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La Loutre

Dernière mise à jour : 10 mars



Étymologie :


  • LOUTRE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. Début xiie s. [ms. xiiie s.] uns lutres (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. Waters, 1571) ; 2. a) 1174-77 la loirre (Renart, éd. E. Martin, V, 1084) ; b) 1260 [ms. E fin xiiie-début xive s.] loirre « fourrure de loutre » (Etienne Boileau, Métiers, éd. G. B. Depping, p. 325) ; 3. ca 1290 [ms. xiiie s.] leurre (Fauconn. Frédéric II, éd. G. Tilander p. 268). Du lat. lŭtra « loutre », d'où est régulièrement issu le type leurre ; le maintien du -t- dans le type loutre s'explique prob. par l'infl. du mot a. b. frq. correspondant à l'a. h. all. otter (G. Paris ds Romania t. 10, 1881, p. 42), infl. que confirmerait le genre, masc. à l'origine, de ce type; le type loirre est issu de *lŭtria qui peut s'expliquer par un croisement entre lŭtra et le gr. ε ̓ ν υ δ ρ ι ́ ς, -ι ́ δ ο ς « loutre », l'infl. gr. s'étant fait jour à travers les dial. ital., cf. aussi l'a. prov. luria (1325 ds Pansier t. 3), FEW t. 5, p. 477a.

Lire également la Définition du nom loutre afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :

Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"Encore un animal qui semble connaitre un retour en grâce : il a vu son habitat menacé par l'agriculture intensive, et a failli être exterminé par les chasser. Nombreux sont aujourd'hui les projets de réintroduction de la loutre dans les cours d'eau et dans les océans où elle se plaisait autrefois. Il semble d'ailleurs que ses excréments aient un rôle important à jouer pour mener ces projets à bien.


Description : Sombre et luisante, la merde de loutre varie selon l'espèce. Elle est formée de segments cylindriques, fuselés à chaque extrémité., de 4 à 7 centimètres de long. Chaque crotte porte les trace de la nourriture ingérée : écailles de poissons, os, fragments de crustacés. L'odeur est assez forte.

"Les crottes de la loutre appelées épreintes ont une odeur de miel et de coquillage ! Déposées en petits tas sur des pierres, elles sont pleines d’écailles et de vertèbres de poisson. Pour faciliter leur évacuation, la loutre secrète dans son intestin un mucus qui les rend gélatineuses et brillantes."

Des indices et des crottes : La loutre d'Europe a ses habitudes : elle défèque toujours sur les mêmes rochers qui émergent de l'eau. D'autres, telle la Loutre géante Sud-américaine, préfèrent les latrines communes utilisées par toute la tribu. Pour étudier l'évolution de l'animal, ces latrines sont particulièrement utiles, car elles permettent de localiser les animaux : forte odeur de poisson, et végétation jaunie par les excréments acides.

Aujourd'hui l'étude approfondie des excréments est en voie de détrôner une autre méthode pourtant très sophistiquée : la télémétrie ; celle-ci nécessite l'implantation d'un émetteur dans l'abdomen de l'animal pour le localiser et le suivre. Méthode intrusive, et d'une fiabilité relative : elle dépend du bon état des piles. Maintenant on privilégie la recherche d'ADN (à partir des crottes de loutre) qui permet de suivre l'animal sur plusieurs années, de de mieux connaître son habitat, son régime alimentaire et son comportement en société.

Le bol alimentaire : La loutre a un métabolisme tellement élevé qu'elle doit manger jusqu'à 15% de son poids corporel, ce qui explique le nombre particulièrement élevé de ses crottes."

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Croyances populaires :


Paula Delsol rapporte des croyances relatives à la météorologie populaire,


Si la loutre voit son ombre

Le jour de la Chandeleur

Pendant quarante jours

Elle rentre dans son trou.


Variante : « Si la loutre voit son ombre le 2 février, pendant quarante jours elle rentre dans son trou », dit-on en France.

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Symbolisme :







Selon Hildegarde de Bingen, dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines (XIIe siècle ; trad. P. Monat, 2011) :


"La loutre est chaude et a une nature pure ; elle se nourrit aussi bien d'aliments purs que d'aliments impurs. Sa tête, sa queue et sa chair pourraient être un poison pour quiconque en mangerait. Mais la chaleur de sa fourrure est bonne pour l'homme. Le reste de ce qui est en elle ne vaut rien pour la médecine."

 

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Dans le Dictionnaire des symboles (1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :


"La loutre, apparaissant et disparaissant à la surface de l'eau, est dotée d'un symbolisme lunaire. D'où sa valeur initiatique. La peau de loutre est utilisée dans les sociétés d'initiés, tant chez les Indiens d'Amérique qu'en Afrique Noire, notamment chez les Bantous du Sud-Cameroun et du Gabon.


Les femmes initiées Ozila, magiciennes fertilisantes, qui dansent notamment aux cérémonies de naissance et de mariage, tiennent une corne à la main et portent une ceinture de peau de loutre.

Chez les Ojibway, en Amérique du Nord, le chaman conserve ses coquilles magiques dans une sacoche en peau de loutre. On dit que le messager du Grand Esprit, Intercesseur entre celui-ci et les humains, voyant la misère de l'humanité malade et affaiblie, révèle les secrets les plus sublimes à la loutre et introduit dans son corps des Mîgis (symboles des Mides ou membres de la société Midewiwin), afin qu'elle devienne immortelle et qu'elle initier et du même coup consacrer les hommes. Tous les membres de la société Mide ont un sac à médecine en peau de loutre. Ce sont ces sacs, pointés comme des fusils, qui tuent l'impétrant, lors de la cérémonie d'initiation. Ces sacs sont ensuite posés sur son corps, jusqu'à ce qu'il revienne à la vie. Après chants et banquets, le nouvel initié reçoit son propre sac de loutre des mains des prêtres. La loutre est donc l'esprit initiateur, qui tue et ressuscite.

En Europe, le rôle de psychopompe accordé à la loutre est attesté dans un chant mortuaire roumain :


Car la loutre sait

L'ordre des rivières

Et le sens des gués

Te fera passer

Sans que tu te noies

Et te portera Jusqu'aux froides sources

Pour te rafraîchir

Des frissons de mort

(Trésor de la poésie universelle)

Le symbolisme de la loutre (irl. doborchu ; gall. dyfrgi ; bret. dourgy, littéralement chien d'eau) est complémentaire de celui du chien. Cuchulainn commence la série de ses exploits en tuant un chien et il les termine, quelques instants avant de mourir, en tuant une loutre d'une pierre de fronde."

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Selon Antoinette Molinié-Fioravanti, auteure d'un article intitulé "Sanglantes et fertiles frontières. À propos des batailles rituelles andines" paru In : Journal de la Société des Américanistes (Tome 74, 1988. pp. 48-70) :


Frazer (1960) donne quelques exemples de batailles rituelles marquant une autre transition temporelle importante : le passage de l'été à l'hiver. Parfois il s'agit du combat entre deux troupes représentant chacune une saison comme en Suède pour le 1er mai ; parfois les champions de l'été et de l'hiver s'affrontent de diverses manières : deux garçons pour le mardi-gras en basse Autriche, deux reines dont celle de l'hiver est incarnée par un homme travesti à l'île de Man. La coutume des Inuit est peut-être plus proche de nos matériaux andins. En Automne à l'approche de l'hiver arctique, ceux qui sont nés en hiver affrontent au cours d'une bataille ceux qui sont nés en été. Chaque partie tire vers elle une courroie en peau de loutre. Si l'équipe de l'été gagne on pourra bénéficier d'un hiver clément.

