Étymologie :
GENET, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1374 genest « petit cheval de race espagnole » (doc. 28 avr. ds B. Prost, Inventaires mobiliers et extraits des comptes des ducs de Bourgogne, t. 1, n°2014). Empr. à l'a. esp. (cavallo) ginete « petit cheval rapide » (dep. 1348, Cortes de León y Castilla d'apr. Cor., s.v. jinete), qui signifiait aussi « cavalier chevauchant avec les étriers courts » (cavalleros ginetes, 2e quart xive s., Crónica de Alfonso X, ibid. ; esp. mod. jinete « cavalier »), empr. à l'ar. vulg. zenêtī, ar. zanātī, nom d'une tribu berbère célèbre pour sa cavalerie légère (v. Cor. loc. cit. et FEW t. 19, p. 207).
Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Spartium junceum - Agnesto - Gaux genêt d'Espagne - Genêt d'Espagne - Gegenste - Gineste - Joncier - Spartier - Spartier à tiges de jonc - Spartier faux jonc - Spartion -
Sarothamnus scoparius et Cytisus scoparius - Alête - Bois-jon - Bouissou - Brane - Dzen'chou - Épine marante - Espinasse - Genêt à balai - Genêt commun - Genetier - Gênett - Genuet - Giness gruass - Giniô - Glonda - Guerniette - Herbe à balai - Janaitou - Janik - Janette - Jaube - Joli-bois - Juniesse - Landié - Merlande - Pêne - Ramasse - Ramonette - Sabajol - Sarothamne à balai - Scouba -Spartier - Spartier à balai - Verau - Verge des ménagères -
Genista tinctoria - Genestrolle - Genêt des teinturiers - Hieppe di tindeu (Wallonie) - Spargelle -
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Botanique :
D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :
"Le spartier n'a presque pas de feuilles, juste de longues tiges vertes, très souples, qui portent des fleurs jaune d'or au printemps. Celles-ci se transforment en fines gousses qui brunissent en mûrissant.
Au plus fort de l'été, la chaleur aidant, les deux moitiés de la gousse se tire-bouchonnent comme des ressorts, et éclatent en produisant un petit claquement sec.
Pourquoi fait-il ça ? Les gousses sèches éclatent pour projeter leurs graines au loin, comme de minuscules canons à semence. Elles peuvent les lancer jusqu'à trois mètres de distance, ce qui est un exploit pour un si petit canon ! Toutes les graines des genêts sont dangereuses et peuvent nous empoisonner.
Ficelle de genêt : Les longues tiges souples et résistantes du genêt peuvent servir à faire des fibres que l'on peut tresser, ou tisser. Dans les pays méditerranéens, on confectionnait des corbeilles, des cordes, de la toile et des filets pour la pêche avec les fibres du spartier, les Romains en faisaient des voiles pour leurs navires.
Les chaussures vertes : Autrefois, les paysans nordiques fabriquaient des chaussures avec des rameaux de genêts écorcés."
Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) consacre une courte section à la description du genêt d'Espagne :
Nom scientifique : Le nom lat. SPARTUM, -Ī est un emprunt au gr. sr£rton, sr£rtoj dont l’étymologie reste incertaine ; on a fait également d’autres rapprochements avec le gr. spe‹ron « bande de toile », gr. spe‹ra « objet enroulé, cordage », gr. sp£rganon « bande pour langer les bébés » (DELG : 1033) et on a aussi proposé une dérivation de l’IE. *swerbh- « tourner » (GEW, III : 180) en raison de l’utilisation de cette plante en sparterie et corderie (André, 2010 : 244). L’adjectif qui suit ce nom lat. IUNCEUS, -A, -UM en spécifie la morphologie en tant que « jonciforme » (OLD : 981).
