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L'Araignée

Dernière mise à jour : 15 sept.



Étymologie

  • ARAIGNÉE, subst. fém.

ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Début xiie s. « toile d'araignée » (Psautier Oxford, Lib. Psalm., XXXVIII, 15 ds Gdf. Compl. : E defirre fesis sicume iraignee l'aneme de lui) ; début xiiie s. (Psautier, B.N. 1761, fo55d, ibid. : Sire, tu l'as ensi pugni que tu as fait s'arme atenuir ausi coume l'areignee) − 1740 Ac. ; 2. 1er quart xiiie s. « arachnide qui file une toile destinée à prendre les insectes dont elle fait sa proie » (G. de Coincy, Mir. Vierge, ms. Brux., f°67c, ibid. : Areignie ne barbelote) ; 1530 arigner (Palsgr.). Dér. de araigne* ; suff. -ée*.


Lire la définition du nom pour réfléchir à de premières interprétations symbolique

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Zoologie :


Selon Frans de Waal, auteur de Sommes-nous trop "bêtes" pour comprendre l'intelligence des animaux (Édition originale 2016 ; traduction française : Éditions Les Liens qui Libèrent, 2016) :


« Les invertébrés vont probablement continuer à défier les chercheurs en cognition évolutive. Anatomiquement très différents des vertébrés, mais partageant avec eux de nombreux problèmes de survie, ils offrent un terreau fertile à l'évolution cognitive convergente. Chez les arthropodes, par exemple, on a découvert que les araignées sauteuses savent, par ruse, faire croire à d'autres araignées que leur toile contient un insecte captif. La propriétaire de la toile s'empresse alors de venir tuer la prise – et devient elle-même la proie. A la naissance, les araignées sauteuses ne savent pas imiter un insecte pris dans une toile ; elles apprennent à le faire, semble-t-il, par essais et erreurs. Elles tentent une grande diversité de pincements et de vibrations aléatoires sur la soie d'une autre araignée, avec leurs palpes et leurs pattes, et remarquent simultanément les signaux qui attirent le mieux vers elles la propriétaire de la toile. Plus tard, à d'autres occasions, elles répéteront les plus efficaces d'entre eux. Ces tactiques leur permettent d'affiner leur imitation pour l'adapter à toute espèce victime ; c'est pourquoi les arachnlogues commencent à parler de cognition chez les araignées. »

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Symbolisme :


Selon les Cartes médecine, découvrir son animal totem (édition originale 1999 ; traduction française, 2010) de Jamie Sams et David Carson,


"L’Araignée a tissé la toile qui donna aux humains leur première vision de l’alphabet. Les lettres formaient les angles de cette toile.

Le Chevreuil demanda à l’Araignée ce qu’elle tissait et pourquoi toutes ces lignes faisaient figure de symboles. L’Araignée répondit : « Eh bien, Chevreuil, il est temps que les enfants de la Terre sachent enregistrer leurs progrès dans leur cheminement terrestre. » Le Chevreuil répliqua : « Mais les humains ont déjà des images qui expriment en symboles l’histoire de leurs expériences. »

« Oui, bien sûr. Mais les enfants de la Terre deviennent de plus en plus compliqués ; les générations à venir devront en savoir plus. Les humains de demain ne sauront pas déchiffrer les pétroglyphes. »

Et c’est ainsi que l’Araignée, créatrice cosmique, tissa l’alphabet primordial, comme elle avait tissé le rêve du monde avant qu’il ne se manifeste. Il y a des millions d’années, ce rêve de l’Araignée a porté fruit.

Le corps de l’Araignée a la forme du huit : deux lobes joints à la taille et auxquels s’attachent huit pattes. L’Araignée est le symbole des possibilités infinies de la création ; ses huit pattes représentent les quatre vents du changement et les quatre directions de la Roue de Médecine. Cette habile fileuse tisse la destinée de ceux qui se font prendre dans ses filets pour lui servir de nourriture : une destinée semblable à celle des humains qui se laissent berner par les apparences illusoires et trompeuses du monde physique et ne savent pas voir, au-delà de l’horizon, les autres dimensions de la réalité.

La toile de la destinée symbolise aussi la Roue de fortune qui ne laisse aucune place aux choix et aux solutions. C’est tout à fait humain de se laisser entraîner dans la dualité bien-mal, sans penser que l’on peut changer le cours des choses. Pourtant, il faut faire preuve de détermination pour changer le cours de nos vies, sinon nos peurs et nos limites auront vite fait de nous engloutir.

L’Araignée, c’est l’énergie féminine de la force créatrice, celle qui tisse les beaux destins. Sa toile compte des centaines de motifs élaborés qui captent la rosée du matin.

Si l’Araignée se balance au bout de son fil jusqu’à vos cartes, elle vous incite à créer, créer, créer ! Examinez donc tous les choix à votre disposition pour sortir de l’impasse. Autre possibilité : l’Araignée vous avertit peut-être que vous vous approchez dangereusement d’une situation embrouillée où vous risquez de vous emberlificoter. D’autre part, l’Araignée vous recommande peut-être d’écrire votre journal pour que vous vous rendiez compte des progrès que vous faites. Si vous décidez de le faire, vous n’oublierez plus jamais comment vous créez ces nouvelles étapes de votre vie.

C’est un message d’un nouveau genre que l’Araignée vous livre quand elle constate que, trop préoccupé par la trame de votre vie, vous oubliez de remarquer les occasions qui se présentent à l’extérieur. Si tel est le cas, la tisserande attire votre attention sur l’un de vos projets qui vient de porter fruit. Félicitations ! La grande fileuse vous a attrapé juste à temps ; vous alliez laisser passer cette occasion.

Mais le message le plus important de l’Araignée, c’est que nous sommes des créatures infinies et que nous continuerons, à travers le temps, de tisser des trames de vie. Arrêtez-vous et réfléchissez un peu à l’étendue du plan éternel.


A l’envers : L’aspect contraire de l’Araignée s’apparente au côté négatif de la femme. L’Araignée ira jusqu’à dévorer son partenaire si elle se prend tellement au sérieux qu’elle en oublie d’apprécier la valeur de l’énergie masculine. Pourtant, le guerrier qu’elle côtoie pourrait équilibrer les forces.

Si vous dédaignez votre partenaire (masculin ou féminin) et que vous vous sentez tout à fait supérieur, vous ne respectez ni votre côté masculin ni votre côté féminin. Vous n’êtes pas actuellement engagé dans une relation ? Peu importe, vous avez peut-être choisi de harceler un membre de votre famille ou un collègue de travail. Ce genre de critiques négatives ne sert qu’à détériorer les relations ; elles reflètent quelque chose que vous haïssez à l’intérieur de vous. Si vous souhaitez nourrir ainsi votre ego, la partie est perdue d’avance. Vous êtes emmêlé dans le voile de vos propres illusions et vous ne savez plus vraiment qui vous êtes. Il est temps d’examiner pourquoi vous critiquez tant les autres et quelle faiblesse alimente votre besoin d’attaquer tout le monde.

Si ceci ne s’applique pas à votre situation, examinez un autre message que livre l’Araignée à l’envers : le manque de créativité. Quand vos talents ne servent plus à tisser la toile, ce manque de créativité peut engendrer destruction et carnage. Si vous vous enlisez dans un bourbier et que vous êtes incapable de faire un pas dans la bonne direction, il vous arrivera d’en vouloir à ceux qui réussissent. Ce ressentiment engendrera la Veuve noire qui vous engloutira tout entier et... vous serez le seul être à pleurer votre perte.

Allez, bougez, remuez, trouvez joie et idées nouvelles dans les réalisations des autres ; utilisez-les pour vous propulser dans une nouvelle phase de tissage où vous créerez votre propre toile de délices et de joie. Observez la toile d’Araignée et prenez plaisir aux idées que vous exprime son langage universel."

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Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"L'araignée apparaît tout d'abord comme une épiphanie lunaire, dédiée au filage et au tissage. Son fil évoque celui des Parques, mais sa toile qu'est-elle ? La Bible et le Coran s'accordent à souligner sa fragilité :


Il s'est bâti une maison d'araignée,

Il s'est construit une hutte de gardien :

riche il se couche mais c'est la dernière fois ; quand il ouvre les yeux, plus rien.

(Job, 27, 18)

Mais la demeure de l'araignée

est la plus fragile des demeures. (Coran, 29, 40)

Cette fragilité évoque celle d'une réalité d'apparences illusoires, trompeuses. L'araignée est-elle donc l'artisan du tissu du monde ou celui du voile des illusions, cachant la Réalité Suprême ? C'est bien la question que pose, en Inde, dès le deuxième millénaire avant le Christ, dans les plus anciens textes védiques, le mythe, différemment interprété, de Maya, la shakti ou compagne de Varuna. Pour la philosophie bouddhiste, Maya évoquera une réalité illusoire, parce que "vide d'être" c'est-à-dire dépourvue de tout substrat métaphysique. Pour le Brahmanisme, au contraire, la réalité, c'est l'existence qui est "vraie" puisqu'elle est une manifestation de l'essence : le voile de Maya ; comme la toile de l'araignée, exprime la beauté de la création et Maya est une déesse prestigieuse.

Cette dialectique d'où procède l'ambivalence symbolique de l'araignée, la situant au centre de la problématique de l’hindouisme et du bouddhisme, c'est donc aussi la dialectique essence / existence, que l'on retrouve au départ même de la culture méditerranéenne, si l'on examine attentivement l'organisation du mythe d'Arachné.

