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Le Persil



Étymologie :

  • PERSIL, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. a) xiie s. bot. perresil (Gloss. Tours, 327 ds T.-L.) ; 1328 persil (Plantaire, éd. M. A. Savoie, I, 36, 15) ; b) 1606 persil de marais (Crespin) ; c) 1888 « cheveux » (C. Villatte, Parisismen) ; 1901 « moustache » (Bruant, p. 45) ; 2. 1840 « commerce de la prostitution » (Halbert d'Angers, Nouveau dict. complet de l'argot ds Larch. 1872) ; id. faire son persil, aller au persil « accoster les passants (en parlant des prostituées) » (Id., ibid.) ; 3. 1866 faucher le persil « se promener en toilette sur les trottoirs les plus fréquentés » (Delvau, p. 153). Altération du lat. petrosinu (Celse), empr. au gr. π ε τ ρ ο σ ε ́ λ ι ν ο ν, qui s'est contracté populairement en *petrosīnu (d'où l'a. fr. persin encore vivant dans les patois du Nord, de l'Est et en normand, cf. aussi des formes dial. ital.) où -inu fut interprété comme suff. et remplacé par -iliu (cf. l'a. prov. pe(i)resilh). On trouve une forme petrosilio au ixe s. dans les Miscellanea Tironiana (v. André Bot., p. 245). L'orig. de l'expr. aller au persil reste inconnue. L'affirmation de Larch. Nouv. Suppl. 1889 selon laquelle cette expr. viendrait du prov. où persil aurait le sens de « argent » est invérifiable : aucun dict. ne donnant ce sens. Toutefois il est à souligner que l'on trouve de nombreux cas où des plantes sont en rapport avec la notion d'argent : épinard* dans aller aux épinards (v. Sain. Lang. par., p. 262), oseille* et vinette* (v. étymol. de oseille).


Lire également la définition du nom persil pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Petroselinum crispum ; Persil cultivé ; Persil frisé ; Persil odorant ; Persin ;

Petroselinum sativum ; Ache persil ; Cerfeuil d'âne ; Gimbert ; Jalbert ; Jurvert ; Parch' ; Persial ; Persin ; Pirchu ; Possin ; Pressil ; Serpi ; Verdura ;

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Botanique :


Selon Jean-Marie Pelt, auteur d'un ouvrage intitulé Des Légumes (Éditions Fayard, 1993) :

Le persil est originaire de Méditerranée orientale. Il était connu des Grecs qui le vénéraient comme une plante sacrée et s'en couronnaient lors des grandes festivités ; mais ils ne l'employaient point en cuisine. Les Romains qui vouaient également au persil une grande vénération, utilisaient ses propriétés culinaires. On le retrouve, par ailleurs, dans le capitulaire De Villis de Charlemagne.

Le persil est une herbe bisannuelle dont les feuilles très découpées dégagent l'odeur caractéristique que l'on connaît. Ses fleurs vert jaunâtre sont groupées en ombelles composées donnant à maturité de petits fruits globuleux. La plante est réputée depuis toujours comme diurétique et emménagogue ; cette dernière propriété st due à l'apiol, un excitant des fibres lisses et notamment de l'utérus, d'os ses indications thérapeutiques. La racine de persil est fortement diurétique et entre, à ce titre, dans le « sirop des cinq racines ». La feuille est riche en vitamine A.

Le persil peut être confondu avec la petite ciguë, mauvaise herbe très fréquente dans les jardins. Mais cette confusion ne saurait se produire avec la variété « frisée », un persil aux feuilles très découpées et crépues, déjà connu dans l'Antiquité. Quant à la petite ciguë, elle est, et de loin, la moins toxique des ciguës. On la reconnaît aisément à l'involucre qui borde les ombelles, qui est formé ici d'une seule pièce divisée en trois lobes tout à fait caractéristiques.

 

Monographie sur le persil, proposée par Meryem El Fennouni dans sa thèse intitulée Les plantes réputées

Persil
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abortives dans les pratiques traditionnelles d’avortement au Maroc. (Université Mohammed V, faculté de médecine et de pharmacie - Rabat, 2012) :


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Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias décrit le comportement du persil au jardin :


Le persil : on y va ? Les dictons nous le rappellent : « La graine de persil va deux fois en enfer avant de germer » ou « Le persil passe trois semaines en enfer avant de trouver le paradis de votre jardin », etc. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne le sème plus depuis de nombreuses années. Comme l'arroche, l'angélique, le cresson de jardin, le cerfeuil tubéreux et quelques autres encore, je le laisse faire ça tout seul ! Autant ce coquin n'aime pas trop la main de l'homme lui non plus, autant, si vous laissez fleurir quelques pousses la deuxième année et que votre jardin lui convient, excusez du peu, quelle efficacité ! Non seulement les semis s'échelonnent tut seuls, mais en plus en quantité ! Sans oublier que quand bientôt ses rosettes ne sont quasiment plus qu'un souvenir, que le froid aura eu raison de ses plus belles feuilles et qu'il sera impossible d'en faire de jolis bouquets, il me restera ses graines, puisque j'aurais eu soin de couper quelques ombelles et de les mettre à sécher. En effet, si je ne récolte pas ses semences pour le ressemer, je le fais en revanche pour les employer en cuisine ! Autant je trouve bien peu de saveur aromatique au persil desséché ou, pire encore congelé, autant ses graines, comme celles du céleri, par exemple, sont un régal et tellement faciles à conserver à l'abri de la lumière et au sec.

A propos de céleri, le persil apparient lui aussi à cette grande famille des Ombellifères. on lui attribue parfois ce dicton disant que « Si la femme savait ce que le céleri fait à l'homme elle irait en chercher de Paris jusqu'à Rome. »

Je laisse aux spécialistes le soin de trancher qui du céleri ou du persil aurait nos faveurs. Ce qui est certain, en revanche, c'est que dire d'une jeune femme qu'elle « va au persil » signifie, dans l'argot du XIXème siècle, qu'elle se prostitue. Ne gaffons pas, donc, quand nous demandons à nos chères et tendres d'en ramener un bouquet. Il est des circonstances où il est préférable, pour éviter le drame conjugal, de se prendre par la main et d'y aller nous-mêmes, messieurs !

