Étymologie :
HYDNE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1783 (Bulliard, Dict. élém. de bot. s.v. chapeau). Du lat. bot. hydnum (Linné), gr. υ ́ δ ν ο ν « sorte de tubercule ».
Lire également la définition du nom hydne afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Hericium erinaceus - Hericium caput Medusa - Barbe des arbres - Barbe-de-capucin - Barbe de satyre - Crinière-de-lion - Érinace - Hérisson - Houppe des arbres (Vosges) - Houtou ("tête-de-singe") - Hydne tête de méduse - Penchenillat ("peigne") - Penchinilia (Languedoc) - Pompon blanc - Pom-pom blanc - Tête de Méduse - Tignosse chevelu - Urchin - Yamabushitaké ("champignon de l'ermite") -
Hericium clathroides - Hérisson coralloïde - Hydne coralloïde -
*
*
Mycologie :
Dans son Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) Charles Richon nous propose une description de l'Hydne hérisson :
Champignon constitué par une partie centrale charnue mais assez ferme , spongieuse, sortant latéralement des troncs d'arbres, et de laquelle partent de nombreux aiguillons, le plus grand nombre de même dimension, allongés et pendants. Il figure même assez souvent une sorte de petite épaulette. Sa couleur, d'abord d'un beau blanc, devient à la maturité d'un blanc jaunâtre. Spores blanches, sphériques, naissant de basides situées sur la surface des aiguillons. Ce Champignon a un autre mode de reproduction dont on doit la découverte à M. Richon, et qui est dû à un développement de conidies intracellulaires, ovoïdes-elliptiques ou fusiformes, naissant dans des hyphes ou filaments ramifiés, dont M. Richon a constaté la présence dans la zone supérieure du réceptacle charnu, à peu de distance de son vêtement fibrilleux et se prolongeant jusqu'à la zone médiane.
Automne. Dans les fentes et les cicatrices des gros chênes, des hêtres et des noyers.
Espèce comestible.
*
*
Bernard Dangien, auteur de l'article intitulé "Les genres HERICIUM et CREOLOPHUS en Europe occidentale" (Société mycologique du Haut-Rhin, 1997) fait le point sur le genre Hericium :
Ce genre compte, en Europe occidentale, trois espèces, agents de pourriture blanche : l'une, Hericium erinaceus, porte sur un tronc caverneux des aiguillons longs de 2 à 4 cm en épaulette tandis que les deux autres présentent un tronc rameux coralloïde terminés par des aiguillons courts d'environ un centimètre de longueur ; Hericium coralloides vit en saprophyte sur des feuillus alors que son sosie Hericium flagellum se développe sur des conifères.
Bien que le mycologue américain BANKER ait distingué coralloides et flagellum dès 1906, ces deux espèces furent confondues en Europe jusque dans une période très récente sous l'épithète coralloides (HEE et WALTER, 1950 ; MAAS GEESTERANUS, 1959 ; JAFN, 1979 ; JILICH, 1984 ; BREITENBACH et KRANLN, 1986). Ce problème nomenclatural maintenant bien résolu (BON, 1988 ; KRIEGELSTEINER, 1991 ; COURTECUISSE et DUFŒM, 1994 ; ARNOLDS et coll., 1995) ne facilite pas la lisibilité des observations anciennes à moins qu'elles ne soient bien étayées par la mention rigoureuse du support ligneux. Nos conclusions reposent en partie sur la banque de données réalisée par VUILLAUME (1994) et remaniée en conséquence. [...]
Hericium erinaceus (Bull. : Fr.) Pers. [ = Dryodon e. (Bull. : Fr.) Quélet = H. stalactitum Fr.] se comporte comme un parasite de blessure nécrotrophe sur des troncs de vieux feuillus (hêtres, chênes, fruitiers à noyaux) développant souvent ses basidiomes à plusieurs mètres au-dessus du sol. Cet aéromycophyte survit pendant quelques années en saprotrophe attaquant même le bois de cœur. L'Hydne hérisson est connu des zones tempérées d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord (MARCHAND, 1976). Sa répartition dans le Nord-Est de la France correspond à l'étage bioclimatique collinéen. Il fut trouvé en Côte d'Or [Gémeaux, Mont-Affique, Perrigny-lès-Dijon et Cîteaux], en Haute-Marne [Ninville, leg. ANTOINE et leg. MAURICE], en Meurthe-et-Moselle [Pont-à-Mousson et Parroy], dans la Marne [St-Armand, Bassu et Bassuet], en Moselle [Sierck et Queleu], en Haute-Sâone [Gray], dans les Vosges [Châtel] et dans le Haut-Rhin [Habsheim et Blodelsheim par RASTETER (1995).