Athéna, déesse de la Raison Supérieure, puisque fille de Zeus sortie toute armée de son crâne, est la maîtresse du tissage. Arachné, jeune lydienne, qui n'est qu'une vulgaire mortelle, est si douée en cet art qu'elle ose y provoquer la divinité. Toutes deux s'installent face à face, devant leur métier. Athéna brode les douze dieux de l'Olympe dans toute leur majesté, et, aux quatre coins de l'œuvre, évoque les châtiments encourus par des mortels qui ont osé les défier. En réponse à cette image transcendantale d'une réalité supérieure, interdite aux humains, Arachné dépeint, elle, les amours des Dieux pour de vulgaires mortelles. Et Athéna, outragée, frappe la jeune fille de sa navette. Arachné veut alors se pendre ; Athéna lui sauve la vie, mais la métamorphose en l'araignée, qui ne cessera de se balancer au bout de son fil. Le défi de la mortelle à la déesse a bien quelque chose de sartrien, il place ce monde avant l'autre, subordonnant l'Olympe lui-même aux passions humaines. L'araignée, à la toile aujourd'hui dérisoire, symbolise aussi la déchéance de l'être qui voulut rivaliser avec Dieu : c'est l'ambition démiurgique punie.


Tout le symbole de l'araignée est donc contenu dans un fonds culturel indo-européen, sujet à maintes interprétations, que l'on retrouve disséminées, isolées ou séparées, dans une infinité d'aires culturelles.

Ainsi peut-elle aisément faire figure de créatrice cosmique, de divinité supérieure, de démiurge. C'est le cas dans de nombreuses populations.

Chez des peuples d'Afrique occidentale, Anansé, l'araignée, a préparé la matière des premiers hommes, créé le soleil, la lune, les étoiles. Ensuite, le dieu du ciel, Nyamé, a insufflé la vie en l'homme. L'araignée continue de remplir une fonction d'intercesseur entre la divinité et l'homme ; comme un héros civilisateur, elle apporte les céréales et la houe.

Des mythes de Micronésie (les Gilbert) présentent Nareau, le Seigneur araignée, comme le premier de tous les êtres, comme un dieu créateur.

Les Achantis ont fait de l'araignée un dieu primordial : l'homme a été créé par une grande araignée. Une légende malienne la décrit comme le conseiller du dieu suprême, un héros créateur, qui se déguisant en oiseau, s'envole et crée à l'insu de son maître le soleil, la lune et les étoiles... puis règle le jour et la nuit, et suscite la rosée

Tisseuse de la réalité, elle est donc maîtresse du destin, ce qui explique sa fonction divinatrice, très largement attestée de par le monde. Chez les Bamoun du Cameroun, par exemple, l'araignée mygale a reçu du ciel le privilège de déchiffrer l'avenir... Dans le bestiaire de l'art Bamoun, le Ngaame (un autre de ses noms) dispute la première place au serpent royal... Sa signification est universelle. Liée au destin de l'homme, un drame de sa vie terrestre, la divination par le Ngaame a créé une technique du déchiffrement des signes... Elle consiste à placer sur l'orifice du trou de la mygale des signes que l'animal bouscule la nuit et transforme en message. A travers eux, le devin cherche la guérison, la protection contre l'ennemi, la joie de vivre.

La mantique par l'araignée était couramment pratiquée dans l'ancien Empire des Incas du Pérou. Le devin découvre un pot dans lequel est conservée l'araignée divinatrice. Si aucune de ses pattes n'est pliée, l'augure est mauvais.

Enfin l'araignée devient parfois un symbole de l'âme ou un animal psychopompe. Chez les peuples altaïques d'Asie centrale et de Sibérie, notamment, elle représente l'âme libérée du corps. Chez les Muisca de Colombie, si elle n'est pas l'âme, c'est elle cependant qui, sur un bateau en toile d'araignée, transporte à travers le fleuve les âmes de morts qui s'en vont aux Enfers. Chez les Aztèques, elle devine même le symbole du dieu des Enfers. Chez les Montagnards du Sud Vietnam, l'araignée est une forme de l'âme, échappée du corps pendant le sommeil ; tuer l'araignée, c'est risquer de provoquer la mort du corps endormi.

Toutes ces qualités : démiurgisme, mantique, conduite des âmes, et donc intercession entre les deux mondes de l'humaine et de la divine réalité, font que l'araignée symbolise aussi un degré supérieur d'initiation. Chez les Bambara, par exemple, elle désigne une classe d'initiés qui ont atteint l'intériorité, la puissance réalisatrice de l'homme intuitif et méditatif.

Cette intériorité, évoquée par l'araignée menaçante au centre de sa toile, c'est au contraire, pour un analyste, un excellent symbole de l’introversion et du narcissisme, l’absorption de l'être par son propre centre (Baudoin).

Mais cette image enveloppante et centripète ne doit pas faire oublier cette autre image de l'intercesseur que constitue l'araignée balancée comme un yoyo au bout du fil qu'elle semble vouloir constamment remonter. On y décèlera un contenu sexuel latent parfaitement corroboré par les études faites dans les Pouilles et en Sardaigne sur le tarentulisme et les accessoires de sa mise en scène. Au plan mystique, ce fil évoquera le cordon ombilical, ou la chaîne d'or reliant la créature au créateur, et par laquelle celle-là tente de se hisser vers celui-ci, thème évoqué par Platon et qui sera repris par le Pseudo-Denys l'Aréopagite : Efforçons-nous donc par nos prières de nous élever jusqu'à la cime de ces rayons divins et bienfaisants, de la même façon que, si nous saisissons, pour l'entraîner constamment vers nous de nos deux mains alternées, une chaîne infiniment lumineuse qui pendrait du haut du ciel et descendrait jusqu'à nous, nous aurions l'impression de l'attirer vers le bas, mais en réalité notre effort ne saurait la mouvoir, car elle serait tout ensemble présente en haut et en bas et c'est nous plutôt qui nous élèverions.

L'unité de la pensée indo-européenne se retrouve une fois encore ici, car les Upanishad dont de l'araignée s'élevant le long de son fil un symbole de liberté. Le fil du yogi, c'est le monosyllabe Aum ; grâce à lui, il s'élève jusqu'à la libération. Le fil de l'araignée est le moyen, le support de la réalisation spirituelle."

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Selon Nicki Scully, auteure de Méditations de l'animal pouvoir, Voyages chamaniques avec les alliés esprits (éditions originales 1991, 2001 ; traduction française : Guy Trédaniel Éditeur 2002),


"Grand-Mère araignée a été vénérée par de nombreuses cultures indigènes en tant que tisseuse de l'univers. Les Lakota l'appellent Inktomi, ou Iktomi, ou Ktomi (les Dakota l'appellent Unktomi), mais Inktomi est l'image du "Filou", auteur de toutes les farces douteuses qui donnent aux êtres la configuration risible qui est la leur. L'araignée nous apprend à durer dans notre présente réalité tout en comprenant notre relation individuelle avec la création dans son intégralité - sa toile est une métaphore pour les pensées qui expriment notre paysage intérieur. Beaucoup de gens considèrent la Grand-Mère Araignée comme l'être le plus ancien ; dans certaines traditions, notre monde est venu à l'existence en conséquence de la toile qu'elle a tissée au commencement. En Inde, l'Araignée est associée à l'Âtam^(le Soi), ou à Mâyâ (la magicienne, le pouvoir d'illusion cosmique).

Nous filons notre toile d'énergie que nous projetons dans toutes les directions et dans toutes les dimensions. Comme les fils de soire qu sont de la substance du corps même de l'araignée, chacune de nos vagues d'énergie porte notre vibration propre, notre signature unique. Ces motifs sont la composition de tut ce que nous sommes et savons et avons touché. Nous touchons ce chant vibratoire de nous-mêmes à toutes choses, et toutes choses nous chantent en retour, définissant notre place personnelle dans le cosmos.

Les Araignées communiquent les unes avec les autres en pinçant différents fils de leur toile ce qui produit les vibrations vues, senties, et entendues, dans tout l'univers. La plus légère vibration s'enregistre dans la toile. Toute cette information est partagée - indéfiniment.

Le centre de l'univers, est là où l'Araignée se tient sur sa toile individuelle. L'Araignée sait comment marcher sur sa propre toile - quels sont les fils à saisir, et quels sont ceux à éviter. Elle ne marche pas sur le fil collant où elle serait prise au piège. Vous remarquerez que l'Araignée ne place pas les fils collants au centre sa toile, car c'est le centre d'elle-même. Certaines de nos pensées sont collantes aussi, et elle peuvent nous embrouiller de la même façon que les fils épais de l'Araignée font prisonnière sa proie. D'autres pensées, comme le cadre de sa toile, sont fortes et architectoniques. Par exemple, l'Araignée nous enseigne le discernement - elle nous aide à connaître les pensées auxquelles s'accrocher, et celles qu'il convient de laisser passer. L'Araignée est toujours attentive, comme vous devez l'être dans votre voyage avec elle.

Les fils collants de la toile d'Araignée peuvent être comparés à la structure matérielle du monde - mâyâ, l'illusion. Mais comme le savent ceux qui ont l'expérience de la méditation, la seule chose que nous connaissons vraiment, c'est la nature transitoire de nos pensées. L'Araignée nous apprend à avoir la même relation avec notre mental que celle qu'elle entretient avec sa toile. Vous pouvez toujours faire appel à l'Araignée, pour la clarté de vision, quand vous vous sentez pris dans les fils de votre mental et la mâyâ de notre réalité tridimensionnelle.

Moins connue, mais tout aussi profonde, est la qualité de guérisseur de l'Araignée. La soir d'Araignée est lus résistante que l'acier. Une cuillerée à café de cette soie fine peut tisser un million de toiles ! Les Indigènes recouvraient les blessures de toiles d'araignée fraîche. Avec le même genre de soir qu'elle utilise pour envelopper sa proie, l'Araignée peut réparer les déchirures des tissus intérieures et extérieurs, et tisser une toile qui peut assurer la cicatrisation. Une fois que vous avez établi une relation avec l'Araignée, vous pouvez faire appel à elle pour qu'elle vous aide à guérir.

L'Araignée a tissé la Création, précédant tout... Notre réaction à sa nature étrange va du respect à la terreur, à la répulsion. Quand nous voyageons avec l'Araignée, nous avons une occasion inhabituelle d'être juste avec la sensation de respect. Parce que la Terre est constamment en mouvement dans l'univers,nous entrons dans les domaines de différents tisserands, car la localisation de notre planète change. Cela signifie que, chaque fois que vous ferez le voyage de l'Araignée, vous rencontrerez une nouvelle Araignée, et que vous sera montré quelque chose d'entièrement différent.