Etrange parcours pour notre petite aromatique qui, après avoir eu la réputation de rendre les femmes stériles chez les Romains de l'Antiquité, s'est vue parée de propriétés exactement inverses et plutôt sulfureuses. On prétend que celui qui a du beau persil dans son jardin est soit bon amant, voire paillard, soit au contraire qu'il porte vraisemblablement des cornes. Un dicton anglais associe le semis du persil au fait de concevoir : « Semez du persil, semez des bébés », affirme-t-il.

[Autre dicton ] : « Qui repique persil, repique mari. »

Chacun se fera son idée. Que toutes ces informations, en revanche, ne nous empêchent pas, en ce début d'automne, de profiter des dernières tomates et feuilles de menthe pour préparer un taboulé à la libanaise où le persil entre en telle quantité qu'il n'y a quasiment pas besoin de boulgour ou de semoule. De plus, détail qui a son importance à cette saison, le persil est plus riche en fer que bien des viandes rouges, rivalise et l'emporte sur le lait en calcium et contient plus de vitamine C que l'orange ! Un bonheur avant l'hiver, donc, d'aller au persil... pour le cueillir.

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Vertus médicinales :


« PERSIL : est une plante potagère et médicinale. […] Le Persil est chaud & dessiccatif, atténuant, apéritif, détersif, diurétique et hépatique. Son principal usage est dans l'obstruction du poumon, du foie, de la rate, des reins, de la vessie, la jaunisse, la cachexie, le calcul, la gravelle, la suppression d'urine & des mois. […] Les feuilles de Persil sont résolutives & vulnéraires : c'est pourquoi on les applique avec grand succès sur les coupures si profondes qu'elles soient ; & sur les contusions après les avoir froissées entre les doigts, comme aussi sur les mamelles pour faire perdre le lait aux femmes nouvellement accouchées ; elles font résoudre les tumeurs chaudes ; & spécialement les contusions des yeux. Ces feuilles récentes répandues sur l'eau des étangs ou des fontaines, recréent & réjouissent les poissons malades. »


Dom Nicolas Alexandre, Dictionnaire botanique et pharmaceutique, Paris, 1716

 

Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Pour supprimer la sécrétion lactée, les femmes boivent de la tisane de persil.

[...]

On cherche à provoquer la résolution des engorgements produits par les contusions, en appliquant sur la partie contuse ou tuméfiée des feuilles fraîches et écrasées de persil.

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Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des plantes :


Mais une des propriétés les plus importantes est celle associée à la virilité, comprenons la puissance sexuelle ; ce groupe comprend toutes ces plantes, dont les vertus sont aphrodisiaques et stimulantes de l’appétit sexuel. On y retrouve un nombre extraordinaire de légumes.

Ainsi, selon Avicenne, la noix de coco (nārǧīl, Cocos nucifera L.) est un aphrodisiaque (Al-Qazwīnī, El Libro de las plantas, p. 122.). On retrouve dans ce groupe un nombre infini de plantes comme le persil, le poivre, le poireau, le navet, l’oignon, la camomille, les asperges, les racines de grenadiers sauvages (Ibn al-ʿAwwām, Libro de agricultura, II, p. 306, 319, 324.), etc. Encore, aujourd’hui on croit aux vertus aphrodisiaques de beaucoup de ces fruits et on les utilise.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


PERSIL. Les anciens Bretons se persuadaient que le persil, semé par un insensé, venait mieux que celui que semait une autre main. ་ ་

On attribue encore au persil la propriété de casser le verre et on croit, à Sapois en Lorraine, que cette plante ne viendrait pas bien si, en la semant, on n'avait pas d'argent sur soi. A Limoges, au contraire, il ne faut pas en avoir quand on fait cette opération.




Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite herbe :


Automne - Novembre.

PERSIL - FESTIN.

Le persil était en grande réputation chez les Grecs. Dans les banquets, ils couronnaient leurs fronts de ses légers rameaux, qu'ils croyaient propres à exciter la gaieté et l'appétit. A Rome, dans les jeux isthmiques, les vainqueurs étaient couronnés de persil : on croyait cette plante originaire de la Sardaigne, parce que cette province est représentée sur les médailles anciennes sous la forme d'une femme, auprès de laquelle est un vase d'où sort un bouquet de persil ; mais cette plante est naturelle à tous les lieux frais et ombragés de la Grèce, et même à nos provinces du Midi. Guy de la Brosse prétend qu'elle croit aussi auprès de Paris, sur le mont Valérien ; mais il est présumable que la plante qu'il désigne sous ce nom n'est pas le véritable persil, puisqu'on attribue à Rabelais son introduction en France, et que, s'il faut en croire les érudits, il le rapporta de Rome avec sa laitue romaine ; si cela est, ce bel esprit aurait bien fait d'attacher son nom à ces modestes présents. Le Rabelais, comme la reine Claude, eût été célébré par les gourmands de tous les âges. Quoi qu'il en soit, la belle verdure de cette plante relève la propreté et l'élégance des mets qu'elle environne : elle est le luxe du pot-au-feu ; elle contribue à l'agrément des plus beaux diners. Une branche de laurier et une couronne de persil sont les attributs qui conviendraient chez nous au dieu des festins. Ces plantes ont servi à de plus nobles usages ; mais, dans le siècle des gastronomes, il ne faut pas rappeler ce qui se faisait au siècle des héros.

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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Persil - Festin.

Son feuillage orne les plats sur les tables. Les anciens se couronnaient de persil dans les festins.

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Persil - Festin.

Chez les anciens Grecs, les invités à un festin se couronnaient de persil: aujourd'hui on pare encore certains plats de feuilles de celle plante .

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Persil (Petroselinum sativum) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mercure

Élément : Air

Divinité : Cora-Perséphone

Pouvoirs : Purification ; Protection ; Désir sexuel.


