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Les Mousses

Dernière mise à jour : 23 août


De leur nom scientifique, les bryophytes, ces plantes secrètes qui nous entourent, documentaire de Benoît Huc.


Étymologie :


  • MOUSSE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. a) Fin du xie s. molse « plante cryptogame dont les folioles tapissent les lieux où elle croît » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n°720) ; 1176-81 mosse (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 4650) ; 1er quart du xiiie s. fig. mousse (Reclus de Molliens, Charité, 122, 11 ds T.-L.) ; b) ca 1480 ne jamais cueillir mousse « ne jamais devenir riche » (Le Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 403, 36382) ; 1611 pierre qui se remue n'accueille point de mousse « on ne s'enrichit pas en changeant souvent d'état, de pays » (Cotgr.) ; 1688 pierre qui roule n'amasse point de mousse (Miege) ; 1823 pierre qui roule n'amasse pas de mousse (Boiste) ; 1893 pierre qui roule n'amasse pas mousse (DG) ; 2. 1694 « moisissure qui vient sur la tête des vieilles carpes » (Ac.) ; 3. 1791 mousse aquatique (Valm.) ; 1810 mousse de Corse (Capuron, Nouv. dict. de méd.) ; 1814 mousse d'Islande (Nysten). De l'a. b. frq. mosa « mousse [plante] » (cf. m. néerl. mos, néerl. mos, all. Moos), latinisé en Gaule en mõssa (cf. mussula « petite mousse » chez Grégoire de Tours), cependant certaines formes (le judéo-fr. molse, l'a. prov. molsa (xiiie s.), Prades mulso et Saugues mursa, v. FEW t. 16, p. 569a) remontent au lat. mulsa « hydromel » (dér. de mel « miel », cf. mulsum (vinum) « vin mêlé de miel » qui aura été employé métaphoriquement pour désigner la plante, si bien qu'on peut admettre que les 2 étymol. sont à l'orig. du français.


Lire également la définition du nom mousse pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms :

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Botanique :


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Usages traditionnels :


Selon Pierre Antoine Renaud, auteur d'une Flore du département de l'Orne. (Malassis, 1804) :


La nature se sert des mousses pour couvrir la nudité et la dégradation des minéraux et des végétaux : elles croissent sur la terre, dont elles augmentent la quantité par leur destruction ; sur les rochers, qu'elles divisent et qu'elles rendent fertiles ; sur les vieux murs, qu'elles dégradent ; sur les arbres et les autres plantes, dont elles altèrent la végétation ; dans les fontaines, dont elles purifient les eaux, tant qu'elles végètent ; dans les marécages, dont elles élèvent le fond peu à peu en se réduisant en terreau ; dans les prairies, où elles nuisent considérablement à l'herbe, et où on ne peut les détruire que par les cendres, la chaux éteinte à l'air, et en se servant de la herse à pointes de fer pour les arracher. Les mousses servent dans la construction des cabanes, à calfater les navires, à caler les pierres dont on forme les digues, à transporter des plantes au loin ; elles conservent l'humidité de la terre, mettent les semis à l'abri de la trop grande chaleur du soleil, du grand froid et des pluies abondantes : elles peuvent remplacer la bourre, le crin, la paille, pour garnir les meubles et les fruiteries.

 

Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) rapporte des usages traditionnels qu'il a récoltés :


228. - La mousse qui croît sur les épines rouges guérit les pourritures au sein.

229. - Pour faire passer les coliques, il faut mettre de la mousse blanche à bouèdre dans du lait doux : quand elle a bien bouilli, on serre fortement la mousse et on boit le lait.

230. - Quand une personne s'est blessée, qu'elle a fait une chute ou qu'elle a des enflures, on met à bouillir de la mousse qu'on applique ensuite sur la partie malade.

231. - La mousse blanche, dite mousse au bonhomme, est employée pour guérir les foulures. On la mélange avec de la mauve, et après l'avoir fait bouillir, on y plonge la partie malade, et on la frotte ensuite avec les plantes qui ont servi à la mixture.

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Selon Roland Desrosiers auteur d'un article intitulé "Notes sur l'usage de quelques plantes chez les Indiens Squamish (Colombie-Britannique)" (in Anthropologie et Sociétés, 1978, vol. 2, n°3, pp. 139-156) :

[...]

Mousse :

usage droit (qui ouvre la femme) :

  • serviette hygiénique, couche, literie ;

  • utilisée pour enlever l'humeur visqueuse du poisson qu'on va dépecer ;

usage dérivé (qui referme la femme) :

  • choix du sexe de l'enfant ;

  • on raconte que pour faire venir l'eulachon, un shaman utilisait une mousse contenant un mélange poudreux d'os d'eulachon, de saumon, de phoque, de canard et parfois, de la poussière de cèdre rouge pourri.

usage mythique :

  • en temps de famine, on se nourrissait d'une soupe faite des mousses imprégnées de l'humeur visqueuse du poisson (M1).

