Étymologie :
SCORPION, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1121-34 scorpïun signe du zodiaque et terme de zool. (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 1388, 1720) ; 2. a) fin xiie s. « sorte de fouet de guerre » (Clemence de Barking, Vie de Ste Catherine, éd. W. Macbain, 1431) ; b) 1546 « sorte d'arbalète » (Rabelais, Tiers Livre, Prologue, 75, éd. M. A. Screech, p. 10) ; 3. 1611 scorpion de mer (Cotgr.). Empr. au lat. scorpio, scorpionis « insecte venimeux », « la constellation du scorpion » et « sorte de poisson de mer », gr. σ κ ο ρ π ι ́ ο ς « id. ».
Lire également la définition pour amorcer la réflexion symbolique.
Symbolisme :
Dans Le Rythme du Zodiaque (édition originale Astrological Signs - The Pulse of Life, 1943 ; traduction française, Éditions du Rocher, 1981), Dane Rudhyar consacre un chapitre au signe du Scorpion :
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Voici ce qu'écrit Alice A. Bailey dans Les Travaux d'Hercule (1ère publication dans le Beacon de février 1957 à août 1958 ; Association Lucis Trust, 1990) à propos du huitième travail d'Hercule dans le Scorpion :
HUITIIEME TRAVAIL
— DESTRUCTION DE L'HYDRE DE LERNE —
(Scorpion, 23 octobre – 22 novembre)
Le Mythe : Celui qui préside, nimbé d'un calme rayonnant, ne dit qu'un mot. L'Instructeur entendit l'ordre précieux et convoqua Hercule, le fils de Dieu qui est aussi le fils de l'homme.
"La lumière brille maintenant sur la huitième Porte", dit l'Instructeur. "Dans l'ancien Argos, est survenue une période de sécheresse. Amymoné implora l'aide de Neptune qui lui ordonna de frapper un rocher. Lorsqu'elle le fit, trois sources de cristal jaillirent. Mais, bientôt, une hydre y fit sa demeure.
"Près de la rivière, se trouve le marais empoisonné de Lerne. Dans ce marécage infect, vit l'hydre monstrueuse, vraie calamité pour toute la région. Cette horrible créature a neuf têtes et l'une d'elles est immortelle. Prépare-toi à te battre contre cette bête répugnante. Ne pense pas pouvoir te servir de moyens ordinaires, car, pour une tête détruite, deux autres repoussent immédiatement." Hercule était dans l'expectative.
"Je ne peux te donner qu'un conseil. Nous nous élevons en nous agenouillant ; nous conquérons en nous rendant ; nous gagnons en cédant. Va, ô fils de Dieu et fils d'homme, et conquiers." Hercule passa alors par la huitième Porte.
Le marais de Lerne inspirait de la répugnance à tous ceux qui s'en approchaient ; sa puanteur empoisonnait toute l'atmosphère à sept lieues à la ronde. Quand Hercule approcha, il dut s'arrêter, car la seule odeur fut presque trop forte pour lui. Les sables mouvants vaseux constituaient un danger et, plus d'une fois, il retira vivement son pied, de peur d'être absorbé par le terrain qui cédait.
Finalement, il trouva le repaire où demeurait la bête monstrueuse. Dans une caverne où régnait une nuit perpétuelle, l'hydre se tenait cachée. Jour et nuit, Hercule rôda dans le perfide marécage, guettant le moment propice où la bête devait sortir. Mais il guetta en vain. Le monstre restait dans son antre fétide.
Recourant à un stratagème, Hercule trempa ses flèches dans de la poix brûlante et les fit pleuvoir directement dans la caverne béante où se tenait la bête hideuse. Il y eut confusion et agitation.
Ses neuf têtes crachant des flammes, l'hydre apparut. Sa queue écailleuse fouettait furieusement l'eau et la vase, éclaboussant Hercule. Le monstre mesurait trois toises (2 m.), chose horrible à voir, qui semblait avoir été faite de toutes les pensées les plus ignobles conçues depuis le commencement des temps.
L'hydre bondit sur Hercule et chercha à s'enrouler autour de ses pieds. Il sauta de côté et la frappa d'un coup si formidable qu'une de ses têtes fut immédiatement tranchée ; mais cette horrible tête était à peine tombée dans la fondrière que deux autres repoussaient à sa place. A maintes reprises, Hercule attaqua le monstre déchaîné qui, au lieu de s'affaiblir, devenait plus fort à chaque assaut.
Alors Hercule se souvint des paroles de son Instructeur : "Nous nous élevons en nous agenouillant." Rejetant sa massue, il s'agenouilla, saisit l'hydre de ses mains nues et l'éleva en l'air. Tenue dans les airs, sa force diminua. A genoux, il maintint l'hydre bien au-dessus de lui, afin que l'air et la lumière purifiants puissent avoir l'effet voulu. Le monstre, puissant dans l'obscurité et dans la vase, perdit bientôt de son pouvoir quand les rayons du soleil et l'effleurement du vent l'atteignirent.
L'hydre lutta convulsivement, un frisson traversant son corps repoussant. Ses efforts devinrent peu à peu plus faibles et ce fut la victoire. Les neuf têtes s'affaissèrent, puis, la respiration haletante et les yeux vitreux, elles tombèrent flasquement en avant. Mais ce n'est que lorsqu'elles furent sans vie qu'Hercule vit la tête mystique qui était immortelle.
Alors il coupa l'unique tête immortelle qui sifflait encore furieusement et l'enterra sous un rocher.
Hercule retourna auprès de son Instructeur. "La victoire est complète", dit celui-ci. "La lumière qui brille à la huitième Porte est maintenant fondue avec la tienne."
Introduction : Nous trouvons des variantes dans les différentes versions du mythe et nous n'avons plus celle du Tibétain pour nous guider. Le Tibétain affirme qu'il y avait trois fois trois, ou neuf têtes. Francis Merchant dit, lui, que neuf têtes furent détruites et que la tête mystique immortelle apparut ensuite. De plus, le fait que cette tête fut "enterrée sous un rocher" prête à beaucoup de réflexions. Peut-être que l'usage de la phrase "cachée sous le rocher de la volonté" est révélatrice. Toutes les versions indiquent que la tête fut enterrée.
Dans certains récits, il est dit qu'Hercule brûla les têtes ; le feu divin aurait vraiment été nécessaire pour cette destruction. Dans ce test suprême, on ne saurait nier la puissante image du disciple tombant humblement à genoux et soulevant le monstre (toutes les mauvaises actions, les fautes et les échecs accumulés pendant son long passé) dans l'air de l'esprit où, de part sa nature même, l'hydre ne pouvait vivre ; ainsi, elle dépérit et mourut. L'emploi du feu, dans l'effort préliminaire, garde encore ce symbole dans la description.