Description botanique : Le spartier est un arbrisseau dressé, à rameaux effilés, cylindriques, jonciformes et de couleur vert glauque. Il se présente avec un petit nombre de feuilles, mais avec des grandes fleurs jaunes en grappes terminales et très odorantes dont le calice a la forme typique des légumineuses: glabre et fendu jusqu’à la base en une seule lèvre coupée obliquement. Les fruits se développent à l’intérieur de gousses allongées et glabres et la période de la floraison va de mai à août.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Genêt à balai :
Propriétés Physiques et Chimiques. Toutes les parties de cette plante ont une odeur désagréable, un peu urineuse ; la saveur de la racine est insipide ; celle des autres parties est amère et nauséabonde ; les tiges surtout ont une saveur très amère qui détermine la salivation. En évaporant au dixième une décoction des fleurs, M. Stenhouse a obtenu dans le résidu gélatineux des cristaux étoilés d'une substance qu'il a nommée Scoparine et qui constitue le principe diurétique de la plante ; il a trouvé dans les eaux-mères un autre alcali volatil, la Spartéine, doué d'une saveur amère et qui paraît jouir de propriétés narcotiques .
Usages Médicaux. - Les propriétés diurétiques du genêt sont connues depuis les temps anciens (Dioscoride, Pline). Il est aussi purgatif ou éméto-cathartique (Dodoens). Le principal usage que l'on en a fait a été dans l'hydropisie, l'anasarque et l'albuminurie (Arnaud, Cardan, Cullen, Mead, Rayer, Bouchardat). On l'a aussi employé contre les scrofules, le rhumatisme chronique, la goutte, les maladies du foie et les affections cutanées. Le vin préparé avec les cendres de genêt est aussi un excellent diurétique (Cazin) ; on peut l'administrer dans l'hydropisie, la gravelle, la néphrite albumineuse chronique, les engorgements viscéraux.
A l'extérieur, les branches tendres, les fleurs et les gousses peuvent être appliquées comme résolutives en décoction ou en cataplasme, sur les abcès froids, l'œdème, les tumeurs scrofuleuses.
M. Stenhouse a constaté que la scoparine est bien le principe diurétique du genêt ; il a vu son action se manifester en doublant la quantité d'urine. Quant à la spartéine qui est un liquide huileux, une seule goutte a produit chez un lapin des phénomènes de narcotisme, et chez un autre une dose de 20 centigrammes détermina des mouvements convulsifs, de la torpeur, puis la mort.
Formes et doses. Décoction de l'herbe, des sommités, des fleurs, 30 à 60 grammes par kilogramme d'eau. · Poudre des semences, 4 grammes dans 200 de vin blanc. Suc des feuilles, 15 à 30 grammes. - Vin diurétique, 30 à 60 grammes de cendre en infusion à froid dans le vin blanc. - Sirop des fleurs, 50 à 60 grammes - Scoparine, 25 à 30 centigrammes.
Genista tinctoria : Propriétés Physiques et Usages Médicaux. Les sommités fleuries que l'on recueille au mois de mai fournissent à la teinture une belle couleur jaune vif. Toutes les parties de la plante sont purgatives ou éméto-cathartiques ; Ettmuller a constaté que les fleurs en poudre sont vomitives et purgatives en décoction ; Peyrilhe a trouvé le suc des fleurs purgatif à la dose de 15 à 30 grammes. Leur décoction est regardée comme un bon remède contre l'hydropisie. Les semences sont éméto-cathartiques. Elles ont aussi été vantées dans cette dernière maladie à la dose de 4 grammes dans 200 de vin blanc ; une heure après l'administration de ce remède, on prescrit 60 grammes d'huile d'olive. En 1820, un médecin russe, Marochetti, a préconisé cette plante contre la rage ; des essais tentés en France n'ont pas donné de résultats favorables.
Le Genista sagitalis, L. , Genêt à tige ailée, a été employé aux mêmes usages.