  • quatre frère vivaient alors que les animaux étaient humains. L'un d'eux, le cadet, se transformait en canot qu'utilisaient ses frères pour voyager. Après avoir rencontré Cerf et l'avoir jugé mauvais, ils lui donnèrent sa forme actuelle. Ils rencontrent ensuite un vieil homme qui pêchait en frottant son harpon sur le corps des saumons pour enlever l'humeur qu'il recueillait ensuite avec une mousse. Les frères lui prennent sa lance, y mettent des pointes et lui enseignent la pêche. L'homme refuse ces conseils, préférant sa méthode et l'humeur à la chair de poisson. Pour le punir, on le transforme en grue. Les frères repartent, abordent une rive. L'aîné finit par piéger Soleil qui révèle bientôt la demeure des poissons. Les frères y vont et obtiennent de leur chef du poisson pour le peuple affamé, etc. (M2).

[...] Nous interprétons le choix du sexe de l'enfant par la mousse et le saule comme l'expression du désir de mener à terme la grossesse, "fermeture" qui contraste avec l' "ouverture" signifiée par l'avortement. Nous pensons que cette fonction dérivée est liée au rapport de ces plantes à la nourriture.

Cette fermeture dérivée en rappelle d'autres, droites, de la mousse avec les serviettes hygiéniques et les couches.

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Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », (Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ 1984, pp. 129-158) proposent la notice suivante :


moufa, f. = « mousse » = mousse (sens général) :

Comme isolant entre les poutres - pour décorer les tombes.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision des mousses :


Hiver - Décembre

UN BRIN DE MOUSSE - AMOUR MATERNEL.

J.-J. Rousseau , si longtemps tourmenté par ses passions, et persécuté par celles des autres hommes, consola les dernières années de sa vie par l'étude de la nature ; il n'interrogeait, il n'aimait plus qu'elle, et son goût pour la botanique adoucissait tous ses maux et calmait toutes ses douleurs ; l'étude des mousses surtout avait des charmes pour lui. Ce sont elles, disait-il souvent, qui rendent à nos campagnes un air de jeunesse et de fraicheur ; elles embellissent la nature au moment où les fleurs ont disparu, et où leurs tiges flétries se confondent avec la poussière de nos champs. Effectivement c'est en hiver que les mousses offrent aux yeux du botaniste leur vert d'émeraude, leurs noces secrètes, et les charmants mystères des urnes et des amphores qui renferment leur postérité. Semblables à ces amis qui ne se rebutent ni du malheur, ni même de l'ingratitude, les mousses, bannies des champs cultivés, s'avancent vers les terrains arides et incultes, pour les couvrir de leur propre substance, qui se change peu à peu en une terre féconde ; elles s'étendent dans les marécages, et les transforment bientôt en utiles et riantes prairies. L'hiver, lorsque rien ne végète plus, ce sont elles qui se chargent de l'hydrogène et du carbone qui vicient l'air que nous respirons, pour nous le rendre chargé de l'oxygène qui l'épure ; l'été elles forment, à l'ombre des forêts, des gazons où le berger, l'amant et le poëte aiment également à se reposer ; les petits oiseaux en tapissent les nids qu'ils préparent à leurs naissantes familles ; et l'écureuil en construit sa demeure circulaire. Que dis-je ? Sans ces plantes, si méprisées des hommes, une partie de notre globe serait inhabitable.

Aux confins du monde, les Lapons couvrent de mousses les souterrains où, rassemblés en famille, ils bravent les plus longs hivers ; leurs nombreux troupeaux de rennes ne connaissent point d'autre nourriture ; cependant ils donnent à leurs maitres de délicieux laitages, une chair succulente et de chaudes fourrures : réunissant ainsi, pour le pauvre Lapon, tous les avantages que nous présentent séparément la vache, le cheval et la brebis. Les Lapons, réunis autour de vastes poêles, célèbrent, au bruit de leurs tambours magiques, les aurores boréales qui éclairent leurs longues nuits, les vertus de leurs pères ou leurs propres exploits, tandis que leurs femmes, assises auprès d'eux, réchauffent, dans des berceaux de mousses, leurs petits enfants enveloppés d'hermine.

Peuple fortuné, vous ignorez nos guerres, nos fêtes, nos procès et nos longues misères ! Chaque jour, dans votre heureuse ignorance, vous remerciez les dieux de vous avoir fait naître dans la plus belle des contrées, de vous avoir donné des mœurs pures, un air léger et des mousses parfumées (1) ! La nature, bienfaisante dans ces tristes climats, enveloppe de mousses tout ce qui végète et tout ce qui respire, comme d'une toison végétale propre à préserver des frimas ses enfants malheureux, et à les réchauffer sur son sein maternel.