Alors que, dans le test de l'unification des opposés et sous la double autorité de Mars, le sexe a sa place particulière, l'accent donné sur cette facette n'est pas suffisamment évident. Toutes les paires d'opposés doivent être unifiées dans le grand signe du Scorpion, signe du disciple conscient intégré, et non signe de l'homme non évolué, comme on le pense souvent. De nouveau, il faut distinguer soigneusement entre les individus qui sont sur la roue ordinaire du zodiaque et les disciples qui se trouvent sur la roue inversée. Tout ceci est proposé, mais non imposé à la réflexion du lecteur.
Analyse psychologique du Mythe : Il fut demandé à Hercule de trouver l'hydre à neuf têtes qui vivait dans un marécage aux effluves puantes. Ce monstre a sa contrepartie subjective dans la caverne du mental. Dans l'obscurité et la vase des recoins non éclairés du mental, elle prospère.
Profondément enfouie dans les régions obscures du subconscient, tantôt silencieuse et tantôt dans une frénésie extrême, la bête y établit sa demeure permanente. Son existence n'est pas facilement découverte. Beaucoup de temps s'écoule avant que l'individu ne réalise qu'il alimente une créature aussi féroce. Les flèches de l'aspiration ardente doivent être décochées avant que sa présence ne soit révélée.
Combattre un ennemi aussi terrible est certes une tâche héroïque pour un fils de l'homme même s'il est aussi Fils de Dieu. Une tête coupée, et voilà qu'une autre repousse à sa place. Chaque fois qu'un désir ou une pensée inférieure est maîtrisée, d'autres les remplacent.
Hercule fait trois choses : il reconnaît l'existence de l'hydre, la cherche patiemment et finalement la détruit ; le discernement est nécessaire pour reconnaître son existence ; la patience, pour découvrir son repaire ; l'humilité, pour amener des fragments vaseux du subconscient à la surface et les exposer à la lumière de la sagesse.
Tant qu'Hercule lutta dans le marécage, dans la boue et les sables mouvants, il fut incapable de vaincre l'hydre. Il dut soulever le monstre dans les airs, c'est-à-dire transférer son problème dans une autre dimension afin de le résoudre. En toute humilité, agenouillé dans la vase, il dut examiner son dilemme à la lumière de la sagesse et dans l'atmosphère élevée de la pensée investigatrice. Nous pouvons déduire, de ces considérations, que les réponses à beaucoup de nos problèmes ne nous parviennent que lorsqu'un nouveau foyer d'attention est atteint, qu'une nouvelle perspective est établie.
Une des têtes de l'hydre était immortelle, ce qui impliquerait que chaque difficulté, si terrible qu'elle apparaisse, a en elle un joyau de grande valeur. Aucune tentative pour dominer la nature inférieure et découvrir ce joyau n'est jamais vaine. La tête immortelle, séparée du corps de l'hydre, est enterrée sous un rocher. Ceci implique que l'énergie concentrée qui crée un problème subsiste, mais purifiée et réorientée après que la victoire a été remportée. Un tel pouvoir doit alors être judicieusement dirigé et canalisé. Sous le rocher de la volonté persistante, la tête immortelle devient une source de pouvoir.
Les neuf Têtes de l'Hydre : La tâche assignée à Hercule avait neuf aspects. Chaque tête de l'hydre représente un des problèmes qui assaillent la personne courageuse qui cherche à atteindre à la maîtrise d'elle-même.
Trois de ces têtes symbolisent les appétits associés au sexe, au bien-être physique et à l'argent. Les trois suivantes concernent la peur, la haine et la soif du pouvoir. Les trois dernières têtes représentent les vices du mental non illuminé : orgueil, séparativité et cruauté. (Astrologie Esotérique)
Les dimensions du travail entrepris par Hercule apparaissent ainsi clairement. Il devait apprendre l'art de transmuer les énergies qui, si fréquemment, précipitent les hommes dans des tragédies. Les neuf forces qui ont causé d'indicibles ravages parmi les fils des hommes depuis le commencement des temps devaient être réorientées et transmuées.
Les hommes d'aujourd'hui s'efforcent de mener à bien ce qu'Hercule réussit à accomplir. Les problèmes qui découlent du mauvais usage de l'énergie connue sous le nom de sexe retiennent toute notre attention. L'amour du confort, du luxe et des possessions extérieures est encore en croissance rapide. La poursuite de l'argent comme une fin en soi et non comme un moyen rend la vie de beaucoup d'hommes et de femmes plus pauvre. Le travail de détruire les trois premières têtes de l'hydre continue à défier les pouvoirs de l'humanité, des milliers d'années après qu'Hercule a accompli son extraordinaire exploit.
Les trois qualités de caractère qu'Hercule eut à manifester furent : humilité, courage et discernement. L'humilité pour voir objectivement ce à quoi il s'était engagé et reconnaître sa faiblesse ; le courage, pour attaquer le monstre dans les racines mêmes de sa nature ; le discernement, pour découvrir une technique de conduite envers son ennemi mortel.
Découvrir la fosse où sont déposés les désirs vils et les impulsions égoïstes qui infestent la nature du subconscient est le travail de la psychanalyse moderne. Cette technique amène à la surface les déplaisantes données des impulsions réprimées, c'est vrai, mais s'arrête souvent là. L'individu réalise qu'un monstre est caché dans les zones obscures de sa conscience, mais il se sent cependant dérouté et perplexe en essayant de traiter avec cet ennemi formidable.
Hercule invoque une lumière plus brillante que celle du mental analytique. Il cherche à élever son problème à une dimension supérieure et non à agir sans fin dans le bourbier du subconscient. S'efforçant de voir son problème à la lumière de la sagesse que nous appelons âme, il l'affronte sous un nouvel angle de vision. Ce faisant, il rompt l'étreinte de l'hydre et finalement vainc la bête.
La lutte contre l'Hydre, version moderne : La considération des neuf problèmes qui confrontent actuellement celui qui cherche à tuer l'hydre devrait répandre la lumière sur les étranges forces à l'œuvre dans ce grand "baril d'explosifs" qu'est le mental humain.
Le sexe. La pruderie de l'époque victorienne et l'investigation sur la sensualité en psychanalyse sont toutes deux indésirables. Le sexe est une énergie qui peut être soit inhibée, soit exercée sans restriction, soit sublimée. La répression ou l'inhibition ne sont pas de vraies solutions ; la promiscuité vulgarise la vie et fait de l'homme l'esclave d'une passion qui le domine. La sublimation implique l'emploi de l'énergie du sexe dans un effort créateur.
La transmutation des énergies humaines ouvre un domaine de spéculation et d'expérimentation. En physique, l'énergie motrice peut être transformée en électricité et l'énergie thermique en mouvement. Jusqu'à quel point, alors, les énergies humaines peuvent-elles être réorientées ? L'énergie de la matière, représentée par la nourriture, est utilisée pour produire l'énergie motrice. L'énergie motrice des émotions peut-elle être canalisée de la même façon dans l'activité de la pensée ? L'énergie des passions tumultueuses peut-elle trouver à s'exprimer en aspiration ? Les pulsions et les contraintes de la nature humaine peuvent-elles être transmuées en pouvoirs bénéfiques ? L'énergie qui produit la pensée peut-elle être utilisée comme pouvoir de synthèse aboutissant à une identification avec tout ce qui vit ?
