Étymologie :
BELETTE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1267-68 (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille, 193 dans T.-L. : Les belettes l'ocïent ; ce est une beste plus longue que soriz et a blanc le ventre). Dér. de bel*; suff. -ette*, par antiphrase propitiatoire ; cf. basque andereder « belle dame », bavarois Schöntierlein « belle petite bête », etc. (DG et Bl.-W.5) ; a supplanté, dans le fr. central, l'a. fr. mostoile/mustele (1119-25, Ph. de Thaon dans T.-L., v. mustélidés). L'hyp. d'un lat. vulg. *bellula (devenu *bellitta) croisement d'un celt. *belego (cymrique bele « martre »), av. le lat. bellus (EWFS2) est inutile, v. Rohlfs dans bbg.
Lire aussi la définition du nom belette afin d'amorcer la réflexion symbolique.
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Croyances populaires :
Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :
La Belette et l'Hermine sont encore considérées par certaines personnes comme des espèces venimeuses (Salvan et Ayent). Si on les ennuie elles se vengeront en mordant le bétail au pis ou au nez (Evolène) ; si on siffle elles viennent en nombre et la personne qui a sifflé pourrait être en danger (Bas-Valais). Dans la vallée d'Anniviers la Belette et l'Hermine et aussi la Fouine sont l'objet d'une crainte révérentielle ; malheur à celui qui, les attaque, les poursuit ou les effraie. La nuit, dit-on, ces méchantes bêtes se faufilent dans l'écurie et là soufflent dans la direction des tétines des vaches. Pour les uns il en résultera le dépérissement progressif, pour d'autres le tarissement à bref délai.
Aux abords d'une maison, non loin de Sion, se trouve une Hermine ; les parents veillent avec grand soin que les enfants ne la regardent pas, car, disent-ils, la figure des enfants deviendrait semblable à celle de l'Hermine.
On prétend aussi qu'elles sont capables de traire les Vaches et les Chèvres. Cette idée est répandue chez les montagnards, ils croient que des animaux divers sont à même de leur ravir le lait, nourriture très précieuse pour eux. Ils croient même parfois que des personnes peuvent « tirer » du lait, c'est-à-dire se l'approprier même à distance. Cette idée est probablement très ancienne ; dans la Mythologie russe il est question d'une divinité malfaisante qui suce le lait du bétail.
A Nendaz on dit que ni les Rats ni les Souris ne peuvent exister là où il y a des Belettes (Loye).
A Fully on dit que la Belette est un animal excessivement dangereux : la morsure ne pardonne pas. La Belette est surtout très vaniteuse : quand on la voit il faut vite lui dire : « Danse, danse ma belle » et elle part en sautillant. Mais si quelqu'un lui dit : « Danse ma vilaine » elle le poursuit et peut lui faire du mal à distance. Certains parlent de mauvais sorts qu'elle pourrait jeter.
A Hérémence on dit qu'une Belette attaquée se défend en projetant contre son agresseur un liquide acide qui brûle le cuir des souliers et attaque violemment la peau. De là cette haine accompagnée de crainte pour cet animal.
On dit que, ne voulant pas se salir, elle ne traverse jamais un marécage. Signe de mauvais temps dans le canton de Fribourg.
Mathiole dit que les Belettes et les Fouines sont si tendres pour leurs petits qu'elles les transportent de-ci de-là, de peur qu'on ne les dérobe. Voyant que ces animaux transportaient leurs petits par la bouche, quelques-uns en ont déduit qu'ils faisaient leurs petits par la bouche. C'était paraît-il l'opinion d'Ovide, Mathiole ajoute qu'il ne faut pas croire les poètes car ils ont la liberté de tout dire.
[…]
Peut-être faut-il rapprocher de l'idée de la génération spontanée celle si ancienne des « miasmes », venant des marais, transportés par l'air, par l'eau, par la terre remuée et donnant lieu à la Malaria (mauvais air en italien). Ne serait-ce pas la même croyance déformée qui se cache sous l'idée que le « souffle » de certains animaux peut causer du mal : souffle de la Belette et de l'Hermine (Chermignon, Anniviers), du Crapaud (Nendaz) ?
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Symbolisme :
Selon Hildegarde de Bingen, dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines (XIIe siècle ; traduction Pierre Monat, 2011) :
"La belette est chaude ; elle a, dans sa rapidité, quelque chose du griffon quand il redresse ses plumes ; sa nature est insensible à la putréfaction : en effet, elle connaît une herbe dans laquelle se trouve la santé pour son espèce. Ainsi, lorsqu'elle voit ses petits, ou une autre belette, en train de souffrir, elle cherche aussitôt de cette herbe, qui est petite et grêle ; quand elle l'a trouvée, elle creuse sous elle, envoie son souffle sur la plante et urine par-dessus, mêlant ainsi sa vertu à la sienne ; puis elle attend un petit moment, jusqu'à ce que cette herbe soit bien imprégnée de son urine ; alors, elle la prend avec sa bouche et la met dans la bouche de la belette qui est près de mourir, et celle-ci guérit, se redresse et s'en va. Et cette herbe est ignorée de l'homme et des autres êtres vivants ; d'ailleurs, même si l'homme et les autres animaux la connaissaient, ni leur souffle ni leur urine n'aurait le pouvoir de la mettre en action, car cette herbe n'a pas, à elle seule, le pouvoir de rendre la vie, il faut qu'elle reçoive des forces analogues venant du souffle et de l'urine de la belette. La belette mange d'ailleurs sans arrêt tant d'herbes si puissantes que la maladie ne peut l'atteindre.
Sa chair ne vaut rien à manger pour l'homme, car elle serait moins puissante une fois dans son estomac.
Prends une peau de belette et fais-la sécher ; place-la au-dessus d'un peu de baume, de façon qu'elle ne soit pas attiédie par le baume, mais qu'elle en reçoive seulement l'odeur. Mets souvent cette peau près de tes yeux et de ton nez, et elle leur conservera la santé.
