Étymologie :
COULEMELLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. [1560 columella lat. sc. (Bruyerinus, De re cibaria ds Roll. Flore t. 11, p. 147)] ; fin xvie s. columelle « variété d'agaric » (ds FEW t. 2, p. 932 a) ; 1638 id. (Sully, Œcon. roy., ch. XXII ds Gdf. Compl.) ; ca 1600 coulemelle « lépiote élevée » (ds FEW, loc. cit.). Du lat. class. columella « petite colonne » (dimin. de columna, v. colonne), prob. pour les formes du type coulemelle à travers un nouveau dér. *columnella, en raison de la forme du champignon.
Lire également la définition du nom coulemelle afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Macrolepiota procera - Agaric couleuvre - Agaric couleuvrée - Agaric élevé - Badrelle - Baguette-de-tambour - Baguier (Canada) - Baguier du Canada - Boutarot - Bouterot - Brugairol - Brugaizello - Brugasson - Brugassou - Bruguet - Capelan - Capellon - Champignon parasol - Chevalier bagué - Chic-à-la-bague (Loire) - Clonas - Cloroson (Creuse) - Clorosse - Clouneau - Cluseau - Coche - Cocherelle - Cogomelos - Coleaurelle - Colemelle - Colombette - Commère (Indre-et-Loire) - Cormelle - Coquemelle - Couamelle - Couanelle - Coucourle - Coulemelle - Coulevrée - Couleuvrée - Couleuvrelle - Coulmotte - Coulsé - Cournet - Cousné - Cul d'âne - Cul d'ours - Demoiselle - Escargoule - Escumelle - Goimelle - Goilmelle - Golmelle - Golmotte - Golmotte de Voyen (Meuse) - Gomelle - Gouno ou Gonno ("la jupe") - Grande coulemelle - Grisette - Grisotte - Houpale - Lépiote élevée - Madalena - Morto-de-fred ("mort-de-froid") - Mort de Red - Moussar - Nez-de-chat - Ombrella - Ombrelle japonaise - Padre - Parasol - Paumelle - Penchinade, Penchinado ou Pinchinado ("le peigné") - Parasol - Paturon - Perdrix - Pied-de-chevreau - Potiron - Potiron à bague - Potrelle - Poturon - Quioul d'Ase - Quioul-d'azé (soit cul-d'âne) - Saint Martin - Saint-Martino - Saint-Michel - Senmice ou ou Samiquel ("Saint-Michel") - San Martino ;-San Miquel - Scaroge - Vertet -
Macrolepiota rhacodes - Coulemelle rougissante - Lépiote brune - Lépiote déguenillée - Lépiote raboteuse - Lépiote rougissante -
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Mycologie :
Louis Fabre, auteur de Les champignons comestibles du canton de Neuchatel et les espèces vénéneuses avec lesquelles ils pourraient être confondus. (Imprimerie de C. Leidecker, 1861) propose une description et une illustration très claires :
AGARICUS PROCERUS. -Agaric élevé - Agaric couleuvre - Coulemelle
Caractères. Chapeau charnu, très délicat, d'abord sphérique ou ovoïde, en suite plat, puis incliné en parasol ; l'épiderme épais se déchire en grandes écailles. Pédicule long, creux, tuberculeux au bas, la surface est tachetée comme la peau d'un serpent ; il est entouré d'un anneau mobile. Les lamelles sont un peu éloignées du pédicule.
Description. Le pédicule est droit, cylindrique, long de 8 à 12 pouces, épais de ¾ à 1 pouce ; le bas est tuberculeux ; toute la surface est couverte d'une quantité de petites écailles brunes, provenant du déchirement de l'épiderme ; à l'intérieur il est creux et blanc. - L'anneau est mobile et peut couler en haut ou en bas. - Le chapeau, large de 6 à 12 pouces, est d'abord en cloche, puis un peu aplati avec une proéminence au milieu ; il est fibreux, cendré-brunâtre et couvert de grosses écailles brunes imbriquées (1). Dans la jeunesse, les lamelles sont blanches, puis gris cendré, brunâtres ou jaunâtres ; elles sont délicates, serrées, et se terminent à l'intérieur en un cercle qui s'éloigne peu à peu du pédicule. Ce beau champignon croît seul, rarement en groupes, dans les clairières des bois, depuis août en novembre.
Note : 1) Disposées comme les tuiles d'un toit.