L'expérience d'Hercule indique que de telles possibilités existent et que celui qui aspire à vaincre l'hydre des passions et le mental séparateur doit pouvoir résoudre des problèmes de cette nature.
Le bien-être physique. Le sentiment d'insatisfaction constante pousse l'homme vers des sommets toujours plus hauts d'accomplissement. Le bien-être physique est souvent un frein à une telle aspiration. Entravé par les possessions et insensibilisé par la sensation trompeuse du confort, l'esprit s'affaiblit. Le prisonnier du bien-être s'enfonce dans l'apathie, oublie les luttes et les épreuves qui trempent la lame affilée de l'aspiration spirituelle. La volonté de recherche, l'impulsion pressante à résoudre le mystère du principe de la vie sont étrangères à la tendance au narcissisme, tendance qui veut que le bien-être physique soit le mobile central de l'existence.
L'argent. Accumuler de l'argent est une passion dominante qui est à la base des activités des individus et des nations. Les valeurs éthiques et humaines sont négligées dans la folle entreprise d'amasser l'or qui confère le pouvoir. Les choix sont inévitablement déterminés par des considérations financières plutôt que par des convictions spirituelles ou des principes éthiques. Le besoin d'accumuler des richesses est insatiable. Peu importe ce qu'une personne possède, elle en désire encore davantage.
L'effet de cette forme de distorsion mentale est l'égoïsme. L'individu qui souffre de cette forme d'affliction désire souvent tout recevoir et ne rien donner. L'univers est, pour lui, déterminé par ce qu'il réussit à acquérir ; il ne se reconnaît pas la responsabilité de faire profiter les autres de ses propres avantages.
Les richesses intellectuelles et les trésors spirituels ne devraient-ils pas réclamer nos efforts ? Ils peuvent être partagés avec tous et celui qui donne tout ce qu'il a se retrouve lui-même plus riche qu'avant. Le besoin d'acquérir des biens matériels peut, un jour, être transmué en désir d'amasser la connaissance et en volonté d'acquérir les joyaux de l'esprit.
La peur. De beaucoup de manières, les fantômes de la peur tourmentent les fils des hommes. Ces formes illusoires les rendent perplexes et les effraient, car elles sont comme des chaînes à leurs pieds et comme une grosse pierre liée à leur cou. Beaucoup de gens deviennent lâches lorsqu'ils sont hantés par la peur du ridicule, de l'échec, de l'inconnu, de la vieillesse, du hasard et de la mort.
Ces peurs peuvent-elles être éliminées ? L'expérience d'Hercule suggère qu'elles peuvent être surmontées en élevant la conscience à un point supérieur d'intégration. Quand la vie d'un être est focalisée sur un dessein plus élevé, les ombres menaçantes de la peur sont repoussées vers la périphérie de la pensée. Tant que les monstres indéterminés de la peur rôdent dans la pénombre du subconscient, ils ont le pouvoir de faire pâlir le visage et de glacer le cœur.
Un soldat, résolu à vaincre l'ennemi, risque jusqu'à sa vie. Une mère, arrachant son enfant au danger, oublie ses propres peurs. L'automobiliste, fonçant sur la grand-route à une vitesse casse-cou, risque sa vie par amour de l'aventure. Ces individus ont focalisé leur attention sur un point au-dessus de celui où se trouve la peur. Celui qui est orienté spirituellement concentre sa pensée à un niveau trop raréfié pour que la peur puisse l'atteindre.
La haine. Elle a ses racines dans la négation. Elle est l'opposé du désir d'union et, élevée à une dimension supérieure, elle est transmuée en répudiation de tout ce qui est irréel. Quand la haine est dépouillée de tout contenu émotionnel, elle peut devenir une énergie propre à entraîner un homme à rejeter la forme pour l'amour de la vie qui anime celle-ci. Sur l'arc inférieur, la haine est assurément destructrice ; sur l'arc supérieur, et quand elle est complètement purifiée, elle peut être considérée comme la contrepartie de l'amour.
La soif du pouvoir. Pendant les derniers siècles, l'homme a libéré l'énergie du pouvoir bien plus que celle de l'amour et il en est résulté le déséquilibre. Quand il n'est pas apparenté à l'amour, le pouvoir est une force qui corrompt. Dans les relations humaines, beaucoup de tragédies sont le résultat du désir incontrôlé de dominer la vie des autres, d'ordonner et de régler leur conduite. Celui qui substitue des considérations de pouvoir aux principes éthiques engendre un conflit perpétuel. Les idéals élevés qui, pendant des siècles, ont joué le rôle de phare – fraternité, coopération, idéalisme – ne rayonnent que faiblement tant que le pouvoir est le facteur déterminant dans la société.
Néanmoins, quand la volonté de pouvoir est transmuée, elle devient la volonté d'accomplir et la volonté de sacrifice. La volonté dure et égocentrique se transforme en un agent distributeur de dons bienfaisants. Alors vraiment, le pouvoir sert l'amour et l'amour glorifie le pouvoir.
L'orgueil. Les murs construits par l'orgueil emprisonnent un homme plus sûrement que les barreaux d'une prison. Lié par les lourdes chaînes des pensées par lesquelles il s'exalte lui-même, il regarde les autres êtres humains avec condescendance. Il affaiblit ainsi le lien qui unit tous les hommes en une indissoluble fraternité. Se mettant à part, il s'éloigne de plus en plus du cercle des sympathies humaines. Hercule tombe à genoux alors qu'il lutte contre l'hydre, symbolisant par cette position l'esprit d'humilité qu'il faut atteindre. L'exaltation des penchants de la personnalité doit être remplacée par l'expression de la tendance au sacrifice de soi.
La séparativité. Le mental analytique divise et subdivise, appréciant plus la partie que le tout. Il est porté davantage à accentuer la diversité qu'à se pencher sur le fait dominant de l'unité. Le fractionnement de la pensée milite contre l'impulsion vers la synthèse.
L'attitude séparative rend plus conscientes les différences entre les hommes que leur ressemblance ; on conçoit les religions comme une série d'unités antagonistes plutôt que comme l'unique expression de l'impulsion spirituelle. L'opposition des classes dans la société semble alors plus importante que l'humanité qui fait que tous les hommes sont frères. La terre est vue comme une série de nations diverses plutôt que comme un monde unique.
Il fallait qu'Hercule voie l'hydre comme un seul monstre et non comme une bête ayant neuf têtes différentes. Tant qu'il chercha à couper les têtes une à une, il échoua. Quand il les traita finalement comme une unité, il remporta la victoire.
La cruauté. La satisfaction que les hommes éprouvent à faire du mal aux autres est un témoignage de l'existence de tendances malignes qui corrodent le mental. Le plaisir éprouvé à faire souffrir ses semblables est une maladie. Cette horrible tête de l'hydre doit être détruite une fois pour toutes avant qu'un homme ne puisse se déclarer "humain". La vie moderne offre de nombreux exemples de brutalité et de cruauté gratuites. Dans beaucoup de familles, les enfants sensibles sont dépréciés, ridiculisés et humiliés par ceux qui refusent de prendre la peine de les comprendre. Chaque jour, des maris et des femmes déclarent publiquement dans les recours en divorce qu'ils sont victimes de tortures mentales. Les tribunaux et les hôpitaux démontrent l'évidence du plaisir irrationnel qu'éprouvent les êtres humains à se tourmenter mutuellement. "Nous le faisons pour l'excitation que cela procure" disait dernièrement un tout jeune gangster, "pas pour l'argent."
