top of page

L'Arbre des Mondes

L'axis mundis du monde chamanique

 

        "... ce qui sacralise avant tout un lieu, c'est sa fermeture : îles au symbolisme amniotique, ou encore forêt dont l'horizon se clôt lui-même. La forêt est centre d'intimité comme peut l'être la maison, la grotte ou la cathédrale. Le paysage clos de la sylve est constitutif du lieu sacré. Tout lieu sacré commence par le 'bois sacré' ".

Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 281, Bordas, 1984..

 

​

    Dans la tradition celtique, cet arbre du monde est représenté à l'intérieur d'une noisette symbolisant la sagesse et permet de visualiser les trois mondes qui se côtoient intimement : le monde d'En-Bas, le monde d'En-Haut et le monde du Milieu comme le montre ce dessin inspiré d'un schéma de John Matthews dans Le Chaman celtique, Editions du Rocher, 1996.

​

​

    D'après Nicki Scully, auteure de Méditations de l'Animal pouvoir, Voyages chamaniques avec les alliés esprits (1991 et 2001 pour l'édition originale, ; Guy Trédaniel Éditeur, 2002),

 

    "l'arbre de vie st un symbole ancien et universel représentant et incorporant la plénitude des cycles vitaux; Il fournit un modèle parfait pour les trois aspects fondamentaux de nous-mêmes, que la tradition polynésienne des Huna, appelle le Soi Haut, Médian, Bas, ou caché. Le Soi Haut est son sur-moi ou soi de parents, et il est connecté à tous les Soi Supérieurs. Métaphoriquement, il peut être représenté par le feuillage des arbres, qui atteint les hauteurs de l'esprit au-delà des liens des limitations physiques. Le tronc est comme le Soi Moyen, rationnel et pensant. Il représente la partie de nous-mêmes qui pense qu'elle est séparée. Même quand les feuillages se fondent, les troncs sont perçus comme individués. Le système radical, caché sous terre, fournit notre soutien et notre nourriture, et correspond au Soi Bas, au subconscient là où notre historie et nos souvenirs sont emmagasinés et d'où proviennent nos pouvoirs intuitifs.

     Avez-vous jamais marché dans une forêt, ou même dans un parc, ou dans votre verger, et parlé aux arbres ? La sagesse des arbres défie l'explication. Quand vous êtes triste, étreignez un arbre, il partagera votre tristesse et fera que vous vous sentiez mieux.

     Il y a une technique que j'enseigne souvent dans mes cours de guérison : après avoir salué un arbre et établi une relation avec lui, vous pouvez lui demander de vous aider avec la guérison ou la purification émotionnelle. Il est important de demander d'abord, mais je n'ai jamais vu jusqu'à présent un arbre objecter un refus. Puis placez vos deux mains sur son écorce et laissez l'arbre vous ôter votre douleur, votre colère, ou votre chagrin. Vous sentirez qu'il vous enlève vos énergies indésirables, comme s'il tirait dessus jusqu'à ce que la libération soit réalisée. Il est très important, quand vous utilisez cette technique, de vous ouvrir pour recevoir la lumière afin de remplacer l'énergie donnée par l'arbre. Il vous suffit de demander qu'un rayon de lumière soit généré dans votre être quand la libération est effectuée. Veillez à laisser une offrande à l'arbre, pour que vous vous entiez stable et assuré. Vos racines iront aussi profond que nous le leur permettrez.

     Le voyage suivant peut être fait et refait, avec de nombreuses options pour l’expérimentation et le changement, de façon que, avec l'enracinement, vous puissiez recevoir guérison et information au sujet de vous-même. Prêtez attention à la santé de votre arbre, la vibration de sa couleur, et la façon dont il se tient dans ce monde. Remarquez la saison, le moment du jour ou de la nuit, et toute autre indication importante. Vous verrez les aspects de vous-même briller tandis que vous continuerez de travailler avec l'image de votre corps arbre.

     Les méditations sur l'arbre se prêtent bien aux énergies de groupe. Les premiers temples peuvent avoir été des cercles naturels d'arbres, même avant que les cercles de pierres ne soient construits. Essayez de faire un cercle humain comme un bosquet d'arbres, et remarquez comment vos racines s'entrelacent autour des racines des autres arbres dans le bosquet, pour se soutenir mutuellement. Des participants peuvent aller au centre du cercle sacré d'arbres que vous créez, et prier ou recevoir orientation ou guérison. Si vous faites partie d'un cercle continu, vous pouvez établir un cercle de pouvoir qui peut être contacté par n'importe quel membre à n'importe quel moment, pour la guérison, la régénération, ou simplement le soutien afin de faire face à des moments difficiles.

