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Le Cocotier




Étymologie :


  • COCOTIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1677 (L'Estra, Relation ou Journal d'un voyage fait aux Indes orientales, Paris, E. Michalet, p. 219). Dér. de coco1* ; suff. -ier* avec -t- consonne d'appui à côté de la forme cocoyer (1709 ds Arv.) et de coquier attesté dès 1601 (ibid.) prob. formé d'apr. le port. coquoeiro (v. Arv., pp. 185-187).


Lire également la définition du nom cocotier afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Cocos nucifera - Arbre aux cent usages - Arbre de vie -




Botanique :





Usages traditionnels :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


COCOTIER. Les Chingalais ont une épreuve judiciaire pour connaître le coupable, dans laquelle on emploie la noix de coco avec beaucoup de cérémonies superstitieuses. Ils font aussi des charmes avec ce fruit, et pensent qu'une noix de coco, enfilée dans un bâton, peut faire découvrir les traces d'un voleur en dirigeant celui qui la tient.

 

Dans le Pré-print de l’article « Noix de coco » proposé par Christophe Serra-Mallol (in Jean-Pierre Poulain (dir.), 2012. Dictionnaire des cultures alimentaires, Paris, Presses Universitaires de France, collection Quadrige, pp. 923-928), on apprend que :


La noix de coco en Polynésie insulaire : Le cocotier, niu ou ha’ari, est une espèce végétale qui jouait un rôle central dans les sociétés polynésiennes, sauf à l’île de Pâques où il ne s’est pas développé mais où des hymnes religieux en célébraient l’origine.

La noix de coco était mangée à des stades différents de la croissance de la noix. Les Tahitiens avaient identifié jusqu’à treize stades différents de croissance de la noix de coco, chacun avec son nom particulier, reflet de la richesse de la langue, de l’importance culturelle de la noix de coco, et de la connaissance de leur environnement. Ainsi poniu est la toute jeune noix en formation, ‘ouo la jeune noix de coco dont l’amande n’est pas encore formée et au liquide frais et léger au goût. L’albumen crémeux nia du fruit vert était recherché par les enfants et par les chefs comme « met de luxe » (Ellis 1972). Le uto, boule spongieuse et sucrée qui se forme dans la noix germée, était également consommé. L’amande était appelée omoto quand elle commence à perdre de l’eau et que le fruit intérieur s’épaissit, opa’a la noix à son stade de maturité et prête à germer, moroati la noix mûre qui perd toute son eau sans germer, oao la noix mal développé…(Henry 2000).

L’eau contenue dans la noix était utilisée comme boisson : une noix de coco moyenne donne près d’un litre d’eau. Elle constituait et constitue toujours une des boissons.

L’eau contenue dans la noix était utilisée comme boisson : une noix de coco moyenne donne près d’un litre d’eau. Elle constituait et constitue toujours une des boissons principales pour les îles mal pourvues en eau potable, les atolls coralliens, en sus de l’eau de pluie et l’eau issue des lentilles d’eau douce souterraine.

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Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des plantes :


Mais une des propriétés les plus importantes est celle associée à la virilité, comprenons la puissance sexuelle ; ce groupe comprend toutes ces plantes, dont les vertus sont aphrodisiaques et stimulantes de l’appétit sexuel. On y retrouve un nombre extraordinaire de légumes.

Ainsi, selon Avicenne, la noix de coco (nārǧīl, Cocos nucifera L.) est un aphrodisiaque (Al-Qazwīnī, El Libro de las plantas, p. 122.). On retrouve dans ce groupe un nombre infini de plantes comme le persil, le poivre, le poireau, le navet, l’oignon, la camomille, les asperges, les racines de grenadiers sauvages ( Ibn al-ʿAwwām, Libro de agricultura, II, p. 306, 319, 324.), etc. Encore, aujourd’hui on croit aux vertus aphrodisiaques de beaucoup de ces fruits et on les utilise.

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Symbolisme :


Selon Lucien Lévy-Bruhl, auteur de L'expérience mystique et les symboles. (Éditions Félix Alcan, 1938) :


Pour représenter les ancêtres, ou un mort, il leur faudrait une certaine tête de bétail. Ils ne la possèdent pas, ils sont hors d'état de se la procurer. Qu'à cela ne tienne : une pierre la remplacera. Ils ne sont préoccupés que du lien mystique, de la participation, qui doit unir ou, comme le disait tout à l'heure un observateur, qui « identifie » le symbole a l'être invisible qu'il représente. On se rappelle comment chez les Manus, et aussi chez les Canaques de la Nouvelle-Calédonie, à défaut du crâne, on représente la tête du mort par une noix de coco. Substitution qui peut nous étonner, mais qui ne trouble nullement les indigènes.