Note : 1) Quelques espèces de mousses ont l'odeur de la vanille.

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Jules Lachaume dans son Langage emblématique des fleurs, d'après leurs qualités, leurs mœurs, leurs habitudes et d'après la tradition des Anciens (Paris, 1847) expose son projet :


Fils d'horticulteur, horticulteur moi-même, dès mes jeunes années j’ai vécu au milieu des fleurs, et je les ai cultivées et étudiées avec amour. J’essaie aujourd’hui de publier, sinon un nouveau langage des fleurs , du moins un langage plus complet, avec des analogies plus vraisemblables et plus rigoureuses. Au lieu d’aller chercher les mots de cette langue si gracieuse dans les pays éloignés, sur les montagnes inaccessibles, je prends ceux qui se trouvent sans cesse sous notre main, dans nos jardins, dans nos parterres, et dans la campagne. [...]. La tremelle, espèce de mousse fétide, qui croit dans le Nord, et qui exprime la résistance, est ici remplacée par les plantes épineuses, qui expriment tout aussi bien la même idée.

 

Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


POLYTRIC COMMUN - SECRET.

Celui qui devine les secrets d’un ami perd sa confiance et ne doit plus s'attendre à trouver un ami selon son cœur.

- Ecclésiastes : XXVII, 17.

Ce polytric, comme toutes les mousses, se reproduit par des moyens qui sont restés jusqu'à ce jour un des secrets impénétrables de la nature. Vainement les naturalistes l'ont soumis à leurs investigations, ils n'ont pu dévoiler le mystère de sa fécondation et de ses graines. Ses racines fibreuses poussent plusieurs tiges simples, longues de deux à quatre pouces, garnies de feuilles linéaires dentées en scie et d'un vert noirâtre. Au sommet des tiges s'élève un pédicelle portant une capsule ou corne tétragone presque aussi large que longue ; la coiffe est couverte de soies longues, jaunes ou rougeâtres.

RÉFLEXIONS.

Comment prétendons-nous qu'un autre garde notre secret, si nous ne pouvons le garder nous-mêmes ?

(LA ROCHEFOUCAULT.)

Celui qui confie son secret à un autre sans s'être auparavant assuré de sa probité et de sa discrétion a tort de se plaindre s'il vient à être trahi.

(OXENSTIERN.)

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Mousse - Amour maternel.

Beaucoup d'oiseaux emploient la mousse pour construire leur nid. Quand les fleurs se flétrissent et que les feuilles se fanent, la mousse reste encore verdoyante et, comme l'amour maternel, ne meurt jamais.


Heureuse mère ! quelle ivresse

Charmera vos derniers instants.

Que de baisers, que de tendresse

Vous prodigueront vos enfants. DEMOUSTIER.

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Édouard Grimard, auteur de L'esprit des plantes, silhouettes végétales. (Éditions Mame, 1875) propose sa vision des Mousses :


Les Hépatiques, les Mousses et les Lycopodiacées sont trois familles voisines, qu'on rangeait autrefois sous la dénomination générale de Mousses. Toutes trois constituent le revêtement essentiel de la terre. C'est le tapis qui recouvre le sol des forêts, la croupe des montagnes, et qui, sous les prairies même, étend son épais tissu feutré. Les Mousses aiment le froid, l'humidité, les terrains bas, dont elles exhaussent le sol ; elles font suite aux Lichens, poursuivent leur œuvre, laquelle à son tour passera aux Graminées, puis aux Bruyères.

Les couleurs préférées des Mousses sont le vert et le blanc ; quelques-unes sont violacées ou purpurines ; d'autres, brunes ou jaunes, quelquefois noires ; mais la généralité sont de ce beau vert émeraude qui s'allie si merveilleusement avec la teinte grise ou fauve de la terre et de l'écorce des arbres. Est-il rien de plus frais, de plus gracieux et, faut-il le dire aussi, de plus confortable à l'œil, que ces manchons de Mousses dont certains patriarches de nos forêts ont les branches et le tronc entourés ?

