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Le Peuplier

Dernière mise à jour : 5 avr.


Étymologie :


  • PEUPLIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1275-80 poplier (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13194) ; xve s. [ms.] poeplier (Evrart de Conty, Probl. d'Arist., B.N. 210, f°255a) ; 1548 peuplier (Melin de Sainct-Gelays, Œuvres, éd. P. Blanchemain, t. 1, p. 162). Dér., à l'aide du suff. -ier* (p. anal. avec les termes désignant des arbres fruitiers), de pople, peuple « peuplier » att. seulement mil. xve s. (Vente des biens de Jacques Cœur, Arch. KK 328, f°271 v°ds Gdf.) mais prob. antérieur (issu du lat. populus « id. ») qui a subsisté dans les parlers régionaux, v. FEW t. 9, pp. 181-182.


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Populus alba - Abèle - Aube - Blanc de Hollande - Peuplier à feuille d'érable - Peuplier argenté - Peuplier blanc - Peuplier de Hollande - Piboule - Ypréau -

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Botanique :


Sur le site Futurasciences, on apprend que "Pando" est âgé de 80 000 ans et serait ainsi le plus vieil arbre du monde :


"Signifiant « je m'étends » en latin, Pando serait le plus grand et le plus vieil organisme végétal au monde. Il aurait la forme d'une colonie clonale de peupliers faux-trembles (Populus tremuloides). Située dans l'Utah, aux États-Unis, cette forêt de 43 hectares se compose de 47.000 arbres génétiquement identiques et reliés à un seul et même système racinaire. Si chaque pousse vit environ 130 ans, le système pourrait se régénérer ainsi depuis 80.000 ans. Preuve que l'union fait la force, et parfois, la longévité.

Photographie : Cette colonie Pando de peupliers faux-trembles (Populus tremuloides), située à l'ouest des États-Unis, dans l'Utah, est considérée comme l'organisme vivant le plus lourd et le plus âgé de la Planète, avec un poids estimé à 6.000 tonnes et un âge de 80.000 ans.


© J. Zapell, Wikimedia Commons, DP

 

Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :


Bref, la communication chimique entre plantes au moyen d'un gaz interposé serait un mécanisme fondamental de la régulation de la prédation dans la nature. Ce que nos deux chercheurs ont démontré par des expériences pertinentes.

L'expérimentation est menée sur de jeunes peupliers âgés de 2 à 4 mois et hauts de 30 à 40 cm dont Baldwin et Schultz déchirent deux des vingt feuilles qu'ils possèdent chacun en moyenne ; la teneur en tanins des feuilles non blessées double dans les 50 heures qui suivent la déchirure, pour revenir à peu près à la normale 100 heures plus tard. Or, cette même teneur en tanins augmente aussi de près de 60% dans les feuilles des arbres de la même enceinte qui n'ont subi aucune agression. Tout se passe donc comme si les arbres blessés avaient « averti » leurs congénères des dommages qu'ils avaient subis. Même conclusion chez David Rhoades qui conclut ses recherches publiées en 1983 par une exclamation en ferme de supposition : « Les résultats obtenus peuvent être dus à des substances phéromonales transportées par voie aérienne ! »

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Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) nous fait découvrir le processus du clonage :


Chapitre 3 : Une colonie de peupliers clones = un « arbre forêt » vieux de quatre-vingt mille ans

La nature choisit ordinairement la voie de la multiplicité pour transmettre le patrimoine génétique et perpétuer l'espèce. Elle peut aussi emprunter la stratégie de l'unicité, autrement dit celle du pareil au même. Jusqu'à des extrêmes à peine concevables : le clonage.

Pour ce faire, elle a recours au mode de reproduction asexuée qui consiste à donner naissance à un ou plusieurs individus à partir du même parent. Il n'y a donc pas d'accouplement, et pas de recours à des gamètes. Il s'agit d'une des formes de clonage les plus abouties puisque tous les individus portent le même patrimoine génétique, qui se perpétue à l'identique de génération en génération.

Si le cycle de vie des arbres est considéré dans de nombreuses traditions autour de la planète comme le symbole de la renaissance perpétuelle, un peuplier de l'Utah en est à lui seul la parfaite illustration !

Des arbres de 25 mètres aux feuilles dorées miroitent dans la lumière et frissonnent à la moindre brise. Beau spectacle de la nature. Mais doit-on dire « des » ou « un » arbre ? Dans le climat très sec de l'Utah, qui ne favorise pas la germination des graines, un peuplier de l'espèce faux-tremble a dû en effet adapter son système de reproduction. Une forêt s'est ainsi régénérée depuis quatre-vingt mille ans à partir de pousses du même arbre. Quarante-sept mille ramifications clones identiques génétiquement constituent aujourd'hui sur 43 hectares un organisme exceptionnel. Il s'agit donc d'un seul et même individu avec le même patrimoine génétique. On l'appelle Pando. C'est l'un des plus vieux êtres vivants sur Terre, mais aussi le plus grand, comme le raconte le garde forestier allemand Peter Wohlleben dans son livre La Vie secrète des arbres (Éditions Les Arènes, 2017) : « Les peupliers suivent une stratégie qui mise sur l'opiniâtreté et la quantité. Ils peuvent être broutés et encore broutés des années de suite par des chevreuils ou des bovins, leur système racinaire n'en continue pas moins de lentement s'étendre. Il en émerge des centaines de rejets qui au fil du temps forment de véritables buissons. » Cette colonie clonale au système racinaire d'une grande complexité abrite des arbres vieux de cent trente ans.

Ce patrimoine unique niché au cœur de la Fishklake National Forest, si précieux, est pourtant fragilisé par plusieurs facteurs. Il y a d'abord les insectes et les maladies liées à des agents pathogènes, mais aussi les déséquilibres imputables aux activités humaines, que les protecteurs de l'environnement suivent avec beaucoup d'attention. Paul Rodger, en particulier, professeur d'écologie à l'université d'Utah, a mené avec des collègues scientifiques une récente étude montrant la pression qui s'exerce sur Pando.

Dans leur ligne de mire : les cerfs et les wapitis qui se régalent de façon excessive des jeunes pousses. A cause d'eux, la surface de cet arbre forêt, classé depuis 2006 parmi les « quarante merveilles de l'Amérique », ne cesse de se réduire. Et les clôtures mises en place ne permettent pas d'endiguer le phénomène. Paul Rodger invite à tirer les leçons de cette catastrophe écologique en cours : l'arbre a su se reproduire depuis quatre-vingt mille ans et c'est parce que l'homme a déséquilibré l'écosystème en éliminant les prédateurs des herbivores, comme les loups, que Pando est désormais menacé. La nature est bel et bien un tout interconnecté.

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Phytothérapie traditionnelle :


Selon Roland Desrosiers (1978) auteur d'un article intitulé "Notes sur l'usage de quelques plantes chez les Indiens Squamish (Colombie-Britannique)" (in Anthropologie et Sociétés, 1978, vol. 2, n°3, pp. 139-156), il existe une parenté fonctionnelle entre l'aulne et le peuplier :


[...] Peuplier (populus trichocarpa, Long.)

  • [usage] droit [(qui ouvre la femme)] : l'écorce interne est mâchée et mangée fraîche au printemps ; l'écorce donne une teinture brune.

  • [usage] dérivé [(qui referme la femme)] : des graines, mélangées à de l'eau, donnent une lotion capillaire rendant les cheveux très longs et épais ; brûler l'écorce cause un fort vent.

Commentaire

  • Sur le plan droit, les plantes ont des fonctions comparables, servant de ou étant liées à la nourriture et donnant une teinture.

  • Au niveau dérivé, la comparaison est plus délicate. On dira que l'aulne s'intéresse à l'intérieur du corps, le peuplier à son extérieur et cela de manière symétrique et inverse : l'aulne relativement sèche évite d'enlaidir alors que le peuplier relativement humide rend plus beau ; le premier, humide, purifie le sang ; le second, sec, cause un fort vent (purifie l'air ?). Brûler l'écorce du peuplier dégage beaucoup de fumée ce qui rend ce fort vent bien agréable.

  • Le thème de la naissance est le lien de l'aulne au circuit des algues. Ses bourgeons protègent les parents de jumeaux, personnages auxquels on attribue certains pouvoirs dont celui de causer le vent. Voilà qui nous renvoie au peuplier.

  • Le peuplier peut être associé aux fougères de manière détournée : cet arbre qui atteint cinquante mètres, est, par sa taille, candidat aux racines de fougères arborescentes que destine à un gros arbre une jeune fille à ses premières règles.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


PEUPLIER. Au moyen âge et jusqu'au XVI siècle, cet arbre fut un oracle très-important pour les filles qui désiraient connaitre d'avance le mari qu'elles devaient épouser. Voici comment elles procédaient : elles prenaient une petite branche de peuplier qu'elles enveloppaient, le soir, de leurs bas, formant du tout un petit paquet qu'elles nouaient avec un ruban de fil. Puis elles plaçaient ce paquet sous leur chevet ; se frottaient ensuite les tempes avec un peu de sang de l'oiseau appelé huppe ; et disaient, après s'être mises au lit, l'oraison suivante :

Kirios clementissime, qui Abraham servo tuo dedisti uxorem Saram, et filio ejus obedientissimo, per admirabile signum indi casti Rebeccam uxorem: indica mihi ancilla tuæ quem sim nuptura virum, per rium tuarum spirituum Balideth, Assaibi, Abumalith. AMEN.

Le matin suivant au réveil, on devait se remettre en esprit ce qu'on avait vu en songe durant la nuit, et si aucune figure d'homme ne s'était produite, il fallait recommencer pendant la nuit des trois vendredis suivants. Si alors aucune apparition n'avait eu lieu, la fille devait renoncer à l'espoir de se marier ; si, au contraire, un homme s'était montré, on devait le considérer comme le futur époux. Les femmes veuves pouvaient recourir à l'expérience aussi bien que les jeunes filles ; seulement au lieu de se coucher comme celles-ci du côté du chevet, elles devaient le faire du côté du pied du lit, en y transportant le traversin.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du peuplier :


PEUPLIER NOIR - COURAGE.