Utilisation magique : Aucune plante potagère ne tient plus de place dans les traditions villageoises que le modeste Persil. Il est en général bienfaisant, mais à la condition d'observer certains rites à son égard. Jusqu'au début du xxe siècle, on le faisait semer par un enfant, un imbécile, un insensé. Dans les Vosges, on disait que le Persil vient après les sottes et le cerfeuil après les sales ; c'est-à-dire que la semence de ces herbes doit être mise en terre par une personne simple ou arriérée pour le Persil, ou, pour le cerfeuil, par une personne malpropre. Bien des jardiniers, lorsqu'ils semaient leur Persil, faisaient des grimaces, des gestes désordonnés pour mimer la folie. En Lorraine, le semeur devait avoir de l'argent sur lui, tandis qu'en Wallonie régnait généralement l'opinion contraire.

Ses vertus aphrodisiaques sont célèbres : « Si la femme savait ce que le Persil fait à l'homme, elle irait en chercher à genoux jusqu'à Rome ! »

Sans oublier : « Quand le Persil réussit bien dans un jardin, c'est signe que le jardinier est bon étalon. »

Cette herbe, cuite dans l'eau bénite, est ordonnée aux personnes rendues malades par un sort jeté.

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Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :


Accusé par les Romains de provoquer la stérilité et de rendre les enfants épileptiques si leurs mères en mangeaient pendant l'allaitement, le persil est souvent considéré comme maléfique, pouvant même par simple contact provoquer la cécité. Toutefois, dans l'ancienne Grèce, sa présence dans les banquets funéraires ou sur les tombeaux montre qu'il n'était pas exclusivement malfaisant. D'ailleurs, une légende veut que les chevaux coursiers de la déesse Héra se nourrissaient de persil, d'où, selon certains auteurs, la tradition hellénique de couronner de la plante les vainqueurs des jeux qui se déroulaient tous les trois ans dans la forêt de Némée (Argolide). En outre, poètes grecs et romains s'en couronnaient pour exciter leur verve créatrice. Les Anglais d'aujourd'hui en font même un porte-bonheur.

D'après les croyances populaires, on peut en attendre le meilleur comme le pire. Il ne faut en aucun cas le replanter ou le sarcler, au risque de faire mourir celui qui s'en est chargé, le chef de famille, ou un parent proche (un de ses enfants aux États-Unis). Les plantes eux-mêmes peuvent porter malheur et en Angleterre, l'infortune s'abat sur le jardinier qui en donne les racines. La lente germination du persil est expliquée de manière superstitieuse : il se rend sept fois auprès du diable avant de sortir de terre, ce qu'il ne fait d'ailleurs que s'il a été semé par un homme honnête car, selon une croyance du XVIIe siècle, la qualité du persil dépend entièrement de la personnalité du semeur : ce dernier pourra être un enfant, un simple d'esprit, un fou mais surtout pas une personne triste ou mélancolique Autrefois, il n'était pas rare devoir des énergumènes, grimaçant et gesticulant, semer le persil. On croyait également que le persil ne poussait bien que dans la jardin d'un paillard, ou si le semeur était un "bon étalon", s'il n'y avait pas de jaloux dans la maison (Poitou), ou pas de trésor dans le jardin (Deux-Sèvres). Le jeudi saint ou le vendredi saint, après le coucher du soleil de préférence, sont des bons jours pour l'ensemencement mais le persil mis en terre le mardi Gras ne monte pas et dure deux ans, dit-on en Gironde. Aux alentours de Bayeux, le persil qui se trouve à l'ombre se transforme en ciguë, et dans le Cher, avoir beaucoup de persil alors qu'on en a semé peu porte malheur.

Une femme qui en sème ne tardera pas à avoir un enfant, selon le dicton anglo-saxon : « semez du persil, semez des bébés » ; mais il est déconseillé aux femmes enceintes de cueillir ou de planter du persil. Les effets de la plante sur les personnes de sexe féminin sont d'ailleurs assez complexes : réputée chez les Latins, comme nous l'avons signalé plus haut, rendre stérile, elle passait des siècles plus tard pour favoriser la génération. en outre, un peu partout en Europe, le persil tarit le lait des femmes et des animaux domestiques (chiennes et chattes le porteront en collier, les femmes en placeront un bouquet au cou), sauf dans les Abruzzes où il fait enfler les seins et augmente le lait. Dans le Var, le persil facilite la délivrance des parturientes : « Si un accouchement s'avérait délicat, on glissait un brin de persil dans l'anus de la patiente. [...] Les faiseuses d'anges utilisaient des tiges de persil pour provoquer des avortements ». Enfin, pour connaître le sexe de son enfant, « la future mère doit planter dans une planche de persil un quille. Si le persil reste vert, c'est un garçon, si au contraire le persil noircit et sèche, c'est une fille ».

Le persil, dont un proverbe de 1568 vante les vertus aphrodisiaques : « Si la femme savait que persil vaut à l'homme, elle en irait chercher jusques à Rome », a de nombreuses propriétés médicinales ; celles-ci d'ailleurs ne datent pas d'hier puisque, à en croire Plutarque, le centaure Chiron avait enseigné à Achille son utilisation pour guérir hommes et animaux.

Cuit légèrement dans du beurre salé et placé entre deux compresses sur le front, il soulage la migraine. Dans les Alpes, les cataplasmes de persil pilé dans de l'huile d'olive soignent les plaies, font passer dartres, eczéma et autres affections de la peau tandis que placés aux poignets et aux jambes, ils font tomber la fièvre. Fixé sur l'estomac, le persil calme le mal de voiture. Des graines de persil saupoudrées sur la tête pendant trois soirs une fois par an préviennent la chute des cheveux (recette du XVIe siècle). Un autre procédé contre la calvitie consiste à se frotter le crâne de la plante humide de rosée, cueillie le matin de la Saint-Jean, avant le lever du soleil.

Au XVIe siècle, on croyait que du persil répandu dans des étangs, rivières et viviers « réjouissaient et guérissaient les poissons malades ». Toutefois, il suffisait aux sorciers du Moyen Âge, pour faire mourir un ennemi, de prononcer son nom en arrachant une racine de persil. Ce qui n'empêche pas qu'à la même époque, on croyait que, cuit dans de l'eau bénite, il guérissait les malades dues à un sortilège.

Suivant un préjugé très répandu autrefois, le seul contact du persil cassait le verre. En Poitou une femme qui en touche un brin acquiert ce pouvoir. Ce qui fait dire à un auteur : « Les domestiques, quand ils cassent un verre, ne manquent pas de dire que ce n'est pas de leur faute, que cela leur est arrivé parce qu'ils ont touché du persil ».

