Étymologie :
CORAIL, AUX, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Av. 1150 « production calcaire de certains polypes, utilisée en bijouterie » coral (Lapidaire de Marbode, éd. I. Studer et J. Evans, 493) ; 1328 un arbre de courail (Inv. de Clemence de Hongrie ds Gay t. 1 1887) ; 1416 corail (Inv. du duc de Berry, ibid.) ; 2. fig. 1549 le coral de voz levres (Du Bellay, L'Olive, 44 ds Hug.) ; 3. 1775 zool. coral (Valm. t. 2). Du b. lat. corallum, class. corallium ; les formes en -ail ont été refaites à partir du plur. en -aux.
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Zoologie :
Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt s'intéresse à la communication chez les animaux et chez les plantes, et notamment aux redoutables poisons qu'ils produisent :
La palme semble devoir être attribuée à la palytoxine, isolée de petits invertébrés marins (Note : Les palythoas (zoanthaires , cœlentérés)) ; elle est mortelle pour la souris à la dose extraordinairement faible de 0.15 millionième de gramme par kilo. Aussi se garde-t-on de récolter ces animaux producteurs d'une substance à ce point redoutable et un tabou local des îles Hawaï interdit-il leur ramassage. Par une très étrange coïncidence, le laboratoire hébergeant les chercheurs qui travaillaient sur cette toxine fut détruit par un incendie l'après-midi même où ceux-ci récoltaient ces bestioles, ce qui suggère un mode d'interaction que les divers auteurs branchés sur le sujet n'avaient osé imaginer : la vengeance des toxines s'exerçant sur l'intégrité des bâtiments où on les étudie !!!
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Dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) Emmanuelle Pouydebat nous expose les caractéristiques du corail "Œil de dragon" (Zoanthus sansibaricus) :
Voilà un animal extraordinaire semblable à un joli bouquet de fleurs aquatiques aux couleurs détonantes. Le mystérieux zoanthaire œil d'aigle, ou œil de dragon, appartient à la famille des cnidaires, plus familièrement des coraux. Vivant en colonies, ces animaux mous se composent de petits disques bordés de tentacules et présentent un éventail de couleurs phosphorescentes à la lumière allant du vert au bleu en passant par des teintes orangées. D’autres couleurs peuvent apparaître en cercles concentriques verts ou bleus, gris bleuté, grisâtres, vert sombre, etc. Ils vivent sr les fonds sableux, vaseux ou détritiques constitués de graviers, de sables et de vase. Superbes animaux aussi beaux que fondamentaux pour la vie. En 250 millions d'années, les coraux sont devenus l'un des écosystèmes les plus importants et les plus complexes de la planète. Les coraux sont les poumons, la forêt tropicale des océans. Ils absorbent près de la moitié des émissions de CO2 de la planète. Plus d'un million d'espèces de plantes et d'animaux son étroitement liées aux coraux. Plus de 4 000 espèces de poissons et des milliers de plantes et d'autres espèces animales se réfugient dans ces récifs. Les coraux protègent la vie et les côtes contre les tempêtes, les vagues, les inondations, l'érosion... Alors ils se préservent.
Si un élément extérieur entre en contact avec eux, leur bordure s'enroule jusqu'à refermer le disque. Et comme d'autres animaux, ces coraux mous possèdent une cavité digestive unique, un système nerveux, des cellules musculaires et urticantes (les cnidocytes) pour se protéger. Ces animaux produisent une multitude de petites molécules pour éviter de se faire manger et lutter contre les parasites et autres infections. Pour se défendre, ils font encore mieux. Cet « œil de dragon » tient sa revanche quand il est exposé à l'air libre, émettant un aérosol dangereux, véritable poison. Par contact dermique, il transmet la palytoxine, puissant vasoconstricteur considéré comme une substance toxique vigoureuse. Au programme des symptômes : troubles sensoriels goût, toucher), hypertension, détresse respiratoire, douleurs musculaires et coma pouvant même entraîner la mort. Les coraux se font respecter chimiquement et les pêcheurs traditionnels savent très bien s'en méfier. Ces coraux produisent des produits toxiques, certes... mais la nature peut toujours surprendre et ces coraux ne font pas exception. Ils produisent des alcaloïdes, molécules qui constituent les principes actifs de médicaments. Les Zoanthus renferment donc des trésors potentiels pour la santé humaine. Ils synthétisent également du chloroforme méthanol. Et alors, me direz-vous ? Et alors ce produit chimique est capable de détruire un parasite qui infeste le système lymphatique humain ! Il stérilise même les parasites femelles. D'autres produits chimiques issus des Zoanthus, comme la norzoanthamine, ont le pouvoir d'empêcher la diminution de la densité osseuse et sont donc considérés comme des médicaments potentiels contre l'ostéoporose. Des animaux-fleurs qui soignent... quoi de plus beau à protéger ? Jardins de la mer, poumon des océans... ils sont indispensables à la vie. Il est donc aisé de se rendre compte à quel point la situation est dramatique. La quasi-totalité des récifs coralliens de la planète est menacée. Si beaux, si puissants et si fragiles à la fois, comme on peut aisément le constater lorsque l'on s'aventure en milieu sous-marin.
"Le corail au fond des eaux de l'océan ; l'expérience au fond de celles de l'adversité." (Félix Boguerts)
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Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) explique la résistance incroyable du corail :
Épigénétique et acclimatation phénotypique du corail super résistant
Les récifs coralliens constituent des oasis bioconstruites, comme nous l'avons vu dans la partie II, où la vie sous-marine prolifère. Mais ces précieuses oasis sont vulnérables : les impacts des activités humaines locales et le réchauffement climatique ont pour effet de faire mourir des récifs par blanchissements dans de nombreux endroits du monde.
Pourtant, la nature semble pouvoir résister à ces assauts en offrant une parade : dans la Grande Barrière, des espèces de coraux super résistants parviennent en effet à survivre là où d'autres dans leur voisinage périclitent. Quels sont les secrets de ces coraux ? Pour les découvrir, il faut partir dans la baie de la Princesse-Charlotte sur la côte de l'extrême nord du Queensland, au nord-est de l'Australie. Là, l'eau est en moyenne 2° C plus chaude que plus au sud sur la même côte.
Un groupe de chercheurs américains dirigés par Grove Dixon, de l'université du Texas à Austin, a montré en 2015 (« Genomic determinant of coral heat tolerance across latitudes » in Science, juin 2015) que certaines variétés au sein d'une même espèce de corail s'adaptent mieux que d'autres au réchauffement climatique, car elles disposent de variants génétiques qui leur confèrent une plus grande résistance à la chaleur.
Leur hypothèse a été de considérer qu'il ne s'agit pas d'une acclimatation mais d'une adaptation génétique à la chaleur. En poursuivant leurs recherches, ils ont identifié deux régions du génome porteuses de variants responsables de cette tolérance à la chaleur qui se transmet de génération en génération.
Ce pouvoir est amplifié par la résistance des algues corallines spécifiques avec lesquelles cette espèce vit en symbiose.
La solution que préconise Dixon pour lutter contre l'extinction des coraux dans des zones où l'océan se réchauffe est d'y implanter des coraux « immigrants » adultes qui viendraient répandre leurs variations génétiques de tolérance à la chaleur.
Une autre solution pour aider les récifs coralliens à se défendre dont les changements globaux engendré par les humains et de développer la méthode de « l'évolution assistée ». Elle a été mise en œuvre par l'Australienne Madeleine Van Oppen, chercheuse à l'Australian Institute of Marine Science, et par la célèbre biologiste américaine Ruth Gates, ancienne directrice du Hawaï Institute of marine biology dont le décès en 2018 à l'âge de cinquante-six ans a fortement ému la communauté scientifique spécialiste des coraux.
