veineux ou artériels. La pieuvre est avant tout l'exposition d'une étendue ramifiée, d'une infiltration tentaculaire. Le troisième rêve de Thérèse, dont nous rapportons quelques phrases dans l'article consacré aux algues, fournit l'une des plus complètes démonstrations du sens profond de la pieuvre. On y retrouve comme un écho des phrases de Mathilde : « … c'est une falaise qui s'ouvre en deux, dévoilant sa structure... dans cette déchirure il y a plein de racines... ces racines sont énormes.... elles entrent et sortent de la terre... ça fait comme les grosses veines sur les bras d'un homme... […] Je suis descendue dans la mer, très profondément.. là il y a des arbres qui s'étirent dans tous les sens... les branches vont très loin, elles vont même jusqu'à... elles sont un peu comme des pieuvres qui essaient de m'attraper et je n'ai pas peur parce que ce sont des végétaux... et je me laisse attraper... »

Le rêve de Thérèse est très long. La jeune femme vit une séquence dans laquelle elle est avalée par un gros poisson duquel, comme Jonas, elle sortira par ses propres moyens. Après cette scène de renaissance, Thérèse poursuit son cheminement dans la profondeur de la mer. Elle parvient devant un curieux assemblage de coquillages qui composent une véritable cité, comme une gigantesque arborescence de coraux. Chaque coquille est une cellule rigide autonome mais la partie intérieure, vivante, est en fait une ramification d'une seule bête dissimulée sous le sable. Thérèse entreprend de composer pour ce village « une nouvelle architecture, une structure différente ».

Ainsi la pieuvre apparaît-il constamment liée à des images opposant l'idée d'un centre vital, d'une force unique et celle d'une diversification tâtonnante, d'une dispersion exploratoire de l'énergie en devenir.

Il convient de rappeler que la mort est explicitement présente dans la moitié des rêves étudiés. Philippe, dans le neuvième scénario, se voit dans une barque conduite par son père : « … ma mère est à l'arrière. Nous arrivons devant un îlot en forme de lune... là, il y a une tête de mort qui signifie qu'au-delà c'est territoire interdit. C'est une vallée comme la vallée des morts en Égypte... il y a une petite porte blanche ouvrant sur l'inconnu... sur du sombre... il y a là un énorme insecte... il a l'air inquiétant mais il est inoffensif... maintenant, un liquide noir s'écoule... un bain noir, comme quand un poulpe a craché son encre... je marche sur des coraux... il y a un monstre qui vit là-dedans... pas un monstre très méchant... une bête prisonnière plutôt... un arbre croît dans sa narine... un véritable baobab... mais c'est comme des flammes, ce n'est pas une structure matérielle mais une structure énergétique... ses ramifications poussent vers le ciel... des milliers de ramifications qui font penser à un cerveau... »

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Le céphalopode pourrait représenter l'inconfortable situation de tout être vivant mû par un flux qui tend vers une réalisation indécise parce qu'il doit s'accomplir sans connaissance du but et tenté par le reflux sécurisant vers une origine qui se refuse aux fruits qu'elle a engendrés. La pieuvre personnifie l'effroi que doit surmonter le rêveur pour réaliser sa disposition héroïque face aux mystérieux contenus de l'inconscient. Elle rappelle le troublant courant de la vie qui projette tout être hors de la mère qui l'a porté. L'apparition du poulpe, de l'octopus, avec leur huit tentacules, invite à l'acceptation de l'irrémédiable séparation. Ces notions sont largement développées dans l'article concernant le chiffre 8. Voir la pieuvre, c'est admettre un devenir dont on ne peut prévoir le déroulement.

La flexibilité des tentacules, l'insistance avec laquelle l'imaginaire oppose la souplesse à la structure rigide explique aussi l'association constatée entre le poulpe et la méduse.

Le poulpe, la pieuvre, liés à l'angoisse de la mort, renvoient donc bien à la mère-terrible. Celle-là représente la face tragique du destin de toute créature. C'est la dimension mythique du céphalopode.

Dans le rêve, ce dernier est toujours le témoin et l'acteur d'une révision psychologique majeure qui peut concerner des aspects très divers de la problématique mais qui relèvent le plus souvent des relations à la constellation familiale.

La pieuvre imaginée est un monstre illusoire qui n'effraie que ceux et celles qui, enfermés dans leurs résistances, refusent de regarder en eux-mêmes.