Fais aussi sécher son cœur et mêle-le à un peu de cire. Quand tu as mal à la tête, mets dans ton oreille cette cire mêlée à du cœur, pendant un petit moment, pour que sa chaleur entre dans ta tête, et ta tête se portera mieux. Si tu deviens sourd d'une oreille, mets dans ton oreille cette cire mêlée à du cœur : sa chaleur pénétrera en elle, et tu retrouveras l'ouïe. Coupe sa tête, sépare le reste du corps en deux parties et fais-le sécher au soleil ou près du feu ; mets ces morceaux autour de ta taille, cousus dans une ceinture de n'importe quel cuir, de façon que l'un se trouve sur ton nombril et un sur chaque côté ; porte toujours cette ceinture sur ta peau nue, elle te redonnera de la force, te rendra bien-portant et robuste, si bien que, pendant tout ce temps, jamais la paralysie ne t'attaquera."
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Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), la Belette a les caractéristiques suivantes :
Points clés : Capacité de contournement rusé et secret et/ou quête/poursuite.
Cycle de puissance : Période nocturne.
La belette fait partie de la famille des mammifères appelés mustélidés. Cette famille comprend les moufettes, les blaireaux, les pékans (ou martres pêcheuses), les visons, les loutres, les martres, les hermines, les furets et les gloutons. Ils ont tous reconnaissables par leurs longs corps, les pattes courtes et des oreilles généralement rondes et particulièrement petites. Tous produisent une forte odeur de musc et vivent dans des terriers. Ils sont aussi carnivores.
Il existe trois branches de mustélidés. Certains creusent pour trouver leur nourriture et ne sont pas strictement carnivores, même si la viande constitue une grande part de leur régime alimentaire. Cette branche intègre les moufettes et les blaireaux. Une deuxième branche est constituée de ceux qui excellent à la nage et attrapent leurs proies dans l'eau, comme les loutres. Le troisième groupe réunit ceux qui sont quasi strictement des carnivores terrestres, et c'est à ce groupe qu'appartiennent les belettes.
Ces dernières sont presque totalement des mangeuses de viande. Elles tuent les souris, les rongeurs et d'autres fléaux. En liberté, elles ne consomment strictement que des nourritures naturelles. Pour ceux dont la belette est le totem, ce comportement devra être étudié à l'aune de leurs propres éléments de santé.
La belette a besoin de quantités énormes de nourriture. Elle consomme l'équivalent d'un tiers ou d'une moitié de son poids par jour. Et elle mange toute la journée en petites quantités car elle dépense beaucoup d'énergie. Ceux qui ont une belette totem vont trouver efficace cette pratique diététique pour leur propre santé et leur bien-être. La belette procède aussi à l'abattage de toute la viande nécessaire pour sa consommation de la journée avant de manger la moindre bouchée. Elle apporte ensuite cette nourriture dans sa tanière.
La belette est une grande chasseuse. Elle a un excellent sens de l'odorat. Si bien que dès qu'elle sent sa proie, elle peut la pister. Son long corps élancé lui permet de suivre les souris dans un terrier. Elle a une merveilleuse aptitude à se faufiler dans des espaces étroits. La médecine de la belette peut vous aider à vous sortir d'un grand pétrin et vous immiscer dans des secteurs de la vie où d'autres ne seraient pas capables de pénétrer.
La belette est gracieuse, solitaire et très silencieuse. Si la personne "belette" peut souvent, elle aussi, être solitaire, elle découvre beaucoup de choses sur la vie des autres. Sa faculté à rester silencieux lui permet de passer inaperçue, sans être vue ou entendue, même en compagnie de tiers. De ce fait, des choses peuvent être dites et faites devant des individus "belette" sans que les tiers s'en aperçoivent La belette peut vous montrer comment utiliser ce pouvoir de l'observation silencieuse pour débusquer ce qui est caché ou secret sans que personne ne s'en rende compte.
Dans la tradition amérindienne, la belette possède la médecine pour découvrir les secrets. Faites confiance à vos sens au regard des tiers et vous vous tirerez de toutes les situations, même si cela vous mène à rester seul. Cela fait partie de l'enseignement de la belette.
Chez tous les mammifères, c'est peut-être dans la famille des belettes que la férocité est la plus grande. Une mère s'attaquera même à des humains si elle sent que ses petits sont menacés.
Généralement, les belettes mordent leur proie au cou et ne lâchent pas jusqu'à ce que la colonne vertébrale se brise ou que la victime soit saignée à mort. Les individus qui ont une belette totem connaissent l'art de sauter à la gorge de ceux qui les menacent, ou il s essaient de faire tout leur possible pour y parvenir. Une fois lancés, ils ne lâchent pas, eux non plus, jusqu'à ce que leur mission soit accomplie. Rappelez-vous que les belettes sont carnivores. Ainsi, si elles sont en colère, les personnes "belettes" n'hésiteront pas à attaquer d'une manière ou d'une autre. Il peut s'agir d'attaques verbales blessant profondément et infligeant des plaies durables. Les belettes sont naturellement silencieuses quand elles chassent, mais elles ont toute une gamme de vocalisations à leur disposition. La pire chose qui pourrait arriver à quelqu'un serait de supposer qu'un individu "belette" est faible simplement parce qu'il a gardé le silence.
Quand la belette se présente comme totem, examinez votre vie. Avez-vous besoin de développer votre art de l'observation ? Êtes-vous trop sonore dans vos entreprises ? Parler aux tiers de vos objectifs risque de vous empêcher de les atteindre. Creusez-vous suffisamment ? Y a-t-il un trou de souris, un espace étroit, dans lequel il va vous falloir vous immiscer ? Êtes-vous totalement honnête ? Et les personnes de votre entourage le sont-elles ? Si ce n'est pas le cas, la belette vous aidera à le voir. Ratez-vous l'évidence ? Faites-vous confiance à vos propres sentiments et sens - sans vous soucier des tiers ?
