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La Zibeline


Lors de mon intronisation à la responsabilité bardique le 4 juin 2016 au sein du Collège Druidique des Gaules à Clérieux, la fouine très brune (ou bien plutôt la martre ?) que j'avais croisée le matin sur le bord de la route, s'est invitée, dans ma méditation préparatoire, sous la forme d'une zibeline blanche pour m'offrir mon nouveau nom d'initiée et enlever un "L" à Belline, en signe d'ancrage plus performant, pour me métamorphoser en Beline.


Étymologie :


  • ZIBELINE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1534 subst. (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.-L. Saulnier, chap. 54, p. 298, 77) ; 2. 1572 adj. Martes Zubelines (Fr. de Belleforest, Epistres des princes [trad. de l'ital.], f°13 vo). Altér., sous l'infl. de l'ital. du Nord zibellino (xve s., Canti carnascialeschi ds Tomm.-Bell. ; cf. gibelline en 1298, Marco Polo, éd. L. F. Benedetto, p. 231, 17, trad. dans la version ital. du xive s. par giambelline ; v. Cort.-Zolli) de l'a. m. fr. sabelin, sebelin (adj. dep. ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 462 ; subst. dep. ca 1165, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 3183), sabeline, sebeline, subst. (dep. ca 1160, Eneas ds T.-L.) ; le cheminement précis de ces formes, qui ont la même orig. que sable, n'est pas encore élucidé. Voir FEW t. 20, pp. 49-50a et Hope, pp. 52-53.


  • SABLE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « fourrure de zibeline » mantiax gris, orlez de sables (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2286) ; 1176-81 (Id., Chevalier à la charrette, même éd., 509) ; 2. ca 1245 hérald. escut d'or à l'aigle de sable (Philippe Mousket, Chron., 22036 ds T.-L.). Prob. empr. à l'a. b. frq. (cf. m. néerl., m. b. all. sabel), lui-même empr. au russe sobol' « zibeline », le commerce de la fourrure entre le nord de la Russie, la Sibérie vers l'Europe occ. se faisant dès le haut Moy. Âge, par la Baltique et l'Allemagne. Il n'est pas impossible que les Vikings aient joué un rôle dans la diffusion de ces peaux vers l'ouest, FEW t. 20, p. 49b ; v. aussi zibeline*. L'empl. du mot en hérald. s'explique par le fait que les boucliers, les écus étaient recouverts de fourrures de diverses couleurs ; le sens de « noir » dans cet empl. s'explique par l'habitude prise de teindre en noir cette fourrure : propr. « couleur noire comme la zibeline », v. A. G. Ott, Ét. sur les couleurs en voc. fr., Paris, E. Bouillon, 1899, pp. 31-32.

Lire également les définitions de ces termes pour amorcer la réflexion symbolique : zibeline - sable.

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Zoologie :


 

La zibeline des naturalistes selon le site http://www.cosmovisions.com/VoyageChappe04.htm :


La zibeline (Martes zibellina) appartient au genre des martes (famille des mustélidés), dans lesquels se rangent, parmi d'autres espèces, la marte d'Europe (Martes abietum ou Mustela martes L.), la fouine (Martes foina), etc. Outre les martes, les mustélidés comportent les genres  belette, glouton, moufette, blaireau, loutre, vison, et putois.

C'est à Georg Gmelin, qui en avait vu deux captives lors de son passage chez le Gouverneur de Tobolsk, que l'on doit la première description de zibelines vivantes. Aux dires de Buffon, jusque là, presque tous les naturalistes avaient parlé de la zibeline sans la connaître autrement que par sa fourrure. 