L'objectif initial de ces deux chercheuses a été d'accélérer artificiellement l'évolution biologique de différentes espèces de coraux pour leur apprendre à résister aux stress environnementaux. Il s'agit de conditionner les coraux élevés en pépinières pour qu'ils deviennent super résistants, en exposant des colonies d'adultes à des stress de température. En les forçant à s'adapter, les chercheuses ont ainsi tenté de modifier les caractéristiques génétiques des gamètes et des larves qu'elles vont produire de manière à ce que les coraux soient plus résistants et ne blanchissent pas.
« Il s'agit de l'adaptation phénotypique d'un individu qui favorise la valeur adaptative de ce dernier, par rapport à un environnement changeant, mais n'impliquant aucune modification de la séquence d'ADN » (« L'évolution assistée pour favoriser la résilience et la résistance des récifs coralliens face aux changements climatiques », Université de Sharbrooke, Québec, mai 2017), explique la biologiste québécoise Maude Thériault-Gauthier. « L'acclimatation est souvent associée à une modification de l'expression des gènes, engendrée par des modifications épigénétiques de l'ADN. » En vertu de quoi les coraux son susceptibles de s'acclimater à des températures plus élevées, et les changements qui s'opèrent peuvent être transférés à la génération suivante.
Des pouvoirs qui donnent des lueurs d'espoir aux naturalistes aux pêcheurs locaux et aux techniciens qui veillent à la sauvegarde de ces hauts lieux de biodiversité.
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Lithothérapie :
Elie-Charles Flamand, auteur de Les pierres magiques. (Éditions Le Courrier du Livre. Paris, 1981) rapporte les croyances traditionnelles au sujet du corail :
Dans sa Matière médicale, le médecin Dioscoride (1er s. après J.-C.) insiste au contraire sur les propriétés thérapeutiques des minéraux. Il codifie des traditions anciennes et il sera l'une des sources des Lapidaires postérieurs. Selon lui, le corail « est astringent et doucement rafraîchissant, il fait disparaître les excroissances de chair, il nettoie les cicatrices des yeux, remplit les crevasses et les cicatrices ; il est assez efficace contre les crachements de sang et soulage les maladies de la dysurie : bu avec de l'eau, il amollit la rate »
Symbolisme :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
CORAIL. Ce corps marin était renommé Jadis comme possédant un grand nombre de propriétés. Au dire de Marsile Ficin, par exemple, il préserve des terreurs paniques, des mauvais génies, de la grêle et de la foudre. Cette dernière vertu devait être attribuée, selon Liceti, à une légère vapeur que le corail répand dans l'air et qui dissipe toutes les causes physiques des orages. On disait qu'il arrêtait les hémorrhagies, et que porté au cou, il mettait à l'abri des maléfices.
D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
« Arbre des eaux, le corail participe du symbolisme de l'arbre (axe du monde) et de celui des eaux profondes (origine du monde). Sa couleur rouge l'apparente au sang. Il a des formes tourmentées. Tous ces signes en font un symbole des viscères.
Il serait né, selon une légende grecque, des gouttes de sang versées par la Méduse, l'une des Gorgones : ce serait la tête de Méduse, tranchée par Persée, qui se serait transformée en corail, tandis que du sang jaillissant naissait Pégase. Et ceci paraît cohérent, selon la dialectique interne des symboles, si l'on se rappelle que la tête de Méduse avait la propriété de pétrifier ceux qui la regardaient.
Le symbolisme du corail tient autant à sa couleur qu'au fait qu'il présente la rare particularité de faire coïncider en sa nature les trois règnes animal, végétal et minéral.
Chez les Anciens le corail était utilisé comme amulette, pour préserver du mauvais œil. Il était également censé arrêter les hémorragies, comme un coagulant, et écarter la foudre.
Sous le nom de partaing, dont l'étymologie est obscure (parthicus ?), le rouge corail a servi, dans les textes moyen-irlandais, à des comparaisons touchant la beauté féminine (les lèvres principalement). Il ne participe pas, selon toute apparence, en milieu celtique, au symbolisme guerrier de la couleur rouge. Mais les documents archéologiques établissent l'usage du corail dans les décors celtiques au deuxième âge du Fer (casques, boucliers, etc.). Puis, le corail ayant fait défaut, les Celtes l'ont remplacé par l'émail rouge qu'ils inventèrent.
Très utilisé dans ses formes naturelles par les orfèvres baroques d'Europe centrale du XVIe au XVIIIe siècle, il donne naissance, associé à des figures de métal précieux, à toutes sortes de monstres et d'êtres mythiques, qui en font une représentation matérielle innée de l'imaginaire, du fantastique. »
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Selon Elie-Charles Flamand, auteur de Les pierres magiques. (Éditions Le Courrier du Livre. Paris, 1981) :
LE CORAIL : Connu dès la plus haute Antiquité et estimé pour sa belle couleur rouge, le corail fut pris longtemps pour une simple pierre, un caillou aux formes capricieuses comme il s'en trouve tant au fond de la mer. Puis quelques auteurs latins prétendirent que cette « fille de la mer », ainsi qu'on l'appelait alors, était une sorte de « racine » qui, tirée de Tonde amère, se durcissait aussitôt à l'air.
A la Renaissance, on crut que le corail était une sorte d'arbrisseau vivant et se développant au fond de la mer. En 1700, le célèbre botaniste Tournefort classe encore le corail dans la section des « herbes marines ou fluviales desquelles les fleurs et les fruits sont inconnus du vulgaire ».
En 1706, le comte de Marsigli pensa avoir démontré la nature végétale du corail : il fit voir à l'Académie des Sciences une branche couverte de ce qu'il appelait des fleurs.
Cavolini, dès 1784, soupçonna le premier la nature animale du corail en montrant que le polype pond des œufs qui servent à la dissémination de l'espèce par la production de nouveaux polypiers. Mais ses recherches ne furent pas prises au sérieux et n'eurent aucun retentissement.
C'est à Peyssonnel, chirurgien de la marine, que revint l'honneur de prouver scientifiquement, en 1827, ce qu'est véritablement le corail. Envoyé sur les côtes de Barbarie (c'est-à-dire d'Algérie), il put l'observer lui-même avec soin : « Je fis fleurir le corail, dit-il, dans des vases pleins d'eau de mer et j'observai que ce que nous croyons être la fleur de cette prétendue plante n'était au vrai qu'un insecte (sic) semblable à une petite ortie ou poulpe. Cet insecte s'épanouit dans l'eau et se ferme à l'air ou lorsqu'on verse, dans le vase où il est, des liquides acides, ou lorsqu'on le touche avec la main, ce qui est ordinaire à tous les poissons et insectes testacés d'une nature baveuse et vermiculaire. J'avais le plaisir de voir remuer les pattes ou pieds de cette ortie, et ayant mis le vase plein d'eau où le corail était auprès du feu, tous ces petits insectes s'épanouirent. Je poussai le feu et fis bouillir l'eau et je les conservai épanouis hors du corail. L'ortie sortie étend les pieds et forme ce que M. de Marsigli et moi avions pris pour des pétales de la fleur ; c'est le corps même de l'animal avancé et sorti hors de la cellule (1). »
Cependant, les dires de Peyssonnel ne reçurent qu'un accueil très froid, tant le travail de Marsigli avait paru péremptoire. Deux illustres savants, Réaumur et Bernard de Jussieu tentèrent amicalement de lui démontrer qu'il se trompait et que ses conclusions étaient le fruit d'une aberration momentanée de son esprit. Peyssonnel tint bon et finit par rallier à lui ses deux contradicteurs. Mais il lui avait fallu plus de quinze ans pour faire triompher la vérité.
L'axe central ou support pierreux du polypier est recouvert d'une écorce molle, comme gélatineuse, et c'est dans cette enveloppe criblée d'une foule d'enfoncements cellulaires que sont logés les polypes.
Ces animaux de l'embranchement des Cœlentérés ont la forme d'un petit cylindre dont l'ouverture supérieure, leur bouche, est entourée de huit tentacules qui s'épanouissent comme les pétales d'une fleur et servent à saisir les particules nutritives. Les polypes d'un même pied de corail communiquent tous par l'estomac. Chaque animal, par les molécules calcaires qu'il exsude, contribue à faire croître le squelette commun qui se ramifie en de nombreuses branches.
