Étymologie :
HUIT, adj. et subst. inv.
Étymol. et Hist. 1130-40 oit (Wace, Conception N.D., éd. W.R. Ashford, 141) ; 1690 (Fur. : un huit de cœur ... d'aujourd'hui en huit nous aurons une telle Feste). Du lat. octo « huit » ; le h- a été ajouté (cf. huitieme) pour bien marquer qu'il ne s'agit pas de la consonne v- cf. huile, huis, huître, etc.
Lire également la définition de huit afin d'amorcer la réflexion symbolique.
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Symbolisme :
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des Symboles (1ère édition, 1969 : Édition revue et augmentée Laffont, 1982),
"Huit est universellement le nombre de l'équilibre cosmique. C'est le nombre des directions cardinales, auquel s'ajoute celui des directions intermédiaires ; le nombre de la rose des vents, de la Tour des Vents athénienne. C'est souvent le nombre des rayons de la roue, de la rouelle celtique à la Roue de la Loi bouddhique. C'est celui des pétales du lotus et des sentiers de la Voie. C'est celui des trigrammes du Yi-king et des piliers du Ming-t'ang ; celui des anges porteurs du Trône céleste ; celui aussi - sans qu'on sache exactement sous quelle forme - du miroir d'Amaterasu. Comme l'indiquent les piliers du Ming-t'ang, les anges du trône, la partie octogonale du linga, le nombre huit, l'octogone, ont aussi une valeur de médiation entre le carré et le cercle, entre la Terre et le Ciel, et sont donc en rapport avec le monde intermédiaire.
L'iconographie et l'architecture hindoues font une large place au symbolisme de l'octade : les bras de Vishnu sont au nombre de huit, correspondant aux huit Gardiens de l'espace ; les grahas (planètes) sont huit, disposées autour du Soleil ; les formes (mûrti) de Shiva sont huit, représentées en deux temples du groupe d'Angkor, par huit lingas autour d'un linga central. Dans le Bayon d'Angkor-Thom, le Bouddha s'établit au centre d'un véritable lotus de huit chapelles rayonnantes, assumant par cette disposition les fonctions shivaïstes et celle du roi Chakravartî, celui qui fait tourner la roue au centre même de l'Univers.
Ce symbolisme de l'équilibre central, qui est aussi celui de la Justice, se retrouve, notons-le encore, dan l'ogdoade pythagoricienne et gnostique.
Un autre aspect du symbole ressort du fait que le Japon, depuis une époque très reculée, est dénommé par ses habitants Grand-Huit-Iles, pour dire qu'il est constitué d'une quantité d'innombrables d'îles. C'est un chiffre que l'on rencontre très souvent dans les plus anciens textes sacrés shintoïste avec ce sens de multiple. Il est devenu un chiffre sacré. Mais le huit n'est pas l'innombrable indéfini et dispersé ; c'est l'innombrable constituant une entité qui s'exprime par le huit.
Un exemple de notre époque : à Yokohama a été édifié, en 1932, un centre national d'éducation spirituelle. Il est de plan octogonal et renferme à l'intérieur les statues des huit sages du monde : Câkyamuni, Confucius, Socrate, Jésus, le prince Shôtoku (VIIe siècle), Kôbô Daishi (IXe siècle, japonais), les prêtres Shinran et Nichiren (XIIe siècle japonais). La forme octogonale n' pas été choisie en raison de l'existence de huit sages dans le monde ; ce nombre de huit sages n'est d'ailleurs pas non plus limitatif ; la forme du temple et ce nombre de sages signifient la sagesse infinie aux formes innombrables, au centre de tout effort spirituel, de toute éducation et de toute recherche.
Tout aussi totalisateur apparaît le chiffre huit dans les croyances africaines. Ainsi en va-t-il des Dogons chez qui le nombre clé de la création n'est pas le quatre mais le huit pour sa qualité de quatre double. Car on sait - nous l'avons signalé ailleurs - que, dans la pensée des Dogons, tout ce qui est pur, c'est-à-dire juste et ajusté, est double.
Il y a donc huit héros créateurs, et huit familles humaines, nées des huit ancêtres primordiaux, dont quatre ont une prédominance mâle et quatre une prédominance femelle, bien que tous soient bisexués. Le 7e ancêtre est le maître de la parole, mais le huitième est la parole elle-même ; le verbe est donc symbolisé par le nombre huit, qui recouvre, de plus, l'eau, le sperme et l'ensemble des forces fécondantes. Verbe et sperme s'enroulent huit fois autour de la matrice pour féconder celle-ci, de même qu'une spirale de cuivre rouge, autre substitut de l'eau principielle, s'enroule huit fois autour de la jarre solaire pour éclairer le monde. L'homme, enfin, est huit en son squelette, assuré par les huit articulations des membres, articulations dont l'importance est primordiale, puisque c'est d'elles que provient la semence masculine.
