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Le Champignon de Paris


Étymologie :


  • CHAMPIGNON, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1398 bot. (Ménagier, II, 185 ds T.-L.); 1690 proverbe (Fur. : il est venu tout en une nuit comme un champignon) ; 2. p. anal. a) 1636 pathol. (Monet, Invantaire des deus langues françoise et latine, Lyon) ; b) id. d'une mèche qui brûle (ibid.) ; c) 1694 archit. d'une fontaine (Corneille) ; d) 1771 d'une perruque (Encyclop. Planches, 8, 11, planche VI, 10). Issu par substitution de suff. (-on*) de l'a. fr. champignuel (canpegneus ca 1200, Aucassin et Nicolette, 31, 8 ds T.-L. ; champineul ca 1350, Gloss. abavus, éd. M. Roques, 7023), dér. en -ŏlu de campania, littéralement « produit de la campagne ».


  • PARIS, nom propre.

Selon Wikipédia, PARIS est l' "Abréviation des mots latins civitas Parisiorum ou urbs Parisiorum (« cité des Parisii » ou « cité des Parisiens »), nom officiel donné au IVe siècle en remplacement de Lutèce, les Parisii étant le nom de ses premiers habitants celtes. On ne connaît pas l’origine du nom « Parisii » (sans doute du gaulois pario- « chaudron » voir le mot gallois pair).

On peut aussi trouver ci et là des étymologies différentes, mais complètement fantaisistes. Par exemple, l’étymologie bretonne qui décompose Paris en Par-Is (« ville pareille à la ville d’Ys » (et qu’on retrouve dans Prophétie de la mort de Paris par Erwan Berthou en 1904) n’a bien entendu rien d’académique."


  • BISPORUS, nom latin.

Le nom latin bisporus du champignon de couche vient de ce que ses éléments reproducteurs portent deux spores au lieu de quatre chez la plupart des autres espèces. Cette particularité est à l'origine de la difficulté qu'ont eue les biologistes à hybrider ce champignon.


Lire également la définition du nom champignon pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Agaricus bisporus - Agaric bispore - Agaric comestible - Binous (Montpellier) - Bolet de prat (Nice) - Bolet de fem (Alpes-Maritimes) ; Boulet ; Bousiquet ; Bouzigoun (Agenais) ; Brunette ; Cabalos (Montauban) - Caberla (Toulouse) ; Caberlas ; Caberlatch (Tarn) ; Campagnola ; Campagnolé ; Campagnoulier (Languedoc) ; Camparol ; Champignon de couche ; Champignon de fumier ; Clouseau ou Cluzeau (qui désignent souvent la coulemelle) ; Clusereau ; Enbinassat ; Envinassat ; Gounos ; Misseron (Lorrraine) ; Pâturon ; Potiron ; Pradels ; Psalliote ; Psaliotte des jardins ; Rouget ; Saussiron (Lorraine) ; Tout-boun ; Vinois.

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Mycologie :


D'après Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de Champignons (collection Terra Curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013), le Champignon de Paris est le véritable champion du monde des champignons.


Les champignons du potager : Des champignons ont toujours poussé spontanément dans les jardins potagers, sur le terreau mêlé de fumier dont on se servait pour les plate-bandes en principe réservées aux légumes. L'un des premiers à proposer une technique pour en obtenir plus systématiquement est l'agronome Olivier de Serres. En 1599, dans son Théâtre d'agriculture, il décrit comment faire pousser des mousserons (des agarics) qui s'accorderaient bien aux cartoufles (les pommes de terre, récemment introduites), "pour la sympathie de ces deux fruits dont la provision est agréable pour leur utile nouveauté, contentement accouplable avec la plaisante odeur des belles plantes du jardin." Après avoir monté une "couche de deux à trois pieds de haut" en alternant les lits de terre et de fumier de brebis, "la couche est finalement arrousée [arrosée] de la décoction de mousserons bien choisis ; c'est assavoir, de l'eau où l'on aura bouilli des mousserons, que, tiède, on jettera par dessus soir et matin. Par lequel moyen, la couche produira en abondance des mousserons très-bien qualifiés".