Le corail prolifère dans les mers tempérées et chaudes entre 50 et 200 mètres de profondeur. Les principaux champs de corail exploités sont ceux de la Méditerranée, des Iles du Cap Vert, de l'archipel malais et des eaux qui baignent le Sud-Ouest du Japon.
Débarrassé de son écorce vivante, le squelette est d'une couleur qui, selon les espèces, va du rouge intense au blanc complet. Dans le commerce, on distingue, selon la beauté de leur coloration, cinq variétés de corail rouge : l'écume de sang, la fleur de sang, le premier sang, le second sang, le troisième sang.
Le corail blanc est considéré comme le corail femelle.
Il existe un corail noir, couleur d'ébène, que l'on appelait autrefois antipathes.
Le corail et les parures que l'on confectionne avec lui jouent un rôle particulier pour détourner les maléfices. En Italie, on en fait des amulettes qui figurent une main fermée à l'exception du petit doigt et de l'index, lesquels sont étendus et forment des cornes.
Ce fétiche passe pour empêcher le mauvais sort — la « jetta-tura » — que sont susceptibles de « jeter » certaines gens à qui l'on cause : les deux doigts de la breloque dirigés — sans en avoir l'air, bien entendu — sur ces fâcheuses personnes suffisent à annihiler leur « mauvais œil » (ce à quoi l'on peut aussi arriver avec sa propre main, en lui faisant prendre l'attitude de l'amulette en question).
En médecine, on attribuait autrefois des propriétés absorbantes à la poudre de corail. Celle-ci était encore employée comme dentifrice à la fin du siècle dernier. Ainsi, l’Aide-Mémoire de pharmacie, vade-mecum du pharmacien à l'officine et au laboratoire d'Eusèbe Ferrand donne, dans son édition de 1891, deux recettes de dentifrice à base de poudre de corail rouge.
Le corail est dit posséder une propriété curieuse connue depuis très longtemps et semblable à celle que l'on prête à la turquoise et à la perle : certaines personnes ne pourraient porter sur la peau un objet en corail rouge sans que celui-ci se décolore et ce phénomène serait général pour toutes les personnes malades. Les Anciens prétendaient même que, si une personne portant un collier de corail rouge était sur le point de tomber malade, le corail se décolorait avant même que la personne ne ressentît les premières atteintes du mal.
Selon la médecine antique, le corail arrête les hémorragies, dessèche les humeurs, empêche la tuméfaction des plaies. Il combat la dysenterie, fortifie les yeux par son action détersive et dessicative des crasses de l'œil et préserve de toutes les épidémies.
Il calme les maux d'estomac, guérit les inflammations de la rate et de l'intestin, fortifie le cœur, est utile contre les palpitations.
Il est actif contre la neurasthénie et a des propriétés aphrodisiaques.
Suspendu au cou d'un épileptique ou d'un goutteux, il combat leur mal.
Il calme les convulsions des petits enfants et leurs maladies nerveuses.
Arnaud de Villeneuve dit que si l'on fait prendre 10 grains de corail rouge pulvérisé à un enfant avec le lait de sa mère, pourvu que ce soit le premier enfant de cette femme et que l'enfant n'ait encore pris ni nourriture ni boisson, il sera garanti pendant toute sa vie de l'épilepsie.
Sa poudre bue avec du vin facilite l'élimination du sable de la vessie et des calculs rénaux.
Le grand alchimiste Basile Valentin a donné une singulière recette de panacée où l'or potable doit être mêlé au corail et à la perle : « Si la quintessence des perles avec la teinture des coraux sont jointes en même poids avec cet Or spirituel, et si l'on en donne la pesanteur de deux grains à quelqu'un, il se pourra assurer de jouir d'une parfaite santé et d'être exempt de toute infirmité, parce que dans cet esprit de l'Or réside par excellence la vertu de guérir toutes débilités, les ôter et rectifier la masse du corps de l'homme de telle sorte qu'il peut être tenu parfaitement exempt de toutes maladies -. car la quintessence des perles fortifie le cœur et rectifie les fonctions des cinq sens, tandis que la teinture des coraux expulse tous les venins, et ainsi Vâme de l'Or étant en forme de liqueur unie avec l'essence des perles et soufre des coraux joints ensemble, ils peuvent produire des effets quasi incroyables et qui sembleraient excéder l'étendue des pouvoirs de la nature si l'expérience n'en faisait voir la vérité (2). »
Quant au corail blanc, il est propice aux femmes et calme les douleurs menstruelles.
Au point de vue magique, le corail rouge est non seulement utilisé pour préserver des sorts, comme nous l'avons déjà montré, mais il peut aussi détourner du meurtre, chasser les démons et les mauvais génies, dissiper les cauchemars, éloigner les terreurs paniques, mettre à l'abri de la fascination, garantir de la foudre, de l'ouragan et de la tempête, apaiser la fureur des vagues, écarter la grêle des vignes.
Il donne la prudence et le jugement, inspire la gaieté et rassérène l'âme.
Symboliquement, le corail rouge signifie : courage et bonté ; le rosé : pudeur ; le blanc : modestie ; le noir : force et fermeté.
Note : 1) Peyssonnel, Traité du corail, manuscrit de la Bibliothèque du Muséum National d'Histoire Naturelle.
2) ) Basile Valentin, Révélation des mystères des teintures des sept métaux, Paris, 1646, Réédition Savoret, pp. 75-76.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Depuis la plus haute Antiquité, l'« arbre des eaux » a fasciné les hommes car il « réunit en lui les trois règnes minéral, végétal et animal. Enveloppé de mystère où le symbolisme qui lui est associé va de sa forme, qui ressemble à un arbre ou l'axe du monde, jusqu'à l'eau qui suggère l'origine du monde, en passant par sa couleur rappelant le sang". »
Né, d'après une légende grecque, du sang et de la tête de Méduse, tranchée par Persée, le corail doit à cette Gorgone, dont des serpents composaient la chevelure, sa conformation et sa propriété d'agir efficacement contre les venins et les morsures d'aspic ou de scorpion. Selon une autre tradition, c'est une algue putréfiée et durcie à l'air qui lui donna naissance : « Blanc à l'origine, il rougirait sous l'action du soleil et du baiser des nymphes amoureuses ».
La réputation amulettique du corail remonte aux plus anciens temps. Pour les Cananéens, les perles de corail étaient des porte-bonheur. Les Romains en faisaient porter aux enfants pour les mettre à l'abri des mauvais génies, des sortilèges et de tous les dangers. Sous forme de main, de corne, ou même de simple branche, le corail est, notamment pour les Arabes et les Italiens, un préservatif puissant pour lutter contre le mauvais œil. Le roi de Naples, Ferdinand Ier (1751-1825), brandissait vers toute personne qu'il soupçonnait être un jeteur de sort le morceau de corail conservé précieusement sur lui. En Toscane, les mères en attachent un grain au cou du bébé et boivent parfois du corail réduit en poudre, ou en font avaler au nourrisson, avant de l'allaiter. Dans les Apennins, « sept fragments de corail pris aux colliers de sept jeunes filles nommées Marie, enfilés dans un cordon de soie rouge attaché au bras gauche de l'enfant, constituent un antidote souverain contre l'envie ». D'une manière générale, le corail, très bénéfique, prémunit de l'adversité, des ennemis, des envieux et des médisants. En porter incite également à la prudence, à la justesse de raisonnement et pourrait même détourner du meurtre. Selon une croyance gauloise, il assure la victoire dans les combats et rend les poisons efficaces. Au Moyen Âge, le corail passait pour protéger des terreurs paniques. On lui accorde toujours un grand pouvoir contre les cauchemars.
