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La Huppe

Dernière mise à jour : 15 mars

Oiseau vu pour la première fois en juillet 2020, à plusieurs reprises, lors de mes ballades matinales avant le stage de Continuum Movement à Rabastens. Moment magique car je croyais que c'était un oiseau exotique... en tous cas pour une Savoyarde, ça l'était !




Étymologie :


  • HUPPE, subst. fém.

Étymol. et Hist. I. 1121-34 huppe ornith. (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 2575). II. Début xive s. hupe « touffe de plumes sur la tête de certains oiseaux » (Ovide moralisé, éd. C. De Boer, VIII, 350). I Issu, avec -h- à valeur expressive (cf. aussi le maintien du ŭ qui aurait dû évoluer normalement en ó), du b. lat. ūppa ornith. (attesté dès le ixe s. dans un ms. du Physiologus latin, v. Mél. Wilmotte, p. 502) syncope du lat. class. upupa, forme d'origine onomatopéique (FEW t. 14, p. 58 b et 59 a). II altération, sous l'infl. de huppe I, de houppe*.


Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :


Dans le livret Les Oiseaux "utiles" au jardin offert par le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée (collection Les Cahiers pratiques du Parc, 2016), on apprend que :


Description : La Huppe fasciée mesure entre 25 et 29 cm. Plus grande que la plupart des oiseaux du jardin, elle consomme des insectes plus gros. Il s‘agit d’un oiseau très remarquable avec sa huppe érectile, son plumage chamois orangé et ses larges ailes arrondies dessinées de noir et blanc.


Régime alimentaire : La Huppe fasciée se nourrit d’une grande variété d’insectes comme les sauterelles et les criquets, toutes sortes de scarabées, de papillons, et d’araignées et même parfois de petits lézards.


Besoin en termes d’habitat : Espèce migratrice revenant dans l’Aude début mars, elle fréquente les abords de villages et des domaines (haies, vergers, cultures, ruines). Elle apprécie les étendues de végétation rase et de sol nu pour se nourrir, agrémentées de quelques arbres pour se percher. Elle a besoin de cavités, naturelles ou artificielles, pour nicher. La Huppe se reproduit dans les bâtiments y compris habités. Peu sociable, il n’y aura guère plus d’un couple dans un jardin (quelques-uns pour un grand domaine) mais elle peut élever deux couvées par an de 5 à 7 œufs.

Espèce thermophile*, elle repart en septembre/octobre pour l’Afrique mais sa présence hivernale est de plus en plus fréquente. Il n’est pas rare de voir des oiseaux nichant plus au nord faire une halte migratoire pour s’alimenter dans un jardin fraichement tondu ou bêché à l’automne ou au printemps.


L’odeur nauséabonde émanant du nid de la Huppe fasciée provient d’une sécrétion brune de la glande du croupion des poussins. Durant 30 jours, ils sécrètent cette substance pour faire fuir les prédateurs. Cette odeur ne dénote nullement un manque d’hygiène, le nid étant nettoyé par les parents régulièrement.

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Croyances populaires :


Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses: qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :


HUPPE. - Oiseau commun nommé par les Chaldéens Bori, et par les grecs Isan. Celui qui le regarde devient gros ; si on porte ses yeux vers son estomac on se réconciliera avec tous ses ennemis ; et de peur d'être trompé par quelque marchand, on portera sa tête dans une bourse.

 

Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


HUPPE. Il est des personnes qui croient, d'après l'autorité d'Albert le Grand, que cet oiseau est nourri, dans sa vieillesse, par ses petits, lesquels, quand la huppe perd la vue, la lui rendent au moyen du suc d'une certaine herbe. D'autres affirment que celui qui a regardé fixement une huppe, ne tarde pas à avoir beaucoup d'embonpoint ; et que si on porte les yeux de cet oiseau sur l'estomac, on est assuré de se réconcilier avec tous ses ennemis.

 

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


A Majorque, on assure que la chair de la Huppe donne la fièvre si elle est consommée au moment des nids. Cette légende providentielle a empêché la destruction de ce charmant oiseau, encore très commun aux Baléares.