Cet arbre était consacré à Hercule.


PEUPLIER BLANC - TEMPS.

Le Peuplier blanc est un arbre indigène qui élève, à plus de quatre vingt-dix pieds, une tête superbe sur un tronc droit, couvert d'une écorce argentée. Les anciens l'avaient consacré au Temps parce que les feuilles de ce bel arbre sont dans une agitation continuelle, et qui, brunes d'un côté et blanches de l'autre , elles peignent l'alternative des jours et des nuits.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Peuplier blanc - Temps. A cause de la continuelle agitation de son feuillage.


Peuplier noir - Courage et Liberté. Conventionnellement.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


PEUPLIER BLANC - TEMPS.

Faites vos bonnes oeuvres avant que le temps ne soit passé et Dieu vous en donnera la récompense dans l'éternité. - Le sage connait le temps et règle sur cela son jugement. -

Ecclésiaste : VLI, 38 ; VIII, 5.

Le peuplier blanc a été connu dès la plus haute antiquité ; on l'a toujours beaucoup cultivé ainsi que le noir pour servir d'appui à la vigne. On le plante ordinairement en quinconce afin de donner par cette disposition plus d'accès à l'air et plus d'agrément à la vue. Cet arbre offre dans ses bourgeons un suc visqueux, balsamique. Les chevaux, les chèvres, les moutons et même le gibier mangent ses feuilles. L'aigrette molle et soyeuse des semences est un tendre duvet dont les oiseaux garnissent l'intérieur de leurs nids. Le peuplier blanc a toujours été consacré au temps, parce qu'on a cru voir, dans ses feuilles toujours agitées et montrant alternativement un côté blanc et un côté brun, de l'analogie avec la succession des jours et des nuits qui mesurent et divisent le temps.


RÉFLEXIONS.

Ne vous fiez pas au temps qui vous trompe ; c'est un dangereux imposteur qui vous dérobe si subtilement que vous ne vous apercevez pas de son larcin.

(BOSSUET, Sermons).

Souvent le temps nous est à charge, nous ne savons qu'en faire et nous en sommes embarrassés. Un jour viendra qu'un quart d'heure nous paraîtra plus estimable et plus désirable que toutes les fortunes de l'univers.

(FENELON, Réflexions.)


PEUPLIER NOIR - COURAGE.

Veillez, mes frères, demeurez fermes dans la foi, soyez pleins de courage et fortifiez-vous de plus en plus ; que toutes vos œuvres se fassent avec amour.

- I. Cos. XVI, 13, 14.

Le peuplier est un arbre qui s'élève très haut lorsqu'il croit dans les terrains humides, sur le bord des fossés aquatiques ; ses rameaux sont étalés et revêtus d'une écorce jaunâtre. Ses bourgeons sont en duits au printemps, d'un suc résineux et visqueux, d’une odeur balsamique assez agréable. Son écorce sert en Russie pour l'apprêt des maroquins. Le peuplier nous ramène encore à la mythologie. Lampéthuse, Lampėde et Phaëtuse étaient filles d'Apollon et de Clymène, sœurs de l'infortuné Phaëton. Lorsque ce jeune audacieux fut précipité du char du soleil par Jupiter, elles eurent un tel chagrin de sa mort que les dieux eurent pitié d'elle ; ils les métamorphosèrent en peupliers et leur larmes en arbre. Le feuillage des peupliers était alors vert des deux côtés de la feuille. Hercule en descendant aux enfers s'en fit une couronne. Toutes la partie des feuilles qui touchait sa tête resta verte, mais l'autre partie fut noircie par la fumée de l'empire des morts et le peuplier noir fut, dès ce temps-là, consacré à Hercule. C'est pour cette raison qu'on en a fait le symbole du courage.


RÉFLEXIONS.

La valeur, lorsqu'elle n'est pas à sa place, n'est plus une vertu ; et cette noble ardeur qui, au milieu des combats, est générosité et grandeur d'âme, n'est plus, hors de là, que rusticité.

(MASSILLON, Bénédiction des drapeaux du régiment de Catinat.)

On ne peut répondre de son courage quand on n'a jamais été dans le péril.

(Mme DE LA SABLIÈRE.)

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Si l'on en croit Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"D'après les légendes grecques, le peuplier était consacré à Héraclès. Lorsque le héros descendit aux Enfers, il se fit une couronne de rameaux de peuplier. Le côté des feuilles tourné vers lui resta clair, le côté tourné vers l'extérieur prit la couleur sombre de la fumée. De là vient la double couleur de ses feuilles et c'est sur cette différence qu'est fondée la symbolique du peuplier. Il signifie la dualité de tout être. Observation amusante : cet arbre, qui pousse sur les terrains humides, sert aujourd'hui à fabriquer les allumettes, eau et feu.

Les Héliades, sœurs de Phaéton, qui avaient confié sans autorisation à leur frère la conduite du char solaire furent transformées en peupliers. Une Hespéride également, fut changée en peuplier, pour avoir perdu les pommes du Jardin sacré. Le bois de peuplier blanc était le seul dont il fût permis de se servir, lors des sacrifices offerts à Zeus. Hadès transforma Leucé en peuplier, qu'il plaça à l'entrée des Enfers, pour garder auprès de lui cette mortelle qu'il aimait.

Cet arbre apparaît également lié aux Enfers, la douleur et au sacrifice, ainsi qu'aux larmes. Arbre funéraire, il symbolise les forces régressives de la nature, le souvenir plus que l'espérance, la temps passé plus que l'avenir des renaissances."

 

Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Peuplier noir (Populus nigra) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mercure

Élément : Air

Pouvoir : Oracle.


Utilisation magique : Jusqu'au XVIII e siècle, cet arbre fut un oracle très important pour les filles. Elles prenaient une petite branche de Peuplier noir qu'elles enveloppaient le soir dans leur bas. Elles en faisaient un paquet qu'elles nouaient avec un ruban rouge. Elles plaçaient ce paquet sous leur chevet, se frottaient les tempes avec du sang de huppe et récitaient, après s'être mises au lit toutes nues, l'oraison suivante : « Kirios clementissime qui Abraham servo tuo dedisti uxorem Saram : et filio ejus obedientissimo, per admirabile signum indicasti Rebeccam uxorem : indica mihi ancillae tuae quem sim nuptura virum, per ministerium tuarum spiritum Balideth, Assaïbi, Abumalith. Amen. »

Le matin, au réveil, il fallait se souvenir des rêves venus pendant la nuit. Si aucune figure d'homme ne s'était manifestée, il fallait recommencer pendant la nuit des trois vendredi suivants. Si alors aucune apparition n'avait eu lieu, la fille devait renoncer à l'espoir de se marier ; si au contraire un garçon s'était montré, on devait le considérer comme le futur époux.

Les veuves pouvaient recourir à l'expérience aussi bien que les jeunes filles ; seulement, au lieu de se coucher comme celles-ci du côté du chevet, elles devaient le faire du côté du pied du lit, en y transportant leur traversin.

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Selon Jean Gadant, auteur de l'article intitulé "Les arbres du souvenir et de la Liberté." (Revue Forestière Française, 1989) :


Les celtes et leurs druides nous ont légué la religion des arbres. L'arbre abritait les dieux, incarnait les plus nobles passions et les meilleures vertus. Il est devenu le symbole vivant de l'amour et de la liberté. Il abrite un souvenir que sa longévité conserve. [...]

L'arbre a été tout cela avant de se politiser et devenir l'arbre de la liberté. Les modestes reliques du célèbre Chêne de Guernica rappellent le serment du couple royal espagnol de 1476 s'engageant à respecter les libertés du Pays Basque. Avant même que la Révolution française ne s'embrase, alors qu'il était de retour d'Amérique où il venait de s'illustrer, La Fayette plantait un Noyer noir pour célébrer l'indépendance des États-Unis.

Les plantations d'arbres de la Révolution s'inscrivent donc dans cette symbolique de l'arbre qui remonte dans la nuit des temps et dans ces vieilles traditions demeurées vivantes sous l'Ancien Régime. Elles apparaissent après la mise en place des premières municipalités, en février 1790. Le plus souvent, il s'agit d'arbres sans racines, ébranchés, de perches décorées de rubans et de couronnes de fleurs, telles des mâts de cocagnes ; elles portent des symboles patriotiques : cocarde et drapeau tricolore, pique du sans-culotte, bonnet phrygien.

Les premières plantations sont faites au début de 1790 à l'occasion de l'élection des premières municipalités dans les communes que l'Assemblée Constituante a dotées d'un statut par décret du 14 décembre 1789. Un procès-verbal de la municipalité de Gahard, en Ille-et-Vilaine, en date du 16 février 1790, signale une plantation d'arbre qui serait la première de la Révolution. Il s'agissait d'un Chêne.

L'arbre révolutionnaire conservé dans l'histoire, sous le nom d'« arbre de la liberté », n'apparaît qu'au début de la Législative, quand la Révolution se durcit. Le peuple qui se déchristianise est en recherche de nouveaux emblèmes de la nouvelle croyance. Ces plantations d'arbres ne furent jamais codifiées par les pouvoirs révolutionnaires comme ils le firent pour d'autres symboles tels le drapeau tricolore ou le calendrier révolutionnaire. Issus de vieilles traditions, ranimés dans la vogue des idées rousseauistes, sacralisés par la Convention, les arbres de la liberté ont une origine essentiellement populaire.

[...] Au début le Chêne est l'arbre qui est le plus planté ; il est l'arbre religieux des celtes et des druides ; il symbolisera la force et la puissance de l'État républicain, la jeune souveraineté du peuple et la divine liberté qui vient d'être conquise. Le mot liberté figure toujours dans la devise inscrite sur le drapeau dont l'arbre est porteur : « La liberté ou la mort », « Vivre libre ou mourir », « La liberté et la mort aux tyrans ».