Hericium coralloides (Scop. : Fr.) Pers. [=H. clathroides (Pallas : Fr.) Pers. = H. ranosum (Bull.) Letellier = Dryodon coralloides (Scop.) Quélet p.p.] croît en saprotrophe sur le bois pourrissant de gros troncs de feuillus (hêtres surtout, rarement chênes, ormes, noyers, peupliers et bouleaux). L'Hydne corail est répandu en Europe, en Asie, en Océanie et en Amérique du Nord-Est. Il est présent, dans I'Est de la France, à l'étage collinéen ainsi que dans le montagnard inférieur (jusqu'à environ 600 m d'altitude). Il fut récolté dans la Marne [Saint-Quentin-les-Marais], dans les Ardennes [Les Hazelles, Signy l'Abbaye], en Côte d'Or [Dijon], au territoire de Belfort [Essert] et en Alsace [dans le Sundgau et à Guebwiller, Munster et Schirmeck (HERTZOG, 1981)].
Hericium flagellum (Scop.) Pers. [= H. alpestre Pers.] colonise en saprophyte des troncs abattus de conifères (sapin surtout) ; c'est pourquoi il est répandu dans les Alpes et les montagnes moyennes d'Europe centrale et occidentale, ne dépassant pas le 50ème degré de latitude Nord. Son aire macro-régionale est exclusivement montagnarde et dispersée en flots : montagnarde vosgienne [Hohneck (RASTETTER, 1995), lac du Ballon et lac de la Lauch (HEE et WALTER, 1950), Ban de sapt, Hermanpaire, Petit-Rombach et Medermorschwihr], Ardenne [Chevrière et Neufinanil] et Forêt Noire [stations de l'Atlas cartographique de KRIEGLSTEINER (1991)].
Le genre Creolopus (P. Karsten 1839) ne comporte qu'une seule espèce parfois confondue avec celles du genre Hericium mais à la différence avec ces dernières, sa chair n'est pas amyloïde.
Creolophus cirrhatus (Pers. : Fr.) P. Karst. [= Dryodon cirrhatum (Pers. Fr.) Quélet] provoque une pourriture blanche sur les troncs couchés et les souches pourrissantes de divers feuillus (principalement hêtres, mais aussi charmes, peupliers, érables, chênes, saules, marronniers, bouleaux et Prunus) tant en milieu sylvatique qu'en milieu semi ouvert. Il peut aussi se comporter en parasite nécrotrophe attaquant des arbres affaiblis. Ses aiguillons sont initialement blancs puis jaunes et enfin presque orangés. Il est assez répandu en Europe ; il semble absent de la montagne vosgienne et de la Forêt Noire. Il a été observé à Dijon, en Argonne [La Chalade], en Moselle [Rémilly, Haute-Parthe, Cattenom, Réchicourt-le-Château, Fénétrange, Puttelange, Berviller, Creutwald, Porcelette, Juville, Varsberg], en Meurthe-et-Moselle [Villers-lès-Nancy], dans les basses Vosges [Girancourt, Moyenmoutier, Hurbache, Brû, Darney] dans le Bas-Rhin [Niederbronn] et dans le Haut-Rhin par RASTETTER (1995) au Kastenwald et au Tannenwald (leg. MAURER), par BANNWARTH (1993) à Riedisheim et par le collectif de la SMHR à Ammertzwiller.
