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Photo du rédacteurAnne

Le Poisson clown

Dernière mise à jour : 24 mars




Étymologie :


  • CLOWN, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1823 (A.-D. d'Arcieu, Diorama de Londres, p. 158 ds Fr. mod., t. 17, p. 287 : le Pierrot, que les Anglais appellent clown) ; 1884 fém. clownesse (Huysmans, À rebours, p. 138). Angl. clown, attesté dep. la 2e moitié du xvies. sous les formes cloyne, cloine, puis clown au sens de « homme rustre, paysan » d'où « bouffon, fou » et plus spéc. à partir du xviiie s. « pantomime, personnage des arlequinades et du cirque » (NED), peut-être d'orig. b. all. (NED ; Klein Etymol.).


Lire également la définition du nom clown afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Amphiprion -

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Zoologie :


Dans sa thèse de doctorat intitulée Et si Némo nous permettait de mieux comprendre ce qu'est le commensalisme des bactéries bucco-dentaires? (2004 ; Revue Française de Plongée – N°5, mars 2005), Matthieu Ternois explique le fonctionnement symbiotique du poisson-clown et de l'anémone :


[...] L’anémone appartient à la famille des Actiniaires. Elle ressemble certes à une très jolie fleur aquatique ; elle n’en est pas moins un animal carnivore ! Ses tentacules possèdent des milliers de cellules urticantes (les nématocystes) qui leur servent à capturer leurs proies et à les immobiliser, en l'occurrence des poissons. Si son régime est en grande partie constitué de zooplancton, ses tentacules peuvent tuer par contact de petits poissons, et les ramener avec une impressionnante efficacité au centre de la bouche.

L’anémone de mer (actinie) ne tue cependant pas les poissons-clowns qu’elle connaît. Et seuls ces derniers ne sont pas inquiétés. En effet, les poissons-clowns l’utilisent comme habitat, et viennent volontiers se nicher au fond de ses tentacules mortels, ce qui les protège de prédateurs.

Jusqu’à il y a peu de temps encore, les scientifiques ne savaient pas ce qui protégeait le poisson-clown. Ils ignorent encore d’ailleurs quel processus l’amène à aller chercher refuge dans l’anémone : est-ce un signal génétique, ou des expériences récentes ? Le poisson-clown y trouve non seulement un habitat, mais surtout un refuge efficace pour survivre dans l’environnement marin. Le poisson-clown, même sans nageoire atrophiée comme Némo, est un bien piètre nageur, dépourvu d’arme défensive. Sans son hôte, il serait probablement mangé.

Ce qui est le plus remarquable, c’est que le poisson-clown a conscience que son immunité doit être activée par une procédure bien spécifique. L’anémone possède comme on l’a vu des réservoirs de toxine puissante, les nématocystes, contenus dans ses tentacules. Le poisson-clown doit s’habituer à ces nématocystes. Cela peut prendre quelques minutes à quelques heures et se fait par des contacts brefs mais répétés avec les tentacules de l’actinie. Le poisson mordille à plusieurs reprises les tentacules, présentant ses nageoires pelviennes et sa queue. Brûlé, il bât en retraite, puis recommence. On a longtemps admis que le mucus de l’anémone contenait une substance retardant l’effet du poison lorsque le poisson rentre en contact avec les tentacules de l’animal carnivore. Richard M. Mariscal, après de nombreuses années de recherche, a émis une autre hypothèse : le poisson-clown pourrait s’immuniser progressivement lors de ces "violentes caresses", par transformation de son propre mucus protecteur (réparti sur sa peau). Mariscal et W.R. Brooks ont montré, dans de toutes récentes études, que les poissons étaient capables dans certains cas de changer leur propre mucus.

On sait qu’après une séparation de plus de 24 heures, entre l’anémone et les poissons-clowns, ces derniers sont obligés de recommencer le « brûlant » processus de reconnaissance. Au laboratoire, en utilisant un morceau de ruban adhésif que l’on colle sur une partie du poisson-clown, on arrive à prélever ce mucus sur une zone bien délimitée. Tel Achille, notre petit congénère est vulnérable sur cette zone. Le contact de l’anémone entraîne de nouveau des brûlures et il doit se ré-immuniser à cet endroit. Aussi sympathique qu’il soit, on évitera donc de poser nos mains de plongeurs sur ce petit être coloré !

être coloré ! Une fois que le poisson-clown est bien installé dans son anémone, il y trouve une protection indéniable contre ses prédateurs. Les femelles y déposent leurs œufs. De récentes découvertes ont d’ailleurs mis en évidence que le succès de la reproduction, le dépôt des œufs et leur éclosion sont fortement corrélés à cette association mutualiste.

Les femelles laissent même en garde leurs alevins dans l’anémone. Notons que les jeunes ne sont pas inquiétés par les brûlures des tentacules. Néanmoins, ils s’immunisent régulièrement comme leurs parents, même s’ils sont amenés, plus grands, à aller coloniser d’autres actinies. Les espèces d’amphiprioninés pour la plupart sont territorialement très liées à leur anémone et ne s’en écartent jamais beaucoup. Certaines anémones modifient leur structure dès lors qu’elles sont colonisées par des poissons-clowns. C’est ainsi que les tentacules d’Entacmaea quadricolor (l’anémone à bouts renflés), prennent leur forme de "tétine" si particulière ; chaque "tétine" comportant une batterie de nématocystes. Cette adaptation de l’anémone représente alors un gage de protection encore bien meilleure.

Le poisson-clown se nourrit aussi des restes de proies capturées par l’actinie, ainsi que de ses déchets.

L’anémone profite aussi de cette relation. Si elle dissuade les éventuels prédateurs du poisson-clown, ce dernier pourchasse ceux de l’actinie (le poisson-papillon ou certains labres par exemple). Le poisson-clown nettoie aussi les zones infectées de son hôte, et lui enlève ses parasites. Il peut même servir d’appât pour des proies de l'anémone.

Ce qui semble le plus important et qui souligne le succès de leur association, est que le poisson apporte de la nourriture à son hôte. En effet, quand le poisson-clown capture par exemple une petite crevette, on peut parfois le voir partager son repas avec l’anémone. Tout ceci s’accompagne de contacts intimes et sensuels, le poisson-clown caressant les tentacules de l’actinie. Il en profite pour entretenir son immunité.

Puisque le poisson-clown a peu de chance de vivre sans son anémone, les anglophones appellent cela "une symbiose obligatoire" ; l’actinie quant à elle profite des bénéfices de cette association, mais peut très bien vivre sans : c’est "une symbiose facultative".

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Pascal Picq et Philippe Breno dans leur ouvrage intitulé Le Sexe, l’Homme et l’Évolution (Éditions Odile Jacob, 2009) évoquent le comportement sexuel des poissons-clowns :


Chez les poissons, 10% des espèces changent de sexe tout à fait normalement au cours de leur vie, la majorité la commençant au masculin et la terminant au féminin, comme le mérou, et les autres inversement, comme le poisson clown.

 



Arts visuels :



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