Anne
Le Champignon en littérature
Comme mise en bouche, cet article d'Elaine Després sur "Les champignons dans la littérature" (in Jean Després (dir.), L'univers des champignons, Presses de l'Université de Montréal, 2012).
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Poésie :
Denise Martin, dans un article intitulé "La Bretagne de Tristan Corbière". (In : Annales de Bretagne. Tome 79, numéro 3, 1972. pp. 695-721) nous confie :
Le plus souvent, Corbière traduit, pour leur valeur expressive, certaines expressions bretonnes :
- Les crapauds,
Petits chantres mélancoliques,
Empoisonnent de leurs coliques
Les champignons, leurs escabeaux.
(Paysage mauvais, p. 123)
En breton le champignon se dit « Tog Tonsek », ce qui se traduit littéralement par « chapeau de crapaud ». Il y a toujours une relation entre le champignon et le crapaud. Selon la légende, les crapauds, par leurs pustules, auraient envenimé les champignons. Tristan est fidèle à la légende.
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Champignons

Sur la plaine, à petits bruits, Il a plu toute la nuit. Et maintenant, goutte à goutte, Le bois ruisselant s'égoutte.
Et voilà qu'en bataillons, S'éveillent les champignons. Mousserons et Chanterelles, Aux amusantes ombrelles.
Courons le long des halliers Et remplissons nos paniers. Ce soir, autour de la table, Goûtant leur chair délectable
Nous croirons, " Oh quel fumet !", Manger toute la forêt.
Raymond Richard, "Champignons" in A petits pas, Poèmes pour les tout-petits, 1945 (Éditions du Cep beaujolais)
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PAUVRES CHAMPIGNONS
Quand je vais dans la forêt
Je regarde les champignons
L’amanite elle a la grippe
La coulemelle n’est pas très très belle
La morille est mangée de chenilles
Le bolet n’est pas frais, frais, frais
La girolle fait un peu la folle
La langue de bœuf n’a plus le foie neuf
Le lactaire est très en colère
La clavaire ça c’est son affaire
Le cèpe de son côté perd la tête
Moi, je préfère les champignons de Paris
Eux, au moins, n’ont pas de maladies.
Pascale Pautrat
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Contes et légendes :
Léon de Laujon, dans "La Sœur du petit Poucet" (in Contes et légendes, 1862) met à l'honneur les champignons :
[...] Il y avait à quelque distance du palais, un beau lac dont l'eau était transparente comme du cristal. Fagotte aimait à se promener sur ses bords. Souvent elle regardait à travers l'eau les cailloux brillants qui tapissaient le fond du lac, et peu à peu sa vue devenait plus perçante. Alors elle voyait des fleurs qui se balançaient sous l'eau, des poissons qui avaient des écailles de toutes couleurs, et ce spectacle finissait par l'éblouir, au point qu'elle croyait voir des sourires dans l'eau.
L'intendant avait remarqué cela. Il avait aussi remarqué que la fée aimait beaucoup les champignons, et que Fagotte, pour lui faire plaisir, en cueillait souvent. Elle savait très-bien distinguer les bons des mauvais. Un jour, la fée dit : « Voilà bien longtemps que je n'ai mangé des champignons .
Fagotte ne perdit pas ce mot : l'intendant non plus. La nuit il se leva, alla au fond du jardin, fit trois cercles magiques autour de lui, creusa un trou dans la terre, et, y appliquant sa bouche, il cria de toutes ses forces :
« A moi, mes frères ! »
Aussitôt la terre du jardin se souleva de tous côtés en petits monceaux semblables à ceux que font les taupes; puis, de chacune de ces taupinières, il sortit un petit homme haut comme le coude, bossu, difforme, avec une tête grosse comme une citrouille. C'étaient les gnomes, génies malfaisants qui habitent sous terre. Cette bande de nains se mit à danser en rond en poussant de petits cris aigus, et en faisant des contorsions et des grimaces de toute sorte. Puis ils se rassemblèrent autour de l'intendant, en disant tous ensemble :
« Notre frère nous a appelés ; nous voici, qu'il commande. »
Alors celui-ci mit à sa bouche une grande trompe qu'il tira de terre, et dont l'extrémité était si large, que tous les gnomes s'y blottirent pour écouter. Il leur parla à travers cet étrange porte-voix, et leur commanda de faire pousser des champignons vénéneux qui auraient l'apparence des bons. Puis tous disparurent sous terre.
Le lendemain, Fagotte, éveillée de bonne heure, courut à travers le jardin pour chercher des champignons, Elle n'en trouva point d'abord.