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Symbolisme :

Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; Édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"Le Coran (27,20) parle de cet oiseau comme ayant joué le rôle de messager entre Salomon et la reine de Saba. Il va en découler un grand nombre de légendes.

Dans le Mantiq-ut-Taîr de Farid -od- Dîn Attar (Langage ou Colloque des oiseaux), le poète raconte que tous les oiseaux du monde partent en voyage à la recherche d'un roi. C'est la huppe qui va leur servir de guide. Elle se présente comme la messagère du monde invisible et est décrite comme portant sur la tête la couronne de la vérité. Ce voyage des oiseaux symbolise l'itinéraire mystique de l'âme, à la recherche du divin.

C'est pourquoi la Clé des Songes iranienne la présente comme un homme savant et intègre.

On raconte qu'elle était le seul oiseau qui pût indiquer les points d'eau à Salomon.

Selon la légende persane, la huppe était une femme mariée. Elle se peignait devant son miroir, lorsque son beau-père rentra sans s'annoncer. Prise de peur, elle devint oiseau et s'envola., le peigne sur la tête (d'où son nom persan : shânèser, peigne en tête.) Suivant un autre récit, c'était une honnête femme dont le mari ne valait rien ; un jour, la trouvant en train de prier, il la battit ; elle implora Dieu, qui la changea en huppe. Elle s'envola. La huppe est considérée de bon augure.

Dans le récit de l'Exil occidental de Sohrawardî, la huppe symbolise l'inspiration personnelle intérieure (voir grue couronnée).

Elle possède d'autres part de nombreuses qualités magiques. On lui retire les entrailles, on les sèche et on les porte en guise de talisman. Elles protègent contre le mauvais œil et exorcisent les sortilèges. A Tanger, on les suspend dans les boutiques comme sauvegarde contre le vol. On s'en sert pour protéger le lait et le beurre contre la magie, et pour empêcher les jnîn de venir hanter les lieux où de l'argent est enfoui et de frapper la personne qui creuse la terre pour l'en sortir. Certaines populations croient que l’œil droit d'une huppe, attaché entre les yeux d'une personne, permet à celle-ci de voir des trésors cachés dans la terre. On croit que l'oiseau lui-même est capable de percevoir ces choses ; c'est pourquoi il dit : hut, hut, hut, c'est-à-dire, là, là, là, ce qui lui a valu son nom (hadhud en arabe). Le sang de la huppe ou son cœur sont utilisés comme remèdes, ainsi que pour écrire des charmes. Elle est le symbole de l'acuité intellectuelle, qui, non seulement découvre les trésors cachés, mais préserve des embûches."

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Dans l'Encyclopédie des symboles (1989, éd française 1996) établie sous la direction de Michel Cazenave, on apprend que :