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Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Les teintures végétales ne pouvant supporter la concurrence des teintures chimiques dont le prix est bien moindre, les plantes tinctoriales ont cessé d'être cultivées, et on en récolte plus guère celles qui croissent dans nos vallées et sur nos montagnes. Je me souviens d'avoir vu dans mon enfance arracher, pour la teinture, l'épine-vinette et l'Asperula cynanchica ; aujourd'hui personne n'y songe. L'énumération que je fais des plantes tinctoriales spontanées en Savoie n'a donc qu'un intérêt historique.
Teinture jaune : genêt des teinturiers, Genista tinctoria [...]
Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes du Genêt d'Espagne :
Propriétés et utilisation : Cette plante était déjà utilisée dans la Grèce antique pour la fabrication des liens, des câbles des navires, des fils de pêche ou pour coudre les voiles des bateaux (HN, 24, 65) ; en médecine populaire, les graines de genêt purgeaient très bien, tandis que les branches macérées dans du vinaigre soulageaient la sciatique et les genoux douloureux (HN, 24, 65). Dans les communautés albanophones de la Calabre et du Pollino le spartier était très souvent utilisé comme plante textile: après un long travail soigné de ses tiges, on obtenait du fil de spartier qui était employé pour la réalisation de tissus grossiers au métier à tisser. Les recherches en ethnopharmacologie, menées par Pieroni et ses collaborateurs en Vulture, ont révélé que la sève des tiges de spartier est particulièrement indiquée pour le traitement des verrues (Quave & Pieroni, 2007 : 215 ; Pieroni & Quave, 2005 : 265 ; Pieroni et al., 2004 : 378). Tout comme dans la Grèce antique, Guarrera (2006 : 199) illustre aussi les propriétés laxatives, digestives, purgatives et diurétiques duspartier; cet auteur en ajoute également d’autres concernant les effets galactagogues, cardiotoniques, vulnéraires et antiparasitaires. D’ailleurs, l’emploi le plus commun que l’on fait du spartier concerne la vannerie, un domaine artisanal dans lequel les parties aériennes de cette espèce sont utilisées pour la fabrication d’objets tressés avec ses fibres végétales et ses tiges, tels que corbeilles, paniers, vannerie, et petits récipients pour le transport de la ricotta et des fromages en général (Guarrera, 2006 : 199). Maciotti (1995 : 73) classe le spartier parmi les « plantes de la magie » directement liées à Mars, dieu grec de la guerre, en raison du fait que la plante peut agir de manière bénéfique sur la personne en éliminant la dépression, et peut induire aussi un sentiment de protection. Le spartier revêt aussi des fonctions magiques en Sardaigne où, tout comme les autres plantes médicinales, il faut le cueillir pendant la nuit de la veille de la fête de la Saint-Jean afin qu’il soit plus efficace et plus actif dans la pratique de la magie (Atzei, 2003 : 265). Toujours en Sardaigne, au cours de la veille et de la nuit même, on avait l’habitude de brûler, devant la porte d’entrée des maisons, quelques arbrisseaux particuliers, parmi lesquels il y avait la martigusa (le spartier ou l’une de ses variétés), parce qu’on croyait que la fumée qui entrait dans les habitations aurait fait fuir les souris, les fourmis, la martre et n’importe quel type d’animal nuisible présent dans la maison (Atzei, 2003 : 265).