La médecine de la belette réveille votre habileté innée pour l'observation silencieuse et secrète. Elle vous montrera les meilleures méthodes pour contourner les problèmes. Et elle pourra vous apprendre à atteindre vos buts à tous niveaux et avec la plus grande réussite.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Si les Thébains honoraient la belette, celle-ci, depuis les anciens Grecs, est considérée comme une créature de mauvaise augure dont la rencontre est funeste, surtout si elle est blanche et qu'elle se dirige de droite à gauche. Selon Erasme, prononcer son nom suffisait pour rentrer bredouille de la chasse. Bien pis, la belette annonce la mort en poussant un cri perçant près d'une maison ou en coupant la route de quelqu'un. En Saintonge, apercevoir une belette est le signe de la malveillance d'une femme.
Elle fait partie des animaux que craignent le plus les Tziganes d'Europe de l'Est : une caravane qui en croise une préfère changer de direction sous peine d'avoir maille à partir avec les autorités et les gendarmes. "C'est pourquoi ceux qui marchent en tête préparent un signal en cet endroit ; ils attachent au rameau le plus proche une touffe de cheveux de femme et marquent par terre la nouvelle direction à prendre. Ce signal consiste en trois traits parallèles, dont celui du milieu, plus long que les autres, indique la nouvelle direction à suivre, à peu près, comme ceci :
Ils croient aussi que la belette condamne la femme enceinte à un accouchement laborieux et son enfant à une vie malheureuse.
En France, afin qu'elle ne nuise pas, on recommande, entre autres, de tracer une croix avec une pierre ou du bois là où elle s'est tenue, d'attendre que quelqu'un passe à ce même endroit, de jeter trois petites pierres dans le chemin ou encore de la flatter ; dans le Finistère on dit par exemple : "La belette est plus gentille qu'une demoiselle." D'une manière générale d'ailleurs, il faut toujours, pour l'amadouer et conjurer le sort, lui attribuer un qualificatif aimable et flatteur plutôt que son nom usuel. La tuer est déconseillé : celui qui expédie une belette dans l'autre monde essuiera quelques pertes tandis que les petits de la victime viendront manger tout le long de la maison, même enfermé dans une armoire.
Au XVIIIe siècle, sa morsure faisait mourir le bétail. Une belette provoque une déviation de la colonne vertébrale en passant sur le dos d'une personne ou d'un animal ou, comme en Poitou, les empêche de se relever. Elle peut même paralyser un porc (Franche-Comté), et les animaux qui mangent l'herbe sur laquelle la belette a uriné enflent ou meurent (Bretagne). En outre, elle tète les vaches et les œufs dans les poulaillers. augure tandis qu'au pays de Galles, celle qui marche devant quelqu'un lui prédit la victoire sur ses ennemis, à condition que l'animal ne se retourne pas ni ne se dirige vers la gauche. Ces exceptions restent mystérieuses si l'on en juge par les divers pouvoirs maléfiques de cet animal, qui, en mangeant de la rue, devenait, dit-on invulnérable.
Au XVIIIe siècle, sa morsure faisait mourir le bétail. Une belette provoque une déviation de la colonne vertébrale en passant sur le dos d'une personne ou d'un animal ou, comme en Poitou, les empêche de se relever. Elle peut même paralyser un porc (Franche-Comté), et les animaux qui mangent l'herbe sur laquelle la belette a uriné enflent ou meurent (Bretagne). En outre, elle tète les vaches et les œufs dans les poulaillers.
Les chiens qui mangent son cœur, sa langue et ses y eux perdent la voix et quelquefois l'odorat en même temps (Vosges). Le cœur de belette a cependant le pouvoir, s'il est absorbé encore palpitant, de conférer le don de divination, quoiqu'il rende somnambule dans le Cher.
L'animal est connu aussi pour ses propriétés contraceptives. Albert le Grand soutient qu'une femme au cou de laquelle on a placé une patte arrachée à une femelle vivante ne peut concevoir. Un de ses os ou les testicules du mâle attachés autour de la cuisse ont le même effet. Seules propriétés bénéfiques de la belette ; sa cendre, appliquée en cataplasme, guérit les migraines et les cataractes tandis que son œil droit, enchâssé dans un anneau, permet de combattre le maléfice de l'aiguillette.
On peut prédire le temps d'après la couleur de sa fourrure le jour de la Chandeleur : grise, elle annonce le froid, blanche la neige, rousse le beau temps (Vosges). Dans le Languedoc, voir des belettes jaunes est signe de pluie.
La belette qui concevrait par l'oreille, accoucherait par la bouche : cette croyance est à rapprocher des propos d'Ovide au neuvième livre des Métamorphoses, où il relate que Galantis fut changée en belette par la déesse Lucine (Lune) pour avoir annoncé prématurément la naissance d'Hercule. Or "c'est de la bouche que sortent les paroles inconsidérées".
Notons que Jean Wier (Livre des prestiges, 1564) mentionne que l'archevêque de Reims, frère du roi Louis de France, vit un jour sortir de la bouche d'un homme endormi une belette blanche qui, après avoir un fait petit tour, retourna d'où elle était partie. L'homme se réveilla alors et raconta les faits et gestes de la bestiole, ce qui signifierait que "la belette peut être aussi l'une des formes que l'âme revêt quand elle voyage", mais d'une manière peu courante, semble-t-il.
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D'après Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :
Dans les contes populaires ou les récits initiatiques, la belette apparaît souvent comme une femme (fée ou sorcière, déesse magicienne ou séductrice, selon le cas) déguisée. Elle symbolise donc la ruse féminine se jouant de la naïveté masculine pour parvenir à ses fins. C'est ainsi que la belette, dont le nom signifie étymologiquement et littéralement "belle petite bête", et que l'on surnommait souvent "la belle", utilise ses charmes pour détourner l'attention de son interlocuteur et parvenir à ses fins.