*
*
Propriétés médicinales :
Marie Rampin, propose une synthèse des vertus thérapeutiques de l'Hydne hérisson dans Champignons "médicinaux" : de l'usage traditionnel aux compléments alimentaires. (Thèse d'exercice en Pharmacie, Université Toulouse lll - Paul Sabatier, 2017, pp. 57-58) :
*
*
Bernard Burlet signe un article intitulé "Contre les troubles de la mémoire : un champignon étonnant ?" (paru sur le site Acteur Nature) :
Des études scientifiques récentes indiquent que certains composés d’un champignon nommé « Crinière de Lion » (hericium erinaceus) peuvent avoir des propriétés anti-oxydantes, mais plus encore, stimulantes des cellules nerveuses dans le cerveau des animaux. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ainsi que d’autres troubles neurologiques peuvent assurément bénéficier de l’utilisation du champignon « crinière de lion ». ²Des études prouvent que deux groupes substances actives, erinacines et hericiones, sont des facteurs possibles de croissance des nerfs (NGF) ainsi que de leur stimulation. La NGF est une protéine essentielle à la santé des neurones qui régulent l’information du cerveau, comme les perceptions sensorielles, comme le toucher, la température la douleur et surtout la mémoire. En laboratoire, des souris soumises à des expériences où il y a suppression de NGF de leur cerveau ont vu se développer des troubles ressemblant à la démence chez l’humain.
²En 2004, une étude fut réalisée sur 7 volontaires humains dans la préfecture japonaise de Gunma dans un hôpital de réadaptation pour des patients atteints de maladies neuro dégénératives avec perte de capacités cognitives. Tous les patients reçurent l’équivalent de 5 g d’extrait de champignon « crinière de lion » dans leur potage, pendant 6 mois. Les chercheurs en ont conclu que sur 7 patients observés, 6 ont montré une capacité sensorielle et mémorielle bien plus élevée qu’avant le début de l’expérience. Ce champignon semblait les sortir d’une certaine torpeur…
Si ces observations sont pleines d’espoir, il n’en demeure pas moins que d’autres études plus approfondies puissent être menées pour en savoir toujours plus sur ce champignon à crinière de lion…
*
*
Maya Cavalli, Françoise Fons, Sylvie Rapior, autrices d'un article intitulé "Approche mycothérapeutique prospective du trouble dépressif par l’utilisation d’Hericium erinaceus" (Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault- Vol. 162, 2023, pp. 5-25) font le point sur les vertus de ce champignon dans le contexte actuel particulier :
[...] Le climat socio-politique, économique et sanitaire de ces trois dernières années, avec notamment la pandémie de COVID-19, a conduit à un déclin considérable du niveau de vie de nombreuses personnes, avec une modification importante du quotidien et des rapports sociaux. Plusieurs études démontrent que cette situation a causé des dommages sur la santé mentale de la population mondiale (ASPER et al., 2022), et à titre individuel, une partie conséquente de la population a connu une baisse de moral. Cela a entraîné une mise en lumière médiatique et un accroissement de la préoccupation populaire vis-à-vis des problèmes de santé mentale, qu'il s'agisse de nouveaux cas ou de troubles préexistants.
Dans ce contexte général, il est impératif, autant pour la santé publique que pour le bien-être individuel de chacun, de disposer d'outils thérapeutiques les plus variés possibles pour traiter et soutenir les personnes traversant un épisode dépressif. Bien que la phytothérapie et l'aromathérapie connaissent un regain de popularité important depuis quelques années, cela est moins vrai pour la mycothérapie dont le développement est plus récent (GARGANO et al., 2020 ; MEADE et al., 2022 ; NADAR et al., 2023 ; SIVANESAN et al., 2022). De plus en plus d'études s'intéressent aux propriétés médicinales des champignons, qui sont d'une variété avérée (DIALLO et al., 2020 ; FONS et al., 2018 ; MOREL et al., 2018, 2021 ; RAPIOR et al., 2000 ; ROUMESTAN et al., 2005) ; les preuves d’efficacité pré-cliniques et cliniques des champignons sont en cours d’évaluation (BADALYAN et al., 2023 ; CHAN et al., 2022 ; CHAU et al., 2023 ; CHONG et al., 2020 ; FIJAŁKOWSKA et al., 2023 ; GALAPPATHTHI et al., 2023 ; LALLET DAHER, 2019 ; LI et al., 2020 ; LIUZZI et al., 2023).
[...]