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


Le Poulpe se fixe, s'accroche, ne lâche pas. Il est très tenace et se tient sur ses gardes. Avec une sorte d'agressivité instinctive : par instinct de conservation. Il garde toujours des énergies en réserve, par précaution. Il finit par lâcher, non sans peine, des choses qui se sont avérées inutiles. Des selles lentes, un lâcher-prise dans les gémissements.

Celui qui éprouve un très grand besoin de manger du poulpe garde trop peu "en lui" et suggère à cet égard un sentiment d'incapacité à ancrer, à retenir puissamment en lui la chair, la vie et les énergies. Il se laisse plutôt déposséder de tout, il se laisse "faire" en quelque sorte, il semble n'avoir pas droit à la parole, n'avoir pas voix au chapitre. Il se laisse dérober, délester. d'un autre côté, il "voudrait" bien retenir... On dirait qu'il n'est pas encore vraiment relié à son corps.

A suivre

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Mythologie :

Kraken :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


KRAKEN. Poulpe ou monstre marin qui était très célèbre au moyen âge , dans les légendes des populations scandinaves, et dont l'existence, contestée par les uns, est affirmée par les autres. Cet animal serait, d'après la tradition, d'une énorme dimension et habiterait les mers du Nord. Ceux qui ont parlé de lui, prétendent que lorsqu'il vient à la surface de l'eau pour y opérer plus facilement sa digestion, il y demeure souvent immobile, pendant plusieurs jours et même des mois entiers. Son dos couvert d'algues, de coquillages, offre alors l'aspect d'une fle , et son étendue est telle quelquefois, qu'un régiment pourrait y manœuvrer. Bartholin rapporte qu'un évêque, du nom de Brendano, fit établir une fois, sans soupçonner la place sur laquelle il se trouvait, une cabane sur le dos d'un kraken, pour y dire la messe, mais, tout à coup, vers la fin de cette messe, il prit fantaisie au poulpe de regagner le fond de la mer, en sorte que l'évêque et tous les assistants furent engloutis. Pline, Elien, Aldovrande, Gessner, Jonhston, Olaüs-Magnus, Friès, Eric Pontopidan, et d'autres auteurs encore, ont cité des poulpes krakens.

On rapporte aussi qu'un capitaine Deus, de Dunkerque, affirmait en avoir rencontré un près de Saint-Hélène ; ce poulpe lui aurait enlevé deux hommes avec ses bras, longs de 8 à 10 mètres ; et l'on aurait coupé environ 8 mètres de l'un de ces bras engagé dans les cordages. On voit également suspendu dans la chapelle de Saint-Thomas, à Saint-Malo, un ex-voto qui atteste la rencontre qu'aurait faite d'un kraken, en vue de la côté d'Angola, un équipage malouin.

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Kraken est défini par les caractéristiques suivantes :

Traits : Le Kraken, dans la mythologie scandinave, était une créature marine géante avec un corps si gros (environ 1 kilomètre et demi de long) qu'on aurait dit qu'il s'agissait d'une île lorsqu'il flottait à la surface de l'eau. Il avait de longs tentacules et nageoires, et son passe-temps favori consistait à envelopper les navires de ses énormes tentacules pour les faire couler. Le Kraken provoquait le naufrage des navires en créant un gros tourbillon qui aspirait tout ce qui pouvait flotter sur l'eau. Il dormait tout au fond de la mer, dans des eaux très profondes, et il se réveillait pour se nourrir ou lorsqu'un bateau le dérangeait. La légende dit qu'il n'en existait que deux, et qu'ils ne pouvaient pas se reproduire parce qu'ils avaient besoin de tant de nourriture que leur espèce ne pouvait pas survivre. Le Kraken symbolise une existence solitaire et le fait d'être présent mais rarement vu par les autres.

Talents : Abondance ; Connaissance ancienne ; Bravoure ; Courage ; Déguisement ; Insaisissable ; Se cache à la vue des autres ; Chasseur ; Manifestation ; Repos ; Autosuffisance ; Éveil spirituel ; Force ; Richesse ; Nature sauvage.


Défis : Agression ; Réveil du monstre ; Destructeur ; Éveille la peur ; Féroce ; Manque de conscience ; Solitude.

Élément : Eau.

Couleurs primaires : Noir ; Gris ; Vert.