Analyse lexico-sémantique des désignations :
[spˈart] spartë est le nom que cette espèce prend dans la plupart des parlers arbëreshë ; les dictionnaires étymologiques indiquent comme source du phytonyme les mots gr. sp£rton « corde, cordage, câble » et gr. sp£rtoj désignant quelques espèces de plantes utilisées pour tresser des cordes et des corbeilles, telles que le joncier ou le Spartium junceum L. (DELG : 1033), tout comme l’avait indiqué Pline dans son ouvrage (HN, 24, 65), mais on ne sait pas s’il s’agit d’un nom de plante attribué à un substrat pré-grec ou s’il a une origine autochtone (EDG : 1377 ; DELG : 1033). Outre à ce phytonyme, le grec ancien présente aussi le toponyme Sp£rth « Sparte » capitale de la Laconie, duquel dérive le nom de ses habitants Sparti£thj « Spartiate » ; mais tout comme pour la plupart des toponymes, l’étymologie reste obscure (DELG : 1033). Cependant, on propose aussi un lien de parenté entre le phytonyme en question et un petit groupe de mots formellement proches de celui-ci: sp£rgana « langes, bandes dans lesquelles on enveloppe les enfants » (DELG : 1033) ; spe‹ra « rempli, spirale » d’un filet, d’un serpent, etc., nom de différents objets tordus ou arrondis, corde, courroie, moulure (DELG : 1034); spe…rw « semer » (DELG : 1035) ; spur…j « panier tressé, couffin » < *sper- « tresser » ( > spe‹ra et sp£rton) (DELG : 1041). La voie pour arriver à l’étymon restant obscure, nous proposons d’opter pour l’hypothèse du substrat qui semble ouvrir des parcours de réflexions plausibles.
Dans les œuvres des écrivains grecs classiques, en particulier Homère, on décrit et célèbre déjà les gestes d’un peuple de navigateurs et de guerriers experts, qui étaient capables de fabriquer leurs embarcations et leurs armes de manière indépendante. L’expansion coloniale que les Grecs ont promue dans les territoires situés sur la mer Méditerranée les a amenés à coloniser, en les grécisant, toute l’Italie du sud (connue aussi comme Magna Graecia) et les côtes méditerranéennes de la France et de l’Espagne ainsi que quelques centres commerciaux sur les côtes septentrionales de l’Afrique. Mais les Grecs n’étaient pas les seuls navigateurs experts opérant dans le bassin de la Méditerranée ; les Crétois, les Phéniciens et les Égyptiens avaient développé avant eux une grande tradition nautique qui s’appuyait sur une industrie navale solide qui produisait des bateaux de guerre et pour le transport commercial. Les Phéniciens et les Égyptiens pouvaient compter en particulier sur la présence, sur leurs territoires, des matières premières utilisées pour la fabrication des bateaux : le bois de cèdre du Liban et les troncs épais et résistants de papyrus (Moscati, 2002). Il est en effet intéressant d’observer qu’il existe un mot en égyptien désignant les « cordes pour construire les bateaux »: eg. sp < *sip- « corde » documenté en Égypte à partire du Règne Ancien (2850-2052 av. J.C.) (HS : 477). La civilisation égyptienne a toujours dû se mesurer à la puissance dévastatrice des inondations périodiques du fleuve Nil, dont les eaux submergeaient les terres pendant de nombreux mois de l’année ce qui rendait les déplacements des égyptiens très difficiles à pieds nus dans les marais de boue qui en résultaient. C’est pour cette raison que ce peuple a dû fabriquer des espèces de chalands avec les troncs de papyrus liés ensembles moyennant des cordes obtenues en tressant des fibres végétales, notamment des jonciers ou les feuilles mêmes des plantes de papyrus (Mayde, 1876). Les liens étaient donc les composants les plus importants pour la réussite de la construction des bateaux et seules des mains expertes pouvaient les réaliser comme il fallait : des bandes de fibres végétales étaient d’abord enroulées en une seule tresse, puis chaque tresse était enroulée avec les autres et, enfin, les tresses obtenues étaient enroulées encore entre elles pour obtenir des cordes qui pouvaient atteindre 8 cm de diamètre (Mayde, 1876). Ce travail délicat de fabrication des tresses est témoigné par le verbe eg. spy « lier (un bateau) » (<*sVp- « tresser, coudre ») se référant à l’action de lier ensemble les troncs de papyrus pour la fabrication des bateaux égyptiens (HS : 487). Il est donc fort possible que la technique égyptienne de fabrication des liens et des câbles des navires soit arrivée aux Grecs à travers les contacts que la population africaine a eu avec les habitants de Crète d’abord, et avec les mycéniens ensuite (Moscati, 2002) à cause des relations commerciales existantes entre ces peuples méditerranéens. Or, le territoire grec, montueux et sec, n’est pas l’habitat idéal pour le papyrus, tandis que le spartier y pousse de façon très répandue ; en outre, il y a une certaine ressemblance entre le port des deux plantes (à faisceaux de tiges) et la résistance qui caractérise les fibres de leurs rameaux en les rendant, ainsi, particulièrement indiqués pour être utilisés comme liens ou cordes. Le nom spartë désigne donc la plante qui sert à fabriquer les liens et les cordes.