Mais de subtils esprits en arrivent à penser que ce Chêne orgueilleux, cette trop noble essence, ce souverain de la forêt n'incarne guère l'idée révolutionnaire d'égalité. Ils jugent très fâcheux que cette inégalité entre les arbres puisse incarner l'égalité qui doit régner entre les citoyens. C'est pourquoi, les sociétés populaires sont invitées à faire aussi appel à la cohorte des essences indigènes afin de symboliser non seulement la liberté, mais aussi l'égalité : l'Orme, le Tilleul, l'Érable, le Hêtre, l'Alisier sont les essences les plus plantées. Le Peuplier mérite une mention particulière, non seulement pour la belle rectitude de son fût, l'élégance de son port, sa rapidité de croissance, mais parce que son nom (en latin populus) évoque le peuple. Dans certaines communes où les sols sont ingrats et le climat rude, plutôt que de risquer un échec, on a la sagesse de promouvoir un arbre en place, au rang « d'arbre de la liberté ».

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Le peuplier avait un caractère funéraire dans l'Antiquité où il était dédié aux enfers et aux démons. Le dieu Hercule (Héraclès), à son retour des Enfers, portait une couronne de peuplier dont les feuilles tournées vers lui étaient claires et blanches comme le jour et celles tournées vers l'enfer devenues sombres comme la nuit. C'est depuis lors que les feuilles de cet arbre présentent de chaque côté un ton différent. Lors des sacrifices à Zeus, le bois du peuplier blanc était le seul qu'on pouvait utiliser.

Une tradition plus récente veut que le peuplier frissonne depuis que son bois a servi à confectionner la croix sur laquelle mourut le Christ. Rien d'étonnant donc si la croyance populaire en a fait un arbre maléfique.

Par ailleurs, avec le mythe de Leucé, métamorphosée en peuplier et placée à l'entrée des Enfers par Hadès, dieu grec des Morts qui l'aimait et voulait la conserver auprès de lui, cet arbre, qui symbolise « le souvenir plus que l'espérance, le temps passé plus que l'avenir des renaissances », servit dès le Moyen Âge à des consultations amoureuses. En effet, selon Albert le Grand, une femme rêvera de son futur mari si elle glisse sous son chevet unepetite branche de peuplier liée avec un ruban blanc à ses collants, si elle se frotte les tempes avec du sang de huppe, et récite cette oraisonavant de s'endromir : Kyrie clementtissime de Abraha serve tuo dedisti uorem Saram, O filio ejusobedientissimo, per admirable signum indicasti Rebeccam uorem ; indica mihi Ancillae tuae quem sim ruptura virum, per misterium tuorum Spirituum, Halidech, Assaibi, Abomalich. Amen. Au cas où aucun homme ne serait apparu en songe, il faut recommencer l'opérationtrois vendredis de suite et, s'il n'apparaît toujours pas, le célibat est à redouter. Les veuves peuvent recourir à cette recette à condition de dormir au pied du lit. On dit également que placer trois feuilles de peuplier sous son oreiller fait rêver de son fiancé et permet d'obtenir le lendemain tout ce qu'on lui a demandé en rêve.

Le peuplier permet en outre un charme d'amour : cette opération, qui « ne peut se faire que si vous avez relevé l'empreinte du pied de la personne dans de la terre », s'effectue en période de lune croissante, au lever du soleil :


Prélevez la terre contenant l'empreinte du pied, déposez-la dans un sac de toile tout en prononçant à mi-voix les paroles suivantes :


« Par l'empreinte du pied de mon aimé(e)

Par la terre vierge de toute souillure

Par la douceur du soleil levant

Je te conjure Fée Mélusine

D'ouvrir le cœur de X... à on amour brûlant

Que ma volonté soit faite. »


Immédiatement rendez-vous au pied d'un peuplier isolée, creusez un trou, et versez-y la terre de votre sac tout en répétant l'invocation ci-dessus, répétez-la une seconde fois en rebouchant le trou et en nivelant la terre soigneusement.

Répétez-la une troisième fois en retournant chez vous.

Revenez au pied de ce peuplier deux fois par semaine, au lever du soleil, jusqu'à ce que le charme opère.


Pour guérir de la goutte ou d'une sciatique, il faut passer une décoction d'écorce de peuplier blanc sur la partie malade. Contre a la fièvre, il suffit de cacher, à la fin de la nuit, une rognure d'ongle du malade dans son écorce.

Dans la Vienne, on affirmait qu'un serpent qui grimpait sur un peuplier s'attaquerait à un individu dans les deux jours.

En Allemagne du Nord, un peuplier de Fehrmann (île à l'est de Kiel) avait la réputation de ne fleurir qu'en temps de guerre, lorsque des soldats partis au front devaient rentrer chez eux. Sa floraison exceptionnelle en août 1916 causa, paraît-il, beaucoup d'émoi chez les Allemands.

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :

"Il fut un arbre funéraire, et ce depuis la plus haute Antiquité, puisque des coiffures réalisées à partir de feuilles de peuplier furent retrouves dans des tombes royales de la civilisation mésopotamiennes, datant de la fin du IVe millénaire avant notre ère. En Grèce également, il était en relation avec le royaume des morts. Ainsi Héraklès, lors de son Douzième et dernier Travail, quand il descendit aux Enfers pour capturer Cerbère, se fit une couronne de feuilles de rameaux de peuplier, symbolisant une immortalité obtenue après avoir été initié aux mystères d'Eleusis. Est-ce pour la même raison que ces personnages royaux, il y a cinq mille ans, furent ensevelis coiffés d'une couronne de rameaux de peuplier ? C'est possible. Toujours est-il que, plus près de nous, au Moyen Âge, à cet arbre furent associés les souvenirs, la nostalgie, les regrets et les remords, les sentiments coupables, le sacrifice et l'expiation. Il est vrai qu'il peut vivre jusqu'à 300 ans et est censé avoir une certaine mémoire, qualité qui manque cruellement aux hommes qui, souvent, ont bien du mal à tirer les leçons ou enseignements de leurs peines, de leurs fautes, de leurs erreurs passées..."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message des arbres :

Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien

à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés

sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant

les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,

physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous

diffusons l'amour et la guérison pour vous.


Le peuplier : Le peuplier, qui orne tant de routes et agit comme brise-vent, nous enseigne à être fiables, dignes de confiance et stables. Lorsque nous assimilons ces qualités, les gens nous font automatiquement confiance et dépendent de nous.


VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.

  3. Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.

  4. Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.

  5. Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  6. Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  7. Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  8. Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  9. Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  10. Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.

  11. Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.

  12. Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.

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Selon Annie Pazzogna, auteure de Totem, Animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens des Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012, 2015), le peuplier (Populus sargentii) est nommé par les Indiens des Plaines Canya'hu.


"C'est en regardant ses feuilles que les Lakota ont eu l'idée de leur habitation, le tipi, dit une légende. Ces mêmes feuilles, qui vibrant en constance, font que Skan le Mouvement l'habite et lui confère sa nature sacrée.

Cette variété est appelée arbre à coton car au printemps, les chatons développent une bourre blanche qui vole en tous sens.

Peuplier devenant un arbre conséquent, il a besoin d'un sol humide, profond, où ses racines pourront se développer à leur aise.

Lorsqu'on sectionne ses rameaux aux bourrelets, la moelle apparaît sous forme d'une étoile à cinq branches : la manifestation centrale de la Lumière et l'homme réalisé.

Il n'est guère étonnant que les Lakota l'aient choisi pour symboliser leur Arbre de Vie, car il est le cœur, l'émotion, l'archétype de toute connaissance spirituelle.

La Danse du Soleil s'effectue afin d'aider un être à guérir, en remerciements, pour la Terre Mère... Lorsque sa demande avec la Pipe est acceptée par un homme spirituel, le Danseur s'engage à Danser quatre ou sept années de suite. Sa vie devra alors être droite.

Après le choix de l'Arbre par les hommes spirituels, une vieille femme apporte la nourriture traditionnelle qu'elle dépose à son pied : viande séchée, baies, maïs et eau. Puis une vierge donne symboliquement les quatre premiers coups de hache. Chaque danseur frappera alors le colosse jusqu'à ce qu'il soit prêt à s'effondrer. C'est le chef de guerre qui taillera les branches basses pour dégager sa forme en Y.

L'arbre fourchu symboliserait la dissension existant entre les hommes : divisés mais cependant unis car les deux côtés sont semblables, l'un étant le reflet de l'autre. Les polarités négative et positive forment l'unité. La brassée de Merisier placée en travers de la fourche incarnera la nourriture aussi bien physique que spirituelle qui réunira le peuple.

Tous élèvent alors, sur des pièces de bois et à bout de bras, le végétal jusqu'à l'aire de Danse parfois distante de plusieurs kilomètres. Les Danseurs / porteurs s'arrêteront quatre fois sans que l'arbre ne touche le sol. Les branches et les feuilles qui tombent, lors du parcours, sont ramassées par les suivants. Skan les rendant mouvantes, elles sont censées être protection contre les agissements de Femme Biche, Anogite.

L'aire est délimitée par le "harbour" où le peuple se tiendra. L'entrée s'effectue par la porte Est. Cette porte, celle de l'Esprit sera close pour les vivants qui ne Dansent pas, après la mise en place de l'Arbre. C'est en suivant la marche du Soleil qu'un tour complet est effectué.

L'Arbre couché au sol, les silhouettes en cuir cru de l'Homme et de Bison, qui, créées en même temps font partie du même peuple, sont disposées dans les branches. Les Danseurs, parfois plus de trois cents, accrochent leurs offrandes, longs pans de tissus multicolores : les robes enfermant du tabac pour les Esprits, des tobacco ties et la corde.

Le trou qui réceptionnera Canya'hu est profond de plus d'une hauteur d'homme ; il reçoit la nourriture traditionnelle avant que tous les Danseurs, à l'aide des cordes redressent le géant. Il vacille, frémit, se stabilise. Enfin, il est l'Arbre de Vie.

Sur le tronc, quatre cent cinq tobacco ties sont enroulés. Il représentent les esprits invisibles ou les Êtres Pierre qui aident les humains de toutes nations. Parfois les sachets de tabac sont fixés sur des bâtonnets peints en rouge et entourent l'aire.

