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Photo du rédacteurAnne

Le Fayard, l'arbre des fées

Dernière mise à jour : 26 oct.





Étymologie :


  • HÊTRE, subst. masc.

Étymol. et Hist. a) Ca 1220 hestre « jeune hêtre » (Constant Du Hamel, éd. C. Rostaing, 321) ; b) 1301 hestre (doc. ds Gay). De l'a. b. frq. *haistr (cf. néerl. heester « arbuste »), dér., à l'aide du suff. -tr, servant à former les noms d'arbres (cf. apholtra), du rad. de *haisi « buisson, fourré » qui est entré en gallo-roman sous trois formes différentes. *Haistr est devenu roman plus tard que haisi et haisia (v. hazier), de sorte que ai y était devenu ei. Il a éliminé l'ancien français fou (v. fayard, fouet) désignant les grands arbres, tandis que hêtre était le nom donné aux jeunes troncs qu'on coupait régulièrement et qui repoussaient généralement sur les souches. Cette distinction s'est perdue par la suite et hêtre, remplaçant fou, a fini par désigner l'arbre adulte.


Voir aussi la définition du nom "hêtre".


Autres noms : Fagus sylvatica L. - Aité - Até - Fa - Fahy - Faillard - Faînier - Faou (Savoie) - Faux - Fawe (Wallonie) - Fayard - Faye - Fayet - Feuille - Fou - Fouelle - Foutale - Fouteau - Foyard - Hêtre des forêts -

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Toponymie :

- issus de *baco-, *bagina, nom celte du hêtre : Bagiry - Beaumont-en-Beine - Beine - Beine-Nauroy - Beyne - forêt de Beynes (ancien nom de la forêt de Cerisy) - Neuville-en-Beine.

- issus de *buk, germanique : Beucres - Boncourt - Bouquehault - Bouquehaut - Bouquelon - Bouquemaison - Bouquemont - Bouquet - Bouquetot - Bouqueval - Buchelyay - Buchenwald - Buchères - Buchwald - Buchy - Westbécourt.

- issus de *fay-, *faux, *feu, de fagus : Aix-la-Fayette - Auffay - Barbonne-Fayel - Beaufay - Beffeux - Belfaux - Belfays - Berfay - Bois de Faye - Braye-soue-Faye - Châteanuneuf-du-Faou - Colofay - Crete-du-Feu - Entre-Foux - Etelfay - Faël - Fahy - Fahy-lès-Autrey - Fahyn - Faix - Faoug - Fau.

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Botanique :


Au cœur des arbres, cellules et vaisseaux prennent place et se développent au cours du temps. Leur agencement donne parfois lieu à de poétiques figures, immortalisées par les chercheurs.

Quels amoureux transis ont ainsi gravé leur amour ? Le hasard et la nature ! Le premier a donné cette forme de cœur à un bourgeon de hêtre, responsable de la croissance en hauteur de l'arbre. La seconde l'a fait grandir en conservant cette configuration. Autour de ces cellules rondes empilées, qui constituent la moelle, d'autres types cellulaires s'organisent pour former le bois proprement dit.

Les bandes roses qui semblent irradier sont le parenchyme, le tissu dans lequel l'amidon, réserve énergétique des plantes, est stocké. Entre chacun de ces rayons s'intercalent de gros vaisseaux de xylème, en blanc : ils sont chargés d'acheminer l'eau et les sels minéraux - la sève brute _ des racines jusqu'aux feuilles. des vaisseaux de phloème, sous l'écorce (non visible ici), redistribueront ensuite la sève élaborée, chargée en sucre, vers les organes qui en ont besoin (bourgeons, fleurs, fruits...). Quant aux petites cellules rondes, au milieu du xylème, elles assurent la rigidité de l'arbre."

Jeu de Mémoire Au cœur de la matière, éd. Ullmann ; photo Bruno Clair.

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Philippe Domont et Edith Montelle nous proposent un dossier complet de cet arbre dans Histoires d'arbres, des sciences aux contes, Éditions Delachaux et Niestlé, 2003) :


"Le hêtre, l'arbre aux pinsons"


En l'absence de civilisation humaine, le hêtre couvrirait d'importantes étendues en Europe, dont beaucoup de surfaces occupées aujourd'hui par l'agriculture. En France, les grandes hêtraies, pures ou mélangées, seraient dominantes, et remplaceraient souvent les chênaies ou les reboisements de résineux. Le bois du hêtre a été surexploité en maintes régions autrefois, notamment en raison de son pouvoir calorifique. La situation s'est inversée depuis et le bois de hêtre mériterait d'être davantage utilisé, pour des raisons aussi bien écologiques qu'économiques.

Quel est l'arbre aux noms multiples, dont le nom courant est un héritage des Francs et dont les noms populaires évoquent le foyer, le feu et la fête du renouveau ? L'arbre protecteur dont les fruits viennent en aide aux hommes et aux animaux pendant les années de famine ? Celui dont le tronc élancé invite à la prière et à la méditation et qui fut choisi comme premier temple par les habitants de l'Europe tempérée ? C'est le hêtre, cet hôte majestueux de nos forêts. Les pinsons raffolent de ses faines, ses feuilles d'or sont le cadeau des fées, son huile qui ne rancit pas pouvait être consommée même pendant les jours de Carême. Il prend parfois un aspect étrange de gnome rabougri, et c'est alors l'arbre des sorciers et des brigands de grands chemins, comme les Jolis Fous de Lorraine et les faux de Champagne.


Le roi des feuillus : si le bouleau, le tremble ou le mélèze sont des "pionniers" qui créent de l'humus forestier sur les sols encore bruts, le hêtre, le sapin et l'épicéa font partie des "bourgeois" qui profitent de l'initiative des premiers, s'installent et sont difficiles à déloger une fois établis. Les hêtraies, comme les sapinières et les pessières constituent des forêts climaciques, stables à long terme. Une hêtraie succède à une hêtraie, ce qui n'est pas le cas d'une forêt de mélèzes ou d'un bois de bouleau. Les forêts climaciques ne cèdent leur place qu'après une destruction violente (incendie, éboulement, avalanche) ou à la suite d'un bouleversement climatique.

L'intérieur des hêtraies est assez sombre, car les feuilles du hêtre n'ont besoin que de peu de lumière pour assurer la photosynthèse (elles vivotent encore avec 2% de luminosité) et les branches peuvent facilement se superposer. Cet ombrage, hostile à la végétation basse, explique l'impression de "propreté" qui émane de l'intérieur des hêtraies - et le sentiment aussi de pénétrer dans une cathédrale végétale, dont les longs troncs gris sont les colonnes.

Autre conséquence de la tolérance du hêtre à l'ombrage : on peut se demander combien de chênaies actuelles, si elles étaient laissées à elles-mêmes, resteraient chênaies à long terme. A Fontainebleau, par exemple, les hêtres, plus vigoureux, prennent lentement la place des chênes, qui ont été favorisés au Moyen-Âge. Sous le couvert des chênes, qui se sont d'autant plus serrés que l'on a voulu renoncer aux interventions humaines, il y a en effet, assez de lumière pour le hêtre, mais pas assez pour le chêne. [...]

Plante européenne, le hêtre s'est fortement étendu depuis 4000 ou 5000 ans, à la faveur d'un climat plus frais et plus humide. Aujourd'hui, il est l'essence feuillue principale dans une grande partie de l'Europe, si bien que l'on peut parler d'un âge du hêtre. Même en France, pays du chêne, on rencontre un hêtre pour deux chênes. Il s'installe notamment dans les Vosges, le Jura et le Massif central, en plaine dans le Nord de la France et en altitude dans le Sud. Lorsque la pluviosité est suffisante, c'est-à-dire supérieure à 800 mm par an, il se hisse à 1400 m et même plus haut dans la partie sud des Alpes. Si le réchauffement climatique se poursuit, la situation pourrait s'inverser à l'avantage des chênes.


