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La Vigne



Étymologie :

  • VIGNE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1re moit. xiie s. « arbrisseau grimpant de la famille des Ampélidées cultivé pour son fruit et la production de vin » (Psautier Oxford, éd. F. Michel, CVI, 37) ; 1551 vigne arbustive (Cottereau, Colum., IV, I ds Gdf. Compl.) ; 1600 vigne basse, haute (O. de Serres, Théâtre d'agric., l. 3, chap. 4, p. 159) ; 1845-46 vignes en cordon, vignes de labour, vignes pleines (Besch.) ;

2. a) 1re moit. xiie s. « terrain planté de vignes » (Psautier Oxford, LXXVII, 52) ; b) 1538 vigne blanche (Est.) ; 1611 vigne noire (Cotgr.) ; 1690 vigne vierge (Fur.) ; c) 1835 pêche de vigne (Ac.) ;

3. a) 1553 fig. travailler la vigne du Seigneur « convertir les âmes » (Bible Gérard, Is 5, 7 ds FEW t. 14, p. 472a) ; 1764 faire provigner la vigne « faire réussir une doctrine » (Voltaire, Lettre d'Argence, 10 oct. ds Littré) ; b) 1690 mettre le pied dans la vigne du Seigneur « être ivre » (Fur.) ; 1718 être dans les vignes « id. » (Ac.) ; 1808 être dans les vignes du seigneur « id. » (Hautel). Du lat. vinea « vigne » ; dér. de vinum « vin ».

  • RAISIN, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1121-34 « fruit de la vigne » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1742, 1752) ; 1545 raisins de Corinthe, raisins de Damas (Est.) ; en partic. 1690 raisin de caisse « raisin sec qui s'expédie en caisse » (Fur.), raisins secs (ibid.), raisins de Damas (ibid.) ; 2. p. anal. a) 1550 raisin de renard (L. Fousch, L'Histoire des plantes mise en commentaire..., Lyon, p. 66) ; b) 1732 raisin d'ours (Rich.) ; 3. 1611 raisin de mer « œufs de seiche » (Cotgr.) ; 4. 1710 papeterie grand-raisin (La Misere des apprentifs imprimeurs, 4 [s.l.] ds Quem. DDL t. 21). Du lat. pop. *racι ̄mus, lat. class. racēmus « grappe de raisin » (sens conservé par l'ital. (g)racimolo et l'esp. racimo) d'où « raisin », cf. aussi l'a. prov. razim, fin xiie s. (Marcabru, Poés., éd. J. M. L. Dejeanne, XIII, 26). A éliminé du gallo-rom. le lat. class. uva « raisin » − conservé uniquement dans l'a. prov. uva, mil. xive s. (Eluc. de las propr., fol. 226 ds Rayn.), l'ital., l'esp. et le port. uva, v. FEW t. 14, p. 90b. Les qq. ex. de l'a. fr. uve, surtout dans la loc. uve passe, francisation du lat. uva passa « raisin sec », xiiies. (Guill. de Tyr, IX, 20, P. Paris ds Gdf.), sont des latinismes. Le sens 4 parce que ce format de papier était primitivement marqué d'une grappe de raisin.


Lire aussi les définitions de vigne et raisin pour amorcer la réflexion symbolique. Voir aussi l'article Vin.


Autres noms : Vitis vitae ; Galipe ; Lambrisque ; Lambruche ;

Vitis vinifera ; Lambrunche ; Lambrusque ; Pampre ; Viorgne ; Vugne ;

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Expressions populaires :


Dans La Puce à l'oreille (Editions Balland, 2001) Claude Duneton revient sur l'expression "casser la graine" :


Cette expression familière à tout Français respectable : "On va casser une petite graine avant de repartir" - on va manger un morceau - passe pour un équivalent simple et sans manières de "casser la croûte" (une petite croûte) qui lui aurait, selon l'apparence, servi de modèle. Dans ce sens, elle est du reste plutôt récente : Gaston Esnault ne la relève, et encore, dans l'argot des voyous, qu'en 1926.

Oui, mais pourquoi la graine ? Ce qui vient à l'esprit, c'est que la croûte, en se brisant, fait des miettes... Mais les miettes, fussent-elles de bonne dimension, n'ont jamais été appelées "graines". Alors on se dit que le pain, après tout, est fait de farine, que la farine n'est que du grain écrasé "cassé" par conséquent. C'est l'explication approximative qu'indique Jacques Cellard dans Le Dictionnaire du français non conventionnel : "Métaphore du blé influencé par casser la croûte." Ainsi posée, la locution, je puis dire, ne mange pas de pain.

Eh bien non ! Derrière tant de simplicité apparente se cache un petit mystère. Car casser la graine existait bien avant 1926, mais dans un sens différent de celui de "manger" : cela voulait dire boire. Ce qui change tout !.. On voit mal la sécheresse de la farine servir d'image à la boisson. Je trouve en effet, dans le langage populaire de Lyon à la fin du XIXe siècle, tel qu'il fut relevé par le précieux Nizier du Puitspelu dans son irremplaçable Littré de la Grande Côte de 1894, la notation suivante : « Casser la graine, casser la grume, boire un coup. Quand vous recevez une visite la campagne, vous devez toujours offrir un verre de quoi que ce soit [...] Vous devez dire d'un air aimable à votre visiteur ou à votre visiteuse : Voulez-vous casser une graine avec moi ? C'est du moins ce que font tous ceux qui ont de l'usage. » (La variante grume aura son importance.)

Certes, cela ne fait que repousser un peu plus loin le mystère ; et l'épaissir, si l'on ne sait pas que casser une graine pour boire représente une variante d'une autre locution familière jadis bien connue : « écraser un grain : boire, s’enivrer » selon la définition d'Hector France vers 1907. Une acception qui remonte loin dans le cours du XIXe siècle, comme l'indique son emploi dans le dialogue d'un mélodrame de 1852, Les Nuits de la Seine de Marc Fournier - cité dans le DFNC par Jacques Cellard (lequel, par mégarde, commet une erreur d'interprétation en lui donnant le sens de "manger") :


« LA GRIGNOTTE. En voulez-vous, monsieur Poussier ? Elle est très bonne ce soir la gibelotte.

POUSSIER. Merci j'aime pas les chatteries, mais j'écraserais bien un grain, j'ai le gosier sans connaissance. »

La filiation paraît donc ne pas faire de doute : écraser un grain, devenant casser une graine au sens de « boire » jusqu'à la guerre de 1914-1918 ; prenant le sens de « manger » chez les voyous après la guerre - probablement par l'attirance sémantique de « casser la croûte », en effet.

Mais alors, direz-vous, quel grain ? Nouvelles conjectures ?... Et s'il s'agissait du grain du raisin - lequel, écrasé, donne du jus, donne du vin ? Si « écraser un grain » était une tournure d'un genre « précieux », une image alambiquée de vignerons évoquant le vin nouveau, par exemple ? On aurait la clef de l'énigme !

Or, en fouillant du côté de l'équivalent grune qui semblait tenir au cœur - et à la langue - du lyonnais Nizier de Puitspelu, je trouve « grume : terme employé dans certaines régions de vignobles, de la Bourgogne particulièrement, pour désigner les grains de raisins. » (Lachiver, Dictionnaire du monde rural.) Quant au Dictionnaire du français régional du Lyonnais de Gilbert-Lucien Salmon (Éditions Bonneton, 1995), il donne lui aussi « grume, grain de raison » avec la notation ici capitale « variante grune ». Je ne le lui fais pas dire !...

Enquête réussie : casser la graine nous fait remonter droit comme un I au « jus de la treille » !