Quand ce monstre de cruauté est soulevé dans l'air et dans la lumière de la raison et de la compréhension, il perd son pouvoir. Toutefois, la tâche de transférer l'énergie de la cruauté en celle de la compassion active reste encore à faire. Dans deux épreuves, Hercule "tua" alors qu'il aurait dû aimer ; mais, dans le Scorpion, il accomplit cette transformation, extirpant de sa propre nature une tendance qui l'aurait paralysé dans chaque entreprise future.
Tel est, psychologiquement, l'accomplissement du travail d'Hercule. Il a laissé pénétrer la lumière dans les replis ténébreux du subconscient ; il a lutté corps à corps contre les forces monstrueuses qui se vautrent dans la vase subconsciente et il a vaincu les ennemis de sa propre maison. Un processus de purification a eu lieu et Hercule est maintenant prêt à s'engager dans le prochain travail où il devra démontrer sa capacité de maîtriser les pouvoirs et la puissance du mental.
Application à la Vie – (Résumé d'une conférence d'A.A.B.) Vu sous certains angles, le travail dans le Scorpion nous préoccupe et nous préoccupera longtemps parce que, contrairement à Hercule, nous n'avons pas triomphé de l'hydre. La plupart d'entre nous utilisent encore les méthodes futiles que lui-même employa tout d'abord dans cette épreuve.
C'est là, essentiellement, le problème de l'humanité. Nous sommes si profondément préoccupés de notre propre évolution que nous oublions la vision plus vaste. Si nous devons jamais monter au sommet de la montagne dans le Capricorne, nous devons perdre de vue la personnalité et commencer à agir en tant qu'âmes.
Dans mes moments élevés, je sais théoriquement ce que devraient être mon attitude et mes actions, mais j'avance de manière désordonnée. Pourquoi ? Parce qu'une loi fondamentale veut que, dans la nature, tout évolue avec ordre, pas à pas, règle par règle, précepte après précepte. Ce serait une expérience désastreuse si je purifiais si rapidement ma personnalité que toute la force de mon âme pût s'y déverser. Je serais renversée par le pouvoir et la lumière, l'omniscience et l'omnipotence de mon âme. Je ne saurais que faire de ce que j'ai. Cela ne veut pas dire que je n'aie plus qu'à rester assise et à laisser agir la loi, dormant sur mes lauriers, laissant que l'évolution me porte sur son courant jusqu'au jour de l'accomplissement. Mais cela signifie que je suis maintenant sur le champ de bataille, le kurukshetra, et que je vais devoir combattre cette hydre dans le Scorpion, car c'est le travail qui incombe aujourd'hui à l'humanité.
Le véritable test du Scorpion n'a jamais lieu avant que l'homme ne soit coordonné, avant que son mental, sa nature émotionnelle et sa nature physique ne fonctionnent comme une unité. Il passe alors dans le Scorpion où son équilibre est rompu et où le désir est là alors qu'il avait pensé en être débarrassé. Il est versatile et il se croyait équilibré. Le mental qui était censé être le maître de sa personnalité ne semble pas fonctionner. Quand nous étudions Hercule, nous nous voyons nous-mêmes.
Rappelez-vous que le disciple doit accomplir trois choses dans le Scorpion. Il doit démontrer, non pas à la Hiérarchie, ni à ceux qui le regardent, mais à lui-même, qu'il a surmonté la grande illusion, que la matière – la forme – ne peut plus le retenir. Hercule doit se prouver à luimême que la forme est simplement un canal d'expression par lequel il prend contact avec un grand champ de manifestation divine. Après avoir lu certains livres sur la religion, on pourrait conclure que la forme, l'émotion et le mental sont choses indésirables dont il faut se débarrasser. Toutefois, il est fondamental de comprendre que, si je me débarrasse de la forme physique, il ne me reste plus aucun moyen de prendre contact avec une expression divine, parce que Dieu est dans mon prochain, dans ce monde physique et tangible dans lequel je vis et si je n'ai pas de forme, ni aucun de mes cinq sens, je me détache de Dieu qui est en une forme unique. La personnalité ne doit pas être détruite ni piétinée ; elle doit être reconnue comme le triple canal d'expression des trois aspects divins. Tout dépend de la manière dont nous utilisons cette triple personnalité : à une fin divine ou à une fin égoïste. La grande illusion est l'utilisation de cette personnalité à des fins égoïstes. Pour résumer toute l'histoire dans le signe du Scorpion, disons que le Soi est déterminé à tuer le petit soi afin de lui enseigner la signification de la résurrection.
Qu'est-ce que la Mort ? Il existe trois signes de mort dans le zodiaque ; trois grandes morts ont lieu alors que nous progressons autour du champ de la vie. Dans le Cancer, nous avons la mort de l'être élémental (l'homme), afin que l'être humain puisse venir à l'existence. D'un bout à l'autre du zodiaque, nous pouvons toujours dire : "Ici, il y a mort afin que..."
La mort est toujours l'entrée dans une vie plus abondante, une expérience plus complète, une réalisation et un but plus amples. Il y a la mort de la personnalité afin que l'âme puisse exprimer la vie à travers elle. Dans les Poissons, il y a la crucifixion, la mort d'un sauveur du monde parce qu'il a parfaitement accompli sa fonction.
La mort, en astrologie, peut signifier beaucoup de choses. Elle peut dire, peut-être, que nous allons mourir. C'est une des interprétations. Peut-être allons mourir à une ancienne émotion, disparue, "morte". Certaines idées cristallisées longtemps entretenues, certains dogmes qui ont guidé nos activités jusqu'à ce jour sont simplement arrivés à leur fin et nous nous demandons comment il nous a été possible de penser comme nous le faisions. Cette ligne de pensée est donc morte. Il est précieux d'avoir cette vision très large et d'apprendre à l'interpréter dans les divers aspects de la personnalité.
Le Scorpion, signe de Magie : Pratiquer la magie ne signifie pas faire des choses singulières. La véritable magie est l'expression de l'âme par l'intermédiaire de la forme. La magie noire est l'utilisation de la forme pour obtenir ce que l'on désire pour elle ; c'est pur égoïsme. La magie blanche est l'utilisation de l'âme pour élever l'homme employant la personnalité. Pourquoi le Scorpion est-il le signe de la magie ? Un ancien livre dit : "La Vierge est la sorcière qui prépare les ingrédients qui sont pesés sur les plateaux de la Balance et, dans le Scorpion, le travail magique se poursuit." En tant qu'aspirant dans la Vierge j'ai découvert le Christ en moi ; à travers les siècles, la forme a nourri le Christ jusqu'à ce que, dans la Balance, j'hésite entre les opposés – nature de la forme et nature christique – que j'atteigne l'équilibre et que le Christ et la matière soient au stade d'harmonie. Dans le Scorpion, je suis mise à l'épreuve quant à celui qui triomphera, la forme ou le Christ, le Soi supérieur ou le soi inférieur, le réel ou l'irréel, le vrai ou l'illusion. Telle est l'histoire sous-jacente au Scorpion.