 

Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Cocotier (Cocos nucifera) a les caractéristiques suivantes :

Genre : Féminin

Planète : Lune

Élément : Eau

Pouvoirs : : Purification ; Protection ; Chasteté.


Aux îles Shepherds, Tangaloa est un serpent géant dont la mise à mort est à l'origine de Cocotier qui poussa de son cadavre brûlé


Utilisation magique : La noix de Coco a longtemps été utilisée dans les vœux de chasteté et les rituels de protection. Des charmes très populaires consistent en noix délicatement ouvertes, vidées de leur lait et emplies soit d'herbes magiques, soit de matières pas toujours bien ragoûtantes, puis refermées hermétiquement. Souvent on en sculpte la coque, ou bien on la décore avec des coquillages, des pierres de couleur, du corail, etc. En Mélanésie, ces talismans sont généralement enterrés dans un endroit secret, choisi par le sorcier en fonction des vents et des courants telluriques. Dans les îles de l'océan Indien, on les suspend simplement au milieu du village.

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Beatriz Moral, auteure de « Légendes et récits « érotiques » à Chuuk (Micronésie) », (in Journal de la Société des Océanistes [En ligne], 112 | Année 2001-1) rapporte que :


[...] Pour finir, honteux d’être couvert du sang de sa mère, Wonofáát se nettoie avec des palmes de cocotiers. Il n’aurait pas pu choisir une meilleure plante pour mettre à nouveau en avant sa relation avec le divin. Le cocotier peut être considéré comme un « symbole pivot » (Alkire, 1989 : 92) entre la terre (le monde des humains) et la mer (le monde surnaturel), en somme comme une présence divine sur terre. Bien sûr, son origine divine lui permet d’accomplir de nombreux tours qui sont pour la plupart le sujet principal des récits. Dans les légendes, il est connu pour avoir la capacité de changer d’apparence et de se métamorphoser en oiseau, en cocotier mûr, en larve de moustique, en tas d’excréments, en bois flotté, en bébé, en vieil homme, en bel homme ou en femme enceinte.

 

Sur le site Séjours dans les îles on peut lire que :


Une légende présentant de nombreux points communs est racontée aussi bien en Polynésie, qu'en Mélanésie et en Micronésie. Dans cette légende, la noix de coco est assimilée à la tête d'un homme, la coque au crâne, la bourre aux cheveux alors que les orifices figurent les yeux et la bouche. Ainsi à Tahiti, l'on disait que le cocotier, issu des crânes d'enfants morts, symbolisait le jaillissement de la vie.

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Selon Michel Aufray, auteur d'un article intitulé « Note sur les messages de végétaux : quelques exemples océaniens », (Journal de la Société des Océanistes [En ligne], pp. 114-115 | Année 2002) :


La réalité langagière d’une culture ne concerne pas seulement la communication linguistique ; elle recouvre aussi les modes de communication non verbaux, ceux-ci pouvant utiliser divers supports : langage du corps, objets, marques, icônes et signes. Leur existence dans les sociétés océaniennes a souvent été signalée mais, généralement, ces systèmes d’information n’ont suscité qu’un simple intérêt documentaire. Ils mériteraient à notre avis d’être inventoriés et étudiés car ils participent aux échanges sociaux au sein d’une communauté.

Les messages de végétaux, en particulier, tiennent un rôle non négligeable. À la différence de la communication verbale, ils permettent de transmettre une information sans limitation de temps et d’espace. [...]


Les messages, annonces d’événements graves

La littérature orale mélanésienne fait parfois allusion à des plantes utilisées comme signes pour aviser d’une mauvaise nouvelle. [...]

Sur Anecom, pour annoncer les deuils, on cassait le germe d’une noix de coco puis on perçait l’un des « yeux » de la noix ce qui voulait dire : « Mon œil est crevé, quelqu’un de ma famille est mort ». [...]

On retrouve dans d’autres régions océaniennes l’utilisation de végétaux pour signifier l’établissement d’alliances ou, au contraire, le déclenchement des hostilités. Quand les habitants de l’île de Pukapuka croisaient des bateaux étrangers, ils leur lançaient la nervure centrale d’une palme de cocotier, appelée kaleva manu (oiseau kaleva, coucou tahitien, Urodynamis taitensis Sparrman) ou yiliyili « question ».