 

Marie-Françoise Guédon dans Le chamanisme--et les chamanismes--dans les traditions du Pacifique Nord. (Éditions J.-M. Tremblay, 1992) :


L'animal qui symbolise le pouvoir chamanique tlingit est la loutre, animal tabou qui rend fous ceux qu'elle rencontre, et qui sauve les noyés pour les transformer en loutres qui à leur tour captureront les humains surpris en mer par la tempête ou perdus dans la forêt. Et c'est précisément à la loutre que doit s'adresser le futur chamane qui est censé capturer et maîtriser sept loutres et revenir avec leur langue, qui formeront par la suite le cœur de ses amulettes. Les pouvoirs et les esprits tutélaires sont jalousement gardés et transmis dans le clan : à la mort du vieux chamane au service du clan, ses neveux et autres parents masculins (rarement des femmes) sont appelés à se présenter devant sa dépouille et ses ornements, tandis que les esprits choisissent son successeur. C'est une tâche des plus ingrates qui attend le novice car les esprits se manipulent à force de persuasion, de purification (à l'aide d'eau de mer et de purgatifs végétaux), de période de jeûne, d'abstinence et de souffrance, alors que la présence des esprits transforme le chamane, qui devient presque aussi inhumain, impitoyable et redoutable que les esprits avec lesquels il fait commerce. Les séances chamaniques tlingit sont spectaculaires, animées par les danses frénétiques, les chants et les transformations physiques et mentales du chamane qui, contrairement à tous les autres chamanes amérindiens de la côte du Pacifique, utilise des masques et des masquettes pour représenter, recréer et appeler les puissances dont il se sert.

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Pour Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), la Loutre a les caractéristiques suivantes :


Points clés : Joie, entrain et partage.

Cycle de puissance : Printemps et été.


La loutre amuse et fascine la plupart des humains. Ses expressions et activités joueuses captent nos imaginations Que ce soit le loutre de mer ou la loutre de rivière, elle suscite une curiosité aussi joyeuse que naturelle.

Un jour, lors d'une virée en canoë dans le nord de l'Ontario, au Canada, une loutre de rivière a surgi à environ trois mètres devant l'embarcation. Elle a dressé la tête hors de l'eau et regardé par-dessus son nez comme si elle était curieuse de voir qui s'immisçait si tôt dans son territoire. Elle plongeait et disparaissait, puis réapparaissait, d'un côté, puis de l'autre, encore et encore, comme si elle essayait d'évaluer la situation sous tous les angles. Quand sa curiosité fut satisfaite, elle replongea et disparut, cette fois définitivement, pour retourner à ses propres activités.

Les loutres éveillent la curiosité. Elles nous rappellent que tout est intéressant si nous observons sous le bon angle. Elles sont joueuses et semblent trouver du plaisir et de l'amusement dans tout ce qu'elles font.

Les habitats des loutres sont toujours situés tout près de l'eau Pendant l'été, elles se trouvent rarement sur terre, particulièrement les loutres de rivière. généralement, elles occupent un grand territoire dans et autour de l'eau. Et elles marquent normalement celui-ci de leur odeur.

Leur connexion à l'eau les relie aux énergies féminines primordiales de la vie - en particulier aux aspects les plus plaisants du féminin -, la création, l'imagination, la joie et l'amour des enfants. Les loutres nous rappellent de garder vivant notre enfant intérieur ou de lui donner naissance si ce n'est fait. Elles nous invitent à ne pas oublier que la vie peut être drôle si nous l'abordons avec la bonne attitude. Les loutres sont rarement vues solidaires. Soit elles sont en compagnie d'autres congénères, soit elles jouent avec quelque objet.

L'adulte n'a quasiment pas d'ennemis naturels. Elles protègent très bien leurs petits. Elles sont agiles et raides dans l'eau ; si rapides qu'elles peuvent même nager plus vite que les poissons. S'il y a une menace, elles filent généralement à la nage, mais elles peuvent se révéler féroces combattantes.

Quand les petit naissent, la mère chasse généralement le mâle du terrier, ce qui reflète une nouvelle fois le lien de la loutre avec les énergies et les schèmes féminins et maternels primordiaux. Quand les petits vont et viennent, le père est autorisé à revenir. Généralement, la portée compte deux à quatre sujets, mais il faut leur apprendre à nager. Cette tâche est assumée par la mère. Parfois, les loutres se montrent pour aider à réveiller les énergies et responsabilités maternelles essentielles Cela peut indiquer un besoin de fixer vos limites au sein de votre foyer et de définir votre rôle féminin.

Les loutres sont extrêmement agiles et acrobates dans l'eau. Elles adorent glisser sur le ventre, et plonger et replonger dans l'eau. Quand elles sont sous l'eau, leurs narines et leurs oreilles se ferment. Rappelez-vous que l'eau est un ancien symbole des forces vitales féminines et créatrices. Les activités et le caractère joueur de la loutre nous rappellent à chacun - femmes comme hommes - que nous possédons des qualités féminines sous une forme ou une autre pour le plus grand plaisir de la vie.

Si une loutre fait surface dans votre existence, il peut être temps de trouver des moments pour vous détendre et jouer. Lancez-vous dans des activités créatrices. Vous n'avez pas besoin d'être un dieu en cette matière ; contentez-vous d'u prendre plaisir. Ou êtes-vous déjà trop joueur ? Ne parvenez-vous pas à rester concentré ? Avez-vous peur de vous amuser ? De prendre du plaisir ? De jouer ? Êtes-vous trop sérieux ? Avez-vous de l'appréhension ? Avez-vous besoin de réveiller votre enfant intérieur ? Offrez-vous quelque chose de spécial. Faites-vous plaisir. Honorez la loutre et elle vous apprendra non seulement à vous amuser, mais aussi à réveiller votre émerveillement pour la vie et toutes les choses qu'elle renferme.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


La loutre, « apparaissant et disparaissant à la surface de l'eau, est dotée d'un symbolisme lunaire. D'où sa valeur initiatique ». Chez les Indiens d'Amérique comme en Afrique noire (Bantous du sud du Cameroun et du Gabon, par exemple), la peau du mammifère « est utilisée dans les sociétés d'initiés », notamment par les magiciennes, qui la portent en guise de ceinture au cours des danses de fertilisation. Dans certains rites om la mort de l'impétrant et son retour à la vie sont simulés avec des sacs en peau de loutre (pointés vers lui puis posés sur son corps), l'animal représente « l'esprit initiateur, qui tue et ressuscite ».

Un chant mortuaire roumain accorde également à la loutre en rôle de guide des âmes :


Car la loutre sait

L'ordre des rivières

Et je sens des gués

Te fera passer

Sans que tu te noies

Et te aprlera

Jusqu'aux froides sources

Pour se rafraîchir

Des frissons de mort.


Toutefois, dans les Edda (principales sources de la mythologie scandinave), la loutre a un caractère démoniaque.

Selon une légende canadienne, voici à quelle circonstance la loutre doit sa couleur brune et son odeur : « Pendant qu'un homme dormait la loutre pénétra dans son corps par le rectum. L'homme, en s'éveillant, la retira de son corps, mais la loutre a retenu de ce passage la couleur et l'odeur qu'elle a ».

En France (Yonne), un morceau de peau de loutre placé dans la selle d'un cheval l'« empêche d'avoir les tranchées ».

On dit encore que, « si la loutre aperçoit son ombre le jour de la Chandeleur, elle rentre pour quarante jours dan son trou ».

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Selon Jamie Sams et David Carson dans Les cartes médecine, Découvrir son animal-totem (édition originale 1999 ; trad. française 2010),


"La médecine que la Loutre détient comprend une série de leçons sur l’énergie féminine. Parce que la Loutre représente cette énergie, on utilise souvent sa peau pour confectionner des sacs de médecine dont se servent les femmes qui ont certains pouvoirs.