Constellations et Etoiles : Le Taureau, signe opposé du Scorpion, est le signe du désir exprimé avec prédominance sur le plan physique en tant que sexe. Au cœur du Scorpion, se trouve Antarès, l'une des quatre étoiles royales, une étoile rouge. Le rouge est la couleur du désir et c'est l'étoile la plus rouge des cieux. Elle symbolise le rouge du désir qui est sous-jacent à toute manifestation de la vie divine.
Dans les Gémeaux, au moment de la récolte des pommes d'or, Hercule lutte aussi contre Antarès. De nouveau, dans le Scorpion, nous sommes confrontés à l'étoile rouge. Pourquoi ? Parce que, dans le grand système solaire qui est le nôtre, le problème de l'humanité est celui de l'attraction entre les opposés (signifiant désir). Il y a toujours dualité, ce qui est désiré et celui qui désire. L'Aigle est interchangeable avec le Scorpion. L'aigle a affaire avec les Etats-Unis et la flèche du Sagittaire, le prochain signe, domine aussi dans le sceau des Etats-Unis. L'aigle est l'oiseau hors du temps et de l'espace ; aussi, quand Hercule se bat contre l'hydre, il lève les yeux, voit l'aigle et se rappelle qu'il est venu en incarnation et qu'il retourne d'où il est venu.
Trois constellations très intéressantes sont reliées au signe du Scorpion. La première, le Serpent, serpent de l'illusion, serpent que nous trouvons dans la Genèse et qui trompe Eve. La deuxième, Ophiuchus, l'homme qui lutte contre le serpent. L'ancien zodiaque dépeint le serpent dans les mains de cet homme qui le saisit à deux mains et pose le pied sur son cœur qui est l'étoile rouge du désir. Ce faisant, il regarde vers la constellation que nous voyons dans la Balance, la Couronne. Nous avons ainsi la personnalité symbolisée par Ophiuchus, luttant contre le serpent de l'illusion avec la couronne devant elle et à laquelle elle aspire.
La troisième constellation est appelée Hercule et représente l'aspirant qui regarde non pas la couronne, mais l'Aigle. La personnalité regarde la couronne, et dit : "Je traverse une période difficile ; mon entourage est contre moi, mes conditions familiales sont mauvaises, mais un jour j'aurai la couronne." Hercule, le disciple, ne se préoccupe pas de la couronne ; il regarde l'aigle, l'aspect esprit. Il découvre ce merveilleux symbole de lumière qui émerge et rend toute victoire possible.
Gardez vos yeux fixés sur l'aigle ; faites descendre le feu ; ne regardez pas le sol ; concentrez-vous dans la divinité.
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D'après le Dictionnaire des symboles (1969, édition revue et corrigée 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant :
"En astrologie, le Scorpion (23 octobre - 21 novembre) est le huitième signe du Zodiaque, occupant le milieu du trimestre d'automne, quand le vent arrache les feuilles jaunies et que les animaux et les arbres se préparent à une existence nouvelle. Symbole à la fois de résistance, de fermentation et de mort, de dynamisme, de dureté et de luttes, cette partie du ciel a pour maître planétaire Mars.
Le Scorpion évoque la nature au temps de la Toussaint, de la chute des feuilles, du glas de la végétation, du retour au chaos de la matière brute, en attendant que l'humus prépare la renaissance de la vie ; le quaternaire aquatique entre l'eau première de la source (Cancer) et les eaux rendues de l'Océan (Poissons),c'est-à-dire les eaux profondes et silencieuses de la stagnation et de la macération. L'animal noir, qui fuit la lumière, vit caché et est pourvu d'un dard empoisonné. Cette réunion compose un monde valeurs sombres, propres à évoquer les tourments et drames de la vie jusqu'au gouffre de l'absurde, du néant, de la mort... D'où le fait que le signe soit placé sous la maîtrise planétaire de Mars, ainsi que de celle de Pluton, puissance mystérieuse et inexorable des ombres, de l'enfer, des ténèbres intérieures. Nous sommes au cœur du complexe sudo-anal du freudisme ; mais aux valeurs psychique de l'anus se joignent celles du sexe ; et l'on voit se camper une dialectique de la destruction et de la création, de la mort et de la renaissance, de la damnation et de la rédemption, le Scorpion étant chant d'amour sur champ de bataille ou cri de guerre en champ d'amour...
Dans un tel pays en rouge et noir, l'individu prend racine dans les convulsions de ses entraves, et il n'est vraiment lui-même que secoué de la transe sauvage d'un démon intérieur qui a soif non de bien-être mais de plus-être, jusqu'au goût âpre de l'angoisse de vivre, entre l'appel de Dieu et la tentation du diable. Cette nature volcanique fait du type scorpion un oiseau dont les ailes ne se déploient à l'aise qu'au milieu des tempêtes, son climat étant celui des orages, son pays celui de la tragédie."
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Selon Jacques A. BERTRAND auteur de Tristesse de la Balance et autres signes (1983), les caractéristiques (humoristiques) du signe du Scorpion sont :
"Vertige du scorpion"
"Les feuilles mortes se décomposent lentement dans les flaques d'eau croupissante de l'automne. Le scorpion danse à petits pas.
Le scorpion a tout pour plaire. La démarche de l'araignée et du serpent à la fois. Cette lenteur lourde de menace – une hésitation enceinte d'une vivacité...
Le scorpion danse à petits pas avec Éros et Thanatos. Il est prêt à se laisser mourir de plaisir mais, à la moindre douleur, il se sent revivre. Il ne cesse de se détruire et de renaître à longueur de journée; le Phénix - l'oiseau qui renaît de ses cendres -, c'est lui. C'est symbolique. Le scorpion est très symbolique. (« Il est dans l'essence des symboles d'être symboliques », assurait Jacques Vaché).
L'aigle est le symbole supérieur du signe. Le scorpion est la chenille de l'aigle.
Le scorpion attend des métamorphoses. En attendant, il fermente. Dans l'eau stagnante des marais ou dans l'eau-de-vie. Le scorpion est un alambic noir - où mijotent des pulsions, des appétits, des refoulements – doté d'un sexe et d'un anus. La vierge et la balance ont tout digéré ; le scorpion rend à la terre ce qui appartient à la terre.
Le scorpion n'a pas l'air tranquille. Qu'est-ce qui inquiète le scorpion ? Rien. Tout.
Le scorpion s'interroge. Il doute. De tout et même parfois de ses doutes. C'est un interrogatif entêté. Un inquiet obstiné. Son doute a quelque chose de sérieux, de réfléchi, de rassurant finalement. Les gens sont tellement plongés dans le doute, submergés par le doute, qu'on ne peut même plus dire qu'ils doutent. Le scorpion, lui, doute vraiment. A force de ténacité, il finit par imposer son doute à tout le monde.