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Croyances populaires :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
GENET. Autrefois, dans les environs de Brest, les jeunes filles qui souhaitaient le retour de leurs fiancés naviguant sur des mers lointaines, allaient, les cheveux épars et couronnées de roses, balayer avec des faisceaux de genêts fleuris la poussière des chapelles révérées des matelots, et chantaient alors en chœur des couplets qui avaient pour refrain :
Goëlands, goëlanas,
Ramenez-nous nos amants.
Les nécromanciens de la Neustrie, formaient leurs couronnes de fleurs de genêt. Dans la montagne Noire, département du Tarn, les habitants se persuadent qu'on peut se guérir du gonflement de la rate, au moyen de l'application, sur la poitrine, d'une lige de genêt qu'on a contournée.
Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :
La fleur de genêt, fumée et appliquée bien chaude, guérit les coliques des chevaux.
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du genêt :
GENÊT COMMUN - ARDEUR.
Les spadix de ces plantes, dont on compte plus de cinquante espèces, acquièrent une si vive chaleur qu'il est impossible de les toucher avec la main. Ce fait surprenant a été vérifié par plusieurs naturalistes, entre autres par Bory de Saint-Vincent et par Hubert.
GENÊT - PROPRETÉ.
Il y a dans le genre des genêts plusieurs espèces utiles. Quelques-unes sont employées en médecine, d'autres servent à faire des balais, d'autres fournissent des teintures, toutes croissent naturellement. Le Genêt d'Espagne est le seul cultivé pour la beauté et le parfum de ses fleurs.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Genêt - Propreté.
Le genêt sert à faire des balais, et il est respecté des insectes.
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Genêt - Propreté.
L'espèce de genêt dite à balais est très commune en Europe. Chaque pied forme un buisson de un à trois mètres ; c'est une plante extrêmement utile et dont toutes les parties sont employées. De ses tiges, souples quoique résistantes, on fabrique des nattes, des balais et des paniers ; brûlées, on récolte de leurs cendres une excellente potasse. Les fibres servent à faire des cordes ou des toiles grossières. En Belgique et en Allemagne, on confit au vinaigre les boutons du genêt et on les mange en guise de câpres. Les sommités fleuries de cet arbrisseau sont employées avec succès en Espagne comme un remède contre la rage ; on les prend sous forme d'infusion, en ayant soin de percer chaque jour, avec une aiguille, les légères pustules qui apparaissent sous la langue.
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D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
GENET (Genista). — D’après une légende sicilienne, le genêt aurait été maudit pour avoir fait du bruit dans le jardin de Gethsémane pendant que le Christ y priait, de manière que ses persécuteurs parvinssent à le surprendre ; le Christ aurait alors jeté au traître genêt cette malédiction « Puisses-tu toujours faire beaucoup de bruit lorsqu’on te brûlera. » Une légende analogue se rapporte aussi aux pois chiches et au genévrier (cf.). Cependant, en Toscane, on fait souvent, l’infiorata (jonchée de fleurs), le jour de la Fête-Dieu, avec des fleurs de genêt. D’après une tradition française, le roi saint Louis aurait fondé un ordre spécial des chevaliers du genêt.
[...]