La Loutre prend bien soin de ses petits et elle peut jouer avec eux pendant des heures, se livrant à toutes sortes d’acrobaties. Cet animal vit sur terre, mais bâtit toujours sa maison près de l’eau. Les éléments Terre-Eau sont de nature féminine. A l’aise dans ces deux éléments, la Loutre personnifie la féminité. Avec ses lignes pures et élancées, son pelage lisse et brillant, elle est la coquette du monde animal.


La Loutre, la curieuse, est toujours en mouvement. Contrairement à bien d’autres animaux, elle ne s’engagera jamais dans une bataille à moins qu’on ne l’ait d’abord attaquée. Cette joyeuse petite créature aime l’aventure ; elle suppose toujours que les autres créatures sont gentilles jusqu’à ce qu’on lui prouve le contraire. Ces traits de caractère constituent la beauté de la féminité bien équilibrée : cette féminité qui crée un espace où les autres peuvent nous côtoyer sans être victimes d’idées préconçues ou de soupçons. La Loutre nous enseigne que la jalousie et la méchanceté n’ont pas leur place quand l’énergie féminine est équilibrée. Entre sœurs, on est contentes de jouir ensemble du bonheur de chacun et de chacune. Fortes de cette sagesse qui veut que chaque réalisation profite à toute la collectivité, les Loutres expriment leur joie face à tous les membres de la tribu.

Il y a longtemps, selon la loi tribale, quand une femme devenait veuve, la sœur de celle-ci lui offrait son propre mari comme amant, de peur que la veuve ne se dessèche parce qu’elle n’utilisait pas ses désirs de création. Cela aussi fait partie de la médecine de la Loutre. Chez la Loutre, on partage harmonieusement : l’envie, la peur de perdre sa place n’a pas de prise. Quand l’énergie féminine s’exprime sans manipulations et sans contrôle, l’expérience est pleine de fertilité et source de vie. C’est la liberté de l’amour sans jalousie. C’est aussi la joie d’aimer les enfants des autres et leurs réalisations autant que vous aimez les vôtres et leurs réalisations. Devant l’abondance de votre vie, il est peut-être temps d’examiner vos sentiments sur le partage. La Loutre nous dit que pour accéder à l’unité d’esprit, hommes et femmes doivent s’efforcer d’acquérir les qualités les plus délicates de la femme. Tous nos efforts en ce sens devront viser à détruire la jalousie et à éliminer les actes de colère qui en découlent. Il faut donc l’acuité du regard du Faucon pour surveiller votre ego avec vigilance et maintenir une confiance totale. Si on adoptait cette attitude, le monde rassemblerait des gens pleins de bonne volonté prêts à respecter le droit de chacun à une vie personnelle. Si vous avez choisi ce symbole, la Loutre vous demande de redevenir enfant et de laisser votre vie se dérouler tout simplement. Mettez fin à cette manie de vous inquiéter. La Loutre vous enseigne aussi à ne pas vous attacher aux choses matérielles qui vous encombreront et deviendront vite un fardeau. En cherchant ce que la Loutre peut bien vous enseigner, vous pourriez vous arrêter à la joie que vous procure votre côté réceptif. Vous êtes-vous fait un cadeau récemment ? Avez-vous reçu des messages spéciaux au cours de vos méditations ? Devenez la Loutre et suivez gentiment le cours de la vie. Voguez au rythme des eaux de l’Univers... voilà comment agit l’énergie féminine-réceptive quand elle est bien équilibrée. Obéissez à cette énergie, faites-lui confiance et vous découvrirez la puissance de la femme.


A l’envers : Si la carte de la Loutre vous est apparue à l’envers, il se peut que vous passiez sans arrêt d’une idée à l’autre, sans concentration aucune. Cela pourrait aussi signifier que vous avez oublié comment recevoir, que votre côté masculin fait obstacle à un cadeau de l’Univers. Si tel est le cas, vous pouvez être gêné devant les compliments, devant une caresse, ou encore vous avez peur de laisser transparaître votre vraie personnalité. La Loutre en sens contraire, c’est la peur d’être rejeté. Cessez de vous prendre au sérieux et entrez dans le jeu de la vie pour que la peur puisse, dorénavant, glisser tout simplement sur votre dos. Prenez conscience qu’un seul courant importe, celui de l’Amour : l’amour du Grand Esprit à votre endroit, le vôtre à l’égard des autres et celui des autres envers vous.

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000) :


"Ce petit mammifère de moins de 1 mètre, qui vit dans les marais, les lacs et les fleuves, est de la même espèce que le blaireau et le vison. Comme ce dernier, la loutre fut si bien chassée pour sa fourrure imperméable qu'elle a quasiment disparu. Seule la loutre de mer survit en Californie et en Alaska, après qu'une loi en a interdit la chasse. Il s'agit pourtant d'une bête inoffensive et fort utile, pourvue de pattes palmées à 5 doigts, capable de vivre sous l'eau et de plonger à une profondeur de 20 mètres jusqu'à 6 minutes d'affilée, en fermant ses narines et ses oreilles. Les Irlandais, qui la surnommaient chien d'eau, lui accordaient le même symbolisme qu'au compagnon fidèle de l'homme.

Toutefois, son agilité en milieu aquatique et sa faculté de savoir nager sous l'eau en firent un animal magique et lunaire, associé au cycle des renaissances et de la fécondité. En effet, elle apparaît et disparaît dans l'eau comme la Lune dans le ciel. ce jeu de cache-cache et cette grâce qui caractérise la loutre lorsqu'elle nage dans les eaux claires d'une rivière indiquent souvent, lors de son apparition dans un songe, que le rêveur est sur le point de produire quelque chose de neuf, qu'il va peut-être vivre ou assister à une naissance, ou encore qu'une nouvelle réalité est sur le point de surgir de sa conscience, de remonter à la surface, et qu'elle sera à l'origine d'une nouvelle phase de son existence. En effet, la loutre est toujours un animal de bon augure."

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D'après Madonna Gauding, auteure de Animaux de pouvoir, Guides, protecteurs et guérisseurs (Octopus Publishing Group 2006 ; traduction française : Éditions Véga, 2006) :


"Guide d'interprétation


En tant que symbole onirique : Confiance - Enthousiasme ; Joie ; Empathie ; Curiosité ; Sensibilité féminine ; Légèreté d'être

En tant que gardien ou protecteur : Soutient la famille - Garde contre le gâchis.


En tant que guérisseur : Soigne par le toucher - Soigne l'enfant intérieur.


En tant qu'oracle ou augure : Arrêtez de vous inquiéter - La vie est ce que vous en faites.


Mythes et contes

La tribu amérindienne Chippewa fabriquait ses sachets à amulette en peau de loutre. La tribu Yup'ik pensait que la loutre de mer pouvait prendre forme humaine.


Si la loutre de mer est votre animal de pouvoir

Vous êtes une personne extrêmement curieuse, mais pas indiscrète - vous préférez seulement tout vérifier. Relaxé et aimant vous amuser, vous profitez de la vie, êtes ouvert et confiant. Vos amis vous apprécient pour cela, mais vous devez être un peu plus circonspect pour votre propre sécurité. Excellent nageur, vous aimez en fait juste jouer dans l'eau. Les autres feraient bien d'imiter l'aisance avec laquelle vous négociez les difficultés de la vie. Vous savez prendre soin de vous, si bien que vous demandez peu aux autres. Vous aimez la famille, vos enfants, les occasion sociales, parler avec les gens et passerez la nuit à ce faire. Pour vous, l'avenir est toujours brillant.


Demandez à la loutre de mer de vous aider

  • à vous fier à votre sagesse intérieure à propos des gens et des situations ;

  • à accueillir chaque jour avec enthousiasme.

Accéder au pouvoir de la loutre de mer en

  • jouant sur un toboggan à eau ;

  • flottant sur le dos dans votre piscine.