[Le Voyage de l'Araignée fait partie, au même titre que celui du Chameau, de la Girafe, du Lézard cornu, du Loup, du Pélican et du Mustang des] Voyages de Libération. Cette section est consacrée à débarrasser la voie de la libération des contraintes des pensées et croyances limitées. Les vieux modèles sont abandonnés, laissant la place à des visions nouvelles, élargies, qui génèrent une connexion plus grande avec l'Ensemble de la Nature.


Voyage de l'Araignée

[Faites l'Alchimie du Chaudron et venez en présence de Thoth ...]

Quand vous rencontrez Thoth, il est sur un fil d'une énorme toile, dont vous ne pouvez voir qu'une petite portion de là où vous êtes. Quand votre attention se concentre sur le fil de soie, vous pouvez entendre la vibration de la toile et voir que cete vibration établit un motif de lumière ; vous pouvez imaginer que cette vibration établit un motif de lumière ; vous pouvez imaginer que cette vibration de la toile d'Araignée se déplace dans l'univers et interagit avec les autres toiles...

Prenez le temps de noter où vous êtes, en relation avec ces autres toiles.

[Pause]

Tendez la main et touchez le fil. Instantanément, vous faites partie de la toile, et vous suivez le filament, hors de notre atmosphère, et au centre de la toile d'Araignée cosmique, géante...

Quand vous vous rematérialisez, vous vous retrouvez face à une Araignée géante. Remarquez que vous ne percevez qu'une partie de l'Araignée, car l'autre partie est toujours dans une autre dimension. Tandis qu'elle tisse sa toile, elle crée la "mâyâ" que nous pensons être notre réalité tridimensionnelle. Prêtez attention à l'Araignée quand elle tisse un nouveau fil. A partir du tissage, espace et temps sont créés. Observant son tissage, vous réalisez qu'il n'est pas nécessaire que vous soyez pris au piège de cette réalité tridimensionnelle. Avec cette reconnaissance de la possibilité, simultanée, vient la réalisation de ce que toutes choses sont interconnectées.

Maintenant, vous avez une occasion de la^cher prise à votre identité individuelle et de recevoir le don de la perspective de l'Araignée. De l'endroit où elle se tient, vous pouvez non seulement voir la terre, mais aussi le reste de notre système solaire, notre galaxie, et le cosmos au-delà. Vous êtes sur l'un des nombreux milliards de toiles, chacune s'étendant et ondoyant dans une frénésie de croissance qui est continue et infinie.

[Longue pause]

La perspective de l'Araignée est très différente de la nôtre, et beaucoup plus vaste, mais elle nous permet de voir les connexions entre la toile individuelle et les autres toiles du cosmos. L'Araignée pince un fil, et fait vibrer sa toile... Remarquez que cette toile vibrante est sécante aux autres toiles tissées par d'autres araignées. A chaque intersection, se trouve le point de connexion où la matière est en ignition et prend forme. Les points d'intersection donnent de la force à la création. La relation entre les milliards d'Araignées qui filent, pincent, et se déplacent sur leurs toiles crée les galaxies, les étoiles et les planètes, que cous appelons notre univers...

Prenez le temps de reconnaître le spectre entier de l'existence et de la reconnaître... [Longue pause]

Maintenant, de cette perspective élargi, l'Araignée vous donne une occasion de regarder la terre sans jugement, et de voir ce qui doit être fait dans votre sphère d'influence. Quand vous reviendrez sur le plan matériel, peut-être serez-vous capable d'offrir de nouvelles contributions... [Pause]

Quand votre expérience sera achevée, exprimez votre reconnaissance et votre appréciation à l'Araignée pour les connaissance que vous avez reçues...

Pour retourner à la réalité ordinaire, commencez à vous concentre sur le retour à votre monde individuel, au centre de votre propre univers... L'Araignée commence à faire vibrer les fils tout autour de vous, vous entourant de vibrations de lumière et de son. Quand la lumière et le son commencent à se solidifier, ils prennent lentement la forme de votre environnement physique...

Partagez votre expérience avec Thoth et recevez toute information ou message qu'il a pour vous à ce moment...


[Thoth vous aidera à revenir dans votre conscience ordinaire... Veillez à bien vous enraciner et vous centrer avant d'ouvrir les yeux...]


Mots-clefs : Respect / Tisser la création."

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Dans Rencontre avec votre animal totem (édition originale 2010, traduction française 2015), Phillip Kansa et Elke Kirchner nous proposent la fiche suivante sur l'araignée :


"Caractéristiques positives : Lien à la conscience supérieure - signe de chance.


En quoi cet animal m'aide : L'araignée tisse un mince fil jusqu'à ton moi supérieur, tes anges et tes aides spirituelles. Elle t'offre une connexion au Ciel. Tu y trouves des réponses à toutes tes questions existentielles. Pour de nombreuses tribus indiennes d'Amérique du Nord, une rencontre avec une araignée porte bonheur.


Comment l'araignée me protège : L'araignée, en tant qu'animal totem, t'empêche d'oublier, dans l'effervescence quotidienne, ton lien aux dimensions et aux êtres lumineux supérieurs. Si tu as besoin du conseil d'un guide spirituel, invoque l'araignée. Elle tisse le lien pour toi. Prends le temps, dans le silence, d'écouter ses messages. L'araignée t'incite à tisser un lien d'amour vers tous les êtres.


Exercice pour me relier à cet animal : Assieds-toi dans un endroit calme. Détends-toi et invoque intérieurement ton araignée. Tu la vois devant ton œil mental. Demande-lui de tisser le lien que tu souhaites. Écoute en toi jusqu'à entendre, voir ou sentir une réponse ou un message. Remercie l'araignée quand le moment sera venu pour toi de revenir dans l'ici et maintenant, et note tes découvertes par écrit."

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Pour David Carson, auteur de Communiquer avec les animaux totems, puisez dans les qualités animales une aide et une inspiration au quotidien (Watkins Publishing, 2011 ; traduction française Éditions Véga, 2011), l'araignée appartient à la famille des Qualités intérieures, au même titre que le serpent, la taupe, la tortue, le faucon, le singe, le phénix, le jaguar, le chat, l'éléphant, le loup, le lion, l'ours grizzly, le corbeau et la corneille, le gorille, le crocodile, le bison et le dragon.

Qualités intérieures : Le rythme effréné du monde dans lequel nous vivons - exigences du travail, évolution technologique et pressions financières - nous fait aisément oublier notre parenté aux animaux. Il est encore plus facile de négliger notre esprit animal, personnel et intérieur, où nous pouvons puiser force, sagesse et conseils.

Il existe diverses façons de nous reconnecter à nos guides intérieurs. L'une d'elles est de fournir un effort conscient pour trouver l'animal qui compense les faiblesses que nous sentons en nous-mêmes - le lion peut pas exemple nous aider à combattre notre timidité. Une autre approche consiste à identifier un ou plusieurs animaux avec lesquelles nous sentons une affinité particulière et à travailler en lien étroit avec eux sur une large gamme de problèmes et de peurs. Ce chapitre sonde es créatures susceptibles d'offrir un éclairage intérieur particulier sur notre caractère et notre psyché. [...]


L'araignée vous aide à vous fabriquer un nouveau modèle d'existence et à tisser du lien. Apprenez de sa créativité et inscrivez votre vie et votre espace personnel dans un motif qui soit fort et beau. Au sein de la grande toile de la vie, apprenez à rester connecté et à ressentir, comme l'araignée, le réseau psychique tut autour de vous. Laissez vos fils d'or et d'argent créer des liens et attirer à vous tout ce qui est important et nécessaire à votre vie.

Maîtres antiques du néant, les araignées ont le toile pour chemin. Elle enseigne que tout est lié, et envoie des fils choisis aux motifs géométriques précis.

Les fils de la vie transmettent des informations et permettent à ce qui est loin d'arriver jusqu'à nous. Parcourant sa toile en mouvements spiraux, l'araignée maîtrise la circularité de l'énergie. Elle est indissociable de sa toile - tout comme le musicien de son instrument - la mélodie de la vibration transmettant exactement la nature et la condition de ce qui est pris dans la toile. Extension de l'être araignée entier, la toile est un moyen de communication qui transmet de cruciales vibrations, renseignant sur le vent, une feuille ou de la nourriture.

Seattle, chef de la tribu amérindienne des Suquamish, comprit le pouvoir de l'araignée. vers 1880, il prononça ses mots : "ce n'est pas l'humanité qui a tissé la toile de la vie. Nous n'en sommes qu'un fil. Tout ce que nous faisons à la toile, nous le faisons à nous-mêmes. Tout est lié. Tout communique."

Si l'araignée est votre esprit animal, réveillez votre pouvoir de créer du lien. Lancez loin vos fils et ramenez ce dont vous avez besoin. Écoutez ce qui aime votre toile en restant connecté au monde. L'araignée nous apprend à travailler en harmonie avec les énergies de la nature. Baignez-vous dans le soleil. Laissez le vent vus caresser ; votre fine toile est solide, vos filaments de soie ne céderont pas.


Mot-clé : Tisser du lien


Méditation toile d'araignée

Vous pouvez utiliser cette méditation de multiples façons - pour des problèmes de santé par exemple, ou pour vous relier à la chaîne de la vie.

  1. Asseyez-vous dans un endroit confortable où vous ne serez pas dérangé. faites quelques profondes respirations. Débarrassez-vous de toutes les tensions qu vous encombrent. Continuez à respirer profondément jusqu'à être centré, calme, paisible et détendu.

  2. Imaginez un petit cercle autour de vous. Celui-ci est le vôtre, il n'est à personne d'autre. Invitez dans votre cercle le pouvoir du Grand Mystérieux, un pouvoir sans jugement, qui vous transmet uniquement de l'amour inconditionnel. Savourez ce sentiment.