SAROS, — d’après Pollux, serait en grec le nom du balai ; c’est ainsi que l’on peut s’expliquer (cf. Gyraldi Pythagorea Symbola, Basileæ 1551), le proverbe grec : ..., (ne pas passer par dessus le balai). Parmi les usages nuptiaux italiens, j’ai remarqué celui-ci : la belle-mère met le balai en travers de la porte de la maison ; si la jeune mariée, en entrant, le relève et se met à balayer, c’est signe qu’elle réglera bien le ménage ; si elle passe par-dessus, on craint qu’elle ne soit désordonnée. (Cf. mon livre : Storia comparata degli usi Nuziali.) Dans la campagne toscane, j’ai remarqué un autre usage superstitieux. Pour découvrir une sorcière, on met un balai en travers de la porte de l’église : si la femme est soupçonnée à tort, elle jette de côté le balai, ou passe outre ; si elle est une véritable sorcière, elle se met à cheval sur le balai et y reste. Le balai est le cheval des sorcières ; c’est à cheval sur un balai, dit-on, qu’elles accourent faire leur sabbat autour du noyer de Benevento.
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),
Le genêt est "symbole, en certaines régions, du Nord (points cardinaux) et de la fonction royale. La fleur de genêt ou d'ajonc pourrait avoir été, dit-on, à l'origine de la fleur de lis héraldique, ou du rameau d'or (voir gui). Il va sans dire qu'une telle origine botanique ne suffirait pas à en expliquer le symbolisme. Les branches fleuries de genêt étaient utilisées dans les funérailles ; on en couvrait le cors des défunts."
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Genêt à balai (Sarothamnus scoparius et Cytisus scoparius) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Air
Pouvoirs : Purification ; Protection ; Divination..
Parties toxiques : Les sommités fleuries.
D'après une tradition, le roi Saint Louis aurait fondé un ordre spécial de chevalerie sous le nom d'Ordre du Genest. « Les chevaliers du Cenest, écrit Chéruel, portaient un manteau de damas blanc avec un chaperon violet ; leur collier consistait en une chaîne ornée d'une fleur de Genêt avec ses mots :
: Exaltat humilies. Cent de ces chevaliers furent attachés à la garde personnelle du roi. ». Cent de ces chevaliers furent attachés à la garde personnelle du roi. »
Utilisation magique : Les divers Genêts - et plus particulièrement le Genêt à balai, très utilisé autrefois dans les foyers ruraux - sont employés depuis fort longtemps à des fins de purification et de protection. En Angleterre, en Bretagne, en Hollande et dans toute l'Allemagne du Nord, on suspendait leurs faisceaux aussi bien à l'intérieur des maisons que dans les étables. A Niebüll, dans le Schleswig-Holstein, les femmes mariées qui craignaient de succomber devant les assiduités d'un galant chassaient la tentation en s'asseyant, à même la peau, sur leur balai de Genêt, tout en mâchant deux ou trois fleurs jaunes fraîchement cueillies sur un pied de la même plante. Lorsqu'elles étaient malades - ce qui était généralement le cas (coliques, diarrhée, vertiges, palpitations...), elles disaient que le Genêt expulsait de leur corps l'envie de pécher. La même croyance, avec une variante, se retrouvait dans plusieurs comtés anglais : on faisait boire aux femmes volages, en présence des autorités laïques et ecclésiastiques, une tisane de Genêt; celles qui étaient malades étaient considérées comme récupérables et s'en tiraient avec une semonce; celles qui buvaient l'infusion comme du petit lait pouvaient s'attendre à des lendemains difficiles. Ou bien elles étaient sorcières. Ou alors elles avaient été contactées par une sorcière qui avait commencé à leur enseigner l'« obéissance à Satan ». Dans un cas comme dans l'autre, les malheureuses avaient un avenir très sombre devant elles.
Les Écossais ne font rien comme tout le monde, c'est connu. Ils buvaient autrefois des infusions de Genêt pour accroître leurs pouvoirs psychiques, et personne là-bas n'a signalé d'effets négatifs. Il faut croire que les estomacs des descendants de Bonnie Prince Charlie sont particulièrement blindés car, si cette plante n'est jamais mortelle, ses tiges, au moment de la floraison, sont bel et bien toxiques. Elles renferment une substance dangereuse, la spartéine, qui vous « ramone » littéralement l'intérieur et peut occasionner des troubles sérieux sur un organisme non écossais. Une grande prudence est donc de rigueur lorsque, en mai-juin, l'on utilise à des fins magiques les magnifiques inflorescences jaune d'or. Le restant de l'année, Il n'y a rien à craindre de la plante, à moins d'en manger de grandes quantités, ce qui est tout de même assez rare.