La loutre de mer ouvre les crustacés en les frappant contre une pierre posée en équilibre sur son ventre, alors qu'elle flotte sur le dos. Comment utilisez-vous votre créativité pour régler les problèmes rencontrés au travail et à la maison ?

Élément Eau."

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Selon Sébastien Barbara, auteur d'un article intitulé "Castoréum et basilic, deux substances animales de la pharmacopée ancienne." (MOM Éditions, 2008, vol. 39, n°1, pp. 121-148) :


Hérodote est, à notre connaissance, le premier à évoquer le castor et le castoréum. Chez les Scythes, dans le pays des Boudinoi qui est un peuple pour ainsi dire « xylophile », comme le castor, Hérodote signale une zone forestière et marécageuse où vivent des loutres, des castors et d’autres animaux « à museau carré » dont on utilise la fourrure pour faire des revers et les testicules pour guérir les affections de la matrice. Ainsi, dès l’origine, est mentionnée la fonction thérapeutique des testicules d’un animal lacustre de Scythie. Ces informations proviennent sans doute des Boudinoi eux-mêmes qu’Hérodote se plaît à présenter comme à moitié hellénisés.

Quelques décennies plus tard, le témoignage d’Aristote à propos d’une série d’animaux amphibies montre une persistance des confusions dans cette catégorie puisqu’il attribue au rat d’eau une caractéristique célèbre du castor : la capacité à couper des arbres. Il dit également que la loutre mord vigoureusement et ne lâche prise que lorsqu’elle entend l’os craquer : or le même motif se retrouve ensuite chez Pline mais à propos du castor et on peut raisonnablement penser que cette caractéristique était mentionnée pour tous les rongeurs amphibies pourvus d’une puissante dentition.

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Dans Rencontre avec votre animal totem (édition originale 2010, traduction française 2015), Phillip Kansa et Elke Kirchner nous proposent la fiche suivante sur la loutre :

"Caractéristiques positives : Inventivité - Joie - Renouvellement de l'énergie vitale.

En quoi cet animal m'aide : La loutre t'aide à être inventif dans tes démarches et projets, pour que tu puisses les réaliser avec succès et facilité. Elle te confère la force du renouvellement et de la régénération. Elle te montre qu'avec de la joie dans le cœur, tu traverses plus facilement les phases difficiles. La famille étant importante pour la loutre, elle te confère la force d'un lien familial solide."

Comment la loutre me protège : La loutre te garde de considérer ton travail comme un fardeau. Elle te permet de prendre conscience qu'avec la bonne attitude, toute chose peut apporter de la joie. Grâce à son pouvoir de régénération, elle te protège de l'épuisement et du burn-out. Par son inventivité, elle t'apprend à rebondir et à ne pas rester bloqué, et t'encourage à ne pas renoncer quand les choses sont importantes pour toi.

Exercice pour me relier à cet animal : Ferme les yeux et imagine que tu es assis au bord d'une rivière. La loutre ne va pas se montrer spontanément, tu dois l'invoquer de tout ton cœur. Quelque chose bouge dans l'eau ; deux yeux noirs te regardent et, comme un flot de lumière, la force de ce petit animal souple gagne ton être. Sens cette force dans chacune de tes cellules. Laisse-la circuler partout où tu as besoin de joie et de régénération. Si tu as besoin d'une idée pour un projet spécifique, détends-toi, fais confiance à ton inventivité et laisse simplement la solution monter en toi. Lorsque tu te sens rechargé en énergie, remercie la loutre, offre-lui ton sourire, et reviens dans l'ici et maintenant."

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D'après Annie Pazzogna, auteure de Totem, animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens de Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012 et 2015), la Loutre (Ptan) appartient au clan du Sud qui comprend l'Ours, la Chouette, le Lapin, le Loup, la Souris et le Coyote. La direction du Sud est également associée au blanc, à la Grand-Mère Lune, à l'élément eau et à l'émotionnel.

Loutre est d'un grand esprit pratique dans sa vie de tous les jours. Elle est bonne nageuse avec ses doigts palmés et sa queue lui donne une profusion aquatique, elle lui sert aussi d'outils de construction comme Castor ; son terrier, la catiche, débouche aussi sous l'eau. Une autre galerie lui sert de conduit d'aération.

Ses oreilles et narines s'obturent lors de la plongée. Solitaire, méfiante, elle ne reste pas longtemps au même endroit. Elle est active la nuit.

Deux ou trois petits naissent au printemps. Elle les nourrit et les cajole longtemps. Ptan est la force des liens familiaux, la bienveillance et l'attention.

Initiatrice, Loutre symbolise la renaissance et l'innocence. Elle est belle, équilibrée, partageuse, serviable.

Les jeunes femmes lakota emprisonnent leurs nattes dans la peau somptueuse imperméable de Loutre ; elle faciliterait les accouchements et elles se souviennent ainsi que Ptan est la féminité même, l'émotion, l'intuition, la joie. Les guerriers la portaient également pour se mouvoir avec rapidité et être invincibles.

Des sacs médecine étaient également confectionnés avec sa peau dans son entièreté.

Loutre est une médiatrice entre la terre et l'eau.

Récapitulatif : positif : Bienveillance - Attention -Renaissance - Force des liens familiaux - Féminité - Joie

négatif : Coquette - Joueuse."

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Dans l'article de Sébastien Baud, intitulé "Du cadavre à la plante psychotrope, Analyse de deux modes d’acquisition d’une « vision-pouvoir » au sein de la société awajún" et paru dans la revue Frontières , Volume 23, Numéro 2, Printemps 2011, p. 33–37, on apprend que :


Il y a longtemps, nous dit le mythe, alors que les Awajún étaient le plus souvent défaits dans les conflits qui les opposaient à leurs voisins, l’esprit d’un défunt visita un père de famille dans son rêve et lui dit : « Si vous voulez gagner la guerre, écoute-moi, car de mes paroles naîtra un guerrier valeureux, qui vaincra. » C’est ainsi qu’un enfant a pris le nom de Bíkut, après que son père lui eut donné le datém (en latin Banisteriopsis caapi, liane de la famille des Malpighiacées) jour après jour « jusqu’à libérer sa pensée ». Quand il fut en âge de se battre, il partit avec ses aînés à la guerre « pour libérer les Awajún du joug des Huambisa, car il savait quand nos ennemis arrivaient ». À son retour, parce qu’il avait soif de violence, ses parents l’attachèrent à l’un des piliers (paína) de la maison. Alors qu’il était assis, il enseigna à sa famille que telle plante guérit telle maladie, que tel arbre doit être utilisé pour alimenter le foyer, que tel cœur de palmier se mange, etc. Puis un jour, à l’approche de la mort, puisqu’il « savait quand il allait mourir », il leur dit : Après ma mort, enterrez mon corps, sous le faîtage [de la maison], là au milieu. Quand mon corps aura pourri, enlevez la maison pour me donner de l’air. L’endroit va alors se couvrir de végétation. Au milieu de celle-ci, pousseront deux plantes, une [aux fleurs] blanche[s] et une [aux fleurs] rouge[s]. La blanche sera utilisée pour soigner les maladies et la rouge, quand un os sera cassé (une version du mythe est donnée dans Baud, 2009). Cette plante, qui est appelée bíkut aujourd’hui (Brugmansia suaveolens, un arbuste de la famille des Solanacées), est également connue pour être inductrice d’une transe au cours de laquelle la personne rencontre l’esprit d’un aïeul et acquiert de lui une nouvelle intériorité. […]


Ceci dit, l’être humain n’était pas le seul à pouvoir perdre la tête, puisque la loutre (úyu) était également chassée pour celle-ci. De la tête, une fois enterrée, à l’exemple du corps du héros mythique Bíkut ou du cadavre du wáimaku, et en prenant soin d’entourer l’endroit de pieux de bois dur (chunku), poussait alors une plante qui était utilisée pour chasser, pêcher ou courtiser une femme. Le récit de sa naissance exemplifie, là encore, l’idée que le cadavre est un germe duquel naît un nouvel être, créature humaine s’il est manipulé dans des rituels complexes ou plante médecine (tsúak) s’il est enterré.