Dans son Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) Charles Richon nous transmet une description du champignon qu'il trouve particulièrement savoureuse :
Vaillant en a laissé une description pittoresque qui ne manque pas d'intérêt. « Son chapiteau , dit-il , avant que d'être étendu, est laillé à peu près comme un œil, brun assez clair. La peau s'en gerce quand ce chapeau s'étend et forme plusieurs petits lambeaux qui sont autant de taches sur un fond blanc. Le chapeau s'aplatit en platine qui a depuis 4 jusqu'à 6 ou 7 pouces de diamètre ; la chair en est mollasse et spongieuse, mais fort blanche ainsi que les feuillets, qui ont environ 6 lignes de large, assez pressez et entre meslez d'une portion de feuillet. Le pédicule est haut quelquefois d'un pied, comme bulbeux dans sa base, taillé comme en quille, c'est-à-dire qu'il va toujours en perdant un peu de son épaisseur de bas en haut. Il est brun, mais il se gerce ordinai rement en travers, ce qui le fait paraître marbré de blanc et de brun. Il est garni d’une fraise qui a servi à tapisser le dessous du chapeau. Sa chair mâchée est d'un assez bon goût de Champignon. »
[...]
Ce Champignon est curieux à étudier au point de vue de la formation de son anneau mobile constitué par voile et une partie du volva. Le voile, en effet, se détache entièrement du sommet du stipe, lorsque celui-ci a atteint la moitié de sa longueur : la circonférence d'ouverture du voile plus étroite que le stipe le fixe presque sur ce dernier, et alors, tiré en sens divers par l'élongation continue du stipe et l'élargissement lent des bords du chapeau, ce voile se replie sur lui-même et se comprime sur ses doubles plis, de façon à prendre une position in verse de celle qu'il avait à l'origine.
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D'après Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de Champignons (collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013), la coulemelle peut être considérée comme "le parasol de la prairie".
Mort de froid : Dans le Périgord, dans les Landes ou à Toulouse, on appelait parfois la coulemelle morto-de-fred ou mort-de-froid, mais ce nom désignait plutôt la lépiote pudique, plus petite et plus claire.
Le champignon aux mille noms : La coulemelle est un excellent champignon, très facile à reconnaître et, pour ces deux raisons, consommé presque partout. On lui connaît des dizaines de noms différents avec toutes leurs variantes locales. Certains d'entre eux sont évidents, comme parasol ou ombrella. D'autres s'expliquent assez facilement :
chevalier bagué ou chic-à-la-bague (Loire), pour l'anneau qui entoure son pied ;
baguette-de-tambour, pour son aspect jeune, lorsqu'elle n'est encore qu'un long pied surmonté d'un petit chapeau ovoïde ;
nez-de-chat, peut-être pour le mamelon brun et velouté qui orne le centre du chapeau et qui pourrait rappeler la truffe du félin ;
pinchinado ou penchinade (Languedoc, "le peigné") évoquent la régularité des lamelles, similaires aux dents d'un peigne ;
gouno ou gonno (Toulouse), la jupe en occitan, pour sa forme en cloche, avant que son chapeau ne soit complètement étalé ;
escargoule, du latin esca gulae, de la nourriture pour le osier, nom qu'elle partage avec le cèpe et la chanterelle ;
saint-Michel, senmiceou ou samiquel parce qu'elle pousse en automne, aux alentours du 29 septembre ;
brugairol (Agenais), brugassou (Hérault) ou bruguet lorsqu'on la trouve dans les bruyères ;
potiron, paturon ou potrelle parce qu'elle pousse en abondance dans les prés, les pâtures.
D'autres appellations sont plus énigmatiques : cul d'ours, quioul-d'azé (soit cul-d'âne, à Toulouse), pied-de-chevreau, perdrix, scaroge, vertet ou boutarot.
La petite colonne : Son nom le plus courant est coulemelle, dit aussi colemelle ou cormelle, attesté depuis le XVie siècle, dans les premières descriptions de champignons. Il a sans conteste une origine latine : columella, petite colonne. Le pied de la coulemelle a effectivement la forme d'une colonne haute et droite. Ce nom a donné les diminutifs coulmotte ou golmotte (Lorraine), ou encore gomelle ou goimelle. Ces derniers termes pourraient aussi être rapprochés de couamelle, couanelle ou escumelle, des noms qui semblent plutôt dériver de squamula, écaille en latin. En effet, le chapeau du champignon porte de nombreuses mèches pelucheuses, très caractéristiques. Ces écailles sont d'ailleurs à l'origine du nom scientifique du champignon, lépiote élevée, du grec lepion, petite écaille. Le pied porte lui aussi de petites écailles brun-gris, qui évoquent la peau de serpent, d'où les noms de coulevrée ou couleuvrelle.