Outre la beauté inhérente à la Mousse elle-même, il en est une autre dépendant de la physionomie spéciale que donne à l'arbre cette innocente parasite. Quelle différence d'expression entre un vieux Chêne moussu, barbu, capitonné, et ces grands troncs glabres dont l'écorce lisse et les teintes claires tranchent si crûment sur la douce pénombre des bois ! Et ce n'est pas seulement dans les forêts que ces charmants végétaux remplissent le rôle artistique de décorateur, c'est partout, dans les derniers recoins du moindre tableau de la nature, que la Mousse intervient et jette sa couche poétique. Comparez un peu une chaumière neuve, couverte de paille fraîche, avec ces charmantes agglomérations de toutes sortes d'éléments qui, dans certains villages reculés, et sous le prétexte de servir d'habitation, décorent le paysage et font la joie du voyageur ; adorables monceaux de pierres verdies et de chaume moisi, hâlé, brûlé ou noirci par les intempéries. C'est là que notre Mousse fait merveille. C'est elle qui arrondit les arêtes trop vives, assouplit les lignes, ondule et mamelonne les surfaces ; elle qui, s'alliant avec quelques folles Graminées dont les balancements mouvementent le tableau, avec quelques Coquelicots qui, sur les fonds sombres, jettent leur note éclatante, voire même avec quelque Ronce pour faire guirlande, tapisse le reste de ses admirables tentures de velours vert, puis laisse libre le sommet de la cabane, afin que la fière Joubarbe des toits couronne le pignon du diadème de ses fleurs carminées. Et dans le monde des eaux, l'avez vous assez admirée, depuis le silencieux ruisselet dont elle cotonne les bords pierreux, jusqu'aux cascades tumultueuses aux parois suintantes desquelles elle s'accroche avec audace ? Quel charmant effet ne produit-elle pas le long de ces roches noires, sur lesquelles tranchent si bien ses touffes fraîches, alors qu'un rayon de soleil, irisant les vapeurs flottantes, la pénètre de ses lueurs et transforme en perles colorées les gouttes d'eau qui s'arrondissent à l'extrémité de chacune de ses ramifications !

Les Mousses ne sont pas toujours appliquées et rampantes ; il en est, sur les montagnes de l'Archipel austral, qui ressemblent à des Palmiers lilliputiens ; les Mousses arborescentes du Chili, hautes de plus d'un pied, rappellent celles des îles Moluques, qui ressemblent à des Lycopodes. Il en est d'autres enfin qui, dans les forêts tropicales, pendent des arbres comme les plus grands Lichens, et figurent, comme ceux-ci, d'épaisses chevelures et des barbes formidables.

Les Hépatiques et les Lycopodes, voisines des Mousses, nous l'avons dit, rivalisent avec elles de formes gracieuses de couleurs charmantes et d'originalité.

Les Mousses ne sont pas seulement charmantes et gracieuses, elles sont utiles, et travaillent pour leur bonne part, les chères petites, à la grande œuvre universelle. Comme les Graminées, elles sont chargées d'une haute fonction tutélaire ; elles servent de berceau à une foule de plantes ou plutôt de semences et de germes qui, sans leur ombre fraîche, périraient sur la terre nue. S'alliant avec les Bruyères, ainsi que nous le verrons plus tard, et poursuivant l'œuvre des Algues, elles forment des terrains et fournissent aux tourbières leur précieux élément. Les Mousses des tourbières se rattachent toutes à la famille des Sphagnacées, et se distinguent par une conformation spéciale qui les rend parfaitement aptes à remplir le rôle qui leur est confié. Composées de larges cellules poreuses, elles font éponge et contiennent des masses d'eau considérables. Elles forment ainsi les réservoirs aquatiques les plus naturels, au milieu desquels croissent et multiplient la plupart des plantes de marais . Mais ce n'est pas seule ment pendant leur vie que les Sphagnacées sont utiles. A mesure qu'elles meurent dans leur partie inférieure, elles forment d'année en année des couches de débris qui finissent par constituer des bancs de tourbe d'une épaisseur énorme. Ces tourbières, dont nous dirons plus loin toute la richesse industrielle, se forment très rapidement, grâce à la prodigieuse fécondité des Sphagnacées, et donnent lieu dans certains pays, en Allemagne, en Écosse et en Hollande, par exemple, à des exploitations dont l'importance est tout à fait considérable.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), les Mousses ont les caractéristiques suivantes :


Familles des sphagnacées, andréacées, phaxacées, bryacées, etc.

Les Mousses vivent dans les conditions les plus diverses : eaux courantes, eaux stagnantes ou marécageuses ; lieux secs, tels que toits, rochers, clochers ; terre humide ; écorce des arbres, etc. On en connaît plus de mille espèces...


Pouvoirs : : Argent ; Chance.


Utilisation magique : En règle générale, la Mousse sèche (vieilles pierres, lieux secs et ensoleillés) favorise les relations d'affaires, accords, contrats. La Mousse spongieuse (sous-bois humides, lieux sombres, gaves et ravins) favorise les relations sentimentales. Enfin les Mousses aquatiques attirent les héritages. On les fait sécher et on les met en sachets que l'on porte sur soi.

La Mousse est parfaite pour bourrer les poupées magiques.

La bonne fée que les Allemands appellent Moosweibchen (petite femme à la Mousse) est représentée toute couverte de Mousse spongieuse. Elle habite le creux des arbres, ou dans les sphaignes de la croyait-on, le mal était bel et bien expulsé, parfois avec pertes et fracas, et il ne restait plus qu'à donner un cordial au patient pour le voir se lever en réclamant une bonne soupe au lard.