Cent fois on l'a cru mort, ou retraité. Il a dû traverser plusieurs déserts. On ne parlait déjà plus de lui qu'au passé et puis le revoilà. Il s'appelle de Gaulle. Ou Mitterrand. Il croit dur comme fer en la France, c'est-à-dire en lui-même. Il est tenace. Résistant. Quand les choses ne lui plaisent pas, il fait de la résistance. Il prépare la libération. Si la libération ne lui plaît pas, il refait de la résistance.
Tous les scorpions n'ont pas autant d'ampleur dans le doute. Il y a ceux qui grignotent, ceux qui se ratatinent. Ceux qui se laissent aller. A l'alcool, à la drogue, au sexe. Le scorpion est beaucoup plus que sexué ou sexuel. Le sexe est pour lui une espèce de drogue alcoolisée mais dont il use ordinairement – comme d'un vin de table. Le scorpion est – comment dire ? - sexique.
Le scorpion fréquente les perversions, mais sans en faire toute une histoire. S'il va jusqu'à la frénésie, c'est qu'il a horreur de la médiocrité. Ne parvenant pas à s'imposer comme un criminologue de premier plan, il devient un grand criminel. C'est un exemple. Un problème sexuel le fait verser dans une spiritualité débridée. Il fait indifféremment des excès de table ou de jeûne.
Le scorpion pique. Il a le ton vif, l'ironie facile, le sarcasme rapide. En même temps, il est facilement vexé. Le scorpion est susceptible. Le scorpion est méchant.
Notons que le scorpion n'est pas méchant méchamment. Il est méchant par inquiétude. Ses grands désirs et ses doutes profonds le font s'agiter dans tous les sens. A force de faire des gestes inconsidérés, on finit par commettre des maladresses. Le scorpion pique.
Le scorpion se met dans des états nerveux pas possibles. Quand les circonstances s'y prêtent – lorsqu'il est cerné par le feu, ou persuadé qu'il vient d'attraper la syphilis – le scorpion se pique lui-même. Il s'agit moins d'un suicide que d'un accident. Le scorpion porte toujours sur lui son épée de Damoclès. Il serait bien avisé de se munir de sérum contre son propre venin.
Le scorpion est critique. Autocritique. Curieux. Sexologue. Psychanalyste. Sado-maso. Caca boudin. Agent secret, double de préférence. Héros dostoïevskien, peint par Jérôme Bosch et ironiquement commenté par Villiers de l'Isle-Adam.
Le scorpion est mal vu. C'est le mal aimé du zodiaque. On convoite ses richesses enfouies et ses pouvoirs secrets. On redoute son côté faustien. Tout cela étonne le scorpion. Il se croit très simple. Le pire, c'est qu'il l'est, d'une certaine façon. Étrangeté du scorpion. Étrangeté de l'homme. Vertige de la chronique zodiacale."
Il faut s'y faire, le scorpion est l'un des plus anciens habitants de la terre. Aux dernières nouvelles, il résisterait à la radioactivité.
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Peter Damian, dans un ouvrage intitulé Manuel astrologique des Fleurs de Bach (Édition originale, 1986 ; Ulmus Company Ltd., 1996 pour la traduction française) explicite le lien que le Dr Bach a mis en évidence entre les 12 signes du Zodiaque et les 12 Guérisseurs :
Nous aurons un bon aperçu du type Chicorée en étudiant ce signe. Le Scorpion est le huitième signe du zodiaque. Les anciens Hébreux le personnifiaient comme Dan « Serpent sur le chemin, un céraste sur le sentier (le zodiaque) qui mord le cheval au jarret et son cavalier tombe à la renverse. » Voici qui décrit la tendance du Scorpion à saper la progression des aspirations de l'âme, alors qu'elle arrive au jarret du signe du Sagittaire. Le cavalier est la nature supérieure de l'homme que le Scorpion cherche à détourner en l'attirant vers sa nature inférieure, le cheval qu'il monte ; (le Centaure est moitié-cheval, moitié-homme). Ici le serpent désire la chute d'Adam aux jardins d'Eden. C'est un thème récurrent dans tout savoir astrologique et religieux que le Scorpion tendant le piège de la tentation sur le chemin de l'âme, et le serpent représentant le tentateur lui-même. Dépeinte astrologiquement, la « chute » de l'humanité (Balance, équinoxe d'automne) est ce qui sépare à présent le Scorpion (l'acte créatif) de sa pure ou immaculée conception (la Vierge du signe qui porte son nom) ; et il est intéressant de supposer que ces deux signes pourraient avoir été un temps réunis - voyez la similarité du glyphe entre Scorpion(h) et Vierge(f) - tout comme Adam le fut à Eve avant qu'ils ne soient séparés. C'est une symbolique très forte qui recèle un grand mystère et confirme le Scorpion comme le plus mystérieux des signes du zodiaque.
Ce qui ressort de ces mythes, c'est que le Scorpion est considéré comme une force stagnation cherchant à posséder le Pouvoir de la Vérité plutôt qu'à lui laisser la voie libre. Ne fût cette position, le Pouvoir de la Vérité serait transmis librement à toute l'humanité par l'intermédiaire des rayons du soleil. Le Scorpion est le Lucifer du Paradis perdu de Milton, qui se glorifie « Mieux vaut régner aux Enfers que servir au Paradis ». Comment ne pas céder à la réputation maléfique de ce signe provocateur ? Même les planètes qui le gouvernent sont reconnues parmi les plus difficiles à gérer, du moins par les astrologues. Mars est connue pour régner sur la guerre, et Pluton pour régner sur le séjour des morts, ou le garder. Le Scorpion, c'est aussi le mythe de la provocation jalouse face au pouvoir tout autant que l'histoire de l'homme tentateur. C'est le Scorpion qui provoqua l'emballement des chevaux du chariot-Soleil le jour où, dans un accès de folie, Phaéton voulut les conduire. (Ceci esquisse un autre rôle du Scorpion, « tueur fou », attendant de bondir sur le non-initié qui ose remplir une fonction pour laquelle il n'est pas qualifié ; tout comme la Mort, il nous prend habituellement par surprise. Je me contenterai d'évoquer simplement le sujet, car ceci nous entraînerait dans une longue digression sur le Scorpion, signe de la rétribution). L'implacable conséquence d'un tel acte de fougue fut la mise à feu de toute l'Afrique du Sud, transformée en un vaste désert - poursuit l'histoire - mettant en lumière la rébellion innée du Scorpion contre l'autorité (carré du signe du Lion), voire même contre son Créateur, ici symbolisé par le gouverneur du Lion, le Soleil. Comme Judas dans le Nouveau Testament, le Scorpion cherche à trahir le Fils (le Soleil) pour trente petites pièces d'argent, comparables aux trente jours d'un mois lunaire (l'argent est le métal de la Lune).