Si les étrangers la conservaient, ceci était un signe de paix. S’ils la renvoyaient, cela signifiait que leurs intentions étaient belliqueuses. Si deux autres nervures étaient expédiées avant le retour de la première, il s’agissait d’une déclaration de guerre (Beaglehole, 1938 : 374).

James Morrison rapporte qu’à Tahiti, des branches, appelées rauava, étaient utilisées par les messagers.


« Lorsqu’un messager est dépêché avec une telle délégation, il donne une feuille à chaque personne auprès de laquelle il est envoyé et celle-ci, après avoir reçu cette feuille et pris connaissance du nom du chef qui l’envoie ne met jamais sa parole en doute » (Morrison, 1981 : 198).

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Dans le Pré-print de l’article « Noix de coco » proposé par Christophe Serra-Mallol (in Jean-Pierre Poulain (dir.), 2012. Dictionnaire des cultures alimentaires, Paris, Presses Universitaires de France, collection Quadrige, pp. 923-928), on en apprend davantage sur la :


Symbolique de la noix de coco

Comme dans la plupart des sociétés végétalistes de la zone tropicale, l’origine légendaire des cultigènes était attribuée à une « semence » ou à une « bouture » humaine (Barrau 1991). De nombreuses légendes illustrent ce fait, et l’importance de l’aliment dans des sociétés soumises au caprice de leur environnement naturel, comme la légende de création sur le premier cocotier jailli de la tête d’un homme - partie humaine considérée comme la plus précieuse et sacrée- qui se serait sacrifié pour la survie de ses enfants, et celle sur les têtes enterrées des trois enfants morts de famine desquelles poussent trois cocotiers de variétés différentes qui donneront naissance à toutes les autres variétés de cocotiers (Henry 2000).

Les âmes des anciens Polynésiens, après un long voyage initiatique, étaient censées être râpées et réduites en pulpe, comme on gratte la chair des noix de coco, par les dieux qui les adjoignaient à leur nourriture, pour en rendre la saveur plus douce. La râpe était un coquillage, tupere (cardium), dont les valves ont une couleur rougeâtre et qui était frappé d’interdit de consommation sous peine de devenir chauves ou voir des excroissances pousser sur sa tête (Henry 2000). L’âme des humains était ainsi aux dieux ce que la noix de coco, issue mythiquement nous le rappelons de la tête de l’homme, est aux hommes dont le lait rend effectivement la saveur de la nourriture humaine plus douce.

Le fait que du fruit mûr on extrait un liquide semblable à du lait, liquide nourricier primordial, n’est peut-être pas étranger à sa place comme symbole de l’abondance, en faisant comme le cocotier une plante lactifère comme l’était par ailleurs le figuier romain (Durand 1984). Un des signes de cette abondance était la façon de compter : les anciens Tahitiens pratiquaient le compte double en ne dénombrant que par paire les poissons, les fruits de l’arbre à pain et les noix de coco (Ellis 1972), l’abondance étant souvent liée à la notion de pluriel.

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Mythologie :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