Apparitions : Quand le Kraken apparaît, c'est le signe d'une abondance à venir et d'un accroissement des richesses dans tous les domaines de votre vie. Le Kraken va piéger les poissons en régurgitant de la nourriture dans l'eau. Le poisson attiré par la nourriture va nager directement dans la bouche du Kraken qui va le manger. Cela est symbolique de votre capacité de concrétiser et d'amener à vous ce que vous désirez. Le Kraken veut manger, alors il amène le poisson à lui. Que désirez-vous ? Quels sont vos buts et vos rêves ? Que pouvez-vous faire pour amener à vous les choses que vous voulez ? Commencez par pratiquer la visualisation créatrice en concevant sa concrétisation pour créer de l'abondance dans votre vie. Le Kraken signifie que vous êtes quelqu'un de brave et de courageux dans tout ce que vous faites. Vous faites franchement face aux situations au lieu de vous en éloigner. Vous êtes autosuffisant tout comme le Kraken et, en général, vous ne dépendez de personne d'autre que de vous-même. Le Kraken vous incite à vous tourner vers la connaissance ancienne qui est en vous parce qu'elle va vous mener à l'éveil spirituel. Le Kraken signale qu'il est bon de faire attention à dormir et à se reposer suffisamment, quand c'est possible. Vous avez tendance à faire des tas de choses, et vous pouvez vous affaiblir si vous ne prenez pas assez de repos.

Aide : Vous devez être de service, en disponibilité, mais vous ne souhaitez as trop vous impliquer dans l'événement. Le Kraken se cache souvent à la vue de tous, en faisant croire aux autres qu'il s'agit d'un îlot dans la mer. Lorsque vous voulez que l'on ne vous remarque pas dans une circonstance précise, le Kraken peut vous aider. Si vous vous ennuyez ou si vous avez besoin de changer de rythme, le Kraken peut vous mettre en contact avec le caractère sauvage de la nature. Allez marcher ou participez à un événement en extérieur pour vous harmoniser à la partie sauvage de votre esprit et pour mettre votre énergie en lien avec celle de la terre ou de la mer. Le Kraken vous met en garde contre la possibilité d'éveiller ou d'accueillir de la négativité en vous (réveiller le monstre) : il vous pousse plutôt à garder le contrôle de vous-même quand vous vous libérez de vos émotions négatives, car cela peut vous amener à agir sans vous maîtriser ou à faire peur aux autres. Le Kraken vous prête sa force en toutes circonstances, si vous en avez besoin.

Fréquence : L'énergie du Kraken est extrêmement chaude au centre mais très froide aux bords. Lorsqu'il dort, il est complètement calme, mais, quand il est éveillé, il bouge avec vitesse et précision. Sa sonorité évoque un boum très sonore suivi par des bruits d'éclaboussures et un vrombissement.


Imaginez...

Vous êtes en train de naviguer sur l'océan dans un bateau à moteur lorsque le ciel s'assombrit et que les vagues deviennent brutales et désordonnées. Depuis votre place à la barre, vous regardez à l'arrière et vous voyez le Kraken qui sort de l'eau. L'un de ses tentacules attrape le bateau et le soulève dans les airs, et le Kraken vous regarde bien en face. Ses paroles retentissent comme le tonnerre lorsqu'il vous parle. "Tu es vu et tu es entendu. Tout ce que tu veux est à toi si seulement tu le demandes." Vous lui hurlez par-dessus ce vacarme : "Merci ! S'il te plaît, laisse-moi partir !" La turbulence s'apaise, les nuages d'orage se dissipent et le Kraken disparaît dans l'eau, en veillant à la stabilité du bateau lorsqu'il le repose sur l'océan.

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Littérature :


Pour croire à la pieuvre, il faut l'avoir vue. Comparées à la pieuvre, les vieilles hydres font sourire.