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Persil (Petroselinum sativum) : "Il s'agit d'une plante vivace ou annuelle, selon les climats. Bien connue de tous, elle existe en plusieurs variétés.


Propriétés médicinales : Cette plante possède des vertus antispasmodiques, diurétiques et expectorantes. On pet faire une infusion de ses feuilles et de ses graines ou en extraire le jus pour agir contre l'hydropisie, la jaunisse, ainsi que pour traiter l'asthme et la toux. En infusion, elle est aussi recommandée dans les cas de règles douloureuses ou pour activer le cycle menstruel. On peut également se servir de l'infusion, de façon externe, pour soulager les inflammations des yeux et les conjonctivites. Il faut toutefois faire très attention et ne pas prendre d'extrait ou de tisane de persil dans les cas d'inflammation rénale ou de tout autre problème relié aux reins.


Genre : Masculin.


Déités : Aphrodite ; Perséphone.


Propriétés magiques : Aphrodisiaque ; Protection ; Purification.


Applications :

SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • La tradition veut que manger du persil provoque la passion et encourage la fertilité, tant chez les hommes que chez les femmes.

  • Les Crétois portaient un brin de persil à l'intérieur de leur toge pour être protégés de tous les malheurs.

BAIN DE PURIFICATION

Ce dont vous avez besoin :

  • une chandelle blanche

  • de l'encens de myrrhe

  • un bouquet de persil frais

  • de l'huile de lotus

Rituel : Allumez votre chandelle et l'encens dans la salle de bain. Placez le persil dans le bain e faites couler l'eau. Pendant ce temps, tracez sur votre front, vos poignets, vos chevilles et votre cœur de petits pentacles (étoiles à cinq branches) avec l'huile de lotus, puis entrez dans le bain en disant :

Je demande aux dieux de purifier mon corps.


Assoyez-vous dans l'eau, en immergeant votre poitrine et en disant :

Je demande aux dieux de purifier mon cœur.


Avant de plonger votre tête dans l'eau, dites :

Je demande aux dieux de purifier mon esprit.


Répétez ces trois opérations trois fois et, à la fin, détendez-vous complètement dans l'eau en disant :

Je demande aux dieux de purifier mon âme.


Prélassez-vous dans ce bain pendant ne quinzaine de minutes, sans parler et, si possible, en faisant le vide dans votre esprit."

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Fabrice Fenouillère, dans Des Plantes et des hommes (Éditions Galéa, 2017) consacre un article au Persil :


Un Sarde aux pouvoirs surnaturels : Si nous parlions de l’antique petrosolinon, littéralement le « céleri des rochers », plus connu, de nos jours, sous le nom de persil. Il se présente sous près de 80 variantes à travers le monde...


Quand on part à la recherche de ses racines historiques, il convient de passer par l’Asie et l’Afrique du Nord, en s'attardant surtout tout près de chez nous, sur l'île sœur de Sardaigne, où son pied originel aurait vu le jour !

Ce qui est certain, c’est que le persil n’a jamais laissé indifférents les peuples ayant eu affaire à ses bouquets. Les Grecs pensaient, dur comme fer, qu’il poussait là où était versé le sang de leurs héros.

Les Romains, quant à eux, les disposaient en guirlandes afin d’éloigner les mauvaises odeurs de leurs festins et freiner les vapeurs de l’ivresse.

Quelques siècles plus tard, c’est sur le crâne qu’on frottait ses racines, afin de tuer les poux ou de faire repousser les cheveux. On s’en introduisait même de petites feuilles hachées au creux de l’oreille, accompagnées de grains de sel, pour retarder la visite chez l’« arracheur de dents ».

Des temps révolus où les croyances allaient bon train. Comme celle qui assurait que seul un homme fort pouvait semer du persil, ses graines allant trouver le diable sous terre et pouvant parfois hésiter à en ressortir pour germer et pousser...

Il se disait encore qu’une femme enceinte, cueillant cette plante, la faisait mourir aussitôt, ou bien que l’arracher en prononçant le nom de son ennemi juré condamnait celui-ci à une mort prochaine...

Plus généralement on avait coutume de penser que le persil poussait spontanément devant la porte des maris trompés !

Vérité ou pas... Ce qui a, par contre, été validé par la science, ce sont les nombreux bienfaits du persil sur notre santé, notamment grâce aux vitamines A et C qu’il contient, deux fois plus présentes chez lui que dans un kiwi.

Pour finir, je souhaiterais être utile aux futurs parents ayant cet ouvrage entre les mains et hésitant encore sur le prénom de leur enfant. Pourquoi ne pas vous inspirer de la date du 12 mars, jour de la Saint Persil de l’ancien calendrier révolutionnaire, un prénom très élégant tel quel, pour un garçon, ou terminé par un « e » pour l’appliquer à une fille... Surtout s’ils naissent frisés !

Pas vraiment revenu à la mode je vous le concède, mais pourtant très en vogue il y a deux siècles, tout comme Pâquerette pour les demoiselles et Artichaut pour les petits garçons, alors très facile à porter...

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.

La famille des Révélateurs comprend la Menthe poivrée, l’Absinthe, la Verveine, le Basilic, le Persil, le Gingembre et le Poivre. Les révélateurs mettent en lumière, en exergue, pimentent, sucrent ou permettent à leur environnement de se transformer.

Ce n'est pas l'événement qui crée le drame,

mais la charge émotionnelle que nous y associons

et le regard que nous portons sur lui.


Ils donnent du goût, parfument un plat, l'épicent ou le transforment. Les Révélateurs ont un rôle clé dans notre apprentissage du goût comme dans notre apprentissage de l'existence. Ils nous apprennent à transformer une viande, une poêlée de légumes ou un poisson sans saveur en délice pour les papilles. Notre existence peut être fade, morne ou épicée, pimentée, salée, sucrée. Ce sont les Révélateurs qui vont vous permettre de transformer votre regard sur une situation, un événement, un potentiel. Le Thym, le Romarin, Le Laurier, la Menthe, Le Poivre, la Cannelle, le Piment de Cayenne ou la Vanille, les Révélateurs qu'on appelle en cuisine les plantes aromatiques, les aromates ou les épices accompagnent l'histoire de la cuisine et ainsi l'histoire de l'humanité depuis des millénaires. Les Révélateurs ont pour vocation de réveiller la beauté, de mettre en avant une sensibilité, de rendre unique ce qui serait passé inaperçu. Apprendre à les reconnaître, à vivre avec eux, c'est apprendre à transformer votre regard sur le monde, le rendre plus beau, plus généreux, plus inspirant.