De même que, dans les contes chinois, la femme rusée ou perfide apparaît souvent sous les traits d'une renarde parée d'un pelage superbe pour séduire ou égarer l'homme qui poursuit une quête, dans les contes européens, elle prend l'apparence de la belette. Cette croyance était si bien ancrée dans certaines contrées d'Europe que l'on pensait que la morsure d'une belette pouvait avoir des effets paralysants.
Toutefois, peu à peu, la ruse de la belette est devenue un trait de caractère plutôt charmant, que l'on attribue aussi bien à la femme qu'à l'homme qui trouve un prétexte pour tenter de satisfaire un désir obscur ou un sentiment inconscient. Ainsi, on dit de la personne qui, par exemple, oublie un objet chez quelqu'un qu'elle souhaite inconsciemment revoir, qu'elle a été victime de la ruse de la belette.
Ainsi, voir une belette surgir dans un rêve peut révéler soit la ruse dont vous êtes enclin à faire preuve pour obtenir ce que vous voulez, soit un désir que vous éprouvez et que vous vous dissimulez à vous-même, soit enfin une personne à laquelle vous avez ou aurez affaire et dont les intentions ne sont ou ne seront pas claires."
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Dans le Petit Larousse des symboles (Éditions Larousse, 2006) établi sous la direction de Nanon Gardin et de Robert Olorenshaw, on apprend que :
Réputée rusée et fine, la belette nous est surtout connue à travers la fable de La Fontaine, Le Chat, la Belette et le Petit Lapin.
Elle y joue le rôle auquel on l'associe le plus souvent, celui de chapardeuse. Ici, c’est du terrier d’un lapin qu’elle s’empare sans scrupule, jouant dans l’ordre des mammifères le même rôle que le coucou dans celui des oiseaux.
Selon les Cartes médecine, Découvrir son animal totem (2010) de Jamie Sams et David Carson,
"La Belette a une quantité incroyable d’énergie et d’ingéniosité, pourtant, c’est un totem de puissance difficile à porter. C’est tout à fait significatif que la royauté se revête de peaux d’hermines, un animal qui s’apparente à la Belette. La Belette a l’ouïe fine ; elle entend ce qui se dit vraiment. C’est un don précieux. De sa vue perçante, la Belette voit les dessous de chaque situation et connaît toutes les ramifications d’un événement. Autre don rare et précieux !
Les chefs envoyèrent la Belette dans le camp ennemi pour épier leurs manœuvres et évaluer leur puissance. « Quelles sont les médecines de l’ennemi ? » demandèrent les Chefs à son retour. La Belette pouvait toujours dire exactement le nombre, les forces et les faiblesses de l’ennemi. C’est la Belette qui, à travers ses larmes, a averti les membres des Premières Nations de l’arrivée des Blancs. « Ces frères auront d’étranges médecines nouvelles, dit-elle. Ils nous diront que ce n’est pas bien de vivre comme nous vivons. Ils sèmeront la confusion par les jappements qui leur tiennent lieu de paroles. Ils ont volé le Tonnerre du Ciel et ils l’ont installé dans leurs armes. Ils n’ont aucun respect pour nos sœurs et frères, les animaux ; ils font parler le Tonnerre devant eux et les tuent. Ils feront claquer leur Tonnerre devant nous aussi. Ils sont en si grand nombre qu’on ne peut les compter. Ces frères Blancs nous dépouilleront de tout ce que nous avons, sauf de notre esprit. La grande ombre du rapace de la mort plane au-dessus de notre Peuple. » La fourrure de la Belette change de couleur avec les saisons. La silencieuse Belette a plus d’un tour dans son sac. Elle pourrait même déconcerter le Grand Esprit, lui vider les poches et le laisser, béat, à contempler son divin nombril.
Si vous jouissez de cette médecine, vous avez un sens aigu de l’observation. Vous semblez dire : « Fichez-moi la paix et je vous laisserai tranquille. » Vous pouvez même avoir un petit air coupable tellement vous savez de choses. Vous êtes peut-être le solitaire qui se cache, voire même un reclus. Sûrement, vous êtes un allié puissant puisque vous savez tout sur le rival. On se méprend facilement sur vous ; on sous-estime souvent votre puissance. Mais, dès qu’on tente d’être plus malin que vous, on en prend pour son compte : vous faites toujours preuve d’une intelligence supérieure. La Belette peut toujours vous révéler les « motifs cachés » derrière quoi que ce soit. La médecine de la Belette déroute, dégoûte même parfois certaines gens. Pourtant, il n’y a pas de mauvaise médecine. Nous avons chacun notre talent particulier, et ils servent tous à guérir la Terre-Mère. Si vous jouissez des dons de la Belette, vous pourriez peut-être les utiliser pour le plus grand bien de tous ? Observez et décelez les personnes ou les choses qui ont besoin d’attention ou de solutions et offrez votre aide d’une façon discrète et tranquille, comme vous savez le faire.
