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La Sauterelle


Deuxième animal de pouvoir contacté pendant le stage de Maria-Lucia : la sauterelle.



Étymologie :


  • SAUTERELLE, subst. fém.

Étymol. et Hist. A. 1. 1re moit. xiie s. salterele « insecte » (Psautier d'Oxford, 77, 51 ds T.-L.) ; 2. 1555 sauterelle de mer « crevette » (Belon d'apr. Roll. Faune t. 12, p. 99) ; 3. 1791 « prostituée » sauterelle de marais (Calendrier du père Duchesne, loc. cit.) ; 4. 1842-43 « fille grande et maigre » (Sand, loc. cit.). B. Ca 1330 sauterelle « danseuse » (Guillaume de Digulleville, Pélerinage vie humaine, V, 11805 ds T.-L.). C. 1. 1506 sautreulles « fausse équerre mobile » (Lille, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Compl.) ; fin xvie s. sauterelle (Palissy, Recepte ver., p. 92 ds Hug.) ; 2. 1871 « mécanisme servant à rattacher les barres de séparation dans les écuries et les étables » (Littré) ; 3. a) 1894 « appareil de changement de voie dans les chemins de fer » (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, pp. 382-383) ; b) 1927 « appareil élévateur mobile » (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 3, p. 95). D. 1604 vigne « sorte de provin » (Le Loyer, Spectres, V, 5 ds Hug.). Dér. de sauter*; suff. -elle*.


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.

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Croyances populaires :


Selon Jean Baucomont, auteur d'un article intitulé "Les formulettes d'incantation enfantine", paru dans la revue Arts et traditions populaires, 13e Année, No. 3/4 (Juillet-Décembre 1965), pp. 243-255 :


La tradition orale se perpétue dans le folklore de la vie enfantine. […] Une des catégories les plus curieuses de ces formulettes est celle des formulettes d'incantation.

L'incantation, nous disent les dictionnaires, signifie étymologiquement : un enchantement produit par l'emploi de paroles magiques pour opérer un charme, un sortilège. Le recours à l'incantation postule une attitude mentale inspirée par l'antique croyance au pouvoir du verbe, proféré dans certaines circonstances.

[…]

« L'incantation, dit Bergson, participe à la fois du commandement et de la prière. » On constate effectivement, que la plupart des formulettes d'incantation comportent à la fois une invocation propitiatoire : promesse d'offrande en cas de succès et une menace de sacrifice expiatoire, d'immolation en cas d'échec. Ce qui est proprement le caractère de l'opération magique traditionnelle.

[…]

Sauterelle, sauterelle

Montre-moi tu mélasse

Ou bien je te casse le cou.

(Canada)

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Symbolisme :

Selon Hildegarde de Bingen (1098 - 1179), dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines (XIIe siècle ; traduction P. Monat, 2011) :


"La sauterelle est forte comme la rosée, et n'est guère utile, ni dangereuse à manger. Dans les régions où la terre et l'air sont chauds, elle n'est pas dangereuse et peut être mangée comme l'écrevisse. En effet, elle attire en elle le poison de la terre, mais quand la terre est bonne, elle ne contient pas de poison. Il n'y a pas de remède dans la sauterelle."

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Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on apprend que :


"Les sauterelles sont l'image même du fléau, de la pullulation dévastatrice. On les trouve sous cet aspect dès l'Exode, 10, 14 et jusqu'à l'Apocalypse, 9, 3 où elles figurent selon les exégètes, soit les invasions historiques, soit des tourments d'origine démoniaque. Cet aspect doit d'autant moins être négligé que l'exorcisme fut longtemps utilisé contre les sauterelles.

Dans l'Ancien Testament, l'invasion des sauterelles, bien qu'elle soit provoquée par une décision spéciale de Dieu, reste une calamité d'ordre physique ; dans le Nouveau Testament, le symbole prend un autre relief, l'invasion des sauterelles devient un supplice d'ordre moral et spirituel (Apocalypse, 9, 1-6).

Dans la même optique, Tchouang-tseu ne met que la pullulation à contre-temps des sauterelles sur le compte des désordres cosmiques, dont on sait qu'ils résultent de dérèglements microscopiques. Car, en fait, la sauterelle avait une tout autre valeur dans la Chine antique : sa multiplication était un symbole de postérité nombreuse et donc de bénédiction céleste. Le rythme de son sautillement était associé aux rites saisonniers de la fécondité, aux règles de l'équilibre social et familial."

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Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017)

Points clés : Incroyable capacité à bondir.


Si les anciens Hébreux voyaient es sauterelles comme un fléau - y compris sur le plan symbolique -, dans d'autres sociétés humaines, elles étaient honorées et respectées. En Chine, sauterelles et grillons étaient des symboles de bonne santé, de chance, d'abondance et de vertu. Certains pensaient que les parents allaient renaître à la vie sous la forme de sauterelles ou de grillons, et ils construisaient de petites cages pour ceux qu'ils allaient trouver. Même pour les anciens Grecs, la sauterelle était un symbole de noblesse.

Comme son nom l'indique (et il en va de même en anglais où grasshopper signifie littéralement « sauteuse d[ans l']herbe »), la sauterelle se déplace en bondissant et en sautant. C'est aussi comme cela qu'elle s'échappe. Les sauterelles ont une formidable aptitude au saut. Elles peuvent bondir à l'horizontale jusqu'à vingt fois la longueur de leur corps. Pour ceux qui l'ont pour totem, il est important de « décoller leur arrière-train » et de bouger. « Courez » votre chance ! Faites un bond en avant !