A l'ombre de l'arbre-mère : les écoliers de ce village jurassien étaient inquiets pour leur forêt. Le message du panneau planté au début du sentier nature de la commune semblait clair : en 1910, on avait planté ici 450 000 feuillus et résineux. L'inventaire effectué 90 ans plus tard indiquait encore environ 10 000 arbres, soit 2% du nombre initial. Que de conjectures sur l'origine de cette hécatombe ! Dépérissement des forêts, maladies, déforestation ? Le panneau ne donnait pas de réponse... Ces chiffres reflètent en fait l'évolution parfaitement normale d'une jeune forêt qui parvient à l'âge adulte. Si un jeune arbre planté se contente d'un mètre carré, il lui en faudra 50 fois plus après cent ans. La taille des arbres augmentant avec les années, une double concurrence s'installe : sous terre, les racines entrent en compétition pour les ressources d'eau et de sels minéraux, au-dessus les branches et les feuilles se disputent la lumière.

Le même phénomène se produit en cas de régénération naturelle de la forêt, à partir des graines. Au printemps suivant une année riche en faines, les petites plantules de hêtre se pressent en grand nombre sous les frondaisons des parents (souvent 10 à 20 par mètre carré). Comme les fleurs printanières, elles se sont mises à croître avant les grands arbres, pendant que la lumière atteint encore le sol. Elles accumulent ainsi quelques réserves pour l'année, trop pour sécher tout de suite, pas assez pour se développer vraiment. Les mères prolifiques, quant à elles, ne peuvent pas céder la place à leur progéniture, à moins de mourir. En attendant, pendant des décennies, les plantules du sous-étage vont sécher à l'ombre des parents, jusqu'au jour où une tempête, la chute d'un arbre pourri ou la tronçonneuse du bûcheron découpera un espace dans le toit de chlorophylle.

Au contact de la lumière, les jeunes hêtres croissent vigoureusement et la compétition sévit bientôt au sein de la même génération : des centaines ou milliers de prétendants espèrent occuper la place libérée par le vieux hêtre. Un siècle plus tard, ils auront tous disparu, sauf le vainqueur de la course à la lumière et quelques compagnons moins chanceux, dont la couronne étriquée reçoit juste assez de lumière pour vivoter à mi-hauteur dans l'ombre, sans jamais accéder à la strate des dominants. Le vainqueur pourra espérer atteindre 100 à 150 ans en forêt gérée, peut-être 200 ou 300 ans dans une forêt laissé à elle-même. Ces hêtres dominants sont maintenant 100 à 150 par hectare, ce qui représente moins d'un pour mille du nombre des prétendants. Lorsqu'ils ont atteint leur taille définitive, ils n'ont plus guère à lutter contre leurs voisins. Leur nombre reste stable jusqu'à la phase de décrépitude naturelle ou jusqu'à l'intervention du sylviculteur. [...]


Du bois surexploité au bois écologique : bois assez dense, facile à fendre, le bois de hêtre est un des meilleurs bois de feu. Surexploité jusqu'au milieu du XIXème siècle, il a dans le passé joué un rôle de premier plan dans l'approvisionnement énergétique des ménages et des industries naissantes, fonderies, forges, salines ou verreries, avant l'arrivée du charbon, puis du pétrole. A l'instar des chênaies, dont la valeur était exprimée en nombre de porcs que l'on pouvait y nourrir, les hêtraies étaient jugées sur la quantité de bois d'énergie qu'elles pouvaient livrer. Symétriquement, la valeur d'une forge dépendait essentiellement du volume de bois situé à une distance de transports raisonnable. [...] Même les cendres du hêtre, riches en potasse, constituaient un produit important pour l'économie et entraient dans la fabrication du savon et du verre. On ajoutait également aux lessives des cendres récupérées dans le foyer de la cuisine.

Ayant perdu une bonne partie de son importance après l'apparition du charbon et du pétrole, le bois de hêtre fait toujours partie de la vie quotidienne des Européens : pupitres et chaises des classes d'école, escaliers, parquets, meubles modernes, traverses de chemin de fer, berceaux, jouets d'enfants, spatules et planches à pain, sans oublier la pâte à papier. Il a la rare particularité d'allier la dureté à la capacité de se laisser plier (à chaud), si bien qu'il intéresse beaucoup les designers à la recherche de concepts modernes et de lignes futuristes dans l'ameublement. [...] La récolte judicieusement menée de ce produit naturel - pour la construction comme pour le chauffage - entraîne de nombreux effets favorables : stabilité des forêts de protection, diversité des espèces de plantes et d'animaux, prévention du réchauffement climatique, qualité de l'habitat.


La Riviera des pinsons du Nord : les hêtres produisent des graines pratiquement chaque année, mais les véritables fainées ne se produisent que tous les 6 à 7 ans. Ces années-là, au printemps, le promeneur attentif se rend compte qu'il marche sur un parterre de fleurs tombées au sol. En automne, les couronnes sont criblées de petits points noirs. Ces faines, avec les glands et tous les fruits comestibles étaient au menu de nos ancêtres.. Ces "noisettes à trois côtes", qui contiennent jusqu'à 20% d'huile, ainsi que des protéines très nourrissantes, apparaissent fréquemment dans les macro-restes alimentaires des fouilles archéologiques. On en faisait une huile de table excellente et à haute durée de conservation. Et les porcs s'en rassasiaient aussi lorsqu'on les menait s'engraisser en forêt, même s'ils préféraient les glands.

Les pinsons du Nord migrent par millions vers le sud en hiver à la recherche de nourriture, surtout de faines. Le niveau de leur population varie en fonction de la quantité de leurs graines préférées. Le dernier en date des grands rassemblements de pinsons du Nord eut lieu durant l'hiver 2001-2002, année de faines, dans le Jura suisse, près de Porrentruy. Pendant trois mois, de décembre à mars, 30 millions de pinsons ont habité une grande hêtraie de la région. De leur dortoir, qui mesurait 300 sur 400 mètres, ils s'envolaient chaque matin par groupes plus ou moins importants à la recherche de nouvelles hêtraies où se nourrir. Ils parcouraient parfois plus de 50 km. A la vitesse de 50 à 60 km/h, le vol simple pouvait donc durer une heure. Tous les soirs, à la même heure, ils revenaient au dortoir, observés par une foule internationale de curieux, de photographes et de naturalistes.


Le mai dont on attend les premières feuilles : dans le jura franco-suisse, l'apparition des feuilles de hêtre est le signal du début des travaux agricoles.

Lorsque le mai (un des noms du hêtre) pousse ses feuilles de bonne heure, on aura une année très productive. Si cet arbre donne ses feuilles en avril, votre femme vous mènera tout l'an par le bout du nez ; si les feuilles viennent en mai, vous serez le maître dans votre maison. Au XIXème siècle, si le premier dimanche de mai, le hêtre n'avait pas feuillé, les garçons du Val-de-Ruz, dans le canton de Neuchâtel, n'avaient pas le droit de chanter le mai devant les maisons des filles ni de les embrasser ce jour-là. Les filles se moquaient alors d'eux et leur faisaient des pieds de nez. Certaines années, les garçons de Dombresson descendirent jusqu'à Pierre-à-Botavant pour trouver du mai feuillé. En Russie, c'est à Pentecôte que les jeunes gens allaient couper un hêtre nouvellement feuillé, l'apportaient dans les maisons où il était revêtu comme une femme. Cet arbre restait là, au coin de la cheminée, jusqu'à la Saint-Jean, où il était brûlé.


Le Fou : l'un des noms du hêtre est le fou, qui a donné naissance à de nombreux toponymes. Au Moyen Âge et à la Renaissance, les jongleurs et poètes ont largement plaisanté en rapprochant l'homme de l'arbre.

Sur le tableau de Jérôme Bosch intitulé La Nef des Fous, [...] le mât, véritable mât de cocagne, est un jeune hêtre nouvellement feuillé. Jérôme Bosch, comme beaucoup d'artistes de son époque, était friand de rébus, que l'on peut déchiffrer dans ce tableau où le hêtre occupe la place centrale."

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Hêtre :


Propriétés Physiques et Chimiques. Les fruits nommés faines sont inodores ; ils contiennent sous leur épisperme brun et coriace un parenchyme blanc et consistant, d'une saveur douce très agréable et analogue à celle des noisettes ; ce parenchyme est composé d'une fécule nutritive et d'une assez grande quantité d'huile fixe. Cent kilogrammes de faînes donnent environ 21 kilogrammes d'huile ; cette huile obtenue par expression est très consistante et d'un jaune clair ; elle est inodore ; sa saveur est fade et agréable ; elle peut se conserver plusieurs années sans rancir. Elle est très usitée dans l'est de la France comme alimentaire et pour l'éclairage. Elle est quelquefois falsifiée par l'huile de noix. L'écorce aussi inodore a une saveur austère ; elle contient un principe astringent. Les copeaux du bois servent en Allemagne pour hâter l'acétification de l'alcool.