Comme le corail laisse échapper dans l'air une légère vapeur, on croyait qu'il empêchait la formation d'orages Aussi le crut-on capable de protéger de la foudre, de la grêle et des tempêtes ou typhons. Pour se concilier les éléments, une tradition grecque recommande aux marins d'en accrocher au mât d'un navire avec une peau de phoque., le corail protégeant en outre de tout danger ceux qui voyagent sur l'eau. Il éloigne encore la vermine, les rats, les fourmis et les chenilles. En Inde, le corail rouge foncé promet la prospérité à son possesseur.
Sa couleur, liée au sang et à la vitalité, fait qu'il passe pour un remède privilégié dans de nombreux cas. Il arrête une hémorragie par simple contact ; selon la médecine populaire arabe, en porter une branche au cou avec une monture en argent empêche les saignements de nez.
Il remédie aux maladies cutanées et favorise la guérison de la dysenterie, de la goutte, de la peste, de la tuberculose et de l'épilepsie. En avoir sur soi fortifie la vue et protège des épidémies.
Autrefois, on mettait des colliers de corail au cou des jeunes enfants pour favoriser la sortie des dents. Les femmes qui ont sur elles un morceau de corail brut, de couleur rouge, auront des menstrues régulières. Selon une croyance belge, « on peut facilement reconnaître les femmes qui ont leurs règles, lorsqu'elles portent sur elles un bijou de corail rouge. Le corail blanchit et perd sa teinte pendant l'époque de la menstruation ».
Le corail blanc, très estimé en Chine, passe en Europe, où il est surnommé « pierre de lait », pour favoriser les montées laiteuses.
Avaler un peu de poudre de corail fait dormir. L'élixir de corail est bénéfique pour le cœur et la circulation sanguine ; il ralentit le vieillissement et favorise la concentration. Au Japon, une teinture de corail rouge était administrée en sirop pour purifier le sang.
Il faut savoir aussi que « la perle de corail restitue le magnétisme personnel grâce à l'action conjuguée des forces naturelles qu'elle concentre, car le corail accumule au fond des mers de nombreuses énergies dont les principales sont le rayonnement solaire et le magnétisme terrestre ».
Quand le corail monté en bijou change de couleur et pâlit, c'est le signe que son possesseur est malade (Russie, Italie) ; il peut aussi perdre son éclat à la mort d'un mai (France).
Voir en songe du croail se développer est le signe d'un prochain voyage en mer. Rêver qu'on vous offre un bijou serti de corail annonce une rentrée d'argent inespérée.
Signalons enfin que les Polynésiens vouent un véritable culte au corail, habité par le dieu Varuga, à qui ils élèvent des autels en corail.
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Sur le site http://www.mysterra.org/ on peut lire l'article intitulé :
"Le pouvoir symbolique des coraux.
Connu depuis la préhistoire - on en retrouve les traces peintes dans certaines grottes - ce "produit des Dieux" était déjà utilisé par les Égyptiens, les Grecs et les Romains pour réaliser des objets et des bijoux. D’après une légende grecque, Persée trancha la tête d’une gorgone, la posa sur un coussin d’algues qui fut alors inondé de sang. Celui-ci se pétrifia, et créa ainsi le corail qui bientôt se répandit dans les océans.
Le corail fut aussi durant longtemps l’objet de croyances diverses. Au moyen-âge on cachait dans sa bourse un morceau de corail, talisman contre la sorcellerie! On assurait qu’il rendait les récoltes fertiles et éloignait la foudre des bateaux. Considéré par les Tibétains et les Indiens d’Amérique comme une pierre sacrée, il symbolise "l’énergie de la force vitale" et protège du mauvais œil.
Celui qui possède du corail rouge vivifie sa circulation sanguine, le corail rose lui, aurait une influence sur le cœur, siège des émotions. Il protège des carences alimentaires et de la dépression. Aidant à fixer des images dans notre subconscient, il favorise la méditation. Dans la tradition arabe il était utilisé contre la dysenterie, comme collyre, et même comme dentifrice ! Pour les Chrétiens, il symbolisera bien sûr, le sang du Christ."
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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :
Cet élixir aide à se détendre, à être plus souple dans le quotidien. Il favorise la méditation et l'accès aux réalités profondes.
Le corail possède dans ses tissus des algues unicellulaires qui favorisent leur calcification. Il se dégage du corail du gaz carbonique qui remonte à la surface de l'eau et se répand dans l'atmosphère. En fait, il nous relie à nos réalités profondes, facilite la cohésion des parties minérales, végétales et animales qui composent le microcosme humain. Cette pierre qui va du rose saumon au rouge foncé détient une dureté qui va de 3 à 4. Elle nous apporte donc une souplesse sur les plans physique, mental et émotionnel.
Selon une légende grecque, des gouttes de sang tombes de la tête de la Méduse, tranchée par Persée, se seraient transformées en corail. Sa couleur rouge l'apparente donc au sang. Ses formes tourmentées l'apparentent aussi aux viscères. Le Corail était censé arrêter les hémorragies en tant que coagulant (la Méduse avait la propriété de pétrifier ceux qui la regardaient et là nous ressentons encore l'idée de coagulation). L'élixir de corail combat les inflammations de la rate, de l'estomac, de l'intestin, les gaz, les météorismes ; fortifie les gencives, nettoie les ulcères, empêche la toxicité de certains médicaments, facilite l'élimination du sable et des calculs. Le carbonate de calcium qui compose cette pierre fait de cet élixir un des meilleurs pour la colonne vertébrale ou les tendons qui ont subi des accidents répétés. En outre, il protègerait le jeunes enfants contre l'épilepsie selon Avicenne. Il soigne les phlébites et les fièvres hépatiques selon la médecine tibétaine.
Mots-clés : phonétiquement corail signifie l'élève en japonais. Avec l'élixir de Corail, le maître, c'est-à-dire le JE dispose ici d'un très bon élève pour le servir et l'élever dans sa dignité.
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Sandra Revolon, dans « L’Éclat des ombres », (Techniques & Culture [En ligne], 58 | 2012) étudie la signification symbolique de la Bonite dans les îles Salomon :
Les Owa de Aorigi (à l’est des îles Salomon) disposent de plusieurs termes pour qualifier ce qui est lumineux. Le verbe mawe et ses synonymes rara et sina signifient éclairer, illuminer, étinceler. Sous sa forme nominale, mawe(na) désigne la lumière du soleil. Rarafa(na) sert à nommer la brillance, la lueur, l’éclat et la phrase verbale sina wawaa, ce qui éclaire vivement, comme le faisceau d’une torche électrique, ou un feu. Le verbe ora qualifie ce qui luit, des braises ou des étoiles. L’ensemble de ces termes recouvre ce que les Owa considèrent comme des sources lumineuses primaires, des formes diverses de lumière directe : le soleil, le feu, une lampe, le bout incandescent d’une cigarette, mais aussi les étoiles (Mellow 2005).
Dans le langage courant, le verbe toga désigne également ce qui brille, étincelle, scintille, éblouit. Dans une seconde acception, il traduit l’action des sources secondaires de lumière qui ne produisent pas d’éclat mais le diffusent, le reflètent.
Lorsque ces notions sont discutées par les détenteurs des savoirs ésotériques, experts en rituels (mwane apuna) et experts en sculpture (mwane ni manira), le verbe toga et sa forme nominale togatoga(na) revêtent une signification plus précise : ils désignent ce qui brille d’une lumière nécessairement reflétée et aveuglante. Aux dires de ces exégètes de la culture locale, ces termes renvoient à des surfaces et des matériaux très divers : le nautile (Nautilus pompilius) en premier lieu, lorsqu’il est poli et incrusté sur la surface des objets magiques ; la chaux de corail appliquée sur la proue des pirogues rituelles ; la peau des bonites et la marque qu’elles laissent sur le torse des jeunes garçons lors de leur initiation, l’aspect de l’océan à l’aube, au crépuscule ou lorsque la lune s’y reflète, et enfin, certains nuages. Faussement disparates, ces phénomènes ont en commun d’être associés, de plusieurs manières dans l’esprit des Owa, aux morts qui les gouvernent et qui sont responsables de leur bien-être.