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En nettoyant tes racines,

ta source et le lien avec tes origines,

Tu permettras à ton talent,

ton génie et ta créativité

de sortir de terre pour illuminer le monde.

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Le Persil est une plante aromatique bisannuelle, c'est-à-dire qu'elle a une durée de vie de deux ans. Elle se développe la première année et donne ses fleurs et ses fruits la seconde. Il existe près de cent variétés de Persils, les plus communs sont le Persil plat et le Persil frisé. Son odeur forte et sa richesse en qualités nutritives l'a invité dans le bouquet garni utilisé en cuisine avec le Thym, le Laurier, la Sarriette, l'Ail, le Céleri et le Romarin. Ses tiges sont striées et ses fleurs blanc verdâtre sont groupées en ombelles. Le Persil pousse facilement. Semé du début du printemps à la fin de l'été, il pousse aux beaux jours si la levée des graines a été encouragée d'arrosages réguliers et protégée des grands froids. Si sa levée est parfois lente et laborieuse, c'est, selon les chamans, parce qu'elle a besoin de rencontrer sept fois les mondes d'en bas avant de s'élever vers les mondes d'en-haut. On associe souvent la qualité du Persil à la personnalité du jardinier qui l'a semée. C'est pourquoi il est déconseillé de semer du Persil lorsqu'on a l'humeur maussade ou dépressive. De plus, le Persil a la réputation de ne pas aimer qu'on le sarcle, qu'on le bouture ou le replante. Le Persil trouve ses racines aussi bien en Asie du Sud-Ouest qu'en Afrique du Nord, mais ses ancêtres vivaient déjà sur les cinq continents depuis cinq mille ans. Utilisé en cuisine pour son parfum et la richesse de ses oligo-éléments, le Persil fut considéré jusqu'au Moyen Âge pour ses vertus médicinales. Sa renommée s'affaissa progressivement jusqu'à retrouver ses lettres de noblesse au Siècle des Lumières, où il fut reconnu comme une plante médicinale majeure. Il est riche en vitamines A et C, en phosphore, fer, calcium, oligo-éléments. Il est apéritif, stimulant, digestif, recommandé pour les anémiques et les convalescents. Il est diurétique, anti-inflammatoire, décongestionnant et cicatrisant. Il a la réputation d'apaiser les migraines en compresse sur le front et le mal de route posé sur l'estomac. Il atténue la chute de cheveux saupoudré ou en cataplasme. Il stoppe les infections des yeux, soigne les contusions et les chocs, sa lotion atténue les affections de la peau. Il est aphrodisiaque. Il apaise les piqûres d'insectes et les coupures et peut être utilisé comme premier pansement ou comme baume confectionné avec de l'huile de l'Olive pour faire disparaître les dartres et l'eczéma. Il favorise les drainages, les jeûnes partiels, dans quel cas on consommera jusqu'à un litre de jus pa jour (sans dépasser trois jours consécutif). Peut-être parce qu'il était souvent confondu avec la Petite Ciguë, beaucoup craignaient autant de le cueillir que de le semer et l'associaient à la mort. Il était du reste utilisé par les Grecs pour confectionner les couronnes mortuaires. Partout où il était question de renforcer le courage, l'inspiration, on retrouve le Persil. Chez les Romains et les Grecs il était offert aux gladiateurs, aux chevaux avant leur performance, les poètes s'en confectionnaient des couronnes. Il semble que la couche du Christ était constituée de Persil. Le Persil conserve sa réputation de posséder des pouvoirs mystiques et de servir aux incantations, à la protection des lieux et des personnes et à la purification.


Mots-clefs : La gloire - La renommée - La guérison - L'équilibre - La puissance - L'inspiration - La réussite - Le sortilège - La transmission - L'impermanence - L'héritage.


Lorsque le Persil vous apparaît dans le tirage : Il peut accompagner une transformation profonde. Il vous parle de radicalité, de grands changements. Dans ce cas, le Persil vous donne la force, le courage, l'inspiration de mener à bien une œuvre importante qui peut laisser une trace dans le temps. Le Persil met en lumière une histoire passée qui demande à être revisitée ou une qualité qui mérite d'être réactivée. Le persil vous parle de votre lignée, d'héritages. Avez-vous la sensation de jouir des qualités de votre lignée, avez-vous capitalisé cet héritage ? Le Persil est un révélateur puissant, sans complaisance, qui vous interroge sur la fécondité, la gestation et la naissance de vos projets. Avez-vous la sensation que vos idées arrivent facilement à terme ? Avez-vous l'impression de projets avortés ? D'idées trop vite abandonnées ? D'ambitions qui ne sont pas assumées ? Le Persil vous accompagne à à une réalisation naturelle de ce qui vous tient à cœur. Pour cela, il est nécessaire que vous visitiez toutes les étapes de la construction de votre projet, qu'il soit personnel ou professionnel, et avant tout de l'intention qui l'anime. Car cette intention se retrouvera dans les différentes étapes. Si votre intention n'est pas claire ou pas suffisamment assumée, il se pourrait que cela se trouve à toutes les étapes de la construction. Dès lors que le Persil vous apparaît, c'est une opportunité pour aller chercher les meilleures aides, les plus riches inspirations à la réalisation de ce qui vous tient le plus à cœur.