« La zibeline ressemble, dit Gmelin, à la marte [d'Europe] par la forme et l'habitude du corps, et à la belette par les dents ; elle a six dents incisives assez longues et un peu courbées, avec deux longues dents canines à la mâchoire inférieure, de petites dents très aiguës à la mâchoire supérieure ; de grandes moustaches autour de la gueule, les pieds larges et tous armés de cinq ongles : ces caractères étaient communs à ces deux zibelines ; mais l'une était d'un brun noirâtre sur tout le corps, à l'exception des oreilles et du dessous du menton, où le poil était un peu fauve, et l'autre, plus petite que la première, était sur tout le corps d'un brun jaunâtre, avec les oreilles et le dessous du menton d'une nuance plus pâle. Ces couleurs sont celles de l'hiver ; car au printemps elles changent par la mue du poil : la première zibeline, qui était d'un brun noir, devint en été d'un jaune brun : et la seconde, qui était d'un brun jaune, devint d'un jaune pâle. J'ai admiré l'agilité de ces animaux : dès qu'ils voyaient un chat, ils se dressaient sur les pieds de derrière comme pour se préparer au combat ; ils sont très inquiets et fort remuants pendant la nuit ; pendant le jour, au contraire, et surtout après avoir mangé, ils dorment ordinairement une demi-heure ou une heure : on peut dans ce temps les prendre, les secouer, les piquer sans qu'ils se réveillent (Voyage, tome I). » 

Buffon, qui reproduit la longue citation qui précède, précise que les zibelines habitent le bord des fleuves, les lieux ombragés et les bois les plus épais : elles sautent très agilement entre les arbres, ajoute-t-il, et craignent fort le Soleil.

  • « On prétend, écrit Buffon dans son Histoire Naturelle (1765), qu'elles se cachent et sont engourdies pendant l'hiver, cependant c'est dans ce temps qu'on les chasse et qu'on les cherche de préférence, parce que leur fourrure est alors bien plus belle et meilleure qu'en été ; elles vivent de rats, de poisson, de graines de pin et de fruits sauvages ; elles sont très ardentes en amour  : elles ont pendant ce temps de leur chaleur une odeur très forte. » 

Le naturaliste termine sa notice sur la zibeline en souscrivant à l'opinion exprimée par quelques uns de ces prédécesseurs selon laquelle la zibeline pourrait être le satherius d'Aristote, un animal que celui-ci joignait à la loutre et au castor parmi les animaux d'eau. 

  • « On doit encore présumer, conclut-il, que du temps de la magnificence d'Athènes, ces belles fourrures n'étaient pas inconnues dans la Grèce, et que l'animal qui les fournit avait un nom ; or il n'y en a aucun qu'on puisse appliquer à la zibeline avec plus de raison que celui de satherius, si en effet il est vrai que la zibeline mange du poisson, et se tienne assez souvent dans l'eau pour être mise au nombre des amphibies. » 

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Symbolisme :


Selon Hildegarde de Bingen, dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines (XIIe siècle ; traduction P. Monat, 2011) :


"La zibeline est chaude et se rapproche un peu de la nature de l'écureuil ; elle est toutefois plus pure et plus douce que l'écureuil. Sa peau n'est pas bonne pour les vêtements de l'homme, car si elle s'échauffe sur l'homme, elle provoque en lui une sueur mauvaise. Ce qui est en elle ne vaut rien pour les médicaments, parce qu'elle est faible."

 

Dans Histoire et Description du Kamtchatka (Tome 2, troisième partie Sur les avantages et désavantages du Kamtchatka) de Stepan Kracheninnikow (1770), on peut lire que :


"Ils [les Kamtchadals] n'ont aucune pratique superstitieuse dans leurs chasses de Zibelines, excepté qu'ils ne rapportent point eux-mêmes à la maison les animaux qu'ils ont pris ; mais ils les jettent du haut de leur Iourte en bas ; au lieu que les Chasseurs de Vitime & d'Olekma, ont des pratiques superstitieuses à proportion de la difficulté de cette chasse. [...]

Les Chasseurs [Vitimes] conviennent tous que plus on approche des sources de ces Rivières [Koutomala et Pétrowa], plus les Zibelines que l'on y trouve sont belles & que les plus mauvaises sont près de leurs embouchures. [...] Les Zibelines ne valent rien encore dans tous les lieux où il y a des bois de Cèdres, des Pins & des Sapins ; les plus belles sont où il y a des bois de Larix ou de Mélèze ; cependant on trouve de belles Zibelines dans les endroits où les bois de cette espèce croissent avec ceux de Bouleau & de Sapin. [...]