Mais arrivée à l'endroit où l'intendant avait fait ses cercles magiques, elle en vit une demi-douzaine qui avaient tous les caractères qui distinguent les bons. Au moment où elle se baissait pour les cueillir, un roitelet s'abattit en cet endroit, et se mit à becqueter les champignons. Fagotte, craignant qu'il ne les gâtât, se hâta de le chasser, et l'oiseau s'envola en poussant des cris plaintifs. Maîtresse de ses champignons, la petite fille les porta à la cuisine, où on les prépara. Le soir, la fée lui fit compliment en voyant servir son plat favori. Elle en mangea avec délices, et Fagotte eut la délicatesse de dire qu'elle n'avait plus faim, pour le laisser tout entier à sa maîtresse.
Mais une heure après, la fée fut prise de coliques affreuses, et bientôt elle sentit qu'elle était empoisonnée. L'intendant arriva aussitôt, déclara que les champignons étaient vénéneux, et que Fagotte les avait choisis exprès, afin d'empoisonner sa maîtresse, qui était trop bonne pour elle.
« La preuve qu'elle a voulu vous faire mourir, ajouta-t-il, c'est qu'elle a eu soin de ne pas manger de champignons. »
La pauvre enfant eut beau protester de son innocence ; tous les indices étaient contre elle. Aussitôt que la fée eut été rétablie au moyen d'herbes qu'elle connaissait, elle ordonna à son intendant de la délivrer de cette enfant perfide, lui laissant le soin de choisir lui-même le genre de mort de la victime.
Il ne se fit pas répéter cet ordre. Il s'empara de Fagotte, qui pleurait et qui disait :
« Bonne fée, je suis innocente et je vous aime. »
Et il l'emporta sur les bords du lac.
« Tu aimes bien ce pays, lui dit-il avec un rire affreux ; eh bien ! tu vas l'habiter pour toujours. »
En disant ces mots, il précipita l'enfant dans l'endroit le plus profond. [...]
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Léon Tolstoï nous propose un conte intitulé La petite fille et les champignons, (traduction par Ely Halpérine-Kaminsky in Contes et fables, Librairie Plon, 1888 (pp. 76-78) :
LA PETITE FILLE ET LES CHAMPIGNONS
HISTOIRE VRAIE
Deux petites filles s’en revenaient à la maison, rapportant des champignons.
Elles devaient traverser la voie ferrée, et, croyant la locomotive très-éloignée, elles grimpèrent sur le talus et s’engagèrent sur la voie. Soudain, on entendit le sifflet d’un train ; l’aînée revint en arrière, et la plus jeune courut en avant.
L’aînée alors lui cria :
— Ne retourne pas en arrière !
Mais la machine, en avançant, faisait tant de bruit, que la petite fille n’entendit pas ce que lui disait sa sœur ; elle comprit, au contraire, qu’elle lui ordonnait de revenir ; elle revint donc sur ses pas, et, trébuchant, elle tomba sur les rails, où elle éparpilla les champignons qu’elle voulut ensuite ramasser.
La machine approchait de plus en plus vite, et le mécanicien sifflait désespérément.
L’aînée cria :
— Laisse, laisse les champignons !
Mais la petite, croyant qu’elle lui disait de les ramasser, resta accroupie sur la voie.
Le mécanicien ne put arrêter la machine, et le train passa sur l’enfant.
L’aînée pleurait, criait, tous les voyageurs étaient aux portières, et le conducteur courut à la dernière voiture pour voir ce que la petite fille était devenue.
Quand le train fut passé, on la vit d’abord étendue immobile entre les rails, la tête inclinée.
Puis le train s’éloigna ; et l’enfant, relevant la tête, se mit à genoux, finit de ramasser ses champignons, et, après, courut vers sa sœur.
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Dans un article intitulé "La perception des champignons selon les cultures", paru dans le n°6 du Mycologue
(2015), Guy Gaudreau donne quelques pistes relatives aux contes de champignons : =>
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Dans un article intitulé "Contes et légendes de l'Ariège : de l’Ariègeois, des champignons et des vipères", paru sur le site de La Dépêche.fr le 2 juin 2021 on peut découvrir un conte moderne :
Chaque semaine, le conteur Olivier De Robert livre une légende tirée des mémoires des anciens, des contes illustrés par les croquis de Chaymae Adnaoui. Aujourd’hui : "De l’Ariégeois, des champignons et des vipères", tiré de son livre aux éditions de Borée.
Il y a en Ariège un sujet plus sensible et plus propice aux conflits que l’ours, l’aéroport ou les poubelles réunis : celui des champignons… Sachez à présent que tout ce qui va suivre, je le tiens d’une longue et minutieuse enquête ethnologique menée dans un petit village des coteaux du Plantaurel. Et pour éviter une ruée vers le paradis de leurs forêts, j’ai promis de taire le nom du village et le lieu où il se trouve.