Signification renversée : Lorsque le Persil vous apparaît dans sa position renversée, il vous interroge sur la paternité ou la maternité d'un projet ou d'une posture. Assumez-vous pleinement vos responsabilités quant à l'origine d'une initiative ? Le Persil renversé peut vous alerter sur une spoliation, un envahissement ou une initiative que vous avez réalisé qui n'a pas été reconnu. Il peut vous prévenir que vous n'êtes pas à votre place quant à l'origine d'un projet. Peut-être vous investissez-vous à fonds perdus. Le Persil renversé peut être en lien avec une mort prématurée - un avortement, une fausse couche -, qu'elle soit réelle ou symbolique. Dans ce cas, il est nécessaire de plonger dans les strates de votre inconscient pour retrouver l'origine de toute intention. En étant en lien avec la source universelle et la beauté de votre intention, vous pourrez réajuster votre posture.


Le Message du Persil : Je suis le Persil depuis plus de cinquante siècles, j'informe la terre et tous ceux qui me consomment. Je sais descendre dans les profondeurs de l'être, dans les mémoires akashiques et dans le secret des Dieux. L'information vibratoire que je transmets est si précieuse qu'elle nourrit tous les corps. J'apporte le courage, la vaillance de porter au monde les projets les plus nobles. J'apporte l'inspiration, l'intuition et l'art de la poésie pour mettre en paroles ce qui est dans ton cœur. J'apporte le soin à la peau comme au cœur. Je répare ce qui a été affecté. Avec moi, tu pourras te concentrer sur la réalisation des projets qui te tiennent le plus à cœur. Tu as du talent, oses-tu l'affirmer et le reconnaître ? Si je me présente à toi, c'est pour te prévenir que tu es capable d'assumer une œuvre majeure, une œuvre qui perdure dans le temps. Il peut s'agir d'une œuvre artistique, philanthropique, ou même d'une œuvre d'une présence au sein de ta famille. As-tu déjà imaginé cette perspective ? L'aimerais-tu ? Sais-tu que tu crées tes propres limites et qu'il en tient qu'à toi de les dépasser. Avec moi, tu pourras assumer pleinement tes idées les plus folles et les plus ambitieuses.


Le Rituel du Persil : Vous pourrez réaliser aujourd'hui une cure en associant la moitié d'un bouquet de persil que vous porterez à ébullition avec la moitié d'un Citron. Associés, le Citron et le Persil ont des effets complémentaires. Cette boisson a des qualités de drainage, d'amaigrissement, de nettoyage du foie et de tout le système lymphatique. Idéalement, suivez cette cure trois à quatre jours consécutifs. Cette cure n'est pas un jeûne. Il est même conseillé de la pratiquer en adoptant un régime léger et en évitant les sucres, l'alcool, les viandes rouges ou charcuteries et tout ce qui pourrait vous alourdir. Notez sur une feuille tout ce que vous souhaitez voir disparaître. toutes les vieilles pensées, les vieux conditionnements et les vieilles croyances. A la fin du rituel de trois jours, vous brûlerez cette feuille en déclarant que vos croyances sont désormais obsolètes.

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Antoinette Charbonnel et Lyra Ceoltoir, autrices de L'Oracle de la Magie forestière (Éditions Arcana sacra, 2021) nous en apprennent davantage sur la dimension magique du Persil (Petroselinum crispum) :


Mots-clés : Élévation - Changement - Fin d'un cycle et début d'un autre - Renouveau - Mort symbolique - Deuil de quelque chose devenu inutile ou toxique - Vie sexuelle épanouie - Désirs à contrôler - Évolution positive.


Promenons-nous dans les bois : Cette célèbre plante aromatique très parfumée de la famille des Apiacées est une bisannuelle pouvant atteindre 80 cm de hauteur, rapidement envahissante dans le jardin. Son feuillage d'un vert intense contraste avec ses ombelles de petites fleurs d'un jaune verdâtre pâle pouvant tirer sur le blanc. Familier de nos jardins et de nos potagers, dans lesquelles il se décline en presque 80 variétés, le Persil pousse aussi encore à l'état sauvage.

En magie, il est utilisé comme purificateur, mais surtout connu pour son lien avec les notions voisines de l'amour et de la mort (Éros et Thanatos). Son Éros le fait entrer dans les rituels consacrés au désir charnel, à la fertilité et à la sexualité, tant masculine que féminine. Son Thanatos, lui, le lie à la mort et à l'autre-monde, dont il est l'un des végétaux emblématiques. Il était notamment fréquent, dans les rites funéraires de plusieurs peuples méditerranéens et indo-européens, d'en orner les tombes des défunts pour leur rendre hommage.


L'Oracle de la plante : Le Persil est une carte ambivalente, ni bonne, ni mauvaise. Apparue dans une période de trouble, de tristesse, de deuils, elle annonce le renouveau et la renaissance. Au contraire, surgie dans un moment de plénitude et de joie, elle encourage à en profiter, car la roue risque de tourner.

Quoi qu'il en soit, elle annonce la fin d'un cycle, immédiatement suivi par le début d'un autre. Elle vous prévient que les vents du changement sont en mouvement, pour vous aider à vous y préparer. Mieux vaut donc écouter son message et agir, au lieu de se lamenter si ce qu'elle annonce déplaît.

Sous son visage de renouveau, elle annonce un changement rapide vers une amélioration notable : les ennuis s'apaisent, les choses rentrent dans l'ordre, les soucis s'allègent, lumière et espoir font leur grand retour ! En amour, elle peut aussi annoncer une rencontre (sérieuse ou non), un revirement favorable dans une relation, une évolution radicale qui pourrait tout changer (naissance, union...). Dans le domaine professionnel, c'est un signe d'avancement profitable (embauche, promotion, évolution...). En magie, elle indique que vous allez déborder d'inspiration et de motivation pour passer à la vitesse supérieure dans votre étude ou votre pratique.

Elle met le doigt sur la fin nécessaire de quelque chose. Il va vous falloir sortir de votre zone de confort. Cela ne sera peut-être pas facile au début, mais le jeu en vaut la chandelle : les changements annoncés par le Persil vont toujours dans le sens du mieux.

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


Le Persil représente le point-d'appui-dans-la-Vie : un ancrage inébranlable résolu, inattaquable, décidé ! Quand cette plante potagère dit "non", c'est "non". Quand elle dit "oui", personne ne doute de la valeur, de la force et du contenu de sa Parole !