Pour que le vent se lève, les sorciers anglais montent au sommet d'une colline et, de là-haut, ils lancent des rameaux de Genêt aux quatre points cardinaux en invoquant les esprits de l'air. Un rite inverse est aussi prévu pour apaiser la tempête : dans ce cas, on brûle du Genêt, et l'on enterre les cendres au fond d'un vallon.
Dans l'Orne, les sorciers ne peuvent ensorceler le beurre quand le pilon de la baratte est en Genêt.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Selon une légende sicilienne, cet arbrisseau à fleurs jaunes,
Littérature :
Le Genêt ou la fleur du Vésuve
Sur les flancs calcinés de ce mont formidable, Sombre exterminateur de l’homme et des cités, Nulle plante ne croît au souffle des étés ; Toi seul, sur le versant du gouffre inabordable, Tu fleuris et souris et parfumes les airs, Solitaire genêt, qui te plais aux déserts. Tel je t’ai vu jadis, noble et charmant arbuste, Prodiguant ta verdure et tes rameaux épars, Embellir de tes fleurs la solitude auguste Où repose la Rome éteinte des Césars ; Tel ici je te vois, sur ces plages brûlées Où la lave a durci ses fumantes coulées, Lieu triste et dévasté que réjouit ta fleur Aux ruines fidèle et fidèle au malheur!... Dans ces champs recouverts de cendres infécondes, Où la lave résonne au pas du voyageur, Ont mugi les troupeaux, mûri les moissons blondes ; Aujourd’hui le serpent au gîte caverneux, Se tordant au soleil, y déroule ses nœuds. Là furent des vergers, des campagnes riantes, Des vignes sous le poids de leurs grappes pliantes, Des villas, frais Edens consacrés aux plaisirs, Refuges des puissants aux fastueux loisirs ; Là furent des palais et des cités célèbres, Que le mont fulgurant aux flamboîments funèbres, Engloutit pêle-mêle, hommes, temples et dieux, Sous les torrents vomis par ses gueules de feux. Et tout a disparu ! — De la plage aux collines La désolation plane sur des ruines !
[...]
Giacomo Leopardi, "Le Genêt ou la Fleur du Vésuve" in Chants, 1836, traduction par A. Lacaussade.
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Le Genêt
Je n’ai rien dans mes poches,
Pas d’anguille sous roches,
Je n’ai, je n’ai que des fleurs de genêt,
De genêt de Bretagne,
D’Espagne ou de Cocagne,
Je n’ai, je n’ai que des fleurs de genêt,
Jeunet.
Robert Desnos, "Le Genêt" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.
Maurice Genevoix, dans un article intitulé "images pour un jardin sans murs" (In : Revue Des Deux Mondes (1829-1971), 1956, pp. 203–23) évoque la beauté des genêts :
Aux lisières, les touffes des genêts semblent se courber sous des ailes, une migration de papillons d'or qui ne peuvent plus s'envoler. Amère et chaude, l'odeur des fleurs ondule sur la genêtière comme un souffle de pâmoison. C'est la torpeur de l'été. Les fleurs choient au brûlant soleil. Par un midi torride, le promeneur solitaire entendra, seul bruit dans toute la forêt, le pétillis pressé des gousses qui éclatent par centaines et qui lancent à la volée leurs chapelets de menues graines rondes.
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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi le Genêt :
27 octobre
(Mont Leuze)
Les genêts d'Espagne allument leurs flammèches dans la garrigue, prélude au grand incendie doré du printemps triomphants. [...]