Usages médicaux. L'écorce de hêtre est astringente et fébrifuge ; elle a été employée avec succès dans le traitement des fièvres intermittentes par Fuhrmann en décoction à la dose de 15 à 50 grammes ; elle est dite aussi apéritive, purgative et même vomitive par Desbois . On prétend que les faînes contiennent un principe vénéneux ; mangées en trop grande quantité on leur a vu produire des symptômes cérébraux analogues à ceux que cause l'ivresse (Hesse, Cazin) ; il faut donc en user modérément.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Je dois noter pourtant qu'en Savoie, la faîne ou le fruit du fayard, Fagus silvatica, est regardée comme dangereuse par les paysans qui la laissent perdre. Villars affirme qu'elle « porte à la tête, enivre et donne la migraine ». Pourtant, dans ma jeunesse, en parcourant les forêts en automne, il m'est plusieurs fois arrivé d'en remplir mes poches et d'en manger des quantités notables, et jamais je n'ai ressenti de migraines et n'ai éprouvé la moindre migraine.

[...]

La faine du fayard, Fayard silvatica, est dédaignée maintenant, tandis que nos ancêtres de l'époque préhistorique en faisaient des provisions dont en a retrouvé quelques-unes dans la vase, parmi les débris des populations lacustres. Nos montagnards affirment que l'huile de faine est malsaine et même dangereuse, ce qui est une erreur, puisqu'elle est employée en grand pour l'alimentation dans le nord de l'Europe.

[...]

Les irritations des gencives [sont traitées] en mâchant les feuilles fraîches de faou, fayard ou hêtre, Fagus sylvatica, qui auraient la propriété de raffermir les dents ébranlées ; chose singulière, les feuilles de chêne bien plus actives sont rarement employées.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


HETRE. Cet arbre, dans les contrées pyrénéennes et d'autres pays encore, est regardé comme consacré aux fées, ce qui vient peut-être de ses dimensions qui sont colossales ; de l'espace arrondi et dégarni d'arbrisseaux qui se forme à son pied ; et de ce qu'il a toujours joué un rôle dans les mythologies des anciens peuples. On croit généralement, en Amérique, que le hêtre à larges feuilles, variété de celui d'Europe, n'est jamais frappé de la foudre ; et cette opinion est tellement établie dans l'Etat de Tennessee, par exemple, que les plantations de cet arbre sont toujours un lieu de refuge dans les temps d'orage. La Buchowine, province au sud-est de la Galicie, et qui appartient à la Turquie, porte un nom qui veut dire bois de sang, parce que les habitants primitifs, les Moldaves, croyaient que les hêtres, dont leurs forêts étaient en partie composées, sur les flancs des Carpathes, étaient du même bois que la croix du Sauveur. Le pal de hêtre est celui qu'on emploie spécialement en Turquie pour le supplice des voleurs de grands chemins. Aussi les habitants des campagnes ne font- ils jamais. usage des branches de cet arbre pour les broches avec lesquelles ils rôtissent les agneaux ; el ce n'est qu'en l'anathématisant qu'ils parlent du hêtre.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du hêtre :


HÊTRE - PROSPÉRITÉ.

Le hêtre peut être regardé comme le rival du chêne par la beauté de son port et l'utilité de son bois ; il croit partout et s'élève si promptement qu'on dit en proverbe qu'on le voit prospérer à vue d'œil.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Hêtre - Prospérité.

Le hêtre croît très vite et donne une grande abondance de faines ou graines propres à faire de l’huile.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


HÊTRE COMMUN – PROSPÉRITÉ. -

Voici quelle fut l'iniquité de Sodome : l'orgueil, l'intempérance et l'opulence, et l'oisiveté d'elle et de ses filles ; elles ne tendaient point la main aux pauvres et à l'indigent.

Ezéchiel, XVI, 49.

Ne soyez point ému de la prospérité des méchants, n'enviez pas ceux qui commettent l'iniquité. En un instant ils seront coupés comme l'herbe ; ils tomberont comme la fleur des champs.

Psaumes. XXXVI, 1, 2.

Le hêtre commun est un de nos plus beaux arbres forestiers qui s'élève à la hauteur de 25 à 30 mètres. Il croit avec la plus grande rapidité et est excellent dans un grand nombre d'usages ainsi que nous allons le voir ; aussi fait-il la prospérité des forêts où il abonde. Par la beauté de son bois et l'épaisseur de son feuillage, il peut le disputer au chêne avec lequel il avait été consacré à Jupiter. C'est de lui que Bernis a dit :


Cent ans il repoussa la guerre

Des aquilons impétueux ;

Inébranlable et fastueux,

Il foulait le sein de la terre ;

Son front brûlé par le tonnerre,

En était plus majestueux.

Quels Dieux ont causé sa ruine !

Un bûcheron faible et courbé

A frappé l'arbre en sa racine,

Le roi des forêts est tombé.


Le hêtre commun est vulgairement connu sous les noms de feau, foyard , fayard , fouteau, etc.


DU HÊTRE COMMUN.

Le hêtre commun habite les climats tempérés de l'Europe. Il se plait sur la base des montagnes, sur les côteaux et fleurit au printemps. Son tronc est droit, bien proportionné dans toute sa longueur, revêtu d'une écorce grise parfaitement unie, et couronné par une vaste cime. Ses rameaux se garnissent de feuilles ovales, d'un vert luisant et comme glacé en-dessus, couvertes en-dessous d'un vert argenté. Ces feuilles deviennent ordinairement d'un rouge vif à l'automne et sont purpurines dès leur naissance dans une variété qu'on cultive dans les jardins sous le nom de hêtre pourpre.. Partout le hêtre est en honneur dans les poésies champêtres. C'est sous son épais feuillage que Corydon vient gémir de l'indifférence d'Alexis (Virgile. Eglogues. I , v. 3 ).

Ailleurs Mopsus trace sur l'écorce unie du hêtre les vers qu'il a composés sur la mort de Daphnis. (Virgile, Eglogues. V. v. 13). Le hêtre ainsi qu'une partie de ses propriétés, était parfaitement bien connu des anciens Pline en donne une description qui ne laisse aucun doute. « Le gland du hêtre, dit-il, est semblable à un noyau renfermé dans une enveloppe triangulaire. Les feuilles sont minces, légères, semblables à celles du peuplier, elles jaunissent de bonne heure. Ses graines sont recherchées avec avidité par les grives, les mulots et les loirs . » Il ajoute ailleurs, que « le hêtre, di visé en planches minces , servait à faire des caisses, des vases destinés pour les cérémonies religieuses. » (PLINE, LIV. XVI, chap. 6.)

Mais c'est surtout sous le rapport de l'économie rurale ou domestique que nous devons considérer le hêtre . Il vit plusieurs siècles , et il pourrait enrichir les campagnes où il croît abondamment. Mais on n'a guère remarqué que l'onctuosité de son bois , la pureté de sa flamme, la chaleur ardente qu'il procure, et cette aveugle préférence donnée à son état de mort a partout accéléré sa destruction. Nos pères, qui se délassaient sous le frais ombrage de sa robe brillante, savaient mieux l'apprécier ; ils se nourrissaient de son fruit huileux , agréable, surtout de celui qui donne la faine la plus rouge, la plus allongée. Cette espèce d'amande à un goût qui se rapproche de celui de la noisette. On la mange grillée comme la châtaigne.