Ensuite, le principal chef ordonne à chaque conducteur de veiller avec grande attention sur sa troupe, afin qu'ils fassent leur chasse de bonne foi, qu'ils ne cachent rien pour eux & qu'ils ne mangent rien en secret. Il leur recommande encore qu'à l'exemple de leurs Prédécesseurs, ils n'appellent point une Corneille, un Serpent & un Chat par leurs véritables noms, mais qu'ils les appellent le haut, le mauvais, &c.

Ils disent aussi qu'une Zibeline est un animal intelligent ; &, selon eux, si quelques Chasseurs contreviennent aux ordres précédents, la Zibeline se moque d'eux, c'est-à-dire qu'après être entrée dans les pièges dont on parlera plus bas, elle les gâte autant qu'il lui est possible, ou mange l'amorce : par là ils attribuent non seulement de l'intelligence aux Zibelines, mais une pénétration plus qu'humaine, comme si ces animaux savaient que les Chasseurs ont transgressé les ordres, & que la Zibeline, pour se venger de leur prévarication, leur jouât ce tour, en ne tombant pas exprès dans ce piège. [...]

Personne, si ce n'est le Chef, n'a le droit de dépouiller les Zibelines. [...] Pendant qu'on les dépouille, tous les Chasseurs qui sont présents se tiennent assis dans le silence & l'inaction, & observent avec la plus grande attention, que pendant ce temps-là il ne s'attachent rien sur les pieux. La Zibeline étant écorchée, ils en posent le corps, qu'ils appellent le Kouringa, sur de petites branches sèches. Après l'avoir retiré, ils mettent le feu aux branches, & les portent trois fois autour du corps pour le parfumer. Cette cérémonie finie, ils enterrent le corps dans la neige ou dans la terre. [...]

La chasse des Zibelines chez les autres Peuples, diffère peu de celle que font les Russes : elle ne demande pas tant de préparatifs ; mais il y a aussi beaucoup de superstitions qui y sont attachées

Les Tungouses à Rennes vont à la chasse de ces animaux avec toute leur famille. Chez les Iakoutes, il n'y a que les hommes qui y aillent, tandis que les femmes restent avec leurs enfants dans leurs Iourtes. [...]

Lorsqu'ils se préparent pour aller à la chasse on sacrifie avec des cérémonies superstitieuses un Veau d'un ou de deux ans. Pendant ce temps, un Prêtre grave au pied d'un arbre qui est proche, un buste d'une figure humaine, ressemblant à leur grande Idole nommée Baïbaïana, qui préside sur les animaux et sur les forêts. Après avoir tué le Veau, le Prêtre barbouille la figure de cette Idole avec le sang de la victime, en faisant des vœux pour que les Chasseurs voient chaque jour de leur chasse ensanglanté, ainsi que l'image de leur Idole, qui est alors toute couverte de sang. En même temps que l'on fait ce sacrifice, le Prêtre invoque aussi d'autres Idoles, qui, suivant leur superstition, veillent à la conservation des hommes, afin qu'elles protègent & défendent les Chasseurs de même que toute leur famille qui est restée dans l'Habitation. Il conjure encore l'Esprit malfaisant qui enlève les petits enfants, de ne faire aucun mal à ceux qu'ils ont laissés dans leurs maisons ; mais pour que leurs prières soient reçues plus favorablement, ils présentent aux Idoles, ainsi qu'à cet Esprit malfaisant, un morceau du Veau qu'on a sacrifié. Pour savoir d'avance quel sera le succès de la chasse, ils jettent devant l'Idole Baïbaïana une grande cuillère semblable à celle dont ils se servent pour manger, & si la cuillère tombe de façon à ce que le côté où on mange soit en-haut, ils regardent cela comme un signe que la chasse sera heureuse, si elle tombe dans un sens contraire, cela passe pour un mauvais augure.