Le géant : La coulemelle est le plus grand champignon européen. Elle peut atteindre 40 cm de haut, et son chapeau, 30 cm de diamètre.
Confusions : La coulemelle a été parfois accusée de provoquer "des spasmes convulsifs et un délire furieux accompagné de hurlements frénétiques" (British journal of homoepathy de 1853 !), sans doute par confusion avec une autre espèce. C'est aussi pour sa ressemblance avec des espèces locales toxiques qu'elle est évitée dans certains pays, par exemple au Nigéria."
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Lyra Ceoltoir, dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) décrit la Lépiote élevée de la manière suivante :
En latin, lepiota (un mot dérivé lui-même du grec ancien) signifie « petite écaille », « petite croûte », terme que l'on comprend tout de suite en regardant le chapeau de ce grand champignon, que l'on croirait effectivement recouvert d'écailles. Son nom vernaculaire, « coulemelle », vient quant à lui de l'ancien français columelle, « petite colonne », et ce n'est pas la hauteur de son pied qui contredira ce surnom ! Car oui, elle est élevée, elle est très grande, c'est une colonne dans le monde des champignons, c'est même la plus haute d'Europe, notre lépiote, et l'on pourrait presque s'en faire, effectivement, un parasol !
Vie de champignon : Cette géante est facile à reconnaître, même si des confusions sont parfois possibles avec ses cousines, la lépiote déguenillée (Macrolepiota rhacodes), ce qui n'est pas grave, vu sa qualité comestible, ainsi qu'avec d'autres espèces de lépiotes pouvant être toxiques. Elle se distingue en effet avec son grand chapeau, atteignant 40 centimètres de diamètre, perché au sommet d'un pied culminant jusqu'à 40 centimètres également. Titanesque !
La lépiote élevée commence sa vie sous une forme ovoïde, comme les amanites, mais sans volve. Ce « bulbe » , qui semble coiffé d'un dé à coudre brun, est en fait une réserve de nourriture dont va d'abord jaillir le pied du champignon, d'où le surnom de « baguette de tambour » des jeunes sujets. Ensuite viendra le chapeau, d'abord ovoïde, puis convexe, s'étalant progressivement en formant un « parasol » couronné d'un mamelon brun, ce qui lui vaut son surnom de « nez de chat ». La croissance est assez rapide, et l'enveloppe primaire du champignon n'est pas assez souple pour le suivre : elle se fend, se craquelle et se sépare en grosses « écailles » éparses (appelées « mèches ») à la surface du chapeau, qui se détachent, gris-brun, sur le fond clair. Dessous, les lames sont blanches, le pied creux, bulbeux à sa base, d'abord brun puis déchirant à son tour son revêtement en grandissant, pour finir, à maturité, tigré de brun sur un fond blanc. Il présente alors un aspect écaillé vers la base, d'où le surnom de la lépiote de « couleuvrée ». Il s'orne d'un anneau double, blanc, qui peut coulisser (vous l'aurez deviné, voici l'origine du « chevalier bagué » ).
En plus d'être grande, la lépiote est facile à vivre et pousse de la fin de l'été à la fin de l'automne dans les bois, les lisières et les prés, seule ou accompagnée de ses congénères, parfois en formant des ronds de sorcière. C'est un bon comestible, bien que seul son chapeau se consomme. Cependant, vu ses dimensions, on ne peut pas lui en vouloir ! Elle se plie à toutes les recettes imaginables, car sa saveur est douce et sa texture agréable. Georges Becker affirme que c'est grillée au barbecue, simplement salée et poivrée , qu'elle donne le meilleur d'elle-même !
D'un point de vue nutritionnel, la lépiote contient une vingtaine d'acides aminés, des minéraux en quantité (fer, zinc, chitine, fibres, vitamines...), des protéines, des fibres, des vitamines et des oméga 3 et 6. Elle possède également une activité antitumorale et antibiotique avérée, en plus de se propriétés anti-oxydantes. Il serait donc dommage de s'en priver, n'est-ce pas ?
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Usages traditionnels :
Louis Fabre, auteur de Les champignons comestibles du canton de Neuchatel et les espèces vénéneuses avec lesquelles ils pourraient être confondus. (Imprimerie de C. Leidecker, 1861) rapporte des recettes connues :
Lorsqu'on veut l'apprêter, il faut le nettoyer convenablement et en retrancher le pédicule, les feuillets et l'épiderme. On le rôtit sur le gril, ou on le frit dans le beurre avec du poivre, du sel, des tranches de pain et des fines herbes. — On le prépare aussi en sauce comme une fricassée de poulets. -
On cite un cas d'empoisonnement causé par ce champignon ; est-on bien sûr que le plat ne contînt pas une espèce malfaisante ?