  3. Élargissez votre cercle au-delà de votre corps, toujours centré et détendu. Invoquez maintenant les pouvoirs de Mère Araignée, la grande tisseuse, pour transformer notre cercle en toile. Observez cette transformation, depuis le centre de la toile où vous vous trouvez.

  4. A présent, nommez votre toile - toile des relations, par exemple, de l'argent ou de l'esprit. Cette toile est la vôtre - baptisez-la et revendiquez -la.

  5. Examinez-la avec votre œil guérisseur, le Troisième Œil. Détectez toute anomalie, toute chose prisonnière de la toile ; observez les moindres trous ou irrégularités.

  6. Vous allez maintenant réparer votre toile. Demandez ce qu'il faut faire pour réparer les dégâts. Vous faut-il changer de comportement ? Devez-vous relever des défis ou accepter les choses ? Écoutez la réponse et acceptez d'agir en fonction.

  7. Terminez votre méditation en remerciant Mère Araignée pour son aide.


Capteurs de rêve et d'âme

Dans certaines cultures amérindiennes, les capteurs de rêve et d'âme sont utilisés comme objets sacrés. Les capteurs d'âme se composent d'une toile, faite de ficelle attachée à un cadre circulaire, et sont placés sur les autels pour attraper les bons esprits, et les faire passer dans notre niveau d'existence, pour nous aider. Les capteurs de rêve sont munis d'une corde de grains partant du centre de la toile pour attraper les bons rêves, lesquels descendent le long des grains jusqu'au monde onirique du dormeur. Vous pouvez u ajouter un petit fétiche de votre animal spirituel, pour vous aider à communiquer avec lui dans vos rêves."

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Dans son jeu de carte L'Oracle du peuple animal (Guy Trédaniel Éditeur, 2016), Arnaud Riou regroupe les animaux par famille. L'araignée appartient selon lui à la famille de la posture avec la tortue, le taureau, le cerf, l'aigle, la baleine, le lion, le cygne, le gecko et le sanglier.


"La posture. Les animaux en lien avec la famille de la posture vous invitent avant tout à vous aligner à vos valeurs. Lorsque nous ne sommes pas alignés, nos actions sont impulsives, réactives et émergent de la partie la plus superficielle de notre ego. Il est nécessaire alors de nous centrer, de nous relier à notre colonne vertébrale, à nos valeurs, à la profondeur de notre être. Les animaux de cette famille nous aident à mieux nous aligner pour nous retrouver.

[...] Nous cherchons tous à trouver notre place sur la Terre, à donner du sens à notre existence, à être utiles, à trouver notre voie. Nous avons besoin de vivre une vie pleine de réalisations matérielles et spirituelles, nous avons besoin d'entretenir des relations sereines et constructives. Nous avons besoin de voyager, de nous développer, d'évoluer. Pour suivre notre route, nous sommes amenés à choisir, à nous engager, à décider. Parfois, nous manquons de critères pour faire les bons choix.

Les animaux ne se projettent pas comme les humains en permanence. Ils n'ont pas un tempérament à calculer, à imaginer ce que la vie leur réserve. Les animaux s'occupent avant tout de leur posture. Ils n'anticipent pas plusieurs jours à l'avance les rencontres qu'ils aimeraient faire, la forme qu'ils aimeraient donner à leur prochain nid ou la personnalité de leurs prochains enfants. Ils ne se demandent pas pendant des heures la façon dont ils aimeraient aborder tel partenaire. Ils se contente d'aligner leur posture à leur véritable nature et d'agir naturellement.

Aligner sa posture, c'est habiter son corps, respirer profondément. C'est être présent à son cœur, le laisser résonner sans effort, être ouvert, c'est ouvrir son esprit à l'inconnu. C'est s'aligner sur ses valeurs. Écouter la façon dont notre corps réagit à tout nouveau choix, nouvelle direction, nouvel engagement. Lorsque nous sommes alignés dans une posture juste, nous n'hésitons plu au moment de choisir : les bonnes directions nous apparaissent spontanément et sans effort. Nous rencontrons facilement les bonnes personnes avec qui nous allons réaliser des projets fructueux. C'est à cet alignement que les animaux de la posture vont nous accompagner. [...]

Tisse ta toile, relie toutes les facettes de toi-même,

Unis chaque partie de ton être à partir de ton centre,

Alors, tu connaîtras la paix.

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La carte représente une toile au centre de laquelle repose une Araignée. La toile est tissée entre deux arbres. Quelques gouttelettes de rosée nous indiquent que nous sommes à l'aube, à la frontière entre la nuit et l'aube. La lumière est encore tamisée. Au lointain, on aperçoit le clocher d'une église. L'Araignée est discrète, le corps fin et les pattes fines.

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L'Araignée est un puissant totem. Elle symbolise à l'excellence l'énergie féminine apaisée. Le yin parfait. L'idéal de la réceptivité, de l'intelligence du non-faire et de l'habileté à recevoir. L'Araignée incarne le féminin, la réceptivité, le silence, l'écoute.

L'Araignée bâtit sa toile à la fois pour y vivre, s'y protéger, pour chasser, s'y reproduire et y élever ses enfants. Une fois sa toile tissée, l'Araignée est capable d'attendre des jours entiers sans bouger. Elle est au centre de son mandala. Elle est à sa place et cela lui suffit. Tout dans l'énergie de l'Araignée invite à l'immobilité, à la confiance, plutôt qu' la course effrénée. L'immobilité n'est pas l'immobilisme. L'Araignée ne s'active que lorsqu'elle pose un acte vital. Lorsqu'elle est immobile au cœur de sa toile, elle n'en bouge que lorsqu'elle reconnaît la vibration d'un insecte qui vient de s'y coller. Alors, en quelques secondes, elle le paralyse de son venin pour l'emprisonner et le conserver à l'abri. Cette patience de chasseuse lui permet de jeûner plusieurs mois dans l'immobilité.


Lorsque l'araignée vous apparaît dans le tirage, c'est souvent pour interroger votre aptitude à rester dans l'immobilité. savez-vous recevoir ce que la vie vous donne sans être toujours dans l'action ? Êtes-vous prêt à faire ce vide ? A vous laisser toucher, à recevoir ?

L'Araignée nous invite à la patience, à l'accueil de ce qui est. L'Araignée est également un tisserand exemplaire qui tisse sa toile comme on tisse sa vie. Sa toile est une oeuvre d'art tant sur le plan géométrique, mathématique qu'esthétique et poétique. Le tout est cohérent et dans un équilibre parfait des éléments. Lorsque l'Araignée tisse sa toile, elle le fait dans une parfaite concentration. C'est l'incarnation d'une oeuvre mathématique aboutie. Enfin l'Araignée fait peur es est souvent le miroir de nos phobies, de nos fantasmes et de notre côté sombre. Recevoir la visite de l'Araignée, c'est aussi une invitation à regarder notre ombre et à accueillir avec bienveillance cette partie mystérieuse de notre humanité.


Mots-clés : La réceptivité - Le féminin - L'écoute - La méditation - Le silence - Le non-agir - L'agilité - Le mandala - La structure - L'architecture - La structure - L'harmonie.


Signification renversée : Lorsque l'Araignée apparaît dans sa forme renversée, c'est pour vous inviter à identifier l’équilibre de l'action et du non-agir. Car l'immobilité est totalement liée à la production. Tout le règne végétal est immobile et silencieux pendant l'hiver pour permettre à la vie de se régénérer au printemps. Mais si la nature est silencieuse en hiver, elle n'est pas morte pour autant. Si vous êtes dans une période d'immobilité, avez-vous la sensation que cette période est fructueuse sur un autre plan ? Acceptez-vous l'immobilité ? L'accueil et le silence ? L'Araignée dans sa forme renversée peut vous interroger sur un envahissement. Vous sentez-vous pris dans la toile d'un proche ? D'une situation ? Vous laissez-(vous kidnapper dans une situation en perdant votre libre arbitre ?


Le message de l'Araignée : Je suis l'Araignée. J'incarne le féminin, le silence, le non-agir, la méditation. Lorsque je tisse ma toile, je suis rigoureuse, j'organise la forme de mon destin avec précision. Mon univers est bâti sur une forme géométrique parfaite. Mon silence et mon intériorité me permettent de connaître et de maîtriser la perfection dans chacune de mes actions. Je ne me disperse pas. Je sais contenir mon énergie vitale. Je viens te visiter pour te transmettre l'art du non-agir. Si tu l'acceptes, je t'enseignerai le silence, la plénitude et la patience. Je t'apprendrai à poser dans ta vie les actes justes. Car la perfection est déjà en toi. L'univers attend de toi que tu exposes au monde la géométrie parfaite de ta toile. Il ne tient qu'à toi d'être le tisserand de ta vie. Ta toile ne ressemble à aucune autre. Tu es unique. Aussi, je te le demande, es-tu prêt à venir jusqu'à moi ? Je te préviens, je ne viendrai pas te voir. Tu n'as aucune raison d'avoir peur. C'est toi qui viendras à moi lorsque tu sentiras dans tout ton corps que c'est le moment pour toi. Moi, je ne bouge pas, je suis la réceptivité même. Viens à moi. Viens à moi sans bouger. Par la force de ton esprit. Alors, je te transmettrai l'art de vivre sur ton royaume. car avec moi, tu es appelé à régner.


Le rituel de l'Araignée : Je me relie au deva de l’Araignée, grand esprit des arachnides. Je souhaite moi aussi tisser ma toile, me poser au centre de mon mandala. J'ai besoin de me recentrer, de revenir au cœur de mon espace.