On exprime des faines une huile douce, fine, d'une saveur agréable. Il faut les cueillir à mesure qu'elles tombent, les porter dans un lieu exposé à un grand courant d'air et ne point trop les amonceler, afin qu'elles sèchent plus vite. Après la dessication convenable des amandes, on les nettoie avec soin et on choisit un jour passablement chaud pour les moudre ; car plus il fait froid, moins le fruit donne de l'huile. Lorsque cette huile est fraiche, elle a une saveur désagréable, mais elle se perfectionne en vieillissant , surtout si on la renferme dans des cruches de terre et si l'on a soin de la tirer à clair six semaines après qu'elle est faite. Cette huile bien préparée est après celle de l'olive, la meilleure que l'on connaisse . Elle a même sur celle d'olive un grand avantage, celui de se conserver dix ans et plus. Elle peut remplacer toutes les huiles pour la plupart des préparations cu linaires, surtout pour la friture. On la vend très souvent dans les départements septentrionaux pour de l'huile d'olive.. Les quadrupèdes, les bêtes fauves, presque tous les animaux domestiques sont très friands des faines. Ces amandes engraissent très- bien la volaille . On les conserve dans un lieu sec, bien aéré et à l'ombre. Les marcs de l'huile formés en gâteaux engraissent aussi en peu de temps les beufs, les vaches, etc. Enfin les moutons mangent volon tiers les feuilles du hêtre. La qualité du bois de hêtre dépend beaucoup du sol et de l'exposition. Il est excellent pour le chauffage, il donne un feu vif et clair, mais il brûle promptement. C'est le combustible de celui qui n'aime pas à souffler le feu ; on en fabrique des rames, des bateaux, des brancards, des affûts de canon, des tables de cuisine, des pelles, des caisses, des sabots et des quilles. On ne saurait croire jusqu'à quel point s'étend la consommation des sabots faits avec le seul bois du hêtre. c'est la chaussure du montagnard, de l'ouvrier de campagne, du fermier, du laboureur et même du propriétaire aisé qui craint le rhume et qui veut se préserver du froid humide qui le donne. Le hêtre, ainsi qu'une grande partie de ses propriétés, étaient très bien connus des anciens . Dans les premiers temps de la république romaine, on en faisait des coupes, plus tard il fallut aux maitres du monde, pour savourer dignement le Falerne, des coupes d'or, enrichies de perles et de diamants. RÉFLEXIONS. Les grandes prospérités nous aveuglent, nous transportent, nous égarent, Il n'y a rien de plus misérable que de prospérer dans le mal, puisque cette fausse prospérité nous font oublier Dieu, nous -mêmes et nourrit et entretient les sentiments de la foi. l'impunité et la licence qui sont les plus (Bossuet, Oraisons funeb . ) terribles punitions des méchants et pour qui leur mauvaise volonté se fortifie de plus en plus chaque jour. ( S7 AUGUSTIN , Lettres.)

Dieu qui nous promet de ne nous pas abandonner dans les tribulations, ne nous fait pas espérer la même grâce dans la prospérité.

(Mme DE LA SABLIÈRE.)

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Hêtre - Prospérité.

Le hêtre croit très vite et produit une grande abondance de faines ou graines propres à faire de l'huile. Employé comme bois de chauffage, il donne une flamme pétillante.


Souvent à mon foyer champêtre,

Je me fais un utile jeu

De voir consumer par le feu

Le tronc vénérable d'un hêtre.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


HÊTRE : Prospérité.

Cet arbre croît en effet très vite, il est majestueux et semble braver la tempête et la foudre.


Cent ans il repoussa la guerre

Des aquilons impétueux ;

Inébranlable et fastueux

Il foulait le sein de la terre ;

Son front brûlé par le tonnerre

En était plus majestueux. BERNIS.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Hêtre (Fagus silvatica) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Saturne

Divinités : Deux des trois épouses d'Odin : Iord, la terre inhabitée, et Ring, la terre engourdie par l'hiver. Chez les Germains et les peuples du Nord, cet arbre a été consacré à de nombreuses divinités terrestres, en général protectrices, plus rarement funèbres.

Pouvoirs : Réalisation des vœux.


Dans l'île de Rügen, sur la Baltique, était un bois de Hêtres consacré à Hertha, déesse de la terre. Celle-ci y vivait avec ses courtisanes et ses servantes, et n'en sortait qu'à certains jours déterminés, dans un char tiré par huit génisses blanches.


Utilisation rituelle : Arbre ambivalent, le Hêtre semble avoir symbolisé, pour beaucoup de peuples, la mort ésotérique, c'est-à-dire la mort temporaire (saisonnière), suivie d'une renaissance plus ou moins joyeuse. D'une manière générale, il fait partie des végétaux exerçant une influence bénéfique. Les coupes servant aux sacrifices étaient en bois de Hêtre. D'après Lucien, l'oracle de Dodone sortait aussi des Hêtres sacrée.

La bûche de Noël, sans laquelle, dans le monde chrétien, il ne saurait y avoir de veillée, était traditionnellement en Hêtre ou en Ormeau. En Bretagne, on la nommait Kef Nedelek et ses charbons éteints jouissaient de propriétés surnaturelles. En Provence, elle s'appelait lou cachofio ; on l'aspergeait trois fois de vin avant de l'allumer en disant :

« Dieu nous fasse la grâce de vivre l'an qui vient ;

Si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins. »

Si le 1er mai les Hêtres n'avaient pas feuillé, les garçons n'avaient pas le droit d'aller chanter le mai devant les maisons des filles ni de les embrasser ce jour-là. Alors les demoiselles les plaisantaient et leur faisaient des pieds de nez (canton de Neuchâtel, Suisse).

Une branche de Fia (Hêtre) fichée en terre devant la porte d'un jeune homme, pendant la nuit, indique qu'il doit cesser de se conduire en gamin, qu'il est désormais un homme, qu'il a la force de se battre avec le fia (fléau à blé), qu'il peut gagner sa journée d'homme (région de Dijon).


Utilisation magique : Lorsqu'un vœu vous tient fort à cœur, cet arbre peut peut-être vous aider. Coupez, le 12 janvier, deux rameaux bien sains et assez jeunes. Sur l'un, écrivez, ou gravez finement votre vœu. Sur l'autre, le souhait qui vient immédiatement après au cas où le vœu initial serait irréalisable. Enterrez vos deux rameaux au pied d'un mur fortement éclairé la nuit par les rayons de lune. Dès les prémices de bourgeonnement du Hêtre sur lequel ces rameaux ont été prélevés (en général pendant la seconde quinzaine de mars), sortez-les vite de terre et greffez-les sur l'arbre dont ils sont issus.

La greffe qui prendra vous dira ce qu'il en sera de vos vœux. Si les deux greffes avortent, il ne faut plus penser à ces projets.

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Cet arbre, qui présente toujours à son pied un espace arrondi et dégarni, appelé « cercle des fées », est le lieu de réunion où dansent aussi ces créatures mystérieuses. Désiré Monnier relève d'ailleurs que fau (hêtre) signifiait en même temps « fayard » et « fée », notamment dans la langue rustique de la Franche-Comté. Le Beau May, hêtre situé près de Domrémy (Champagne), au côté duquel se trouvait une fontaine miraculeuse, était considéré au XIVe siècle comme hanté par les fées qui y avaient enfoui une mandragore. Jeanne d'Arc elle-même, visita le Beau May comme le témoigne son interrogatoire du 24 février 1430 : « dit qu'elle a ouy dire que les malades [...] vont à l'arbre pour leur esbattre et dit que c'est un grand arbre nommé "fou", dont vient le Beau May. [...] Dit qu'elle a ouy dire à plusieurs anciens que les fées y reparaient [apparaissaient] et a ouy dire à une nommée Jehanne, femme du mari de la fille de sa marraine, qu'elles les avaient vues là, [...] item, qu'elle a ouy dire à son père qu'elle aurait prins révélation à l'arbre et des fées ».

Le hêtre, dans lequel on façonnait les coupes des sacrifices, a joué un grand rôle dans les mythologies des anciens peuples. En Grèce, l'oracle de Dodone sortait non seulement des chênes sacré mais aussi des hêtres sacrés. L'arbre fut consacré au Jupiter latin, à deux des trois épouses d'Odin et à de nombreuses divinités germaniques. Hertha, déesse de la terre, vivait avec sa cour et ses servantes dans un bois de hêtres sur l'île de Rugen, dans la Baltique plus tard, certains, comme les Moldaves, en ont fait le bois de la croix de Jésus-Christ tandis qu'en France notamment, la bûche brûlée traditionnellement à Noël et dotée de nombreux pouvoirs était en hêtre.

L'arbre, qui symboliserait « la mort ésotérique, c'est-à-dire la mort temporaire (saisonnière), suivie d'une renaissance plus ou moins joyeuse », et néanmoins considérée comme bénéfique, est comme protégé par une autorité supérieure : il ne peut pas être frappé par la foudre. Cette croyance, existant aussi en Afrique pour les hêtres à larges feuilles, était si ancrée autrefois que dans de nombreux endroits des États-Unis ceux qui craignaient l'orage s'abritaient sous des hêtres. Cette pratique, plutôt imprudente, était signalée encore au XIXe siècle.