Les pattes arrière de la sauterelle diffèrent de ses autres pattes et de celles des autres insectes. Elle sont extrêmement longues et larges, et elles ont des muscles délicats. Ceux qui ont ce totem considéreront généralement que les choses n'évoluent pas pour eux comme pour les autres. La progression ne se fit normalement pas pas à pas. Au lieu de cela, les autres paraissent avancer quand vous, vous restez tranquillement assis. Ne soyez pas découragé. Quand la sauterelle se présente, c'est qu'un bond en avant est sur le point de se produire - un bond qui vous projettera probablement devant tout le monde.

Les sauterelles ont un instinct sûr pour trouver les faces ensoleillées des buttes ou de tout autre lieu afin d'être toujours exposées au soleil. Elles ont le don pour toujours être dans la chaleur et la lumière et savoir quand sauter. Faites confiance à vos instincts et à vos rythmes propres si vous les avez comme totems. Ce qui fonctionne pour les autres ne fonctionnera pas nécessairement pour vous (et à l'inverse, rappelez-vous que ce qui fonctionne pour vous ne fonctionnera probablement pas pour qui que ce soir d'autre).

Écoutez votre petite voix intérieure pour savoir quand effectuer vos déplacements dans n'importe quel secteur de votre vie. Un organe tympanique est situé sur les pattes avant des sauterelles. Lorsqu'elles respirent, cet organe est activé. en bougeant les pattes dans différentes directions, elles sont capables de localiser une source sonore. Cette connexion entre la perception des sons et les pattes est éminemment significative. Faites confiance à votre voix intérieure.

Ceux qui ont des raisons sauterelles ont une incroyable aptitude à « sauter » dans des aventures potentiellement risquées mais qui se révèlent fructueuses. Cela devient encore plus vrai quand ils écoutent cette petite voix intérieure et qu'ils suivent leurs instincts. Parfois, les sauterelles peuvent se montrer si nous n'écoutons pas ou si nous avons peur de faire le grand saut. Souvent, de telles peurs viennent simplement, du fait que « personne ne l'a jamais fait de cette manière ». Les individus « sauterelle » doivent apprendre à faire de nouveaux sauts. La vie ne devient difficile que lorsqu'ils refusent de bouger. Dans de tels moments, ils peuvent avoir l'impression d'être confrontés à un « fléau ». Mais rappelez-vous qu'une sauterelle bondit toujours en avant et seulement en avant. Elle ne recule jamais.

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Insecte au symbolisme riche et varié, la sauterelle est considérée à la fois comme un fléau et une bénédiction céleste, mais également comme un symbole de gaieté et de réincarnation. Il existe de nombreux types de sauterelle, cependant toutes avancent en volant et en sautant d'un lieu à l'autre. L'apparition de la sauterelle signale une période qui sera marquée par des accès de gaieté, où nous assisterons peut-être à la concrétisation de certains rêves et vœux secrets, en particulier ceux se rapportant au foyer et à la famille. Avec ses pattes développées, la sauterelle nous rappelle que nous devons nous bouger si nous voulons que nos rêves et nos aspirations se concrétisent. C'est le moment idéal pour tenter notre chance, pour saisir la balle au bond. C'est parfois difficile, mais son apparition nous assure de réussir, même lorsque nous n'avons pas la moindre idée de la tournure que prendront les événements. Elle promet un dénouement heureux - et souvent rapide.


Les sauterelles savent d'instinct découvrir les endroits ensoleillés, ayant un don pour s'envelopper de chaleur et de lumière. Or notre existence est guidée par un instinct semblable. C'est le moment de faire confiance à notre voix intérieure, à notre connaissance instinctive de ce qui nous est bénéfique, de ce qui ensoleille notre existence. Elle nous enseigne à croire en notre voix intérieure et à lui obéir. Ceux qui agissent de la sorte constateront qu'ils ont un instinct peu commun pour saisir les occasions gagnantes. Les sauterelles bondissent toujours vers le haut ou l'avant, jamais vers l'arrière . elles nous rappellent que la vie ne devient difficile que lorsque nous refusons d'aller de l'avant. Elle nous promet que si nous agissons, nous verrons nos rêves et nos espoirs commencer à prendre forme.


Lorsqu'elle apparaît de façon négative, elle nous indique que nous ne devrions pas pas chercher à imiter les manières de faire d'autrui, sinon nous serons constamment habités par un sentiment de frustration. Elle reflète habituellement le découragement éprouvé devant la lenteur de notre progression, alors que les autres semblent avancer rapidement. Il en résulte certaines difficultés qui peuvent même nuire à notre santé. Il est possible que nous acceptions d'être blessés dans notre amour-propre ou que nous acceptions que d'autres personnes autour de nous le soient, ce qui nous empêche de poser les actions qui s' imposent.