Je respire profondément. Je me visualise au centre d'un cercle. Dans une dimension magique et imaginaire. Je me visualise au centre d'un mandala. Puis, je visualise chaque dimension de mon existence. Ma vie professionnelle, amoureuse, amicale, familiale. A chaque chapitre, je visualise l'harmonie. Je me visualise entreprendre des relations apaisées avec mes parents, mes enfants. Je me vois parler avec assurance, calme et bienveillance. Après chaque action, chaque parole, chaque geste, je reviens à mon centre. Je reviens à ma colonne vertébrale, le centre de mon être. Je me visualise dans l'abondance, recevoir ce dont j'ai besoin. Je visualise mon énergie créatrice comme une source perpétuelle, toujours en mouvement. Je visualise ainsi réalisées toutes les situations qui ont besoin de l'être. Dans cette visualisation, je demeure immobile. Je laisse venir ce qui est. Je suis en paix.

Je peux réaliser un mandala sur mon cahier. En dessinant symboliquement mon espace intérieur, mon métier, mes relations amicales, amoureuses. Je dessine ce mandala sans réfléchir, puis je médite sur le dessin symbolique de mon environnement."

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Sophie Ékoué, auteure de Sagesses africaines (Hachette, 2016), nous apprend que :


"dans de nombreuses cultures, l'araignée est admirée pour sa capacité à tisser des toiles complexes, miracles d'ingénierie biologique. La plupart des Africains pensent aussi que l'araignée a joué un rôle de messager dans le grand commencement du monde. Elle désigne en tant que simple animal le degré supérieur de puissance qu'un initié bamana peut atteindre par rapport à l'intuition et à la méditation. L'araignée est le tisserand du destin, elle est aussi symbole de malices. L'araignée est associée à des significations symboliques qui combinent l'ombre et la lumière.


L'araignée dans les contes : Parmi tous les animaux des contes, il en est un qui traverse toutes les cultures. C'est le personnage de l'Araignée.

De façon générale, ce personnage représente la ruse. Il est capable d'affronter toutes les situations et d'ne sortir vainqueur. Il passe sont temps à jouer des tours aussi bien aux puissants qu'aux plus faibles. Il est par nature pervers et aime faire du mal, même à ceux qui l'aident. Il inspire la méfiance. Mauvais père et mauvais mari, il est avare et paresseux, mais il ne baisse jamais les bras devant l'adversité. Entre ce qu'il dit et ce qu'il fait, il y a un fossé". C'est un vantard qui n'a pas son pareil. Et un ingrat.

Dans les contes, ce personnage représente tout ce qui est condamnable dans la société : la méchanceté et surtout l'égoïsme. Car c'est vraiment par égoïsme que l'Araignée s'évertue à inventer les ruses. Et il n'épargne personne. Ni sa femme ni ses enfants, n même Dieu. Les rois et tous les puissants ont une dent contre lui, tant qu'il ne rate jamais sa cible. Il arrive aussi que son propre stratagème tombe sur lui par cupidité ou impatience. Il arrive qu'il trompe Dieu, mais il ne gagne pas à tous les coups.

Le personnage de l'Araignée est souvent lié à celui du Lièvre. Araignée et Lièvre sont les deux composantes du même personnage : celui du Malin. Mais si le Lièvre est plutôt sympathique, il n'en est pas de même pour l'Araignée. Il est la somme de tout ce que la société rejette chez un individu.

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Le 7 avril 2021, Gabriel, créateur du site www.zooastro.com qui développe le concept d'Animal Astral, nous fait part de ses recherches : « Plus précis que le Signe Astrologique et plus personnel que l'Animal Totem, l'Animal Astral reflète la personnalité de chacun. L'Animal Astral propose de reconnecter chacun avec la biodiversité, et de découvrir quels pouvoirs la Nature a développé dans le règne animal, source d'inspiration et de développement personnel pour nous les humains. Il existe 144 animaux astraux regroupés en 12 grandes familles. L'Animal Astral se découvre selon notre signe astrologique solaire, et se combine avec le signe lunaire pour une précision optimale. »


LAraignée ou la Planification


L’Araignée cherche principalement à assouvir sa curiosité. D’une vivacité d’esprit insatiable, elle se fait remarquer par sa manière de poser mille questions, de passer d’un sujet à l’autre, résolvant rapidement des petits problèmes, accumulant des anecdotes et des connaissances concrètes. Toujours en mouvement, toujours en ébullition, elle est partout ! Sa mobilité, avant tout mentale, fait de son quotidien un assemblage de moments intenses et distrayants, sans rapport les uns les autres. D’un contact facile, cette personnalité semble sociable et chaleureuse car elle accepte toutes les rencontres, toutes les idées. Elle s’affirme en disant oui à tout, mais sa volonté est fragile car son souci premier est de s’informer. Sitôt adaptée à un environnement donné, elle cherche à en tester un nouveau. Pour l’Araignée, la vie est un jeu à ne pas prendre trop au sérieux.

Sans cesse sur les nerfs, l’Araignée a un grand besoin de réflexion, de critique, et de sélection afin d’adopter la meilleure réponse face à une situation donnée. Son goût pour la perfection lui procure mille angoisses tant qu’elle n’a pas atteint cette optimisation des choses qui l’obsède. Terrée dans l’ombre et recroquevillée sur des questions matérielles, elle peut lâcher prise et bondir en cas de danger ou de surmenage. Cette sensibilité qui freine les sentiments est sans doute assez difficile à vivre au quotidien, car il lui faut un milieu très particulier pour se sentir bien, comme une plante qui ne supporte pas tous les types de sols. Elle est toutefois fort utile dans un cadre professionnel et pratique, puisque son exigence lui permet d’aller plus loin, même si c’est au détriment de l’instinct et de la spontanéité.


Les particularités de l’Araignée : Très communicative et mobile, l’Araignée a un tel besoin de rationalisation, et d’optimisation de son espace vital qu’on la voit finalement assez peu s’agiter. Pour elle, rien ne sert de courir, il faut rendre utile la connaissance acquise et tirer parti au mieux de l’environnement immédiat. Ainsi est-elle avant tout occupée à engranger l’information, à traiter les données, dans une démarche essentiellement mentale et cérébrale. Concentrant toute son activité dans l’intellect, au risque de se causer migraines et crises de nerfs, elle passe au crible de l’analyse tout ce qui lui tombe entre les mains, pour ne garder que le plus intéressant.

La volonté d’agir de l’Araignée se manifeste donc par une curiosité prudente et sélective. Après avoir analysé froidement toutes les informations de son environnement, elle ne retient que l’essentiel, pour ne pas perdre le fil de ses idées, et pour ne pas se laisser contaminer par des vents contraires à ses intérêts. L’Araignée a conscience de son humilité, de sa fragilité. C’est pourquoi elle n’a de cesse de concevoir des plans pour guider son existence.

Voilà sans doute la caractéristique principale de l’Araignée : Se montrer capable de planifier ses actions pour les rendre plus efficaces, et concevoir des outils de maitrise de l’environnement sur la base des informations reçues. Puisqu’elle l’a conçue, l’Araignée est au centre de sa toile. Elle est la maitresse du jeu et quiconque n’en comprenant pas les règles se trouvera en position d’infériorité par rapport à elle. Certains natifs de l’Araignée peuvent prendre avantage de leur faculté pour piéger leurs cibles et les empoisonner. L’Araignée est alors perçue comme une prédatrice redoutable. Mais cette puissance est purement psychologique, et ne tient qu’à son art de tisser des liaisons en mettant à profit des informations utiles.

Cette relation complexe aux autres et cette agilité mentale optimisée devraient se développer jusqu’à l’âge adulte, voir même tout au long de la vie, à la suite de mues successives. Les mues sont des moments critiques où la personnalité grandit et se renouvelle, mais c’est aussi lors de ces moments de construction personnelle que l’Araignée sera la plus vulnérable aux attaques extérieures, et la moins dynamique. L’une des priorités de cette personnalité est d’apprendre à gérer ses cycles de vie pour en exploiter au mieux les opportunités.


Les pouvoirs de l’Araignée : L’intellect, la nervosité, la cérébralisation de toutes les petites choses du quotidien, et un mélange de froide placidité et de nervosité réactive donnent à l’Araignée un avantage sur les autres. Elle a le pouvoir d’échafauder des constructions mentales subtiles qui étendent discrètement son domaine d’action.

Le natif de l’Araignée aura tout intérêt à s’orienter vers une activité concrète où il pourra assouvir cette soif d’optimisation des informations, ce besoin d’amélioration par l’étude, et la rencontre. Il sera d’une utilité précieuse en ressources humaines, et sa manière innée de cartographier le vivant lui permettra de rendre de nombreux services de renseignements. Il lui sera profitable de côtoyer des intellectuels, et de s’impliquer dans des associations et sociétés diverses.


Ex: le Marquis de Sade, John Fitzgerald Kennedy, Natalie Portman Soleil Gémeaux / Lune Vierge.

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Symbolisme celte :


Selon Divi Kervella, auteur des Emblèmes et symboles des Bretons et des Celtes (2001),


L'araignée est le sujet d'un "épisode historico-légendaire très connu en Écosse. En 1306, Robert the Bruce se soulève contre les Anglais, mais ses tentatives échouent. Avec le dernier carré de ses fidèles il trouve refuge dans l'île de Reachlainn à l'extrême nord de l'Irlande. Le moral est au plus bas. Au fond d'une grotte, Robert the Bruce observe d'un œil distrait le patient travail d'une araignée tissant sa toile. Celle-ci essaie de sauter d'un rocher à l'autre pour étendre sa toile. Quatre fois, cinq fois, six fois, elle échoue, mais recommence inlassablement son manège. Robert the Bruce se dit : "Moi aussi, j'ai essayé de me soulever par six fois contre les Anglais et à chaque fois ce fut un échec... Si à la septième tentative le pauvre animal échoue encore, j'abandonne et je pars en pèlerinage en Terre Sainte."

Mais la septième tentative fut la bonne, l'animal réussit à s'agripper au rocher et à tendre sa toile. Voyant le résultat de cette persévérance, Robert the Bruce reprend courage ; il repart en Écosse, vole de succès en succès jusqu'à la victoire finale de Bannockburn en 1314 où 7 000 Écossais déchaînés écrasent l'armée anglaise forte de 20 000 hommes."