Conclusion : H. erinaceus est cité dans de nombreuses études comme un aliment idéal pour la prévention de la survenue de divers problèmes psycho-comportementaux et du déclin cognitif. Plusieurs études démontrent une amélioration objective mais également subjective de l’état général, en ce qui concerne l’humeur, le degré d’activité physique, le relationnel social, la qualité de sommeil, le niveau d’énergie et de vigilance, et l’aptitude cognitive. Ces paramètres sont tous impliqués dans la symptomatologie (et parfois dans l’étiologie) des troubles dépressifs ; il est donc très intéressant de pouvoir agir positivement sur ceux-ci avec un complément alimentaire facile à administrer, en accord avec les professionnels de santé qui suivent le patient dépressif.
Les recherches scientifiques sur H. erinaceus ont débuté vers la fin des années 1990 pour ses bienfaits sur l’organisme essentiellement pour renforcer diverses capacités physiques (CHERQUI et al., 1999 ; FONS et al., 2005 ; RAPIOR et al., 2000 ; RODA et al., 2022 ; ROUSSEL et al., 2002 ; ROUMESTAN et al., 2005 ; WANG et al., 2015). L’intérêt de la communauté scientifique pour l’utilisation de l’hydne hérisson dans la santé mentale et pour prévenir les maladies neurodégénératives liées à l'âge est plus récent et en plein essor (KIM et al., 2023 ; LI et al., 2020 ; McCAIN et al., 2023 ; RODA et al., 2021).
CHONG et al. (2020) ont démontré que les études précliniques et cliniques réalisées avec H. erinaceus améliorent considérablement le trouble dépressif par modulation monoaminergique, neurogène/ neurotrophique, et anti-inflammatoires, indiquant le rôle potentiel de H. erinaceus comme complémentaire de la médecine alternative pour le traitement de la dépression. Néanmoins, les recherches actuelles sur les effets antidépresseurs de H. erinaceus sont encore relativement préliminaires, et les mécanismes spécifiques sous-jacents aux activités de type antidépresseur nécessitent des études plus approfondies (BADALYAN et RAPIOR, 2021). Aussi, on peut s’attendre, dans les années à venir, à ce qu’il existe une meilleure compréhension de sa pharmacodynamie et de sa pharmacocinétique, ainsi que des connaissances plus précises quant à, d’une part, ses techniques de culture selon la composition chimique désirée et, d’autre part, aux indications thérapeutiques et allégations, dosages et modes d’administration.
Il est d’ailleurs pertinent de rappeler qu’avec toutes les substances actives issues d’organismes vivants, il peut exister des grandes variations au niveau de la composition chimique des extraits et de la qualité des compléments alimentaires voire aliments enrichis par H. erinaceus ou d’autres champignons (CASSAR, 2016). Comme nous l’avons vu, les activités thérapeutiques des champignons sur la santé mentale sont médiées par de multiples molécules, agissant probablement de façon synergique pour certaines d’entre elles, et dont la concentration peut significativement varier d’un spécimen à l’autre et selon les conditions de culture utilisées (LALLET DAHER, 2019 ; LI et al., 2023 ; THONGBAI et al., 2015) voire son origine naturelle ou synthétique (ALI et al., 2023 ; CAVALLI, 2023). De plus, l’utilisation de sporophores et/ou de mycélium, ainsi que la forme sous laquelle le champignon est consommé - entier et frais, séché et pulvérisé, extraits obtenus par diverses méthodes, extraits enrichis ou non - sont des paramètres exerçant une influence considérable sur la composition chimique des extraits bruts et des formulations ainsi que sur la concentration et la biodisponibilité des molécules actives.
*
*
Usages traditionnels :
Selon François Simon Cordier, auteur de Les Champignons : Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) :
L'Hydnum coralloides n'est pas très rare en Lorraine. C'est un aliment délicat.
Fries raconte, qu'étant avec sa mère, à l'âge de douze ans, à cueillir des fraises dans un bois, il vit avec admiration un bel exemplaire d'Hydne coralloïde, qui, tout d'abord, fit naître en lui un si vif désir de connaître les champignons, que deux ans après (1808), bien qu'il fût en pension dans une école, et par conséquent rarement libre de sortir, il avait appris à en connaître 300 ou 400, auxquels il donnait des noms fictifs, n'ayant pas de livres pour le guider dans son étude.