[...] Composée de carbonates de calcium, la chaux de corail appliquée sur le noir charbonneux des proues de pirogues rituelles présente des propriétés iridescentes proches de celles de la nacre. En aplats, elle crée, lorsque l’embarcation est en mouvement, une forme de scintillation comparable à celle de la colonne lumineuse formée, la nuit, par le reflet de la lune sur la surface de l’océan ; ce reflet vibrant, mouvant de la lune et de la chaux sèche est lui aussi appelé togatoga(na) en owa. Ici, ce n’est plus le phénomène d’iridescence qui semble justifier la présence de cet effet d’optique dans la catégorie des lumières togatoga(na), mais le fait qu’il s’agit de sources lumineuses à la fois indirectes et mouvantes conçues comme le signe de la présence effective des morts.
Le nautile poli incrusté sur le noir profond des objets magiques, les pectoraux en demi-lune d’huître perlière sur le torse des hommes éminents, les aplats de chaux scintillants sur le noir opaque du charbon, la peau luisante des bonites sur la surface bronze de l’océan, les traces bleutées sur la peau sombre des initiés, l’aspect de l’océan au crépuscule ou lorsque la lune s’y reflète, l’apparence de certains nuages ; ce qui est donné à voir dans chacun de ces contextes, c’est le contraste du sombre (gris anthracite, noir profond, bleu foncé, pourpre) et du clair (blanc éclatant, gris, bleu ou rose clair), souligné dans certains cas par un phénomène d’irisation ou de scintillation. En imprimant ces dispositifs visuels sur la surface de leurs objets magiques, les Owa se sont rendus capables de créer des images susceptibles de « cristalliser un existant caché » (Grimaud 2006 : 96) et de fabriquer les conditions matérielles attestant, en un temps et un lieu donnés, et selon des modalités qu’ils peuvent contrôler, de la présence des morts parmi eux.
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Véronique Dasen, dans un article intitulé "Sexe et sexualité des pierres dans l'Antiquité gréco-romaine." (In : Les savoirs magiques et leur transmission de l'Antiquité à la Renaissance. 2014. pp. 195-220) s'intéresse aux croyances des Anciens relatives à la porosité entre les règnes :
Le discours mythique atteste lui aussi de passages d’un règne à l’autre. Les récits abondent sur les humains et les animaux qui sont pétrifiés, généralement comme punition divine ou victimes du pouvoir de Méduse. Les cailloux de l’île de Sériphos sont les habitants empierrés lors du passage de Persée avec la tête de Méduse, mais à l’inverse, la race humaine naît de pierres semées dans le sol dans le mythe de Deucalion et Pyrrha. Le vocabulaire évoque la nature organique du minéral en le comparant ou en l’associant à la croissance du végétal ; Niobé sent « le roc monter et l’asservir », « aussi tenace que le lierre », tandis qu’Arsinoé se transforme en pierre tout en s’enracinant dans le sol. Ces pierres marquent le paysage, tel Atlas devenu montagne, et restent animées d’une vie cachée. Sur le Mont Sipyle, le rocher de Niobé pleure, démonstration minéralisée de l’éternité de sa douleur. Les métamorphoses sont-elles réversibles ? Si des mortels peuvent se transformer en statues, des statues s’animent et se transforment en êtres vivants, comme dans la célèbre histoire de Pygmalion et Galatée.
Des herbes empierrées : L’exemple le plus célèbre de cet entre-deux est le corail, une « plante flexible », mollis herba, qui devient un minéral une fois sorti de l’eau, tout en conservant sa forme végétale. Son nom, gorgonia, renvoie à sa composante la plus importante, le sang : cette « herbe empierrée » (lithodendron) est aussi du sang minéralisé, car le corail nait des herbes pétrifiées par le contact avec le sang de la tête coupée de Méduse 19. Phylactère puissant, écartant tout mal, miasme, fantôme et envoûtement, elle est portée en amulette, surtout par les enfants. Ses vertus médicales sont multiples. Son port prévient les coliques et les calculs, bue mêlée à de l’eau ou du vin, elle neutralise les venins et les poisons. Par magie sympathique, le corail agit aussi sur les saignements internes ; grâce à ses qualités astringentes, elle soigne les ulcères et les cicatrices. Le corail est parfois taillé et serti en bague comme une vraie pierre. Quelques exemplaires portent gravée la tête de la Gorgone, redoublant l’efficacité du bijou.
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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Corail est défini par les caractéristiques suivantes :
Traits : Le corail symbolise une fondation solide et structurée pour soutenir sa vie. Le corail est un petit animal invertébré (son corps est appelé polype) qui vit en colonies compactes formant des récifs - écosystèmes sous-marins assemblés et protégés par le carbonate de calcium que sécrète le corail. On le trouve communément dans les eaux tropicales peu profondes, mais certaines espèces de corail se trouvent aussi dans des eaux plus profondes et plus froides. Les récifs de corail sont sensibles aux changements de température de l'eau. Les polypes du corail sont ordinairement clairs : c'est l'algue qui vit à l'intérieur de sa structure qui donne au corail sa couleur.
Talents : Adaptable - Conscience des rythmes de la vie - Équilibre - Connexion à son être intérieur - Créativité - Généreux - Sens du don - Nourrit les autres - Patience - Procure un abri - Fondation solide - Stabilité - Structuré - Soutient la vie - Fait confiance aux autres - Se fait confiance à lui-même.
Défis : Plane au-dessus des gens - Immobile - Projette ses idéaux sur les autres - Rigide - Auto-sacrificiel - Ne fait pas confiance.
Élément : Eau.
Couleurs primaires : Toutes les couleurs imaginables !
Apparitions : Le corail apparaît lorsque vous avez besoin de partager avec d'autres. Cela peut être des biens matériels, un avis, ou simplement l'épaule de quelqu'un pour pleurer dessus. Vous êtes quelqu'un de fort mentalement et émotionnellement, vous pouvez survivre aux perturbations qu'apportent des émotions des autres, et vous êtes quelqu'un qui sait écouter. Lorsque vous donnez un conseil, il est plein d'une grande sagesse, même si vous ne vous en rendez pas compte.
Vous savez de façon innée mettre les personnes à l'aise et calmer leurs tourments. Le corail veut dire que des personnes plus jeunes vont vous regarder en tant que modèle, et que vous êtes désireux de les aider de toutes les façons qui vous sont possibles. Le corail vous pousse à vivre pleinement l'artiste qui est en vous. La créativité sous toutes ses formes agit comme un allègement au stress. Lorsque le corail apparaît, c'est pour vous pousser à bien vous nourrir pour ne pas devenir faible. Vous êtes souvent si occupé que vous sautez des repas parce que vous oubliez de manger. Être productif est aussi un signe qu'apporte le corail : de nouveaux projets et de nouvelles occasions s'annoncent.
Aide : Le corail représente le timing parfait, aussi, si votre timing se fait désirer, demandez au corail de vous aider à revenir sur la bonne voie. Vous êtes une personne aimante, qui prend soin des autres, mais parfois vous pouvez sentir qu'on néglige votre présence ou qu'on la considère comme allant de soi. Vous vous êtes construit une fondation solide, aussi vous n'avez pas besoin d'éloges pour savoir que vous faites un excellent travail. le corail vous aide à valoriser vos propres réalisations. Le corail est en permanence en train de changer suivant le flux de l'océan, aussi attendez-vous à ce que des changements interviennent bientôt. Coulez-vous dans ces changements, au lieu de lutter contre eux, pour arriver au meilleur résultat possible. Le corail symbolise la croissance spirituelle, le soutien émotionnel et la compréhension dans la pratique spirituelle et l'approche du psychisme humain. Vous savez intuitivement quels pas faire dans une situation donnée, aussi ne doutez pas de vous. Le corail signifie se connecter plus profondément à ses sentiments. Il vous encourage à voir la beauté dans tous les aspects de votre vie, à faire confiance à la guidance universelle et à accepter le bonheur et les gratifications qui viennent à vous.