Sa sphère psychique indique une présence exceptionnellement ferme et fortement concentrée dans ses propres tissus. Elle ne cède devant personne ! Elle est dure, impénétrable. Difficile de trouver une implantation plus solide dans son propre JE ! Loin d'elle de se laisser rabaisser par se sentiments ! Loin d'elle de se laisser pééntrer par la mollesse, la faiblesse, l'hésitation, l'esquive, la veulerie, la tristesse,, le douceâtre, la dépendance, l'impuissance...

Elle porte en elle une formidable Force concentrée. Son énergie vitale se rassemble en quelque sorte pour donner corps, très puissamment, à son être matériel. Rien ne saurait déloger la vie hors d'elle ; tout ennemi ricoche sur elle. Pleine de confiance en soi, elle sait garder ses énergies réunies de façon très compacte et les mettre à profit dans ses actions extérieures. Elle s'affirme avec vigueur, ne tolère pas les foutaises ni les intrus insipides. Elle en finit radicalement avec ceux qui essaient de lui passer de la pommade. Elle est insensible à la manipulation, à la corruption, aux flatteries et à la tartuferie.

Elle est plutôt sèche et rude dans sa façon d'agir ; on sait très bien à quoi s'en tenir avec elle. Elle recrache immédiatement ce qui ne s'accorde pas avec elle, même si on le lui a "donné" comme étant bon : elle ressent directement l'inexactitude, la fausseté. Elle ne supporte pas ce qui est mielleux ni le pots de colle. Elle dégage une autonomie puissante, sait très bien ce qu'elle veut, et ne dépend de rien ni de personne ! On pourrait la qualifier de froide, certes, mais on peut compter sur elle. C'est précisément grâce à cette carapace résistante dans son caractère qu'elle protège la vie en elle ; c'est peine perdue que la mort vienne frapper à sa porte !

Celui qui éprouve le désir de manger du Persil

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


PERSIL. — Le petit Persil, ou Prezzemolino, est le nom du jeune héros, du nain merveilleux, dans un conte populaire toscan. En Piémont, on raconte l’histoire d’une princesse qui recommande à sa fille de manger du persil pour devenir belle. Dans les Abruzzes, on dit que le persil est cher aux femmes, parce que l’on croit qu’il fait grossir les seins et augmente le lait. A Modica, en Sicile, lorsqu’un enfant à la mamelle se sent suffoquer par un lait trop épais, les bonnes femmes accourent et lui fourrent dans le derrière du persil avec du tabac en disant :


Putrusinu, putrusimeddu,

Squaggia lu latti di stu carusieddu !

(Persil, petit persil, fais fondre le lait de ce petit enfant).


En même temps, elles doivent cracher trois fois. (Cf. Amabile, Canti popolari del Circondario di Modica.)

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Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Dans la Gironde, le persil semé le Mardi Gras dure deux ans et ne monte pas.

[...] En général on n'ensemence que les terrains sur lesquels le soleil répand sa lumière et sa chaleur dans le pays de Bayeux l'oubli de ce précepte avait des conséquences dangereuses en ce qui concerne le persil semé à l'ombre il pouvait se changer en ciguë.

[...] Aucune plante potagère ne tient plus de place dans le folk-lore que le persil au XVII' siècle, on le faisait semer par un enfant, par un imbécile, par un insensé ou par quelque autre personne qui n'avait point de chagrin, dans la créance qu'il venait mieux que s'il était semé d'une autre main. Cet usage est encore pratiqué dans la Beauce et en Périgord. Dans les Vosges, on dit que le persil vient après les sottes et le cerfeuil après les sales c'est-à-dire que la semence de ces plantes doit être enfouie par une personne simple ou folle, ou pour le cerfeuil par une personne malpropre aussi bien des gens en semant le persil font des grimaces ou des gestes désordonnés comme ceux des fous en Lorraine le semeur devait avoir de l'argent sur lui, tandis qu'à Limoges régnait l'opinion contraire.

[...] Les plantes sont aussi soumises à des influences diverses : si le persil réussit bien dans un jardin, on dit en Poitou que le jardinier est bon étalon, ou qu'il n'y a pas de jaloux dans la maison.

[...] Suivant une superstition très répandue, on s'expose à des disgrâces pour soi ou pour les siens en transplantant le persil au XVIIe siècle, celui qui le faisait mourait dans tannée. Dans la Gironde, chacun de ces plants porte un malheur; en Wallonie et dans les Ardennes, en Loir-et-Cher, celui qui le repique fait mourir son parent le plus proche ; en Lorraine il est exposé lui-même à la mort, ou il amène celle du chef de la famille ; dans la Meuse « Qui plante persil, plante mari » c'est-à-dire creuse une fosse pour le maître de la maison.

[...] Dans la Gironde, ne pas sarcler le persil porte malheur. Dans le pays de Liège si on bêche la planche au persil, on risque de perdre un des siens.

[...] Quelques herbes sont assez puissantes pour briser les objets les plus durs. Le persil, suivant une croyance très répandue, casse le verre avec lequel il est mis en contact ; en Poitou il suffit qu'une femme en ait touché un brin pour que ce pouvoir lui soit transmis.

[...] L'attouchement des plantes peut être funeste à la santé : au XVIe siècle le vulgaire croyait que le persil nuisait à la vue.

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Contes de fées :


A l'origine du fameux conte des frères Grimm, "Raiponce", on trouve ces deux versions antérieures qui font référence au Persil plutôt qu'à la Raiponce : "Petrosinella" de Giambattista Basile en 1634 et "Persinette" de Mme de La Force (1697). La version suivante est issue du blog Il était une fois...


Il était une fois une femme nommée Pascadozzia. Un jour où elle se tenait à sa fenêtre, qui donnait sur le jardin d'une ogresse, elle vit un beau lit de persil, pour lequel elle prit un tel désir qu'elle était sur le point de s'évanouir; et étant incapable de résister à son désir, elle regardait jusqu'à ce que l'ogresse partit de chez elle, puis alla arracher une poignée de celui-ci.

Mais quand l'ogresse est rentré, et allait faire cuire son potage, elle constata que quelqu'un avait été au persil, et dit : "La malchance pour moi, mais je vais attraper ce coquin aux longs doigts, et lui faire repentir et lui apprendre à ses dépens que chacun doit manger sur son plateau, et non se mêler des coupes des autres gens ".