Tu cueilles les feuilles, les mâches et les frottes sur le corps. Puis, tu pars chasser en forêt. Si tu rencontres facilement du gibier, alors cette plante est pour la chasse. Si tu n’as pas cette chance, tu vas alors à la rivière et pêche. Si tu ramènes beaucoup de poissons, alors cette plante est pour la pêche. Et si tu n’attrapes rien, ni à la chasse, ni à la pêche, alors cette plante est pour courtiser les femmes. Pour preuve, tu vas à une fête et là, tu conquiers une fille, puis une autre…

Cette plante s’appelle úyu tsúak, « médecine de la loutre »

(Walter Cuñachi, Nazareth, 2007).

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Dalie Giroux dans "Comment fabriquer un État en Amérique, ou : la Vierge, le Diable, le Boucher et Carcajou" in Les Cahiers de l’imaginaire, 2014, vol. 12, pp. 68-89 analyse une chanson québécoise dans une optique politique :


La violence mythique est celle qui unit à l’origine droit et pouvoir, la loi et la puissance, l’ordre à la violence. Elle provient des dieux, des ancêtres, des pères fondateurs, et se fait destin, nécessité : « La fondation de droit est une fondation de pouvoir et, dans cette mesure, un acte de manifestation immédiate de la violence. Si la justice est le principe de toute finalité divine, le pouvoir est le principe de toute fondation mythique du droit ». La définition de la frontière est le phénomène originaire de la fondation mythique du droit et l’événement politique essentiel du Nouveau Monde. La frontière en est sa ruine constitutive et permanente. Cette violence fondatrice, mythique, discrétionnaire et la violence conservatrice de droit qui est à son service (celle de la police) sont celles avec lesquelles Benjamin dit qu’il faut en finir.


Le trou (du boucher) : Jacques Derrida a suggéré à quelques reprises que le sacrifice carnivore soit au fondement de la psychè européenne : « le sacrifice carnivore est essentiel à la structure de la subjectivité, c’est-à-dire aussi au fondement du sujet intentionnel et, sinon de la loi, du moins du droit ». Si l’on transpose cette logique, le langage du droit qui se réalise dans un espace qui se fait par là « territoire » (nomos), trouverait son point d’articulation dans le tuer-pour vivre, dans le sacrifice carnivore.

« La loutre », une chanson de la tradition orale de la vallée du Saint-Laurent (cœur du vieux Canada colonial et du lieu originaire du processus d’européanisation de l’Amérique par la France absolutiste), réverbère cette idée du sacrifice fondateur comme modalité de la boucherie.

« La loutre » raconte l’histoire de la recherche d’une puissance qui puisse faire en sorte que « la loutre sorte du trou ». Cette quête d’un apparaître est sans sujet. Elle est, si l’on suit le texte de la chanson, la quête de « on » qui dit « il faut » créant ainsi une structure destinale. J’en reprends ici les termes.

La première puissance invoquée par la chanson pour faire sortir la loutre du trou est celle du loup, à qui l’on demande de « hurler la loutre ». Or, le loup ne veut pas hurler la loutre, en conséquence de quoi la loutre ne veut pas sortir du trou. Sans se laisser démonter, on invoque le chien (« il faut aller chercher le chien »), pour qu’il morde le loup, pour qu’il hurle la loutre, pour qu’elle sorte du trou. Or le chien ne veut pas mordre le loup, qui ne veut pas hurler la loutre, qui ne veut pas sortir du trou. Tenace, on affirme qu’« il faut aller chercher bâton », « c’est pour qu’il puisse battre le chien ». Or le bâton ne veut pas battre le chien. Et ainsi de suite. La chanson met en scène la construction d’une chaîne d’action nécessaire (la fin de l’action étant de faire sortir la loutre du trou), qui ne s’active pas faute de volonté de la part des puissances invoquées (refus obstiné des animaux, des éléments naturels, et des outils à collaborer à l’entreprise du faire apparaître). La loutre ne sort pas du trou, le loup ne hurle pas la loutre, le chien ne mord pas le loup, le bâton ne bat pas le chien, le feu ne brûle pas le bâton, l’eau n’éteint pas le feu, le bœuf ne boit pas l’eau. Pourtant, seul le loup peut faire sortir la loutre, seul le chien peut faire hurler le loup, seul le bâton peut faire mordre le chien, etc.

La régression à l’infini (qui est synonyme du refus d’apparaître de la loutre) est désamorcée à partir du moment où la puissance invoquée pour faire sortir la loutre du trou prend figure humaine. « Il faut aller chercher boucher », et par là, tout arrive : le boucher veut bien tuer le bœuf, qui veut bien boire l’eau, qui veut bien éteindre le feu, qui veut bien brûler bâton, qui veut bien battre le chien, qui veut bien mordre le loup, qui veut bien hurler la loutre, qui veut bien sortir du trou.

Le boucher de la chanson est, sur le plan de la fonction, semblable au Législateur de la pensée politique occidentale. Venu d’ailleurs, il donne au peuple sa loi, il fait apparaître l’État, et les poètes célèbrent sa gloire. Comme le Législateur, le boucher n’a pas besoin de s’exécuter réellement : sa terrible potentialité suffit à établir la nécessité et la vérité de la chaîne d’action qui vise l’apparaître. Le bœuf n’est pas sacrifié, mais son action n’est que suspension indéfinie de son sacrifice inéluctable et éternel. « Or, en faisant couler le sang, la violence mythologique du droit s’exerce en sa propre faveur contre la vie pure et simple, qu’elle fait saigner, tout en restant précisément dans l’ordre de la vie du vivant en tant que tel ».

Le sacrifice carnivore s’inscrit comme origine (posée dans l’après-coup) d’une chaîne/scène causale dans laquelle une extériorité violente réalise l’apparaître. Le meurtre carnivore met le monde en marche dans une succession d’actions destructrices nécessaires (tuer, boire, éteindre, brûler, battre, mordre, hurler). Chacune de ces actions conservatrices porte la trace de la fondation. C’est là très certainement un des visages de l’espace de mort duquel naissent les États (la loutre, animal fabuleux). Faire sortir du trou, n’est-ce pas, proprement, fonder ? Les mangeurs d’hommes de la jungle amazonienne décrits par Taussig, comme les blondes bêtes de proie de Nietzsche, savaient cela. Si ces blondes bêtes ont d’ailleurs tellement fait frémir les philosophes politiques du 20e siècle, ce n’est peut-être pas tant par dégoût moral que par pudeur. « Au fond de toutes ces races aristocratiques, il y a, à ne pas s’y tromper, le fauve, la superbe brute blonde avide de proies et de victoire; de temps en temps ce fond caché a besoin de se libérer, il faut que le fauve sorte, qu’il retourne à son pays sauvage ».

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Aigle Bleu dans Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Édition revue et augmentée Le Dauphin blanc, 2019) nous transmet la sagesse de ses ancêtres :


La Loutre est la médecine de l'énergie féminine. Bien sûr, cette médecine s'applique autant aux hommes qu'aux femmes, puisque vous avons tous un côté féminin et un côté masculin à l'intérieur de nous.

Dans la vie de la Loutre, il est aisé d'observer la médecine qu'elle porte. La Loutre prend très bien soin de ses petits, elle jouera souvent pendant des heures avec eux en faisant toutes sortes d'acrobaties et de jeux assez spectaculaires ; elle est très souple. Bien qu'elle vive sur la terre, sa maison se trouve toujours très près de l'eau, eau et terre étant les éléments féminins.