Le Scorpion est un signe d'Eau fixe et évoque non seulement les marais et les eaux stagnantes, mais aussi la glace qui comme le Scorpion que nous avons évoqué, fond au soleil, est diminuée par sa chaleur, comme le serpent se dérobe à la face de Dieu. Cependant, si rien n'est vraiment mauvais, nous devons trouver notre « sympathie pour le démon » et arriver à comprendre que la présence du Scorpion est vitale et nécessaire à l'univers.
Ce que ces histoires ne révèlent généralement pas, c'est que le Scorpion est vraiment le signe de la rédemption et du salut. Il est le siège de la transformation. Notre véritable nature ne se révèle - à nous comme à Dieu - qu'après avoir été testée. Voilà pourquoi beaucoup croient que Dieu a envoyé Lucifer en adversaire de l'humanité, ainsi qu'il le fit dans le Livre de Job. Les plus grands pêcheurs font les plus grands saints, du moins selon les Écritures. C'est comme le scénario qui préside à la légende de Faust. Produit par le grand poète allemand Goethe, Faust est le Scorpion idéal qui, ayant résisté à la tentation (et bien qu'il ait vendu son âme au Diable) est à la fin rédempté et transporté aux Cieux par un chœur d'âmes. Lucifer lui-même fut un ange au Ciel, dot la Bible, et le redeviendra un jour.
En fin de compte, nous pouvons apprécier la tâche du Scorpion comme celle de l'Éliminateur. Comme la Mort, le Scorpion élimine les excédents des populations de toute espèce, récoltant ce qui a démontré son utilité. Ceci peut paraître dur mais c'est une assez bonne description, puisque le Scorpion régit les organes d'élimination dans le corps. De nature vengeresse, le Scorpion l'est également, mais pas totalement sans loi. Dans la Kabbale hébraïque, Daath est décrite comme la séphirath invisible (aspect de Dieu). On ne la fait pas figurer sur le tracé de l'Arbre de Vie, mais elle doit être comprise comme le seuil du Triangle Supérieur, que toute âme doit franchir pour ne plus faire qu'un avec Dieu. Tout comme le Styx, la rivière que doivent traverser les morts pour accéder aux Enfers. La mort, dans toute l'acception et l'utilisation de ce terme, est une condition nécessaire à une existence plus riche. Après la mort, le Voile du Temple se déchire, et le fils de l'homme, l'homme intérieur, est ressuscité.
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Selon Solange de Mailly-Nesle auteure d'un ouvrage intitulé L'Interprétation du thème astral (Éditions Nathan, 1989 sous le titre Le Thème astral ; Éditions du Rocher, 2000) :
Le symbole représente "Le scorpion stylisé".
Le Scorpion c'est l'eau des marécages, calme en apparence, mais dont les profondeurs bouillonnent, animées de fermentations et de remous. C'est un être énigmatique qui tire son énergie de sa vie intérieure, de ses métamorphoses dont il veut donner une forme concrète.
Comportement : passionné et tourmenté.
[...]
Symbolique : automne - fixe - féminin - Eau - Pluton.
Plutôt introverti (automne), c'est un être très résistant (fixe) qui tend à réaliser à l'extérieur les pulsions inconscientes (Eau) qui l'animent. C'est un être passionné qi ne lâche pas prise tant qu'il n'a pas réalisé son but. Mais c'est la seule façon pour lui de transformer, métamorphoser les angoisses qui le tourmentent (Pluton). Il peut parfois être agressif sans raison apparente.
[...]
Qualités octroyées par le Scorpion aux planètes : Instinct - Profondeur - Force - Volonté - Transformation - Lucidité impitoyable.
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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) :
Le natif du 1er décan de ce signe est pulsionnel, celui du 2e décan est indomptable et celui du 3e est sentimental, comme nous le démontrent ces 3 symboles vivants. Ce signe du Zodiaque est réputé à cause, précisément, de sa mauvaise réputation. Sait-on pour quoi ? Ceux qui véhiculent des idées reçues et des lieux communs à propos de l'astrologie vous diront que ces natifs présentent souvent un caractère asocial et destructeur.
Ce qui nous amène tout naturellement à nous interroger à propos des bons et des mauvais signes. Peut-on ou doit-on seulement faire intervenir de tels jugements de valeur, en plongeant à l'intérieur de l'univers du Zodiaque ? Nous ne le pensons pas. Il n'y a rien de fondamentalement et définitivement positif ou négatif dans la structure du Zodiaque, mais un jeu de qualités - ici, il faut entendre qualités au sens de ce qui qualifie ou fait que l'on est ce que l'on est - contradictoires et complémentaires, qui est l'exact reflet de ce que nous sommes. De ce fait, si les qualités que nous attribuons au signe du Scorpion et, en l'occurrence, surtout ses faiblesses ou ses aspects négatifs, nous dérangent plus que ceux, par exemple, du Taureau, son signe opposé, c'est que tels que nous sommes, nous intégrons plus facilement les valeurs propres au signe du Taureau que celles du Scorpion.
Néanmoins, selon les principes universels des forces opposées et complémentaires qui président au jeu de la vie, les unes ne pourraient exister sans les autres. Dès lors, fixer son attention et son intérêt sur les unes au détriment des autres engendre manifestement un déséquilibre collectif - que l'on dirait aujourd'hui d'ordre psychologique, mais que l'on aurait défini jadis comme un malaise spirituel -, auquel certains êtres plus fragiles que d'autres sont sensibles. Celui-ci peut donc être à l'origine de certains mouvements inconscients exacerbés, violents, compensatoires. En effet, nous savons bien que chaque fois que nous penchons trop dans un sens, nous créons un désordre dont, tôt ou tard, nous subissons les conséquences.
Ainsi et par exemple, pour ce qui est de l'axe des signes fixes du Taureau et du Scorpion, qui n'est pas sans dégager une certaine intensité, si nous nous fixons justement sur certaines qualités existentielles inhérentes au premier d'entre eux (possession, attachement, conformisme, sécurité), en tentant d'évincer, d'ignorer ou de rejeter celles qui concernent le second (dépossession, détachement, anticonformisme, destruction) au lieu de vivre ces dernières en conscience, nous les subissons. Telle est la vraie raison de la mauvaise réputation accordée au signe du Scorpion : le plus souvent, surtout dans la période que nous traversons actuellement, nous refusons de nous plier à sacrifier, à semer pour récolter dans le futur. Nous nous accrochons à une interprétation très conformiste et sécurisante de la réalité qui, plus elle exclut les forces de régénération révélées par le huitième signe du Zodiaque, plus elle nous fragilise.