"La huppe est un oiseau migrateur des pays méditerranéens que l'on considérait souvent autrefois comme impur parce qu'il picore les larves dans le fumier, et qu'on tenait pour ennemi des abeilles. D'après les Métamorphoses d'Ovide, la huppe était à l'origine un roi de Thrace (Tereus) qui fut changé en oiseau pour ses crimes (son épouse Philomèle, qu'il poursuivait l'épée à la main, fut changée en rossignol. Dans l'Antiquité, on lui attribuait une "racine magique" connue aussi des légendes d'Europe centrale, qui pouvait ouvrir toutes les serrures, et on la rattachait à la croissance de la vigne, et donc à la production du vin. Si les bestiaires médiévaux ont largement repris les reproches adressés à la huppe, et particulièrement celui de se vautrer dans les excréments, symbolisant ainsi les hommes qui se prélassent avec obstination dans la fange de leurs péchés, ils font pourtant aussi référence à des qualités toutes contraires dont on retrouve un premier exemple dans le Physiologus pré-chrétien, où on prétend que les jeunes huppes arrachent les plumes de leurs vieux parents et lèchent leurs yeux ternis jusqu'à ce qu'ils retrouvent leur jeunesse : "De même que vous nous avez élevés lorsque nous étions jeunes, que vous vous êtes donné de la peine jusqu'à épuisement et que vous nous avez nourris, de même agirons-nous avec vous. Comment les hommes peuvent-ils être assez incompréhensifs pour ne pas aimer leurs parents qui prennent soin d'eux et les éduquent en connaissant leur cœur ?" Considérée sous cet aspect bénéfique qui rapproche la huppe du thème alchimique de la fontaine de jouvence et de l'annonce d'une restauration corporelle, qui renvoie à la notion de renaissance spirituelle, la huppe est, dans certains textes philosophiques et mystiques de l'Islam, un message spirituel envers l'homme en quête du pays réel de son âme : "Or voici que pendant une nuit de pleine lune, nous vîmes la huppe entrer par la fenêtre et nous saluer. Dans son bec, il y avait un message écrit, provenant "du côté droit de la vallée, dans la plaine bénie, du fond d'un buisson." Elle nous dit : "J'ai compris quel est le moyen de vous délivrer, et je vous apporte du royaume de Saba des nouvelles certaines." (Sohrawardi - 1155-1191 - Récit de l'exil occidental). Lorsque l'homme, à cet appel, se sera mis en route dans le pèlerinage de son âme, la huppe se révélera comme l'organe de sa hiérurgie, une typification de son "imagination créatrice" dont le pays de Saba désigne le monde où elle se déploie en même temps qu'elle le crée. Encore plus profondément, le huppe peut se transformer en Simorgh (mot venant de l'avestique Saena meregha), le mystérieux oiseau qui a son nid "au sommet de l'arbre Tuba" (Chez Attar, dans Le Langage des oiseaux), ou qui réside sur "la montagne de Qâf" (La Roseraie du mystère de Shabestari -XIIIè-XIVè siècles - ou L'Archange empourpré de Sohrawardi). Elle est alors, selon les interprétations, la réalité divine absolue en soi, ou la puissance de l'Esprit, le nom caché de l'Imâm, la vérité de la résurrection qui attend celui qui a compris la lumière de la gnose."

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


La huppe, symbole d'acuité intellectuelle, sert dans le Coran de messagère entre la reine de Saba et Salomon et es le seul de tous les oiseau à indiquer à celui-ci les points d'eau. Son regard est considéré comme très puissant : c'est pourquoi la tradition arabe traduit ses cris « hut, hut, hut », par « là, là, là » comme si elle indiquait à l'homme quelque chose qu'il ne voit pas. Ses yeux sont en outre des amulettes très précieuses. les Anciens lui attribuaient également une certaine prescience et prenaient ses cris pour l'annonce de la pluie, sauf en période de germination des vignes ou juste avant les vendanges où ils devenaient l'annonce d'une bonne récolte de vin.

En Ecosse, la huppe, dont le cri est traduit par « ensorcelé », abrite les âmes errantes et malheureuses, et la voir est de mauvais augure. les Tibétains sont assurés d'une bonne santé et son premier cri de l'année est « phubu », mais si elle dit « çud », gare aux maladies. En Suède, son apparition présage une guerre.

La magnifique huppe qu'elle porte sur la tête et à laquelle elle doit son nom a donné naissance à une légende persane : une femme qui se peignait fut effrayée par l'arrivée brusque de son beau-père. Elle se transforma alors en oiseau et prit son envol le peigne sur sa tête.

Notre folklore qui en a fait un modèle de piété filiale car elle arrache ses propres plumes pour réchauffer ses parents, les nourrit et n'hésite pas à les couver, l'a accusée toutefois de saleté car elle construit son nid à l'aide d'excréments humains ou animaliers. « Le diable fait comme la huppe bâtissant son nid en toute ordure en infection » écrivait un auteur du XVIe siècle. Les locutions, très répandues à une époque, « puer comme une huppe », « sale comme une huppe », réduit à « sale huppe », ont donné naissance au mot « saloppe », qui dans le français du XVIIe siècle désignait un homme ou un femme malpropre.

En Franche-Comté, on explique ce vilain défaut par ce qui s'est produit à la sortie de l'arche de Noé. Celui(-ci, ayant expliqué aux oiseau la façon de construire un nid, s'aperçut que la huppe n'avait pas entendu. Alors qu'elle lui demandait comment elle ferait le sien, il répondit « Avec de l'or ». N'ayant pas compris, elle répéta sa question et Noé dit « avec de l'argent ». La huppe posa encore une fois la question et s'entendit répondre par Noé, excédé : « Avec de la merde ! ». Dans un récit de la Nièvre, c'est à cause des hommes qui venaient déranger son nid, très beau à l'origine, pour en voler les écus qui le garnissaient, que l'oiseau « remplaça les écus par de l'ordure : depuis lors, elle peut nicher en paix ».