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D'après l'Alphabet et figures de tous les termes du blason (Paris, 1899) de L.-A. Duhoux d'Argicourt :


"ZIBELINE [est le] Nom donné par quelques auteurs à la fausse hermine, semée sur la doublure du manteau, sur le rehaut du bonnet et de la toque, elle est faite d'une simple moucheture, c'est-à-dire d'une petite queue et non surmontée des trois points figurant la tête et les pattes de l'hermine."


 

La zibeline est le symbole associé à 54 années de mariage.

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Selon Charles Stépanoff, auteur d'un article intitulé « Religions de l’Asie septentrionale et de l’Arctique » (paru dans l'Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses, 117 | 2010) :


[...] Au sein de ce « bétail » sylvestre, certains animaux semblent entretenir des rapports spécialement étroits avec le maître du lieu. Les chasseurs tožu affirment l’existence dans leurs forêts d’animaux « particuliers » (tuskaj) : des zibelines ou des écureuils blancs, des cervidés blancs, des mâles sans bois ou au contraire à ramure extraordinaire, ou des biches portant des bois. Il peut encore s’agir d’un cervidé « bigarré comme une vache, alors que sur une bête sauvage il n’y a pas de bigarrure ». Tous les informateurs s’accordent pour dire qu’il est interdit de tirer un tel animal sous peine de s’exposer à la maladie, au malheur, parfois à la mort, infligés par le maître du lieu.

Les explications sur l’identité de ces animaux remarquables varient. Certains chasseurs y voient des métamorphoses d’esprits. [...]

Dan Sperber a proposé une interprétation stimulante des pratiques et conceptions souvent riches concernant les animaux spéciaux (D. Sperber, « Pourquoi les animaux parfaits, les hybrides et les monstres sont-ils bons à penser symboliquement ? », L’Homme, 1975, 15 [2], p. 5-34). Le traitement symbolique des monstres s’appuierait, selon lui, sur une opération conceptuelle très particulière : un écart visible d’un individu par rapport à la norme de son espèce entraîne une révision de sa catégorisation. Il y a là une contradiction, car un animal ne peut être tenu pour « anormal » que s’il a déjà été reconnu comme membre de son espèce. Or ce caractère paradoxal est précisément, selon Sperber, le propre des opérations symboliques. L’écart entre les notions de norme et d’appartenance taxinomique expliquerait que les animaux anormaux, mais aussi les animaux parfaits, suscitent souvent des traitements religieux.

Il est exact qu’en Sibérie du sud une anomalie, telle qu’un albinisme ou une ramure importante, entraîne souvent une requalification ontologique : l’animal n’est qu’en apparence membre de son espèce, en réalité c’est un esprit. La révision taxinomique n’est cependant qu’un cas particulier parmi les traitements possibles réservés aux animaux singuliers. Il arrive aussi que l’individu atypique subisse, plutôt qu’une révision, un dédoublement de sa catégorisation (une zibeline à fourrure épaisse est le chien favori du maître en plus d’être zibeline). Mais l’animal peut aussi ne susciter aucune spéculation taxinomique. Diverses traditions sibériennes font de la découverte d’un animal présentant une singularité quelconque un signe de bonheur futur : les Toungouses conservaient comme amulette le museau d’une zibeline tachetée ; les Iakoutes du Nord et les Dolganes gardaient comme porte-bonheur les bois d’un cervidé dont les deux ramures s’étaient soudées.

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Dans « La Sibérie, eldorado La Sibérie russe du XXIe siècle ? », (Revue internationale et stratégique, vol. 92, n°4, 2013, pp. 129-137) Jean Radvanyi relie la zibeline à la notion d'un Eldorado arctique :


Depuis des siècles, la Sibérie suscite tout à la fois fascination, rejets et fantasmes. À son propos, on évoque aujourd’hui un futur eldorado, en écho à la formule de Mikhaïl Lomonossov, affirmant, dès 1763, que la puissance russe dépendrait de la Sibérie et de l’Arctique. Effet d’une richesse proverbiale mêlant, dès la conquête tsariste, la zibeline à l’or puis aux diamants, et, aujourd’hui, le pétrole au gaz, mais richesse dont l’accès doit être chèrement gagné dans un monde inhospitalier aux hivers longs et redoutables.