A l'aube du premier jour, les Danseurs, vêtus de leurs pagnes aux couleurs de la vie et d'arc-en-ciel, chevilles, poignets ceints de bracelets et coiffés d'une couronne de sauge où deux plumes d'Aigle sont fichées, viennent en file. Le tambour résonne. Il s'engagent par l'Est en tournant sur eux-mêmes de gauche à droite.

Tout en caressant du regard la cime des arbres pour surprendre leur pouvoir, ils entrent en quatre temps pour pénétrer les quatre niveaux de conscience. Ils saluent longuement les Quatre directions, "le sifflet en os d'Aigle stridule", pour venir toucher l'Arbre. Ils pourront alors déposer leur Pipe Sacrée sur les supports de Merisier placés à la porte de l'Ouest.

Ils danseront longuement face à l'Est pour accueillir le lever du Soleil. Le tambour frappé et les chanteurs envahissent alors l'espace son.

A la fin de la première "ronde", la Pipe d'un certain nombre de Danseurs est fumée par le peuple à la "porte Sud". Elles le seront toutes dans une journée. Les Danseurs ont une rémission derrière la porte Ouest, à couvert, pour reprendre des forces. La sauge coupée est partout en brassées.

Dans les temps anciens, il n'y avait pas de pauses. Les Danseurs et les chanteurs restaient actifs du lever au coucher du Soleil. Mais la vie et la nourriture étaient alors autres.


C'est à la seconde ronde, que les percements débutent. A l'Ouest le Danseur est couché sur une peau de Bison, un bouquet de sauge dans sa bouche afin que la surprise de la douleur ne serre pas brusquement sa mâchoire, les onglets de choke cherry sont insérés sous son derme.

L'endroit de son percement a été marqué en rouge auparavant avec de la graisse de Bison mélangée à de la poudre de catlinite. Autrefois, une serre d'aigle était utilisée pour le percement. De nos jours,un scalpel pointu est le plus souvent en usage pour l'entaille. L'extrémité en delta de la corde est glissée autour de chaque pointe des onglets.

Pendant quatre jours, le Danseur priera en jeûnant, tout en suivant la progression du Soleil dans la journée. Lorsqu'il faiblit, des fumigations de Genévrier le régénèrent et l'approche de l'Arbre le réconforte. Front et main posés contre lui, il laissera ses souffrances, ses souvenirs douloureux et ses larmes. Son sacrifice ne sera pas vain. La sauge est partout pour apporter sa purification.

Chaque jour, la Hutte à Sudation l'accueille : deux portes le matin et deux le soir. La voix des pierres, reflet de Wakan Tanka, le Grand Mystère, lui redonne des forces.

La quatrième journée, il va quatre fois jusqu'à l'Arbre pour enfin se libérer en partant brusquement en arrière ; le sang, sève de l'homme devenu arbre / tunnel est mis au jour. La Danse de l'Aigle est une façon traditionnelle de Danser mais il en existe bien d'autres : traîner des crânes de Bison avec ses dorsaux ou être suspendu afin de s'élever, une aile / éventail à chaque main. C'est la transe en danse.

Les amis et le peuple sont toujours présents, encourageants sous l'ombre des pins. Chacun peut donner un peu de sa chair, "flesh offering", qui est extraite à l'aide d'un scalpel ; liée dans un tissu rouge sur le tronc, elle nourrira l'arbre afin que Ina Maka, la Terre Mère tourne une année de plus.

La femme Danse si elle est chargée de famille. Elle est percée aux bras.

Les feuilles de tabac humidifiées sont mises en emplâtre sur les blessures de la Danse du Soleil. Tabac est analgésique et inhibiteur.

Peuplier contient des salicine et populine. Il a un effet diurétique, anti-inflammatoire et analgésique. Les bourgeons et l'écorce sont utilisés en infusion, décoction, compresses sur les plaies ou éruptions cutanées.

Lorsque l'hiver de l'Arbre est venu et qu'il agite des branches seulement vêtues d'offrandes aux tissus passés, Peuplier sèche les larmes de ceux qui ont perdu un être cher, lors d'une cérémonie effectue sur l'aire. Un homme spirituel intercède. La Pipe Sacrée est fumée et la nourriture traditionnelle distribuée. Du domaine obscur où le défunt se trouve, il peut alors gagner la lumière de son étoile. De la mort, il passe à la vie afin de renaître. Canya'hu est le tunnel ascensionnel, le vortex qui permet l'accès à la Lumière Divine.

Après un an de vie, Canya'hu termine son office. Il est retiré le matin qui précède la nouvelle Danse du Soleil. Couché près du foyer des Huttes à Sudation, il les alimentera après que chaque Danseur soit venu reprendre ses offrandes passées, pour les conserver ou les brûler. Certains brisent un rameau étoilé comme souvenir.

Dans le feu sacré, Peuplier brille une dernière fois pour s'éteindre et revenir plus grand, plus fort.


Récapitulatif : archétype de toute connaissance spirituelle ; permet l'accès à la lumière divine."

 

Autre témoignage concernant la Danse du Soleil.

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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs du Peuplier Faux-tremble (Populus tremuloides) :


Mot-clef : Nous sommes Un


Malgré le tremblement de ses feuilles, le peuplier faux-tremble n'a pas vraiment peur. Comment je le sais ? Parce que très loin sous terre, tous les membres de son espèce se tiennent le main.

A nos yeux, ces arbres sont des individu séparés, mais dans leurs racines et leurs cœurs, ils ne sont qu'un - au sens propre : ils poussent dans ce qu'on appelle une colonie clonale. La racine mère envoie des pousses souterraines qui, dès qu'elles trouvent un endroit adapté, émergent pour devenir de nouveaux arbres. Les colonies clonales de peupliers faux-trembles sont parmi les organismes les plus étendus et les plus anciens de la planète.

Quand vous voyez cet arbre trembler, c'est souvent parce qu'il rit de voir que la race humaine semble avoir oublié qu'elle aussi, dans ses racines les plus profondes, est Une. Le peuplier faux-tremble nous demande de nous ancrer dans ce sentiment de connexion qui nous débarrassera de nos peurs.


Rituel : Unissez vos racines

Le peuplier faux-tremble n'oublie jamais qu'il fait partie de quelque chose de plus grand que lui - ce que nous autres humains avons tendance à oublier. Prenez quelques instants pour vous relier à la conscience réconfortante que tout est interconnecté.

Debout, fermez les yeux et mettez-vous à respirer doucement. Quand vous sentez que vos épaules se détendent et que votre respiration devient fluide, commencez à imaginer que vos pieds sont des racines qui s'enfoncent doucement dans la terre (peu importe que le sol se trouve trois étages plus bas : vos racines énergétiques savent bien comment contacter la terre !).

A mesure que vos pieds s'enfoncent dans le sol, imaginez aussi ceux des personnes proches de vous rejoindre le monde souterrain pour se transformer en racines et en messagers. Accueillez l'enchevêtrement de vos pieds-racines, voyagez le long de ces connexions jusqu'à l'endroit où vous savez que nous sommes tous Un.


Réflexion : Guérir la totalité

Les Cherokees considèrent notre besoin obsessionnel d'individualisme comme une maladie. Dans leur culture, quand une personne est malade, ils pensent qu'il ne faut pas soigner seulement cet individu, mais aussi toute sa famille et la communauté.

Comment trouvez-vous l'équilibre entre votre individualité et la place qui est la vôtre dans votre famille ?

Dans votre communauté ?

Votre besoin d'être unique vous laisse-t-il plus seule que nous ne le souhaiteriez ?

Ou avez-vous perdu votre sentiment d'être un individu à part entière, votre espace personnel, au sein de votre couple, de votre famille ou de votre lieu de travail ?

Faites appel au peuplier faux-tremble. Il sait comment être protégé par le collectif tout en étendant ses membres, bien à lui, jusqu'aux étoiles.

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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :

Établis tes limites : le Peuplier blanc

Accepter l’idée d’aller au-delà de ce qui vous convient vous permet rarement de montrer le meilleur de vous-même. Le Peuplier blanc a de nombreuses qualités : il s’accommode de la plupart des sols, et quand un espace se libère, il s’en empare rapidement et déploie son système racinaire. Mais il déteste l’ombre. Il a besoin de lumière pour s’épanouir, et c’est donc là qu’il s’implante. Tout simplement.


Apprécie pleinement ton âge : le Peuplier noir

On a tendance à nous concentrer sur les aspects négatifs du vieillissement, négligeant les avantages liés à la maturité et à l’expérience. Sans surprise, les arbres ne font pas cette erreur. Au contraire, ils savourent le fait de vieillir. Le Peuplier noir est l’arbre d’Amérique du Nord qui pousse le plus vite : les jeunes arbres sont ambitieux et compétitifs, ils peuvent prendre 1, 80 mètre par an dans leur quête pour atteindre les sommets. Cette croissance ralentit à mesure qu’ils prennent de l’âge, mais cela n’est pas un signe de défaite. Ils prennent alors de l’envergure, comme des bodybuilders d’âge mûr, et deviennent des champions de la conversion du gaz carbonique en oxygène.

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.

Les Bâtisseurs : le Hêtre, le Peuplier, le Sapin, le Baobab, le Séquoia, l’Acacia, le Platane. Ils peuplent, ils construisent, inspirent l’édification d’une société. Ils en sont le ciment.

[...]

Auprès de mon arbre,

Je vivais heureux,

J’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre

Auprès de mon arbre,

Je vivais heureux,

J’aurais jamais dû le quitter des yeux.