Aux premières lueurs de l’automne, l’Ariégeois qui se donne aux champignons. Il va alors sur des chemins connus de lui seul à la recherche de ce Graal à la tête brune né dans les feuilles mortes. Inutile pourtant d’essayer de le suivre à distance respectueuse : l’Ariégeois sait ce risque et les premiers jours, il s’en va dans les coins où il est certain de ne pas trouver la moindre petite girolle de bas étage. Et il y tourne, retourne, bref, il vous y perd… En automne, l’Ariégeois n’a ni ami ni frère ! Chacun son coin et le dieu des cèpes pour tous…
La quête du champignon est un art de vivre, un esthétisme gratuit pour les poètes des coteaux alors attention à la verbalisation si vous n’êtes pas en règle et en mesure de présenter le permis de ramassage ad hoc ! À l’entrée de la commune, un panneau attend les téméraires qui voudraient se risquer dans les bois, clamant haut et fort que le ramassage des champignons est interdit. Et les populations étant partie prenante de ce conflit civil, ne comptez pas sur elles pour simplifier la tâche : "N’y allez pas ! Il y a des vipères !", ah, les vipères ! Quel coup de génie, dans chaque forêt à champignons, on trouve, paraît-il, des vipères… Et des méchantes encore.
Mais le pays bruisse de mille histoires qui justifient aujourd’hui l’usage de toutes ces ruses accompagnées d’une justice expéditive. Venez donc compter aux premiers jours d’octobre le nombre de voitures hâtivement parquées sur les bas-côtés de nos routes forestières ! Leurs immatriculations trahissent leurs origines limitrophes et des ombres furtives se glissent entre les arbres, le panier à la main ! Normal que l’Ariégeois se dresse, prêt à défendre la terre sacrée de ses ancêtres. Chaque année à la même époque, c’est la guerre des champignons.
Mais si l’Ariégeois met tant de volonté à protéger ses champignons, c’est pour s’octroyer le luxe de vous les offrir dans les meilleures conditions possible. Et respecter ce désir-là, c’est comprendre les femmes et les hommes de cette terre.
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Littérature jeunesse :
Dans le roman intitulé Le 3e champignon (© Jennifer L. Holm, 2018 ; traduction française : Éditions Flammarion, 2019) de Jennifer L. Holm, le lecteur est plongé dans le vif du sujet dès les premières pages :
Mes parents eux-mêmes l'admettent : je n'ai jamais été difficile, sauf pour une chose.
Les champignons.
La première fois que j'ai goûté un champignon, j'étais à la maternelle. Mes parents sont divorcés, mais il s'entendent bien, et nous dînons en famille une fois par semaine.
Nous étions dans notre restaurant italien préféré et ma mère avait commandé un grand plat de raviolis pour trois. Comme j'adore les pâtes, j'étais heureuse.
Et puis, j'ai goûté.
Dans mes carrés de pâte tout mignons, au lieu d'une garniture au fromage fondant, j'ai trouvé, horrifiée, des morceaux brunâtres. Le goût était abominable. Ca sentait la terre.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? ai-je demandé.
- Des raviolis aux champignons. tu n'aimes pas ça ?
Muette, j'ai fait signe que non.
Mes parents semblaient un peu déçus.
La deuxième fois que j'ai essayé, c'était au restaurant chinois. Nous avions vu une pièce de théâtre, il était tard, j'avais faim. Mes parents en ont profité pour me convaincre de prendre un poulet aux champignons.
Essaie toujours de découvrir de nouvelles choses, m'ont répété mes parents.
Mais cette fois, les champignons avaient la texture du caoutchouc visqueux. Qu'est-ce que c'était que cette histoire, enfin ? Pourquoi manger quelque chose d'aussi dégoûtant ?
Je ne suis pas morte de faim, j'ai mangé le riz blanc et les petits gâteaux secs appelés fortune cookies. mais j'étais contrariée, à cause des champignons.
Ce jour-là, j'ai décidé que plus jamais je n'accepterai un seul champignon.
C'est là que la guerre des champignons a commencé.
Mes parents ont décidé que m'en faire manger serait leur challenge personnel. Ils ont commencé à en mettre partout. Dans le wok de légumes sautés, dans les lasagnes, dans la salade. Ils se sont imaginé que j'allais céder et les manger.
Mais je ne risquais pas de faire cette erreur une troisième fois.
A la fin, mes parents ont laissé tomber, et j'ai gagné la guerre des champignons. Ils se sont concentrés sur les choux de Bruxelles, qui ne méritent pas leur mauvaise réputation, selon moi.
Les années passant, il leur est parfois arrivé de servir des champignons. Chaque fois, je les ai repérés, sélections et soigneusement déposés sur le rebord de mon assiette.
Au moins personne n'allait dire que j'avais de mauvaises manières à table.
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Romans :
Jules Verne dans Voyage au centre de la Terre (1864) décrit une forêt de champignons géants :
Mais en ce moment mon attention fut attirée par un spectacle inattendu. À cinq cents pas, au détour d’un haut promontoire, une forêt haute, touffue, épaisse, apparut à nos yeux. Elle était faite d’arbres de moyenne grandeur, taillés en parasols réguliers, à contours nets et géométriques ; les courants de l’atmosphère ne semblaient pas avoir prise sur leur feuillage, et, au milieu des souffles, ils demeuraient immobiles comme un massif de cèdres pétrifiés.