À de certains moments, on serait tenté de le penser, l'insaisissable qui flotte en nos songes rencontre dans le possible des aimants auxquels ses linéaments se prennent, et de ces obscures fixations du rêve il sort des êtres. L'inconnu dispose du prodige, et il s'en sert pour composer le monstre. Orphée, Homère et Hésiode n'ont pu faire que la Chimère ; Dieu a fait la pieuvre. Quand Dieu veut, il excelle dans l'exécrable. Le pourquoi de cette volonté est l'effroi du penseur religieux. Tous les idéals étant admis, si l'épouvante est un but, la pieuvre est un chef-d'œuvre. La baleine a l'énormité, la pieuvre est petite ; l'hippopotame a une cuirasse, la pieuvre est nue ; la jararaca a un sifflement, la pieuvre est muette ; le rhinocéros a une corne, la pieuvre n'a pas de corne ; le scorpion a un dard, la pieuvre n'a pas de dard ; le buthus a des pinces, la pieuvre n'a pas de pinces ; l'alouate a une queue prenante, la pieuvre n'a pas de queue ; le requin a des nageoires tranchantes, la pieuvre n'a pas de nageoires ; le vespertilio vampire a des ailes onglées, la pieuvre n'a pas d'ailes ; le hérisson a des épines, la pieuvre n'a pas d'épines ; l'espadon a un glaive, la pieuvre n'a pas de glaive ; la torpille a une foudre, la pieuvre n'a pas d'effluve ; le crapaud a un virus, la pieuvre n'a pas de virus ; la vipère a un venin, la pieuvre n'a pas de venin ; le lion a des griffes, la pieuvre n'a pas de griffes ; le gypaète a un bec, la pieuvre n'a pas de bec ; le crocodile a une gueule, la pieuvre n'a pas de dents. La pieuvre n'a pas de masse musculaire, pas de cri menaçant, pas de cuirasse, pas de corne, pas de dard, pas de pince, pas de queue prenante ou contondante, pas d'ailerons tranchants, pas d'ailerons onglés, pas d'épines, pas d'épée, pas de décharge électrique, pas de virus, pas de venin, pas de griffes, pas de bec, pas de dents. La pieuvre est de toutes les bêtes la plus formidablement armée. Qu'est-ce donc que la pieuvre ? C'est la ventouse. Dans les écueils de pleine mer, là où l'eau étale et cache toutes ses splendeurs, dans les creux de roches non visités, dans les caves inconnues où abondent les végétations, les crustacés et les coquillages, sous les profonds portails de l'océan, le nageur qui s'y hasarde, entraîné par la beauté du lieu, court le risque d'une rencontre. Si vous faites cette rencontre, ne soyez pas curieux, évadez-vous. On entre ébloui, on sort terrifié. Voici ce que c'est que cette rencontre, toujours possible dans les roches du large. Une forme grisâtre oscille dans l'eau ; c'est gros comme le bras et long d'une demi-aune environ ; c'est un chiffon ; cette forme ressemble à un parapluie fermé qui n'aurait pas de manche. Cette loque avance vers vous peu à peu. Soudain, elle s'ouvre, huit rayons s'écartent brusquement autour d'une face qui a deux yeux ; ces rayons vivent ; il y a du flamboiement dans leur ondoiement ; c'est une sorte de roue ; déployée, elle a quatre ou cinq pieds de diamètre. Épanouissement effroyable. Cela se jette sur vous. L'hydre harponne l'homme. Cette bête s'applique sur sa proie, la recouvre, et la noue de ses longues bandes. En dessous elle est jaunâtre, en dessus elle est terreuse ; rien ne saurait rendre cette inexplicable nuance poussière ; on dirait une bête faite de cendre qui habite l'eau. Elle est arachnide par la forme et caméléon par la coloration. Irritée, elle devient violette. Chose épouvantable, c'est mou. Ses nœuds garrottent ; son contact paralyse. Elle a un aspect de scorbut et de gangrène ; c'est de la maladie arrangée en monstruosité. Elle est inarrachable. Elle adhère étroitement à sa proie. Comment ? Par le vide. Les huit antennes, larges à l'origine, vont s'effilant et s'achèvent en aiguilles. Sous chacune d'elles s'allongent parallèlement deux rangées de pustules décroissantes, les grosses près de la tête, les petites à la pointe. Chaque rangée est de vingt-cinq ; il y a cinquante pustules par antenne, et toute la bête en a quatre cents. Ces pustules sont des ventouses. Ces ventouses sont des cartilages cylindriques, cornés, livides. Sur la grande espèce, elles vont diminuant du diamètre d'une pièce de cinq francs à la grosseur d'une lentille. Ces tronçons de tubes sortent de l'animal et y rentrent. Ils peuvent s'enfoncer dans la proie de plus d'un pouce. Cet appareil de succion a toute la délicatesse d'un clavier. Il se dresse, puis se dérobe. Il obéit à la moindre intention de l'animal. Les sensibilités les plus exquises n'égalent pas la contractilité de ces ventouses, toujours proportionnée aux mouvements intérieurs de la bête et aux incidents extérieurs. Ce dragon est une sensitive.

Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer, 1866.

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[La pieuvre comme métaphore de Paris]


Paris est une ville centralisée, et centralisation et classification sont étroitement liées. Dans un premier temps, alors que la centralisation est en train de devenir effective, ce qui la précède, c'est la classification. Tout est groupé, par similarité ou par analogie, et de ce groupement de groupes surgit une unité entière ou centrale. On voit rayonner une multitude de longs bras aux innombrables tentacules, tandis qu'au centre se dresse une tête gigantesque ayant un cerveau qui a le pouvoir de comprendre, des yeux perçants qui peuvent regarder de tous côtés, et des oreilles sensibles pour écouter - et une bouche vorace pour avaler.

D'autres villes ressemblent à tous les oiseaux, bêtes et poissons dont l'appétit et le système digestif sont normaux. Paris, seule, est l'apothéose analogique de la pieuvre. Produit de la centralisation portée à l'absurde, la ville représente bien la pieuvre ; et il n'est aucun aspect où cette ressemblance est plus curieuse que dans la similarité avec l'appareil digestif.

Bram Stocker, L'Enterrement des rats, 1874.

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IX. L’écumeur de mer (poulpe, etc.)


Les méduses et les mollusques ont été généralement d’innocentes créatures, on pourrait dire des enfants, et j’ai vécu avec eux dans un monde aimable de paix. Peu de carnassiers jusqu’ici. Ceux mêmes qui étaient forcés de vivre ainsi ne détruisaient que pour le besoin, et encore vivaient la plupart aux dépens de la vie commencée à peine, d’atomes, de gelée animale, qui n’est pas même organisée. Donc, la douleur était absente. Nulle cruauté et nulle colère. Leurs petites âmes, si douces, n’en avaient pas moins un rayon, l’aspiration vers la lumière, et vers celle qui nous vient du ciel, et vers celle de l’amour, révélé en changeante flamme, qui, la nuit, fait la joie des mers.

Maintenant, il me faut entrer dans un monde bien autrement sombre : la guerre, le meurtre. Je suis obligé d’avouer que, dès le commencement, dès l’apparition de la vie, apparut la mort violente, épuration rapide, utile purification, mais cruelle, de tout ce qui se languissait, traînait ou aurait langui, de la création lente et faible dont la fécondité eût encombré le globe.

Dans les terrains les plus anciens, on trouve deux bêtes meurtrières, le Mangeur et le Suceur. Le premier nous est révélé par l’empreinte du Trilobite, espèce aujourd’hui perdue, destructeur éteint des êtres éteints. Le second subsiste en un reste effrayant, un bec presque de deux pieds qui fut celui du grand suceur, seiche ou poulpe (Dujardin). D’après un tel bec, ce monstre, s’il lui était proportionné, aurait eu un corps énorme, des bras-suçoirs épouvantables de vingt ou trente pieds peut-être, comme une prodigieuse araignée.

Chose tragique ! ces êtres de mort sont les premiers que l’on trouve au fond de la terre. Est-ce donc à dire que la mort ait pu précéder la vie ? Non, mais les animaux mous qui alimentèrent ceux-ci ont fondu, n’ont pas laissé trace ni même empreinte d’eux-mêmes.

Les mangeurs et les mangés étaient-ils deux nations de différente origine ? Le contraire est plus probable. Du mollusque, forme indécise, matière encore propre à tout, la force surabondante du jeune monde, sa riche pléthore, prodiguant l’alimentation, dut de bonne heure dégager deux formes, contraires d’apparence, qui allaient au même but. Elle enfla, souffla, sans mesure, le mollusque en un ballon, une vessie absorbante, qui, de plus en plus gonflée et d’autant plus affamée, — mais d’abord sans dents, — suça. D’autre part, la même force, développant le mollusque en membres articulés dont chacun se fit sa coquille, durcissant cet être encroûté, le durcit surtout aux pinces, aux mandibules pour mordre, broyer les choses les plus dures.

Parlons seulement d’abord du premier dans ce chapitre.