Un sarment porté autour du cou en guise de collier empêche les insolations.

Si une déception sentimentale vous fait perdre le sommeil, bourrez votre oreiller avec des feuilles de Morelle ; vous ne tarderez pas à oublier l'infidèle.


Serpens que menja mauréla

Tot mantenen renovela

« Serpent qui mange la Morelle

Tout aussitôt se renouvelle. »

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D'après Le Livre des superstitions, mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :


"La mousse est associée au monde des nains, des elfes et des fées. Dans la tradition allemande, des bûcherons et des forestiers ont parfois aperçu des créatures minuscules toutes couvertes de mousse. Ce sont des enfants, des femmes ou des hommes, qui tous « ont l'air vieillot et le teint gris, à cause de l'humidité de leur séjour » ; ils se nourrissent de baies et redoutent plus que tout l'apparition du chasseur ailé et invisible qui les dévore volontiers. En Allemagne toujours, une fée appelée Moosweibchen (petite femme à la mousse), vêtue également de ce végétal, habite dans le tronc des arbres ou dans la mousse elle-même : « Ces fées des sous-bois font quelquefois des présents somptueux, surtout en vêtements, à leurs protégés. Elles filent la mousse avec laquelle elles confectionnent des tissus extraordinaires. »

La mousse sèche, familière des vieilles pierres ou des endroits ensoleillés, est une amulette précieuse en manière de relations d'affaires et de contrats, tandis que la mousse spongieuse qu'on trouve dans les lieux humides ou sombres protège les relations sentimentales. La mousse aquatique des rivières, marais ou lacs, une fois séchée, attire les héritages. Toutefois, aucune ne vaut la mousse grattée sur une tombe qui « est un talisman universel de premier choix ». En revanche, mieux vaut enlever celle qu pousse sur votre toit car elle porte malheur, disent les Anglo-Saxons.

Le diable et les sorciers détestent la mousse : celle qu'on prend à la première croix rencontrée protège les animaux des maléfices. Les Belges employaient pour des rites d'exorcisme « la mousse prise entre onze heures et minuit en pleine lune, à l'ombre d'un frêne, près d'un ruisseau et pendant que le coucou répétait trois fois son chant ».

D'un point de vue médicinal, la mousse des rochers, mouillée d'eau de pluie, est efficace pour les foulures bénignes. Pour soigner les contusions, les Bretons en ramassent sur les arbres. Mélangée à un blanc d’œuf, elle devient un cataplasme qu'il faut appliquer toute une nuit sur la partie malade. Enfin, qui met dans sa bouche de la mousse grattée sur la coque d'un bateau ne souffrira pas du mal de mer."

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


"L'explorateur de l'imaginaire rassemblera en vain des matériaux de plus en plus nombreux dans l'espoir de découvrir une relation évidente entre la mousse et l'une des facettes habituelles de la problématique. D'un rêve à l'autre, la mousse apparaîtra mêlée à des thèmes très variés et cette investigation restera déconcertante tant que l'on n'aura pas admis que le symbole n'appartient pas au groupe des images à décoder mais à celui des signes de pure dynamique.

La mousse, dans l'imaginaire, renvoie le rêveur aux racines de son être, aussi loin que possible des échafaudages du raisonnement logique. Une mousse est un berceau d'images. Elle est une sorte de sanctuaire païen, de source de vie primitive, elle suggère un fourmillement de vie lilliputienne que même un pied nu hésite à fouler. La mousse est silence, humidité, odeurs premières, reflet, grouillement, magie. Une rêverie emportée sr un tapis de mousse régresse jusqu'aux couches les plus profondes d'une mentalité animiste où se confondent le religieux, le magique et le sacré. Un rêveur qui rencontre la mousse n'a plus à se demander s'il a réussi à se libérer du contrôle mental. Il est entré sur le territoire de la fée. Il n'y a pas de différence entre l'imagination qui sourd de la mousse chez un patient à l'orée du troisième millénaire et celle qui anima les êtres vivants aux premiers jours du monde.

La mousse renvoie au nid, au berceau, à la mère, à l'origine, à la vie, à l'anima ! c'est peut-être le symbole le plus expressif de la nature féminine de la vie, de la vie sortie de l'humide.

Présente dans plus de 3% des rêves, la mousse entraîne des corrélations nombreuses dont 75% se rapportent à des images naturelles tells que l'arbre, la cascade, le rocher, l'étang, la source. La famille de symboles qui regroupe le plus grand nombre d'associations avec la mousse est celle des animaux mais particulièrement des insectes. Le papillon, la libellule, mais aussi l'araignée, le ver, la grenouille, la chauve-souris, la pieuvre sont là pour attester de la proximité d'une force de vie grouillante, mystérieuse et quelque peu dangereuse. L'ombre de la mère castratrice se confond souvent avec celle qui environne les pierres moussues.