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Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) rend compte d'usages de nos ancêtres :
Letellier dit aussi qu'il n'a pas d'odeur prononcée mais qu'il offre un goût exquis de noisette. Il ajoute que souvent il en a mangé cru sans en avoir été incommodé, et qu'il lui paraît bien supérieur au Champignon de couche . Roques en fait le plus grand éloge : il dit qu'il est peu de Champignons aussi légers, aussi délicats, aussi faciles à digérer. Il recommande de jeter la tige ou stipe et de faire cuire le chapeau sur le gril, puis de l'assaisonner avec du beurre, poivre et sel, ou de l'huile d'olive. Vittadini n'est pas si enthousiaste : la chair du chapeau lui parait mollasse et plus ou moins insipide, lorsqu'elle est cuite ; crue, il la trouve d'abord agréable, puis nauséeuse et légèrement acre. M. Barla dit également qu'on ne fait pas très grand cas de ce Champignon aux environs de Nice, où on ne l'apporte que très rarement sur les marchés. M. Quélet ne le qualifie que d'assez bon. Nous sommes, quant à nous, de l'avis de Roques.
Le chapeau entier de ce Champignon cuit à sec, sur le gril, et servi comme un beefsteack sur du beurre assaisonné de fines herbes, nous a toujours paru excellent. Mais nous le trouvons d’un goût trop fort lorsqu'on le cuit dans une omelette. Il se ramollit alors, fond en une sorte de masse liquide d'une sapidité excessive, et demande à ce titre d'être employé en très petite quantité.
Francis Martin dans son ouvrage intitulé Sous la forêt. Pour survivre il faut des alliés. (Éditions HumenSciences, 2019) nous donne une de ses recettes :
Chaque année, j'aime parcourir avec mon fils les sentiers qui traversent une chênaie centenaire, à quelques minutes de la maison. Nous sommes assurés d'y trouver une petite troupe de lépiotes déguenillées (Macrolepiota rhacodes), avec leur parasol si caractéristique. Passés au four et agrémentés d'un soupçon de crème, ses chapeaux bien fermes à la saveur de noisette sont tout simplement délicieux.
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Croyances populaires :
Selon Frédéric Duhart, auteur d'une « Contribution à l’anthropologie de la consommation de champignons à partir du cas du sud-ouest de la France (XVIe -XXIe siècles) », (Revue d’ethnoécologie [En ligne], 2 | 2012) :
Tous les champignons considérés comestibles par une population ne sont pas également appréciés. Quand les uns sont appelés au service des meilleures tables, l’emploi de certains autres ne saurait être envisagé en dehors des cuisines les plus rustiques. Fondées sur des critères de texture, de saveur ou de parfum, ces différenciations reposent uniquement sur l’exercice de l’arbitraire culturel propre à un lieu et à une époque (Garine 1979). [...] Pour sa part, la coucourle (Lepiota procera) ne devint un honorable mets périgourdin qu’à la faveur de la première vague de régionalisme culinaire et de la curiosité pour les nourritures rustiques (Fulbert Dumonteil 1906 : 307-308). Deux catégories de champignons comestibles se distinguaient en effet assez nettement dans le Sud-Ouest. À ceux qui étaient dignes d’être mis à l’honneur lors des repas les plus somptueux s’opposaient les champignons populaires.
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Symbolisme :
Carole Chauvin-Payan, dans son article intitulé "Le champignon : désignations dialectales et traditions populaires sur le territoire français" (Quaderni di Sémantica / a. XXV, n°2, décembre 2004) précise l'origine du mot girolle :
La désignation coulemelle qui désigne aujourd'hui la lépiote élevée, Lepiota procera, vient du terme latin columella signifiant "petite colonne" , au sens imagé, "pilier, soutien". En moyen français, le terme columelle désignait une variété d'agaric. La forme [kuam'el] est utilisée comme générique en Languedoc, dans l'Hérault, l'Aveyron et le Tarn. En Aveyron, le chercheur de champignons est appelé [kuam'elaire]. Dans l'Hérault, le sobriquet de [lus kuam'els] est donné aux habitants de Saint-Gervais qui ramassent beaucoup de champignons dans les châtaigneraies.