Les entrailles séchées de la huppe protègent du mauvais œil et des maléfices. (A Tanger, elles sont accrochées dans les boutiques pour écarter les voleurs). La tête de l'oiseau conservée dans son portefeuille met à l'abri des filouteries des marchands ; sa langue, son œil ou sa cervelle, pendus au cou, favorisent la mémoire et la justesse de raisonnement. Dans les pays arabes, celui qui porte entre ses yeux l'œil droit d'une huppe distinguera dans le sol les trésors.

Qui porte des yeux de huppe sur l'estomac se réconcilie avec tous ses ennemis et peur pterndre du poids sans modifier son ailmentation ; regarder fixement l'oiseau suffit également à faire grossir. la jeuen fille qui se fotte les tempes avec du sang de huoppe se fera aimer de tout le monde, et celle qui veut rêver de son futur époux fait de même en disant : baludeth, assarobi, ahumeleth, ou en attachant à son bas une branche de peuplier. Attention, toutefois à ne pas passer du sang de huppe sur le visage d'une personne endormie et à son insu : elle risque de voir diable et démons.

A l'aide du sang d'une huppe femelle et de la centaurée, un peut fabriquer une lampe à huile magique qui, dans une pièce obscure, fera paraître toutes les personnes présentes la tête en bas et les pieds en l'air. Selon une recette du XVIIe siècle, porter une perruque composée de cheveux d'un pendu et arrosée du sang de cet oiseau rendait invisible. Lorsqu'on ne peut se procurer une telle perruque, une pierre de diverses couleurs, qu'on trouve dans le nid de la huppe et qu'il suffit de porter sur soi a le même pouvoir, nous dit Albert le Grand. la huppe fabrique également un bézoard, appelé « quirim », réputé dès le Moyen Âge et encore au XIXe siècle, en France comme en Angleterre, pour être une « pierre des traîtres » car posée sur la tête d'une personne endormie, elle le fait confier ce qu'il a de plus secret.

D'un point de vue médicinal, la peau de huppe soulage les migraines tandis que les cendres de l'oiseau brûlé entièrement et mises dans du vin guérissent de la colique le malade qui en boit.

Si la huppe possède de nombreuses propriétés magiques, en France, n dit que celui qui l'entend « ne peut s'empêcher de se donner en marchant des coups de pied dans les chevilles » et que s'il s'agit d'une femme, elle sera « coiffée de travers ».

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :


"C'est un oiseau migrateur que l'on trouve dans toute l'Europe, dans les pays de l'Est, en Russie et en Afrique du Nord à partir du mois d'avril, mais qui s'envole pour l'Afrique centrale, du Sud ou de l'Inde vers la fin du mois d'août. Elle se distingue par son long bec et une huppe de plumes érectile que le mâle déploie, pendant la parade nuptiale notamment, en faisant présent à la femelle d'un vers, d'une araignée ou d'un petit lézard qui constituent la nourriture de ces oiseaux. La huppe aime à faire son nid dans les murs de pierres, parfois même dans les maisons. La femelle couve pendant deux semaines les 6 ou 7 œufs qu'elle pond à la fin du printemps, ou au début de l'été, tandis que le mâle la nourrit.

Au XIIIe siècle de notre ère, le poète mystique persan Farid-ud-Din'Attar immortalise la huppe, en en faisant l'héroïne de son récit d'un voyage entrepris par trente oiseaux qui partent à la recherche de l'Oiseau merveilleux, le Simorgh, en ayant pour guide l'in d'entre eux : la huppe ! Le récit du poète conte alors qu'au bout de leur quête, en trouvant le Simorgh, ils réalisent qu'il ne s'agit que d'eux-mêmes. Tout au long du récit, la huppe joue alors un rôle de messagère, d'intermédiaire entre le monde visible et le monde invisible, incarnation de la vérité et de la sagesse. Antérieurement à ce récit, des contes et des légendes associent la huppe au roi Salomon, dont elle était considérée comme l'attribut et le compagne."