L'homme, image du macrocosme, est commandé par le nombre huit, non seulement dans le mécanisme de la génération et dans la structure de son corps, mais aussi dans la création et l'ordonnance de tut ce dont dépend sa substance. Ainsi, les graines des plantes qu'il cultive, amenées sur terre dans les clavicules des ancêtres, sont au nombre de huit, et ces huit graines primordiales sont plantées dans les huit champs cardinaux du village.
Enfin la sacralisation du nombre huit, chez les Dogons, recouvre celle de la régénération périodique, huit étant le nombre du Génie et de l'Ancêtre - le plus vieil ancêtre - qui s'est sacrifié pour assurer la régénération de l'humanité, lors de son établissement définitif sur la terre. Ce n'est qu'après ce sacrifice que sont tombées sur la terre les premières pluies fécondantes et purificatrices, que le premier champ a été ensemencé et qu'a retenti, au nord du village, le premier bruit de la forge.
Le mythe quechua relatant l'origine de la dynastie des Incas mentionne également huit ancêtres primordiaux, dont quatre frères et quatre sœurs.
La tradition chrétienne, en ce qui concerne ce nombre, recoupe étonnamment celle des Dogons, en faisant du huit un achèvement, une complétude.
Selon saint Augustin, toute action, en cette vie, se rapporte au chiffre 4, o encore à l'âme dont le nombre est ternaire. Au-delà du e jour, vient le 8e qui marque la vie des justes et la condamnation des impies. (Sur le chiffre 8, voir Augustin Luneau, L'Histoire du salut chez les Pères de l’Église, Paris, 1964, pp. 338-339).
Quant au Huitième Jour, succédant aux six jours de la Création et au sabbat, il est symbole de résurrection, de transfiguration, annonce de l'ère future éternelle : il comporte non seulement la résurrection du Christ, mais celle de l'homme. Si le chiffre 7 est surtout le nombre de l'Ancien Testament, le 8 correspond au Nouveau. Il annonce la béatitude du siècle futur dans un autre monde.
Rappelons pour terminer que le signe mathématique de l'infini est un huit couché, et que la lame huit du tarot de Marseille représente la justice, symbole de complétude totalisante et d'équilibre, ce qui rejoint parfaitement le huit = quatre + quatre des Dogons."
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Symbole de l'équilibre cosmique (les quatre points cardinaux et les quatre directions intermédiaires) et, pour Pythagore, de l'harmonie, le chiffre huit est également lié, chez les chrétiens, au salut et à la régénération : le huitième jour, qui succède aux six jours de la Création et au sabbat (septième jour), « est symbole de résurrection, de transfiguration, annonce de l'ère future éternelle : il comporte non seulement la résurrection du Christ, mais celle de l'homme [...]. Il annonce la béatitude du siècle futur dans un autre monde ». Signalons d'ailleurs que le huit couché est le signe mathématique de l'infini.
Dans la symbolique chrétienne, la forme octogonale évoque également la régénération et l'accès à la vie éternelle : « Les fonts baptismaux ont souvent une forme octogonale ou s'élèvent sur une rotonde à huit piliers ».
Pour les hindous, le huit correspond au nombre des bras de Vishnu, à celui des gardiens de l'espace, à celui des planètes (grahas) disposées autour du soleil, à celui des éléphants qui portent la terre, à celui des pétales du lotus traditionnel. Huit brahmanes vinrent saluer Bouddha à sa naissance, huit sentiers composent le chemin menant au nirvâna ; le bouddhisme est basé sur huit règles de conduite, els moines, qui se répartissent en huit degrés, prononcent huit vœux : « les formes (mûrti) de Civa sont huit, représentées en deux temples du groupe d'Angkor, par huit lingas [pierres érigées de forme phallique] autour d'un linga central. dans la Bayon d'Angkor-Thom, le Bouddha s'établit au centre d'un véritable lotus de huit chapelles rayonnantes, assumant par cette disposition les fonctions çivaîstes et celles du roi Chakravartî, celui qui fait tourner la roue au centre même de l'Univers ».
Au Japon, appelé Grand-Huit-Îles (pour signifier que les îles sont très nombreuses), le chiffre huit qui, dans les plus anciens textes shintoïstes, a le sens de multiple, est sacré : « A Yokohama a été édifié, en 1932, un centre national d'éducation spirituelle. Il est de plan octogonal et renferme à l'intérieur les statues de huit sages du monde : Câkyamuni, Confucius, Socrate, Jésus, le prince Shôtoku (VIIe siècle, japonais). La forme octogonale n'a pas été choisie en raison de l'existence de huit sages dans le monde [...] ; la forme du temple et ce nombre de sages signifient la sagesse infinie aux formes innombrables, au centre de tout effort spirituel, de toute éducation et de toute recherche ».