 

Julien d'Huy, auteur de "Coda : La symphonie du premier plongeon." 'in Bulletin Préhistoire du Sud-Ouest, 2018, p. 2.) précise dans une note :


Je profite de cet article pour tenter de répondre à la question suivante : dans le cadre de l’hypothèse d’une maîtresse des animaux, défendue après d’autres dans d’Huy 2017a, comment rendre compte de la présence des bêtes représentées dans les grottes, sinon sous la forme d’intermédiaires ? En Eurasie et en Amérique, les maîtres des animaux sont souvent assistés par des maîtres de différentes catégories de gibier : l’Amazonie pousse à l’extrême cette tendance, car il n’y existe que des maîtres de chaque espèce (Le Quellec et Sergent 2017 : 752). Par ailleurs, ces maîtres des animaux appartiennent souvent à une autre catégorie que les animaux qu’ils dirigent ; par exemple, chez les Nigidal, c’est une grande zibeline noire qui envoie les animaux aux chasseurs (Le Quellec et Sergent 2017 : 751), tandis que chez les Montagnais, le maître des caribous est un humain (Slotten 1965 : 296) ; chez les Zuñi, six maîtres des ongulés sauvages – le Grand Cerf, la Chèvre des montagnes, l’Antilope, le Cerf à queue blanche, le Lièvre et le Lapin – sont au service de la « Mère » des animaux chassés qui a pour rôle d’assurer leur propagation, tandis que les dieux des bêtes de proie – l’Ours, le Blaireau, le Loup, l’Aigle et la Taupe –, maîtres ou patrons de toutes les espèces animales, sont subordonnés à Poshayanki, l’intendant des douze sociétés-médecine (Hultkrantz 1993 : 142-143). Cette distribution hiérarchisée se retrouvant partagée des deux côtés du détroit de Béring, les probabilités sont fortes qu’elle ait existé au Paléolithique, lors du peuplement des Amériques. En Eurasie de l’Ouest, une telle hiérarchisation ferait écho à un possible système social inégalitaire (Hayden 2013 ; Guy 2017) : les animaux représentés ne seraient donc pas directement ceux qui étaient chassés, mais représenteraient chacun une classe de gibier, ce qui expliquerait le faible nombre d’espèces figurées. Par ailleurs, en plus des différents éléments présentés dans d’Huy 2017a, l’hypothèse d’une maîtresse des animaux expliquerait l’association fréquente des grottes choisies pour réaliser les représentations avec des lieux stratégiques d’un point de vue cynégétique ou halieutique (Guy 2017 : 149-154).

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Comptines et chansons :


Boris et Natacha


Dans la forêt blanche d’Ukraine Glisse une blanche troïka Dans le silence elle promène Petit Boris et Natacha

{Refrain : }


Raconte-nous, petite mère, Ce qu’ils ont vu sur le chemin Raconte-nous, petite mère Jusqu’à demain


Ils rencontrent la zibeline, Le renard bleu et puis le loup Si vous allez chez la Tsarine Voulez-vous nous prendre avec vous ?


{au Refrain}


Nous n’allons pas chez la Tsarine Nous retournons à notre isba Loup et renard et zibeline Sont montés dans la troïka


{au Refrain}


Et tous ensemble, ils s’en reviennent Serrés pour ne pas avoir froid Dans la forêt blanche d’Ukraine Avec Boris et Natacha


{au Refrain}

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Zelda


Tu rêvais à Chopin ou à Frantz Liszt

Dans un grand salon de l'hôtel Ritz

Tu écrivais des mots sur un bloc-notes

Tu ressemblais à la Zelda de Scott

Tu portais une cape de zibeline

En écoutant Kashmir de Led Zeppelin

Tu portais une cape de zibeline

En écoutant Kashmir de Led Zeppelin

Toutes les femmes de la Terre étaient là

Dans un coin de ta tête, Zelda

Angela, Rosa et Virginia

Et tant d'autres que je ne connais pas

Tu portais une cape de zibeline

En écoutant Kashmir de Led Zeppelin

Tous les mots étouffés par les baillons

Sont dans les rêves des femmes et les prisons

Plus jamais, elles ne quitteront les villes

Comme Zelda, pour entrer dans un asile

Tu portais une cape de zibeline

En écoutant Kashmir de Led Zeppelin

Yves Simon, " Zelda ", 1977 (Label : SMI).