Je hâtais le pas. Je ne pouvais mettre un nom à ces essences singulières. Ne faisaient-elles point partie des deux cent mille espèces végétales connues jusqu’alors, et fallait-il leur accorder une place spéciale dans la flore des végétations lacustres ? Non. Quand nous arrivâmes sous leur ombrage, ma surprise ne fut plus que de l’admiration.
En effet, je me trouvais en présence de produits de la terre, mais taillés sur un patron gigantesque. Mon oncle les appela immédiatement de leur nom.
« Ce n’est qu’une forêt de champignons », dit-il.
Et il ne se trompait pas.
Que l’on juge du développement acquis par ces plantes chères aux milieux chauds et humides. Je savais que le « lycoperdon giganteum » atteint, suivant Bulliard, huit à neuf pieds de circonférence ; mais il s’agissait ici de champignons blancs, hauts de trente à quarante pieds, avec une calotte d’un diamètre égal. Ils étaient là par milliers ; la lumière ne parvenait pas à percer leur épais ombrage, et une obscurité complète régnait sous ces dômes juxtaposés comme les toits ronds d’une cité africaine.
Cependant je voulus pénétrer plus avant. Un froid mortel descendait de ces voûtes charnues. Pendant une demi-heure, nous errâmes dans ces humides ténèbres, et ce fut avec un véritable sentiment de bien-être que je retrouvai les bords de la mer.
Mais la végétation de cette contrée souterraine ne s’en tenait pas à ces champignons.
[...]
Après une marche d’un mille, apparut la lisière d’une forêt immense, mais non plus un de ces bois de champignons qui avoisinaient Port-Graüben.
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On sait que les peuples slaves sont réputés mycophiles et mycophages, ce qui se confirme dans Anna Karénine (paru en feuilleton dans Le Messager en 1877) de Léon Tolstoï :
Le soleil disparaissait peu à peu derrière la forêt ; la rosée tombait déjà ; les faucheurs n’apercevaient plus le globe brillant que sur la hauteur, mais dans le ravin, d’où s’élevait une vapeur blanche, et sur le versant de la montagne, ils marchaient dans une ombre fraîche et imprégnée d’humidité. L’ouvrage avançait rapidement. L’herbe s’abattait en hautes rangées ; les faucheurs, un peu à l’étroit et pressés de tous côtés, faisaient résonner les ustensiles pendus à leurs ceintures, entre-choquaient leurs faux, sifflaient, s’interpellaient gaiement.
Levine marchait toujours entre ses deux compagnons. Le vieux avait mis sa veste de peau de mouton, et conservait son entrain et la liberté de ses mouvements. Dans le bois, on trouvait des champignons cachés sous l’herbe ; au lieu de les trancher avec la faux comme les autres, il se baissait dès qu’il en apercevait un, le ramassait et le cachait dans sa veste en disant : « Encore un petit cadeau pour la vieille. »
L’herbe tendre et douce se fauchait facilement, mais il était dur de monter et de descendre la pente souvent escarpée du ravin. Le vieux n’en laissait rien paraître, montant à petits pas énergiques, et maniant légèrement safaux, quoiqu’il tremblât parfois de tout son corps. Il ne négligeait rien sur sa route, ni une herbe, ni unchampignon, et ne cessait de plaisanter. Levine, derrière lui, croyait tomber à chaque instant, et se disait que jamais il ne gravirait, une faux à la main, ces hauteurs difficiles à escalader, même les mains libres, il n’en monta pas moins, et fit comme les autres. Une fièvre intérieure semblait le soutenir.
[...]
Les belles toilettes ôtées, on mit des robes ordinaires aux filles et de vieilles vestes aux garçons, on fit atteler le char à bancs, et l’on alla chercher des champignons aubois. Au milieu des cris de joie, les enfants remplirent une grande corbeille de champignons. Lili elle-même en trouva un. Autrefois, il fallait que miss Hull les lui cherchât ; ce jour-là, elle le découvrit toute seule, et ce fut un enthousiasme général. « Lili a trouvé un champignon ! »
La journée se termina par un bain à la rivière ; les chevaux furent attachés aux arbres, et le cocher Terenti, les laissant chasser les mouches de leurs queues, s’étendit sous les bouleaux, alluma sa pipe, et s’amusa des rires et des cris joyeux qui partaient de la cabine.
[...]
« Venez nous montrer les bons endroits pour trouver des champignons. » La vieille hocha la tête en souriant. « On voudrait vous garder rancune qu’on ne le pourrait pas », semblait dire ce sourire.
[...]
Warinka parut très attrayante ce jour-là à Serge Ivanitch ; tout en marchant à ses côtés, il se rappela ce qu’il avait entendu dire de son passé et ce qu’il avait remarqué lui-même de bon et d’aimable en elle. Son cœur éprouvait un sentiment particulier, ressenti une seule fois, jadis, dans sa première jeunesse, et l’impression de joie causée par la présence de la jeune fille fut un instant si vive qu’en mettant dans le panier de celle-ci un champignon monstre qu’il venait de trouver, leurs yeux se rencontrèrent dans un regard trop expressif.