Les Bâtisseurs : Ils font partie du paysage. Ils donnent du relief, créent de la présence. Ils tiennent compagnie et nous ramènent à l’essence même du vivant. Ils abritent les oiseaux, les écureuils, les insectes. Sans eux, il n’y aurait pas de forêts, pas de bois. Les Platanes qui bordent les routes, le grand Chêne qu’on va enlacer, le Hêtre en haut duquel le merle fait son nid, les Sapins, les Baobabs, les Séquoias. Les arbres ont démontré leur intelligence. La science sait désormais ce qu’enseignent les chamans depuis des siècles : les arbres sont capables d’empathie, d’intelligence relationnelle, de solidarité et de mémoire émotionnelle. Ils ont une conscience du tout. Ils interviennent auprès de leurs congénères, ils protègent, alertent, sécurisent, harmonisent, bâtissent. Ils équilibrent et peuplent nos forêts. Ils font partie de notre paysage et méritent de gagner notre respect.


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Il y a quelque chose de plus fort que la mort,

C'est la présence des absents

dans la mémoire des vivants.

Jean d'Ormesson.

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La silhouette des Peupliers se distingue des autres grands arbres. Élégant, droit, le Peuplier est un être assez fin. Sa pousse est rapide, et il atteint assez vite sa taille adulte en imposant ses trente ou quarante mètres en quelques années. Pour autant, il ne vivra jamais très vieux. Son tronc est grisâtre et son écorce crevassée. Ses racines sont assez superficielles et déforment en surface le terrain qui l'accueille. Le Peuplier s'entend bien avec le Lierre, l'Ortie et la Consoude, plus difficilement avec le Jonc et le Bouleau. Cet arbre originaire d'Iran a été introduit en Europe par Bonaparte. La fragilité et la souplesse de son bois le font être choisi pour la fabrication de contreplaqués, de boîtes à fromage, d'allumettes, de cageots, de petits objets. En effet, le bois de Peuplier est tendre, facile à fendre et à façonner, mais peu durable. On plante traditionnellement le Peuplier le long des routes où il borne les kilomètres. Par sa sagesse, le Peuplier est un arbre médecin. On utilise ses bourgeons, ses jeunes feuilles, ses chatons et son écorce. L'essence du Peuplier est diurétique, cicatrisante. Elle combat les rhumatismes et les douleurs articulaires, cicatrise la peau et améliore l'élasticité de l'épiderme. on lui reconnaît des vertus toniques, expectorantes et diurétiques. Son essence guérisseuse est utilisée pour les affections liées aux hémorroïdes et aux infections urinaires. Les Indiens utilisaient sa sève comme celle du Bouleau pour ses riches qualités nutritives. Le Peuplier est lié à la mort et aux enfers. Dans la mythologie grecque, Hadès, le dieu des enfers, convoitait la nymphe Leuké, la fille de l'Océan. pour éviter de rejoindre Hadès, la fille de l'Océan se transforma en un Peuplier blanc et disparut dans l'immortalité. Hadès, pour contenir son chagrin, planta des Peupliers partout dans son royaume. Aujourd'hui encore, le Peuplier orne les cimetières. Il est associé à l'autre monde, à la mort et à la tristesse du départ, au grand mystère de l'au-delà. Le Peuplier noir accompagne les défunts dans l'autre monde. Il adresse alors son chant de feuilles bercées par le vent aux âmes sensibles. frère de l'If et du Cyprès, ce grand arbre est associé dans la mythologie romaine à Perséphone, qui passe chaque année trois mois dans les Enfers. Vie, mort, renaissance, immortalité de l'âme, intemporalité, le Peuplier symbolisait pour les druides le vieil âge de la sagesse. Par ses feuilles blanches qui rappellent les cheveux et la barbe des ancêtres, le Peuplier est reconnu par les sages comme un des leurs. Héraclès se fit une couronne de Peuplier en combattant Cerbère dans la profondeur des mondes d'en-bas. Quand il est revenu des Enfers, sa couronne était en partie blanche. Le Peuplier alors rappelle par ses deux couleurs qu'il est l'arbre de la transition entre les deux mondes, le monde visible et le monde invisible, lemonde du jour et celui de la nuit, le monde terrestre et l'au-delà. En nous accompagnant sur ces méditations profondes, le Peuplier nous rappelle à l'essentiel et nous aide à nous détacher des choses vaines et de la superficialité de l'existence.


Mots-clés : L'incertitude - Le doute - La mort - Les Enfers - Le sacrifice - -La jeunesse - L'enthousiasme - La popularité - Le peuple - La patience - Le courage d'entreprendre è La maturité - La sagesse - La collectivité.


Lorsque le Peuplier vous apparaît dans le tirage : Cela peut être pour enforcer ou établir un lien avec le monde des esprits, pour transmettre le message d'un défunt ou pour vous inviter à visiter les mondes d'en-bas. Dans le chamanisme, le monde d'en-bas est le monde des mémoires anciennes, le monde des animaux totem, mais aussi le monde qui abrite les germes, es graines, les bulbes, tout ce qui se prépare à sortir de terre. Visitez les mondes d'en-bas, c'est revenir à vos intentions inconscientes, à vos pulsions à tout ce qui anime et inspire vos actes de l'instant. Le Peuplier peut aussi vous accompagner dans une mort symbolique. Il vous aide alors à passer à autre chose, à marquer le deuil sans pour autant vous attacher. Le Peuplier vous rappelle à votre nature mortelle et ainsi à l'essentiel de votre âme et de votre nature humaine. La présence du Peuplier n'a pour autant rien de morbide. Il correspond dans le tarot de Marseille à l'arcane sans nom, arcane annonçant les nouveaux départs, les grands changements, car accepter de mourir à une situation, c'est se préparer à en accueillir une autre. Enfin le Peuplier vous interroge sur votre relation aux autres. Arbre du peuple, il vous questionne sur la justesse de votre image, votre popularité, votre influence et votre capacité à être en vie et en mouvement avec vos contemporains.


Signification renversée : Dans sa position renversée, le Peuplier vous interroge sur une tendance à manquer de dynamisme, de vie, d'énergie. Peut-être êtes-vous par endroits dans une posture mortifère. Privilégiez-vous la sécurité à la découverte ? Peut-être vous limitez-vous pour éviter de vous tromper, de faire mal, ou de décevoir. Le Peuplier vous encourage alors à redonner du mouvement, à dynamise une relation, un projet, mais même une attitude. Le Peuplier vous aide à vous concentrer sur l'essentiel. Il peut vous alerter sur une propension à entretenir des relations futiles, à accorder trop d'importances à des détails ou à des contingences matérielles. Il n'est pas question de légèreté ici, car le Peuplier aime la légèreté tant le vent souffle légèrement sur ses branches, mais bien d'une forme de superficialité, car le Peuplier est un arbre des profondeurs, il vous aide à plonger en vous et en votre authenticité.


Le Message du Peuplier : Je suis le Peuplier, le compagnon du peuple. Je suis 'l'arbre de la transition. J'ai tant vécu dans les cimetières, j'ai tant accompagné d'âmes dans les grands passages que l'Au-delà est mon quotidien. Il n'y a pour moi aucun Au-delà. Les différents univers font partie d'un tout. Je fais partie du monde des Bâtisseurs. Je bâtis les ponts entre les mondes. Le monde de la mort existe autant chez les vivants, et je vois certains d'entre vous qui sont déjà morts tout en étant apparemment en vie. Je réunis les mondes, je tisse les liens et passe de l'un à l'autre. Vous avez beaucup à apprendre des autres mondes et des autres espaces. Es-tu relié à tes congénères, à tes ancêtres, à tes défunts ? Je suis le Peuplier, l'arbre du Peuple et l'arbre des peuples. Je tisse les liens entre le monde des vivants et le monde des défunts. Je permets aux uns de se souvenir des autres et de conserver vivantes la mémoire et la conscience. Je t'accompagne sur ton chemin. Je serai là pour t'accompagner lors de ton dernier souffle. Pour l'heure, je viens te rappeler combien la vie est précieuse, combien tu peux jouir de chaque respiration, de chaque pas sur la Terre et de chaque pensée d'amour, car ce n'est que quand ton cœur est ouvert inconditionnellement à la fragilité de l'existence que ton corps est vivant.


Le Rituel du Peuplier : Le Peuplier vous pose aujourd'hui une méditation. Cette méditation est l'occasion de répondre à ces questions. vous pouvez écrire les réponses, comme un support à un retour à l'essentiel. Vous pouvez écrire les réponses, comme sur un support à un retour à l'essentiel.

  • Qu'avez-vous réalisé dans cette existence dont vous êtes vraiment fier ?

  • Quels acte, action, entreprise vous n'aurez plus l'opportunité de réaliser dans cette incarnation ?

  • Quels acte, action, entreprise vous souhaitez vraiment réaliser de votre vivant ?

Prenez le temps de répondre à ces trois questions, comme une opportunité de revenir à vous et à votre potentiel.

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


"Cet arbre au tronc élancé, drapé dans un feuillage argenté frissonnant aux moindres vents, occupe dans la pensée consciente une place fort modeste. Cette affirmation est validée par une expérience de vingt années de pratique d'un test psychotechnique. Lorsque les personnes soumises au test doivent choisir les deux arbres qu'elles aimeraient sauver dans la situation où toutes les espèces végétales seraient destinées à disparaître, sauf celles-là, c'est le chêne qui est cité le premier, à une écrasante majorité, suivi du sapin. Le peuplier n'est choisi que par un petit groupe de personnes.