Avons-nous posé des actions irréfléchies ? Sommes nous en proie au découragement lorsque nous comparons notre progression avec celle d'autrui, oubliant que chacun de nous doit découvrir son propre rythme ? Fermons-nous l'oreille à notre voix intérieure ? Essayons-nous de faire un grand bond en avant sans nous être suffisamment préparés ? Avons-nous peur d'effectuer les démarches que nous désirons ou qui sont nécessaires pour nous ? Sommes-nous en train de répéter le passé au lieu d'aller de l'avant ?

http://gaiachamanisme.over-blog.com/article-la-sauterelle-79233106.html

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SHALABASANA – LA SAUTERELLE - ANTI MAL DE DOS


Shalabasana est vraiment la posture souveraine contre le mal de dos. Prise régulièrement, elle vous aidera considérablement.

Précision essentielle : les personnes qui ont mal au dos doivent s'abstenir de soulever les jambes. Les muscles doivent travailler, s'étoffer. Quand la musculature sera suffisamment renforcée, le dos sera alors protégé et les jambes tendues pourront être décollées légèrement.

Shalabasana signifie " posture de la sauterelle " en sanskrit. Ce nom nous donne une information précieuse sur la façon de prendre correctement la posture.

Commencez par vous allonger à plat ventre. Posez le front au sol, la nuque bien étirée. Ramenez les bras tendus le long du corps. Les paumes sont en contact avec le sol. Vous pliez légèrement les coudes et vous les rapprochez le plus possible l’un de l’autre. Tout comme la sauterelle prend de puissants appuis sur ses pattes pour bondir, vous prenez un appui très fort sur vos mains. Vous sollicitez ainsi vigoureusement la musculature du haut du dos.

Ensuite, faites comme si vous vouliez légèrement décoller du sol vos jambes tendues. Renoncez à vouloir monter haut et cherchez plutôt à dégager le bas de votre dos, comme si vous vouliez laisser un interstice entre la dernière vertèbre lombaire et votre sacrum. Laissez surtout le temps à la posture de travailler en vous, afin que vos muscles s’étoffent. Conserver la posture une minute, si vous le pouvez ; marquez une pause, puis recommencez.

Vous allez ressentir que cette posture renforce la musculature de tout votre dos, mais aussi des fessiers et de l’arrière des cuisses. Pour peu d’efforts, finalement un excellent rapport " coût / efficacité " !

Personnellement, il m’est souvent arrivé, en voyage, de pratiquer la posture directement sur le lit quand j'étais logé dans une chambre trop étroite. L’essentiel est de pratiquer et un peu de fantaisie n’est pas contre-indiquée !

Outre les bienfaits mentionnés plus haut, les effets bénéfiques de Shalabasana sont multiples. On citera notamment :

  • Un effet énergétique très puissant : la posture contribue à l’éveil de la Kundalini,

  • la régulation du système nerveux. En effet, Shalabasana favorise la bonne irrigation sanguine de la moelle épinière et des ganglions du système nerveux sympathique qui sont suractivés en cas de stress. Par ailleurs, les glandes surrénales se trouvent revitalisées ;

  • la stimulation du système digestif. Ainsi, le bon fonctionnement de l’estomac, du foie, de la rate, du pancréas et des intestins se trouve favorisé. La posture est tout particulièrement recommandée en cas de diabète, de maux d’estomac (début d’ulcère), ou de trouble du transit intestinal;

  • l’harmonisation du cycle menstruel féminin en cas de règles douloureuses, de dysménorrhée ou d’aménorrhée .

Comme vous pouvez le constater ce ne sont pas les bonnes raisons qui manquent pour pratiquer cette posture ! C’est ce qui explique qu’on considère traditionnellement Shalabasana comme une des douze postures fondamentales du Hatha yoga.


Christian LEDAIN, professeur de Hatha yoga, maître initiateur de Reiki, sophrologue

christianledain@wanadoo.fr

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Les Arabes, dit-on, sont particulièrement sensibles à l'aspect étrange de la sauterelle qui « a, en effet, la tête du cheval, les yeux de l'éléphant, le cou du taureau, les cornes de l'antilope, la poitrine du lion, les ailes de l'aigle, les cuisses du chameau, les pattes de l'autruche, le ventre du scorpion, le corps du serpent » et dont les ailes « paraissent couvertes de caractères ressemblant à ceux de l'arabe ou de l'hébreu ». L'invasion de ces insectes étant une véritable calamité pour les récoltes, on comprend qu'ils les chassent mais sans souhaiter pour autant les voir disparaître. Deux raisons expliquent ce respect : d'une part, une tradition affirme que « si les sauterelles doivent disparaître du monde les premières, c'est qu'elles ont été formées du reste du limon qui a servi à faire l'homme ; après elles il disparaîtra, et après lui toutes les autres espèces d'animaux, car elles n'ont été crées que pour le servir » . D'autre part, le prophète Mahomet lut un jour sur les ailes d'une sauterelle les phrases suivantes : « C'est moi qui suis Dieu ; il n'y a pas d'autre Dieu que moi ; je suis le Dieu des sauterelles, c'est moi qui les nourris. Quand je le veux, je les envoie au peuple pour les enrichir [allusion, dit-on, aux peuples du sud qui se nourrissent de sauterelles], quand je le veux pour les punir ». Dans une autre version, l'envoyé de Dieu lut sur ses ailes des caractères hébreux signifiant : « Nous sommes les troupes de Dieu le plus grand ; nous pondons chacune quatre-vingt-dix-neuf œufs, et nous sommes si nombreuses que si nous en pondions cent nous dévasterions le monde entier ». Effrayé le prophète s'écria : « Ô mon Dieu, détruisez leurs petits, retenez leurs chefs, fermez-leur la bouche, pour préserver de leurs dents la nourriture des musulmans, vous qui écoutez les prières de vos créatures ». L'ange Gabriel ayant fait savoir à Mahomet que Dieu lui accordait une partie de ses vœux, ses paroles écrites sur un papier placé dans un roseau au milieu des cultures les protègent des sauterelles. Un autre moyen de les détourner consiste à envoyer quatre sauterelles sur les ailes desquelles on a écrit un de ces versets du Coran :


- Dieu vous rassasiera, il entend, il sait.