La méthode s'enrichit peu à peu des observations de ses successeurs. Le fumier de brebis est remplacé par "les crottes de cheval moisies". Jean de la Quintinie, célèbre jardinier du roi Louis XIV, abandonne la "décoction de mousserons" et ensemence les couches avec des morceaux de chapeaux d'agarics. En 1707, le botaniste Tournefort publie dans les cahiers de l'Académie royale des sciences une description détaillée de la culture des champignons sur meules de fumier de cheval. Cependant, comme elles sont situées en plein air, cette culture est limitée par le froide de l'hiver et la sécheresse de l'été. Mais les amateurs en veulent toujours plus : comment se priver de ces champignons qui sont à la fois délicieux et inoffensifs ? Il faut parvenir à les faire pousser tout au long de l'année. A la recherche d'un environnement plus constant, les jardiniers tentent la culture en cave qui donne de si bons résultats qu'elle se généralise rapidement.


Les champignons de Passy : Au début du XIXe siècle, la culture des champignons connaît une véritable révolution. Il semble bien qu'un maraîcher nommé Chambry eut l'idée d'installer ses cultures dans une ancienne carrière de calcaire située à Passy, non loin de son jardin. On raconte qu'il avait remarqué les champignons poussant sur du fumier jeté dans l'un des regards de ces carrières, ou bien qu'il avait caché dans les galeries un jeune réfractaire qui tentait d'échapper à l'incorporation décrétée par Napoléon en 1813, le jeune homme se nourrissant des champignons qu'il cultivait... Quoi qu'il en soit, c'est bien à cette époque que Chambry fait ses premiers essais de cultures souterraines et qu'il commence à les vendre, sous le nom de "champignon de Chambry" ou de Passy. Le milieu offert par ces carrières souterraines est idéal, avec une température presque constante toute l'année, d'environ 12°C. Dans cet environnement frais et humide, les champignons connaissent un automne permanent ! Ils se trouvent dans l'obscurité, mais cela ne les gêne aucunement. On peut donc les faire pousser toute l'année, ce qui assure un approvisionnement régulier aux acheteurs. Au cours du XIXe siècle, les carrières de calcaire sont peu à peu toutes transformées en champignonnières, d'abord en région parisienne puis dans le Val de Loire. Les champignonnistes ont besoin de grandes quantités de fumier de cheval et cherchent la proximité des haras, par exemple ceux de Chantilly ou de Saumur.


Dans les carrières : La culture des champignons reposait sur une succession d'opérations très précises qui demandaient une main-d'œuvre importante. Il fallait d'abord préparer les meules à partir de fumier de cheval et de paille de céréales. Elles se transformaient par fermentation en un compost dont le mycélium du champignon pouvait se nourrir. Pendant trois semaines, il fallait brasser le fumier et l'arroser copieusement. Lors de la dernière phase, la pasteurisation, sa température montait à 60°C. Lorsqu'il avait suffisamment mûri et refroidi, on le disposait en meules qu'on ensemençait avec du "blanc de champignon", du mycélium cultivé sur meules et fragmenté en galettes ou en briquettes. Cette opération de "lardage" était suivie d'une phase d'incubation d'environ deux semaines. Le compost était alors totalement envahi par le mycélium qui formait une couche blanche à sa surface. Il fallait alors "gobeter", c'est-à-dire recouvrir les meules d'une mince couche d'un mélange de calcaire et de tourbe. Puis on provoquait un choc thermique en ouvrant les galeries, ce refroidissement déclenchant la fructification du mycélium. Il apparaissait d'abord de petites têtes d'épingles blanches, qui grossissaient rapidement et donnaient les champignons. Cette première pousse, ou "volée", se produisait trois semaines environ après le gobetage. Elle donnait lieu à la première "cueille", la plus productive. Trois ou quatre volées supplémentaires étaient successivement récoltées, sur un compost de moins en moins productif qui était finalement revendu comme terreau aux maraîchers.


