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Le Merisier



Étymologie :


  • MERISIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1388 meresier (Roques t. 1, IV-V, 1358) ; 1708 bois de merisier (Appartement de Mme de Maintenon, Versailles ds Havard) d'où 1748 armoire (...) en merisier (Livre journal de Lazare Duvaux, ibid.). Dér. de merise*; suff. -ier*.


  • MERISE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1275-80 (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8182). Pour *amerise, dér. de amer* sous l'infl. de cerise* avec aphérèse de l'initiale, sentie comme une partie de l'art. déf. d'où la merise (cf. calabrais amarella « merise », REW n°406, vosgien amrel, emrol, « id. » lat. médiév. amarina, amarella « id. ». ca 1300 ds Du Cange ; amarenus « merisier », meserasus « id. » att. par Diefenbach, Glossarium latino-germanicum mediae et infimae aetatis, 1857 d'apr. Roll. Flore t. 5, p. 310 et 355).


Lire aussi les définitions de merise et merisier pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Prunus avium - Cerisier des bois - Cerisier des oiseaux ; Cerisier sauvage -

Prunus padus - Amaruvier - Bois-puant - Cerisier à grappes - Cerisier du bois-joli - Merisier à grappes - Pétafouère - Putet - Putier - Putiet -

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Botanique :


Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de la Merise :


En Europe, diverses espèces de cerisiers sont répandues, comme le cerisier des oiseaux (Prunus avium) et le cerisier commun (Prunus cerasus). Le premier est indigène dans nos forêts ; c'est le merisier. Ses fruits, les merises, sont petits et ne dépassent pas un centimètre de diamètre ; ils sont noirs à maturité, luisants, à chair très mince sur le noyau et plus ou moins amère. Ces petites cerises amères s'appelaient jadis amérises, ce qui donna par contraction « merise ».

[...]

Si le cerisier sauvage ou merisier donne des fruits relativement peu consommables, il fournit en revanche un bois de grande qualité dont on fabrique des meubles agréablement patinés, des instruments de musique, des pipes, etc.

 








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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Les cerises du bois de Sainte-Lucie, Prunus mahaleb et du bois-joli ou cerisier à grappes, Prunus padus, ne pouvaient guère être mangées que cuites ; plus probablement étaient-elles employées à préparer des boissons fermentées.




Symbolisme :


Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) rappelle le caractère magique du merisier :


Le « Cerisier des oiseaux » (Prunus avium L.), notre « Merisier », est associé encore chez les Saxons aux sorciers par son nom Hexenbam (tout en l'étant à hecke « haie », si l'on compare avec la Mandragore, Hexen-Mânnchen). Chez les Ecossais, il est le Hag-berry tree semblable à ce qu'on trouve en Suède pour le fruit du Merisier, Hâggebàr.

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Selon Annie Pazzogna, auteure de Totem, Animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens des Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012, 2015),


"C'est du merisier à grappes [Prunus virginiana / Prunus serotina] dont il s'agit ici, qui pousse dans le Nord de l'Amérique mais aussi en Europe.

Il vit dans les forêts claires et ses abords, les collines pierreuses. C'est le plus souvent un arbuste qui peut atteindre six mètres de hauteur. l'écorce des branches principales est gris / brun.

Au printemps, les fleurs en bouquets sont dressées puis tombantes. Les petites cerises noires / violacées, un peu amères, sont écrasées avec le noyau afin de préparer le "wasna" ou pemican, nom algonquin souvent usité, avec de la graisse et de la viande de Bison séchée, émiettée. Le wasna qui était mis dans des vessies ou petits sacs de peau constituait une nourriture d'une grande valeur nutritive. Aujourd'hui, il est reçu lors des cérémonies ou fêtes sociales et constitue un honneur, car il est le rappel d'un passé glorieux.

Les merises cuites avec de l'eau et de la farine de maïs font une gelée délicieuse, le wojapi, dégusté, en général avec du pain frit.

C'est lorsque les merises "choke cherries" sont mûres que les Danses du Soleil peuvent avoir lieu, fin juin, juillet, début août.

Les merises sont liées au sang, le feu céleste, à la chair mise à nu pour la révélation de l'être.

C'est tout naturellement que Canpa'hu est mis en brassée dans la fourche de l'Arbre de la Danse du Soleil, le Peuplier. Son bois jeune et bien droit servira à tailler les onglets polis, qui traverseront la chair des Danseurs liés à l'Arbre.

Comme il révèle et "visite l'Être", Merisier est choisi comme "temper" ou bourre-pipe qui vient détasser le kinnikinnik dans la Pipe Sacrée. Il peut être bâton de prières ou de paroles. Traditionnellement, le temper est orné en son sommet avec des piquants et poils de Porc-Épic.

Canap'hu il n'y a pas si longtemps, fut choisi pour servir de "séchoir à viande". Déroulée en minces tranches, Le Soleil séchait, parfois avec l'aide du vent, le produit de la chasse d'une journée. Aujourd'hui, poncé, poli, il est devenu repose Pipe. Parfois peint en rouge, chacun se souvient alors que le Soleil séchait la viande de ses rayons ardents afin que le peuple vive tout un hiver.

Lors de la Quête de Vision, Merisier cerne les Quatre Directions de l'emplacement choisi. C'est à la fourche de chaque bâton de quatre-vingts centimètres à un mètre, écorcé et poli, que les offrandes de tabac seront fixées avec leurs "robes" de tissu ; les esprits aiment à les revêtir. Noir et Bleu pour l'Ouest et le Ciel, Rouge pour le Nord, Jaune et Vert pour l'Est et la Terre, Blanc pour le Sud. Quatre cent cinq petits sachets de tabac noués, enroulés autour des bâtons délimiteront la "fosse" où le Quêteur fait l'expérience de la mort. Le jeûne est total. Il communique alors avec l'Univers entier, pour reconnecter les fils de son existence, obtenir une guérison pour un proche ou lui-même, remercier, préparer la Danse du Soleil... et ce, pendant quatre jours et nuits. Le rituel débute et se termine par une Hutte de Sudation de deux portes. Un environnement familial et amical ainsi qu'un homme spirituel veillent au bon respect de la tradition.


Les Anciens équilibraient et empennaient les flèches dans le bois de Canpa'hu ; elles étaient longues comme l'avant-bras de l'utilisateur plus deux fois son petit doigt. La pointe en silex fut plus tard remplacée par de l'acier.

S'il peut être lié à la mort, Merisier symbolise surtout l'abondance, la fécondité et la naissance.

C'est un arbre doux.

Merisier contient des glucosides, du tanin, de l'acide coumarique. L'aubier récupéré de juillet à octobre en infusions, calme les troubles digestifs, les toux irritantes.

Les feuilles seraient toxiques pour les animaux ; elles contiennent du cyanure d'hydrogène.


Récapitulatif : Abondance - Fécondité - Naissance - Révélation de l'être - Peut être lié à la mort."

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