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Pour Gilles Wurtz, dans Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres (Éditions Véga 2014),


"L'araignée est un régulateur essentiel dans la nature : en un an, elles araignées mangent 400 millions d'insectes par hectare, soit beaucoup plus que les oiseaux.

L'araignée n'absorbe que des liquides, et avant d'ingérer ses proies, elle leur injecte des enzymes digestives qui vont les liquéfier.

L'araignée est dotée de filières : ces petits appendices sur son abdomen produisent de la soie. D'abord à l'état liquide, celle-ci devient solide à l'air libre. La soir d'araignée fascine les chercheurs : sa configuration moléculaire est capable de varier pour s'adapter rapidement à la température et à l'humidité. Autre caractéristique étonnante : la soie d'araignée, à diamètre égal, est six fois plus légère que l'acier mais tout aussi résistante. De plus, elle est incroyablement élastique, extensible. L'araignée produit différents types de soie qu'elle utilise pour tisser sa toile : les filaments visqueux capturent la proie, les câbles durs et secs arriment l'ensemble. ces propriétés procurent à la toile une grande résistance à l'épreuve du poids de la rosée, des chocs subis par la pluie, les insectes, le vent... Lorsqu'un fil rompt, le reste de la toile reste en place. Et ce, même lors de simulations avec des vents de l'intensité d'un ouragan, ainsi que l'ont constaté les chercheurs.


Applications chamaniques celtiques de jadis : Pour les Celtes, l'araignée est la représentation de la Source. Elle symbolise en effet la Source par la toile qu'elle tisse, en spirale ou non. Pour commencer une toile spiralée, l'araignée tisse un premier fil qu'elle lance au gré du vent. Une fois ce fil accroché à un support, elle le consolide. Puis du centre de ce fil, elle en tire un deuxième qu'elle fixe à un troisième point d'attache. Ce Y est l'ancrage de la future toile. De son centre, l'araignée tisse des rayons. Puis, partant une nouvelle fois du centre de la toile, elle la parcourt, en spirale, déroulant sa soie dans son sillage pour renforcer l'ensemble. Le centre, le cœur de la toile qui est aussi le début de la spirale représentent la Source, le point d'émergence dont tout est issu, l'origine de toutes origines, la source de toutes les sources.

La spirale qui part du centre et qui se déroule à l'infini montre que tout vient de là et e qu'il n'y a pas de fin, tout est en perpétuelle évolution, transformation. Les rayons auxquels s'arrime la spirale enseignent que tout est relié, que la séparation n'existe pas, que tout ne fait qu'un. L'araignée qui tisse sa toile, porteuse de ce puissant symbole, était donc pour les Celtes un animal sacré Ils la priaient souvent car elle représente le pont entre les hommes et la dimension la lus élevée et sacrée : "la Source".

Elle était aussi la tisseuse qui créait les liens solides, à toute épreuve. Ainsi, quand il était nécessaire de créer des liens entre des peuples, des clans, des familles ou des individus, c'était elle que nos ancêtres consultaient. Cette capacité de tisser des liens résistants ne se limitait pas aux hommes, elle s'appliquait aussi aux animaux, plantes, minéraux, éléments, ou encore au milieu dans lequel vivaient les hommes : forêts, montagne, océan...

Enfin, l'araignée qui tisse une toile spiralée assure l'éternité de l'existence issue de la Source en déroulant son fil de soie, encore et encore. Elle garantir qu'il n'y a pas de fin et ouvre ainsi tous les possibles pour le futur. Pour chacun à son niveau personnel, sur son propre chemin, et pour le Tout dont nous faisons partie. Car comme le montre la spirale sans fin qu'elle déploie, nous faisons partie d'un mur, et ce tout fait partie de nous. De même, ce fil que nous suivons, au gré duquel se déroule notre vie, explique qu'il n'y a pas de hasard. Les Celtes priaient beaucoup l'esprit de l'araignée pour qu'il les guide au fil de leur vie.


Applications chamaniques celtiques de nos jours : La symbolique de l'araignée est, en soi, éternelle : la spirale de sa toile n'a pas de fin. Nous pouvons nous aussi prier l'esprit de l'araignée pour qu'il nous guide lorsque nous nous sentons fragiles, sans résistance face aux épreuves ou aux perturbations extérieures. Ou quand nous sommes sur le point de créer des liens nouveaux et bénéfiques, mais que des peurs nous retiennent encore. Ou quand nous souhaitons ancrer et consolider des liens existants. Mais aussi lorsque notre horizon nous semble fermé, occulté, vide de toutes possibilités. L'esprit de l'araignée est alors l'allié avisé qui nous montrera la voie vers l'ouverture, vers l'élargissement le déploiement de notre propre petite toile personnelle. Et ce, toujours dans le respect du Tout dont nous faisons partie. Et toujours dans le respect de la Source dont nous sommes issus.


Mots-clefs : Le symbole de la Source - La tisseuse."

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


Que son rôle dans le scénario soit de premier plan ou réduit à quelque silhouette, l'araignée du rêve provoque toujours une impression marquante. Au terme de l'exploration des séquences dans lesquelles elle se manifeste, les matériaux recueillis forment un ensemble assez déconcertant. L'araignée onirique évoque l'un de ces comédiens doués d'une présence qui en impose dès la moindre apparition et dont un réalisateur aurait fait la vedette dune pièce à la trame confuse, aux actions embrouillées.

Les interprétations des analystes se déploient sur des axes nombreux mais laissent deviner la circonspection d'auteurs habituellement plus déterminés. Cela tient à la nature particulière de l'arachnide. L'araignée est proposée comme figuration de la mère castratrice, qui développe une attitude de surprotection, révélatrice de sa propre angoisse. D'autres auteurs voient dans ce symbole une manifestation de la disposition narcissique dans laquelle la personne se perd, absorbée par son propre centre. L'araignée, pour d'autres, est une représentation du sexe féminin dévorateur. Certains y voient un indice de l'attirance incestueuse pour la mère.

Presque tous les auteurs reconnaissent que l'arachnide est lié à la lune. Mais il sera facile de montrer qu'il est aussi en rapport avec le soleil, même s'il s'agit le plus souvent du soleil noir. L'investigation menée à travers de nombreux rêves permet effectivement d'identifier tel ou tel de ces thèmes au fil des images. Une vaste étude de l'environnement littéraire de l'araignée nous a conduits à proposer une autre voie de traduction. L'araignée, dans l'inspiration poétique, est avant tout une pure expression de l'angoisse. De l'angoisse considérée à trois niveaux différents.

Il s'agit d'abord de l'angoisse métaphysique, qui confère à l'araignée une dimension cosmique. Les œuvres littéraires abondent en images de toiles d'araignée tendues à travers le ciel. C'est, en second lieu, l'angoisse devant la destinée et son terme mortel, génératrice du spleen, de la désespérance. Enfin, c'est l'angoisse engendrée par la confusion des pensées, l'égarement dans la complexité des constructions mentales.

Chacune de ces dimensions peut s'affirmer comme l'élément prépondérant, mais il n'est pas rare que les trois niveaux se superposent, en proportions variables, pour alimenter l'impression de confusion, de non-maîtrise de la pensée, qui caractérise la psychologie habitée par l'araignée.

Dans l'imaginaire rêvant et dans la littérature, l'araignée est pratiquement indissociable de sa toile. De la toile devrions-nous écrire car, sur ce point précis, les rêves dévoilent une corrélation qui - dans un premier temps seulement - étonne. En termes d'images, l'araignée et sa toile se prêtent à déclinaison : le rêveur, parfois, se débat dans une toile d'araignée et la séquence se déroule sans la moindre évocation de l'animal. Celui-ci, dans d'autres scénarios, entre en scène sans qu'il soit fait allusion à la toile. L'insecte et sa toile apparaissent bien entendu souvent ensemble. Parfois, c'est le fil, seul, qui assiste l'araignée dans sa fonction onirique. Enfin, on observe une association inattendue mais révélatrice avec la toile... du peintre ! Surprise éphémère, qui ne survit pas à la réflexion ! Ce n'est pas la phonétique qui rapproche la toile de l'araignée de celle du peintre ! Il s'agit en fait du même mot appliqué à deux produits différents de l'activité de tissage. L'inconscient L’inconscient se réfère toujours aux données les plus élémentaires et c'est l'une des explications de son infinie subtilité.

Une fois de plus, le rêve reproduit les éléments du mythe. Arachné, jeune Lydienne douée d'une habileté exceptionnelle dans l'art du tissage, ose rivaliser avec Athéna, déesse de cette activité. Sur sa toile, Athéna représente les dieux de l'Olympe ; sur la sienne, Arachné dépeint leurs amours avec de simples mortelles. La déesse, jalouse de la qualité de l'œuvre de la jeune fille et furieuse de ce qu'elle ressent comme un outrage, pousse Arachné au suicide. Elle la sauve au dernier instant en la métamorphosant en araignée suspendue à un fil. Cette fable mêle intimement des thèmes qui s'associent de façon habituelle à l'araignée : le tissage, la toile, mais aussi le pouvoir de création, de représentation figurative exprimée à l'aide des couleurs. Elle dirige aussi l'attention sur l'une des corrélations que nous avions observées dans la littérature, et qui domine nettement toutes celles que la recherche permet de relever dans les rêves autour du symbole : le crâne ! L'araignée et le crâne sont des images complices. Athéna, créatrice de l'araignée, est aussi la déesse de la Raison, sortie tout équipée du crâne de Zeus. Nous ne pouvons pas éviter de reproduire l'une des innombrables illustrations de l'association du crâne et de l'araignée engendrées par l'inspiration poétique. Dans « Spleen », Charles Baudelaire installe l'araignée dans son univers symbolique avec une imparable lucidité :


« Quand la terre est changée en un cachot humide

Où l'Espérance, comme une chauve-souris

S'en va, battant les murs de son aile timide

Et se cognant la tête à des plafonds pourris


Quand la pluie étalant ses immenses traînées

D'une vaste prison imite les barreaux

Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées

Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux...