La pauvre femme est allée encore et encore vers le bas dans le jardin, jusqu'à ce qu'un matin l'ogresse rencontrée, et dans une rage furieuse exclamé : "Je vous ai attrapé à la fin, vous, voleur, coquin ! Je vous prie de payer le loyer du jardin dans lequel vous venez de manière impudente et voler mes plantes ? Par ma foi, mais je vais vous faire faire pénitence ! "

Pascadozzia, dans une peur terrible, commença à faire ses excuses.

"Les mots ne sont que du vent," répondit l'ogresse ; "Je ne me ferais pas prendre avec de telles paroles, vous allez le payer de votre vie, à moins que vous promettez de me donner l'enfant que vous portez, fille ou garçon, quel qu'il soit."

Pascadozzia, afin de s'échapper du pétrin où elle se trouvait, a juré d'une main pour tenir la promesse. Donc, l'ogresse la laissa partir. Mais quand le temps fut venu, Pascadozzia donna naissance à une petite fille, si belle qu'elle était une joie à regarder et qui [était] née avec une belle branche de persil sur sa poitrine, si bien qu'elle fut nommée Petrosinella. (persil en napolitain)

La petite fille grandit de jour en jour, jusqu'à ce qu'à l'âge de sept ans, sa mère l'envoya à l'école ; et chaque fois qu'elle rencontrait l'ogresse dans la rue, la vieille femme lui disait : "Dis à ta mère de se rappeler sa promesse."

L'ogresse répéta ce message si souvent, que la pauvre mère, n'ayant plus de patience pour écouter cette histoire, dit un jour à Petrosinella, "Si tu croises encore la vieille femme et qu'elle te répète ce message , réponds lui, "Prenez-la ! "

Lorsque Petrosinella, qui ne pensait pas à mal, rencontra l'ogresse à nouveau, et l'entendit répéter les mêmes mots, elle répondit innocemment [ce] que sa mère lui avait dit ; après quoi l'ogresse, la saisissant par les cheveux, l'emporta dans un bois, où le soleil ne perçait pas. Puis elle mit la pauvre fille dans une tour, qu'elle fit naître par son art, et qui n'a[vait] ni porte ni échelle, mais seulement une petite fenêtre, à travers laquelle elle montait et descendait au moyen de cheveux de Petrosinella, qui étaient très longs.

Un jour, après que l'ogresse [eut] quitté la tour, Petrosinella mit la tête hors de la petite fenêtre, et lâcha ses cheveux au soleil ; et le fils d'un prince passant par ici, vit ces deux bannières d'or et [les] contempl[ant] avec étonnement, il tomba éperdument amoureux de cette beauté merveilleuse ; et lui envoyant un mémorial de soupirs, elle [accepta de recevir ses faveurs].

Les choses allaient si bien avec le prince, qu'il y [eut] bientôt un hochements de tête et des [échanges de] baiser de mains, des remerciements et des offrandes, des espoirs et des promesses, des mots doux et des compliments. Cela continua pendant plusieurs jours, Petrosinella et le prince, devenus très intimes, conv[inrent] d'un rendez-vous nocturne et que Petrosinella devrait donner à l'ogresse un peu de jus de pavot. Donc, quand l'heure fut venue, le prince alla à la tour, où Petrosinella, laissant tomber ses cheveux pour permettre au prince de monter puis il se glissa à travers la petite fenêtre dans la chambre.

Le lendemain matin, le prince descendit par la même échelle d'or. Après avoir répété ces visites plusieurs fois, l'ogresse découvrit le secret et dévoila à Petrosinella qu'elle ne pourrait pas quitter cet endroit car elle a[vait] jeté un sort sur trois noix qui se trouvaient dans un chevron de la cuisine.

Quand la nuit fut venue, le prince arriva comme d'habitude, [Pettrosinella] le fit monter sur les chevrons pour trouver les noix. Puis, après avoir fait une échelle de corde, ils [descendirent] à terre et détalèrent vers la ville.

L'ogresse se réveilla ; et voyant que Petrosinella avait fui, elle descendit par la même échelle, qui a[vait] été fixé[e] à la fenêtre, et se mit à courir après les amants, qui, la voyant arriver plus vite qu'un cheval énervé, se [crurent] perdus. Mais Petrosinella, se rappelant qu'elle avait les noix, en jeta une rapidement sur le sol, et un bouledogue corse apparut instantanément, une bête terrible qui avait les mâchoires ouvertes pour avaler l'ogresse d'une bouchée. Mais la vieille femme, qui était plus rusée et méchante que le diable, mit sa main dans sa poche, et en tirant un morceau de pain, l[e donna] au chien, ce qui apaisa sa fureur.

Puis elle reprit sa course après les fugitifs ; mais Petrosinella, la voyant approcher, jet[a] la deuxième noix sur le sol, et un lion féroce se leva, qui, fouettant la terre avec sa queue, secouant sa crinière, et ouvrant large[s] ses mâchoires, était en train de se préparer pour faire un massacre de l'ogresse. [Celle-ci] en se tournant rapidement en arrière, dépouilla la peau d'un âne qui paissait dans le milieu d'une prairie. Le lion, croyant que c'était un véritable âne, prit peur et bondit à toute vitesse laissant un passage pour l'ogresse.

Après avoir passé cette seconde épreuve, l'ogresse se remit en chasse des pauvres amants, qui, entendant le bruit de ses talons et voyant le nuage de poussière qui montait vers le ciel, comprirent qu'elle se rapprochait. Mais la vieille femme, qui était dans la crainte que le lion la poursuivre, n'a pas décollé de la peau de l'âne ; et quand Petrosinella jeta la troisième noix, il surgit un loup, qui, sans donner le temps à l'ogresse de jouer un nouveau tour, il l'engloutit tout comme elle était, sous la forme d'un âne.

Ainsi, les amants étant maintenant libérés du danger, partirent tranquillement vers le royaume du prince, où, avec le consentement de son père, il prit Petrosinella pour femme.

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Persinette_par_Mademoiselle_de_La_Force
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Charlotte-Rose de Caumont de La Force, autrice de "Persinette" in Contes des contes (1697)

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