« Je vais chercher des champignons avec indépendance, dit-il, craignant de succomber comme un enfant à l’entraînement du moment, car je m’aperçois que mes trouvailles passent inaperçues. » – « Pourquoi résisterais-je, pensa-til quittant la lisière du bois pour s’enfoncer dans la forêt, où, tout en allumant son cigare, il se livra à ses réflexions ? Le sentiment que j’éprouve n’est pas de la passion, c’est une inclination naturelle, à ce qu’il me semble, et qui n’entraverait ma vie en rien. Ma seule objection sérieuse au mariage est la promesse que je me suis faite, en perdant Marie, de rester fidèle à son souvenir. » [
« Barbe Andrevna, dans ma jeunesse je m’étais fait un idéal de la femme que je serais heureux d’avoir pour compagne ; ma vie s’est passée jusqu’ici sans la rencontrer, vous seule réalisez mon rêve. Je vous aime et vous offre mon nom. »
Ces paroles sur les lèvres, Serge Ivanitch regardait Warinka agenouillée dans l’herbe à dix pas de lui, et défendant un champignon contre les attaques de Gricha afin de le réserver aux plus petits.
« Par ici, par ici, il y en a des quantités, criait-elle de sa jolie voix bien timbrée. Elle ne se leva pas à l’approche de Kosnichef, mais tout, dans sa personne, témoignait de la joie de le revoir.
– Avez-vous trouvé quelque chose ? lui demanda-t-elle, tournant son aimable visage souriant vers lui.
– Rien du tout », répondit-il.
Après avoir indiqué les bons endroits aux enfants, elle se leva et rejoignit Serge ; ils firent silencieusement quelques pas ; Warinka, étouffée par l’émotion, se doutait de ce que Kosnichef avait sur le cœur. Tout à coup, quoiqu’elle n’eût guère envie de parler, elle rompit le silence pour dire presque involontairement :
« Si vous n’avez rien trouvé, c’est qu’il y a toujours moins de champignons dans l’intérieur du bois que sur la lisière. »
Kosnichef soupira sans répondre, cette phrase insignifiante lui déplaisait ; ils continuèrent àmarcher, s’éloignant toujours plus des enfants. Le moment était propice pour une explication, et Serge Ivanitch, en voyant l’air troublé et les yeux baissés de la jeune fille, s’avoua même qu’il l’offensait en se taisant ; il s’efforça de se rappeler ses réflexions sur le mariage, mais, au lieu des paroles qu’il avait préparées, il demanda :
« Quelle différence y a-t-il entre un cèpe et un mousseron ? » [...]
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Dans L'Assommoir (1877), Emile Zola crée une comparaison étonnante mais parlante :
— Sont-ils indignes, ces crapules-là ! criait madame Boche. Vraiment, il faut que les gens aient bien peu de chose à faire, pour faire tant d’enfants… Et ça se plaint encore de n’avoir pas de pain !
Boche disait que les enfants poussaient sur la misère comme les champignons sur le fumier.
Sir Conan Doyle, auteur de Sir Nigel (1906) exprime toute la mycophobie dont la culture anglo-saxonne est empreinte :
La pluie s’arrêta enfin et ce fut un maladif soleil automnal qui se mit à briller sur une terre détrempée. Les feuilles en putréfaction empestaient le lourdbrouillard qui s’élevait des bois. Les champs se couvraient de monstrueux champignons de teintes et de dimensions telles qu’on n’en avait jamais vu auparavant : ils étaient écarlates, mauves, livides ou noirs. Il semblait que la terre malade se fût couverte de pustules ; les moisissures et le lichen maculaient les murs et la Mort jaillit de la terre noyée. Les hommes périrent, ainsi que les femmes et les enfants, le baron dans son château, l’affranchi dans sa ferme, le moine dans son abbaye et le vilain dans sa cabane de clayonnage et de torchis. Tous respiraient le même air malsain et tous mouraient de la même mort. De ceux qui étaient frappés, aucun n’en réchappait et le mal était partout semblable : énormes furoncles, délire et pustules noires qui donnèrent son nom à la maladie. Durant tout l’hiver, des cadavres pourrirent sur les côtés des routes, ne trouvant personne pour les enterrer. Dans de nombreux villages, il ne resta pas âme qui vive. Le printemps enfin arriva, et avec lui le soleil, la santé et le rire ; c’était le printemps le plus vert, le plus doux et le plus tendre que l’Angleterre eût jamais connu. Mais lamoitié seulement de l’Angleterre put en jouir, car l’autre avait disparu avec le grand nuage pourpre.