Fréquence : L'énergie du corail est semblable à une lumière resplendissante qui brille sur vous. Cela vous remplit d'espoir, d'amour, de courage et de force. C'est chaud, c'est apaisant, et cela ressemble à quelque chose qui luit naturellement en vous.
Imaginez...
Les extraordinaires couleurs des récifs de corail vous éblouissent alors que le soleil filtre à travers les eaux chaudes et claires de l'océan. Vous êtes en train de nager sous l'eau avec un tuba pour observer les formes et couleurs des coraux dans leurs assemblages. Certains ressemblent à de petits arbres avec des branches, alors que d'autres ont la forme de barres, plates ou ondulées. Certains vous rappellent le cerveau humain, d'autres des organismes à bras multiples ou bien des fougères ayant poussé sur un tronc d'arbre. La façon dont ils sont groupés vous évoque un tas de petites communautés formant tout un petit monde sous-marin, qui est le récif. Alors que vous nagez le long du récif, vous plongez souvent pour mieux le voir avant de remonter en surface. Les motifs que dessine le corail sont complexes et comportent énormément de couleurs. Le corail est une fondation solide et nourrissante qui soutient l'existence de nombreux animaux marins. Cela vous rappelle les gens qui font partie de votre vie et la façon dont vous êtes en interaction avec eux au quotidien. Ils sont uniques et sont pour vous des soutiens précieux comme le corail.
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Joëlle Ricordel, dans un article intitulé "Des vertus et couleurs de quelques minéraux dans les écrits des médecins de langue arabe (IXe-XIIIe siècle). (In :Pallas. Revue d'études antiques, 2021, no 117, pp. 219-233) explique la place du corail dans la pharmacologie arabe :
Le corail (بسد). Dans la série des pierres rouges choisies, le corail, basad, est l’élément organique. La côte méditerranéenne de l’Ifriqiyya, soit de Tanger à Tripoli, et la côte sicilienne de Syracuse sont les lieux de récolte des gorgones cités. La préférence va à celui qui est rouge, vermillon pur ou selon une variante, de la couleur du minium. On a alors la qualité la meilleure qui présente de l’astringence et est « légèrement rafraîchissante ». Les auteurs se réfèrent à Galien pour affirmer : « Si on prend trois dāniq (1) de corail rouge et qu’on le mélange à un dāniq et demi de gomme arabique, qu’on en fasse une pâte avec du blanc d’œuf et qu’on le donne à boire avec de l’eau froide, il sera bénéfique contre l’hémoptysie. En somme, le corail brûlé associé à d’autres médicaments employés pour couper le sang, favorise l’arrêt [des saignements]. » Ce corail est obtenu en le faisant brûler et sécher dans un récipient en argile mis au four pendant une nuit.
L’échantillon de pierres de couleur rouge prononcé que nous avons choisi dans cette étude, pierres précieuses ou fines, inorganique ou organique, met en lumière une relation analogique basée sur la couleur entre le sang et les gemmes. Ces dernières semblent bien posséder une qualité particulière, ḫawaṣṣ, leur permettant d’être efficaces contre toute maladie en relation avec le flux sanguin (hémorragies, épanchements sanguins) et en rapport avec le muscle contrôlant le sang, le cœur, sur lequel ils agissent en le fortifiant au propre comme au figuré. On note aussi, que par effet d’opposition à la couleur blanche, certaines sont utiles dans les cas de leucorrhées.
Note : 1) Le dāniq vaut environ 0,57 g. Voir Alvarez de Morales, 1975-1976, p. 165.
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Symbolisme astrologique :
Gabriel, le créateur du Site Zooastro.com propose de trouver son animal astral en fonction de la position du Soleil et de la Lune dans notre thème :
Les Cnidaires sont des animaux pionniers : Les Cnidaires sont des animaux primitifs qui regroupent les anémones de mer, les méduses et les coraux. Par « primitifs », il faut entendre qu’ils ont été parmi les premiers êtres vivants à se différencier du règne végétal, et qu’ils ont gardé de cette antériorité des propriétés mi animales, mi végétales.
D’abord, les Cnidaires sont des animaux, parce qu’ils mangent. Ils sont parmi les premiers, avec leurs cousins les Cténaires, à avoir acquis la capacité de « prendre » la nourriture pour la porter à la bouche. Ainsi, les personnalités marquées par le premier signe du Zodiaque se démarquent par leur capacité d’action. Elles sont dynamiques, conquérantes et courageuses.
Armé pour l’action, cet animal est un carnivore, brandissant des tentacules. Ces tentacules sont remplis de venin chez les Cnidaires, et remplis de colle chez les Cténaires. Énergie décuplée et foudroyante, qui va dans toutes les directions, comme une explosion. Les personnalités marquées par ce signe ne ménagent pas leurs efforts et étonnent leur entourage par cette incroyable combattivité.
Malgré ces aptitudes animales, les Cnidaires gardent un certain nombre de caractéristiques qui rappellent leur proximité avec le règne végétal. Leur apparence leur a longtemps valu d’être considérés comme des plantes. Ils partagent avec les plantes la quête de la lumière et la capacité à se régénérer. Ce sont des personnalités hybrides et difficiles à comprendre.
Les Cnidaires se démarquent par leur capacité d’action. Combatifs, impulsifs, et enthousiastes, ils sont toujours les premiers à poser des gestes chevaleresques pour se prouver à eux-mêmes ce qu’ils valent. Leur devise pourrait bien être : « J’agis pour agir ».
Le Corail de Feu ou l’étendard : Le Millepore (ou Corail de Feu) fait partie de la famille des Cnidaires. Cet Animal Astral se démarque par sa capacité d’action. Combatif, conquérant, et enthousiaste, son besoin d’accomplir une mission supérieure est sans doute le véritable moteur de son dynamisme.
Animé par le besoin de rassembler les autres, le Millepore est un infatigable promoteur de règles de vie commune. Pour lui, la société est structurante et donne un réel sens à la vie. L’égocentrisme de sa volonté est ainsi discipliné par une sensibilité sociale. On peut même dire que le Millepore agit, plus ou moins consciemment, grâce et pour les autres.
Le Millepore est certainement marqué par une forme de spécialisation sociale. Il est tenté de prendre la parole pour les autres. Comme si lui seul disposait d’une bouche, comme s’il était le mieux placé pour nourrir ceux qui l’entourent. Doué d’une force de persuasion, il sera à l’origine d’un échange qui pourrait se résumer ainsi. « J’ai besoin de vos bras, vous avez besoin de ma bouche. » Ceux qui se placent sous son influence peuvent donc tirer bénéfice de cette association. Cette personnalité aura, c’est certain, un grand besoin de partager son enthousiasme, comme s’il devait répandre autour de lui la « nourriture divine ».
Cette préoccupation sociale va de paire avec une soif de grands espaces, une recherche d’envergure, et un besoin de mouvement de groupe. Le Millepore ne tient pas en place. Il cherche à entraîner son entourage dans ses aventures, comme un général mène son armée en marche. A la fin de l’enfance, il construit certainement sa psychologie autour de la libération vis-à-vis des parents. Il y a fort à parier qu’il considère la famille avec méfiance, comme une structure potentiellement capable de freiner son expansion sociale et son rêve de société plus large. Bien qu’il n’exclue pas la reproduction, d’autres moyens sont bons, comme la conversion, ou l’enrôlement, pour agrandir son empire.
Le paradoxe du Millepore : Il y a tout de même chez cet être un paradoxe. Alors qu’il ne rêve que de lumière et d’horizons lointains, et malgré sa formidable puissance de feu, il reste ancré dans le réel. Il ne décolle pas. Tout juste virevolte-t-il après avoir été arraché à son groupe par une forte tempête de la vie. Mais il retombe toujours un peu plus loin, régénéré, pour y réimplanter sa colonie. C’est que ses instincts guerriers préoccupés par la matière l’entravent dans sa quête exigeante, de la même manière que l’étincelle d’un silex a du mal à allumer le moteur d’une fusée.