Des meules au génome : Aujourd'hui, la plupart des anciennes champignonnières ont fermé. Les champignons sont cultivés dans des hangars réfrigérés dont l'atmosphère est très précisément contrôlée et qui permettent une mécanisation des opérations. Le compost pasteurisé est préparé par des entreprises spécialisées. Il n'est plus disposé en meules mais étalé sur des tables, ce qui facilite la récolte te le nettoyage. On l'ensemence avec des graines e céréales stérilisées envahies par du mycélium. A l'origine, les champignons n'étaient pas blancs, mais plutôt bruns. Presque toutes les lignées cultivées dans le monde provenaient de six souches sauvages initiales, très difficiles à hybrider, ce qui avait fortement limité les possibilités de sélection. Des mutants blancs apparus dans des cultures ont pourtant été à l'origine de lignées hybrides mises au point aux Pays-Bas en 1978. Comme les consommateurs préféraient les champignons les plus blancs, ces hybrides ont eu beaucoup de succès et les Pays-Bas sont devenus le premier producteur européen. Au cours des années 1990, les mycologues de plusieurs pays ont cherché de nouvelles variétés sauvages. Ils en ont trouvé plus de 500, dont certaines étaient capables de s'hybrider. Cela a permis de relancer les tentatives de sélection afin d'obtenir des variétés à plus fort rendement et plus résistantes aux maladies qui ravagent parfois les cultures. Certains hybrides n'ont pas besoin de gobetage ou de choc thermique, ce qui simplifie les opérations et les rend moins coûteuses. En 2012, le génome du champignon de Paris a été entièrement séquencé, ce qui permettra d'orienter avec plus de précisions le programme de sélection. Les champignonnistes cultivent aussi une variété brune du champignon de Paris. Il présente une chair ferme, au goût plus prononcé, mais est un peu moins productif. Il reste cultivé dans les caves : en hangar, sa culture n'est pas rentable.


Souris-rose : Pour les agarics, le mycologue Paulet avait créé la poétique famille des "sauvages nivelleurs", dans laquelle il avait situé le champignon de couche sous le nom de "souris-rose", du fait de son chapeau ris et de ses lamelles rose clair. La même famille comptait deux autres agarics : "le cinq-parts et la feuille-morte". Mais cette classification ne plaisait pas à tous les spécialistes et certains se moquaient de sa "ridicule nomenclature".

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Lyra Ceoltoir décrit ainsi le Champignon de Paris dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) :


Vie de champignon : Le champignon de Paris est assez petit, avec son chapeau robuste, un peu aplati sur le sommet, de 4 à 12 centimètres de diamètre, oscillant du blanc au brun noisette, parfois lisse et parfois écailleux, selon les variétés cultivées pour leur saveur fine. Dessous, les lames sont rosées, fonçant jusqu'au noirâtre avec l'âge, et le pied est assez court (5 à 8 centimètres de haut), trapu (1 à 2 centimètres de diamètre, blanc et orné d'un anneau fin et fragile qui tombe souvent au fil de sa croissance. Sa chair est blanche, fine te tendre, et rosit au contact de l'air une fois coupée. Tout le champignon exhale une odeur fraîche et douce, agréable, qui annonce bien son goût succulent, qui se plie à toutes les fantaisies culinaires : cru, cuit, rôti, sauté, en omelette, en sauce, en soupe, il entre dans toutes les recettes possibles et imaginables, sans se faire prier. pas étonnant que sa culture ait été au centre des préoccupations de bien des botanistes !


Il est plutôt rare à l'état sauvage, même s'il affectionne en été et en automne les bords de route, les jardins, les parcs, la proximité des champs et des espaces cultivés, et, surtout, le fumier, puisqu'il s'agir d'un saprophyte. C'est d'ailleurs cette particularité qui en a fait un champignon domestiqué : dès 1814, il s'exporte à Paris, dans les carrières au sud de la cité puis dans les catacombes, où on le cultive, sur une idée du maraîcher Chambry, désireux de les faire pousser toute l'année en recréant les conditions climatiques appropriées, sur des couches de fumier humidifiées et régulièrement ventilées. Le succès est immédiat, et, suite à l'installation du métro parisien dans les souterrains, notre champignon vedette s'exporte, quatre-vingt-cinq ans plus tard dans le val de Loire, là où sa culture est encore la plus intense aujourd'hui (eh oui, les champignons de Paris sont des provinciaux dans l'âme !). Il ne reste, aujourd'hui que deux champignonnières près de Paris : les carrières de Montesson (dans les Yvelines) et le Clos du Roi de Saint-Ouen-l'Aumône (dans le Val-d'Oise). Actuellement, la France n'est que le quatrième producteur mondial de se champignon derrière la Chine, les États-Unis et les Pays-Bas. Sa culture est si facile qu'il est même possible de le faire chez soi, à l'aide d'un petit kit de culture domestique, comme les pleurotes.