Et de lents corbillards, sans tambours ni musique

Défilant lentement dans mon âme, l'Espoir

Vaincu, pleure et l'Angoisse atroce, despotique

Sur mon crâne incliné plante un drapeau noir... »


L'espérance se cognant la tête à des plafonds pourris, les filets tendus au fond des cerveaux, le drapeau noir planté sur le crâne ! Les images de Baudelaire se placent une à une, composées des tons les plus sombres de sa palette. Achevé, le tableau expose l'essentiel de la symbolique de l'araignée. Les mots plafond, toit et crâne apparaissent dans presque tous les rêves et les poèmes dans lesquels surgit l'araignée, comme irrésistiblement attirés par l'évocation de celle-là. Qu'elle soit subtile ou triviale, une expression qui fait fortune repose toujours sur des fondements psychologiques solides. De ce point de vue, « il a une araignée dans le plafond », désignant un homme qui ne semble plus ma^tire de sa raison, confirme sans détour la proposition.

Le poète rassemble ses mots lourds pour exprimer une semaine globale qu'il nomme désespérance, angoisse atroce, espoir vaincu, ce que le langage contemporain appellerait un état dépressif. De tels indices sont le plus souvent présents dans les rêves à proximité des images de l'araignée ou de sa toile.

Delphine, trente-quatre ans, déstabilisée par le suicide récent de son jeune frère exprime son désarroi : « Je vois le toit d'une maison... il est en feu... sur le toit, il y a une petite statue de la Vierge... elle s'effondre... là, je vois une photo de mon frère... c'est une église... il y a un tremblement de terre... le plafond tombe... maintenant, c'est une pièce gothique... au plafond il y a un lustre... on dirait une énorme araignée en fer forgé... il descend sur son fil... » Cédric, qui explicitera la désespérance qui l'envahit, avant de s'autoriser à vivre une scène de renaissance : « C'est un visage féminin, dans l'espace, de l'autre côté d'un grillage... je suis intercepté par le grillage... je m'en détache, je passe au travers... je sors la tête par le crâne, par les cheveux, et je la lance dans l'espace... elle arrive dans un grillage qui l'enveloppe comme une toile d'araignée... ces grillages sont une immense toile d'araignée tendue dans la nuit... et je vois ne araignée géante qui se dirige vers moi, gigantesque, monstrueuse... toute noire ! Elle avance doucement vers moi... je la déstabilise, elle tombe aussi dans l'espace... je suis maître de la toile ! Là, c'est bizarre... je peins une toile d'araignée sur une toile ! Je suis entourée de toiles... celle où j'ai peint une toile d'araignée est au centre de toutes les autres... je peins maintenant un autoportrait, plusieurs autoportraits... une jeune fille est arrivée, j'éprouve une certaine satisfaction à l'humilier devant tout le monde... je ressens un état de déprime total, allant jusqu'au désir d'autodestruction... le combat perpétuel pour dominer m'empêche de prendre conscience de ma solitude... personne ne peut aller au centre sans mourir !... là, le moi du centre finit par tendre la main... je le tire... c'est comme un bébé qui sort du ventre de sa mère.. »

Ces extraits d'un long scénario réunissent la plupart des thèmes qui composent la constellation de l'araignée : le crâne, l'état dépressif, la peur de l'anima, les pulsions sadomasochistes, le narcissisme. Ce dernier est exprimé non seulement par la série des autoportraits mais, plus profondément encore, par cette phrase d'une fracassante lucidité : « Personne ne peut aller vers le centre sans mourir. » Pour atteindre le centre de la psyché, pour naître dans l'accomplissement du Soi, le Moi doit renoncer à la prétention d'être son propre centre. Si le fait d'être « maître de la toile » favorise la production complaisante d'autoportraits, la sanction est inévitable : elle engendre la pulsion d'autodestruction.

La cure de Florent est un document d'un intérêt exceptionnel pour qui souhaite élucider le symbolisme de l'araignée. A l'époque où il commence sa cure, Florent a vingt-huit ans, il est titulaire d'un maîtrise de lettres et n'exerce aucune activité. Esthète, doté d'une composante féminine marquée, il vit à la charge d'un père artisan qu'il méprise. Il est enlisé dans une sorte de délectation morose de sa souffrance, dans une contemplation satisfaite de ses enchevêtrement de pensée, dans les fantasmes sadomasochistes qui apparaîtront clairement dans ses premiers rêves. Dès la cinquième séance, l'araignée s'impose comme acteur principal pour toute la durée du scénario. La ou les araignées occuperont ainsi la scène au cours de six rêves consécutifs. Ce grossissement de l’image crée des conditions d'observation particulièrement favorables. Le cinquième scénario met en lumière de façon caricaturale la corrélation entre l'araignée et le toit : « Je vois une diligence noire... c'est une étrange caisse roulante, sans porte, avec un emblème dessus : un disque orange... elle est tirée par quatre chevaux... il pleur... j'ai vu une petite araignée à l'intérieur et, maintenant, je la vois passer, géante, au-dessus de la diligence. D'abord, elle m'a fait peur maintenant moins !... Je tiens les rênes de la diligence.... je la transporte cette araignée.. elle est toute tapie, velue, sur le toit... un toit à sa dimension d'ailleurs... c'est sombre... on avance... c'est un paysage désertique... on traverse un tunnel... le chemin est bordé de peupliers... il fait beau maintenant et mon passager, l'araignée, qui s'accordait si bien avec le paysage sombre du début ne cadre plus maintenant ! Il est comme une sorte de monstre, écrasé, qui suinte de partout... il n'est pas à l'aise sous ce soleil brûlant... j'avance, avec ce machin sur le toit ... elle souffre ! Il faut attendre la nuit, je ne sais pas ! C'est drôle, entre nous, il n'y a pas d'amitié ni d'amour. Je ne sais pas lequel a été chercher l'autre ! Nous sommes liés par une espèce de fatalité ! On fait partie du même lot, quoi !.. J'ai la nostalgie de l'atmosphère sombre... y a cette araignée, sur le toit, qui défaille... On se réfugie dans une grotte... elle se jette sur moi, comme pour me donner de l’horreur un instant, puis elle remonte sur son toit... c'est quelque chose qu'il fat que je subisse... comme un valet subirait les caprices de son maître... ce carrosse me fait penser à l'époque Louis XIV... et au premier soir, où cette araignée était reine quoi !... Alors qu'elle n'est plus qu'un élément adventice sur le toit du carrosse. »

Louis XIV, c'est le Roi-Soleil. Cette allusion transparente au père et le rappel du temps où l’araignée était reine renvoient à la relation aux images parentales. Beaucoup plus tard, le développement de la cure produira des indices d'une situation œdipienne très complexe. Le rêve suivant trahit la confusion qui règne dans la psychologie de Florent et qui prend son origine dans cette situation :

« C'est une boule, avec des rayons, comme un soleil... ça ressemble à un soleil, c'est noir... il semble tourner sur lui-même. Je marche et, en haut, il y a un soleil noir, filandreux... je marche sur une terre aride... il y a un autre soleil noir dans le ciel... oui... y a deux soleils maintenant... fugitivement, j'ai vu deux araignées à la place des soleils qui tournoyaient... j'ai eu un frisson... je préfère encore voir les soleils noirs... mais, en fait, c'est des araignées que je vois maintenant ! Elles roulent sur un fil. J'en vois à terre maintenant... deux ou trois... le haut de leur corps m'arrive à la taille... elles sont aussi hautes que moi... c'est vraiment dégueulasse... »

Pendant près de trente minutes, Florent va lutter contre les araignées noires géantes... enfin, il renonce à l'effort et le scénario se termine sur des paroles prononcées d'une voix très faible, sur un ton désespéré :

« … Je me sens las... je crois que je m'assois la tête entre les mains... j'en ai marre... elles m'entourent... j'ai l'impression d'être vaincu... (très long silence)... je pourrais bien tomber mort que ça serait encore mieux ! Je ne sais pas si je tombe mort mais je les vois avancer, ensemble, rangées, et elles me portent, comme un convoi funèbre... j'avais une grande aiguille dont je me servais comme d'une lance...... on me l'a placée dans les bras... je ne sais pas où elles me portent, comme ça. J'ai l'impression de n'être plus dans mon corps là... c'est un peu comme si mon âme était sortie de mon corps et regardait ça, ce convoi... maintenant, je vois le paysage... les araignées me portent au loin... elles vont disparaître du paysage... je vais m'arrêter là. » A la fin du rêve suivant, Florent sortira vainqueur d'un nouvel affrontement avec les monstres noirs. Il serait difficile de trouver des images qui rendent plus sensible que celles de Florent le lien entre l'araignée et l'angoisse mortelle, la mère-terrible, la Parque grecque Atropos, qui tranche le fil de la vie.

*

Une correspondante étroite existe entre la vieille femme, la Mort et l'araignée. Le praticien qui reçoit des images arachnéennes, qu'il s'agisse de l'animal, de sa toile ou de toute structure rappelant celle-là, devra porter sa réflexion sur deux fonctions du symbole :

  • l'araignée du rêve est avant tout symptôme. En tant que tel, elle doit diriger l'attention sur une état psychologique, caractérisé par l'angoisse, la confusion de la pensée, la tentation masochiste de s'autodétruire. Cette dernière proposition ne signifie pas la disposition suicidaire dans le sens physique du terme, mais la complaisance vis-à-vis de mécanismes destructeurs sur le plan psychologique ;

  • l'araignée imaginaire est aussi indice. Un indice qui appelle de multiples interrogations. Il peut signaler une disposition narcissique, des pulsions de type sadomasochiste, l'angoisse métaphysique, le refoulement de l'anima, la crainte du sexe féminin, plusieurs de ces propositions pouvant contribuer à la provocation de l'image.

La relation aux parents est aussi une des voies qu'il convient d'explorer lorsque paraît l'araignée. Celle-là pourrait bien dénoncer les projections déroutantes d'un œdipe inversé.