Dans le rêve éveillé, alors que l'imaginaire s'exprime librement, hors des réseaux normatifs du mental, le peuplier accède à la troisième place dans le classement par fréquence d'apparition, après le palmier et le sapin, mais avant le chêne. Dans le langage des signes, le peuplier est donc un mot fort. Son port élancé le range parmi les images exprimant le mouvement ascensionnel ou qui s'inscrivent résolument dans une dialectique de la verticalité. Le phare, la bougie, la falaise, le parachute sont étroitement associés au peuplier. Cette vocation à participer à une dynamique de la verticalité est une constante de presque tous les autres et notamment une caractéristique majeure du sapin qui précède immédiatement le peuplier dans le classement par fréquence d'apparition. L'étude devra tenter d'expliquer pour quelle raison ce dernier végétal se trouve promu au troisième rang des symboles de sa famille. La lecture des rêves dans lesquels se rencontre le peuplier apporte tout de suite la confirmation que celui-là partage avec tous les autres arbres les connotations développées dans l'article concernant l'arbre générique. Une image de peuplier parle du ciel et de la terre, de l'essence féminine et maternelle du végétal, de la vie et de la succession des vies, de la généalogie du rêveur. Quelle nuance spécifique le symbole peut-il ajouter à cette palette déjà bien riche ? Une fois de plus, c'est la forme de l'image qui provoque la projection des contenus symboliques qu'elle contribue à révéler. Un palmier étend ses palmes dans un mouvement berceur qui évoque la tendresse maternelle. Un sapin montre le ciel mais étale près du sol de longues branches protectrices, un chêne pousse au fil des ans ses ramifications qui se déploient comme une figuration des générations humaines. Le peuplier, lui, semble resserrer ses courtes branches autour du tronc, comme s'il craignait d'égarer l'imagination dans un plan horizontal. Il paraît investir toute son énergie pour ouvrir un chemin vers le ciel. Il est temps d'observer que le peuplier est assez rarement une image singulière. Dans près de 80% des situations, le rêveur ou la rêveuse parlent d'un rideau, d'une rangée ou d'un alignement de peupliers.

Cet arbre semble planté dans l'âme comme un trait douloureux dont la racine plonge en la chair et la cime dans l'infini. L'infini ! Ce mot revient tant de fois à proximité du peuplier qu'il n'est pas possible d'éluder le message qu'il transmet. Aucun arbre peut-être autant que le peuplier ne désigne l'angoisse existentielle, l'incertitude métaphysique.

Autour du symbole, le bleu, le bleu profond d'un ciel ou d'une eau, vient souligner, avec la puissance d'images parfois très originales, la profondeur infinie du mystère d'un au-delà du monde visible. Le rouge, le rouge du sang, de la vie, de la chair, lui répond de toute la force du désir d'ancrage aux choses de la terre. Le peuplier du rêve s'enveloppe souvent d'une atmosphère grise, de brouillard, de nuage. Son feuillage d'un gris métallique, facilement agité, en fait une image froide, quelque peu mélancolique.

Pourtant, cette image s'inscrit presque toujours dans une perspective de renouveau. Le peuplier imaginaire est un arbre du matin, un arbre du printemps, un arbre de promesse.


Les traductions classiques du symbole tendent à considérer que ses feuilles, sombres sur une face et argentées sur l'autre, jouent un rôle déterminant dans la formation du sens. Le langage onirique ne fait cependant que de rares allusions au feuillage du peuplier. Cet arbre, dans l'imaginaire, offre même assez souvent la silhouette échevelée qu'il présente en hiver. Mais, nous l'avons écrit, il s'agit presque toujours d'un hiver finissant.

Tout se passe comme si le peuplier apparaissait au moment où le rêveur est mûr pour s'affranchir d'une souffrance longtemps refoulée, à l'heure où son regard s'ouvre sur des valeurs jusque-là non admises. On relève, dans presque tous les scénarios concernés, l'expression autre côté qui accompagne si souvent les scènes de franchissement du seuil.

Quelques phrases extraites du huitième rêve de Frédéric donneront une juste représentation de l'environnement habituel du symbole : "Je vois un grand arbre avec des petites feuilles dessus... toutes neuves, petites... c'est le matin, il fait assez frais mais très beau... il y a de petits nuages blancs dans le ciel... [...] Je suis dans une forêt... je suis près d'un d'un plan d'eau... c'est une eau fraîche... il y a un cheval de l'autre côté de l'étang. C'est un étang très rond. Je vois plein de grenouilles dans l'eau... le cheval saute dans l'eau et vient vers moi... il s'arrête près de moi... il a un sourire un peu paternel, comme s'il surveillait... il y a de grands arbres, des peupliers, qui bordent la route... cette route monte, droite, propre, jusqu'aux nuages... et le cheval part sur cette route en, la suivant, en montant... je vois plein de grenouilles... moi, je rentre, plein d'entrain, prêt pour une bonne journée de travail..."

Plus d'une fois, les images de peupliers se transforment aussi clairement en chemin menant au ciel. Frédéric est sur le point de se réconcilier avec les figures parentales rejetées hors du divorce de ses parents. Les grenouilles sont à prendre ici dans le sens de multitude. Un peuple de grenouilles cherchant un roi ? L'approfondissement du thème de la fable conduirait à révéler une psychologie en proie à la dispersion des énergies et qui recherche une image unificatrice, une image de père. A proximité du peuplier rêvé, apparaît souvent cette notion de foule, de multitude. Il est peut-être opportun de rappeler - sans plus d'intention - que les mots peuple et peuplier ont la même origine latine populus.


Cette disposition des élans, qui conduit au vide de l'âme, est cruellement exprimée dans le cinquième rêve de Christine : "Je vois des nuages... je traverse une forêt dévastée... le ciel et les nuages rejoignent la terre... le plafond du ciel s'est abaissé... je n'aime pas ça... c'est l'étouffement même, la barrière invisible qui me sépare de la vie... j'ai tant de vitalité et je n'arrive à rien... si mon père vivait... il m'aurait guidée, lui... la barrière invisible m'empêche aussi d'aller au ciel... la passion me brûle... c'est terrible de n'être rien à force de vouloir être tout ! Ah ! je voudrais être comme ces grands arbres, ces peupliers fragiles qui montent au ciel... je ne sais plus qui je suis, je ne sais pas d'où je viens ni où je vais... je rêve d'un monde parfait, d'un paradis perdu..."


Marie-Anne : "C'est le printemps, sur une plage... il y a une falaise très haute... et puis un tourbillon, une tornade... un parachute venu d'on ne sait où... je vois un canal, maintenant, avec une eau toute bleue... sur le bord, des peupliers... beaucoup de vent et du bleu... du rouge aussi, comme sur un tableau de Van Gogh... c'est un univers complètement différent, un autre monde, une autre dimension... sur la fourche d'un peuplier, il y a un nid, blanc et noir... je pense aux civilisations perdues... les hommes bleus du désert... nuage de poussière... impression d'infini..." Ces cris d'une âme torturée, qui surgissent dans le rêve parmi les sanglots de Christine, sont la plus éclatante illustration d'une pensée de Paul Diel. Cet auteur attribuait la nervosité à la dispersion de l'énergie vitale dans la poursuite des buts multiples. Mais les images de Christine renvoient aussi, de la manière le plus directe, à l'angoisse métaphysique. Dans l'article consacré au blanc et noir nous développons la démonstration suivant laquelle ce couple d'opposés de la gamme chromatique est en corrélation avec l'incertitude existentielle. Marie-Anne et Marie-Thérèse mêlent ces opposés aux symboles qu'on rencontre habituellement autour du peuplier.

Marie-Thérèse : "C'est une belle matinée, je vois le coq d'une église... "Chanteclerc"... des vaches blanc et noir... un peuplier, avec, en haut, un nid de pie... c'est une très belle matinée... mon enfance, la "maison des iris bleus"... une maison aux tuiles rouges... je revois mon père et puis... le Nil, les hommes en blanc... le lac de Tibériade, l'autre côté du lac... la Résurrection..."

Si l'arbre est un symbole à connotation féminine et maternelle, on observe pourtant que le peuplier entraîne régulièrement l'évocation de la figure du père. Tous les hommes dont les rêves, ont été pris en référence étaient, soit orphelins de père dès leur enfance, sont en rupture relationnelle avec leur père lorsqu'ils ont commencé leur cure ! Par ailleurs, chaque rêveuse évoque son père dans les scénarios étudiés.

Une dynamique psychologique qui produit des images de falaise et de parachute, symboles en forte corrélation avec le peuplier, aspire à refaire l'expérience originelle de l'incarnation, pour se donner à vivre positionnement l'entrée dans la vie. Comme le peuplier, ces symboles sont des satellites de la nostalgie d'un paradis perdu, de l'état unitaire qui précède l'avènement de la conscience. Mais la falaise et le parachute expriment un appel de la terre, le désir de revivre la chute pour dissoudre les séquelles d'une première expérience mal réalisée. Le peuplier comme la bougie paraissent témoigner du mouvement inverse, dirigé vers le ciel, vers l'accomplissement spirituel, vers un devenir de fusion dans l'unité d'un Esprit total.

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L'image du peuplier témoigne, non d'un refus de la souffrance éprouvée dans l'expérience charnelle, mais d'une espérance nouvelle, d'une joie de renaissance qui accompagnez les premiers résultats de la cure et qui repose sur la sensation du rétablissement d'une harmonie psychique.

Presque toutes les visions de peupliers ont été observées au cours de l'un des quinze premiers scénarios de chaque cure. Cette précocité d'apparition, qui coïncide avec les premiers apports de la dynamique de l'imaginaire, rend compte de l'étonnante constance avec laquelle les patients produisent, autour du peuplier rêvé, ces images de petites feuilles naissantes, de prémices printanières, de matins prometteurs.

Le praticien qui reçoit le symbole le regardera comme un indice de dégel d'une souffrance dont l'origine sera souvent une relation traumatique au père. Cet arbre, qui plantait ses racines dans une terre grise, qui paraissait, lié aux angoisses engendrées par le mystère de la vie et de la mort écrit pourtant dans le ciel du rêve les premiers mots d'un hymne à la renaissance de l'être."

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Mythologie :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


PEUPLIER (Populus alba). — Le peuple de l’Andalousie pense que le peuplier est le plus ancien des arbres : « Hemos averiguado, dit Caballero, que el álamo blanco fué el primer arbol que hizo el Creador, que por consiguiente es el mas viejo, i que por eso està como el Adam végétal. » Peut-être cette croyance est-elle née, dans la langue espagnole, d’une équivoque entre les mots alamo (peuplier) et Adamo. Le peuplier semble, en tous cas, avoir occupé parfois dans le sud la place mythologique réservée dans le nord au bouleau, avec lequel il offre des ressemblances. Les anciens appelaient le peuplier, non pas seulement populus graeca et populus alba, mais encore, peuplier d’Hercule, parce que les prêtres d’Hercule se couronnaient de branches de peuplier ainsi que le dieu Hercule lui-même. On disait qu’Hercule, en revenant de son voyage aux Enfers, portait une couronne de peuplier.