Le suceur du monde mou, gélatineux, l’est lui-même. En faisant la guerre aux mollusques, il reste mollusque aussi, c’est-à-dire toujours embryon. Il offre l’aspect étrange, ridicule, caricatural, s’il n’était terrible, de l’embryon allant en guerre, d’un fœtus cruel, furieux, mou, transparent, mais tendu, soufflant d’un souffle meurtrier. Car ce n’est pas pour se nourrir uniquement qu’il guerroie. Il a besoin de détruire. Même rassasié, crevant, il détruit encore. Manquant d’armure défensive, sous son ronflement menaçant, il n’en est pas moins inquiet ; sa sûreté, c’est d’attaquer. Il regarde toute créature comme un ennemi possible. Il lui lance à tout hasard ses longs bras, ou plutôt ses fouets armés de ventouses. Il lui lance, avant tout combat, ses effluves paralysantes, engourdissantes, un magnétisme qui dispense du combat.

Double force. À la puissance mécanique de ses bras-ventouses qui enlacent, immobilisent, ajoutez la force magique de cette foudre mystérieuse ; ajoutez l’ouïe très fine, l’œil perçant. Vous êtes effrayés.

Qu’était-ce donc, quand la richesse débordante du premier monde, où ils n’avaient point à chercher, plongés qu’ils étaient toujours dans une mer vivante d’alimentation, les gonflait indéfiniment, ces monstres d’élastique enveloppe qui prêtait à volonté ? Ils ont décru. Cependant Rang atteste qu’il en a vu un de la grosseur d’un tonneau. Péron, dans la mer du Sud, en a rencontré un autre, non moins gros. Il roulait, ronflait, dans la vague, avec grand bruit. Ses bras de six ou sept pieds, se déroulant en tout sens, simulaient une furieuse pantomime d’horribles serpents.

D’après ces récits sérieux, on n’aurait pas dû, ce semble, repousser avec risée celui de Denis de Monfort, qui atteste avoir vu un énorme poulpe frapper de ses fouets électriques, enlacer, étouffer un dogue malgré ses morsures, ses efforts, ses hurlements de douleur.

Le poulpe, cette machine terrible, peut, comme la machine à vapeur, se charger, surcharger de force, et alors prendre une puissance incalculable d’élasticité, un élan jusqu’à sauter de la mer sur un vaisseau (d’Orbigny, article Céphal.). Ceci explique la merveille qui fit accuser de mensonge les anciens navigateurs. Ils avaient eu, disaient-ils, la rencontre d’un poulpe géant qui, sautant sur le tillac, embrassant de ses prodigieux bras les mâts, les cordages, eût pris le vaisseau, dévoré les hommes, si l’on n’eût à coups de hache tranché ses bras. Mutilé, il retomba dans la mer.

Quelques-uns avaient cru lui voir des bras de soixante pieds. D’autres soutenaient avoir vu dans les mers du Nord une île mouvante d’une demi-lieue de tour, qui aurait été un poulpe, l’épouvantable kraken, le monstre des monstres, capable de lier et d’absorber une baleine de cent pieds de long.

Ces monstres, s’ils ont existé, eussent mis en danger la nature. Ils auraient sucé le globe. Mais, d’une part, les oiseaux géants (peut-être l’épiornis) purent leur faire la guerre. D’autre part, la terre, mieux réglée, dut affaiblir, dégonfler l’affreuse chimère en réduisant la gent mangeable, diminuant l’alimentation.

Grâce à Dieu, nos poulpes actuels sont un peu moins redoutables. Leurs espèces élégantes, l’argonaute, gracieux nageur dans son onduleuse coquille, le calmar, bon navigateur, la jolie seiche aux yeux d’azur, se promènent sur l’Océan, n’attaquent que de petits êtres.

[...]

La décadence générale de cette classe, si énormément importante aux premiers âges, est moins frappante dans les navigateurs (seiches, etc.), mais visible chez le poulpe proprement dit, triste habitant de nos rivages. Il n’a pas, pour naviguer, la fermeté de la seiche, bâtie sur un os intérieur. Il n’a pas, comme l’argonaute, un extérieur résistant, une coquille qui garantit les organes les plus vulnérables. Il n’a pas l’espèce de voile qui seconde la navigation et dispense de ramer. Il barbote un peu sur la rive, ou, tout au plus, on pourrait le comparer au caboteur qui serre la côte. Son infériorité lui donne des habitudes de ruse perfide, d’embuscade, de craintive audace, si on ose dire. Il se dissimule, se tient coi aux fentes des rochers. La proie passe, il lui allonge prestement son coup de fouet. Les faibles sont engourdis, les forts se dégagent. L’homme ainsi frappé en nageant ne peut se troubler dans sa lutte avec un si misérable ennemi. Il doit, malgré son dégoût, l’empoigner, et, chose aisée, le retourner comme un gant. Il s’affaisse alors et retombe.