- Mettez une opposition entre eux et ce qu'ils désirent,

- Partez, Dieu a dégagé vos cœurs.

- Lorsque l'ordre sera donné elles s'en iront confuses. (RTP, III, 588)


En France, on a cru longtemps que les invasions de sauterelles pouvaient être ordonnées par un sorcier ou un démon - Abaddon étant le roi des démons-sauterelles -, d'où l'emploi autrefois d'exorcisme ou, comme dans le rituel de Séez (1743) de formules de bénédiction des champs destinées à en éloigner ces insectes. Seule la sauterelle verte porte bonheur quand elle pénètre dans une chambre où se trouve un bébé. Il fut une époque où on l'attachait même par la patte au berceau pour être assuré de sa protection.

Selon une légende, lorsque Noé construisit son arche, il voulut y embarquer un couple de sauterelles mais l'année étant particulièrement humide, il n'en trouva pas. Se souvenant alors de l'existence d'un pays sec toute l'année, le patriarche se lit en route et, après trois semaines de marche, parvient dans les causses de Gramat, « pays pierreux, sec comme l'âme du diable », situé entre les rivières du Lot et de la Dordogne. Là, dans le petit hameau de Patan, sur la route de Carennac à Rocamadour, ou, selon une autre version, à Fieux, hameau voisin, il découvrit les insectes et les embarqua : « Quand le déluge eut pris fin, et que les eaux se furent retirées, les pauvres sauterelles frileuses, à moitié noyées, faisaient triste mine. Pour les ranimer, Noé dut les rapporter dans les causses ; et c'est pour cela que, depuis lors, on trouve dans les terrains pierreux des vols de sauterelles plus nombreux que les vols de petits oiseaux qui suivent les haies quand vient l'hiver et que le vent du Nord souffle ».

En Allemagne, la rencontre d'une sauterelle annonce l'arrivée de visiteurs étrangers ; aux États-Unis, l'insecte, dont la piqûre prédit sept ans de malheur, n'est pas de bon augure, prédisant notamment des contrariétés ; la sauterelle qui porte un « W » (comme war) sur ses ailes présage la guerre.

L'utilisation de la sauterelle dans la magie ocidentale est très limitée. Selon Albert le Grand, mettre le feu à un morceau de linceul, au préalable trempé dans de l'huile de sureau, contenant une sauterelle jaune pilée incommode et rend malades ceux qui se tiennent à proximité. D'un point de vue médicinal, la grosse sauterelle verte passe, dans le bocage normand, pour manger les verrues et les faire disparaître.

Les Anglo-Saxons examinent les larves de l'insecte pour connaître le temps qu'il fera en été : si la tête est tournée vers le haut, l'été sera sec alors que si elle est dirigée dans le sens inverse il sera pluvieux.

Selon une croyance de Madagascar, « une mère dont l'enfant avait été condamné par le sorcier pouvait le sauver en tuant une sauterelle, en l'enveloppant d'un suaire et en l'entourant de sauterelles aux ailes arrachées et qui représentaient les pleureuses ».

 

Swammerdam ne doute pas que la sauterelle ne rumine : il croit même s'en être aperçu ; car il a trouvé son estomac triple, très semblable à celui des ruminants.


Dictionnaire raisonné et universel des animaux ou le règne animal ..., Volume 4

Par François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois

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D'après Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) :


Les grillons, les sauterelles et les criquets

Ces insectes sont tous très similaires et leur travail de service est simple. Ils mangent de grandes quantités de nourriture. Par exemple, un criquet peut manger son propre poids en nourriture en un jour, alors qu'une personne prend environ six mois pour le faire. Cela signifie qu'ils produisent d'énormes quantités de déchets pour fertiliser le sol Ils s'offrent également pour nourrir et soutenir les oiseaux, les animaux et les humains.

Les grillons chantent en frottant leurs ailes, tandis que les sauterelles frottent leurs pattes arrière contre leurs ailes. Leur chant, quand le rythme est ralenti, sonne comme un chœur de musique céleste et peut apporter la guérison. Cette musique contient les clés et les codes de l'amour supérieur de la constellation ascensionnée d'Andromède. Elle contient également un message qui nous dit de ralentir. C'est l'offrande de leur âme.

Les grillons, les sauterelles et les criquets peuvent faire des bonds et voler. Ils sautent en se propulsant dans les airs. Si nous pouvions sauter aussi loin qu'ils le font, nous pourrions facilement faire des bonds de la longueur d'un terrain de football. Ils nous démontrent ce qui est possible, et ils suggèrent que nous élargissions notre niveau de possibilités.

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Une découverte fortuite a révélé que certains insectes ont été amenés à faire évoluer leurs oreilles comme celles des mammifères, avec une structure analogue en trois parties qui comprend une cavité remplie de liquide semblable à la cochlée (oreille interne) des mammifères.