A l’envers : La Belette en sens contraire s’est faufilée dans vos cartes ? Si oui, méfiez-vous des intrigues. Quelqu’un tente d’entrer sournoisement dans le poulailler. Verrouillez vos portes ; déguisez votre adolescente en bonne sœur ! Cependant, vous vous mentez peut-être à vous-même quand, au fond, vous savez très bien ce qui se passe. Ces mensonges peuvent être de n’importe quel ordre : vous avez pillé le réfrigérateur à 3 heures du matin et vous croyez que personne ne s’apercevra que la moitié de la tarte a disparu. Si vous endommagez l’automobile de quelqu’un, laissez vos coordonnées. Ne vous esquivez pas parce que personne ne vous a vu ! Il est d’importance capitale d’être honnête avec soi et avec les autres. Autre message de la Belette à l’envers : admettez que vous ne vous fiez pas assez à vos sentiments. La Belette à l’endroit observe tout d’un œil vif et d’une oreille attentive : actions, sentiments, situations. En sens contraire, elle vous indique que vos capacités d’observation font défaut et que la confusion s’installe dans votre esprit. Quand vous ne savez pas reconnaître comment vous vous sentez ou ce qui se passe autour de vous, le doute fait obstacle à votre progrès. Il se peut que la paranoïa se glisse dans votre vie. Si vous voulez rectifier la situation, commencez par vous débarrasser de cette lourdeur d’esprit pour pouvoir ensuite observer avec plus de vivacité ce qui paraît plus évident. Personne ne pourra plus vous leurrer si vous regardez où vous mettez les pieds, faites confiance à votre savoir, cherchez à déceler les « mobiles cachés »... effectuez toutes ces démarches avec discernement et dans la plus grande discrétion.
Mot-clef : art de la dérobade."
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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la Belette est définie par les caractéristiques suivantes :
Traits : La Belette symbolise la capacité à savoir garder des secrets, agir rapidement et exprimer sa joie. C'est un animal féroce car assoiffé de sang. Il va vicieusement attaquer sa proie (c'est le mouvement de sa proie qui déclenche sa soif de sang instinctive) et souvent il tue des animaux qui font jusqu'à dix fois sa taille. Il tue plus qu'il e peut manger, et il emmagasine sa nourriture au fond de son terrier pour la manger plus tard. Il vole souvent ses proies dans leur terrier, en général des souris. La Belette fait une danse de guerre lorsqu'elle coince sa proie. Parfois, elle fait cette danse simplement par plaisir. Cela veut dire que vous êtes une personne coriace qui se met en chasse pour ce qu'elle veut. Vous frappez rapidement et vous pouvez troubler ceux qui s'opposent à vous avec des mouvements qui semblent incohérents ; vus gardez les informations pour vous en servir plus tard, et vous n'abandonnez jamais votre but. Vous ne dites pas les secrets, et vous exprimez facilement vos émotions. Vous dansez également par simple plaisir de la danse.
Talents : Adaptabilité - Esprit d'analyse - Équilibre - Astuce - Communication - Détection - Excellente écoute - Métabolisme rapide - Indépendance - Ingéniosité - Investigation - Perspicacité - Intuition - Odorat très vif - Maniabilité - Agilité mentale - Observation - Sens du jeu - Beaucoup de ressources - Silence - Sociabilité - Sait s'infiltrer - Rapide.
Défis : Agressif - Claustrophobe - Féroce - Accumule les provision - Peu de sens pratique - Extrêmement bavard - Sournois - Malveillant - Méfiant.
Élément : Terre - Eau.
Couleurs primaires : Brun - Blanc.
Apparitions : La Belette signifie qu'il faut s'arrêter, regarder et écouter. Il y a quelque chose qui est en train de se passer et dont vous ne vous rendez pas compte, et vous avez besoin d'être très observateur pour découvrir la vérité au cas où quelqu'un serait en train de prévoir d'attaquer. Il se peut que vous soyez dans une situation où vous avez besoin d'être sur vos gardes, aussi procéder en faisant très attention. La belette signifie que, si vous devez prendre la parole, vous le faites sans hésitation et vous prenez souvent la direction des choses. Mais il y a des moments où vous êtes si silencieux que les gens oublient que vous êtes là. Cela vous permet d'obtenir des informations que sinon vous n'auriez pas entendues et qui vont vous être profitable pour parvenir à votre but. Vous avez tendance à aimer la solitude tout autant que la Belette. Elle peut aussi envoyer des jets d'un liquide nauséabond, tout comme la mouffette, lorsqu'elle se sent menacée, ce qui veut dire que vous êtes également capable d'astuces qui mettront les autres hors circuit sans le savoir.
Aide : Vous vous sentez piégé, vous avez des soupçons, ou vous êtes poussé à faire quelque chose que vous ne voulez pas. La Belette connaît les frontières de son espace et son territoire n'empiète pas sur celui d'une autre belette. Cela vous permet de voir quand vous allez trop loin dans quelque situation que ce soit. La belette vous aide à revenir en un lieu sûr, si vous avez dépassé les limites. Son instinct l'incite à faire des provisions de nourriture. C'est pour vous le signe qu'l vous faut suivre un régime, ne pas trop manger et, si vous avez encombré de tas de choses l'espace autour de vous, faire un grand nettoyage et donner les choses que vous pouvez donner. Lorsque votre lieu de vie est clair, la circulation d'énergie augmente et la vie est lus facile. Lorsque vous vous entez en insécurité, la Belette vous encourage à vous fier à vos instincts et à votre intuition parce que votre ressenti est d'ordinaire exactement ciblé.
Fréquence : L'énergie de la Belette ressemble à la sensation d'un choc électrique. C'est rapide, aigu, ça pique. Cela va très vite et dans toutes les directions, comme si vous vous teniez au milieu d'un chassé-croisé de balles de ping-pong qui se déverseraient autour de vous. Son bruit ressemble à des violons qui jouent très vite, à une série de coups brusques qui augmente en crescendo pour culminer.
Imaginez...
Vous avez vu une Belette dans un champ près de votre maison. Vous voulez la filmer, aussi vous vous asseyez dans l'herbe, à une bonne vingtaine de mètres de sa tanière. Vous sortez votre caméra, faites les mises au point et attendez. A bout de deux heures, vous êtes prêt à abandonner, lorsque vous voyez un mouvement auprès de l'arbre. Vous commencez à filmer. La Belette sort de son terrier pour regarder alentour. Vous pensez qu'elle va retourner dans son terrier, mais elle commence à sauter un peu partout, et bondit en se tortillant et en se précipitant d'un côté puis d'un autre. Vous cherchez à voir si elle a repéré une proie, mais il n'y a pas d'autre animal dans le coin. Au bout d'un moment, la Belette rentre dans son terrier. Vous êtes content d'avoir pu filmer l'animal dans un de ses moments de jeu.