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Sacha Guitry, dans son unique romane sa famille : intitulé Mémoires d'un tricheur (1935) raconte avec son humour habituel comment le narrateur perdit en une journée tous les membres de sa famille =>
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Nathalie Kleczinski, dans un article intitulé "Dune : les champignons hallucinogènes auraient inspiré Frank Herbert (l’épice) pour son roman" (paru le 16 novembre 2021 sur le site Néozone) dévoile un secret, peut-être de polichinelle :
Dune est un livre de pure science-fiction sorti en 1965... Depuis il n'a cessé d'alimenter les rumeurs... Il se dit que l'auteur se serait inspiré de champignons magiques pour créer son œuvre désormais culte !
Connaissez-vous le roman Dune, écrit en 1965 par Frank Herbert ? Dans ce roman de pure science-fiction, l’histoire se déroule en 10191 après la fondation de la Guilde Spatiale… Cet univers est gouverné par l’empereur Padishah Shaddam IV, chef de la Maison Corrino. Et il exerce son pouvoir sur plusieurs planètes de l’Imperium… Un vaste empire qui nécessite de nombreux voyages interstellaires !
Cette année, un film, Dune, réalisé par Denis Villeneuve revient sur ce roman sous un angle différent. Et il apparaît dans le film que les fameux voyages interstellaires originels, auraient pu avoir pour sources des champignons hallucinogènes ! On vous explique tout ça !
Une « épice » qui fait grand bruit !
Si l’on remonte aux origines, du roman, son créateur Herbert, était connu pour avoir des affinités avec un produit psychédélique naturel appelé psilocybine. Ce composé est un mélange de plusieurs champignons naturels avec un pouvoir psychédélique. Dans le film de 2021, ce serait l’un des aspects de l’intrigue ! Derrière les voyages interstellaires se cacherait ce champignon magique issu de la planète Arrakis !
Dans le roman, les habitants essaient constamment de trouver ce qu’il appelle une « épice » ! Elle est la ressource la plus précieuse de la galaxie, et il lui profère un pouvoir de « carburant » ! Cette « épice » est également considérée comme un hallucinogène sacré ayant des bienfaits sur la santé des citoyens ! Mais elle provoque aussi une dépendance que l’on peut voir sur les habitants grâce à leurs yeux d’un bleu plus foncé que ceux des autres !
Dune serait-il une ode aux champignons magiques ?
Dune a souvent été associé à l’usage de champignons hallucinogènes. Alejandro Jodorowsky, cinéaste mystique et surréaliste avait déjà imaginé un film sur le roman. Il “voulait faire un film qui donnerait aux personnes qui prenaient du LSD à l’époque les hallucinations que vous obtenez avec cette drogue, mais sans halluciner”. Ce roman a peut-être même inspiré le nom d’une drogue : La diméthyltryptamine ou DMT, substance psychotrope puissante. Et finalement ceux qui pensaient que le film faisait la part belle aux drogues psychédéliques n’avaient peut-être pas tort !
Les champignons, la passion d’Herbert ?
Dans un article publié par le journal The Daily Grail, le spécialiste en mycologie, Paul Stamets déclarait que l’auteur du roman était un passionné de champignons… Il avait expliqué au mycologue, qu’il adorait ramasser des champignons dans se propriété de Port Townsend à Washington. Et il a aussi confié à l’expert que son roman Dune s’inspirait de ses expériences personnelles avec les champignons magiques (ou hallucinogènes peut-être ?).
La nouvelle adaptation de Dune reste fidèle à la complexité du roman originel… Un schéma politique impressionnant et un monde construit de toutes pièces où les substances psychédéliques sont au cœur de l’Univers créé par Herbert.
Attendons-nous donc à voir Paul Atréides, le personnage central du film, à partir en quête de cette fameuse épice aux pouvoirs magiques ! Mais dans ce dernier volet, le champignon magique sera-t-il la seule substance psychotrope que l’on y trouvera ? Réponse dans le film ! Attention, si la science-fiction n’est pas un monde qui vous attire, les 2h36 de film vont vous sembler une éternité, même avec des champignons en guise d’amuse-gueules !
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Bohumil Hrabal dans La petite ville où le temps s'arrêta (Éditions Robert Laffont, 1993) raconte quelques souvenirs d'enfance liés à la cueillette des champignons :
[…] Franci fut obligé d’employer la ruse : avant leur première expédition en forêt, il avait acheté trois beaux cèpes, puis les deux frères prirent le train du matin, en constatant qu’ils voyageaient avec une centaine d’autres ramasseurs de champignons, et bien sûr, tout le monde descendit à Rozdalovice dans une grande bousculade, troupeau de gens furieux les uns contre les autres, et bientôt la forêt retentit de leurs cris et appels. Mais Franci avait l’art de repousser les concurrents qu’ils croisaient en chemin, juste à l’orée du bois il laissa tranquillement passer un ramasseur de champignons, puis il sortit de sa poche l’un des cèpes achetés d’avance. « Alors vous laissez des champignons derrière vous ? », cria-t-il en exhibant le cèpe dans le dos de l’homme pressé, qui s’arrêta comme foudroyé pendant que papa nettoyait délicatement son champignon avant de le déposer dans le petit panier de Pepi, et mon oncle le caressa du bout des doigts, le huma béatement... mon père put ainsi placer ses trois cèpes du commerce, pour éloigner les autres ramasseurs de champignons il leur cueillit dans le dos le deuxième puis le troisième cèpe et, chaque fois, l’homme qui se laissait surprendre de la sorte en était tellement dépité que, par la suite, il n’arrivait plus à chercher correctement. Ce qui permit aux deux frères de se balader à loisir dans la forêt, Franci aidant Pepi au passage des fourrés, à la fin ils s’assirent dans une clairière et mon oncle reprenait les cèpes un à un pour les humer de nouveau, sous les exclamations enthousiastes de mon père.