La forme latine cucuma qui désignait une petite baignoire a donné en français coquemar, "bouilloire à large ventre, casserole en fonte ou pot en terre". La désignation coucoumelle en français moderne l'oronge blanche, amanita ovoidea. La forme dialectale [kukum'ela] attestée dans l'Hérault est présentée comme générique par le FEW, alors qu'elle est répertoriée comme un spécifique par J. Bourlier-Berkowicz. Dans le sud de la France, en Gascogne, Languedoc et dans le Massif Central [kukumelo] désigne essentiellement la coulemelle, Lepiota procera. Il arrive parfois que cette forme dialectale désigne l'oronge vraie (amantite des césars), amanita caesarea, ou la rose des prés. Dans le cas de la Lepiota procera, l'emploi de la dénomination [kukumela] peut s'expliquer par une métaphore basée sur l'aspect arrondi et ventru d'une casserole et la forme arrondie et large du chapeau de ce champignon, en référence à d'autres dénominations comme coucoumèou, "mamelon d'une toupie" et cocmale, "coiffure trop large".
Sur le site Art Stella, on découvre les élixirs de champignons :
Les élixirs de champignons sont nouveaux venus dans la gamme. Ils offrent une possibilité intéressante de combinaison avec les élixirs floraux. Les champignons sont des plantes sans chlorophylle [non, ils appartiennent au règne des Fungi, plus proche du règne animal que du règne végétal ! ] ce qui représente une particularité dans le monde végétal. Ils dépendent de substances organiques qu'ils puisent dans leur environnement. Les élixirs agissent sur le corps émotionnel. Ils amènent cette transformation sur le plan physique et permettent d'intégrer l'énergie au niveau cellulaire.
Coulemelle (Macrolepiota procera) (Parasol) : Pour reconnaître et déployer son potentiel, découvrir sa vraie grandeur et l'accepter.
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Dans La Vie secrète des champignons (Güthersloher Verlagshaus, 2017 ; Éditions des Arènes, 2019 pour la traduction française) Robert Hofrichter partage ses souvenirs particuliers avec la Coulemelle :
Une bague de fiançailles insolite : Nous connaissions cette année-là une saison exceptionnelle et les sous-bois étaient jonchés de champignons. Quand arriva le grand moment, je cueillis une coulemelle de grande taille, véritable géante parmi ses congénères, détachai du pied son anneau coulissant et le passai au doigt de ma - désormais - fiancée. On le voit, des rudiments de mycologie ont parfois une utilité pratique dans l'existence : en effet, au contraire des spécimens de Macrolepiota procera qui se dressaient devant nous, toutes les espèces de macrolépiotes ne possèdent pas d'anneau coulissant.
Malgré le caractère peu conventionnel de cette bague de fiançailles, dont la durée de vie ne tenait guère la comparaison avec l'or, elle fut acceptée avec joie pour sa signification symbolique, de même que la tartine de saindoux arrosée de bière. Tout se passa ensuite pour le mieux, et trente-six ans plus tard, nous poursuivons tous deux nos déambulations à travers bois en quête de champignons à déguster et à photographier.
Le champignon pané, un mets savoureux mais peu digeste : Ma passion pour les champignons est ancienne : dès l'âge de 4 ans environ, j'allai aux champignons avec mes parents. D'emblée me prit aussi le goût des champignons en cuisine. je devais, et dois encore, mes plus intenses émois culinaires aux coulemelles panées. Celles-ci se présentent sous l'aspect d'escalopes de veau panées, mais sont à mon sens, bien meilleures. Petit déjà, j'avais un appétit insatiable pour ce plat juteux et aromatique sous ses dehors croustillants. Ma mère tempérant cependant mon enthousiasme : les champignons, prétendait-elle, étaient peu digestes pour les enfants. Je sais aujourd'hui qu'il y a du vrai là-dedans les parois cellulaires des champignons sont composées de chitine, or ce polysaccharide n'est pas digeste pour l'homme, même s'il lui fournit de précieuses fibres.
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Selon les recherches de Carole Chauvin-Payan qu'elle communique dans le préprint de l'article intitulé "Les noms populaires des champignons dans les populations européennes mycophobes" (Quaderni di Semantica, 2018, Perspectives de la sémantique, pp. 159-189) :
[...] Pour décrire les liens existant entre le champignon et le serpent, nous nous appuierons sur différents récits et croyances populaires. Nous commencerons par un récit étiologique présenté dans l’ouvrage L’ordre des choses [Albert-Llorca, 1991 : 221] expliquant l’histoire du caractère venimeux du serpent.