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Aigle Bleu dans Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Édition revue et augmentée Le Dauphin blanc, 2019) nous transmet la sagesse de ces ancêtres :
La belette est un petit carnassier incroyablement actif et énergique. Pour survivre, il lui faut manger un tiers de son poids plusieurs fois par jour.
Elle est un prédateur impitoyable, et sa taille mince et allongée lui permet de s'introduire dans les terriers de souris et d'autres rongeurs.
Son nom, « petite belle », symbolise bien la beauté féminine de ses formes.
La belette sait se faufiler partout à grande vitesse, sans être aperçue tandis que sa cousine, l'hermine, change de couleur l'hiver pour devenir blanche. Elle sait ainsi passer inaperçue sur la neige. Ceux qui ont la médecine e l'hermine et de la belette sont les meilleurs espions qui soient. Ils sont très observateurs et rien ne leur échappe. Ils apprendront ce que vous leur cachez, retrouveront le trésor ou vous videront les poches et seront répartis avant que vous n'ayez eu vent de leur présence.
[...]
Ceux qui ont la médecine de l'hermine et de la belette sont de fins observateurs. : ils vous donneront toujours davantage d'informations sur les situations et les circonstances que vous avez vécues que ce dont vous vous êtes aperçu.
Ils sont très utiles dans toute organisation et doivent toujours conserver une place discrète au service des dirigeants de ladite organisation. Ceux qui ont la médecine de la belette sauront toujours se tirer d'affaire, car ils sont plus rapides et plus perceptifs que la moyenne des gens. En revanche, ils ne doivent jamais se mettre en évidence et ne sont pas taillés pour la célébrité ou le leadership.
C'est une médecine très utile. Elle saura protéger ceux qui la possèdent.
faites appel à la médecine de la belette lorsque vous soupçonnez des gens dans votre environnement de n'être pas tout à fait nets. Ayez également recours à cette médecine pour passer inaperçu dans les endroits sombres et dangereux ou pour obtenir rapidement ce dont vous avez besoin lorsque l'environnement semble vouloir vous en priver. Puis, servez-vous de sa vitesse et de sa ruse afin d'obtenir les renseignements nécessaires à la santé et la sécurité de votre famille et de vos proches.
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Dans Le Chamane et le Christ (Éditions Le Passe-Monde, 2020) Daniel Meurois évoque les croyances des Amérindiens Wendat à travers le témoignage d'un personnage d'homme-médecine déboussolé par les catastrophes liées à l'arrivée des Anglais et des Français sur leur territoire :
Vois-tu, John, ma deuxième âme parle depuis toujours la langue de l'Ours ; elle connaît sa médecine même si cela fait quelque temps qu'elle apprend aussi à voler. Cependant... je dois te dire qu'elle s'est fait récemment une nouvelle amie. C'est la Belette et c'est pour cela qu'elle commence enfin à mieux deviner la ruse et la fourberie des hommes et qu'elle essaie de les observer. Alors, qui sait, c'est peut-être cette Belette qui m'enseigne à son insu la crainte des hommes en me montrant les perfidies et les trahisons de leur espèce. Je ne sais pas si tu comprends cela... Tu es chrétien, comme les autres, n'est-ce pas ?
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Symbolisme celte :
Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :
"Dans tous les récits irlandais du cycle d'Ulster, la mère du roi Conchobar porte le nom de Ness, belette. C'est, au départ, une vierge guerrière. Ness peut symboliser d'autre part l'affection et la vigilance et, en mauvaise part, l'inconstance ou la rouerie. Mais cela ne convient pas à son attitude initiale de guerrière farouche. Peut-être l'Irlande médiévale a-t-elle confondu le symbolisme de la belette et celui de l'hermine."
Robert-Jacques Thibaud, auteur du Dictionnaire de Mythologie et de Symbolique celte (Éditions Dervy, 1995, propose la notice suivante :
Belette : Selon la symbolique celtique, la belette représente la vigilance indomptée, la vierge guerrière, très proche de l'emblématique hermine de Bretagne. Le roi Conchobar, réputé pour sa sagesse, était le fils d'une reine guerrière qui portait le nom de Ness, ce qui signifie Belette.
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Pour Gilles Wurtz, dans Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres (Éditions Véga 2014) :
"Petit gabarit - la belette mesure une vingtaine de centimètres et ne pèse guère plus de cent grammes -, elle n'en est pas moins un redoutable prédateur qui arrive à passer quasiment partout. Elle a beau être le plus petit mammifère carnassier d'Europe, ses puissantes mâchoires lui permettent de tuer des animaux bien plus lourds et plus grands qu'elle, comme un lapin par exemple. Très vive à terre, sa sveltesse lui permet de se faufiler dans de petits interstices ne dépassant pas 2, 5 centimètres. Elle peut donc débusquer ses proies dans de minces galeries et terriers. Elle escalade habilement arbres et parois rocheuses pour dénicher tout ce qui y vit. Elle st une excellente nageuse, vive et rapide. Toutes ces qualités la placent dans la catégorie des animaux les plus craints des éleveurs, des fermiers, et de ceux qui possèdent un poulailler ou un pigeonnier. Grâce à sa petite taille et à son agilité, la belette va déloger les proies que les plus gros prédateurs doivent se contenter de guetter à l'entrée des galeries ou derrière des broussailles épineuses ou encore en hauteur. La fine et souple belette est implacable.