L’arbre pousse dans des terrains humides ; près des fleuves ; Homère l’appelle achéroïde ; d’où le caractère funéraire que le peuplier, ainsi que le cyprès, avait dans l’antiquité. Dans les jeux funéraires des enfants de Rhodes, le vainqueur obtenait une couronne de peuplier, consacré spécialement aux Mânes. Quant au peuplier noir (populus nigra), dit le peuplier des Héliades, c’était aussi, de par l’origine qu’on lui attribuait, un arbre funéraire : les trois Héliades, les sœurs du héros solaire, de Phaeton, désespérées par la mort de leur frère tombé dans le fleuve, avaient été transformées en populus nigra par la miséricorde des dieux. Le populus nigra était spécialement consacré à la déesse Proserpine (cf. Saule).

Du peuplier on a fait un arbre prophétique, c’est-à-dire météorologique ; sa feuille étant sombre d’un côté et blanche de l’autre, on a vu dans la partie sombre une figure de la nuit, et dans la partie claire, une figure du jour. On raconte qu’Hercule traversant les enfers avec une couronne de peuplier, la partie de la feuille tournée vers lui était restée claire ; l’autre, tournée vers l’enfer, était devenue sombre et enfumée.

Nous avons déjà vu de nombreux exemples d’arbres funéraires devenus arbres générateurs ; le peuplier est de ce nombre. Autrefois, dans la campagne de Bologne, à la naissance d’une fille, on plantait, si on le pouvait, jusqu’à mille peupliers ; et on en prenait grand soin jusqu’au mariage de la jeune fille ; alors on les coupait, et le prix de la vente était la dot de la mariée. Dans le nord, ce sont des bouleaux que l’on plante ainsi.

En Sicile, et précisément à Monterosso, près de Modica, il y a quelques années encore, la veille de la Saint-Jean, le peuple abattait le plus haut peuplier de l’endroit et le traînait par tout le village en criant : Viva lu Santu travu ! (Vive la sainte poutre !). Des douzaines de villageois montaient sur le tronc pendant qu’on le promenait, en battant le tambour et la grosse caisse. Autour de ce grand peuplier, symbolisant la plus grande ascension solaire et la chute qui la suit, la foule sautait et chantait ce quatrain :


Sanciuvanni, Sanciuvanni,

Acchianau la costa ranni,

L’acchianau senza rinari,

Corpa ’i cutieddu a li Sant ’Antuniari.

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Dans Arbres filles et garçons fleurs, Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs (Éditions du Seuil, février 2017), Françoise Frontisi-Ducroux nous relate le mythe associé au peuplier :


"L'histoire des Héliades met en scène un autre type de situation [que celle de Dryopé]. Elles sont filles du Soleil - Hélios - et sœurs de Phaéton. Ce garçon imprudent réussit à obtenir de son père la permission de conduire son char, le char du soleil. Au bout d'un moment, effrayé par l'altitude et, ajoute Ovide, par les animaux du zodiaque qui le menacent, il perd le contrôle de l'équipage. Descendant trop bas, il commence à mettre le feu à la Terre épouvantée, si bien que Zeus pour éviter une catastrophe universelle est contraint de le foudroyer. Il tombe dans la fleuve Éridan - actuellement le Pô -, où les Naïades enterrent ses restes. Ses sœurs retrouvent son tombeau et lui rendent les honneurs funèbres. Elles pleurent tant et si longtemps qu'elles s'enracinent, se couvrent d'écorce, de feuilles et de branches. Et leur mère qui tente d'intervenir ne peut que leur arracher du sang. "Arrête, mère, je t'en prie, c'est notre corps que tu déchires en cet arbre [...]. De leur écorce coulent des larmes et des branches nouvelles ruissellent des gouttes d'ambre qui durcissent au soleil. Recueillies par le fleuve limpide, elles serviront de parure aux femmes romaines." Ovide ne donne pas le nom de l'arbre, le peuplier, selon la tradition (Note : Aigeiros : Philostrate, La Galerie de tableaux, I, 11. C'est le peuplier noir, populus nigra.), considéré comme sécrétant une résine qui se durcit en électron ou ambre, croyance qui provoquera l'indignation de Pline (Histoire naturelle, XXXVII, 11).

Le mythe est donc étiologique : il veut expliquer l'origine de l'ambre, qui, disait-on, abondait dans les flots de l'Éridan. Cette matière, très appréciée à Rome pour la fabrication des bijoux, arrivait en Italie, venant de la Baltique, par une voie commerciale aboutissant à la vallée du Pô, qui est encore de nos jours bordée de peupliers. Cela pour le substrat réaliste. Le mythe étant grec, la chute de Phaéton et du char du soleil, à une heure avancée de la journée, se déroule vers l'Ouest, en Italie. Et l'on ne s'étonnera pas que les filles du Soleil pleurent des larmes dorées (Apollonios de Rhodes, Argonautiques).

Leur histoire appartient de surcroît à une autre catégorie : celle de la métamorphose survenant à la suite d'un deuil infini, comportement non conforme aux exigences sociales ; le deuil doit prendre fin. On accompagne les morts un temps, puis il faut revenir vers la vie. Ce mythe est donc parallèle à celui de Niobé, qui, endeuillée par la mort de ses enfants et inconsolable, est transformée en un rocher pleurant sans fin.

On pourrait ajouter que l'histoire des Héliades correspond à une représentation des arbres qui pleurent, tel qu'est pour nous le saule (Note : Selon Suzanne Amigues, Théophraste, Recherches sur les plantes, I, 2, 3, et note 89, l'emploi du verbe dakruo, "pleurer", est d'usage courant pour désigner la sécrétion de la sève. C'est une métaphore banalisée).

Virgil Solis, Les Héliades,.

De fait l'alignement des peupliers est un motif "iconogène" (on pense à Monet, bien sûr). Philostrate décrit un tableau représentant les Héliades en cours de métamorphose. Très tôt, les éditions d'Ovide seront illustrées de jolies gravures montrant les rangées de filles-peupliers alignées de chaque côté du tombeau de leur frère.

La transformation en peuplier n'est pas exceptionnelle. Ce peut être, on la vu, le sort de Dryopé. C'est aussi celui des sœurs d'une nymphe nommée Diopatra dont Poséidon était amoureux. Pour opérer tranquillement, il enracina les sœurs en les transformant en peupliers ; puis une fois son désir assouvi, magnanime, le dieu les délivra et leur rendit leurs formes premières. c'est ce que raconte Antoninus Liberalis (Les Métamorphoses, XXII). Dans le même but, Apollon mettait en fuite les compagnes de Dryopé : façons contraires de couper court à l'encombrante solidarité du genre féminin.

D'autres héroïnes moins connues donnent des arbres divers. Le peuplier dont il vient d'être question est le peuplier noir, aigerios en grec, populus nigra en latin. Le peuplier blanc intervient aussi dans la série des filles-arbres. Il s'agit du leukè ou populus alba, qui doit son origine à une nymphe océanide, Leuké, enlevée par Pluton qui l'emporta aux Enfers (mythe relaté par Servius, commentateur de Virgile, Énéide, 7, 61). A sa mort - puisque les nymphes ne sont pas immortelles -, Pluton fit pousser aux Champs élyséens un peuplier blanc. Héraclès rapporta l'arbre sur terre, où il conserve des valeurs funéraires."


[... à propos des Hamadryades] L'histoire la plus terrible est celle que raconte Callimaque dans son Hymne à Déméter. L'impie Érysichthon s'en prit à un bois sacré très cher à Déméter. Il voulait en faire le plafond de sa salle à manger. La première frappée, une haute "peuplière" qui touchait jusqu'au ciel, poussa, au premier coup de hache, un son plaintif qui alerta la déesse. Courroucée, celle-ci punit le coupable en le frappant d'une faim inextinguible. après avoir tout dévoré dans la maison, chien, cheval, chatte et souris, après avoir mendié des quignons aux carrefours, lui, le fils du roi, il finit par se ronger lui-même (Note : Ovide remplace ce peuplier par un chêne, quercus, Métamorphoses, VIII, 71 s.).

[...]

On s'attendrait à ce que les peupliers figurent dans la série des arbres larmoyants. Il n'en est rien. Les deux espèces de peupliers, la blanche et la noire - leuké et aigeiros, en grec, populus alba, populus nigra en latin -, sont reconnues comme appréciant les lieux humides et produisant un bois humide également ; désagréable à brûler car dégageant une fumée semblable à celle du bois vert selon Théophraste. Ce sont des arbres à fût droit, réputés stériles : ni fleurs ni fruits, dit-il, ce qui est inexact. Si l'écorce du peuplier blanc se crevasse avec l'âge, ni Théophraste ni Pline ne font allusion à une coulée de sève. Un trait cependant retient l'attention. Théophraste signale que le peuplier blanc fait partie, avec le tilleul et l'orme, des arbres dont les feuilles se retournent après le solstice d'été. Elles présentent alors au soleil leur face intérieure, blanchâtre, tandis que la face supérieure est verte, et l'arbre semble changer de teinte. Théophraste reste prudent. il dit "semblent se retourner", mais le fait paraît attesté. L'observation de cet héliotropisme pourrait être en rapport avec l'assimilation des filles d'Hélios à des peupliers, blancs dans certaines versions du mythe (Note : cependant Apollonios de Rhodes et Philostrate parlent d'aigeroi).