“ Avant, il n’y avait pas de serpent, et les hommes pouvaient aller sans danger dans les forêts. Mais c’était encore pire : la terre était pleine de venin et il n’y avait aucun animal pour le sucer. Quand le soleil était couché, le venin sortait de la terre sous forme d’épines pointues. Et quand quelqu’un marchait dessus, il mourait. De ce venin de la terre, beaucoup de gens sont morts. Enfin, le Père céleste décida de créer des animaux qui sucent le venin de la terre. Dieu créa les serpents. Mais les serpents devinrent si méchants à cause du venin qu’eux aussi empoisonnèrent les hommes par leurs morsures. Cependant, les hommes meurent beaucoup moins aujourd’hui à cause des serpents qu’ils ne mouraient autrefois à causes des épines venimeuses. (O. D., III, p. 250) ”
Nous retiendrons que le serpent est un animal absorbeur, suceur du venin de la terre et que par sa morsure il peut empoisonner l’homme. Cette absorption du venin de la terre est l’un des points commun avec le champignon. Ainsi dans Rolland [1967 : t. XI, 132], nous trouvons la croyance suivante “ Le venin de la terre, quand il s’accumule sur un point, donne naissance à des champignons ”. Le venin comme lien entre le serpent et le champignon est aussi explicité par Pline. Ce dernier écrit que les champignons nommés bolets seront venimeux s’ils “se sont trouvés auprès du trou d'un serpent, s'ils ont été frappés de son haleine en commençant à s'ouvrir, par une affinité pour les poisons qui les dispose à prendre le venin. Aussi qu'on se tienne sur ses gardes jusqu'à ce que les serpents se cachent ! On aura pour signes tant d'herbes, tant d'arbres et d'arbrisseaux qui demeurent verts depuis leur sortie jusqu'à leur retraite […]. [André, 1970 : 55]” Autre croyance, selon Fericgla [1994 : 25] Nicandro de Colofón, hace más de dos mil años, suponia que los hongos eran “criados sobre la insidiosa serpiente enroscada en su agujero y aspirando el ponzoñoso hálito de la boca del reptil.”
De ces récits et croyances, nous pouvons établir plusieurs liens entre le serpent et le champignon. Premièrement, les deux absorbent et sucent le venin de la terre. De plus, le champignon peut devenir toxique par l’aspiration de l’haleine vénéneuse d’un reptile. Si l’on observe les liens existants entre le serpent et le champignon, le crapaud et le champignon, nous pouvons remarquer que le serpent par son haleine et le crapaud par le toucher peuvent envenimer le champignon. Enfin, de par leur nature vénéneuse, ils peuvent tous empoisonner l’homme. Grâce à ces liens mis en évidence, il devient plus aisé de comprendre l’utilisation des zoonymes crapaud et couleuvre dans la nomination du champignon lorsqu’il est envisagé comme vénéneux.
[...] Mais le rôle des zoonymes dans la nomination des champignons pourrait être expliqué d’une autre manière. Selon Alinei [1997 : 8], il est admis par les spécialistes, que les animaux considérés comme les ancêtres et protecteurs des populations, jouaient un rôle central dans les comportements des sociétés traditionnelles. Il a même été suggéré que ce culte des animaux appelé « totémisme » soit la plus ancienne forme de religion. Selon l’auteur [Alinei, 1983 : 11], l’importante utilisation des zoonymes pour la nomination de plantes, des maladies, des phénomènes atmosphériques, des êtres magico-religieux est « la preuve par neuf » linguistique du caractère sacré des animaux et de certaines autres réalités.
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Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :
Dans le Chaudron : Sa forme et ses dimensions imposantes lui donnent naturellement dans l'image d'un toit protecteur, d'un parapluie ou d'un parasol. Il est donc pertinent de l'intégrer aux rituels et aux charmes de protection (en particulier du foyer), à la magie domestique, au travail avec les esprits du foyer (lares, pénates, domovoï et autres brownies) et les esprits gardiens. (1)
Néanmoins, son élévation la lie aussi et surtout à la spiritualité, au divin et à la magie cérémonielle, que l'on appelle aussi parfois la « haute » magie. Elle est un pont entre les mondes, entre celui des hommes et ceux du dessus, permettant d'entrer en contact avec les esprits tutélaires, les guides, les dieux, les déités, les entités des mondes supérieurs, les protecteurs... Elle est sans doute la meilleure offrande à leur laisser pour les attirer ou leur exprimer reconnaissance et gratitude.
en raison de sa croissance rapide et spectaculaire, elle peut également entrer dans la composition de rituels d'élévation spirituelle, de croissance, de développement et d'évolution, par exemple pour faire fructifier un projet, aider à accroître ses connaissances lors d'un travail d'étude, facilite la méditation, donner un petit coup de pouce à une médiumnité en développement, etc.