Mais par la suite, les ramasseurs de champignons venaient si nombreux à la gare de la petite ville où le temps s’arrêta que mon père estima préférable de ne partir qu’après le déjeuner, mais comme si tout le monde s’était donné le mot, ils étaient encore tous ensemble dans le train de l’après-midi, mon père décida donc de prendre l’autobus mais, de nouveau, tous les ramasseurs de champignons qui, d’habitude, prenaient le train, s’y donnèrent rendez-vous, une foule telle qu’il fallut affréter un bus supplémentaire, mon père se dit alors qu’il vaudrait mieux y aller en voiture, mais le lendemain toute une colonne de véhicules sortit à l’aube de la petite ville où le temps s’arrêta, qui en voiture, qui à moto ou à bicyclette mais tous dans la même direction, si bien qu’une fois de plus tout le monde se retrouva dans la forêt au coude à coude, à portée du regard et de la main des autres. En désespoir de cause, mon père résolut de ramasser aussi des champignons non comestibles voire suspects, suivant le livre du professeur Smotlacha qui fait autorité en mycologie tchèque.
Désormais, mon père partait avec Pepi en emportant un poêlon et une plaquette de beurre pour se livrer à leur mycologie expérimentale dès la fin du printemps jusque tard dans l’automne. Ils allumaient un feu dans une clairière et, après avoir fait revenir dans le beurre un oignon haché, ils jetaient dans leur poêlon une fausse oronge, des touffes de trompettes-de-la-mort, ajoutant quelques morilles ou une amanite panthère, selon la saison. Mon père faisait goûter d’abord cette friture insolite à tonton Pepi, puis il lui demandait au bout d’une demi-heure : « Dis donc, Joska, tu n’entends pas par hasard des tintements dans les oreilles ? » Pepi n’entendait rien, sinon le tintement d’une cloche d’église ou la sonnette d’une bicyclette, et Franci goûtait à son tour au plat de champignons, qui était excellent.
Une fois ils restèrent pourtant dans la forêt plus de cinq heures durant, paralysés des jambes parce que mon père avait ajouté un peu trop de mousseron marasme. Oncle Pepi se réjouissait déjà qu’il ne serait plus obligé de marcher du tout, on le pousserait dans une voiture d’infirme, mais il dut vite déchanter car, au bout de quelques heures, les deux frères retrouvèrent l’usage de leurs jambes, si bien qu’ils purent aller sans encombre jusqu’à la gare pour rentrer chez eux. À force de consommer des champignons suspects, mon père se sentit tellement en forme qu’il décida d’emmener aussi maman, à cette époque les deux frères osaient déjà aller très loin et leur plat du jour se composait d’hydnes bien coriaces, de lépiotes et de volvaires, agrémentés de quelques helvelles qui, selon le professeur Smotlacha, contiennent de l’acide helvellique... ils offrirent d’abord ce régal à maman puis, comme elle n’entendait aucun tintement au bout d’une demi-heure, ils y goûtèrent à leur tour, il restait encore des helvelles et maman en fit une conserve au vinaigre, il paraît que c’est exquis, bien meilleur que les cèpes.
Puis Franci eut l’idée de conserver ces helvelles dans du vinaigre à l’estragon avec quelques girolles, lactaires et fistulines, et ce mélange de champignons servi dans des coupes, juste arrosé de quelques gouttes de jus de citron, de tabasco et de sauce worcester, avait pour lui un goût aussi fin que la chair de la langouste ou les meilleurs fruits de mer... Un jour qu’ils étaient descendus à la gare de Trebestovice, Franci dit soudain : « Qu’est-ce que c’est que ces taches rougeâtres, là-bas ? » Ils y retournèrent – et tombèrent à genoux, tout ébahis : c’étaient de très beaux bolets dont ils purent ramasser tout un plein panier. Ils restèrent tout un moment là, assis sur un tas de sable, se chauffant au soleil près du petit bois, puis dans le train du retour, les ramasseurs de champignons qui ramenaient leur maigre récolte après toute une journée de recherche crièrent à la provocation, comme si Franci et Pepi avaient acheté tout cela Dieu sait où pour les narguer.