La Loutre est l'incarnation de la féminité : longue, svelte, elle en est presque coquette. Elle est très curieuse et ne reste jamais immobile très longtemps. Contrairement à d'autres animaux, elle ne cherche jamais querelle, sauf si on l'attaque, mais elle aime beaucoup l'aventure et tient pour acquis que les autres animaux sont amicaux, jusqu'à preuve du contraire. Elle se tient loin de l'homme, par contre, et est très discrète. Peu de gens ont eu l'honneur de l'observer dans son habitat naturel, qui est d'ailleurs en régression ainsi que la Loutre qui est dans bien des pays une espèce menacée de disparition.

La médecine de la Loutre nous enseigne comment accueillir l'autre et comment présenter une attitude remplie de souplesse et de beauté qui permet à l'autre d'entrer dans notre bulle en confiance.

La personne Loutre sait « partager » avec les autres et a beaucoup de liberté dans ses relations. Elle va, par exemple,, éprouver beaucoup de joie en voyant les accomplissements des autres. Elle sait comment partager l'abondance de la vie et elle sait avoir confiance. Il y avait une coutume dans certaines Premières Nations, avant l'acculturation par les Occidentaux, où la sœur d'une femme, qui venait de perdre son mari, pouvait parfois lui prêter le sien, et ce, afin qu'elle ne devienne pas sèche et aigrie par la solitude. C'était pour un temps, le temps que cela prendrait à la veuve pour trouver un homme. La jalousie et le maniérisme sont étrangers au caractère de la Loutre, et c'est pour cela que cette médecine est appréciée de même que ceux qui la possèdent. L'énergie féminine sans le contrôle ni la jalousie est une belle expérience. La joie d'aimer les enfants des autres et leurs succès autant que les siens est un trait de celui qui a la médecine de la Loutre.

Toutes ces qualités sont en général assez proches de la médecine de la femme, et c'est pourquoi, parmi les Premières Nations, les femmes chamanes qui travaillaient avec d'autres femmes gardaient souvent leurs objets de médecine dans un sac en peau de Loutre.

La Loutre sait couler avec la vie, c'est-à-dire s'adapter aux circonstances, se mouvoir avec le flot, être souple, et elle nous enseigne comment s'adapter à toutes les circonstances de la vie.

C'est une médecine qui est particulièrement bénéfique pour ceux qui se prennent trop au sérieux, qui ne savent pas recevoir, qui n'acceptent pas les compliments ou qui ne savent pas apprécier les autres à leur juste valeur. Ceux-là devraient faire appel à la médecine de la Loutre. Ayez aussi recours à cette médecine pour mieux accepter et intégrer les mystères féminins, particulièrement les rythmes lunaires du corps de la femme. Si vous êtes un homme, faites appel à la médecine de la Loutre assez souvent pour adoucir votre caractère, mieux vivre vos émotions et accepter de les exprimer plus librement. Tous et toutes pourraient profiter de la liberté joyeuse de la Loutre pour s'amuser et trouver la joie dans les moments de partage simples avec la famille et les amis.

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Dans Le Bestiaire du Chaman, 36 cartes divinatoires A la rencontre de votre animal totem (Édition originale, 2019 ; Éditions Larousse, 2020), Maïa Toll propose les correspondances symboliques associées à Lontra canadensis :


Mot-clef : Cherchez la joie


Cette fashionista des cours d'eau a bien chaud grâce à son épais manteau de fourrure et son métabolisme particulièrement rapide, qui lui permet de générer de la chaleur en s'agitant en tous sens. La loutre nourrit son feu intérieur en se gavant d'écrevisses et de crabes. Peut-être est-ce le fait de manger tout ce qu'elle veut sans prendre un gramme qui la rend si joyeuse ?

En fait la loutre de rivière sait que la vie est source de plaisirs infinis, quand une étincelle brille en vous. « Prenez cette rive boueuse, par exemple, vous dit-elle. Pour moi, c'est un toboggan. Pas pour vous ? » La loutre vous rappelle qu'il faut activement rechercher la joie. Elle sait qu'elle est là. A vous de la trouver.


Rituel : Bonheur passé et présent

Le cerveau humain pense à la survie, il signale les obstacles qui se dressent sur notre route afin que nous puissions les éviter. En conséquence, nous avons tendance à nous rappeler les mauvais moments et devons faire un effort conscient pour nous souvenir des bons.

Vous seriez sans doute surpris par la quantité de joies que l'on éprouve en l'espace d'un an. toute la difficulté est de parvenir à les identifier.

Trouvez au moins trente moments heureux qui engendrent de la gratitude. Prenez votre agenda et remontez mois par mois, en vous rappelant et en notant les réussites, les fêtes, les déjeuners entre amis - tout ce qui vous a fait sourire.

Entraînez votre esprit à repérer la joie... vous risquez d'être surpris du résultat !

Continuez en débusquant la joie dans votre vie quotidienne, tenez un journal de gratitude. Chaque soir, noter au moins deux choses qui vous ont fait plaisir pendant la journée. Vous n'avez pas besoin d'écrire un roman, résumez en quelques mots ce qui vous a rendu heureux pour vous en souvenir.

« La gratitude modifie votre perspective, elle vous fait passer du manque à l'abondance. Elle vous permet de vous concentrer sur ce qu'il y a de bon dans votre vie. »

Jen Sincero

Réflexion : Quel est votre spectre d'énergie ?

La loutre de mer est une cousine de la loutre de rivière, mais son énergie est différente. Alors que celle-ci est constamment en mouvement, la loutre de mer se déplace plus paresseusement. Elle passe beaucoup de temps à faire la planche. C'est dans cette position qu'elle nettoie son petit, ouvre les moules en les cassant avec une pierre qu'elle garde dans une poche sous son bras, et se chauffe au soleil. C'est même ainsi qu'elle dort (en tenant les autres loutres par la patte pour ne pas être séparées - oui, c'est tout simplement adorable).

La loutre de rivière et la loutre de mer sont de joyeuses créatures. Leurs différences nous apprennent que chaque type d'énergie a sn propre spectre d'expression. La loutre de mer manifeste une joie tranquille, alors que la loutre de rivière est beaucoup plus agitée. La première cherche à conserver son énergie, la seconde se dépense sans compter.

Tous les types d'émotions et d'actions sont présents sur un spectre.


Quelle est votre amplitude émotionnelle dans la vie ?

Passez-vous de la colère à la joie ?

Naviguez-vous entre des nuances de contentement et de mécontentement ?

Oscillez-vous entre envie et générosité ?


Comprendre ce spectre vous aide à replacer vos actions et émotions quotidiennes dans le contexte plus général de votre vie et vous permet de prendre du recul pour les déchiffrer.

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Dans Le Chamane et le Christ (Éditions Le Passe-Monde, 2020) Daniel Meurois évoque les croyances des Amérindiens Wendat à travers le témoignage d'un personnage d'homme-médecine déboussolé par les catastrophes liées à l'arrivée des Anglais et des Français sur leur territoire :


Je me suis levé d'un seul élan.

- « Et tu prétends que ton dieu est bon et juste ? Alors moi je te dis ceci : Ou ton dieu n'est pas vrai ou toi tu ne sais pas en parler ! Et je préférerais la deuxième possibilité... »

Le Frère est resté bouche bée et les deux autres n'ont pas davantage réagi. Devant tant de vide et d’incohérence, j'ai pris Yayenrà par la main et je l'ai emmenée à une bonne centaine de pas de là, toujours sur la rive, afin que nous finissions nos travaux.

- « Oh... regarde, lui ai-je murmuré à l'oreille pour chasser le sombre décor de pressions et de menaces qu'avaient inopportunément dressé les moines. Regarde... une loutre ! »

Et effectivement, non loin de nous, parmi les plantes aquatiques, un petit animal au pelage lustré et aux longues moustaches barbotait joyeusement.