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Littérature :


Farid Al-Din Attar, poète persan auteur de La Conférence des oiseaux (1177 ; Diane de Selliers, 2012, remaniée par Jacques Prévost) fait de la Huppe son personnage principal :


Sois la bienvenue, ô huppe ! toi qui as servi de guide au roi (Salomon), toi qui fus réellement la messagère de toute vallée ; ô toi qui es parvenue heureusement aux frontières du royaume de Saba. Toi dont le colloque gazouillant (mantic uttaïr) avec Salomon fut excellent, tu fus la confidente des secrets de Salomon et tu obtins ainsi une couronne de gloire. Pour être la digne confidente des secrets de Salomon, tu dois enfermer et tenir dans les fers le démon qui veut te tenter. Lorsque tu auras agi ainsi, tu entreras derrière le rideau du palais de Salomon.

[...]

Les oiseaux du monde se réunirent tous, tant ceux qui sont connus que ceux qui sont inconnus, et ils tinrent alors entre eux ce langage : « Il n'y a pas dans le monde de pays sans roi ; comment se fait-il cependant que le pays des oiseaux en soit privé ? Il ne faut pas que cet état de choses dure plus longtemps ; nous devons joindre nos efforts et aller à la recherche d'un roi, car il n'y a pas de bonne administration dans un pays sans roi, et l'armée est désorganisée. » En conséquence de ces considérations, tous les oiseaux se rendirent en un certain lieu pour s'occuper de la recherche d'un roi. La huppe, tout émue et pleine d'espérance, arriva et se plaça au milieu de l'assemblée des oiseaux. Elle avait sur la poitrine l'ornement qui témoignait qu'elle était entrée dans la voie spirituelle ; elle avait sur la tête la couronne de la vérité. En effet, elle était entrée avec intelligence dans la voie spirituelle, et elle connaissait le bien et le mal. « Chers oiseaux, dit-elle, je suis réellement enrôlée dans la milice divine, et je suis le messager du monde invisible. Je connais Dieu et les secrets de la création. Quand, comme moi, on porte écrit sur son bec le nom de Dieu, on doit nécessairement avoir l'intelligence de beaucoup de secrets. Je passe mes jours dans l'anxiété, et je n'ai affaire avec personne. Je m'occupe de ce qui intéresse personnellement le roi ; mais je ne me mets pas en peine de son armée. J'indique l'eau par mon instinct naturel, et je sais en outre beaucoup d'autres secrets. J'entretins Salomon et j'allai en avant de son armée. Chose étonnante ! il ne demandait pas de nouvelles et ne s'informait pas de ceux qui manquaient dans son royaume ; mais, lorsque je m'éloignais un peu de lui, il me faisait chercher partout. Puisqu'il ne pouvait se passer de moi, ma valeur est établie à jamais. Je portais ses lettres et je revenais ; j'étais son confident derrière le rideau. L'oiseau qui est recherché par le prophète Salomon mérite de porter une couronne sur sa tête. Tout oiseau peut-il entrer dans le chemin de celui qui y est parvenu avec bonheur par la grâce de Dieu ? Pendant des années, j'ai traversé la mer et la terre, occupée à voyager. J'ai franchi des vallées et des montagnes ; j'ai parcouru un espace immense du temps du déluge. J'ai accompagné Salomon dans ses voyages ; j'ai souvent arpenté toute la surface du globe. Je connais bien mon roi, mais je ne puis aller le trouver toute seule. Si vous voulez m'y accompagner, je vous donnerai accès à la cour de ce roi. Délivrez-vous de toute présomption timide et aussi de tout trouble incrédule. Celui qui a joué sa propre vie est délivré de lui-même ; il est délivré du bien et du mal dans le chemin de son bien-aimé. Soyez généreux de votre vie, et placez le pied sur ce chemin, pour poser ensuite le front sur le seuil de la porte de ce roi. Nous avons un roi légitime, il réside derrière le mont Câf. Son nom est Simorg ; il est le roi des oiseaux.

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