La mousse du rêve s'apparente explicitement au velours, au reflet, à tout ce qui évoque une lumière réfléchie. Elle est à la fois quête et crainte de la lumière. Bien des scénarios incitent à penser que la lumière reflétée par la mousse reproduit celle du soleil renvoyée par la lune. Cette observation ouvre une voie de traduction de la mousse qui rejoindrait la très classique constellation œdipienne. Il est certain que les symboles maternels, la biche, la lune, la Vierge à l'Enfant, la source, la tortue et bien d'autres, abondent dans les séances où verdoie la mousse. Un psychisme qui produit l'image de la mousse est le plus souvent au seuil dune phase de métamorphose. la mousse ramène l'imagination au primordial, à la source, à l'origine, pour favoriser une symbolique de renaissance.

Le quatrième rêve de Gildas offre un bon exemple de cette observation : "il y a une grande cheminée de pierre... il n'y a pas de feu... j'entre sous le manteau et... je rentre dedans en m'accrochant aux aspérités de la pierre... tout en haut, j'aperçois la lumière du jour... je continue... je grimpe... arrivé à une certaine hauteur, il y a une bifurcation horizontale... c'est une sorte de boyau... je m'y introduis... à mesure de mon avancée, le boyau se rétrécit... j'ai de plus en plus de difficultés pour avancer... je m'arrête un peu, je regarde autour de moi... il fait très sombre... il n'y a rien pour m'éclairer.... je continue, en rampant maintenant dans le boyau qui monte en pente douce.... il continue à rétrécir... mes épaules frottent sur les côtés... il y a de l'humidité qui suinte.... y a une mousse verte qui tapisse les parois et qui dégage une lueur phosphorescente... j'avance et le boyau devient de plus en plus lumineux... le boyau s'agrandit, tout à coup et je suis dans une grotte éclairée avec une lumière de provenance inconnue... maintenant, il y a un cours d'eau qui coule, un cours d'eau de forme bizarre, avec de la mousse sur les côtés... je remonte ce cours d'eau, vers l'amont... et je suis arrivé dans un autre boyau étroit... ici, les parois sont chaudes... j'avance... j'avance vers plus de lumière..." De telles images de naissance associées à la mousse confirment la connotation maternelle du symbole. Une autre image, celle du nid tapissé de mousse, va dans le même sens. La dernière phrase de Gildas, "j'avance vers plus de lumière", revient dans plusieurs des rêves pris en référence. Que d'élans convergent pour produire cette déclaration ! Derrière elle il y a le désir d'accéder à pus de lucidité, à des prises de conscience déterminantes, mais, aussi, le besoin de se dégager de la ténèbre maternelle, enveloppante, d'atteindre l'état d'adulte autonome et souvent encore l'ambition indistincte de pouvoir lever les yeux vers le père sans être ébloui par une lumière surévaluée.

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Aller au-delà dans l'interprétation de la mousse serait accepter un risque important d'erreur. Il est utile de préciser, cependant, que la mousse du rêve n'est pas toujours ce revêtement vert qui habille les sous-bois d'hiver. Elle est, dans un cas sur quatre environ, expressive d'un univers cotonneux, que le patient assimile à de la ouate ou à un nuage. Elle conserve dans cette situation sa signification de quête de lucidité et de promesse de transformation. Se fondre dans le nuage, c'est accepter d'aller vers son imprévisible, c'est se confier aux forces intuitives et instinctives qui peuvent sauver un psychisme égaré dans le labyrinthe de la pensée.

Un tapis de mousse, c'est un peuple de lutins et de farfadets qui ne demandent qu'à aider ceux qui savent reconnaître leur reine. Celle-ci peut prendre les traits de Blanche-neige, de la fée ou de la Vierge Marie. Eux savent bien qu'il s'agit toujours d'une personnification de l'invisible anima.

Autour de la mousse, l'imaginaire joue avec les plus belles forces de l'âme et les plus obscures aspirations à la magie ! Le praticien qui reçoit ces images s'efforcera de démêler leurs subtiles ambiguïtés, mais il peut être certain d'avoir, dans la mousse, un agent très actif de la dynamique psychique."

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


MOUSSE. — La bonne fée que les Allemands appellent Moosweibchen (petite femme à la mousse), est représentée toute couverte de mousse. Elle vit dans le creux des arbres de la forêt, ou sur la mousse elle-même. Ces fées font quelquefois des présents superbes, surtout en habits, à leurs protégés. Elles filent avec la mousse, et en font des tissus splendides. (Cf. Mannhardt, Baumkultus der Germanen, I, 74 et suiv.)

 

Selon Véronique Barrau et Richard Ely, auteurs de Les Plantes des fées (Éditions Plume de carotte, 2014), les mousses sont une "résidence humide".