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Botanique :


D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :

"Taille tôt, taille tard, mais taille en mars", disent les vignerons. Ils savent que la vigne doit être taillée très court, chaque année, pour donner beaucoup de grappes de raisin. D'être taillée aussi ras, la vigne pleure : de tous les sarments coupés coulent en abondance des gouttes transparentes que l'on appelle les pleurs de la vigne.


Pourquoi fait-elle ça ? Ce n'est pas de tristesse que la vigne pleure. C'est juste que toutes ses petites blessures, infligées par la taille, risquent de s'infecter. Aussi, elle les protège avec sa sève, qui en séchant lui fait comme un pansement protecteur.


Pleurer pour du raisin ! Les vignerons ne sont pas très sensibles au chagrin de cette pauvre plante. Au contraire, ils pensent que les pleurs de la vigne sont un très bon signe. Une vigne qui pleure bien, c'est une vigne qui va donner beaucoup de raisin.


L'âne vigneron : On raconte que la première taille de la vigne a été effectuée par un âne qui en avait brouté à ras toutes les pousses. Comme la récolte de l'année suivante avait été bien meilleure, on s'est dit que la vigne gagnerait à être taillée...

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Selon Stefano Mancuso et Alessandra Viola, auteurs de L'Intelligence des plantes (édition originale 2013 ; Traduction française Albin Michel, 2018),


"Au fil des ans, de nombreuses expérimentations se sont efforcées de mesurer les capacités auditives des plantes. Leurs résultats on toujours été du plus haut intérêt, aussi bien en laboratoire - où l'on a notamment prouvé, à une date récente, que l'exposition aux sons modifie leur expression génique - que sur le terrain.

En collaboration avec le Laboratoire international de neurobiologie végétale (LINV) et la société Bose (une entreprise leader dans le domaine de la technologie du son), qui a financé les recherches, un viticulteur a par exemple essayé, pendant cinq ans, de faire écouter de la musique à certaines de ses vignes. Les effets constatés ont eu de quoi surprendre : non seulement les vignes soumises à cette cure musicale ont mieux poussé que les autres, mais elles ont de surcroît mûri plus vite et produit un raisin plus riche en goût, en couleur et en polyphénols. La musique ayant, en outre, désorienté et éloigné les insectes, son usage a permis une réduction drastique du recours aux pesticides et frayé la voie à une nouvelle branche révolutionnaire de l'agriculture phonobiologique. En 2011, le Conseil Euro-Brésil de développement durable (EUBRA) et les Nations unies ont en effet inclus cette expérience parmi les cent projets destinés à changer le monde de l'économie verte dans les deux prochaines décennies."

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Fleurs de Bach :


D'après Les Douze "Guérisseurs" et autres remèdes (1ère édition 1941 ; traduction française Centre Bach, 2011) du Dr Edward Bach :


La fleur de vigne est préparée pour "Des gens très capables, convaincus de leurs capacités, assurés de réussir. Étant si affirmés, ils pensent que les autres auraient intérêt à se laisser persuader de faire les choses comme eux-mêmes les font ou comme ils sont certains qu’elles doivent être faites. Même malades, ils commandent ceux qui les soignent. Ils peuvent être de grande valeur dans les cas d’urgence."

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Selon Mechthild Scheffer, auteure du coffret de cartes Les Fleurs du Dr Bach, le chemin de l'harmonie psychique (1997, traduction française : Médicis-Entrelacs, 2001), la fleur de la vigne est "la fleur de l'autorité" qui nous guide dans le processus de transformation suivant : "mener... ou se laisser guider".


Message de la carte :

Quelle est la vérité que je dois mieux comprendre ?

Toute action exercée sciemment contre un autre être humain contrevient à la Loi de L'Unité et se retourne automatiquement contre son auteur, puisque une pression engendre une contre-pression. La souffrance qu'on inflige à l'autre sera tôt ou tard ressentie dans notre propre corps. Notre désir de dominer amènera à un moment donné d'autres personnes ou des circonstances, à nous dominer.


Quelle est la décision qui pourra me reconnecter avec mon Guide intérieur ?

J'accepte l'idée que l'on doit respecter la personnalité de chacun. Je renonce à vouloir imposer à tout prix ma volonté. Je me décide à aborder mes semblables avec davantage un esprit de coopération. Je suis à cet effet les instructions de mon Moi supérieur.


Ces signes me permettent de voir que mon potentiel positif de Vine s'accroît :

Au moment d'agir, je laisse parler mon cœur. Je parviens mieux à distinguer une ambition saine d'une ambition démesurée.


État d'âme négatif : Autoritarisme - Exigence vis-à-vis des autres : On veut à tout prix imposer sa volonté ; on a des problèmes de pouvoir et d'autorité.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


La sève coulant des rameaux de la vigne taillée au printemps, est une véritable panacée pour les maladies des yeux ; quoique tout à fait inactive, on serait bien mal venu à en discuter les mérites.





Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'angélique :


VIGNE - IVRESSE.

Anacharsis disait que la vigne portait trois sortes de fruits : l'ivresse, la volupté et le repentir, et que celui qui est sobre en parlant, en mangeant et en s'amusant, a le caractère d’un parfait honnête homme.

 

Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


VIGNE - IVRESSE.

L'origine de la culture de la vigne se perd dans la nuit des temps. Cette plante aurait été importée en Europe par les Phéniciens ; toutefois, sous Numa, à peine la cultivait on. Domitien ordonna même que les vignes fussent dé truites dans toute l'étendue de l'empire : il paraitrait que ce singulier législateur n'était pas ami de la dive bouteille, comme parle Rabelais. La vigne, en revanche, a été de tout temps célébrée par les poëtes.


La vigne quelquefois, honneur de vos jardins,

S'y montre avec la pourpre ou l'or de ses raisins. ROSSET.


Sur le sommet des coteaux lumineux,

La vigne de son pampre entrelace les nœuds. BAOUR-LORMIAN.

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Vigne - Ivresse - Fureur - Je perds la raison.

La vigne est originaire de l'Asie. Suivant les diverses traditions, Noé, Osiris et Bacchus passent pour avoir appris aux hommes la culture de cette plante. On sait que Noé fit le premier du vin, qu'il en but et que, n'en connaissant pas les effets, il se grisa. Ce n'est qu'au IIIe siècle que l'empereur Prohus la fit replanter dans la Gaule, car Domitien en avait fait arracher tous les pieds dans le mi lieu du premier siècle. Les Egyptiens prétendaient que la vigne était née du sang des géants et expliquaient ainsi la fureur que donne l'ivresse. La vigne ne fleurit que lorsque les gelées sont passées ; à ce moment, sa sève s'échappe abondamment de ses rameaux.


Honteuse, alors que tout fleurit,

De recouvrer si tard ses charmes,

La vigne arrose de ses larmes

La colline qui la nourrit.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


VIGNE : Ivresse.

On se rappelle que le premier qui planta la Vigne fut Noé qui ignorant la vertu de son fruit, tomba dans un état d'ivresse après en avoir fait usage. Aussi chez les païens, la Vigne était-elle consacrée à Bacchus le dieu du vin.


Le nectar de mes fruits sait plaire

On dit que j'égare parfois,

Mais j 'en doute, et même je crois

Que je suis toujours salutaire

Aux esprits qui suivent mes lois.

Si vous interrogez l'automne,

Elle vantera mon nectar

Et tous les plaisirs que je donne

Au jeune homme ainsi qu'au vieillard. Anatole de MONTESQUIOU.

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Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"La vigne passait, dans les religions environnant l'ancien Israël, pour un arbre sacré, sinon divin, et son produit, le vin pour la boisson des dieux. On trouve un faible écho de ces croyances dans l'Ancien Testament (Juges 9, 13 ; Deutéronome 32, 37 s).