Signalons qu'en Chine, être huit à table porte bonheur.
En Afrique, chez les Dogons, le huit est le chiffre de la création (huit héros créateurs, huit ancêtres primordiaux, dont le huitième est « la parole elle-même »). Le huit symbolise toutes les forces fécondantes (notamment, eau, sperme). Les graines des plantes à semer sont au nombre de huit. L'homme a huit articulations des membres. Enfin, hit est aussi associé à la « régénération périodique, huit étant le nombre du Génie et de l'Ancêtre - le plus vieil ancêtre - qui s'est sacrifié pour assurer la régénération de l'humanité, lors de son établissement définitif sur la terre. Ce n'est qu'après ce sacrifice que sont tombées sur la terre les premières pluies fécondantes et purificatrices, que le premier champ a été ensemencé et qu'a retenti, au nord du village, le premier bruit de la forge [...]. La tradition chrétienne, en ce qui concerne ce nombre, recoupe étonnamment celle des Dogons, en faisant du huit un achèvement, une complétude ».
Dans les traditions européennes, le huit ne figure pas parmi les grands chiffres magiques. Si certains le considèrent comme le chiffre de la justice et de la séduction, il est en fait assez neutre. On dit également que « rêver du huit est indicateur d'une personnalité faible, indécise et craintive ».
Soixante-quatre ou carré de huit, est « l'expression d'une totalité réalisée, parfaite. Il est complétude, bétaitude, mais aussi le champ clos d'un combat : ce qu'exprime l'échiquier aux soixante-quatre cases ». Ce nombre joue un rôle similaire dans les religions orientales et occidentales : la mère de Bouddha serait née « dans une famille douée de soixante-quatre espèces de qualité ». Confucius a eu soixante-quatre générations depuis le fondateur de sa dynastie Hoang-Ti tandis que Jésus, selon saint Luc, aurait compté le même nombre de générations depuis Adam. En outre, aux funérailles, d'Alexandre le Grand, soixante-quatre mulets tiraient le char mortuaire ; en Chine, soixante-quatre personnes portent la dépouille de l'empereur : « soixante-quatre est bien le nombre symbolique de l'accomplissement terrestre ».
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Dans La numérologie dans l'après-vie, Décryptage de la stratégie qui précède une incarnation (Éditions Arcana Sacra , 2017) écrit par Denis Schneider, voici comment est présenté le 8 :
Symbolique : Pluton, Uranus et Saturne. - Terre, passif.
Le caducée, le sablier, le ruban de Möbius, l'infini.
La Justice des tarots.
Signification : Nombre problématique, lié au karma. (entrée karmique).
Devrait être le chemin de l'homme vers son développement, l'accumulation du savoir, de la compréhension ; devrait conduire à l'évolution spirituelle.
Sa signification est le pouvoir spirituel ou matériel, la gouvernance. Dans notre société, le 8 est lié le plus souvent au succès matériel, aux gains, à l'argent, au domaine matériel, mais c'est un nombre mystérieux, nombre des passages, de la transformation, du karma qui soumet parfois à de cruelles épreuves, des pertes et des profits, car il détruit autant qu'il promet. C'est un nombre scindé, addition de deux quatre qui s'expriment durement.
Personnalité : A le sens du pouvoir, des affaires, de l'autorité, des responsabilités ; sait concrétiser et faire fructifier. Très occupé par le domaine matériel, il est ambitieux et a besoin du concret pour se réaliser ; il s'investit surtout dans une gestion large, générale, à long terme.
Soumis à des épreuves et une lutte constante, il est "entier", persévérant, obstiné et a le sens du renoncement mais n'aime pas la faiblesse et manque de souplesse ; peu diplomate, peu sociable, peu influençable, sait malgré tout être généreux et dévoué si on le comprend et l'accepte, cependant il ne craint pas la solitude. La clé d'une vie réussie tient dans sa capacité à exercer le pouvoir au service des autres et non par pure ambition personnelle et c'est toute la problématique et l'enjeu du 8.
Courageux, dynamique, audacieux, novateur, volontaire, doit, franc, il dégage un certain magnétisme, sait motiver et entraîner les autres.
Dans le couple son caractère jaloux, emporté et passionnel rend le domaine affectif et sexuel problématique.
Au négatif : Parfois matérialiste endurci, parvenu, intolérant, sans scrupules, sacrifiant son entourage à ses besoins ; tendance à la violence et parfois même au sadisme. Peut être poussé aux excès, être agressif, impulsif, colérique, passionnel, jaloux, exclusif, rancunier, ce qui peut le conduire ainsi au drame.
Même analyse, mot pour mot dans La Numérologie appliquée, Ontologie et Holistique (Éditions Arcana Sacra, 2018) de Denis Schneider.
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