Fernando Motealegre-Zapata à l’Université de Lincoln, Royaume-Uni, et ses collègues ont étudié les vibrations de la membrane tympanale, une membrane tendue qui fonctionne comme un tympan, de la patte avant de la Copiphora gorgonensis (conocephalinae), une espèce de sauterelle de la forêt tropicale d’Amérique du Sud, dans laquelle ils ont remarqué de minuscules vibrations dans la cuticule rigide derrière la membrane. Quand ils ont disséqué cette membrane derrière la patte, ils ont percé de manière inattendue une cavité remplie de fluide sous pression.

L’équipe a analysé le liquide pour confirmer qu’il ne faisait pas partie du système circulatoire de l’insecte et a conclu, à la place, qu’il jouait le rôle de cochlée dans la détection du son. Chez la plupart des insectes, les vibrations sonores se transmettent directement aux capteurs neuronaux qui sont situés derrière la membrane tympanale.

L’évolution a apporté aux mammifères des osselets qui transmettent les vibrations du tympan à la cochlée remplie de fluide. La structure analogue de la sauterelle est une plaque vibrante, exposée à l’air d’un côté et au fluide de l’autre coté.

Chez les mammifères, la cochlée analyse la fréquence d’un son, pour déterminer sa hauteur, et la nouvelle structure trouvée par l’équipe semble effectuer le même travail. Couvrant seulement 600 micromètres, c’est la plus petite oreille connue de son genre dans la nature.

L'équipe a depuis trouvé des structures similaires dans quatre espèces de tettigoniidae (sauterelles). Elles seraient en mesure de détecter des fréquences allant jusqu’à 190 kHz. Par comparaison, les pauvres humains peuvent entendre jusqu’à environ 20 kHz et les chiens jusqu’à environ 60 kHz. Pour Montealegre-Zapata cette sauterelle est très intéressante :

C’est l’animal le plus à ultrasons de la planète. C’est un fantastique exemple d’évolution convergente dans les structures auditives de formes de vie (mammifère-insectes) aussi éloignées. Les sauterelles peuvent avoir des appels avec une grande variété de fréquences, beaucoup d’entre elles sont des ultrasons permettant ainsi de se différencier selon les espèces : au sein d’une communauté tropicale, il peut y avoir plus de 100 espèces de sauterelles différentes qui chantent la nuit.

Cette oreille pourrait aussi aider à éviter d’être sur les mêmes fréquences d’écholocation de ses prédateurs, les chauves-souris. Permettant ainsi de pouvoir discuter avec ses camarades sans se faire repérer.


L’étude publiée sur Science : Convergent Evolution Between Insect and Mammalian Audition.

http://www.sciencemag.org/content/338/6109/968

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la Sauterelle est définie par les caractéristiques suivantes :

Traits : La sauterelle symbolise le fait d'être quelqu'un d'unique. Il y a onze mille espèces de sauterelles, et chacune possède son propre chant. Les mâles chantent pour attirer les femelles à s'accoupler. C'est pour vous le signe qu'il y a de nombreuses façons de parvenir au même but, alors trouvez votre façon unique de faire les choses ! La sauterelle peut sauter jusqu'à une hauteur de vingt fois la taille de son corps. Cela veut dire que vous n'avez pas à laisser votre taille vous empêcher de faire de grandes enjambées dans votre vie. Les sauterelles sont petites, mais elles mangent seize fois leurs poids chaque jour. C'est là un avertissement qu'il vous faut surveiller votre alimentation, ne pas trop manger, ou veiller à consommer suffisamment de choses qui vous gardent en bonne santé.


Talents : Individualité ; Ingénieux ; Instinctif ; Intuitif ; Progrès rapides ; Originalité.


Défis : Destructeur ; Manque d'orientation précise ; Désorganisé ; Instable.


Élément : Air ; Terre.


Couleurs primaires : Brun ; Vert ; Orange ; Jaune.


Apparitions : La sauterelle apparaît lorsque vous êtes sur le point de vivre un changement radicalement positif dans votre vie. Elle vous incite à sauter sur les opportunités parce qu'il est possible qu'elles ne se présentent qu'une fois. Fiez-vous à votre jugement et à vos instincts pour avancer à grands pas. Votre rythme naturel est juste. Si c'est nécessaire, la sauterelle se sert de ses ailes pour voler et aller plus vite. Vous pouvez vous élever en faisant confiance à vos décisions au lieu d'en douter. Vous êtes désireux de sortir des sentiers battus et de découvrir ce qui est original et unique, et ce qui se cache dans ce qui n'est pas conventionnel. C'est cet aspect de votre caractère qui va vous ouvrir de nouvelles portes vers de merveilleuses possibilités. dès à présent, vous avez tant de portes et de fenêtres qui s'ouvrent autour de vous que vous ne savez pas dans quelle direction sauter. Prenez le temps de bien regarder, faites confiance à vos sentiments, et sautez. Vous serez heureux de le faire.