Nous en apercevions régulièrement mais pour moi, pour nous, cela ne pouvait pas être anodin à cet instant précis. Nous savions tous que le moindre animal qui apparaissait de manière imprévue dans nos vies se faisait porteur d'un message. Il était toujours mandaté par le Grand Esprit pour nous enseigner quelque chose.

Ainsi, aux yeux de notre peuple, la loutre était-elle porteuse de joie, d'équilibre, de beauté et, pour tout dire, de féminité. elle parlait aussi de simplicité et de liberté afin que jamais nous ne puissions oublier celles-ci. Enfin, certains disaient qu'elle rappelait l'amour à offrir à tous les enfants du monde, ceux qui nous prolongeraient dans le Temps.

- « Oui, Yayenrà, regarde... ai-je insisté, elle est venue pour toi... Elle parle de ta grâce, de notre enfant et de la liberté qu'il faut préserver. A la tombée du jour, nous retiendrons ici et nous ferons brûler pour elle un peu de foin d'odeur. »

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Symbolisme celte :

Dans L'Oracle des Druides, Comment utiliser les animaux sacrés de la tradition druidique (édition originale, 1994 ; traduction française Guy Trédaniel, 2008) de Philip et Stephanie Carr-Gomm, les auteurs associent trois mots-clefs à la loutre :

Joie ; Jeu ; Serviabilité


La carte représente une loutre guettant le saumon. Parente de la belette et du castor, la loutre se trouve à l'aise dans l'eau comme sur la terre ferme. Elle peut rester sous l'eau pendant quatre minutes et peut ainsi dissimuler l'entrée de son repaire en dessous du niveau de l'eau des bords de rivière. Sa queue, puissante et fuselée, lui sert de gouvernail et d'outil de construction. Ses pieds palmés la rendent particulièrement apte à la nage. Se nourrissant principalement de poissons, elle aime jouer et s'amuser.

La Loutre nous invite à redevenir enfant, nous amuser et accepter le flot de la vie et des expériences. Avec elle, vous pouvez prendre le temps de vous reposer et d'oublier vos soucis quotidiens. Vous devrez vous détacher de votre routine habituelle pour consacrer un jour ou un week-end entier à vos loisirs. La raison vous l'interdit, mais vous savez bien que vous devez prendre soin de vous-même pour être vraiment utile aux autres. Quelqu'un pourrait bien entrer dans votre vie pour vous réapprendre à vous amuser - activité que toutes vos responsabilités d'adulte vous ont peut-être forcé à oublier. La Loutre vous montre qu'on peut attraper le saumon de la sagesse en s'amusant. Cette carte rappelle que nous n'avons rien à craindre car nous sommes réellement protégés.


Renversée, la carte suggère que vous êtes peut-être en train de nager à contre-courant, de vous opposer au mouvement naturel des événements, par peur ou entêtement. Essayez de lâcher prise, de vous détendre, de faire confiance à la vie. Faites attention cependant à ne pas imiter les enfants qui utilisent le jeu pour échapper aux responsabilités de la vie adulte et à leurs devoirs.

La Loutre dans la Tradition


Collines où bondit et pêche la loutre brune et soyeuse

le museau plat, légère, libre


Extrait de Deirdre se souvient des collines, poème irlandais du XIVe siècle

La Loutre est renommée pour son sens familial très poussé. Les jeunes loutres restent avec leurs parents plus longtemps que n'importe quel jeune animal et à la mort de l'un des partenaires, le survivant reste souvent triste pendant très longtemps. Cet animal symbolise donc la force des liens familiaux.

La Loutre est consacrée à Mannanan mac Lir, le dieu de la mer, et on raconte qu'il existe des loutres royales ou des "maîtres-loutres" : l'une d'elle apparut à Dhu Hill (Colline Noire), entourée de centaines de loutres ordinaires. Une autre, entièrement blanche, ou grise avec une étoile blanche, vivait dans le Sutherland. Dans la tradition écossaise, on disait que les loutres royales étaient brunes et que sept loutres noires les accompagnaient toujours pur les servir. Si on les capturaient, elles accordaient la réalisation de n'importe quel vœu en échange de leur liberté. Mais certains préféraient es tuer car leur peau rendait les guerriers invincibles. Elles étaient heureusement difficiles à tuer : leur seul point faible était une minuscule tache blanche sous leur museau, cachée par leurs dents.

L'histoire de Taliesin

Consacrées au dieu et ayant leur propre roi, les loutres sont aussi liées à la déesse Ceridwen. Grande déesse-mère de la tradition druidique, celle-ci se transforma en loutre pour poursuivre Gwion Bach, changé en poisson. Elle et son époux, Tegid, vivaient à l'époque d'Arthur près du lac Bala. Ils avaient deux enfants : une file, Creirwy (l'Aimée) et un garçon, Morfran (Grande Corneille). Morfran était si laid que Ceridwen décida de l'aider à acquérir la sagesse, afin de rendre son intelligence si remarquable qu'on ne se préoccuperait plus de son corps. Elle consulta les livres de Pheryllts, les druides alchimistes, et trouva la recette d'une potion magique Préparée à partir d'herbes, il fallait la faire cuire pendant un an et un jour pour obtenir trois gouttes d'inspiration. Elle chargea un aveugle et un jeune garçon appelé Gwion Bach, d'entretenir le feu sous le chaudron magique. Au bous d'un an, elle s'assit près du chaudron avec Morfran prêt à recevoir les trois gouttes de potion. Mais il s'endormirent et trois gouttes éclaboussèrent le pouce de Gwion. Le garçon lécha aussitôt sa brûlure et reçut instantanément la connaissance. Se réveillant, Ceridwen comprit ce qui était arrivé et furieuse, poursuivit Gwion. Ils se transformèrent successivement, lui en Lièvre, poisson, oiseau et grain de blé, elle en lévrier noir, outre, Faucon et Poule. Sous la forme de Poule, elle avala le grain de blé. Neuf mois plus tard, elle donna naissance à un fils qui devint par la suite le célèbre barde Taliesin (Front Radieux).

Une ballade anglaise, Le Forgeron noir, raconte une histoire similaire, où le héros se transforme en Loutre, en Lévrier et en Araignée, tandis que l'héroïne se métamorphose en Poisson, en Lièvre et en Mouche.

La Loutre, amie et protectrice

La loutre excellant à la pêche, le couple de la Loutre et du Poisson symbolise parfaitement la chasse. Les marins du Voyage de Maelduin abordent à la fin de leur expédition sur l'Île des Loutres où ces gracieux animaux leur servent du saumon, comme ils ont l'habitude de le faire pour l'unique habitant de l'île. Serviable et charitable, la loutre gagne dans ce conte sa réputation "d'amie des hommes". Reconnaissant en elle ces qualités, on l'appelait en gaélique, "chien d'eau", "chien brun" et "chien de mer".

Soyeuse et gracieuse, à l'aise dans les deux éléments féminins - la terre et l'eau - la loutre représente la féminité, la joie et le jeu. On dit à son sujet, comme pour le crapaud, le renard et le serpent, qu'elle a dans la tête une perle ou une pierre précieuse, objet-puissance secret.

On considérait autrefois que la peau de la loutre était magique et protégeait de la noyade. Elle servait également, transformée en housse, à protéger les harpes de l'humidité, et, tendue au dos des boucliers, à protéger les guerriers. On l'utilisait en médecine contre la fièvre et la variole ainsi que pour faciliter les accouchements. Celui qui osait lécher le foie d'une loutre fraîchement tuée était sensé pouvoir guérir les brûlures en les léchant.

La loutre nous appelle à jouer et nous détendre en sachant que la nature se chargera de répondre à nos besoins. Elle nous engage à vivre joyeusement, à nous prendre moins au sérieux pour pouvoir manger avec elle le saumon de la sagesse."