Par mode d'adaptation, Israël regarde la vigne, (ainsi que l'olivier) comme l'un des arbres messianiques (Michée 4, 4 ; Zacharie 3, 10). Il n'est pas impossible que les anciennes traditions aient identifié l'arbre de vie du paradis avec une vigne.

Dès l'origine, le symbolisme de la vigne est donc affecté d'un signe éminemment positif.

La vigne, c'est d'abord la propriété et donc l'assurance de la vie et ce qui en fait le prix : un des biens les plus précieux de l'homme (I Rois 21, 1 ss.). Une bonne épouse est pour son mari comme une vigne féconde (Psaumes 128, 3). La sagesse est une vigne aux pampres charmants (Sir. 24, 17).

De là, on passe tout naturellement au thème majeur du symbolisme. La vigne, c'est Israël, comme propriété de Dieu. Il y trouve sa joie, en attend les fruits et les soigne constamment. Le prophète Isaïe, à l'occasion de la fête des vendanges, a composé le chant de la vigne :


Que je chante à mon ami

le chant de son amour pour sa vigne.

Eh bien, la vigne de Yahvé Sabaoth,

c'est la maison d'Israël,

et les gens de Juda

en sont le plant choisi.

Il en attendait l'innocence et c'est du sang

le droit et c'est le cri d'effroi (5, 1-7)

Ce plant précieux déçoit celui qui l'a si bien entouré de ses soins. Ce ne sont que mauvais fruits et dégénérescence.

C'est pourquoi le symbolisme va se transférer sur la personne de celui qui incarne et récapitule le vrai peuple de Dieu : le Messie est comme une vigne (11 Baruch, 36 s.).

Jésus proclame qu'il est le vrai cep et que les hommes ne peuvent prétendre être la vigne de Dieu s'ils ne demeurent pas en lui. Autrement ils ne sont que des sarments bons à être jetés au feu (Jean, 15, 1). En Matthieu 21, 28-46, la vigne, dans la parabole des vignerons homicides désigne le royaume de Dieu qui, confié d'abord aux Juifs, va passer à d'autres.

Le symbolisme de la vigne s'étend à chaque âme humaine. Dieu est le vigneron qui demande à son fils de visiter a vendange (Marc, 12, 6). Et, se substituant à Israël, le Christ deviendra à son tour comparable à une vigne, son sang étant le vin de la Nouvelle Alliance. (Voir Jacques Guillet, Thèmes bibliques, Paris, 1950).

Les thèmes mandéens emploient le mot vigne pour désigner non seulement l'envoyé céleste, mais encore toute une série d'être appartenant au monde supérieur lumineux.

La vigne est un important symbole, notamment en ce qu'elle produit le vin, qui est l'image de la connaissance. Ce n'est sans doute pas un hasard si Noé, qui accompagne le début d'un cycle neuf, est dit avoir été le premier à planter la vigne. Les textes évangéliques font de la vigne, on l'a noté, un symbole du Royaume des Cieux, dont le fruit est l'Eucharistie. Jésus est le vrai cep. J'entends par vigne au sens allégorique, écrit Clément d'Alexandrie, le Seigneur de qui nous devons manger le fruit, moyennant les soins d'une culture, qui se fait par le travail de la raison (Stromate I). La sève qui monte dans la vigne est le lumière de l'Esprit, le Père est le Vigneron, du moins selon les conceptions gnostiques qui le séparent de sa vigne comme l'Absolu du relatif.

En iconographie, la vigne est souvent une figuration de l'Arbre de Vie. La terrible vendange de l'Apocalypse (14, 18-20) confirme une telle signification : Puis un autre ange sortit de l'autel - l'Ange préposé au feu - et cria d'une voix puissante à celui qui tenait la faucille aiguisée : Jette ta faucille aiguisée, vendange les grappes dans la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs. L'Ange alors jeta sa faucille sur la terre, il en vendangea la vigne et versa le tout dans la cuve de la colère de Dieu, cuve immense ! Puis on la foula hors de la ville, et il en coula du sang qui monta jusqu'aux mors des chevaux sur une distance de mille six cents stades.

Chez les Grecs, la culture de la vigne est de tradition relativement récente par rapport à celle du blé. Aussi n'appartient-elle pas à une déesse très ancienne comme Déméter, mais à Dionysos dont le culte, associé à la connaissance des mystères de la vie après la mort, a pris une importance grandissante. C'est cette liaison de Dionysos avec les mystères de la mort, qui sont également ceux de la renaissance et de la co-naissance, qui a fait aussi de la vierge un symbole funéraire, dont le rôle a continué dans la symbolique du christianisme.

De même que la vigne était l'expression végétale de l'immortalité, de même l'alcool est resté, dans les traditions archaïques, le symbole de la jeunesse et de la vie éternelle : les eaux de vie ; le gaélique whiskey = water of life ; le persan mâie-i-shebab = boisson de jeunesse ; le sumérien gesthin = arbre de vie, etc.

La vigne était identifiée par les paléo-orientaux à l'herbe de vie et le signe sumérien pour la vie était ordinairement une feuille de vigne. Cette plante était consacrée aux Grandes Déesses. La Déesse Mère était nommée au début La mère-Cep de Vigne ou la Déesse-Cep de Vigne.

La Mishna affirme que l'arbre de la science du bien et du mal était une vigne.

Dans le Mandéisme, le vin est l'incorporation de la lumière, de la sagesse et de la pureté. L'archétype du vin se trouve dans le monde céleste. La vigne archétype se compose d'eau à l'intérieur, son feuillage est formé des esprits de la lumière et ses nœuds sont des grains de lumière. La vigne est considérée comme un arbre cosmique, puisqu'elle enveloppe les cieux et que les grains de raisin sont des étoiles.

Le motif femme nue-vigne s'est aussi transmis dans les légendes apocryphes chrétiennes.

Le vin est symbole de la vie cachée, de la jeunesse triomphante et secrète. Il est par là, et par sa rouge couleur, une réhabilitation technologique du sang. Le sang recréé par le pressoir est le signe d'une immense victoire sur la fuite anémique du temps... L'archétype de la boisson sacrée et du vin rejoint, chez les mystiques, l'isomorphisme aux valorisations sexuelles et maternelles du lait. Lait naturel et vin artificiel se confondent dans la juvénile jouissance des mystiques.

Le raki, boisson sacrée des sectes chi'ites d'Anatolie, est appelé, dans leur langage secret arslan sûtû = Lait de lion. On sait que le lion est, pour les chi'ites, une épiphanie d'Ali.

Les Turco-Tatars d'Asie centrale attribuent au héros du Déluge l'invention des boissons enivrantes. Ce héros est le patron des morts, des ivrognes et des petits enfants.

Chez les Bektachi, le mot dem signifie vin, souffle et temps. Les enseignements divins sot comparés au Vin, selon le Pseudo-Denys l'Aréopagite, pour leur aptitude à rendre la vigueur.

La couleur vineuse, faite de rouge et de blanc, est une synthèse chtono-ouranienne : c'est le mariage de l'air et de la terre, de l'âme et de l'esprit, de la sagesse et de la passion ; c'était la couleur de l'oriflamme pourpre azuré qui, selon la légende populaire, avait été envoyé du ciel à Clovis. C'est, en fait, ce véritable pourpre qui, dans l'héraldisme, diffère du rouge pur (de gueules) par le fait qu'il tire sur le violet.

Les vins, les nectars, les hydromels, les ambroisies sont tous d'origine ouranienne, liés au feu céleste. Dans les Vedas, le soma a été apporté aux hommes par l'aigle, oiseau solaire. Liqueur mâle par excellence, expression du désir impétueux et fécondant, il est célébré avec le cheval.

Mais cette glorification de la puissance virile, unanimement liée aux Vins, entraîne aussi la perception de la dualité antagoniste ciel-terre, résolue en même temps que perçue dans l'ivresse (Rig Veda, traduction .l. Renou)."