Aide : Vous êtes coincé et avez besoin d'une approche nouvelle, inédite, originale. Il peut s'agir d'un projet en cours, ou bien de votre maison, que vous êtes en train de redécorer. Quelle que soit la situation, la sauterelle vous aide à voir les façons originales de l'aborder. Vous pouvez avoir l'impression que vous prenez un chemin qui est long pour arriver à votre but, mais la sauterelle ne se déplace pas en ligne droite, il est donc inutile de forcer les choses pour les cadrer dans un chemin rigide. Laissez les frustrations derrière vous, appréciez le paysage en le considérant sous tous ses angles, et sachez que le résultat final sera surprenant. Si vous avez des difficultés à avoir confiance dans ce que vous décidez et dans votre nature instinctive, la sauterelle peut vous renforcer dans la conviction que vous allez dans la bonne direction. Sinon, elle peut vous ramener dans la bonne voie. La sauterelle vient vous avertir de sortir du chemin si vous vous sentez frustré ou en danger, ou si la situation est devenue trop nouée pour la gérer. Laissez-la de côté pour l'instant et approchez-la plus tard dans une autre perspective, un autre sens. Et, si elle est dangereuse, alors lâchez-la pour de bon.


Fréquence : L'énergie de la sauterelle a une sonorité semblable au bruit d'un léger ronflement qui se fait entendre derrière votre tête. Lorsque vous vous retournez pour voir, cela bouge avec vous et reste hors de votre vue. C'est un rythme régulier avec des fluctuations de tonalité. Cela ressemble au vent dans votre dos qui vous pousse vers des terres inconnues.


Imaginez...

Vous êtes dehors et vous remarquez qu'il y a partout des sauterelles. Vous vous demandez d'où elles viennent, car vous n'en aviez jamais vu autant en si peu de temps. Vous en attrapez une et la laissez cheminer sur vos doigts. Ses pattes chatouillent votre peau. Vous caressez son dos du doigt et la voilà qui soulève ses ailes comme si elle allait sauter ou s'envoler, mais elle ne le fait pas. Ses yeux sombres semblent refléter votre image comme un miroir. Vous ressentez dans l'air une charge positive et qui vous élève. Vous tendez la main pour inviter la sauterelle à s'envoler, mais elle fait demi-tour pour regarder vers vous et elle commence à monter sur votre bras. Elle n'a pas peur et avance rapidement jusqu'à votre coude. Maintenant, cela vous picote, aussi vous la prenez et vous la posez sur une feuille voisine. Vous réfléchissez à sa manière d'étudier les situations nouvelles, et vous pensez que peut-être vous feriez bien d'en faire autant.

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Dans Le Bestiaire du Chaman, 36 cartes divinatoires A la rencontre de votre animal totem (Édition originale, 2019 ; Éditions Larousse, 2020), Maïa Toll propose les correspondances symboliques suivantes associées à la Sauterelle (Microcentrum rhombifolium) :


Mot clef : Voyez au-delà

Comme son cousin le criquet, la sauterelle a cinq yeux. Elle les fixe sur les complexités de la vie, remarquant des détails qui nous échappent souvent, nous qui n'avons qu'une vision binoculaire. Perchée en haut d'un chêne, elle observe la clarté de la lune, l'ombre d'une branche, le scintillement des étoiles dans le ciel nocturne. Elle saisit toutes ces images simultanément, les réduisant à une seule qi montre la lente évolution du monde. Les détails s'agencent en motifs, les motifs en rythmes.

La sauterelle sait ce qui va arriver, parce qu'elle comprend ce qui a été. Quand elle apparaît, notez les détails pour commencer, vous aussi, à percevoir le rythme et à déchiffrer l'avenir dans les thèmes du présent.


Rituel : Trouver le rythme

Tous les membres de la famille des sauterelles ont la réputation d'être capables d'annoncer les orages. Leur chant syncopé, dont le rythme se modifie au fil des saisons, reflète les changements de température.

En fait, la sauterelle ne chante pas ; elle émet une stridulation qui ne provient pas de sa gorge, mas du frottement de ses élytres. Elle en perçoit le rythme grâce à des « oreilles » situées sur ses pattes avant. Ce barde nocturne nous apprend à découvrir et à célébrer le tempo du monde qui nous entoure.

La prochaine fois que vous entendrez des criquets et des sauterelles entonner leur chant dans la nuit, joignez-vous à eux ! Suivez la cadence. Si vous le faite au fil des saisons, vous finirez par remarquer des modulations dans ces rythmes nocturnes. Est-ce qu'elles correspondant à des changements de temps ? A des phases de la Lune ?

Observez si vous vous sentez différent ou si vous voyez les choses autrement, maintenant que vous avez rejoint le chœur cosmique.


Réflexion : Une vision multiple

Avoir des yeux composés, c'est un peu comme être assis dans une salle de contrôle devant des écrans qui montrent la même situation sous plusieurs angles. Chaque micro-œil enregistre une image que le cerveau de la sauterelle combine ensuite en une seule histoire. En outre, elle perçoit la lumière et l'ombre grâce à trois yeux supplémentaires appelés ocelles.

Avec notre unique paire d'yeux, beaucoup de choses nous échappent, tant sur le plan réel que métaphorique.. Nous faisons confiance à nos yeux, certes, mais n'y a-t-il pas des moments où ils sont loin de nous avoir montré une situation dans son ensemble ? Ne vous est-il jamais arrivé d'avoir raté quelque chose d'important ?

Qu'arriverait-il si vous regardiez le monde différemment, si vous cherchiez à voir au-delà des apparences, au lieu de ne regarder que ce qui est devant vous ?