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Dans Animaux totems celtes, Un voyage chamanique à la rencontre de votre animal allié (2002, traduction française : Éditions Vega, 2015), John Matthews nous propose la fiche suivante :

"Loutre = irlandais : madra, uisce ; gallois : dwergi, dyfrgi ; gaélique : dobhran, biast-dhubh ; langue de Cornouailles : dowrgy, dowrast ; breton : dourgi.


C'est une créature merveilleuse, qui est dans son milieu dans deux des quatre éléments - l'eau et la terre. Elle est associée avec la sagesse et à un ensemble de facultés essentielles et de trésors intérieurs. Elle représente également la fidélité et la ténacité - des qualités précieuses lors de voyages à destination d'autres réalités.

En gaélique, le nom de la loutre est soit Dobhren, "la ruisselante" ou Dobhar-chu, "le chien d'eau", et elle est considérée comme sacrée et magique pour nombre de raison - la principale étant qu'elle n'est vulnérable qu'en deux points, sous le menton et sous son avant-bras.

Pour cela, la peau de Loutre avait la réputation de porter chance et de préserver la vie - comme dans la légende du roi des loutres, qui finit par mourir de la main du héros Muiredach, qui porta par la suite un manteau fait de sa peau, lui assurant protection. les points de vulnérabilité de la loutre devinrent curieusement associés aux grains de beauté porte-chance ou ball dobhrain, qui apparaissaient sur la peau des humains.

La Loutre est une des formes empruntées par Taliesin dans sa fuite devant Ceridwen, et il est dit qu'elle représente la fidélité et certaines facultés essentielles, notamment en liaison avec le monde intérieur. Cet animal totem est un protecteur puissant et peut être précieux pour aider au rétablissement, lors de cérémonies de guérison.

Préceptes du totem :

Éclaireur : Tu es chez toi sur la terre, comme sur l'eau.

Protecteur : Tiens bon face à l'attaque.

Challenger : Où est-ce que te conduit ce chemin ?

Aide : Laisse-moi te guider à travers vents et marées."

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Selon Gilles Wurtz, auteur de Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres (Éditions Véga, 2014),


"La loutre est un animal très joueur qui éprouve le besoin de s'amuser régulièrement. Elle le fait souvent avec ses proies. Elle aime aussi faire des glissades et peut s'amuser en groupe, surtout pendant la période durant laquelle les petits restent avec leur mère.

La loutre de mer est l'un des rares animaux à se servir d'outils, notamment d'une pierre pour briser des coquillages.

En plongée, ses oreilles et ses narines se bouchent, ce qui la prive de son ouïe et de son odorat pour chasser. Alors ses moustaches très sensibles aux vibrations prennent le relais en lui permettant de repérer un poisson aux ondulations de l'eau qu'il provoque en fuyant.

En Europe, comme ailleurs dans le monde, l'homme a su dresser des loutres pour pêcher à sa place et lui ramener les poissons.

Applications chamaniques celtiques de jadis : Pour les Celtes, la loutre était l'animal par excellence qui incarnait la joie de vivre.

Ils allaient donc rechercher sa présence dès qu'ils en sentaient le besoin. L'esprit de la loutre savait toujours comment égayer une situation tendue, douloureuse ou pénible. dans leur pratique chamanique, nos ancêtres entretenaient des rapports réguliers avec l'esprit de la loutre dans le souci de cultiver la joie de vivre car ils étaient conscients que vivre dans la joie tient les maladies et les ennuis à l'écart. En cas de conflit opposant des individus, des familles, ou encore des clans, un rituel bien précis était pratiqué pour aider à trouver une issue favorable : ensemble, toutes les parties concernées allaient contacter l'esprit de la loutre pour ramener une légèreté et une décontraction, ce qui facilitait ensuite souvent le retour à la paix. Il était plus facile alors aux personnes en présence d'être ouverts et d'accueillir une solution au problème. car comme tous vivaient le rituel, tous prenaient conscience des barrages et des blocages respectifs. Nul besoin, après cela, d'interminables discours pour tenter d'imposer les intentions des uns et des autres. Un tel rituel partagé rappelait tout simplement combien il est sensé et bon de vivre dans la joie, et combien il est absurde de camper sur ses positions et d'entretenir le conflit ou les tourments.

Les enfants et les adolescents, au cours de leur instruction chamanique, apprenaient à aller rencontre spontanément l'esprit de la loutre pour qu'elle les initie à la joie de vivre et pour bien intégrer l'ampleur de ses bienfaits.

Applications chamaniques celtiques de nos jours : La joie de vivre est sans aucun doute un des meilleurs remède au monde et ceci depuis toujours. Il serait intéressant et important de nos jours de la cultiver davantage et de la mettre par exemple au programme de l'éducation des enfants comme le faisaient les Celtes. Afin qu'elle devienne un outil naturel.

Sachant que le rire décontracte, qu'il diminue le stress et a un effet bénéfique tangible sur notre corps physique, et donc aussi sur nos émotions, il ne faut pas hésiter à aller le chercher auprès de l'esprit de la loutre dès que le besoin s'en fait sentir.

Instaurer des rituels pour la joie de vivre au sein, d'une famille, d'un village, d'une ville, d'une entreprise, dans le milieu politique, etc. pourrait avoir des effets bénéfiques spectaculaires.

La joie a un effet positif à tous les niveaux de notre être. Il est indispensable de la stimuler lorsqu'elle nous fait défaut. Et lorsque nous en avons un capital suffisant, il est bon de l'entretenir avec soin.

Mot-clef : La joie de vivre."

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Mythologie :


François-Joseph Onda, auteur d'une thèse intitulée Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais. (Archéologie et Préhistoire. Université Rennes 2, 2012. Français.) nous renseigne sur une Loutre fabuleuse qui appartient à la mythologie celte :


Certains lacs sont fortement associés à des monstres à symbolique lunaire, qu’il nous faut ici rapprocher du féminin, comme c’est le cas par exemple de la loutre géante (appelée Dobharchú (1) en irlandais). En effet, la loutre qui dans sa course, apparaît et disparaît à la surface de l’eau, rappelle le mouvement de la lune qui apparaît et disparaît périodiquement. Ce monstre est associé à Lough Glenade entre Truskmore and Dough Mountains dans le comté de Leitrim, et il est traditionnellement décrit comme une loutre dont la taille est cinq ou six fois supérieure à la normale. L’association de cette symbolique lunaire et de l’élément aquatique renforce l’idée de fertilité inhérente à l’eau.


Note : 1) Précisons que « le nom irlandais de la loutre est doborchu, littéralement “chien d’eau” (on trouve également madra uisce, textuellement “chien d’eau”) » (Dimitri Nikolai BOEKHOORN, Bestiaire mythique, légendaire et merveilleux dans la tradition celtique : de la littérature orale à la littérature écrite, p. 330).

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Littérature :


La loutre offre du poisson en sacrifice

c’est ce qui devait arriver

la loutre traverse la route

la nuit

tous les animaux morts font pleurer

même les poissons


La taupe se métamorphose en caille

cela n’a rien d’inconcevable

si la caille est semblable à la taupe

c’est une question de poids


Premiers arcs-en-ciel

il faut avoir avec soi

un parapluie transparent

et voir le bout du monde


Les lentilles d’eau comment à pousser

comment pousse la lentille

qui apparaît à la surface

de l’eau et la rainette

qui saute au milieu


La huppe se pose sur le mûrier

pendant quelques années j’ai vu

les huppes à l’orée des bois

puis dans le jardin

puis plus rien


La citrouille royale sort de terre

quand on la voit dans le jardin

on croit pouvoir s’attendre à tout

mais il ne se passe rien


Le faisan plonge dans l’eau et se transforme en huître

si je devais me transformer

je choisirais

plutôt l’étoile de mer

ou le poulpe


Camille LOIVIER, dans Dans la lune n° 17, octobre 2009.

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