Applications chamaniques celtiques de jadis : Cette efficacité passe-partout de la belette était bien sûr très prisée des Celtes qui faisaient appel à elle pour toute tâche ou action exigeant ces qualités, telles que l'infiltration dans les rangs ennemis. Une action spéciale menée par des combattants d'élite pour éliminer une personne importante ans le camp adverse pouvait ainsi considérablement déstabiliser les troupes ennemies. Certains de ces combattants se surnommaient ou se faisaient nommer par les autres "hommes belettes" ou "belettes" tout simplement.
Certains éclaireurs, guetteurs et autres messagers appréciaient également se glisser dans la peau de la belette pour mener à bien les déplacements dans leurs missions à hauts risques. Les chasseurs voyaient en elle l'esprit idéal avec lequel il était bon d'effectuer une métamorphose avant de partir chasser.
La belette était la mascotte des voleurs car elle avait toutes les qualités requises.
Elle était aussi sollicitée pour les besoins de la communauté, par les personnes chargées d'exécuter des tâches périlleuses, comme récolter du miel ou des œufs dans des nids construits haut dans les arbres ou sur de dangereux surplombs rocheux.
Applications chamaniques celtiques de nos jours : Les sportifs tireraient un grand profit d'un travail chamanique avec l'esprit de la belette, notamment dans des sports d'équipe où il s'agit de percer les défenses adverses pour pouvoir marquer des points. L'attaquant efficace - car vif, rapide et passe-partout - est le rêve de tout entraîneur. Il en est de même pour un joueur de tennis, un cycliste, un skieur, etc. La belette possède toutes les aptitudes requises pour un bon secouriste. Les pompiers bénéficieraient eux aussi de la pratique de la métamorphose avec l'esprit de la belette, : capables de se glisser instantanément dans la peau d'une belette, ils seraient à même de réagir de faon efficace dans certaine situations d'urgence.
Mots-clefs : L'efficacité ; La vivacité."
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Mythologie :
Dans ses Métamorphoses (Traduction (légèrement adaptée) de G.T. Villenave, Paris, 1806, disponible sur le site de référence https://remacle.org, Ovide raconte celle de la belette :
Alcmène et Galanthis (IX, 273-323)
Alors Atlas sentit un nouveau poids surcharger ses épaules. Cependant la colère d’Eurysthée n'était point désarmée, et sur le fils du héros sa haine poursuivait encore le père. Accablée sous le poids de l'âge et de l'ennui, Alcmène n'a plus qu'Iole à qui elle puisse confier ses chagrins, et raconter les exploits de son fils, dont le nom a rempli l'univers. Hyllus, qui reçut Iole des mains d'Alcide, lui avait donné son cœur et sa main. Elle portait dans son sein les fruits de sa tendresse, lorsque Alcmène lui tint ce discours : " Puissent les dieux t'être favorables, et abréger pour toi les douleurs de l'enfantement, lorsqu'au moment d'être mère, tu appelleras Lucine à ton secours, Lucine, que la haine de Junon rendit impitoyable pour moi ! Le temps où le vaillant Alcide devait naître était arrivé. Déjà le Soleil entrait dans le dixième signe. Le poids extraordinaire qui chargeait mon sein annonçait l'œuvre de Jupiter; je ne pouvais le supporter plus longtemps. Mes horribles douleurs semblent se réveiller encore en te les racontant; car c'est en souffrir une seconde fois que de m'en souvenir.
[292] "Pendant sept jours et sept nuits, accablée par un travail horrible, et les bras tendus au ciel, j'appelais à grands cris Lucine et les dieux qui président à la naissance des mortels. Lucine enfin paraît, mais séduite et gagnée par la barbare Junon, à qui elle a promis ma mort. Dès qu'elle entend mes cris, elle vient s'asseoir sur un autel antique, aux portes du palais; et, sur ses genoux qu'elle croise, pressant ses doigts entrelacés, elle prononce à voix basse, des mots secrets qui prolongent le travail et les douleurs.
"Je m'épuise en efforts. Dans mon désespoir, de vains reproches d'ingratitude accusent Jupiter. J'invoque le trépas. Mes cris auraient pu émouvoir les rochers. Les dames thébaines sont autour de moi; elles font des vœux, et m'adressent d'inutiles consolations.
[306] "Une de mes esclaves, née dans une condition obscure, la blonde Galanthis, à me servir, à me plaire constamment empressée, soupçonne que l'implacable Junon agissait pour me nuire; et, tandis qu'elle va, vient, sort, et rentre sans cesse, elle aperçoit la déesse sous le portique assise, entrelaçant toujours ses doigts sur ses genoux croisés : "Ô qui que vous soyez, dit-elle, félicitez Alcmène : ses maux sont finis, elle est devenue mère ". Lucine de dépit se lève à ces mots; elle relâche ses genoux et ses doigts, et soudain je suis soulagée : Hercule voit le jour.
"On dit que Galanthis ayant trompé Lucine, éclata de rire ; tandis qu'elle riait encore, la déesse irritée saisit ses blonds cheveux, la renverse, et l'empêche de se relever : soudain ses bras en jambes sont changés; elle conserve son ancienne agilité; elle est blonde encore; mais elle a perdu sa première forme; et, parce que sa bouche facilita l'enfantement d'Alcmène par un mensonge, belette, elle enfante par la bouche, et fréquente familièrement les toits qu'habitent les mortels."