Enfin, puisqu'elle se tient haute et loin au-dessus du sol, elle est tout naturellement liée à l'élément Air, une particularité rare chez les champignons, qui sont des organismes plus terrestres ou aquatiques (rappelons qu'ils sont constitué à plus de 80% d'eau en moyenne).
Le Message de l'Autre Monde : « Je suis l'En-Haut. Je suis tout ce qui est au-dessus, invisible, insaisissable, évanescent, et pourtant présent. Je suis le ciel au-dessus de ta tête, la course des étoiles sur la toile du firmament, le gardien qui protège tes pas, la voie vers le Dieu que tu pries en joignant les mains et en ouvrant ton cœur et ton âme. Je suis ta bonne étoile. Pense à moi dans les moments les plus sombres, et vois comme l'obscurité n'est jamais totale. garde confiance en ton cœur : je suis le tout au-dessus de ta tête qui te préserve des intempéries Je suis l'abri pour ton âme quand elle a besoin d'un refuge. Vite, cache-toi sous mon ombrelle, une goutte vient de tomber du ciel ; voilà l'averse qui vient. Regardons-la ensemble arroser le monde de ses gouttelettes d'argent et réjouissons-nous : après la pluie vient le beau temps. »
Sortilèges : Parasol de protection
Dénichez une belle lépiote, haute et bien développée, dans un endroit calme et serein. Agenouillez-vous près d'elle et priez-la de prêter attention à votre demande, en lui chantonnant :
Lépiote, coulemelle, beau parasol,
Chapeau dans les cieux, racines dans le sol,
Colonne vivante entre ici et là-haut,
Entends ma voix, mon appel, reçois mes mots.
A l'aide de votre athamé, de votre bolline ou d'un couteau de poche, gravez délicatement, sur de petits morceaux de bois ou d'écorce que vous aurez rassemblés au préalable (privilégiez le bois de houx, de chêne ou de hêtre, tous trois associés à la protection et au divin), des symboles de ce qui vous souhaitez placer sous la protection du champignon Ce peut être un projet, une idée, une personne, un animal... Limitez-vous à cinq demandes maximum, une par morceau de bois. Prenez votre temps et concentrez-vous intensément sur chaque symbole pour le charger pleinement de vos intentions. Récitez un petit quatrain à chaque fois que vous déposez un symbole :
Champignon, mon ami,
Je t'implore aujourd'hui.
Prends (nom de la chose à protéger) sous ton abri
Garde-le (la) jour et nuit !
Remerciez la lépiote par une offrande, comme une libation de lait, de bière, de vin, ou une oblation de nourriture ne présentant aucun danger pour la vie animale ou végétale (2), et partez en étant assuré que votre message a été transmis.
Le Pont d'En-Haut : Pour communiquer avec son Guide
Si vous souhaitez entrer en contact avec l'entité protectrice qui veille sur vous (appelez-la comme vous voulez : « ange gardien », « esprit gardien », « guide », « esprit tutélaire », etc.) ou simplement l'honorer et lui exprimer votre gratitude, repérez, avec grand respect et une offrande généreuse et appropriée, la plus grande lépiote élevée que vous trouverez lors de l'une de vos promenades. En revanche, ne la cueillez pas ! Asseyez-vous devant elle, à même le sol, le plus confortablement possible.
Présentez-lui votre requête de manière claire et détaillée. Ne vous cantonnez pas un simple « Bonjour, j'aimerais parler à mon guide, s'il te plaît », mais essayez de présenter votre démarche avec plus de précisions : « Bonjour, j'aimerais entrer en contact avec l'esprit qui veille sur moi, parce que je me sens quelque peu perdu dans ma spiritualité actuellement. Je manque d'inspiration et de motivation et je doute souvent de mes capacités, notamment en divination, car depuis quelques temps, mes lectures de tarot sont sibyllines ». Oui c'est un peu administratif. Il faut bien faciliter le travail des intermédiaires, que voulez-vous.