Parce que sa vie est une inlassable conquête, le Millepore vit un combat permanent. Cette combativité peut poser problème en société quand elle donne l’impression de faire parler ses muscles avant son cerveau… Le contact du Millepore peut donc être urticant, brûlant, épineux. Car étant tout feu tout flamme, il initie une impulsion difficile à contrôler. Son attitude chevaleresque lui fait souvent franchir le Rubicon. Peu lui importent les conséquences. Il ne craint pas le retour de bâton. Sa nature passionnée resurgit mille fois plus forte s’il perd une bataille.
De toute façon, le Millepore préfère mourir en martyr que de s’adapter à des conditions de vie indignes. Toute personne qui cherchera à le faire évoluer dans un sens qui ne lui convient pas devra s’attendre à des dommages collatéraux. Farouchement attaché à ce qu’il a acquis, et toujours prêt à partir en croisade, le Millepore cherche à influencer les tendances de fond de son environnement social plutôt que de les subir.
Les pouvoirs du Millepore : En véritable civilisateur, il est tenté de placer sa forte volonté conquérante et dirigiste au service d’un idéal de société. Très dynamique, très persuasif, il sait s’entourer des personnes qui feront avancer sa cause.
Le natif du Millepore aura tout intérêt à s’orienter vers une activité combative qui exalte ses aspirations à rassembler autour d’un idéal commun. Quel que soit le domaine qu’il choisira, il s’imposera comme une locomotive et parviendra à atteindre son but si toutefois il ne heurte pas trop de susceptibilités.
Ex : Casanova, Van Gogh, Natalie Dessay, Emma Watson. [Soleil Bélier / Lune Sagittaire]
Le Corail dur ou la vie de caserne : Le Madrépore (ou Corail Dur) se démarque par sa capacité d’action. Combatif, conquérant, et enthousiaste, son besoin d’accomplir une œuvre constructive est sans doute le véritable moteur de son dynamisme. Dans toutes ses actions, il se montre inflexible et déterminé.
Le Madrépore est donc un infatigable bâtisseur et aménageur d’espaces de vie commune. Il a une soif de pierres. En montant des murs autour de lui, le Madrépore pétrifie son élan obsessionnel vers la lumière. Mais cette matière minérale n’est pas un refuge personnel. Seul, le Madrépore n’a pas de squelette, pas de structure interne. C’est le sentiment de construire une communauté solide qui le structure et donne un réel sens à sa vie. Lorsqu’il agit, il le fait, plus ou moins consciemment, grâce à et pour les autres.
L’intégration sociale du Madrépore est donc complexe, et à double tranchant. Formidable refuge qui favorise le développement des enfants en leur apportant des bases solides, et qui porte un regard compréhensif sur toutes sortes de personnalités différentes, le Madrépore est néanmoins dangereux en ce qu’il ne prépare pas son protégé à une vie extérieure, qu’il se montre hostile à l’égard de ce qui lui est étranger, qu’il dresse un obstacle sur la route des personnalités éprises de liberté, et parce que sa bonté est parfois exploitée par des personnalités habilement prédatrices.
Le Madrépore a conscience de ses contradictions, c’est pourquoi il ne se sent bien que caché à l’intérieur des murs qu’il a bâtis. Ancré au sol, attaché à la terre, le Madrépore vit certainement en symbiose avec des plantes, qui sont pour lui une source de nourriture ou de réconfort.
Le Madrépore est donc très conservateur. Toute personne qui cherche à faire évoluer rapidement un Madrépore se trouve face à un mur. Seule une forte tempête de la vie parvient à briser ses résistances. En temps normal, le Madrépore engage rarement le mouvement lui-même. Pour autant, il n’est pas immobiliste. Il suit lentement, laborieusement, les tendances de fond de son environnement social. Son rythme est celui de la dérive des continents.
Le contact du Madrépore est certainement urticant, brûlant, épineux. Parce que sa vie est une conquête, le Madrépore vit un combat permanent. Même s’il est généralement constructif dans ses intentions, cette combativité pourra poser problème en société si elle se fait trop agressive, criarde, hâtive. Car étant tout feu tout flamme, le Madrépore est difficile à contrôler, et son excitation naturelle le rend capable de franchir le Rubicon. Qu’importe ! Il ne craint pas le retour de bâton. Sa nature passionnée resurgira mille fois plus forte s’il perd une bataille.
Les pouvoirs du Madrépore : Moins urticant que le Millepore, plus rigide que la Gorgone, le Madrépore a une grande capacité constructive, une volonté conquérante et combative mise au service d’un besoin profond de construire, de fonder, de structurer, d’élever. Il y a quelque chose de volcanique, de tectonique dans cette personnalité qui allie la dureté intransigeante de la pierre à l’impétuosité dévorante de la flamme. C’est une véritable puissance fondatrice.
Repéré par la société pour ces qualités précieuses, un natif de cette combinaison pourra devenir architecte d’intérieur, maçon, éducateur d’enfants, volcanologue, géologue, sculpteur, artificier, boxeur… ou toute autre sorte d’activité difficile où il s’agit de forger une matière dure. Quel que soit le domaine qu’il choisira, il s’imposera comme le fondateur d’une œuvre durable, si toutefois il ne heurte pas trop de susceptibilités.
Ex: Charlemagne, Bismarck, Ayrton Senna, Sarah Jessica Parker. [Soleil Bélier / Lune Capricorne]
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Littérature :
Fleur de sang
Au cœur du globe, dans les eaux chaudes de la ligne et sur leur fond volcanique, la mer surabonde de vie à ce point de ne pouvoir, ce semble, équilibrer ses créations. Elle dépasse la vie végétale. Ses enfantements du premier coup vont jusqu’à la vie animée.
Mais ces animaux se parent d’un étrange luxe botanique, des livrées splendides d’une flore excentrique et luxuriante. Vous voyez à perte de vue des fleurs, des plantes et des arbustes ; vous les jugez tels aux formes, aux couleurs. Et ces plantes ont des mouvements, ces arbustes sont irritables, ces fleurs frémissent d’une sensibilité naissante, où va poindre la volonté.
Oscillation pleine de charme, équivoque toute gracieuse ! Aux limites des deux règnes, l’esprit, sous ces apparences flottantes d’une fantastique féerie, témoigne de son premier réveil. C’est une aube, c’est une aurore. Par les couleurs éclatantes, les nacres ou les émaux, il dit le songe de la nuit et la pensée du jour qui vient.
Pensée ! Osons-nous dire ce mot ? Non, c’est un songe, un rêve encore, mais qui peu à peu s’éclaircit, comme les rêves du matin.
Déjà au nord de l’Afrique, ou de l’autre côté sur le Cap, le végétal qui régnait seul dans la zone tempérée se voit des rivaux animés qui végètent aussi, fleurissent, l’égalent, le surpassent bientôt.
Le grand enchantement commence, et il va toujours augmenter, en s’avançant vers l’équateur.
Des arbustes singuliers, élégants, les gorgones, les isis, étendent leur riche éventail. Le corail rougit sur les flots.
À côté des brillants parterres d’une iris de toute couleur commencent les plantes de pierres, les madrépores où toutes branches (faut-il dire leurs mains et leurs doigts ?) fleurissent d’une neige rosée comme celle des pêchers, des pommiers. Sept cents lieues avant l’équateur, et sept cents lieues au-delà, continue cette magie d’illusion.
Il est des êtres incertains, les corallines, par exemple, que les trois règnes se disputent. Elles tiennent de l’animal, elles tiennent du minéral ; finalement elles viennent d’être adjugées aux végétaux. Peut-être est-ce le point réel où la vie obscurément se soulève du sommeil de pierre, sans se détacher encore de ce rude point de départ, comme pour nous avertir, nous si fiers et placés si haut, de la fraternité ternaire, du droit que l’humble minéral a de monter et s’animer, et de l’aspiration profonde qui est au sein de la Nature.