Il faut dire qu'en plus d'être bon pour nos palais, il l'est aussi pour notre santé, puisqu'il constitue une intéressante source de protéines, de chitine, de fibres et d'un vaste cocktail d'oligo-éléments (notamment du potassium, du phosphore et du sodium), de vitamines (C, E et un grand nombre du groupe B), d'antioxydants et d'acides gras insaturés. Il stimule le système immunitaire, est antimicrobien, antifongique (une sympathie ironie), anti-inflammatoire, et serait même anticancéreux. Des études ont en effet montré qu'il était capable d'inhiber l'aromatase en diminuant le taux d'œstrogènes de l'organisme, et donc de faire chuter les risques de développement du cancer du sein. Avouez qu'il serait dommage de s'en priver !

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Propriétés médicinales :


Marie Rampin, propose une synthèse des vertus thérapeutiques du Champignon de Paris dans Champignons "médicinaux" : de l'usage traditionnel aux compléments alimentaires. (Thèse d'exercice en Pharmacie, Université Toulouse lll - Paul Sabatier, 2017, pp. 39-40) :


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Symbolisme :


Arc-en-ciel anti-blanc (de champignon) : En 1847, le jardinier Victor Paquet rapporte les croyances en cours chez les champignonnistes parisiens :


"Si l'arc-en-ciel paraît lorsque les meules à champignons sont lardées, on se figure que le blanc ne prendra pas... A Paris, on ne croit pas, que je sache du moins, au mauvais effet du tonnerre sur les melons, mais les jardiniers-maraîchers affirment qu'il tue les champignons."

 

Édouard Grimard, auteur de L'esprit des plantes, silhouettes végétales. (Éditions Mame, 1875) propose sa vision des champignons du temps où c'étaient encore des plantes, qui faisaient peur de surcroît :


Nous ne pouvons quitter ce sujet sans dire quelques mots de la question relative aux Champignons comestibles et aux Champignons vénéneux. Ceux-ci sont nombreux, à la vérité, et l'on ne saurait user de trop de prudence dans le choix de ceux qui sont ou passent pour être comestibles ; toutefois il est des craintes exagérées, et l'on a tort, à coup sûr, de retrancher de l'alimentation publique un des plus excellents produits du règne végétal. Sans parler de ces petits Agarics insignifiants que l'industrie parisienne se procure artificiellement, par des semis faits sur couches dans des lieux souterrains, Champignons sans saveur et sans parfum, parce qu'ils ont végété loin du grand air et du soleil.

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Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Comme tous les vrais Parisiens, le champignon de Paris vient d'ailleurs ; probablement de Chine ou d'Égypte. Cependant, il fait partie de notre paysage gustatif depuis si longtemps que l'on en oublie ses origines. Depuis 1670, sur l'impulsion du jardinier de Louis XIV, Jean-Baptiste de la Quintinie, il est cultivé sur couches, d'abord en plein air, à Versailles même, puis à couvert, avant de se retrancher dans des caves, où sa culture prospère encore aujourd'hui. Depuis tout ce temps, pas étonnant qu'il soit devenu le « champignon par défaut » dans nos assiettes et notre imaginaire. A force de le côtoyer, il est devenu aussi familier et emblématique qu'une autre Parisienne notable, la fameuse tour Eiffel !


Dans le chaudron : Sa grande proximité avec l'homme et son côté très citadin enfant un allié de choix pour travailler sur la magie urbaine, la sorcellerie moderne, mais aussi sur l'équilibre entre le monde rural et le monde urbain, entre modernité et tradition. En raison de ses capacités d'acclimatation, le champignon de Paris est également tout indiqué pour les sortilèges destinés à favoriser les changements, les déménagements ou les processus d'adaptation.

Comme il est souvent le seul champignon facile d'accès pour les habitants des grandes villes qui ne peuvent partir en cueillette forestière, il peut se substituer à bon nombre de ses cousins comestibles dans les charmes et les sortilèges basiques, même s'il ne les égale pas. Sa dimension de « champignon type » en fait un ingrédient tout à fait correct pour travailler sur le concept de champignon en tant qu'entité liminale, mais, naturellement, il ne pourra remplacer les vertus particulières d'un autre de ses parents. De plus, l'environnement dans lequel il a poussé ne permet pas, on s'en doute, de se connecter avec la forêt ou le Sauvage. Il faut donc bien garder cela en tête quand on travaille avec lui.