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Jacques Brosse dans La Magie des plantes (Éditions Hachette, 1979) consacre dans sa "Flore magique" un article à la Vigne :


Peu de plantes sont aussi chargées de symbolisme que la vigne et son produit le vin. Assimilé au sang d'un dieu, le vin est liqueur de vie et même d'immortalité. Sur le pourtour de la Méditerranée, la culture de la vigne remonte à la plus haute antiquité. Originaire, en tant que plante sauvage, d'une aire extrêmement vaste, puisqu'elle s'étend du sud de l'Europe au Tian-chan et est même représentée par d'autres espèces en Asie jusqu'au Japon et en Amérique du Nord, c'est une liane très vigoureuse, dont les tiges peuvent atteindre 20 m de long avec 30 cm de diamètre, et dont les feuilles à 3 ou 5 lobes ont la forme d'une main étendue. S'accrochant d'elle-même aux arbres grâce à ses vrilles, la vigne donne beaucoup de fruits, même lorsqu'elle n'est ni taillée ni cultivée. Elle attira donc certainement très tôt l'attention des hommes, et les premières civilisations du Proche-Orient surent toutes fabriquer le vin. On en trouve la trace aussi bien en Mésopotamie qu'en Égypte, où Osiris, dieu du blé, est également le dieu du vin.

Quant à la Bible, qui le cite souvent, elle prétend même en donner l"origine. C'est en effet après le déluge que Noé, seul survivant avec sa famille du cataclysme qui avait anéanti toute l'humanité pécheresse, se mit, à peine sorti de l'arche, à planter de la vigne, selon le récit de la Genèse, qui aussitôt ajoute : « Ayant bu du vin, il s'enivra et se découvrit dans sa tente. » On connaît la suite : l'un des fils de Noé, Kâm, entre dans la tente, voit « la nudité de son père » et court prévenir ses deux frères. Ceux-ci prennent un manteau et, marchant à reculons, viennent le poser sur le corps de leur père. Au réveil, Noé bénit ces bons fils, mais il maudit Kâm condamné à être désormais le « serviteur des serviteurs » de ses frères. En hébreu, le nom de Noé signifie celui qui console et pour les Juifs, cette consolation, après l'épreuve du Déluge, est précisément la découverte du pouvoir du vin, qui réconforte et permet d'oublier ; comme celle de l’arc-en-ciel, l'apparition de la vigne manifeste la fin de l'ire divine, l'alliance conclue entre Dieu et la nouvelle humanité.

Si le vin a pu apparaître sitôt dans l'histoire de l'humanité, c'est qu'il naît d'un processus naturel. La pellicule du raison porte des ferments, dont l'action se produit d'elle-même, lorsque par exemple le grain de raisin en fin de maturité s'écrase et s'ouvre sur le sol ; ces ferments qui sont des levures, donc des champignons microscopiques, hivernent dans le sol et sont disséminés sur les baies par les insectes au cours de l'été. Il a donc suffi à l'homme d'observer cette fermentation naturelle, d'en humer l'odeur enivrante pour désirer ne pas la laisser perdre et pour entreprendre, en la guidant, de la récupérer à son profit. Cette intervention humaine consiste essentiellement à fouler les grappes de raisin, dès qu'elles sont mûres, facilitant et accélérant ainsi l'action des ferments de la peau sur le jus, puis à laisser s'accomplir cette fermentation dans une cuve. Il se produit alors un dédoublement des sucres (glucose et fructose) en alcool éthylique et en gaz carbonique avec un fort dégagement de chaleur.

Cette métamorphose, ce changement de nature, qui fait entrer en effervescence le moût ne pouvait être considérée que comme une opération magique, une alchimie, dans laquelle intervenait une puissance surnaturelle. Aussi le vin est-il partout considéré comme d'origine divine.

En Grèce, c'est Dionysos qui, arrivé d'Orient, en implanta l'usage. Une des plus fréquentes offrandes aux dieux était la libation ; on répandait du vin, soit sur la victime qui allait être sacrifiée, soit, en son absence, à même la terre ou dans le feu. Pour les Grecs, objet d'un véritable culte, le vin fut l'emblème de la civilisation. En Attique, les Lénées étaient, en décembre, les fêtes du pressoir ; on y offrait à Dionysos le vin nouveau ; elles étaient suivies en février par les Anthestéries ou fêtes fleuries - on goûtait alors le vin de la dernière récolte -, puis, au début de mars, par les Grandes Dionysies qui donnaient lieu à d'importantes représentations dramatiques. Les Romains qui honoraient particulièrement Bacchus, déjà dieu de la vigne en Grèce, mais confondu avec Dionysos, appréciaient le vin plus encore que les Grecs. Sa fabrication était chez eux encore régie par des règles religieuses. Chaque année, les prêtres fixaient le jour où l'on devait commencer les vendanges et celui où l'on pouvait boire le vin nouveau. La taille de la vigne était elle-même une obligation religieuse, il eût été impie d'offrir aux dieux une libation avec du vin provenant de vigne non taillée.

L'avènement du christianisme renforça encore la valeur mystique du vin? Le premier miracle qu'accomplit Jésus consista à changer l'eau en vin aux noces de Cana ; et c'est du vin qu'il présenta à ses disciples lors du dernier repas qu'ils prirent en commun, leur disant : « Buvez-en tous : car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance répandu pour la multitude en rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai à nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Le vin est donc la manifestation par excellence de l'alliance conclue entre Dieu et l'humanité après le Déluge et renouvelée par Jésus, lequel, comme autrefois Dionysos, offre sous cette forme son sang aux hommes, avant de le répandre pour eux sur la croix. Aussi la communion qui, dans les Eglises chrétiennes, renouvelle la Cène, a-t-elle lieu traditionnellement sous les deux espèces ; les fidèles y consomment le pain et le vin consacrés qui ne sont pas seulement les présents de Dieu aux hommes, les éléments essentiels de leur vie, mais son propre corps et son propre sang.

Partout, le vin, dans lequel le feu solaire s'allie au principe humide, est considéré comme le complément du pain, né de la terre, mais il joue au-dedans de l'homme un rôle plus subtil, puisqu'il y devient le sang, la vie elle-même. Plus encore, il est, du fait de son origine divine, breuvage d'immortalité, présence de la lumière surnaturelle, de l'amour divin en l'homme à qui il communique l'ivresse spirituelle, laquelle engendre « l'oubli complet de tout ce qui existe au monde » pour ne plus laisser place qu'au désir ardent de retrouver le Bien-Aimé et de s'unir à lui. Telle est la signification du vin dans l'Islam, lequel pourtant le prohibe mais surtout parmi les Soufis qui au contraire l'exaltent.

Chez tous les peuples qu'ils avaient conquis, les Romains avaient encouragé la culture de la vigne, mais la propagation du christianisme lui donna un nouvel et définitif essor. Chaque monastère cultiva dans un enclos son vignoble destiné à lui fournir le vin de messe. Ainsi la vigne se répandit-elle dans tout le pays, gagnant même le nord et l'est de la France, ainsi que le sud de l'Allemagne. Autour des monastères se fondèrent les grands crus, aujourd'hui encore fameux ; et c'est un bénédictin, Dom Pérignon, qui au XVIIIe siècle inventa la technique de la champagnisation.

Partout où ils s'établirent, les Français plantèrent des vignes, là où les conditions étaient favorables, même en Algérie et au Maroc, où cependant la population musulmane ne buvait pas de vin. Dans le monde entier, d'ailleurs, l'installation des colons européens était suivie de l'établissement de vignobles : en 1684 en Afrique du Sud, en 1788 en Australie, en 1875 en Californie.