L'arbre aux fées permet à celui qui s'endort sous son ombre de faire de jolis rêves ; la jeune fille qui, dans cette circonstance, voit en songe son futur époux aura un mariage très heureux.

pour savoir si un de vos désirs le plus cher est réalisable :


Coupez, le 12 janvier, deux rameaux bien sains et assez jeunes. Sur l'un écrivez, ou gravez finement votre vœu. Sur l'autre, le souhait qui vient immédiatement après, au cas où le vœu initial serait irréalisable. Enterrez vos deux rameaux au pied d'un mur fortement éclairé la nuit par les rayons de lune. Dès les prémices de bourgeonnement du hêtre sur lequel ces rameaux ont été prélevés (en général pendant la seconde quinzaine de mars), sortez-les vite de terre et greffez-les sur l'arbre dont ils sont issus. La greffe qui prendra vous dira ce qu'il en sera de vos vœux. Si les deux greffes avortent, il ne faut plus penser à ces projets.


Au Danemark, on faisait passer les enfants malades au travers d'un hêtre.

Si le hêtre porte des feuilles tôt dans la saison, il augure une année très productrice ; si c'est au mois d'avril qu'il s'habille, il indique que la femme « portera la culotte » toute l'année tandis que si c'est en mai, l'homme sera le maître de la maison.

En coupant le jour de la Toussaint un morceau de hêtre, on peut prévoir le climat de l'hiver ; un bois humide annonce un hiver froid, un bois sec, in hiver doux.

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Dans le même ouvrage (Philippe Domont et Edith Montelle, Histoires d'arbres, des sciences aux contes, Éditions Delachaux et Niestlé, 2003) on peut lire que :


"En Bretagne, au Folgoët, vivait un garçon idiot nommé Salaün, c'est-à-dire Salomon. Il ne connaissait que deux mots qu'il répétait sans cesse : Ave Maria. A la mort de ses parents, il s'était réfugié auprès d'une fontaine, à l'ombre d'un hêtre tortillard. Lorsqu'il faisait froid, il se plongeait dans l'eau de la fontaine, puis il montait dans son arbre et sautait de branche en branche en criant : "Ave Maria ! Ave Maria !" Les villageois des alentours le nommaient Salaün le Fol. Il vécut ainsi huit ans, puis tomba malade, et ne voulut pas quitter son arbre. Il mourut le premier novembre et fut enterré au pied du hêtre. Son souvenir s'était perdu quand on remarqua un lys blanc et parfumait qui sortait de sa tombe. Sur chaque feuille était écrit en lettres d'or : Ave Maria ! Ave Maria ! On creusa la terre et l'on vit que le lys prenait racine dans la bouche de Salaün.


Chêne de dieu, hêtre de déesse !

Quand les Achéens envahirent le Péloponnèse, les Pélasges honoraient sur l'Olympe une déesse qui créa le monde par sa danse et son chant : Eurynomé. L'arbre par lequel cette divinité rendait ses oracles était le hêtre aux fruits nourrissants. Il avait été désigné aux prêtres par le vol d'une colombe noire qui s'était posée sur sa plus haute branche. Les nouveaux arrivants arrachèrent le Hêtre de Dodone, qu'ils remplacèrent par le chêne de Zeus. Ils racontaient que Cronos, père de Zeus, était entré dans le palais qu'Eurynomé habitait et l'avait précipitée dans la Méditerranée, où elle avait été recueillie par Téthys, qui en avait fait l'une de ses naïades. Ils intégrèrent l'ancienne déesse à leur panthéon et la firent fille d'Okéanos et de Téthys. En souvenir de cette ancienne déesse mère, à Delphes, les lauréats aux jeux pythiens, jeux artistiques et sportifs qui célébraient la victoire d'Apollon sur le serpent Python, étaient couronnés de feuilles de hêtre. Pour rappeler que cet endroit était consacré auparavant à une déesse féminine, un temple d'Athéna, la déesse de la sagesse, fut construit en limite de l'espace sacré.

Les Grecs consacrèrent le hêtre à Héra, épouse de Zeus. Les Romains offrirent le chêne à Jupiter et le hêtre à Junon. Jason et les Argonautes naviguèrent jusqu'en Colchide, l'actuelle Crimée, pour conquérir la Toison d'or, accrochée à un hêtre gardé par un dragon. En Italie, Oreste, fuyant les Furies qui le poursuivaient pour le punir de ses crimes, trouva refuge dans une hêtraie-chênaie, le bois de Némi. Il apportait avec lui une statuette de l'Artémis d’Éphèse, qui devint pour les Romains Diane chasseresse. Cette dernière était symbolisée par un hêtre, alors que les prêtres qui gardaient son temple étaient les chênes qui protégeaient le bois sacré.

Ces quelques exemples tendent à prouver que le hêtre était consacré à une puissante déesse mère, la créatrice primordiale, qui exigeait des sacrifices. Il est le symbole de la connaissance féminine, comme le chêne est celui de la science masculine. Comme dans nos forêts, le chêne et le hêtre forment dans la mythologie un couple complémentaire et inséparable.


Sacré et sorcier : la maison de la déesse blanche du Pays de Galles, Keridwen, est encadrée par quatre hêtres. A Collinée, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Bel-Air couronne le point culminant de Bretagne. Elle est entourée par un double cercle de hêtres, d'où partent huit allées, comme des rayons de soleil. Elle a sans doute remplacé un temple dédié à une divinité celte du soleil, peut-être Belenos, ou, plus sûrement, son épouse Belisama la très brillante dont on célébrait le culte le 1er mai, jour de la fête du hêtre. En France, les fées offrent de l'or à leurs amis en leur interdisant de regarder dans leur sac avant d'arriver chez eux. Les curieux n'obéissent pas à cette consigne et ne découvrent que des feuiles dorées du hêtre. Les hautes futaies composées de hêtres aux troncs droits et élancés, gris et argentés, invitent à la méditation et à la prière. Saint-Bernard de Cîteaux (1090-1153) fonda en 1115, avec quelques moines, l'abbaye de Clairvaux, aux bords de l'Aube, non loin de Troyes, sur une terre donnée par le comte de Champagne. Il aimait à dire que ses seuls professeurs avaient été les chênes et les hêtres. Sous son influence, les colonnes des cathédrales gothiques s'inspirèrent des troncs de fayards. Leurs chapiteaux s'ornent de feuilles, et, dans ces couronnes, apparaissent des visages étranges, mi-humains mi-végétaux, visages de fous feuillus : les Hommes Verts. Mais le hêtre peut aussi revêtir une forme contournée, rampante : c'est le hêtre tortillard. Il adopte alors le nom de "joli fou" ou de "faux". Dans les légendes, il est le rendez-vous de brigands, de comploteurs, ou un lieu de sabbat cher aux sorciers de tous poils. L'arbre de Dieu se transforme alors en arbre du Diable.


Le hêtre et les saints : au contraire du chêne, le hêtre protège de la foudre, dit-on. Au Faouët, en Bretagne, un seigneur fut pris dans un violent orage et promit à Sainte Barbe de lui consacrer une chapelle si elle le sortait de ce mauvais pas. Sorti d'affaire, il tint parole. Sur un rocher proche, il fit élever une chapelle à Saint Michel, sur un autre un oratoire renfermant une cloche qu'il suffit d'agiter pour faire partir un orage. Et au pied du rocher et du hêtre qui l'avait protégé, il fit élever la chapelle sainte Barbe de style gothique flamboyant. Tout près de là coule la fontaine sainte Barbe où les jeunes filles en mal de mari viennent faire flotter des épingles pour deviner combien d'années les séparent de leur mariage.

A Domrémy, Jeanne d'Arc, encore bergère, entendit des voix qui lui ordonnèrent de bouter les Anglais hors du royaume de France. Ces voix, qu'elle croyait être celles de sainte Marguerite et de sainte Catherine, sortaient du hêtre aux fées ou Beau May, au pied duquel la jeune fille venait danser avec ses amies. Nombreux sont les hêtres consacrés à la Vierge : des sanctuaires comme Notre-Dame du Faoug, Notre-Dame de Faubouloin, sont là pour le rappeler.

Philippe Domont et Edith Montelle, Histoires d'arbres, des sciences aux contes.