Une fois votre demande formulée, restez quelques instants devant le champignon, à l'écoute et à l'affût de tous les signes qui pourraient vous être adressés. Vous n'en recevrez peut-être pas à ce moment là. Attention aux illusions de l'ego : un oiseau qui chante dans une forêt, une araignée qui vient se balader sur votre main ne sont probablement pas des augures, mais simplement des événements normaux et communs en milieu naturel. En revanche, une brusque rafale de vent alors que le temps était calme, un chevreuil qui surgit tout à coup devant vous, une branche qui se casse et tombe avec fracas peuvent être des signes. Des images mentales qui surgissent brutalement et sans raison dans votre esprit également.
Quoi qu'il en soit, quand vous vous sentez prêt à repartir, remerciez chaleureusement le champignon et poursuivez votre promenade, en gardant les yeux bien ouverts. Consignez dans un journal ou dans votre Livre des Ombres les événements qui vous ont paru étranges et significatifs, ainsi que vos rêves. Vous devriez bientôt être aiguillé vers votre esprit protecteur.
Notes : 1) Lares et pénates : esprit tutélaire du foyer dans la mythologie romaine ; domovoï : esprit du foyer dans le folklore slave ; brownie : esprit parfois farceur, parfois bienveillant, attaché à une maison ou une famille dans le folklore écossais (ce serait à une de leurs facéties que l'on devrait le gâteau du même nom).
2) On ne le répétera jamais assez, : n'offrez jamais de sel. JAMAIS. C'est un terrible stérilisateur qui n'a rien à faire sur le sol fertile d'une forêt ou d'une prairie.
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Antoinette Charbonnel et Lyra Ceoltoir, autrices de L'Oracle de la Magie forestière (Éditions Arcana sacra, 2021) nous en apprennent davantage sur la dimension magique de la Lépiote élevée (Macrolepiota procera) :
Mots-clés : Protection - Guidance - Êtres éthériques - Esprits divins - Vie spirituelle - Encouragements - Confirmation - Esprit bienveillant - Communication avec les dieux et les entités - Offrande.
Promenons-nous dans les bois : Aussi appelée Coulemelle, elle est connue pour sa capacité à pousser en formant les fameux Ronds de Sorcières emblématiques des légendes forestières. Ce beau champignon commence sa vie sous une forme ovoïde, avant de grandir en s'élançant vers le ciel, son chapeau fièrement étalé. Le pied porte un anneau double, qui lui a valu ses autres surnoms de Chevalier bagué ou de Baguier du Canada.
Ses multiples vertus et sa silhouette haute et fine, formant un toit, la lient aux charmes de protection, au foyer, aux esprits gardiens de l'être et de la maison, mais aussi et surtout à tous les aspects spirituels, élevés, au divin, à l'Air et à la haute Magie (ou magie cérémonielle). Pour cette raison, elle constitue un vecteur particulièrement intéressant entre le sorcier ou la sorcière et les déités des mondes du dessus : esprits tutélaires, dieux, entités des mondes supérieurs, guides spirituels et esprits protecteurs à qui elle peut être laissée en offrande lors des rituels et cérémonies.
L'Oracle du champignon : Dans votre tirage, elle suggère qu'il y a quelque chose de plus grand que vous ne le supposez. Révélatrice d'une influence bienfaisante, elle est un signe qui vous informe que vous êtes protégé, guidé, par un œil bienveillant qui veille sur vous avec sagesse et bonté. Même au cœur des tourments, elle indique que les dégâts ne seront pas si terribles : son ombrelle protectrice en écartera les retombées les plus destructrices, et la reconstruction sera facilitée.
Si votre tirage s'interroge sur l'avenir d'un projet, elle indique que vos craintes sont vaines : votre chemin sera fluide et sans encombre. Préservant les relations aussi bien que les aspects les plus matériels, la Lépiote élevée est un encouragement à poursuivre sur la voie que l'on s'est fixé : ce sentier est le bon, accrochez-vous, donnez le meilleur de vous-même, et la récompense ne manquera pas de vous attendre au bout de la route.
Dans les domaines spirituels, elle est un signe d'En-haut : votre guide qui se manifeste à vous, ou une déité avec laquelle vous travaillez, qui confirme que les efforts entrepris avec elle portent leurs fruits. Elle peut également être une manifestation de votre Esprit du Foyer : peut-être devriez-vous lui prêter davantage d'attention (une petite offrande de Lépiotes, peut-être ?) ou, si c'est déjà le cas, cherche-t-elle à vous dire que la confiance entre vous est désormais bien installée. Quoi qu'il en soit, elle est toujours un signe d'avancement et d'élévation dans le domaine magique et spirituel.
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Littérature :
Il y avait des coulemelles, hautes comme des dames avec leurs ombrelles, et un petit collier.
Aragon, Les Voyageurs de l'impériale, 1942.
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