Mais l'Europe méditerranéenne conserve jusqu'à maintenant une suprématie qu'elle doit à une très longue tradition artisanale et la France demeure la patrie d'élection des vins, non seulement à cause de la variété sans égale de ses microclimats, mais surtout parce que le vin y fut toujours considéré par le vigneron comme une créature vivante et même comme une personne aimée. Aussi l'invasion du vignoble français par une espèce de puceron, le phylloxéra, qui à partir de 1863 détruisit près de la moitié des vignes et réduisit des deux tiers la production de vin, fut-elle ressentie non seulement comme une catastrophe économique, mais comme une véritable calamité nationale qui s'attaquait aux forces vives de la nation, à son âme même.

Depuis 1900, la France a retrouvé son rang, le premier, mais elle le paie fort cher. La vigne plantée dans environ 75 départements lui procure une récolte qui varie entre 50 et 75 millions d'hectolitres, équivalente en quantité, mais supérieure en qualité à celle de l'Italie ; alors que l'Union soviétique et l'Espagne, qui viennent immédiatement après ne produisent que 25 millions, l'Argentine 20 millions, les États-Unis et le Portugal 8 millions. Mais la France détient de plus le record absolu pour la consommation annuelle moyenne exprimer en alcool pur : 28 litres par habitant, contre 14 en Allemagne fédérale, 10 aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ce qui représente 182 litres de vin par adulte et par an. La France occupe également le premier rang mondial pour le nombre des alcooliques. Il en meurt chaque année 23 000, sans compter la moitié au moins des 15 000 accidents mortels que l'on peut imputer à la surconsommation, d'alcool. 42 pour 100 du budget annuel des hôpitaux parisiens sont absorbés par le traitement des alcooliques, qui forment par ailleurs plus de 50 pour 100 de la clientèle des établissement psychiatriques. L'alcool présente tous les caractères d'une drogue, mais une drogue licite.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Vigne (Vitis vinifera) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Lune

Élément : Eau

Divinité : Dionysos-Bacchus.

Utilisation rituelle : La plupart du temps associés au lierre (voir la fiche de cette plante) les Pampres sous toutes leurs formes - guirlandes, couronnes, thyrses, ceintures, etc. - étaient les attributs de Dionysos. Des débauches de Vignes figuraient obligatoirement dans toutes les fêtes où présidait ce dieu, accompagné de son bruyant cortège. Tout ce qui a été dit sur l'utilisation rituelle du lierre dans les dionysiaques et les bacchanales s'applique également aux feuilles de Vigne et aux grappes de raisins.

Pour assurer la fertilité de leurs jardins, les Romains peignaient une grande fresque représentant des Vignes chargées de grappes sur le mur le mieux expose.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Dans l'Antiquité, la vigne et le vin, breuvage d'immortalité, étaient protégés par dieux et divinités : Osiris en Égypte, Bacchus dans le monde romain et Dionysos en Grèce, qui métamorphosa en vigne le jeune Ampélos, tué par un taureau. De cet épisode mythologique vient le nom d'Ampélidacées désignant la mille de la vigne. Restée « un des biens les plus précieux » de l'homme dans la tradition chrétienne, la vigne, assimilée souvent à l'arbre de vie du paradis, symbolise dans les Évangiles le royaume de Dieu, « dont le fruit est l'Eucharistie », et dont « Jésus est le vrai cep ». Après le Déluge, le premier geste de Noé fut de planter une vigne afin de boire son vin, « qui est l'image de la connaissance ». Les musulmans, qui en font également une plante quasi sacrée, croient que déterrer une vigne condamne à mort la famille de son propriétaire.

Le vin, dont la fabrication tient de l'alchimie, occupe une grande place dans la religion où, notamment en raison de sa couleur et du caractère sacré de l'arbrisseau qui produit le raisin, il symbolise le sang du Christ. Aux noces de Cana, Jésus change l'eau en vin ; lors du dernier repas avec ses apôtres, le jeudi, J2sus lève sa coupe de vin et déclare : « Ceci est mon sang, le sang qui va être répandu pour la multitude. C'est vrai, je vous le dis, désormais je ne boirai plus du produit de la vigne, jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau, dans le Royaume de Dieu » (Évangile de saint Marc).

Lorsque le vin enivre, il devient le symbole de la colère divine ou encore celui de l'« égarement dont Dieu frappe les hommes et les nations infidèles et rebelles, pour mieux les châtier » (Jérémie, 25, 15-18). Dans une légende talmudique, le « jus de vigne » soûle depuis que le diable s'en est mêlé : « Lorsque Noé plantait sa vigne, le diable lui demanda qu'elle en était l'utilité : "Le fruit en est bon et doux, répondit Noé, le vin qu'on en extrait réjouit le cœur de l'homme, - Travaillons de moitié", dit le diable. Il alla chercher un agneau, un lion, un porc et un singe, les égorgea sur place et arrosa le sol de leur sang mélangé. C'est pourquoi, si l'homme mange du fruit de la vigne, il est doux et bon comme un agneau ; s'il boit le vin, il s'imagine être lion et malheur lui arrive. S'il boit habituellement, il devient grossier comme un porc ; s'il s'enivre, il babille, se dandine et grimace comme un singe ».

Les vignerons et les œnologues apparaissent au profane comme des sortes d'initiés utilisant des codes mystérieux : ils examinent avec soin toutes les caractéristiques du breuvage comme le faisaient les devins de l'Antiquité pratiquant l'œnomancie, mode divinatoire basé sur l'observation du vin.

Divers rites quasi païens ont longtemps accompagné certaines opérations des vignerons. Ceux de Bretagne, pour que la vigne pousse, buvaient une bouteille de vin au moment de la planter, et, en guise d'offrande, en répandaient « trois gouttes sur le pied et trois gouttes sur les racines ». L'usage d'arroser de vin le dernier cep planté se retrouvait dans le Gard et en Vendée, où de surcroît on jetait dans la terre préparée pour accueillir ce cep « cent sous de monnaie de bronze ». Pour qu'elle produise beaucoup de vin, on recommandait de planter ou de tailler la vigne pendant la vieille lune (Gironde, Touraine). En Touraine, celle qui est taillée lorsque la lune est en croissant sera dévorée par les lapins de Garenne. Étêter les ceps le vendredi saint, avant midi et à jeun, promettait, croyait-on au XVIIIe siècle, une abondance de fruits (Orléanais) et évitait que les rats ne les mangent (Ain, Maine). Pour protéger la vigne des rats et des animaux nuisibles, on doit, selon une croyance de la Bresse, la tailler le 17 mars, au lever, et sans parler à quiconque. Après cette opération, il ne faut pas goûter un seul raisin avant sa maturité, sous peine d'annuler la protection. Dans la Montagne Noire (particulièrement à Escoussens), des fleurs de vigne placées dans l'auge des poules empêchent ces dernières de manger le raisin. Enfin, en vertu d'une sorte d'animisme, on attribuait à la vigne une hostilité à certains individus : « Quand la vigne est en fleur, elle ne veut voir ni manant ni seigneur ».

En ce qui concerne la mise en bouteille du vin, s'il faut éviter la pleine lune qui le fait tourner au vinaigre, on conseille, notamment dans l'est de la France, d'effectuer cette opération un vendredi saint : le vin « ne se trouble jamais ». Les caves furent longtemps interdites aux femmes dans la croyance que leur présence suivait au vin ; si elles avaient leurs règles, elles le corrompaient définitivement. Cela explique pourquoi les métiers de la vigne sont, toujours aujourd'hui, à dominance masculine.

On dit que, lorsqu'elle vient d'être taillée, la vigne « pleure » car elle distille une eau ; celle-ci, appelée aussi « larmes de vigne » est utilisée contre les ophtalmies et les verrues. En Gironde, les « pleurs de la vigne » (sa sève) recueillis avant l'aube (au printemps selon certains) font disparaître les taches de rousseur ; en Hollande, ils font repousser les cheveux.