 

Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :

Au Moyen Âge cet arbre magique était surnommé l'arbre aux fées. En effet, nos ancêtres croyaient que, à la nuit tombée, les fées dessinaient leur cercle magique autour de son tronc solide et rassérénant, à l'intérieur duquel elles venaient chanter et danser.

C'est sous un hêtre, près de Domrémy, que Jehanne d'Arc entendit, après avoir vu les fées y danser, comme elle l'avoua elle-même, lors de son interrogatoire, à l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon, le 24 février 1430.En Grèce antique, le hêtre était un arbre oraculaire. Mais il était aussi consacré à Zeus, qui le protégeait des foudres de l'orage. Selon l'Edda encore, le long récit épique et poétique de la mythologie germanique et scandinave, Alvilda, Hetha et Visna, les Walkyries, les reines guerrières épouses d'Odin, le dieu des dieux, vivaient dans un bois de hêtres, dans l'île de Ügen, dans la Baltique, à l'abri des colères parfois destructrices de leur divin mari, qui, à l'instar de Zeus en Grèce, faisait gronder le tonnerre et tomber la foudre sur la Terre.

Enfin, c'est dans le tronc de cet arbre apparemment protégé des dieux, et que la foudre ne semble jamais devoir frapper, que l'on taillait la fameuse bûche de Noël que l'on faisait brûler ensuite dans l'âtre, traditionnellement, au Moyen Âge, mais qui aujourd'hui, se retrouve dans notre assiette, sous forme d'un gâteau savoureux."

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Dans Les Légendes de France contées par les Arbres (2001), Robert Bourdu, citant Georges Duby, Saint Bernard, L'Art cistercien (1979), revient sur le fait que :


"Guillaume, moine cistercien, abbé de Saint Thierry, affirme que son ami Bernard de Clairvaux "... pensait acquérir le meilleur en méditant et en priant dans les forêts et dans les champs, et n'avoir en cela nul maître, sinon les chênes et les hêtres..." "

Dans un autre chapitre, Robert Bourdu rapporte une partie de l'interrogatoire que subit Jeanne d'Arc lors de son procès :

" "Avez-vous souvenir d'un bois qu'on nomme le Bois-Chesnu ?"

C'est donc de cet arbre-là que voulaient parler les juges. Bien sûr qu'elle le connaissait. Tout le monde connaît le Beau Mai, ce hêtre exceptionnel sous lequel on va danser et sur lequel on dépose des guirlandes. Il y a près de cet arbre une "bonne fontaine" dont l'eau guérit des fièvres. On dit que des fées fréquentent les lieux.

Jeanne répond : "Assez proche de Domrémy, il y a certain arbre qui s'appelle l'arbre des Dames, et d'autres l'appellent l'arbre des Fées. Auprès il y a une fontaine. Et j'ai ouï dire que les gens malades de fièvre boivent de cette fontaine ; et vont quérir de son eau pour recouvrer la santé." Quant à l'arbre, "c'est un grand arbre, appelé Fau, d'où vient le Beau Mai. Il appartenait, à ce qu'on dit, à monseigneur Pierre de Bourlement." Prudente, Jeanne évite d'évoquer tous les bruits qui circulent sur les relations plus ou moins louables que monseigneur Pierre entretient avec l'arbre et les Dames qui fréquentent les lieux.


Elle précise, cependant : "Plusieurs fois j'ai ouï dire des anciens, non pas de mon lignage, que les Dames Fées y conversaient. [...] Mais moi qui parle, ne sais si cela est vrai ou non. Je n'ai jamais vu fée à l'arbre, que je sache."

"En avez-vous vu ailleurs ?" s'enquiert le juge, se croyant soudain sur une piste.

"Je ne sais" répond Jeanne qui poursuit : "J'ai vu mettre aux branches de l'arbre des chapeaux de fleurs par les jouvencelles, et moi-même en ai mis en aucunes fois (parfois) avec les autres filles... Je ne sais point si, depuis que j'eus entendement, j'ai dansé près de l'arbre. Mais aucunes fois j'y peux bien y avoir dansé avec les enfants ; mais j'y ai plus chanté que dansé."

Revenant au Bois-Chesnu... "Il y a un bois qu'on appelle le Bois-Chesnu, qu'on voit de l'huis de mon père, et il n'y a pas la distance d'une demi-lieue. Je ne sais, et n'ai ouï oncques dire, si les Dames Fées y conversaient. Mais j'ai ouï dire à mon frère qu'on disait au pays que j'avais pris mon fait à l'Arbre de mesdames les fées. Mais ce n'était point et je lui ai dit le contraire."

Une basilique et un couvent entourent actuellement la fontaine des Fiévreux. Derrière, un arbre perpétue la légende de l'arbre des fées, un arbre énorme, un hêtre dont les branches retombaient jusqu'au sol, hêtre pleureur ou hêtre tortillard. Il formait alors comme une cellule où l'on pouvait se recueillir et auprès du tronc puissant établir un dialogue secret avec Catherine ou Marguerite ou qui sait d'autre encore.....

Saintes et saints des ramures enlacées avez-vous, pendant quatre ans, comme on le prétend, lentement convaincu Jeanne d'une mission ? Saintes Dames ou Fées inquiétantes qui rôdaient près de l'arbre dites-nous quelles furent vos apparences et quelle fut votre voix. Et auprès de quel arbre, compagnon de Jeanne, avez-vous choisi de stimuler ses rêves de jeune fille ?"

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivrent un :


Message des arbres :

Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien

à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés

sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant

les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,

physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous

diffusons l'amour et la guérison pour vous.


Les hêtres : Ces arbres remarquables et très robustes nous font vraiment don de la grâce. Ils aident les humain à trouver le pardon dans leur cœur en les mettant face à la sagesse de leur cheminement d'âme passée Cela adoucit leur conscience et les aide à voir les choses différemment. Quand les humains traversent des bois de hêtres, ils se sentent souvent apaisés et calmes ; mais ils ne se rendent pas toujours compte que l'énergie que ces arbres dégagent et leur transmettent opère un changement dans leurs perceptions et leurs sentiments. L'énergie élève le niveau des vibrations, ce qui permet aux humains de dépasser la douleur.


VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.

  3. Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.

  4. Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.

  5. Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  6. Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  7. Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  8. Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  9. Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  10. Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.

  11. Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.

  12. Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.

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Le caractère de l'essence :


Dans Communiquer avec les arbres (1998), Maia Kooitstra qui est chercheur scientifique auprès du ministère de l'agriculture et de la conservation de la nature des Pays-bas nous propose une méthode ancestrale de communication avec les arbres fondée sur l'intuition et la perception des énergies. Pour mieux faire comprendre son travail, elle propose p. 83 un exemple développé à partir de la perception du hêtre :


"Lors d'un exercice sur le terrain, j'invite les participants à se laisser pénétrer par l'atmosphère propre à quelques essences et à la résumer en quelques mots. Les réactions sont de prime abord très contrastée et aucune concordance ne semble possible. En revanche, lorsque toutes les réponses sont consignées noir sur blanc, triées et commentées, un ensemble cohérent ne manque jamais de se dessiner. Voici, à titre d'exemple les réponses regroupées en cinq familles, suscitées par les hêtres :


  • impression de grande sérénité ;

  • apaisants

  • chaleureux, protecteurs, agréables ;

  • enveloppants comme une maison, intimité ;

  • espace intérieur solennel ;

  • royaux, imposants ;

  • troncs difficiles à embrasser ;

  • beauté majestueuse, équilibre ;

  • éveillent un profond respect ;

  • froids, glacés, pas très accueillants ;

  • me sens la tête légère ;

  • énergie ascendante ;

  • me sens plus lucide, plus éveillé ;

  • rigoleurs, rieurs, pétillants ;

  • folâtres, joyeux ;

  • terriblement imposants ;

  • les hêtres ont de beaux pieds ;

  • équilibre et harmonie.