Le Message de l'Autre Monde : « Je suis un citadin. Un habitant type. Un modèle, un archétype. Je suis multiple, et pourtant semblable ; nombreux, et pourtant unique. Je suis la foule au cœur des villes, le bruit et l'agitation des transports en commun, l'uniformisation des silhouettes qui ne font que passer, en un ruban incessant, dans le lacis des rues. Pourtant, j'aspire à me distinguer. A être vu, entendu, aimé, admiré. Je ne suis pas d'ici, au fond. Toutefois, j'ai perdu mes racines, à force de vivre en me pliant à ce que l'on attend de moi, si bien que je ne sais plus trop d'où je viens. Cela fait-il écho en toi ? regarde où tu vis, contemple la routine de ton existence. Est-elle en accord avec ton être profond ? Te souviens-tu toi, d'où tu viens ? »


La pâte à modeler : Accepter le changement

Les changements dans nos vies ne sont pas toujours faciles à vivre ni à traverser, même quand ils débouchent sur quelque chose de positif. Laisser son ancienne vie, profession, ville ou encore relation derrière soi peut même représenter un véritable deuil, qu'il nous faut traverser dans les meilleures conditions pour pouvoir avancer. Parce que la période d'adaptation peut s'avérer difficile, un petit sortilège à base de champignons de Paris peut représenter un coup de pouce très appréciable.

Munissez-vous d'un petite boule de pâte à modeler blanche, grise ou brun clair (de la couleur d'un champignon de Paris) et de deux images de champignons : l'une sera celle d'un champignon de Paris, l'autre d'un champignon qui représente votre ancienne vie, celle sur laquelle vous devez tirer un trait (furetez dans ce grimoire pour trouver celui qui correspondra le plus). Placez les deux images devant vous, celle du champignon de Paris à votre droite, l'autre à votre gauche. allumez en face de vous une bougie noire et une bougie blanche, et respirez paisiblement de manière à vous relaxer autant que possible.

Sculptez dans la pâte à modeler la silhouette du champignon de votre passé. Inutile d'en faire une œuvre d'art, contentez-vous d'esquisser sa forme de façon à ce que le résultat vous parle un minimum. Posez-le devant vous en vous remémorant les choses dont vous êtes nostalgique, soit en les énonçant à voix haute, soit dans le secret de votre cœur. Quand vous êtes prêt, insufflez cette représentation dans le champignon modelé, par exemple avec une petite incantation, comme :


Hier et aujourd'hui sont bien différents.

Mes jours se suivent sans pourtant se ressembler.

Je ne suis plus celui (ou celle) que j'étais auparavant.

Ô champignons, aidez-moi à m'y adapter.


Reprenez la sculpture et écrasez-la impitoyablement entre vos mains. Pétrissez la pâte à modeler et, cette fois esquissez avec elle la silhouette d'un champignon de Paris. Déposez la sculpture exactement entre les deux bougies, en accompagnant votre intention d'une incantation, par exemple :


Sur le seuil, je me tiens, aux portes de demain.

Le passé est passé, il me fait avancer.

Je me plie, je m'adapte et ne regrette rien.

Le futur m'appartient, il est temps d'y entrer.


Brûlez l'image du premier champignon la flamme de la bougie noire et bénissez la sculpture en la passant rapidement devant la flamme de la bougie blanche (en prenant bien garde de ne pas vous brûler). Méditez un instant sur le changement, en en appelant intérieurement au pouvoir du champignon pour vous aider à vivre cette transition. Quand vous vous sentez prêt, mouchez les bougies.

Installez votre champignon en pâte à modeler entre les deux bougies éteintes, quelque part où vous le verrez régulièrement. Si vous êtes pris de nostalgie, rallumez les bougies et répétez l'incantation.

Quand vous vous serez adapté, écrasez la forme du champignon de Paris, et sculptez à la place celle d'un autre champignon représentant mieux votre vie présente.


Urban witch : Se connecter à l'Esprit du lieu

Vous croyez peut-être qu'il n'y a des esprits, des fées et des gardiens que dans les coins les plus sauvages de la nature ? Que l'atmosphère aseptisée des villes est dépourvue de toute vibration spirituelle ? Erreur ! Les villes n'étant généralement pas bâties au hasard et ne date pas de la semaine dernière, elles recèlent bien souvent leur lot d'histoire, de mythes, de légendes et de magie. Voici un petit rituel pour travailler avec les alliés citadins afin d'entrer en contact avec l'esprit gardien de votre cité.