[...]
Champignon très bon à manger, d'une consistance tendre et charnue, la saveur du champignon de couche.
Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) rend compte d'usages de nos ancêtres :
Letellier a signalé ce Champignon comme pouvant fort bien servir d'aliment, surtout si on en relève le goût par des assaisonnements. Roques dit qu'on l'apprête comme le Champignon de couche, dont elle a à peu près le goût. Vittadini conseille de n'employer cette espèce que lorsqu'elle est encore blanche et jeune, parce qu'en se développant elle devient quelque peu coriace. Cordier déclare que c'est un Champignon très bon à manger, d'une consistance tendre et charnue, de la saveur du Champignon de couche. M. Quélet le signale comme délicat. Il n'est malheureusement pas assez commun, malgré son double mode de reproduction, pour qu'on en fasse une consommation de quelque importance.
*
*
Symbolisme :
Selon Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de Champignons (collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013), il faut savoir qu'un "critique gastronomique l'a comparé à un croisement de houppette et de mozarella !
Un hérisson au goût de homard : Ce champignon peu courant pousse sur les vieux arbres, surtout les chênes et les hêtres. Son chapeau est constitué de longs aiguillons blancs, orientés vers le bas. Cette forme très particulière est à l'origine de ses noms populaires qui rappellent le hérisson (érinace, urchin). Son goût est parfois comparé à celui du homard ou du crabe avec une consistance proche de celle du calmar ou du tofu ! Pour d'autres, il rappelle plutôt l'aubergine, l'asperge, l'artichaut ou les noisettes. Quand il vieillit, il jaunit et devient immangeable. Contrairement à la girolle, qui n'intéresse que les gastronomes, ou au ganoderme, exclusivement médicinal, ce hérisson blanc est vendu dans certains restaurants comme dans les boutiques de phytothérapie. Il est en effet utilisé depuis longtemps par la médecine chinoise traditionnelle pour stimuler l'énergie des patients. On en faisait aussi des pilules ou des infusions contre les ulcères et autres maladies du système digestif. Comme il est trop rare pour que la cueillette suffise à satisfaire les consommateurs, il est cultivé en Asie et en Europe.
Le troisième nom : On le connaît dans le monde entier sous ses noms japonais, Yamabushitaké, "champignon de l'ermite", et chinois, Houtou, "tête-de-singe". Mais un troisième nom est apparu sur le marché. On raconte que cette nouvelle appellation lui aurait été donnée par le chef français Jacky Robert qui officiait au début des années 1980 dans un restaurant de San Francisco. Voyant le champignon pour la première fois, il se serait exclamé "Oh, un pompon blanc !", en faisant référence au célèbre couvre-chef des marins. En fait, pour les Américains, ce champignon évoque plutôt l'accessoire des pom-pom girls, les jeunes filles mi-majorettes, mi-danseuses qui encouragent les sportifs sur les terrains de sport avant les matchs (et qu'on appelle cheerleaders aux États-Unis). En 1983, on trouve ce champignon dans le catalogue des vendeur sous le nom de "Pom pom blanc". L'une de ces compagnies a d'ailleurs officiellement déposé le nom Pom Pon Blanc™ ! Par la suite, ce surnom franco-américain s'est imposé en Europe et c'est ainsi qu'on le nomme à Rungis.
Bon pour le cerveau ? Même s'il est apprécié de certains chefs, le pom pom blanc est surtout commercialisé pour ses propriétés médicinales. Les tests réalisés au laboratoire ont montré que, grâce aux nombreux composés différents qu'il produit, il agit sur le système immunitaire et sur le système nerveux. Il semble notamment activer la production d'un facteur de croissance des neurones, nos cellules nerveuses. Des essais sur des souris ont aussi montré une action in vivo, sur leurs capacités cognitives. Des extraits de ce champignon sont intégrés à des préparations vendues pour agir sur l'attention et la mémoire, même si certains vendeurs préconisent en parallèle de diminuer la consommation d'alcool, de mieux dormir et de jouer au Scrabble..."
*
*