Le Scorpion du 1er décan, du 23 octobre au 2 novembre environ : le premier des trois arachnides qui s'offre à nous est parfaitement représentatifs du maître de ce décan, qui est aussi le maître de ce décan, qui est aussi le maître du signe : Mars ! Il s'agit d'un scorpion vu d'avion, pourrait-on dire. Son corps, pourvu de huit pattes, est très allongé. Quant à ses pinces, elles sont tendues en avant, légèrement surélevées par rapport à son corps, en signe d'agressivité. Enfin, sa queue forme un demi-cercle, le dard dirigé vers l'avant, prêt à l'attaque, prêt à piquer.. Rien n'indique, dans ce dessin, que le scorpion en question est sur l point d'agresser, mas plutôt qu'il vaut mieux ne pas s'y frotter. Nous sommes dans l'univers des pulsions et des répulsions irrépressibles, instinctives, essentielles, que ne peut commander le raison, impliquant une certaine primarité animale qui, le plus souvent, nous fait peur, que nous repoussons ou rejetons, en même temps qu'elle nous fascine et nous attire. Car telles sont les grandes contradictions passionnantes, et qu'il vit toujours d'une manière passionnée, du natif du Scorpion de ce premier décan.
Le Scorpion du 2e décan, du 3 au 11 novembre environ : ici, nous sommes en présence d'un dessin stylisé, qui a quelque chose d'enfantin dans le trait. Ce n'est plus l'agressivité qui s'en dégage, mais un aspect fuyant, insaisissable. Ce n'est plus le scorpion qui se fige, prêt à l'attaque, mais l'animal indomptable, qui court plus vite que son ombre. Observons-le, vu d'en haut lui aussi : pour souligner sa rapidité, son agilité, on voit que ses deux pinces, fermées cette fois, ne sont pas tendues devant lui, mais parallèles à ses huit pattes, et de la même taille qu'elles, comme s'il avait dix pattes, donc. Par ailleurs, son corps fruste est mince et léger, surtout si on le compare à l'animal figuré dans le décan précédent. Enfin, sa queue est beaucoup plus courte, et son dard n'est pas levé au-dessus de sa carapace, prêt à piquer, mais replié sur le côté, formant une boucle dirigée vers la droite. Ce scorpion symbolise l'anticonformisme, l'esprit de révolte provocateur, déroutant, dérangeant, des natifs de ce 2e décan, qui ont souvent un caractère impulsif et indépendant, toutes qualités qui ressortissent d'Uranus, le maître de ce décan.
Le Scorpion du 3e décan, du 12 au 21 novembre environ : le symbole du dernier décan de ce signe, fixe et intense, c'est l'image d'un scorpion ne révélant plus aucune agressivité, mais qui, par bien des aspects, n'est pas sans rappeler l'écrevisse du 1er décan du signe du Cancer. Notre attention est d'abord retenue par son corps ovoïde, proéminent, et par le fait qu'il est, à l'inverse des deux premiers, dirigé vers la droite lorsqu'on le regarde - comme si, là encore, nous étions placés au-dessus de lui. Ses pattes, qui sont toutes repliées vers l'arrière, sont petites et même de plus en plus courtes le long de son corps. Sa queue, repliée sur le côté, est longue et mince. Quant à son dard, il paraît totalement inoffensif. enfin, un autre signe distinctif apparaît das ce dessin : ses yeux ronds et ouverts, qui se trouvent dans l'axe de ses deux pinces, lesquelles font penser à des bras ouverts, eux aussi, plus qu'à des instruments de guerre sur la défensive ou prêts à l'offensive. Ce scorpion, dont tout indique qu'l est immobile et réceptif, est tout à fait représentatif du natif de ce décan, pourvu d’une intense force psychique, et dont le maître (Vénus) implique qu'il accorde une place importante à ses sentiments et ses émotions."
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Dans son ouvrage de vulgarisation intitulé Décryptez votre thème astral, Éclairez votre chemin de vie grâce à l'astrologie (Éditions Hachette Livre, 2019), Julie Gorse propose des fiches récapitulatives pour chacun des signes :
Mots-clef : le lâcher-prise - l'alchimiste.
C'est le signe du milieu de l'automne (fixe), il en porte largement les caractéristiques, à l'image des arbres qui se dépouillent de leurs feuilles mortes à cette saison, qui constitueront l'humus qui fertilisera la terre au printemps. Il est yin (réceptif).
Son élément, l'Eau, est une eau souterraine, cachée dans l'ombre.
Archétype contemporain : tout l'univers de la série télévisée Dallas (prises de pouvoir, manipulations, secrets, argent, sexe, mort), les profileurs dans les séries policières.
Personnage : le phœnix (cet oiseau légendaire, qui a le pouvoir de renaître après s'être consumé dans les flammes).
Analogie corporelle : la vessie ; l'appareil génital ; le sexe et l'anus.
Locutions usuelles : « c'est bien vrai ce mensonge ? » ; « renaître de ses cendres ».
Le monde du Scorpion est celui de l'alchimie, du lâcher-prise. Il invite à aller voir ce qui se passe dans les profondeurs.
Le Scorpion porte la force de mourir et de renaître, de tout perdre et de se reconstruire ; bref, il sait se régénérer, se transformer face aux épreuves.
C'est le monde du magnétisme, du reiki, des guérisseurs, ou celui des personnes qui ont un grand charisme, qui sont attirants. C'est le monde des chamans, de ceux qui font le pont entre les vivantes et les morts, entre le visible et l'invisible.
On retrouve dans ce signe tout ce qui a trait à l'ésotérisme, l'occulte, à ce qui est caché, invisible. La mort, le sexe et l'argent sont trois notions porteuses de la même énergie de pouvoir.
Dans son ombre, on trouve l'énergie du grand refus, une tendance à détruire ou à s'autodétruire. C'est le monde des enfers, des angoisses, des terreurs, de la peur de l'anéantissement. Le Scorpion est porteur d'une tension qui appelle le lâcher-prise, dans une opportunité de transformation, de mutation.
En complémentarité, il lui manque la lumière du signe qui lui est opposé : le Taureau. S'il intègre le « oui à la vie », il sera un excellent psychologue, habile à travailler instinctivement avec l'inconscient et les parts d'ombre de chacun.
Pour se sentir bien, il a besoin de lâcher prise. Sa ressource : faire le tri pour jeter ce qui ne lui correspond plus, s'initier au tantra ou à une pratique énergétique.
Là où réside le Scorpion dans votre thème astral se trouve le domaine de vie où règnent l'intensité et le besoin de lâcher prise.
Anecdote : Dans le film Spider-Man, la dernière discussion entre le héros et son grand-père concerne les pouvoirs que Peter Parker a acquis. Son grand-père lui dit une phrase très juste : « Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités. » La même question se pose dans le signe du Scorpion : que fait-on d'un si grand pouvoir ? L'utilise-t-on dans son côté ombre (pour manipuler) ou dans son côté lumière (pour transformer) ?
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Littérature :
Régine Detambel dans Les Écarts majeurs (Éditions Julliard, 1992) propose un chapitre intitulé "Douze signes au déclin" dans lequel un petit texte est consacré au Scorpion :
Le Scorpion
Le Scorpion est un scout, un scolaire, un scolastique scotché à son scooter. S'il scoute toujours, même après sa scolarité, ce n'est pas un scoop mais une scorie, un scolopendre dans la scorsonère. Sa scoliose est celle du scoliaste. Mais à la scopie, le Scorpion est scorbutique, pour cause de scopolamine.
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