Un peuple indécelable : Au cœur des mousses dodues et feutrées, où les gouttelettes de rosée se plaisent à glisser, vivent de minuscules créatures. Les bûcherons travaillant dans le département du Nord peuvent ainsi entrevoir de manière fugitive des femmes de mousse. Mais en Allemagne, des enfants et adultes des deux sexes ont été déjà aperçus aux abords de ces plantes. Leur corps est revenu de mousses et leurs cheveux ressemblent aux lichens se développant sur les branches. Leur visage au teint grisâtre est prématurément marqué par l'âge. L'humidité de leur lieu de vie en serait la cause. D'autres êtres se parent également de mousse mais mieux vaut ne jamais les rencontrer ! Citons par exemple le Père malfait qui hante les marécages de Louisiane. Seule une racine d'un arbre local, plantée dans son cœur peut venir à bout de ce meurtrier. Les Slaves, quant à eux, doivent composer avec le Vodianoï qui occupe les lacs et écluses des moulins. Pour se concilier les bonnes grâces de cette créature maléfique, on lui sacrifiait des poulets en guise d'offrandes. Mais certains meuniers polonais du XIXe siècle, particulièrement soucieux de ne pas mourir noyés ou de voir leurs activités péricliter, n'hésitaient pas à pousser à l'eau un malheureux vagabond...


A chacun sa tâche : Très attaché à la préservation des plantes, le peuple des mousses effectue divers travaux tout au long de l'année. Au printemps, les petites fées menues que sont les Auriettes suivent les directives de la déesse des fleurs pour faciliter l'éclosion des premiers bourgeons. Dans les jardins d'Allemagne et d'Autriche, les Hojemannlen consacrent leur temps à prendre soin des végétaux. Sous le couvert des bois et des forêts ombragés, la Moosweibchen habille les racines des arbres avec de la mousse habilement tissée. Si vous faites preuve de bonté envers elle, vous pourrez recevoir en retour un magnifique habit conçu avec cette délicate texture verte. Le peuple des mousses se montre généralement bienfaiteur envers les humains. Entre autres largesses il peut distribuer des médicaments à base de plantes médicinales. Mais dégrader de jeunes arbres vous exposerait à leur vengeance car ils en sont de fervents gardiens.


Des croix en défense : Le peuple des mousses a un terrible ennemi : Wild Huntsman, un chasseur sauvage qui les traque à chaque nuit de tempête. Un moyen simple mais efficace de les protéger de cet être consiste à travers trois croix sur le tronc d'un arbre qui leur servira alors de refuge. Les hommes et femmes de mousse vous en seront éternellement reconnaissants.

Les chasses sauvages se déroulent dans les cieux de plusieurs parties d'Europe.


Indice de criminalité : Pour les paysans écossais d'antan, la découverte d'une boule de mousse dans le corps d'une vache décédée était la preuve que leur bête avait été abattue par un elf-shot. cette pointe de flèche tirée par les elfes était connue pour causer une douleur aiguë et mortelle. Au XVIIe siècle, le révérend Robert Kirk vivant en Écosse aurait succombé à ce projectile infaillible après avoir divulgué sans retenue les secrets du petit Peuple qu'il disait avoir rencontré à maintes reprises.


La mousse prélevée sur les vieilles tombes en pierre serait très efficace pour se protéger des êtres mal intentionnés. Celles de Quarré-les-Tombes doivent être particulièrement efficace, d'autant que la commune s'enorgueillit aussi d'une magnifique Roche-aux-Fées."

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Suivant la tradition du pays de Liège, la mousse prise entre onze heures et minuit en pleine lune, à l'ombre d'un frêne, près d'un ruisseau et pendant que le coucou répétait trois fois son chant, était employée naguère par les laïques qui chassaient le diable.

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D'après Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012) :


Une mousse pour chaque usage : Si l'on se réfère aux croyances d'antan, chaque type de mousse posséderait ses propres vertus, alors autant en profiter ! Pour protéger votre habitat de la foudre, prélevez de la mousse se développant en milieu aquatique et placez-la sur le toit de votre maison. Notez que cette espèce de plante, une fois séchée et portée sur soi dans un petit sachet, peut vous permettre de recevoir un héritage ! Si vous devez régler une affaire importante ou signer un contrat, privilégiez plutôt les mousses sèches poussant sur les pierres ou murs ensoleillés. Mais si une histoire de cœur vous préoccupe, recourez à la mousse spongieuse des sous-bois qui saura vous rendre heureux.

La texture des mousses n'est pas seule à rentrer en compte dans le domaine des porte-bonheur. Le support où se développe le végétal détermine parfois à lui seul la spécificité de la plante. la mousse poussant ainsi sur la coque d'un navire serait idéale pour se prémunir du mal de mer. Il suffit de la rouler en boule et de la mettre dans sa bouche le temps du voyage. Celle qui pousse sur les croix protège efficacement le bétail contre les envoûtements. Mais tout cela n'est rien face à la mousse ôtée sur une tombe qui est classée par la tradition comme un talisman exceptionnel !