[...] Mises côte à côte, toutes ces sensations forment assurément un portrait détaillé, mais qu'est-ce qui constitue l'essence même du hêtre ? D'autres arbres aussi créent un espace enclos sous leur couronne, ainsi le sureau et le saule pleureur. Là aussi on peut se sentir en sécurité, enveloppé par un rideau protecteur. Cet aspect n'est donc pas spécifique au hêtre, mais la conséquence de son port. En revanche, la solennité royale et hautaine, la beauté majestueuse et imposante constituent des traits marquants. Une autre caractéristique est l'onde d'énergie ascendante, mais le hêtre la partage avec d'autres essences. En revanche, l'aspect évoqué par le groupe suivant, l'atmosphère qui se dégage sur le pourtour de l'arbre, appartient bel et bien au hêtre : même en l'absence de feuilles, la mobilité de la fine pointe des ramilles conserve un aspect enjoué. Par contre, le dernier groupe de sensations n'est pas spécifique : un chêne ou un marronnier peuvent, eux aussi, impressionner par leur robustesse. S'il est vrai que le pied des hêtres présente souvent un superbe mouvement de racines apparentes, l'équilibre et l'harmonie de sa silhouette ne se retrouvent-ils pas chez le sapin ?

[... donc, portrait du hêtre] Les hêtres sont des personnes de haut rang, distinguées et riches d'expériences Elles ne s'en laissent pas facilement compter et ont un sens très développé de la relativité des choses. Elles pratiquent un humour assez ironique. Elles peuvent se montrer espiègles, pétillantes, folâtres et même provocantes. Lorsque vous comptez un hêtre parmi vos amis, vous pouvez aborder des sujets très sérieux, escompter des réactions profondes et des expériences très enrichissantes."


p. 106 : "On peut dire de nos essences indigènes qu'un sujet lunaire est le plus souvent protégé par un épais feuillage de sorte que la lumière n'atteint pas le tronc. L'écorce est donc fréquemment plus lisse que celle d'un sujet solaire. Le hêtre constitue à et égard un exemple significatif." [d'après le tableau proposé à la même page, le hêtre est lunaire à plus de 75%].

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Dans Les Forces spirituelles des arbres, Petra Sonnenberg livre son témoignage vivant sur sa communication personnelle avec les arbres en prenant bien soin de ne pas prendre ses résultats comme argent comptant mais en nous incitant à poursuivre son travail par nos propres rencontres avec les arbres...


"Devise [hêtre, hêtre rouge, fagus sylvatica]" : sagesse du passé confère discernement et force pour l'avenir.


Visualisation, rayonnement et caractère : Autrefois, quand tout était plus beau... La chaise et la baguette de la maîtresse d'école... Les faines... Les contes... Le hêtre relie au passé et fait remonter les souvenirs. Avec son caractère nettement féminin, il est, dans les bois, la reine à côté du "roi chêne". Autant son bois est solide, autant son écorce est tendre, mince et sensible à la lumière du soleil. Pour se protéger, il s'entoure d'une frondaison dense, à travers laquelle la lumière (solaire) ne perce pratiquement pas. rares sont les arbres possédant une frondaison aussi épaisse et pouvant aussi bien se protéger. Le hêtre ne tolère guère de plantes à proximité, et bien que la forêt de hêtres évoque des images bien connues, il se dresse souvent seul, en haut d'une colline ou en rase campagne.

Cet arbre éveille des sentiments de sécurité et de bien-être, l'instinct maternel et l'impression de solidité. Il est la lionne qui protège ses petits contre les agressions extérieures. Il nous écoute toujours. Si vous éprouvez le besoin d'échanger avec un partenaire qui ait l'âme tendre et soit bon conseiller, le hêtre convient à merveille.

Il symbolise la vertu et la protection, les liens familiaux, la tradition, l'attachement, la solidarité. Il est patient, ce qui permet de discerner des facultés créatives, de libérer l'énergie intérieure éventuellement bloquée, et de réaliser des idées en sommeil.

Mais le hêtre offre encore davantage que sa protection et d'une bonne oreille. Comme il éprouve le besoin de protéger tout ce qu'il aime, et s'il le faut l'aider à survivre, il est plein de créativité et possède un grand talent d'improvisation. C'est donc un esprit d'une grande souplesse, toujours capable de prendre la bonne décision au bon moment ou de prononcer la bonne parole. Il a même le sens de l'humour mais ne s'en vante pas.Le hêtre n'aime pas les bavardages, va droit au but, et ne s'en laisse que rarement détourner.

Il est le partenaire parfait pour refaire le plein d'énergie avant une décision importante. Son altruisme et désintéressement sont tels qu'il n'est pas nécessaire de lui "rendre" cette énergie.


Contes, mythes, légendes et pratiques rituelles :

Chez les Germains, le hêtre était un arbre sacré. Ils taillaient des bâtons de runes dans son bois. Les Romains vénéraient en lui un portafortuna, un porte-bonheur. Ils utilisaient le bois de hêtre pour la fabrication de récipients à offrandes.

Les Grecs ne connaissaient guère cet arbre. Leur "phegos" était une sorte de chêne.

Les feuilles desséchées d'un hêtre servaient de monnaie aux sorcières et leur permettaient de payer certains services.


Attributs et mots clefs :

Pierre précieuse : jaspe rouge, grenat, rubis, émeraude, kunzite, quartz rose

Chakra : 1er, 4ème

Signe du zodiaque : lion, bélier, taureau, scorpion, capricorne, balance

Planète : Mars, Pluton, Saturne, Soleil

Élément : air, terre

Tempérament : sanguin, flegmatique

Couleur : vert, rouge

Parfum : cèdre, clou de girofle, rose

Rune : raido, wunjo

Saison : printemps, été, automne.


Forces et caractéristiques :

Effets thérapeutiques : antiseptique, rafraîchissant, calmant.

Indications pour le corps : eczéma, maladies de la peau, voies aériennes.

Caractéristiques spirituelles et associations d'idées : durabilité, énergie, fiabilité, bien-être, constance. [...]


Origines et sites : Pousse à l'état sauvage sur les sols calcaires, dans les forêts de toute l'Europe excepté dans le Grand Nord, à l'extrême Sud et à l'extrême Est.


A noter : ne pas trop manger de faines ! Ces graines contiennent une substance toxique qui n'est pas détruite par la chaleur (par exemple, au four et au grill). Arbre n'existant que dans l'hémisphère nord."

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Dans Le Message des arbres, Guérison holistique grâce aux élixirs des arbres de Doris et Sven Richter, on peut lire que :


"Le hêtre a un grand respect pour le feu. Il aime l'eau, mais en quantité modérée. L'esprit du hêtre n'aime pas communiquer avec nous. C'est comme s'il voulait cacher quelque chose.

Le hêtre se sent attiré par la famille des bouleaux, alors qu'il devrait construire sa propre identité. Aujourd'hui encore, il a beaucoup de mal à accepter d'être séparé des bouleaux. Le hêtre n'aima pas donner, et n'aime pas particulièrement offrir son hospitalité. cet arbre est convaincu de sa propre valeur et il est très fier. Il n'aime pas non plus regarder autour de lui, et comme il est concentré sur lui-même, il est convaincu d'avoir toujours raison. le hêtre se préoccupe tant de lui-même qu'il donne l'impression, au printemps, d'avoir oublié de porter à l'extérieur ce qu'il a accumulé à l'intérieur de lui. Il est convaincu de l'avoir accumulé lui-même - et non pas que cela se soit accumulé en lui. et il n'a pas envie de prendre conscience de ces circonstances, sans quoi il aurait bien plus progressé dans son évolution.

Dans le hêtre, le serpent intérieur qui monte dans l'arbre de la connaissance et qui est engendré par l'expérience ne parvient à monter sa tête que jusque dans les branches, mais non pas jusqu'à la couronne.

Le serpent de la connaissance se cache dans chaque corps matériel qui vit sur terre. Il est le symbole pour le bien en toute chose, ce bien grâce auquel le mal se transformera totalement en bien dans toutes ces choses. Comme le serpent intérieur du hêtre, qui représente la force spirituelle, ne parvient pas plus haut que les branches et reste loin de la couronne, il devient furieux et se fâche. Son objectif est de retourner rapidement vers le bas, vers la terre, afin de gâcher la prise de conscience d'autrui grâce à son venin. La force négative du serpent nous attaque à travers notre plexus solaire (chakra du nombril). Ce processus affecte le foie. C'est comme si l'un de ses enfants, sous forme d’œuf , avait été envoyé vers le foie par un courant empoisonné et y ait trouvé sa place. Le serpent qui est enfanté à cet endroit est négatif. La partie positive est disponible, mais elle ne peut se développer, devenir puissante puis prédominante que lorsque le serpent lui-même a choisi le côté positif et blanc. Si le serpent a choisi le côté positif ou blanc, et qu'il reflète grâce à cela la lumière pure, il devient le modèle pour l'enfant qui aimerait être intégré en tant qu'enfant adoptif. Tout comme le coucou pond son œuf dans un nid étranger, le serpent a posé son œuf dans un nid qui n'est pas le sien. Le coucou nouveau-né est élevé par un oiseau d'une autre espèce et, un jour ou l'autre, la famille coucou perdra sa propre force dans les racines de son identité. Plus l'amour avec lequel l'enfant adopté est grand, plus son développement vers la sagesse sera puissant. A la fin, le serpent aura réussi exactement le contraire de ce qu'il voulait : le contraire l'aura illuminé jusqu'au plus profond de lui-même, et reconnu.