Allez vous promener en ville et cueillez un pissenlit (Taxacum officinale) sortant d'une fente de trottoir, une feuille d'un arbre poussant dans un square ou un parking (de préférence, un platane, Platanus sp.) et une fleur s'épanouissant dans un jardin public (ou dans le vôtre). Si un autre élément vous appelle (feuille, graine, caillou, etc.), ramassez-le également. Faites un crochet par votre maraîcher, votre primeur ou votre supermarché pour acheter une petite barquette de champignons de Paris frais.

De retour chez vous, rassemblez vos trésors sauvages et urbains, et disposez-les sur une carte de votre ville (imprimée ou dessinée). Nettoyez les champignons (généralement, on les brosse sans les laver), coupez-les en tranches et préparez-les de la manière que vous préférez. Vous pouvez même les manger crus. Si vous avez une sainte horreur des champignons, contentez-vous de les garder près de vous. Divisez le plat obtenu en deux : une assiette pour vous, une pour l'esprit de votre ville.

Asseyez-vous devant votre carte, les deux assiettes à proximité, et placez vos mains au-dessus de vos trouvailles, en vous concentrant sur les pulsations de la ville, autour de vous. Appelez l'esprit de la cité, par exemple en disant :


« Avenues et ruelles, impasses et venelles,

Serpentant, arpentant, traçant comme des veines,

Toi qui vis dans la ville, aujourd'hui je t'appelle.

Accueille-moi, bénis-moi au sein de ton domaine. »


Mangez votre plat de champignons en silence, en étant à l'écoute des rythmes et des bruits urbains. Sentez le pouvoir de connexion et de liminarité du champignon irradier dans tout votre corps. Vous recevez peut-être un signe, une image, un son, une illumination, attestant de la présence du Gardien Urbain. Peut-être pas. Quoi qu'il en soit honorez-le et laissez-lui la seconde assiette de champignons en offrande, si possible sur le seuil de votre habitation ou sur un rebord de fenêtre, sinon à l'endroit que vous considérez comme le lieu de passage et de transition par excellence de votre maison (entrée, garage, ou appareils de communication si vous sortez peu et qu'ils sont votre ouverture sur le monde).

Laissez l'offrande en place vingt-quatre heures avant de la jeter. Comme elle a été vide de sa substance, elle devient impropre à la consommation.

Recommencez le processus chaque fois que vous souhaitez établir ou tisser un lien avec l'esprit de la ville. Bientôt, vous verrez votre cité avec un tout autre regard...

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Chansons :


LE CHAMPIGNON DE PARIS

Paroles : S. Richardot

Musique : X. Cherrier - M. Puyau - S. Richardot


La girolle elle est molle, l'amanite on évite

Le bolet c'est risqué, le Satan très méchant

Le lactaire est sévère, la morille pas gentille

L' pied de mouton c'est pas bon, le mycène est obscène

Mais LE CHAMPIGNON DE PARIS, y'a rien qui l'interdit

Ah c'est pas que ça vaut le cèpe de Bordeaux

Mais avec du persil, le champignon de Paris

Il peut faire illusion, c'est même parfois bon


Le clitocybe on prohibe, l'entolome nous assomme

La pézize faut qu'elle cuise, le satyre peut vous nuire

La pleurote est pâlotte, le gomphide, insipide

La russule elle est nulle, la coulemelle on n'voit qu'elle


Mais LE CHAMPIGNON DE PARIS, y'a rien qui l'interdit

Ah c'est pas que ça vaut le cèpe de Bordeaux

Mais avec du persil, le champignon de Paris

Il peut faire illusion, c'est même parfois bon


La trompette est discrète, le mousseron pâlichon

Le rosé maigrelet, le psylo rend barjo

La vesse de loup, c'est tabou, la chanterelle est bien frêle

Pour l' pied bleu, faut d' bons yeux, pour la truffe, faut d' la truffe


Mais LE CHAMPIGNON DE PARIS, y'a rien qui l'interdit

Ah c'est pas que ça vaut le cèpe de Bordeaux

Mais avec du persil, le champignon de Paris

Il peut faire illusion, c'est même parfois bon, bon


LE CHAMPIGNON DE PARIS, il pousse à Monoprix

Si l'on n'a pas trouvé le cèpe ou le bolet

Autour d'un volati-ile, le champignon de Paris

Il peut faire illusion caché sous les oignons !

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