Des mousses d'exception : Les sphaignes sont des mousses se développant dans des milieux très humides et acides. Une fois décomposées, elles tombent au fond de l'eau et cette lente accumulation résiduelle se transforme en tourbe. Les sphaignes ont la particularité de pouvoir absorber jusqu'à trente fois leur poids sec en humidité.


Cadeau féerique : Connaissez-vous la Moosweibchen ? C'est une petite fée des mousses qui vit dans les forêts d'Allemagne. Cet être plein de grâce aime à broder les mousses végétales pour confectionner des habits d'exception. Si vous lui êtes agréable - nous vous conseillons pour cela de lui offrir quelques fleurs et du lait, des mets toujours appréciés des fées - elle vous récompensera peut-être d'un somptueux vêtement et de sa protection.


Piège à pollution : Des chercheurs de l'université allemande de Bonn ont étudié la capacité des mousses à absorber la pollution atmosphérique. Suite aux résultats encourageants obtenus, des bandes de mousses végétales devaient être mises en place au bord de l'autoroute A562, près de la même ville.


Malheur sur le toit : Selon une superstition anglo-saxonne, il faut absolument enlever la mousse colonisant les toitures humides car elle porte malheur aux habitants."

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Littérature :


La Mousse


Les patrouilles de la végétation s'arrêtèrent jadis sur la stupéfaction des rocs. Mille bâtonnets du velours de soie s'assirent alors en tailleur.

Dès lors, depuis l'apparente crispation de la mousse à même le roc avec ses licteurs, tout au monde pris dans un embarras inextricable et bouclé là-dessous, s'affole, trépigne, étouffe.

Bien plus, les poils ont poussé ; avec le temps tout s'est encore assombri.

Ô préoccupations à poils de plus en plus longs ! Les profonds tapis, en prière lorsqu'on s'assoit dessus, se relèvent aujourd'hui avec des aspirations confuses. Ainsi ont lieu non seulement des étouffements mais des noyades.

Or, scalper tout simplement du vieux roc austère et solide ces terrains de tissu-éponge, ces paillassons humides, à saturation devient possible.


Francis Ponge, "La Mousse" in Le Parti pris des choses, Gallimard, 1942.

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque une mousse tout d'abord inconnue :

4 avril

(Fontaine-la-Verte)


Je découvre, au creux mouillé du bois, une mousse de plantes naines dont j'ignore le nom. Feuilles à trois folioles divisées en trois lobes trois fois dentés. Inflorescences à cinq fleurs. Pour chaque unité reproductrice : quatre sépales et quatre pétales de soufre, huit étamines jaune pâle et un style à quatre stigmates.

Je hume cette arithmétique chlorophyllienne. Eurêka ! Cette odeur de musc, ce parfum animal appartiennent à l'adoxe musquée - la moscatelline Adoxa moscatellina, famille des adoxacées. Même mon nez flatte ma manie classifiante et pontifiante.

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Dans La Citrouille a besoin de vous (Anatolia Éditions, 1994 pour la traduction française) P. G. Wodehouse dépeint un Lord anglais très soucieux de l'aménagement paysager de son domaine :


"Un sentier de gravier !" Le corps filiforme de lord Emsworth se tétanisa. La Nature, soutenait-il volontiers, avait prévu de tapisser les allées bordées d'ifs d'une belle mousse verte, élastique sous le pied. Et, de toute façon, Nature ou pas Nature, il voulait bien être pendu s'il permettait à un homme à l'accent écossais, dont le visage ressemblait à une pomme de terre menant une vie dissolue, de s'insinuer dans son allée pour en mutiler le ravissant tapis de velours vert. Je t'en ficherais, moi, des sentiers de gravier. pourquoi pas du macadam pendant qu'il y est ? Pourquoi ne pas y installer des panneaux publicitaires vantant les mérites des remèdes contre les crises de foie, et une station-service ? Voilà ce qui lui plairait à ce bonhomme."

Lord Emsworth était amer, et quand il était amer, il pouvait se montrer terriblement sarcastique.

"Eh bien, moi, je trouve que c'est une excellente idée, rétorqua sa sœur. Comme ça, on pourrait aller s'y promener même quand il pleut. La mousse humide esquinte les chaussures."

Lord Emsworth se leva. C'était plus qu'il n'en pouvait supporter. Il quitta successivement la table, la pièce et le château, et, arrivant quelques instants plus tard devant l'allée bordée d'ifs, il fut ulcéré de la trouver infestée par Angus McAllister en personne. Le jardinier en chef était occupé à contempler la mousse comme le grand prêtre de quelque antique religion se préparant à éventrer la victime d'un sacrifice humain.

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