C'est l'amour qui agit dans les profondeurs les plus grandes, mais lorsque le contraire le reconnaît jusque dans son centre, il trouve la lumière à travers l'ombre.

La méchanceté qui enfanta la colère semble donc inutile, mais elle est en réalité le cadeau le plus élevé, car elle permet de reconnaître que l'amour universel peut se cacher derrière la méchanceté la plus intense.

L'amour derrière le noyau de la vie du hêtre fait croître cet arbre, sans cela il ne pourrait jamais se soulever de terre. L'arbre n'aime pas qu'il y ait trop de vent. Sel le puissant vent de novembre est capable de faire tomber les feuilles du hêtre, alors que les feuilles de tous les autres arbres sont déjà tombées. cela est nécessaire, car aussi longtemps que des feuilles restent reliées aux branches, l'arbre s'identifie avec ses fruits qui pourtant sont morts depuis longtemps. C'est pourquoi le hêtre ne se prépare pas aussitôt avec humilité et soumission à ce qui est nouveau. Ses branches se plaignent encore longtemps dans le vent au sujet des feuilles qui s'amassent sur le sol.

Se pourrait-il que les feuilles veuillent chanter sa tristesse avec lui et que, pour cette raison, elles continuent de bruisser aussi longtemps sur le sol, tandis que l'année s'achève ? Elles bruissent toujours, alors que les feuilles des autres arbres se sont déjà préparées à devenir Un avec la terre.

Leur chant bruissant est semblable au chant plaintif des branches au vent de novembre, empli d'animosité et de mauvaise humeur, de colère et de rage. Cette colère et cette animosité deviendront, durant les longs mois d'hiver, une seconde personnalité pour l'arbre. Lorsque le doux vent du printemps mettra les branches en mouvement pour les inciter à se réveiller, le hêtre fera ainsi mine d'ignorer le printemps.

Pourquoi porter des fruits si on ne peut les conserver ? Mais la chaude brume du printemps obéit au soleil, et le hêtre devra se soumettre, tout comme nous nous soumettons tous à l'ordre du monde matériel qui fait naître la structure dont nous dépendons. C'est cette soumission, cette adaptation à la structure qui s'appelle l'ordre, qui est difficile pour le hêtre. Il préférerait rester sur place et stagner dans son développement, se reposer sur ses lauriers. Mais cela n'est pas possible dans le fleuve de la vie. Les structures changent, elles vont toujours vers l'ordre le plus élevé.

Où cette aspiration doit-elle me mener ? se demande la partie obscure du serpent dans le hêtre. C'est la partie sombre qui se mord la queue, au lieu de se reconnaître soi-même en touchant sa propre racine. C'est ainsi que surgit dans cet esprit le contraire de l'aspiration à la connaissance.

Lorsqu'on accepte ses racines et qu'elles commencent à prendre vie, on aime aussi la sagesse au-delà du cœur des événements qui se déroulent ici-bas, sur terre. Cette sagesse, cachée derrière le noyau des choses, est l'identité profonde du caniche dans le Faust de Goethe. Le caniche a connu divers stades dans son développement qui trouve sa racine dans le loup - le loup étant le symbole de la fidélité à la méchanceté. Sa victime préférée est le chevreuil, le symbole de la gentillesse de l'être. Il se nourrit de cette victime, ce qui lui permettra finalement de se transformer.

Le loup, devenu un caniche, devient ensuite un agneau. Le renversement de l'être révèle l'amour. Le hêtre pourrait se demander si Goethe savait, lorsqu'il parlait de l'identité du caniche, que l'on peut, grâce à l'humilité qui a grandi dans l'agneau - originellement destiné à être la nourriture du loup - reconnaître l'identité du caniche. L'énergie du hêtre croit toujours être plus sage que le plus sage d'entre les sages.

Cela est bien sûr le problème du hêtre. Mais ce qu'il faut vraiment comprendre, c'est l'identité du caniche dans le hêtre. L'essence qui se trouve cachée derrière le noyau du hêtre est l'humilité, l'humilité devant le vent qui, grâce à l'enfant du soleil qu'on appelle le chaleur, est engendrée par l'accouplement de la chaleur avec le froid.

Apprenons à accepter ce que le vent nous prend.

Un fruit qui est déjà sec reste pourtant utile et nécessaire. Nous donnons une partie de notre chaleur. Nous nous retirons pour préparer un nouveau fruit, sauf si nous refusons le cadeau d'un nouveau développement parce que nous ne parvenons pas à lâcher prise.

Maintenant nous commençons à pouvoir nous imaginer comment les arbres se sentent en hiver, lorsqu'il ne se retirent pas suffisamment vite dans la terre. C'est pourquoi les froids qui surgissent brutalement sont particulièrement graves pour les hêtres. Si nous pouvions donner plus, le soleil brillerait plus en nous et l'animosité disparaîtrait. Le hêtre pourpre représente l'animosité extrême. plus encore que son frère vert, il porte en lui l'animosité flamboyante. C'est la colère issue d'un amour terrestre blessé.

Par conséquent, l'énergie négative du hêtre exerce une influence négative sur la région des reins et des urètres. cette énergie y est encore plus difficile à dériver que dans le foie. cela peut s'effectuer à l'aide du hêtre rouge, lorsque la personne sollicite l'énergie spirituelle par son troisième œil.

Tentons d'expérimenter le cœur le plus profond du hêtre et ne nous laissons pas arrêter par les obstacles que nous rencontrons. Si nous tendons les mains à l'esprit du hêtre, nous obtenons un cadeau de la part du grand esprit. Si nous ouvrons ce cadeau, nous expérimentons quelque chose. C'est la prise de conscience du fait que tout a deux faces. Si nous regardons une face, nous y reconnaissons l'autre face, et cela conduit le noyau de la zone concernée à s'ouvrir vers l'extérieur.

Si le processus du renversement est terminé, il en naîtra une fleur de la sagesse. L'essence du hêtre, qui se trouve cachée derrière son cœur, est capable de l'offrir à l'homme, tout comme le printemps nous offre la certitude d'être le messager annonçant les fruits qui pourront se développer sur terre grâce à son action.

L'esprit du hêtre nous offre une chance. Elle se présentera à nouveau si nous ne la saisissons pas, ou si le temps de la saisir n'est pas encore venu.

Il doit être difficile de nous observer lorsque nous sommes tant concentrés sur l'extérieur au lieu de transformer l'extérieur par l'intérieur, en renvoyant ce qui est à l'intérieur vers l'extérieur.

Nous serions perdus à l'extérieur si nous n'avions l'essence qui se trouve cachée derrière le cœur et qui nous relie au monde spirituel. Accepter ce lien, reconnaître qu'il existe non pas loin de nous mais en nous, est la grande difficulté que rencontre l'homme qui a besoin de l'essence du hêtre.

Nous n'agissons pas, c'est l'action qui s'effectue à travers nous. Lorsque nous comprenons cela, nous passons au travers du chas de l'aiguille et les obstacles ne font plus partie du monde dans lequel nous nous approchons du véritable être humain qui est en nous.


Résumé :

A l'ombre

  • se sent blessé par autrui dans son orgueil

  • sème en autrui la colère et la désunion afin de rendre à autrui les blessures apparemment reçues

  • ne parvient pas à oublier réellement les blessures anciennes et en conserve des cicatrices douloureuses.

A la lumière

  • apprend à surmonter les blessures causées par autrui et à les transformer en prise de conscience

  • l'orgueil blessé est une opportunité pour reconnaître l'ombre en soi-même et la transformer

  • apprend à se pardonner et à pardonner à autrui.

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