[...]
Bien autrement variable, le protée des eaux, l’alcyon, prend toute forme et toute couleur. Il joue la plante, il joue le fruit ; il se dresse en éventail, devient une haie buissonneuse ou s’arrondit en gracieuse corbeille. Mais tout cela fugitif, éphémère, de vie si craintive, qu’au moindre frémissement tout disparaît, rien ne reste ; tout en un moment est rentré au sein de la mère commune. Vous retrouvez la sensitive dans une de ces formes légères ; la cornulaire, au toucher, se replie sur elle-même, ferme son sein, comme la fleur sensible à la fraîcheur du soir.
Lorsque d’en haut vous vous penchez au bord des récifs, des bancs de coraux, vous voyez sous l’eau le fond du tapis, vert d’astrées et de tubipores, les fungies moulées en boules de neige, les méandrines historiées de leur labyrinthe, dont les vallées, les collines, se marquent en vives couleurs. Les cariophylles (ou œillets) de velours vert, nué d’orange, au bout de leur rameau calcaire, pêchent leurs petits aliments en remuant doucement dans l’eau leurs riches étamines d’or.
Sur la tête de ce monde d’en bas, comme pour l’abriter du soleil, ondulant en saules, en lianes, ou se balançant en palmiers, les majestueuses gorgones de plusieurs pieds font, avec les arbres nains de l’isis, une forêt. D’un arbre à l’autre, la plumaria enroule sa spirale qu’on croirait une vrille de vigne et les fait correspondre ensemble par ses fins et légers rameaux, nuancés de brillants reflets.
Cela charme, cela trouble ; c’est un vertige et comme un songe. La fée aux mirages glissants, l’eau, ajoute à ces couleurs un prisme de teintes fuyantes, une mobilité merveilleuse, une inconstance capricieuse, une hésitation, un doute.
Ai-je vu ? Non, ce n’était pas… Était-ce un être ou un reflet ?… Oui pourtant, ce sont bien des êtres ! car je vois un monde réel qui s’y loge et qui s’y joue. Les mollusques y ont confiance, y traînent leur coquille nacrée. Les crabes y ont confiance, y courent, y chassent. D’étranges poissons, ventrus et courts, vêtus d’or et de cent couleurs, y promènent leur paresse. Des anélides pourpres, violettes, serpentent et s’agitent près de la délicate étoile, l’ophiure, qui, sous le soleil, tend, détend, roule et déroule tour à tour ses bras élégants.
Dans cette fantasmagorie, avec plus de gravité, le madrépore arborescent montre ses couleurs moins vives. Sa beauté est dans la forme.
Elle est dans l’ensemble surtout, dans le noble aspect de la cité commune ; l’individu est modeste, et la république imposante. Ici, elle a l’assise forte de l’aloès et du cactus. Ailleurs, c’est la tête du cerf, sa superbe ramure. Ailleurs encore l’extension des vigoureux rameaux d’un cèdre qui a d’abord tendu des bras horizontaux et qui va monter toujours.
Ces formes, aujourd’hui dépouillées des milliers de fleurs vivantes qui les animaient, les couvraient, ont peut-être, en cet état sévère, un plus vif attrait pour l’esprit. J’aime à voir les arbres l’hiver, quand leurs fins rameaux, dégagés du luxe encombrant des feuilles, nous disent ce qu’ils sont en eux-mêmes, révèlent délicatement leur personnalité cachée. Il en est ainsi de ces madrépores. Dans leur nudité actuelle, de peintures devenus sculptures, plus abstraits pour ainsi dire, il semble qu’ils vont nous apprendre le secret de ces petits peuples dont ils sont le monument. Plusieurs ont l’air de nous parler par d’étranges caractères. Ils ont des enlacements, des enroulements compliqués qui visiblement diraient quelque chose. Qui saura les interpréter ? et quel mot pourrait les traduire ?
On sent bien qu’aujourd’hui encore il y a une pensée là dedans. On ne s’en détache pas aisément. On y revient, et l’on y reste. On épèle, on croit comprendre. Puis, cette lueur vous fuit, et l’on se frappe le front.
Combien les ruches d’abeilles dans leur froide géométrie sont moins significatives ! Elles sont un produit de la vie. Mais ceci, c’est la vie même. La pierre ne fut pas simplement la base et l’abri de ce peuple ; elle fut un peuple antérieur, la génération primitive qui, peu à peu supprimée par les jeunes qui venaient dessus, a pris cette consistance. Donc, tout le mouvement d’alors, l’allure de la cité première, sont là visibles et saisissants, d’une vérité flagrante, comme tel détail vivant d’Herculanum ou Pompeï. Mais ici tout s’est fait sans violence et sans catastrophe, par un progrès naturel ; il y a une paix sereine, un attrait singulier de douceur.
Tout sculpteur y admirerait les formes d’un art merveilleux qui, dans les mêmes motifs, a trouvé d’infinies variantes, à changer et renouveler tous nos arts d’ornementation.
Mais il y a à considérer bien autre chose que la forme. Les riches arborescences où s’épancha l’activité de ces laborieuses tribus, les ingénieux labyrinthes qui semblent chercher un fil, ce profond jeu symbolique de vie végétale et de toute vie, c’est l’effet d’une pensée, d’une liberté captive, ses tâtonnements timides vers la lumière promise, — éclair charmant de la jeune âme engagée dans la vie commune, mais qui doucement, sans violence, avec grâce s’en émancipait.
J’ai chez moi deux de ces petits arbres, d’espèce analogue, pourtant différente. Nul végétal n’est comparable. L’un de blancheur immaculée, comme d’un albâtre sans éclat, d’une richesse amoureuse qui de chaque branche, elle-même ramifiée, donne à flot boutons, bourgeons, petites fleurs, sans jamais pouvoir dire : Assez. — L’autre, moins blanc et plus serré, dont tout rameau comprend un monde. Adorables tous les deux par la ressemblance et la dissemblance, l’innocence, la fraternité. Oh ! qui me dirait le mystère de l’âme enfantine et charmante qui a fait cette féerie ! On la sent circuler encore, cette âme libre et captive, mais d’une captivité aimée, qui rêve la liberté et n’en voudrait pas tout à fait.
[...]
Les couleurs survivent peu. La plupart fondent et disparaissent. Eux-mêmes, les madrépores, ne laissent d’eux que leur base, qu’on croirait inorganique, et qui n’est pourtant que la vie condensée, solidifiée.
Les femmes, qui ont ce sens bien plus fin que nous, ne s’y sont pas trompées ; elles ont senti confusément qu’un de ces arbres, le corail, était une chose vivante. De là une juste préférence. La science eut beau leur soutenir que ce n’était qu’une pierre ; puis, que ce n’était qu’un arbuste. Elles y sentaient autre chose.
« Madame, pourquoi préférez-vous à toutes les pierres précieuses cet arbre d’un rouge douteux ? — Monsieur, il va à mon teint. Les rubis pâlissent. Celui-ci, mat et moins vif, relève plutôt la blancheur. »
Elle a raison. Les deux objets sont parents. Dans le corail, comme sur sa lèvre et sur sa joue, c’est le fer qui fait la couleur (Vogel). Il rougit l’un et rose l’autre.
« Mais, madame, ces pierres brillantes ont un poli incomparable. — Oui, mais celui-ci est doux. Il a la douceur de la peau, et il en garde la tiédeur. Dès que je l’ai deux minutes, c’est ma chair et c’est moi-même. Et je ne m’en distingue plus.
« — Madame, il est de plus beaux rouges. — Docteur, laissez-moi celui-ci. Je l’aime. Pourquoi ? Je n’en sais rien… Ou, s’il y a une raison, celle qui en vaut bien une autre, c’est que son nom oriental et le vrai, c’est : « Fleur de sang. »
Jules Michelet, La Mer, chapitre IV, "Fleur de sang", 1875.
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