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Littérature :


Princesse Zibeline
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Un conte de fées à lire : "Le Prince Courte-botte et la Princesse Zibeline" Dans Féeries nouvelles, écrites par le Comte de Caylus. (La Haye, 1741. 2 volumes) :

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– En route, en route ! s’écria Anatole… Un moment ! ajouta-t-il en voyant Balaga se diriger vers la sortie : fermez bien les portes, et asseyons-nous. » On les ferma et l’on s’assit… « Voilà qui est fait, et maintenant, mes enfants, en route ! » répéta-t-il en se levant.

Joseph, le domestique, lui présenta sa sacoche et son sabre, et tous passèrent dans le vestibule.

« Où est la pelisse ? demanda Dologhow. Hé, Ignatka ! va demander à Matrena Matféïevna la pelisse de zibeline ; entre nous, je crains qu’elle ne l’emporte, ajouta-t-il plus bas… Tu verras, elle va accourir plus morte que vive sans rien mettre sur ses épaules, et, si tu t’attardes, il y aura des pleurs, papa et maman feront leur apparition… : aussi, prends bien vite la fourrure et fais-la mettre dans le traîneau. »

Le domestique revint avec une pelisse doublée de renard ordinaire.

« Imbécile ! je t’ai dit celle de zibeline ! Hé, Matrëchka, » s’écria-t-il avec tant de force, que sa voix retentit jusqu’au fond de l’appartement.

Une jolie bohémienne, maigre et pâle, avec des yeux d’un noir de jais, des cheveux bouclés à reflets aile de corbeau, enveloppée d’un châle rouge, se précipita dans l’antichambre en apportant la fourrure de zibeline.

« Eh bien, quoi ! la voici, prenez-la, je ne la regrette pas, » dit-elle d’un ton plaintif, en contradiction avec ses paroles ; elle était intimidée à la vue de son maître.

Dologhow lui jeta sur les épaules la pelisse de renard et l’en enveloppa :

« Comme cela d’abord, dit-il en relevant le collet, et comme cela ensuite, ajouta-t-il en le faisant retomber sur sa tête, de façon à ne laisser qu’un peu de sa figure à découvert… et enfin comme cela !… » Et il poussa vers elle Anatole, qui lui appliqua un baiser sur les lèvres.

« Adieu, Matrëchka, c’est fini de mes folies ici ! ma petite colombe, adieu, et souhaite-moi bonne chance !

– Que le bon Dieu vous donne du bonheur, beaucoup de bonheur, » répondit-elle avec son accent bohémien.

Deux troïkas, tenues par deux jeunes cochers, stationnaient devant la maison : Balaga monta dans le premier traîneau, leva

Léon Tolstoï, La Guerre et la Paix, tome 2, 1865-1869.

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C'est le jour de mes 55 ans que j'ai trouvé à Die, dans une bibliothèque de rue, Parc Gorki (Édition originale, 1981 ; traduction française Robert Laffont, S.A., 1981) de Martin Cruz Smith que je cherchais depuis 5 ans puisqu'il est épuisé et non disponible dans les bibliothèques de Grenoble... Cette lecture fut finalement assez décevante mais peut-être parce que j'en attendais trop !


- Je ne devrai pas vous raconter ça.

- Mais si.

- Eh bien... fit Mendel en suivant Arkadi avec un cendrier, il y a environ deux ans, il existait un accord entre la Soyouzpoushinna et les éleveurs de fourrure américains. C'est comme ça qu'on dit : les éleveurs. Comme dans les westerns. C’était un accord portant sur les plus beaux animaux à fourrure : deux visons américains contre deux zibelines russes. Des visons superbes... ils continuent à se reproduire dans une de nos fermes collectives. Les zibelines étaient plus belles ; rien ne peut se comparer avec la zibeline russe. Toutefois, elles avaient un défaut mineur.

- Dites-moi.