Enterrer le cordon ombilical d'un bébé sous un cep le rendra bon vivant, dans le sens qu'il aimera la vie. Attention, cela peut en faire également un ivrogne, selon Paul Sébillot. Mettre une racine de vigne blanche dans le bain d'un enfant fait friser ses cheveux.

Dans le Bourbonnais, manger le 1er janvier, son lever, du raisin blanc porte bonheur toute l'année ; dans les Alpes-de-Haute-Provence, on croit s'épargner tout souci financier pour l'année à venir en mangeant ce jour-là du raisin sec. En Provence toujours, la vigne entrait dans une opération magique pour guérir les bras et les pieds enflés. Le patient posait son membre malade sur l'établi d'un menuisier, qui coupait d'un seul coup de hache deux ceps de vigne en forme de croix. Pour désenvoûter un enfant dans le Languedoc, on plaçait un de ses vêtements sur un cep de vigne. Le samedi suivant à minuit, on tapait sur le cep avant un bâton en bois de figuier : le coupable ressentait les coups et annulait le sort. On dit encore que les bains de cendres de sarments de vigne effacent les cors et que le grain de raisin appliqué sur un orgelet le guérit, à condition de dire : « Soleil, soleil, prends cet orgelet ».

Si, en songe, la vigne est de bon présage, il n'en est pas toujours de même pour le raisin ; pour certains, rêver qu'on en mange « annonce que l'on boira du vin le lendemain », pour d'autres, voir en songe une grappe de raisin signifie qu'on pleurera. Si la vigne ne perd pas ses feuilles avant la Saint-Martin (11 novembre), l'hiver sera rigoureux (Berry).

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) :


"Le vin est issu de la vigne. Sans le fruit de cet arbre sauvage, pur produit de la nature, les hommes de l'Antiquité n'auraient jamais pu réaliser cette boisson à laquelle ils ont bien sûr donné un caractère divin et sacré. En effet, il semble bien que la vigne sauvage ait été très répandue dans toute l'Eurasie depuis des temps immémoriaux. Du raisin, nos très lointains ancêtres, les hommes préhistoriques, appréciaient le goût, la saveur et les propriétés que l'on dit aujourd'hui énergétiques, toniques, stimulantes des muscles, du système nerveux, des fonctions hépatiques, rafraîchissantes, diurétiques, laxatives et digestives, riches en potassium, en vitamines A, B, C et en sucres directement assimilables par l'organisme humain - contrairement aux saccharoses industriels que nous consommons abusivement de nos jours et qui ont un effet déminéralisant. Il leur suffisait alors de cueillir ce fruit sauvage dans le grand jardin de la nature. Force nous est de constater que nous ne savons pas exactement quand et comment les homes ont eu l'idée de produire du vin en pressant le jus de ce fruit sauvage qu'ils consommaient donc depuis très longtemps. Seul un récit de la Genèse nous renseigne à ce sujet, qui attribue à Noé la plantation de la vigne et la production du vin : "Noé, homme du sol, commença de planter la vigne. Ayant bu du vin, il s'enivra et se dénuda au milieu de sa tente." (Genèse, 9-20 et 21). toutefois, ce texte laisse supposer que "Noé, homme du sol" était déjà un agriculteur avant que ne se produise le déluge, et que la création du vin lui est bien antérieure. Par ailleurs, ce texte insiste surtout sur l'effet que produit le vin sur Noé, qui s'enivre et se dénude. Or ce récit nous apprend que les fils de Noé, Cham, Sem et Japhet, furent scandalisés par la nudité de leur père et recouvrirent son corps d'un manteau, en tournant leur visage pour ne pas le voir. Ce geste leur valut d'être maudits par leur père (genèse, 9-22 à 27). A la lecture de ce récit, on en a déduit un peu hâtivement que Noé était un homme ivre, au sens péjoratif de ce terme bien sûr. C'est oublier que la nudité symbolise la vérité, la pureté, la simplicité. L'homme nu se montre tel qu'il vient au monde, tel qu'il naît et apparaît sur Terre, tel qu'il était avant le fameux péché originel. Ainsi, si Noé maudit ses fils qui se refusent à le voir tel qu'il est après avoir bu du vin, c'est parce qu'il considère que sa descendance se refuse à voir la vérité toute nue, l'homme tel qu'il est. C'est ainsi que le vin fut perçu comme un breuvage magique et sacré, dont les propriétés permettent à l'homme d'accéder au divin, d'atteindre à la vérité suprême, de se monter sous son vrai jour, sans fausse pudeur, sans hypocrisie ni tricherie. In vino veritas, dit Alcibiade dans le banquet de Platon : la vérité est dans le vin (traduit par Émile Chambry, éditions Garnier-Flammarion, 1964). Le vin devint donc le symbole de l'essence de la vie et, comme tel, fut assimilé au sang humain. Mais la soif d'ivresse inhérente à l'homme, qui aspire au bonheur et à l'extase, a toujours coexisté avec sa crainte de la vérité. Qui plus est, depuis que l'humanité existe, l'Histoire témoigne que la vérité et la justice ont trop rarement prévalu. Dès lors le vin, tout en conservant son caractère sacré, fut toujours considéré comme un produit dangereux, auquel l'accoutumance, en plus d'incliner à tous les excès, peut-être mortelle. Bien sûr, il faut ici faire la nuance entre l'ivresse, le ravissement, l'extase ou le bien-être que procure une sobre consommation de ce merveilleux breuvage, et l'état d'excitation et d'euphorie artificielle dans lequel est plongé celui qui a bu trop d'alcool et n'est plus lui-même. C'est toute la différence qui existe aussi entre l'ivresse de l'amour, qui rend bon et tolérant, et les passions dévorantes qui aveuglent et inclinent à l'intransigeance et à la colère. Rêver que l'on boit du vin avec modération est souvent un signe de joie, d’enthousiasme, de bonne vitalité, de bien-être. Mais cela peut-être aussi le signe d'une soif de vérité et de justice, comme nous l'avons vu. En revanche, celle ou celui qui se sent en état d'ébriété dans un rêve, après avoir bu, ou en buvant du vin en quantité, peut considérer qu'il n'est plus lui-même, qu'il se laisse emporter dans le tourbillon vertigineux de ses relations, de ses affaires, de ses idées peut-être. Il ou elle est en train de perdre le contrôle de sa vie. Il se laisse griser par des activités ou par le monde extérieur, qui le détournent de lui-même. Être entouré de vignes ou participer aux vendanges dans un rêve est révélateur des joies et du bonheur potentiels dont le rêveur dispose, et qu'il doit cueillir ou vendanger en lui-même. Il doit se réjouir, lui dit son rêve, car tout ce qu'il cherche est à la portée de sa main."

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Selon Michel Denizot, auteur de "La théorie de la signature des plantes et ses implications." (In : Conférence à l’Académie des sciences et lettres de Montpellier. No. 3952. 2006) :


Vous connaissez tous la théorie de la signature des plantes, au moins pour le nom et pour l'image d'une feuille qui permet au mieux de sourire avec indulgence pour cette époque qui ne connaissait pas encore la raison. Car chacun s'est esbaudi de certaines concordances, qui paraissent aujourd'hui bien folkloriques aux yeux des gens éclairés. Nous allons voir que la question est un peu différente et la prendrons autrement, car cette théorie utilise des notions bien difficiles : il faudra parler du sens et du signe, sujets que nous n'épuiserons pas ce soir. La théorie du signe fait l'objet de multiples discussions et reste un objet de recherches, aussi bien en science que dans le cadre de la conscience et de la confiance à accorder à notre bonne mère nature. La théorie de la signature est un modèle naïf d'un mécanisme de la connaissance, mais elle ne peut que nous amener à nous interroger sur deux questions importantes et malcommodes : la théorie de la connaissance et l'ontologie de la nature.