Pouvez-vous laisser de côté vos convictions personnelles et vos préjugés pour voir le monde par les yeux d'un autre ?

« Il y a peut-être un domaine de la photographie ne nous dit rien de plus que ce que nous voyons avec nos propres yeux, mais il y en a un autre où elle nus prouve que ns yeux ne nous permettent pas de voir grand-chose. » (Dorothea Lange)

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Littérature :

Les quatre petits animaux les plus sages...

Proverbes 30 : 24-28 (Louis Segond)

24 Il y a sur la terre quatre animaux petits, Et cependant des plus sages ; 25 Les fourmis, peuple sans force, Préparent en été leur nourriture ; 26 Les damans, peuple sans puissance, Placent leur demeure dans les rochers ; 27 Les sauterelles n'ont point de roi, Et elles sortent toutes par divisions ; 28 Le lézard saisit avec les mains, Et se trouve dans les palais des rois.


Salomon nous demande de considérer quatre petits animaux, qui malgré leur taille, sont de beaux exemples de sagesse.

Les fourmis, peuple sans force, préparent en été leur nourriture. Les fourmis ont beaucoup à nous apprendre sur la prévenance, la préparation, le travail. Pendant l'été les fourmis stockent de la nourriture pour l'hiver. Elles travaillent avec diligence.

Les damans, peuple sans puissance, placent leur demeure dans les rochers. Les damans ont beaucoup à nous apprendre sur les vraies et sages fondations. Une personne sage et intelligente cherche à construire sur du solide, considère les fondations sur lesquelles elle construit et là où elle doit placer sa demeure. Les sauterelles ont beaucoup à nous apprendre sur l'auto-discipline, le pouvoir de l'unité, la coopération et le travail en équipe. Une sauterelle est insignifiante et faible par elle seule, mais lorsqu'elles sont plusieurs et marchent ensemble, c'est tout autre chose. Une armée de sauterelles, qui travaillent ensemble dans un but spécifique, est à craindre parce qu'elles savent travailler en unité (par exemple Exode 10:15). Le lézard saisit avec les mains, et se trouve dans les palais des rois. Le lézard a beaucoup à nous apprendre sur la témérité. Ce petit animal ne craint pas d'aller n'importe où et va même dans les palais des rois.

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Dans ses Histoires naturelles (1874), Jules Renard brosse des portraits étonnants des animaux que nous connaissons bien :


Serait-ce le gendarme des insectes ?

Tout le jour, elle saute et s’acharne aux trousses d’invisibles braconniers qu’elle n’attrape jamais.

Les plus hautes herbes ne l’arrêtent pas.

Rien ne lui fait peur, car elle a des bottes de sept lieues, un cou de taureau, le front génial, le ventre d’une carène, des ailes en celluloïd, des cornes diaboliques et un grand sabre au derrière.

Comme on ne peut avoir les vertus d’un gendarme sans les vices, il faut bien le dire, la sauterelle chique.

Si je mens, poursuis-la de tes doigts, joue avec elle à quatre coins, et quand tu l’auras saisie, entre deux bonds, sur une feuille de luzerne, observe sa bouche : par ses terribles mandibules, elle sécrète une mousse noire comme du jus de tabac.

Mais déjà tu ne la tiens plus. Sa rage de sauter la reprend. Le monstre vert t’échappe d’un brusque effort et, fragile, démontable, te laisse une petite cuisse dans la main.

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La sauterelle


Saute, saute, sauterelle, Car c’est aujourd’hui jeudi. Je sauterai, nous dit-elle, Du lundi au samedi.


Saute, saute, sauterelle, À travers tout le quartier. Sautez donc, Mademoiselle, Puisque c’est votre métier.


Robert Desnos, "La sauterelle" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque une Sauterelle particulière :

19 octobre

(La Bastide)


Ailes de soie verte ; yeux de jade polis par le torrent ; la sauterelle phanéroptère, à contre-soleil sur une tige d'herbe au bitume, montre d'étranges et douces transparences.

Seul son thorax à l'épais bouclier de chitine est opaque. Son abdomen laisse deviner le cœur et l'intestin. sa tarière, courbée comme un sabre de janissaire, livre au regard le tracé du canal oviducte.

Somptueuse radiographie solaire ! Mais ce n'est pas le ventre d'un orthoptère que la lumière révèle ainsi par hasard : c'est l'anatomie du monde.

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Selon Pierre Magnan, auteur de Chronique d'un château hanté (Éditions Denoël, 2008) :


"C'était en juin. On cueillait les cerises ; On vit soudain poindre un nuage du côté d'Apt, ayant la forme d'une faucille qui se serait déformée, reformée, avançant à grande vitesse et soudain obscurcissant le soleil par pulsations.


Il tomba d'abord sur les champs et les bois quantité d'excréments minuscules semblables à de la fiente de pigeon et qui ne sentaient rien. Un homme qui binait ses salades en son enclos bien tenu ne vit soudain plus les plants. Leur verdure était devenue d'une vilaine couleur grise qui faisait penser au deuil. L'homme regardait ça stupidement. Sa femme se releva en hurlant. Elle, c'étaient les raves dont elle coupait les feuilles pour les assaisonner ce soir avec du lard. Elle trouva tenant en main un bouquet de cardes lequel soudain fut éteint par tout ce gris et qui n'avait plus que les nervures. Un volettement fébrile soulevait l'air. Une averse visqueuse bruissait sur les épaules autour des oreilles des jardiniers. Le soleil se couchait partout et pourtant il continuait à faire jour.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda l'homme stupidement.