16 août
(Fontaine-la-Verte)
Tac !
Tac ! Tac !
Tac ! Tac ! Tac !
L'été pétarade, les fruits du genêt détonent. L'une après l'autre, les gousses mûres se dégrafent en explosant. Leurs valves grises se tordent comme des ressorts et envoient es graines coloniser le monde. Fertile mitraille...
Pelotons de création.
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Dans l'incipit du roman Un Grison d'Arcadie (Éditions Denoël, 1999) de Pierre Magnan, le narrateur de 15 ans part à la recherche d'escargots qui nichent sur les genêts pour améliorer son quotidien :
" - Les grisets, m'avait dit mon grand-père il y avait bien longtemps, ça bannèje sur les ginestes dès quatre heures du matin en juin. A cinq heures, il est déjà trop tard.
Je me hâtais. Pour atteindre les fonds de Sainte-Roustagne, Il fallait vingt minutes environ et c'étaient les jours alcyoniens, les plus longs autour du solstice.
Dix francs du kilo ! Au creux de Sainte-Roustagne, là où les vergers d'oliviers ont été abandonnés au sauvage par les bras exténués des hommes anciens, d'énormes genêts - que nous appelons ginestes - ont submergé les arbres, les ont étouffés, mis en sommeil pour des jours meilleurs. C'est un bois creusé de tunnels de verdure agrandis par les chasseurs, les flibustiers de nature qui guettent à l'orée les fruits mûris dans les vergers contigus, les maigres troupeaux qui fouissent la sécheresse endémique, extirpant l'herbe jusqu'aux racines et, par surcroît, les amants aussi qui ont besoin d'entendre, au-dessus de leurs ébats, le murmure du vent. [...]
Sur ces voûtes de verdure, les ronces avaient lancé leurs tentacules, s'étaient resserrés, de sorte que, en symbiose avec les ginestes, elles formaient dans l'aube morne des tunnels aux parois dépenaillées de brumes où bruissaient en foule les grisets avides de rosée.
[...]
D'abord un été furieusement flamboyant alluma ses incendies autour de Manosque sur les ginestes qui ressemblaient à des torchères longtemps déjà avant d'être en flammes striées de noir qui s'élevaient à dix mètres de hauteur comme si quelque femme folle courait échevelée au-dessus d'elles. Elles crépitaient avec une fureur sans retenue. Les pompiers se bouchaient les oreilles tant la stridence de ces embrasements subits les mettait au bord de la panique. Ils passaient d'un sinistre à l'autre armés de balais dérisoires pour les éteindre car il n'y avait plus d'eau dans les bassins. "
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Dans Le Parme convient à Laviolette (Éditions Denoël, 2000), roman policier écrit par Pierre Magnan, on peut lire cette description du genêt :
"L'homme et la quatre chevaux, cahin-caha, cheminèrent sous la canicule, jusqu'à cet embranchement, à l'entrée de Puimoisson, où il y avait indiqué Pas de Laval sur une pancarte sale. Le chemin néanmoins était propre. On voyait qu'il était souvent emprunté par de grosses voitures. Celui qui menait chez le Féraud des Iscles, en revanche, était sablonneux, malaisé, à peine tracé. Trois gros genêts défleuris en masquaient l'entrée. Ça ne ressemble plus qu'à un balai maléfique, un genêt défleuri sous la canicule, et si par hasard on y met le feu ça jette à dix mètres de hauteur des flammes noires qui craquent comme foyer d'enfer. Ceux-ci paraissaient vouloir dissuader quiconque d'emprunter cet itinéraire. Ils griffèrent au passage la branlante voiture qui n'en fut ni plus sale ni plus rayée.
C'était le bonheur en réalité que masquait cette entrée rébarbative. Après ce n'étaient que vignes, cyprès haut dressés vergers aux fruits à profusion quoique pourrissants sur les branches car la capacité familiale de consommation avait été largement surestimée, surtout depuis que les enfants étaient partis ailleurs, vivre leur vie."
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