*

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Contes et légendes :


Sophie Ékoué, autrice de Sagesses africaines (Hachette, 2016), nous rapporte un conte d'araignée issu de cette sagesse ancestrale :


Il était une fois un grand roi, Kotokali [au Togo] qui possédait deux belles filles. Elles étaient toutes deux si ravissantes que, pour éviter qu'une mère jalouse ne leur jette un mauvais sort, le prénom des jeunes filles était tenu secret. Comme elles ont atteint maintenant l'âge nubile, le roi déclare : "Celui qui sera capable de deviner le nom de mes enfants deviendra leur époux à toutes deux !"

Bien des vaillants guerriers, bien des hardis chasseurs, bien des riches cultivateur tentent leur chance. Mais il y a tant de prénoms possibles pour de belles jeunes filles que personne ne parvient à deviner les bons.

Kakou Ananzé, l'Araignée, vient à passer par là. Il entend parler de la promesse royale et décide d'épouser les deux beautés. L'esprit de l'Araignée, tout le monde le sait, est plein de ruse et d'astuce.

Voici donc ce qu'il a inventé pour parvenir à ses fins. Il va se cacher en haut d'un manguier, aux branches bien touffues, tout au bord u marigot où les jeunes filles ont l'habitude d'aller faire leurs ablutions.

Du haut de l'arbre, il laisse tomber sur une pierre plate deux beaux bracelets qui se mettent à scintiller au soleil. L'aînée des jeunes filles aperçoit quelque chose qui brille dans la lumière, sur la berge. Étonnée, elle appelle sa sœur : " Dimdiya ! Dimdiya ! Ne vois-tu pas un curieux reflet sur cette pierre plate ? Qu'est-ce que cela peut-être ?"

La jeune sœur regarde à son tour et répond : "Je n'en sais rien, Anakoussey ! Si nous allions voir de plus près !" Kakou Ananzé profite du fait qu'elles sont penchées sur les bracelets pour descendre de son arbre et s'en aller bien vite.

Le lendemain, Kakou Ananzé, revêtu de son pagne de cérémonie, va rendre visite au roi et lui dit : "Sire, je suis un puissant magicien de passage dans le pays. Par mon savoir, j'ai pu découvrir le nom de tes deux filles. Je viens voir si tu tiendras ta promesse."

"Bon ! dit le roi, favorable à l'idée d'avoir pour gendre un puissant magicien, mes filles seront tes épouses su tu ne te trompes pas ."

"L'aînée de tes enfants s'appelle Anakoussey et ta plus jeune Dimdiya", déclare alors solennellement Kakou Ananzé.

A ces paroles, le roi est émerveillé. Quelques jours plus tard, ont lieu les noces de Kakou Ananzé, d'Anakoussey et de Dimdiya.

Puis les deux sœurs, très heureuses d'avoir épousé un savant magicien, ont suivi leur mari dans son village. Quelques années ont passé. Des enfants sont nés et ont grandi.

Un soir Kakou Ananzé, assis dans sa concession, jouait avec ses fils tandis que ses épouses préparaient le repas. Il dit alors : "Enfants, savez-vous ce que j'ai fait pour épouser vos mères ?"

Et vaniteux, pour obtenir l'admiration des jeunes garçons, il leur raconte la ruse qu'il avait autrefois inventée. Anakousey et Dimdiya ont entendu tout le récit et compris qu'elles ont été dupées et que leur époux n'est pas un puissant magicien. furieuses, pendant la nuit, elles quittent la maison pour aller se réfugier chez leur père à qui elles révèlent la tromperie de l'Araignée.

Plein de rage, le roi fait appeler ses guerriers : ils vont ensemble chez Kakou Ananzé, l'attrapent et le frappent jusqu'à le laisser pour mort. Araignée, meurtri et tremblant, se relève à grand-peine quand il sont partis. Plein de frayeur, il se traîne dans un grand trou qui s'ouvre au tronc d'un vieil arbre et s'y cache.

Où sont les araignées maintenant encore ? Vous voyez bien qu'elles continuent à se cacher dans les trous de l'écorce des vieux arbres."

*

*

Dans Conte-moi les Alpes (Éditions De Borée, 2015) Pierre Adam et Martial Debriffe nous racontent ce qui se passa "Durant un séjour de Gargantua dans les montagnes de Savoie", pendant lequel la fille de Gargantua, Ethelgarde, séquestra un jeune homme :


"Et voilà qu'un soir, comme il se morfondait, assis dans un coin de sa cage, Eugène vit quatre pattes velues d'araignées s'agripper entre les barreaux du bas, puis une grosse boule boule grise rouler jusqu'à lui, étirer les huit pattes qu'elle avait recroquevilles sus elle pour s'introduire dans la cage. Alors l'araignée se souleva à l'aide de ces huit supports :

"Viens-tu partager ma détention ? S'écria-t-il. Cher petit animal, sauve-toi vite... Celle qui me retient ici n'admettrait pas que j'eusse une compagne. Elle n'hésiterait pas à t'écraser...

- Je connais bien là ton langage, ami ! prononça l'araignée. Tu as toujours aimé les bêtes, même les bêtes de ma sorte, pour qui les hommes ont tant de répulsion... C'est pourquoi nous avons décidé de te sauver.

- Brave araignée ! Je te remercie du fond du cœur. Hélas ! Ce que tu proposes est impossible... Va ! Sauve-toi ! te dis-je. Qu'Ethelgarde ne te voie pas !"

Il ajouta, après un douloureux soupir :

"Mais rends-moi le service d'aller à ma fiancée, ma chère Amédine. Porte-lui mes dernières pensées. Jure-lui que je mourrai en prononçant son nom...

- Taratata ! modula l'araignée. Tu vivras, tu rejoindras toi-même ton Amédine."

Il y avait tant d'autorité dans son accent qu'il se sentit ébranlé. Et puis, l'espoir est le seul sentiment auquel l'homme ne renonce jamais tout à fait...

"Si tu disais vrai... murmura-t-il.

- Ecoute-moi... Je me suis assurée du concours d'un millier d'entre nous... Il y a parmi elles de simples araignées faucheuses mais aussi, mais surtout, de ces araignées que les hommes méchants ont sujet de craindre car elles possèdent des mâchoires capables de broyer du fer... et même de l'or."

Eugène commençait à comprendre.

"Elles scieront les barreaux de ma cage ?

- Aussi facilement que tu suçais un glaçon quand tu étais enfant.

- Oh ! Mon Dieu ! Ce n'est pas un rêve ? s'écria le captif. Sortir d'ici... Retrouver mon village... Amédine..."

Puis, le doute le ressaisissant :

"Mais non... Je me leurre et toi aussi secourable araignée ! Car mes barreaux rompus, comment quitter le château ? Crois-tu que dès les premiers jours je ne me fusse pas évadé si j'en avais eu la moindre chance ? N'as-tu pas regardé les murs de cette citadelle ? Ils sont construits de marbre lisse...

- Laisse-moi donc parler au lieu de perdre ton temps en objections oiseuses. Je t'ai dit que nous étions un millier. Les unes briseront ta cage... Alors tu descendras par la corde que des centaines d'autres auront filée et qui te conduira jusqu'au rebord de la fenêtre de Gargantua.

- Pourquoi ? demanda-t-il, dépité. Pourquoi pas jusqu'au pied du palais ? De là, je n'aurai plus qu'à descendre la montagne ?

- Homme insensé ! Ton état de faiblesse ne te permettrait pas de faire deux pas sans rouler à l'abîme. Heureusement que nous sommes moins folles que toi. Notre plan ne laisse place à aucune surprise. Cesse donc de m'interrompre toujours ! J'ai dit que, par la corde que nous aurons tissée, tu pourras te glisser jusqu'à la fenêtre de Gargantua. Nous aurons pris, en outre, la précaution d'y tendre un épais filet pour le cas où, pour cause de vertige, tu lâcherais le câble... Or, Gargantua qui dort fenêtre ouverte, bien entendu, se couche la tête à l'ouest, juste contre le rebord, laissant dépasser ses cheveux broussailleux. Il aime que le vent de la nuit y circule. Tu n'auras aucune peine à t'y cacher. Demain matin, il doit sortir à l'aube. Sans le savoir, il t'emportera sur sa tête..."

*

*




Littérature :


Georges Sand, dans une pièce intitulée Le Diable aux champs (1869), laisse finalement le dernier mot aux animaux :


SCÈNE VII

Dans le théâtre

Au prieuré.


LES ARAIGNÉES.

Une ! deux ! une, deux, d’un bout à l’autre ! filons, filons, travaillons, il fait sombre.

Travaillons pour qu’au jour naissant nos toiles nouvelles soient tendues. On a détruit aujourd’hui notre ouvrage, on a ruiné nos magasins et traîné nos filets précieux dans la boue. N’importe, n’importe ! une, deux, filons !

Que tout dorme ou veille, que le soleil s’allume ou s’éteigne, il faut filer, une, deux ! d’un angle à l’autre ?

Tissons tissons, croisons les fils, le travail console et répare ! Tissons, filons, prenons les angles. Et vous, qui détruisez le travail des jours et des nuits, vous qui croyez nous dégoûter de notre œuvre, balayez, ravagez, brisez. Une, deux toujours, toujours, filons, tissons, et travaillons jusqu’à l’aurore.

Dans les vieux coins, dans l’abandon et la poussière, nuit et jour la pauvre araignée grise tisse la trame de son existence ; active, patiente, menue, adroite, agile, une, deux ! la pauvre araignée persévère. On la chasse, on la ruine, on la poursuit, ou la menace ; une, deux, la pauvre araignée recommence !

Pour l’empêcher de travailler, il faut tuer la pauvre araignée. Mais cherchez donc nos petits œufs, cachés là-haut dans le plafond, dans l’ombre et dans la poussière. Le soleil reviendra toujours pour les faire éclore, et l’araignée, sitôt sortie de l’œuf, reprendra la tâche sans commencement et sans fin, la tâche patiente que Dieu protége. Une, deux, joignons les angles ! tissons, filons jusqu’à l’aurore.

Nohant, 12 novembre 1851.

FIN.

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