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Selon Hélène Vial auteure d'un article intitulé "Le rire dans le mythe ovidien de la métamorphose" (paru dans la revue Humoresques, CORHUM Humoresques, 2006) :
C’est aussi en riant, et pour avoir ri, que la servante d’Alcmène, Galanthis, au livre IX, est transformée par Lucine, déesse des accouchements, en belette. Ce rire est l’insolente manifestation d’une victoire qui est la plus subversive de toutes : la domination intellectuelle d’une mortelle sur une déesse. En effet, la servante a compris que Lucine empêchait Alcmène, enceinte de Jupiter, d’accoucher et prolongeait volontairement ses douleurs ; elle sort alors annoncer à Lucine, qui campe devant la porte en tenant ses doigts croisés, que l’accouchement a déjà eu lieu ; de surprise, Lucine décroise ses doigts et Alcmène peut enfin mettre au monde Hercule. Galanthis se met alors à rire (Numine decepto risisse Galanthida fama est, « en voyant qu’elle avait trompé la déesse, Galanthis, dit-on, se mit à rire » (1) ) et ce rire suscite, de la part de Lucine, une réaction de colère qui la conduit à métamorphoser la servante :
Elle riait encore (Ridentem) que déjà la cruelle déesse l’avait saisie et la traînait par ses beaux cheveux. Tandis qu’elle cherchait à se lever de terre, Lucine l’en empêcha et fit de ses bras des pieds de devant. Elle conserve son ancienne promptitude ; son dos n’a pas perdu sa couleur ; mais elle a changé de forme. Parce que sa bouche avait secouru par un mensonge une femme près d’enfanter, elle enfante par la bouche ; comme autrefois, elle fréquente nos demeures. (2)
La métamorphose de Galanthis, suscitée une fois encore (comme le suggère le polyptote risisse… ridentem) par un rire insupportable pour la divinité, s’ouvre sur une scène de cruauté physique : traînée par les cheveux, la servante insolente fait une chute brutale dont, malgré ses efforts, elle ne se relèvera littéralement pas. La métamorphose se fait alors par une sorte de contagion de l’animalité : ravalée au rang de bête par la brutalité de sa capture, Galanthis devient une bête. La transformation est si naturelle que la fin du récit souligne paradoxalement l’idée de permanence : la vivacité d’esprit et l’empressement de Galanthis sont devenus, chez la belette, vitesse physique ; et surtout, parce que sa bouche a menti pour aider sa maîtresse, elle enfante – étrange notation – par la bouche. Cet être à l’esprit alerte et à la bouche féconde, familier des demeures humaines et capable de surpasser, dans un éclat de rire, la divinité même, ne ressemble-t-il pas au poète ?
Notes : 1) : Ovide, Métamorphoses, IX, 316.
2) : Ibid., XI, 317-323.
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Littérature :
La Belette et le Coq
Une belette, ayant attrapé un coq, voulut donner une raison plausible pour le dévorer. En conséquence elle l’accusa d’importuner les hommes en chantant la nuit et en les empêchant de dormir. Le coq se défendit en disant qu’il le faisait pour leur être utile ; car s’il les réveillait, c’était pour les rappeler à leurs travaux accoutumés. Alors la belette produisit un autre grief et l’accusa d’outrager la nature par les rapports qu’il avait avec sa mère et ses sœurs. Il répondit qu’en cela aussi il servait l’intérêt de ses maîtres, puisque grâce à cela les poules leur pondaient beaucoup d’œufs. « Eh bien ! s’écria la belette, tu as beau être en fonds de belles justifications, moi je ne resterai pas à jeun pour cela, » et elle le dévora.
Cette fable montre qu’une mauvaise nature, déterminée à mal faire, quand elle ne peut pas se couvrir d’un beau masque, fait le mal à visage découvert.
Ésope, Traduction par Émile Chambry. Fables, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927
La Belette et les Poules
Une belette, ayant appris qu’il y avait des poules malades dans une métairie, se déguisa en médecin, et, prenant avec elle les instruments de l’art, elle s’y rendit. Arrivée devant la métairie, elle leur demanda comment elles allaient : « Bien, répondirent-elles, si tu t’en vas d’ici. »
C’est ainsi que les hommes sensés lisent dans le jeu des méchants, malgré toutes leurs affectations d’honnêteté.
Ésope, Traduction par Émile Chambry. Fables, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927.
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La Belette et la Lime
Une belette, s’étant glissée dans l’atelier d’un forgeron, se mit à lécher la lime qui s’y trouvait. Or il arriva que, sa langue s’usant, il en coula beaucoup de sang ; et elle s’en réjouissait, s’imaginant qu’elle enlevait quelque chose au fer, tant qu’enfin elle perdit la langue.
Cette fable vise les gens qui, en querellant les autres, se font tort à eux-mêmes.
Ésope, Traduction par Émile Chambry. Fables, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927.
Dans ses Histoires naturelles (1874), Jules Renard brosse des portraits étonnants des animaux que nous connaissons bien :
La belette
Pauvre, mais propre, distinguée, elle passe et repasse, par petits bonds, sur la route, et va, d’un fossé à l’autre, donner, de trou en trou, ses leçons au cachet.
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Dans un étrange roman policier intitulé M. Malbrough est mort (1ère édition, 1937 ; Librairie des Champs-Élysées, 1991), Pierre Véry convoque la belette à titre métaphorique :
Dans un autre coin du parc, je surprends la cuisinière au regard halluciné. Rosa Managau se glisser entre les arbres avec une agilité de belette. Elle a de brusques arrêts, épie longuement, repart, furète, hume, au pied de chaque buisson. Elle joue aux brigands elle aussi ? Hop ! Hop !... Elle saute ici, saute là... Sûrement, elle joue aux brigands. Elle est tout excitée par le récit que lui a fait Abel de sa vision nocturne ! Un rôdeur : quelle aventure ! Elle est dans son élément, la lectrice de romans énigmatiques ! Je me dissimule derrière un gros chêne. Hop !... Hop !... Rosa pique droit sur moi.
Bout-belette-fais la bouille-patapouf-crapotin
et si ondule un instant, sophistique une étincelle
la chaleur de ton petit corps délicatement accompli
bout-belette-fais la bouille-patapouf-crapotin
(fruit d’un amour vertigineux)
Sandra MOUSSEMPÈS, « Poèmes à Virgile » dans Dans la lune n° 10, novembre 2007
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