[...]

Il est évident que l'analogie de formes est en cause. [...]

Suzanne Amigues (1988) cite de Théophraste (IV, 16 : 6) un intéressant exemple de signature par l'odeur, signature en quelque sorte négative. "Certaines plantes ne détruisent pas, elles détériorent par les propriétés de leurs sucs et de leurs odeurs: telle est l'action du chou et du laurier sur la vigne. Celle-ci, dit-on, perçoit les odeurs et les absorbe; c'est pourquoi lorsque le jeune sarment arrive au voisinage, il s'infléchit en sens inverse et se détourne, comme si leur odeur le rebutait. Androcyde - je cite toujours Théophraste - alla jusqu'à exploiter la chose comme preuve en faveur du remède contre le vin qu'il tirait du chou et qui, à l'en croire, chassait l'ivresse ; car, disait-il, la vigne aussi, étant vivante, fuit, on le sait, l'odeur du chou." Ce serait à méditer dans le matraquage actuel contre le vin et l'alcool. S. Amigues insiste dans ses notes (pp. 303- 304) sur la nature vivante du végétal admise par Platon, l'idée de sympathie ou d'antipathie et la remontée de celles-ci aux êtres vivants producteurs.

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D'après Laurence Gardner, dans L’Énigme du Graal, les héritiers cachés de Jésus et Marie-Madeleine (édition française 2013),


"De manière notable, l'Encyclopédie catholique confirme que le thème le plus récurrent dans les motifs picturaux des catacombes est la vigne ou la grappe de raisin. Dans l'Ancien Testament, plus précisément dans le Psaume 80, la souveraineté d'Israël est allégoriquement présentée sous la forme d'une vigne croissante. Pour cette raison, le raison et la vigne ont souvent été utilisés dans l'art pour traduire la vie, la croissance et la progression générationnelle.

Dans toute la Bible et ce, dès le livre de la Genèse, on trouve des références permanentes à la vigne et à la descendance, avec notamment la répétition de l'expression : "Sois fécond et multiplie-toi." Dans Isaïe 5 :7, Israël et la maison royale de David sont décrits comme le "plant qu'Il [le Seigneur] chérissait". Et dans Jean 15 : 1, en faisant allusion au fait qu'il descende du roi David, Jésus dit : "Je suis la vraie vigne." C'est pour cette raison qu'en termes de représentation artistique allégorique, Jésus a souvent été associé à un pressoir à vin.

La vigne n'était pas seulement le symbole le plus représenté par les premiers chrétiens. La vigne et le raisin (le fruit et la graine de la vigne) demeurèrent, pendant des siècles, les symboles de l'église ésotérique de Jésus qui perdura en dépit de la vaste domination catholique. La coupe (ou calice) fut un autre symbole majeur, fréquemment associé à la vigne. La pertinence de ce symbolisme est étudié plus en détail dans un prochain chapitre, mais, en termes simples, ces représentations sont des allusions au sang éternel de Jésus comme il l'a lui-même déterminé en passant la coupe de vin à ses apôtres lors de la Cène. En cette occasion, Jésus fit remarquer qu'il offrait "le fruit de la vigne" en disant "Ceci est mon sang". Cette imagerie est synonyme du sacrement ecclésiastique familier de l'Eucharistie : la communion rituelle du calice et du vin.

Il n'est pas surprenant que le christianisme ait hérité du symbolisme de la coupe et du raisin, parce que la Foi chrétienne est issue du judaïsme nazaréen dont ils étaient des symboles communs. On les voit déjà sur des pièces de monnaies judéennes du 1er siècle avant notre ère et il ne fait aucun doute qu'ils devaient être familiers pour Jésus et ses disciples. Les mêmes motifs ont été réutilisés pour des pièces modernes israéliennes. En termes israélites, le calice représentait la coupe du omer utilisés pour la cérémonie dans le Temple (un omer étant une unité de mesure).

Hors de l’Église catholique, le calice et le vin (tels que les héritiers du christianisme originel les ont déterminés) furent semblablement reliés au sang pérenne de Jésus, mais en termes plus explicites. Ils symbolisaient une vigne poussant du roi David jusqu'à Jésus et au-delà, à travers ses descendants - une progression de la lignée royale étendant ses branches comme le livre d’Ézéchiel 19 : 10 la définit, quand il dit : "Ta mère était, dans ton sang, comme une vigne, auprès des eaux. Elle était féconde et chargée de branches." La même terminologie fut utilisée dans la geste épique du Saint Graal. Dans le Parzival, du chevalier bavarois du XIIe siècle, Wolfram d'Eschenbach, il est dit de la reine du Graal qu'elle "portait la perfection du paradis terrestre, une chose à la fois racines et branches, que les hommes appelaient le Graal"."

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.


Les Nourricières : la Pomme de terre, la Vigne, le Blé, le Riz, l’Epinard, la Laitue et le Champignon. Les Nourricières alimentent la Terre et ses habitants.

[…]

Telle est ma vocation, mon talent et mon pouvoir.

Je nourrirai l’humanité.


Les Nourricières : Elles nourrissent l’humanité sur les cinq continents. Elles se sont acclimatées aux différents sols, aux conditions météorologiques. Elles se sont laissées domestiquer pour nous offrir leurs fruits, leurs feuilles, leurs racines. Elles nous ont livré leurs secrets pour les cuisiner et mettre en valeur leur goût, le secret de leurs qualités médicinales. On les appelle Salades, Tomates, Carottes, Epinards. Elles sont Céréales, Riz, Blé, Maïs. Elles sont sucrées, amères, salées. Elles se consomment fraîches, séchées, cuites. Elles puisent dans la terre, les oligo-éléments, les vitamines qui font leur richesse. Elles nous ont livré les secrets de leur reproduction, de leur culture. Si l’on prend soin d’elles, elles permettront aux sept milliards d’humains de vivre et de se nourrir sur cette terre. C’est pourquoi les plantes Nourricières méritent notre gratitude infinie.

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Je suis le cœur de la terre.

Mon sang vibre dans mes feuilles

Dans mes grains et dans mes racines

Je suis la Vigne.