- Des sauterelles, imbécile ! Tu n'as jamais vu de sauterelles ?

- Si ! Mais trois quatre, pas un tapis !

Ils se regardèrent l'un l'autre. Ils étaient hideux. Les sauterelles s'étaient emmêlées dans leur chevelure imitant la toison hérissée de la Gorgone.

La masse était sans cesse en mouvement. A mesure qu'elles s'alentissait sur la terre, ne s'arrêtant que pour soulever les élytres et pondre abondamment, le jardinier s'aperçut que les fèves, lesquelles pourtant ce matin encore commençaient à fleurir, n'existaient plus de même que les salades. Il se rua vers la cabane pour prendre une bêche. Il se mit à taper comme un forcené. La femme qui criait toujours giflait le sol à grands coups de tablier, écrasait les insectes d'un soulier vengeur. Sur Mane, sur Forcalquier, sur Dauphin, sur Manosque et jusqu'à mi-hauteur de Lure la giboulée de sauterelles ne s'arrêta qu'à la nuit et reprit au matin.

Ces vols n'étaient pas sans fin. Ils se succédaient. Mais les premiers avaient déjà tout dévoré et les suivants mouraient de faim. Les premiers jours, les hommes résistèrent grâce aux provisions des maisons, des granges et des greniers. Les puits étaient souillés, les ruisseaux charriaient des traînées d'insectes. On essaya de les faire cuire au moment de leur mort. Les élytres et les pattes et le thorax étaient coriaces comme écailles de poisson et le goût soulevait le cœur.

[…]

Le comte découvrit tout de suite que ce nuage en forme de faucille apportait le malheur. Il appela ses filles.

- Vite Ermerande et toi Sanche, prenez Clermonde ! Rentrez-la à la maison et fermez bien la porte !

Lui-même resta un long moment dehors. De l'autre côté du chemin qui montait jusqu'aux yeuses d'Haurifeuille, il pouvait voir tout le nord obscurci par cette fois trois de ces faucilles palpitantes qui filtraient le ciel. Il les voyait, titubant comme un être ivre, dépourvu de raison, aveugle et tâtonnant vers tous les horizons, ne sachant où aller.

Les trois chèvres qui broutaient paisiblement le long des buissons succulents à leurs babines se trouvèrent soudain fouettées par une grêle chaude qui les mit en panique. Elles foncèrent vers l'écurie. L'ânesse se mit à braire et son ânon à ruer. Seules les poules de la basse-cour caquetant de plaisir et le coq glorieux qui chantait à tue-tête comprirent ce qui se passait. Ils se ruèrent vers cette manne grisâtre qui tombait du ciel. Ils n'en croyaient pas leur faim toujours pressante. Avec les pattes, avec le bec ils entreprirent de faire une hécatombe parmi les insectes morts et vivants qui grouillaient sur le sol.

[…]

- Père, qu'est-ce que c'est ?

- Père, quelle abomination nous tombe encore dessus ?

Elles parlaient à voix basse. Elles parlaient en français. La langue d'oc, selon elles, était l'expression du bonheur. On devait cesser de l'utiliser quand Dieu nous abandonnait.

- Ce sont des sauterelles, dit le père, à voix basse lui aussi.

Les insectes s'écrasaient avec un bruit de sec grêle pressée.

- On va vivre encore dans le malheur ! pensait le comte. On n'entendra pas cette année le vent sur les moissons. Survivre ! Encre survivre ! Gémit-il.

C'était la première fois que l'Occident se trouvait affronté à cette invasion. La terre devint blanche comme s'il avait neigé sauf sous les forêts et les cimetières car, sans qu'on eût jamais pourquoi, les vols de sauterelles s'arrêtèrent aux portes des champs des morts, les vieux comme les neufs. Les cimetières furent les seuls endroits où l'herbe se mit à croître sur les fraîches fosses, hâtivement recouvertes, des victimes de la peste. Tout le reste du végétal fut anéanti. La peste ne s'était attaquée qu'aux humains. Les sauterelles rasèrent tout ce dont le règne animal avait besoin pour vivre : l'herbe, les légumes, les tendres pousses des arbres, les fleurs ; seuls les chênes, les yeuses et les buissons de ronces trouvèrent quartier ; mais les carlines, mais la salsepareille, mais la belladone, mais les œnanthes, mais l'herbe-à-pauvre-homme, mais les bourses-à-pasteur, mais les consoudes, mais les rosiers, mais le cornouiller et tout le reste qui faisaient si beaux le pays de Forcalquier et la laine de Manosque, n'existèrent plus.

Il n'y eut pas d'automne. Toutes les feuilles caduques des arbres, les criquets les avaient dévorées.

La lavande elle-même fut saccagée par les prédateurs. On assista à la soudaine dominante du parfum de l'aspic. Celui-ci exsudait de chaque insecte. Les nuées de sauterelles le répandaient dans l'air après avoir gobé les épis. La famine se poursuivit dans cette odeur suave. Les survivants, cinquante ans après, ne pouvaient pas humer cette fragrance sans en avoir le cœur soulevé."

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