On est choqué, irrité, d’avoir eu un moment de peur, au moins de saisissement. Il faut dire à ce guerrier qui vient soufflant, ronflant, jurant : « Faux brave, tu n’as rien au dedans. Tu es un masque plus qu’un être. Sans base, sans fixité, de la personnalité tu n’as que l’orgueil encore. Tu ronfles, machine à vapeur, tu ronfles, et tu n’es qu’une poche, — puis, retourné, une peau flasque et molle, vessie piquée, ballon crevé, et demain un je ne sais quoi sans nom, une eau de mer évanouie. »


Jules Michelet, La Mer, Livre IX. "L'écumeur de mer (poulpe, etc)", 1875.

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Dans Le Dernier Coyote (Edition originale, 1995 ; traduction française éditions du Seuil, 1999) de Michael Connelly, l'inspecteur Harry Bosch prend connaissance d'un fait-divers insolite :


Il n'y avait pas grand-chose qui l'intéressait dans les gros titres. Pas d'homicides à Hollywood, en tout cas. Il ne manquait rien.

Malgré tout, un sujet attira son attention, juste après le flash sur la circulation. Une pieuvre exposée à l'aquarium municipal de San Pedro s'était apparemment suicidée en arrachant un tuyau de circulation d'eau de son bac avec un de ses tentacules. La cuve s'étant vidée, la pieuvre était morte. Les groupes écologistes parlaient de suicide, de geste désespéré de la pieuvre pour protester contre sa captivité. Il n'y a qu'à L. A. qu'on entend des trucs pareils, se dit-il en éteignant la radio. L'endroit était tellement déprimant que même les animaux marins s'y suicidaient.

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Dans Un Baiser d'ailes bleues, 150 rencontres avec des animaux extraordinaires (Éditions Arthaud, 2009) Nicole Viloteau croque sur le vif des portraits animaliers insolites :


La mort aux anneaux de phosphore

Territoire du Nord. Bord de mer du côté de Nightcliff, dans les environs de Darwin. Après mes jeux de cache-cache photographiques et toute une galerie de portraits de crabes dans mes boitiers, je poursuis ma « chasse » aux crustacés multicolores. Soudain, j'entraperçois sur la droite, entre deux rochers criblés de bigorneaux, trois tentacules miel sombre qui se faufilent... se défilent.

J'ai juste le temps d'entrevoir une ribambelle d'ocelles d'un bleu électrique ornant la peau flasque. Magnifique ! Il me faut voir de plus près cette bestiole inconnue à mon bataillon de mollusques. Je soulève e petit rocher où s'est réfugiée cette « beauté tentaculaire »... Frôlement et reptation souple, le poulpe (1) craintif se replie profondément dans une anfractuosité. A l'aide d'une branche rejetée par la marée, j'essaie vainement de le déloger, pour admirer de plus près ses ravissants anneaux de phosphore bleu... Dépitée, je reprends ma prospection.

Les jours suivants en consultant des ouvrages sur la faune marine de la Grande Barrière de corail, je bondis en reconnaissant la photo d'un poulpe rouquin tacheté d'ocelles bleu vif... C'est ma pieuvre de Nightcliff ! Je note sur mon calepin sa fiche signalétique. « Blue ring octopus : pieuvre très petite aux huit tentacules annelés de bleu fluorescent, à la morsure venimeuse foudroyante ! Effets curarisants garantis ! Peut tuer un homme en moins d'un quart d'heure, par paralysie des voies respiratoires (asphyxie) et arrêt cardiaque... »


Note : 1) Blue ring octopus ou pieuvre foudroyante (Hapalochlaena lunulata). Les motifs bleus phosphorescents de ce mollusque céphalopode jouent un rôle avertisseur dissuasif. la morsure hautement toxique de cet animal marin (les glandes salivaires sécrètent de la tétrodotoxine) est mortelle. Les motifs aguicheurs de certains céphalopodes sont utilisés pour communiquer, exprimer leurs changements d'humeur. Cette petite pieuvre carnivore, au terrible bec en rasoir, se nourrit de poissons et de crabes.

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