- Elles étaient châtrées. Que voulez-vous, c'est illégal d'exporter des zibelines fertiles d'Union soviétique. Ils n'auraient pas dû s'attendre à nous voir enfreindre nos propres lois. Les éleveurs américains étaient furieux. En fait, ils ont même conçu un plan pour infiltrer un homme en Russie, voler des zibelines dans un élevage collectiviste et les faire sortir en fraude. Il a fallu un véritable ami pour nous renseigner sur les projets de ses compatriotes.

[...]

Les zibelines, c'est autre chose. On récolte en un an moins de cent mille zibelines bonnes pour l'exportation. Il n'y a pas de « train ». Chaque zibeline doit être examinée individuellement pour sa couleur et sa qualité. Si l'on recueille la peau une semaine trop tôt, il manque de l'épaisseur ; une semaine trop tard et l'éclat a disparu. Les enchères se font en dollars simplement parce que c'est la monnaie d’échange habituelle. A chaque vente, j'achète pour environ un demi-million de dollars de zibelines. [...]

- Comment les tue-t-on ? demanda Arkadi.

- Qui ça ? Osborne s'arrêta, son visage n'exprimant pas plus d'intérêt que si Arkadi avait fait une remarque sur le temps.

- Les zibelines.

- Par piqûres. Elles ne souffrent pas. Osborne reprit sa marche, d'un pas un peu moins rapide. De la brume s’accrochait à son bonnet de zibeline. Vous portez un intérêt professionnel à tout, inspecteur.

- Mais les zibelines sont si fascinantes. Comment les prend-on ?

- On peut enfumer leurs terriers. Ou les faire traquer jusque dans des arbres par des chiens esquimaux qui sont entraînés à la chasse à la zibeline ; on abat ensuite tous les arbres environnants et on déploie des filets.

- Les zibelines chassent comme les visons ?

- les zibelines chassent le vison. Il n'y a rien de plus rapide sur la neige. Pour elles, la Sibérie est un paradis.

[...]

*

*

Extrait de Le Tour du monde du roi Zibeline de Jean-Christophe Rufin (Gallimard 2017) :


"Aphanasie aimait entre toutes la zibeline blanche. Elle était parvenue à en apprivoiser une et elle la caressait des journées durant. Je ne me lassais pas de regarder ses longs doigts fins fourrager l'épaisse fourrure blonde. La zibeline est un petit animal qui semble fragile et qui pourtant survit à des climats extrêmes. Sa toison d'une douceur et d'une pureté incomparables la protège de tout. Hélas, c'est précisément à cause d'elle que les humains la chassent et la déciment. Aphanasie s'en désolait quand elle voyait les énormes quantités de peaux qui étaient apportées dans le village par les chasseurs.

[...] Un autre chef se leva alors et, en me félicitant, me dit qu'en tant qu'ampanscabé et malgache, il convenait que je choisisse un nom de roi, différent de celui que j'avais reçu à ma naissance. Cette demande me prit de court. Un silence attentif montrait que les chefs attendaient ma proposition avec curiosité. Je ne trouvais pas d'idée. Des images confuses se pressaient dans ma tête parmi lesquelles la plupart se référaient à la Sibérie. Dans la tiédeur tropicale, il me revenait bizarrement en mémoire des paysages de glace et des sensations presque agréables de froid intense et de lacs gelés. Des animaux couraient sur ces immensités hostiles, des bêtes à fourrure qui survivaient à tout, comme j'avais survécu moi-même, parce qu'elles conservaient en elle la chaleur de la vie. Et je revoyais les doigts si fins d'Aphanasie plonger dans l'épaisse toison de sa zibeline blanche.

- Zibeline ! m'écriai-je sans y penser.

Les chefs répétèrent ce mot qui leur était étranger mais qu'il leur plaisait de prononcer comme s'ils avaient fait fondre dans leur bouche la chair goûteuse d'un fruit inconnu.

- Le roi Zibeline !

Ils aimaient ces mots tombés du ciel comme la sentence d'un magicien et qui semblaient porter en eux les signes indéchiffrables du destin. "

*

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