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Cette plante grimpante se distingue de toutes les autres sur la planète. Elle n'a aucune égale, aucune rivale. respectée par tous, honorée, convoitée, jalousée, soignée, elle régnait sur la terre avant même l'arrivée des premiers hommes où elle se plaisait en lisière des forêts il y a soixante-cinq millions d'années. Elle a une place d'honneur sur les terroirs les plus prestigieux de France, mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal, en Grèce, puis sa famille a migré en Argentine, au Mexique et encore en Chine ou aux États-Unis. Il n'est pas un continent où elle ne se soit installée. On fait appel pour elle aux meilleurs spécialistes. On lui prodigue des soins méticuleux. On prépare sa terre avec les soins les plus raffinés, on lui offre les terres les plus nobles, on lui préserve un espace privilégié bien qu'elle puisse s'adapter à presque tout type de sol. Son corps noueux et fragile craint les vents forts et ses pieds fragiles craignent l'humidité. C'est pourquoi, pour permettre un meilleur écoulement des eaux de pluie, on la préservera en l'installant sur des zones en pente. Si la Vigne a acquis une facilité d'adaptation, elle reste toutefois sensible aux changements brusques de température. Certains vignerons iront jusqu'à lui offrir de petites bougies pour réchauffer ses pieds aux grands gels. La Vigne est sensible au mildiou, aux cochenilles, aux vers de la grappe. Lorsqu'elle est plantée contre un mur, elle peut atteindre cinq mètres de haut en s'appuyant sur des tuteurs ou sur les petites ventouses de ses lianes. Généreuse et intelligente, la Vigne nous offre son fruit, source d'énergie : le Raisin. celui-ci contient de nombreux sucres facilement assimilables, des vitamines B et C, des sels minéraux, des oligo-éléments, du calcium, potassium, fer, magnésium. La Vigne nous offre son Raisin, qui est un aliment médecin. Il régule le système nerveux. Il est antioxydant, protège le système cardiovasculaire. Il draine les toxines et améliore la circulation du sang. Il enrichit les monodiètes ou jeûnes partiels et est source de tonus. Ses pépins sont riches en polyphénols, qui luttent contre les radicaux libres. Il nettoie la peau et favorise son éclat. Écrasés avec une cuiller de Miel, quelques grains de raisin vont constituer un excellent masque de beauté. C'est probablement en Asie Mineure que la Vigne a été domestiquée la première fois et qu'elle a livré ses secrets. Pour la fabrication des raisins secs, mais surtout pour son vin. Dans la Bible, Noé a été le premier à cultiver la Vigne et à tirer le vin. Les grecs ont appris l'œnologie auprès des Égyptiens et l'ont transmis aux Romains qui l'ont appris aux Gaulois. Ce sont les Gaulois qui ont inventé les tonneaux pour permettre la conservation du vin. La Vigne a été encouragée tout au long de son histoire, par les papes, par Charlemagne qui disposait de Vignes en Bourgogne. Dans un premier temps, les Raisins n'étaient appréciés que pour le vin. Louis XIV introduisit les grappes de Raisin dans ses somptueux buffets Au fil des siècles, la Vigne a dû faire face à différentes attaques, des hivers rigoureux, la concurrence d'autres végétaux qui jalousaient ses terres, l'invasion du phylloxera, les différentes guerres pendant lesquelles les plus prestigieux domaines sont restés à l'abandon Malgré tous ces obstacles, la liane de Dionysos (chez les Grecs) et Bacchus (chez les Romains) reste liée à la joie, à la fête, à la transformation et à la célébration.


Mots-clés : L'automne - L'abondance - La sélection - La richesse - L'exigence - L'ivresse - Le paroxysme - La souveraineté - La joie - la fête - La célébration - La fécondité - La solidarité - Les rituels - Le petit peuple - La transmission - L'extase - La transmutation - C'est pour vous inviter à prendre soin, à considérer la totalité de votre environnement.


Lorsque la Vigne vous apparaît dans le tirage : C'est pour vous inviter à prendre soin, à considérer la totalité de votre environnement. Êtes-vous prêt à prendre soin de vous comme on prend soin de la Vigne, dans les moindres détails ? Prendre soin de la Vigne, c'est prendre soin du sol, de l'eau, de l'inclinaison, de l'acidité de la terre, de la qualité des grains, de la période des vendanges. Cela demande une attention de chaque instant où une erreur peut coûter cher. Cueilli trop tard ou trop tôt, le Raisin aura un goût totalement différent. Rien n'est laissé au hasard. Vous ne pouvez pas rester dans une relation de neutralité ou de sobriété. La Vigne exige votre pleine concentration, engagement et investissement. Elle attend de vous que vous preniez soin de vos relations, de votre habitation, de vos vêtements, de votre alimentation. Pour autant, celui qui sert la Vigne est au service, mais ne la dompte pas. La Vigne est la plante de la vitesse, de l'ivresse et de tous les excès. Elle est indépendante et si ses pieds sont domestiqués, son esprit est totalement libre de nous visiter comme bon nous semble. La Vigne vous pousse à l'extase, à l'intégrité. Elle repousse tout consensus. Elle incarne la force végétale et la vivacité. Elle peut tour à tour révéler votre puissance, votre imagination, vos vœux cachés, comme elle peut révéler vos mémoires blessées, vos fantasmes enfouis. Elle vous invite à la création, l'audace. La Vigne vous demande quelle énergie vous investissez dans vos rêves et dans vos projets les plus fous. Êtes-vous prêt à tout faire pour les réaliser ?


Signification renversée : Dans sa position renversée, la Vigne vous interroge. Avez-vous le sens des réalités ? Rêvez-vous ? Vivez-vous dans LE monde ou dans VOTRE monde ? La Vigne vous parle d'addiction A quoi êtes-vous addict ? Dépendez-vous d'une personne ? D'une habitude ? D'une façon de vous nourrir ? Êtes-vous addict au sucre ? Aux relations ? Toutes les habitudes ne sont pas toxiques, loin de là ? Seules celles qui ne sont pas conscientisée peuvent vous éloigner de votre âme. La Vigne renversée vous interpelle sur la joie. Vous sentez-vous joyeux ? Léger ? Inconscient ? Avez-vous besoin de bonnes raisons pour rire de bon cœur ? Êtes-vous prêt à lâcher le contrôle ? La Vigne renversée peut bousculer une question de rythme. Avez-vous tendance à prendre trop de temps ? Ou, au contraire, aller trop vite ? Enfin, la Vigne vous parle de célébration. Célébrez-vous la vie au quotidien ? Célébrer, c'est rendre grâce à la beauté, c'est rendre sacré un espace par ailleurs ordinaire. En accueillant la Vigne renversée, vous vous autorisez à remettre en joie ce qui en vous mérite de l'être.


Le Message de la Vigne : Je suis la Vigne, la Mère de tous les végétaux, le Déva des arbres fruitiers. Je règne sur mon royaume en demeurant légère et détendue. Car le véritable pourvoir ne s'acquiert pas par la tension, mais par la reconnaissance de notre beauté, de notre talent et de notre grandeur. Je suis Maître de mon Royaume. Chacun s'occupe de moi et me prodigue ses soins les plus précieux. Mon tronc est tout noueux, et pourtant les hommes récupèrent mes ceps pour allumer leur feu. Ils ne laissent tomber au sol aucun de mes grains.. Il en est ainsi lorsque nous sommes conscient de la préciosité de la vie. C'est cette préciosité que je viens réveiller en toi. N'admets rien de banal, de quelconque, d'ordinaire qui ne vienne de toi. Prends soin de tout en toi. La façon dont tu t'habilles, dont tu te coiffes, dont tu dors, dont tu t'alimentes, dont tu parles a une influence sur qui tu es. Je t'invite à regarder tout le soin que tu donnes. Honore ta beauté ! Rends-toi digne. N'agis jamais pour plaire ou pour correspondre à ce que tu crois que les autres attendent de toi. Rends-toi beau car c'est ta nature. Ose être sacré par Bacchus. Il te reconnaîtra comme un fils de la Vigne.


Le Rituel de la Vigne : La prochaine fois que vous buvez un verre de vin, prenez le temps de vous isoler quelques minutes. Peu importe que vous buviez occasionnellement, fréquemment ou jamais, offrez-vous ce verre de vin. Concentrez-vous d'abord sur la mémoire de la terre. Concentrez-vous sur le grès, la silice, le sable, la glaise. C'est dans cette matrice que la Vigne a planté ses racines. Prenez conscience des sels minéraux, du fer, des vitamines, des oligo-éléments que la Vigne est allée puiser. Prenez conscience de l'influence que le Soleil, la Lune, les étoiles ont pu avoir sur les feuilles, les fruits, l'esprit de la Vigne. Prenez conscience de toutes ces informations qui circulent dans son pied, dans ses feuilles, dans ses grains. Posez une question avant de boire une gorgée de vin. Et demandez à la Vigne de vous répondre. Elle vous répondra par une image, un flash, une couleur. Car lorsque vous demandez, vous recevez. Le sang de la terre se mêle à votre propre sang pour vous rappeler ce que votre âme sait.

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