COCOTIER. — Les Portugais ont donné ce nom au coco qu’on appelle nârikera ou nârikela en sanscrit. C’est ce qu’on lit dans l’Hisioria dei semplici aromati de De Horto, traduite du portugais, et dans la Sommario dell’ Indie Occidentali. De Horto s’exprime ainsi « on nomme généralement l’arbre maró et le fruit narel ; ce mot narel est employé aussi par les Persans et par les Arabes. Au Malabar, l’arbre s’appelle tingamaran ; le fruit mûr tenga, le fruit vert elien. A Goa on l’appelle lanha. A Malais, l’arbre s’appelle trican, la noix hihor, à laquelle nous autres portugais avons donné le nom coquo, à cause des trois trous qui représentent le museau d’un chat ou d’un animal semblable. » Ramusio ajoute ce détail : « On a donné à ce fruit le nom de coco, parce que, lorsqu’on le détache de l’arbre, un trou y reste à l’endroit par lequel il était attaché ; au-dessus de ce trou, il y en a deux autres ; les trois ensemble représentent la figure d’un chat, lorsqu’il coque (coca) ou crie : voilà pourquoi on appelle le fruit coco. » Quoi qu’il en soit de cette étymologie portugaise, il est utile de constater que les Portugais n’ont pas été les premiers à voir dans la noix du cocotier la figure d’un animal. (Nous verrons bientôt par une légende chinoise quelle origine on attribuait en Chine à la noix du cocotier.) Avant les Portugais, Aboul Fazl avait remarqué dans l’Inde l’usage suivant : Lorsqu’on ne retrouve plus le cadavre d’un mort et qu’on veut cependant lui faire honneur, on façonne un corps avec des roseaux, et on y attache en haut une noix de cocotier, qui est censée représenter la tête du trépassé ; on couvre le corps ainsi façonné de bois de palaça (butea frondosa.) ; après quoi, on prie et on le brûle. Notre missionnaire Vincenzo Maria da Santa Caterina100 nous apprend aussi que, lorsqu’un Indien tombe malade, on fait tourner une noix de coco ; si la noix s’arrête vers l’occident, le malade va mourir ; si elle s’arrête vers l’orient, il guérira. Le même voyageur nous fait connaître la superstition du Dekhan, qui défend aux Indiens d’entreprendre aucune bâtisse, ou n’importe quoi de considérable sans offrir d’avance des noix de coco à leurs divinités. Dans le décret rendu en l’année 1704 par le cardinal de Tournon contre les rites du Malabar et du Coromandel, nous lisons ce qui suit : « Fructus etiam vulgo dictus Coco, ex cujus fractione prosperitatis vol infortunii auspicia gentiles temere ducunt, vel omnino a Christianorum nuptiis rejiciatur, vel saltem, si illum comedere velint, non publice sed secreto et extra solemnitatem aperiatur ab iis qui, evangelica luce edocti, ab hujus modi auspiciorum deliramento sunt alieni. » Ce décret a été rédigé à la suite d’un procès où la question suivante était posée par l’Église catholique : « An ethnici in frangenda nuce indica divinationem aliquam auguriumque intendant. » A quoi les jésuites partisans de la conservation des rites indiens s’empressaient de répondre : « Primo quidem, ne gentiles quidem ipsi divinationis et augurii captandi causa nucem illam frangunt. Verum quidem est, quod si bifaria omnino non illa frangatur, ex astantibus ethnicis, quidam nihil omnino id curant, quidam id velut malum augurium ducentes, paululum cogitabundi, tristesque apparent ; non idcirco tamen ab incœpto pedem retrahunt, sicut in aliis auguriis, sed incoeptam matrimonii celebritatem absolvunt. Neophyti autem quocunque tandem modo nux illa frangatur de eo ipsos minime sollicitos esse debere, apprime sciunt. » On essayait évidemment, par cette réponse évasive, d’égarer le jugement de la cour de Rome. Le chapitre où il est question de ce rite, dans la relation présentée en l’année 1731 au pape par les jésuites101, se termine ainsi : « Il appartient à la sagesse suprême de Votre Éminence de décider si on doit encore tolérer cet usage à raison de l’innocence du but qui le fait pratiquer par les chrétiens du Malabar, c’est-à-dire, pour placer dans une partie de la noix du cocotier le tâli que les parents doivent voir et toucher comme preuve qu’ils donnent leur approbation au mariage, et pour maintenir au milieu de la jeunesse un jeu innocent, où l’on dit à plusieurs reprises : « que l’on casse la noix du cocotier pour le tâli, au moment on l’on va célébrer le mariage ». Ce jeu que les jésuites trouvaient innocent était évidemment un jeu phallique ; le tâli et la noix cassée représentaient le jeu des époux ; les carmes et les capucins missionnaires dans l’Inde l’avaient fort bien remarqué, et il est naturel qu’ils se fussent scandalisés en retrouvant cet usage païen très répandu parmi les chrétiens dits de Saint-Thomas. — La liqueur du coco, dans une strophe indienne102, est comparée à l’ambroisie. « Les cocotiers, dit-on, en souvenir d’avoir bu très peu d’eau pendant leur première jeunesse, fournissent, pendant leur première jeunesse, aux hommes de l’eau semblable à l’ambroisie. » Le docteur Bretschneider nous explique ainsi le nom chinois de la noix de coco, qu’on appelle ye-tsu, mais aussi : yüe-wang-t’ou (tête du prince de Yüe). « D’après le Nan-frang-t’sao, il existe une tradition suivant laquelle le prince Lin-yi était en lutte avec le prince de Yüe. Le premier envoya tuer son ennemi et lui fit couper la tête pendant qu’il était ivre. La tête coupée suspendue à un arbre se transforma en noix de coco, avec deux yeux sur son écorce. Voilà pourquoi on appelle ce fruit Yüe-wang-t’ou. »

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Contes et légendes :




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