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Contes et légendes :


Charles Thuriet, auteur de Traditions populaires du Doubs (Librairie historique des Provinces, Emile Lechevalier, 1891) rapporte la légende locale suivante :


LA FLUTE ACCUSATRICE (Canton d'Audeux)


Entre Pagney et Jallerange, sur le territoire de ce dernier village, se trouve, non loin de la route, une avenue de peupliers au bord d'un ruisseau. La Nanette Thouret, qui est morte il y a déjà longtemps, racontait à ses petits neveux, pour les endormir, cette histoire merveilleuse :

Un jour, trois jeunes enfants, une petite fille et ses deux petits frères, étaient venus jouer sous les peupliers. Comme c'était au printemps et qu'une sève abondante montait dans les branches des arbres, chacun de ces enfants avait à la main une flûte taillée dans une branche de peuplier. La flûte du plus jeune garçon rendait des sons plus doux et plus mélodieux que celles de son frère et de sa sœur. Poussés par une jalousie criminelle, ces deux-ci tuèrent leur frère et lui prirent sa flûte, après quoi ils l'enterrèrent dans le fossé, sous le peuplier. Dès qu'ils rentrent à la maison, le père et la mère leur demandent où est leur frère. Ils répondent qu'ils n'en savent rien ; que leur petit frère s'est éloigné d'eux et que sans doute il aura été mangé par le loup ; car ils ne l'ont pas revu et n'ont rien retrouvé de lui que sa flûte ...

Or, pendant la nuit, cette flûte se mit à jouer d'elle-même, et elle disait très distinctement : Mon frère et ma sœur m'ont tué pour avoir ma flûte ; ils m'ont enterré dans le fossé qui est sous le peuplier. Dès le matin, le père et la mère se rendent avec les gens du village au lieu désigné. La flûte parlait toujours et disait : C'est là qu'ils m'ont enterré. On creusa dans cet endroit, et, à quelques pieds du sol, on trouva l'enfant mort, qui était beau comme un petit ange. Alors le père demanda aux gens du village ce qu'il fallait faire de ces deux enfants méchants qui avaient tué leur frère pour avoir sa flûte. Les gens dirent tous qu'ils fallait les faire mourir et les enterrer dans le fossé qui est sous le peuplier. Le père désolé voulut savoir ce qu'en pensait la victime. Il lui adressa la parole et le petit mort, ouvrant la bouche, dit : Placez ma flûte sur mes lèvres. On le fit, et aussitôt l'enfant revint à la vie et pria que l'on fit grâce à son frère et à sa sœur, parce qu'ils s'étaient repentis de leur faute.


(Tradition orale recueillie à Jallerange.)

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Littérature :


Dans Eugénie Grandet (1834), Honoré de Balzac brosse le portrait d'un avare de province particulièrement âpre en affaires :


"- Venez, Cruchot ? dit Grandet au notaire. Vous êtes de mes amis, je vais vous démontrer comme quoi c'est une bêtise de planter des peupliers dans de bonnes terres...

- Vous comptez donc pour rien les soixante mille francs que vous avez palpés pour ceux qui étaient dans vos prairies de la Loire, dit maître Cruchot en ouvrant des yeux hébétés. Avez-vous eu du bonheur ?... Couper vos arbres au moment où l'on manquait de bois blanc à Nantes, et les vendre trente francs !"

Eugénie écoutait sans savoir qu'elle touchait au moment le plus solennel de sa vie, et que le notaire allait faire prononcer sur elle un arrêt paternel et souverain. Grandet était arrivé aux magnifiques prairies qu'il possédait au bord de la Loire, et où trente ouvriers s'occupaient à déblayer, combler, niveler les emplacements autrefois pris par les peupliers.

"Maître Cruchot, voyez ce qu'un peuplier prend de terres, dit-il au notaire, Jean, cria-t-il à un ouvrier, me... me... mesure avec ta toise dans tou... tou... tous les sens ?

- Quatre fois huit pieds, répondit l'ouvrier après avoir fini.

- Trente-deux pieds de perte, dit Grandet à Cruchot. J'avais sur cette ligne trois cents peupliers, pas vrai ? Or... trois ce... ce.... ce... cent fois trente-d... eux pie... pieds me man... man... man... mangeaient cinq... inq cents de foin ; ajoutez deux fois autant sur les côtés, quinze cents ; les rangées du milieu autant. Alors, mé... mé... mettons mille bottes de foin.

- Eh ! bien, dit Cruchot pour aider son ami, mille bottes de ce foin-là valent environ six cents francs.

- Di... di... dites dou... ou... ouze cents à cause des trois à quatre cents francs de regain. Eh ! bien, ca... ca... ca... calculez ce que que que dou... ouze cents francs par an pen... pendant quarante ans do... donnent a... a... avec les in.. in... intérêts com... com... composés que que que vous ous saaavez.

- Va pour soixante mille francs, dit le notaire. - Je le veux bien ! ça ne ne ne fera que que que soixante mille francs. Eh ! bien, reprit le vigneron sans bégayer, deux mille peupliers de quarante ans ne me donneraient pas cinquante mille francs. Il y a perte. J'ai trouvé ça, moi, dit Grandet en se dressant sur ses ergots. Jean, reprit-il, tu combleras les trous, excepté du côté de la Loire, où tu planteras les peupliers que j'ai achetés. En les mettant dans la rivière, ils se nourriront aux frais du gouvernement, ajouta-t-il en se tournant vers Cruchot et imprimant à la loupe de son nez un léger mouvement qui valait le plus ironique des sourires.

- Cela est clair : les peupliers ne doivent se planter que sur les terres maigres, dit Cruchot stupéfait par les calculs de Grandet."

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Dans "Prélude de Pan" nouvelle issue du recueil Solitude de la pitié (1932) de Jean Giono, la nature est à l'honneur, comme dans toute la période "panique" de l'écrivain :


"C'est au milieu de ce silence qu'un homme arriva, par le chemin de la forêt. Il venait dans l'ombre des maison. il Avait l'air de se musser sous cette ombre. Il allait deux pas, puis il épiait, puis il faisait encore quelques pas légers en rasant les murs. Il vit notre peuplier. Alors il osa traverser une grande plaque de soleil et il vint vers l'arbre. Il resta là un moment à renifler. il prenait le vent. Il avait le dos rond, comme les bêtes chassées. De sa main, il caressait la vieille peau de notre arbre. A un moment il abaissa une branche et mis sa tête dans les feuilles pour les sentir. Enfin, il s'avança jusqu'au café du Peuple, il écarta le rideau et, doucement, il entra."

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Dans Éclats de sel (Éditions Gallimard, 1996) Sylvie Germain met en scène un personnage principal qui se retrouve en proie à des doutes existentiels qui le déstabilisent d'autant plus qu'il rencontre des individus tous plus bizarres les uns que les autres :


« A Birkenau les bourreaux avaient planté des u autour du camp, parce que ces arbres poussent vite et haut, et forment écran contre les regards indiscrets. Les peupliers sont toujours là-bas, très élancés et frissonnants, seuls rescapés du grand massacre. Ils se tiennent à la lisière de cet enfer fait de mains d'hommes pour y supplicier d'autres hommes, comme la nymphe Leuké métamorphosée en peuplier par le dieu des morts et plantée par lui au seuil des Enfers. Les peupliers de Birkenau dont les bourreaux voulaient faire leurs acolytes n'ont jamais eu que faire, eux, de cette abjecte complicité, et ils témoignent avec une absolue pudeur en faveur des victimes dont il ne reste rien, - rien qu'une souffrance à jamais sans consolation. » Ces arbres funéraires perpétuent le silence qui emura ce lieu, et ils dénoncent ce silence d'une humanité en faillite d'âme, et tout autant d'un Dieu en ru^ture de miséricorde. Et ils accordent la légende, qui fit d'eux des arbres liés à la douleur, à la mort et aux larmes, avec l'Histoire qui les dressa en marge d'une de ses pages les plus enténébrées.

« Reprendrez-vous un peu de café ? » Ludvik déposa son gobelet sur le bord du guichet ; il était transi de froid mais ne pensait plus à déguerpir, quelque chose à présent le retenait. Ce que venait de raconter cet homme correspondait tout à fait à ce qu'il avait ressenti lorsque lui-même, une quinzaine d'années plus tôt également, s'était rendu à Auschwitz-Birkenau. Les peupliers qui tremblaient dans lz néant du lieu comme les Héliades inconsolables de la mort de leur frère Phaéton précipité du ciel, le corps en flammes. Le kiosquier lui reversa du café et continua son monologue.

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Dans le roman policier Nymphéas noirs (Éditions Presses de la Cité, 2010), Michel Bussi construit une intrigue mêlée d'histoire de l'art qui se passe à Giverny. Les nénuphars sont bien sûr à l'honneur mais pas seulement :


Ce matin d'ailleurs, dehors, le bruit des tronçonneuses était infernal. J'ai appris ça il y a peu de temps. Il sont décidé, à ce qu'il paraît, de scier quatorze hectares de peupliers. Oui, abattre des peupliers ! Ici, à Giverny ! D'après ce qu' j'ai compris, ce peupliers ont été plantés au début des années 1980, des petits arbrisseaux de rien du tout à l'époque, sans doute pour rendre le paysage plus impressionniste encore. Sauf que, depuis, des spécialistes, d'autres sûrement, ont expliqué que ces peupliers n'existaient pas du temps de Monet, que le paysage de la prairie qu'admirait le peinte à la fenêtre de sa maison était ouvert, et que plus les peupliers poussent, plus leur ombre recouvre le jardin, l'étang, les nénuphars... Et moins l'arrière-plan des tableaux de Monet devient reconnaissable à l'horizon par les touristes. Donc, c'est apparemment décidé, après avoir planté les peupliers, maintenant, on les coupe ! Pourquoi pas après tout, si ça les amuse. Il y a des Givernois qui gueulent, d'autres qui applaudissent. Moi, je vais vous dire, aujourd'hui, je m'en fous.

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Poésie :

Effacement du peuplier


L’ouragan dégarnit les bois. J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres. Laissez le grand vent où je tremble S’unir à la terre où je crois.


Son souffle affile ma vigie. Qu’il est trouble le creux du leurre De la source aux couches salies !


Une clé sera ma demeure, Feinte d’un feu que le cœur certifie ; Et l’air qui la tint dans ses serres.


René Char, "Effacement du peuplier" in Le Nu perdu, 1971.

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