Le soir, maman put préparer pour la première fois depuis bien longtemps un plat classique de champignons comestibles, après quoi tous les trois furent pris de vomissements et Pepi perdit même connaissance, il eut aussi la diarrhée, une soif inextinguible et une nouvelle crise de vomissements suivie de violents maux de tête, puis des crampes dans les mollets et des troubles de la vision, le tout accompagné d’un tintement persistant dans les oreilles. Toute la famille, paralysée des jambes pendant près de six heures, fut transportée à l’hôpital où le chef de clinique diagnostiqua une intoxication alimentaire par champignons comestibles, phénomène assez rare, le dernier cas connu étant celui du professeur Smotlacha, retrouvé dans le coma après avoir mangé un plat de cèpes. [...]
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Dans Les Vents de Neptune (Éditions Viviane Hamy, 2004) Fred Vargas fait du champignon une métaphore de la vérité :
"Adamsberg ouvrit son bagage et lui tendit le pot de sirop d'érable.
- Je vous ai rapporté ça du Québec. Ça se mange avec du yaourt, du pain, des crêpes. Ça ira bien avec vos galettes.
- Ben c'est gentil. Avec tous vos ennuis, ça me fait quelque chose. Il est joli, le pot. C'est de leurs arbres que ça coule ?
- Oui. Dans cette histoire, c'est encore le pot qui est le plus difficile à faire. Pour le reste, ils fendent les troncs et ils recueillent le sirop.
- Ben c'est pratique. SI on pouvait faire ça avec les côtes de porc.
- Ou avec la vérité.
- La langue de bœuf n’a plus le foie, ça se déniche. La vérité, ça se calfeutre comme les champignons, et personne sait pourquoi.
- Et comment ça se déniche, Clémentine ?
- Ben exactement comme les champignons. Faut soulever les feuilles une par une dans les endroits sombres. C'est long des foyes.
[...]
Il s'arrêta et passa ses doigts sur ses yeux. Feuille après feuille dans les zones d'ombre, avait recommandé Clémentine, pour débusquer les champignons de la vérité. Pour le moment, il devait suivre pas à pas cette oreille déformée. Un peu en forme de champignon, en effet. Il devait rester attentif, s'efforcer que les nuages plombés de ses pensées ne viennent pas obscurcir le tracé de sa route étroite."
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Dans Le Fait du prince (Éditions Albin Michel, 2008), Amélie Nothomb évoque avec humour la lyophilisation des champignons :
Je me laissai ramollir dans l’eau chaude. J’étais heureux comme un champignon séché mis à tremper dans du bouillon : retrouver mon volume d’antan était délectable. J’ai toujours eu pitié des légumes lyophilisés : à quelle vie prétendre quand on a perdu son humidité. Sur le paquet, on affirme que le produit sec a conservé toutes ses propriétés : si on interrogeait le végétal cartonneux, nul doute que son opinion divergerait. L’imputrescibilité, quel ennui !
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Thierry Dimanche propose Cercles de feu (Éditions Le Quartanier, 2019). Voilà la présentation de son éditeur :
Trois hommes marchent dans un brûlé de pins gris. Ils cherchent des morilles de feu, ces champignons élusifs qui font l’objet d’une intense convoitise et fructifient là où un an plus tôt rageaient des brasiers dévastateurs. Loin dans le nord du Québec ou de l’Ontario, ils ratissent d’immenses territoires désolés en guettant dans la suie les signes du mycélium. Quand enfin surgissent les mille têtes argentées, ils se consacrent des jours durant au labeur pénible et exaltant de la cueillette. Ils aimeraient se croire seuls; ils ne le sont pas. Car ici se croisent une faune de petits criminels et d’ermites, attirés par l’illusion de la vie sauvage ou l’appât du gain. Très vite les forces de l’entropie se manifestent. Cartes et GPS égarent les hommes et les rejettent contre des barrières d’épinettes noires, des torrents, des marécages. L’épuisement et les blessures les guettent. Pour échapper au désastre, ils devront comprendre une fois pour toutes que nulle créature n’est autosuffisante.
Œuvre sur la puissance de la nature et les dérives d’hommes livrés à leurs obsessions, Cercles de feu tient du western nordique et du road novel. Thierry Dimanche puise à même son expérience de la mycologie et de la forêt et fait résonner, dans ce roman qui évoque Le trésor de la Sierra Madre et La bête lumineuse, les voix de trois compagnons d’infortune à la poursuite d’un objet qui se dérobe pour mieux les révéler.
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Fred Vargas dans Sur la Dalle (Éditions Flammarion, 2023) décrit un personnage qui aime les champignons d'étrange manière :
- Tiens, il a oublié son son panier de champignons sur le comptoir de Johan.
- Il ne l'a pas oublié, il n'en mange jamais. Il les donne. A Catherine, , à Johan, à qui veut.
- Il va souvent en cueillir ?
- Mais presque tous les jours. Pendant huit mois, tout le temps de la saison.