​

Voyage de l'Arbre

​

​

     Selon Aurore Petrilli auteur d'un article intitulé "Le trésor du dragon : pomme ou mouton ?" (paru In: Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, numéro 16, 2013. pp. 133-154) : 

​

     [...] La thématique de l’arbre revient étrangement dans les deux mythes en tant que support à l’objet convoité. Pourtant il s’agit dans un cas seulement d’un véritable support. La toison est bel et bien accrochée à l’une des branches, tandis que les fruits eux, font partie intégrante de l’arbre qui les porte. L’arbre n’est pas un support quelconque. Il représente un thème à la symbolique universelle gravitant autour des idées de régénérescence et de vie. À travers lui l’homme imagine se voir frêle ou fort, chenu ou vigoureux, chargé de fruits, étirant ses rameaux vers le ciel comme un homme ses bras. Le cycle des saisons transparaît à travers lui et rythme la vie des hommes, tel un double végétal. De plus, il fait le lien entre les trois niveaux du monde : ses branches touchent le ciel, son tronc est sur la terre que foulent les hommes et ses racines plongent dans le royaume d’Hadès. De ce fait, sa connotation cosmique est immense. En tant que grand vivant immuable, il fait lui-même figure de gardien. Dressant sa ramure à une bonne hauteur du sol, il empêche les créatures plus petites de s’emparer de ses fruits ou de tout autre objet dissimulé dans ses branches. À cette symbolique générale commune, chaque espèce ajoute une facette particulière. Les arbres de nos deux mythes sont foncièrement différents : un pommier et un chêne.

​

​

      Eliot Cowan, auteur de Soigner avec l'Esprit des Plantes, Une voie de guérison spirituelle (Édition originale 2014 ; traduction française Éditions Guy Trédaniel, 2019) raconte plusieurs histoires de guérison dont il a fait l'expérience à partir du moment où il est entré sur la voie de la Guérison avec l'Esprit des plantes et partage son rêve de l'arbre :

​

     "Peut-être pensez-vous qu'un arbre n'est pas vraiment une source de drames épiques, mais les choses étaient différentes au début du monde. Lorsque l'arbre grandit, il eut besoin de place pour grandir. Zap ! Soudain l'espace exista, là où seul le chaos régnait auparavant. Et, comme si ce n'était pas suffisant, l'arbre eut besoin que ses branches puissent pousser vers le haut et ses racines vers le bas. A nouveau, zap ! Soudain, il y eut des directions dans l'univers. Maintenant qu'il y avait la possibilité de mettre un ordre dans les choses, l'arbre ordonna au Feu de se placer en haut en tant que soleil, et à la Terre de se rassembler en bas en tant que sol. Aussi bien le Feu que la Terre éprouvèrent un agréable sentiment d'utilité lorsqu'ils s'adaptèrent à ce nouvel ordre des choses, et il ne fut pas longtemps avant que le Métal et l'Eau ne les rejoignent.

     Ayant créé l'espace et les directions, l'arbre du centre de l'univers commença à grandir. Pour grandir, il eut besoin de matières premières pour fabriquer du bois, et il utilisa ce qu'il avait sous la main : le Feu, la Terre, le Métal et l'Eau. Ces éléments furent organisés en quelque chose de nouveau et d'unique : un moi individuel composé d'éléments, mais plus ou moins distinct de ces éléments. Ce fut le premier protagoniste.

      Alors qu'il continuait de grandir, l'arbre protagoniste commença à vieillir - c'est-à-dire se déplaça dans le futur. Jusque-là, il n'y avait pas encore eu de futur dans lequel se déplacer. Sans croissance et sans développement, rien ne s'était encore passé, du moins rien qui aurait pu se distinguer d'autre chose. Il n'était pas possible de distinguer un instant d'un autre, et le temps n'existait pas. La croissance de l'arbre mit fin à tout cela : il y avait maintenant une direction dans le temps, comme il y en avait une dans l'espace, et l'arbre commença à planifier la façon dont il allait grandir. Ainsi l'arbre devint le premier visionnaire.

       En grandissant et en examinant le futur, l'arbre a prévu la question de la mort, et a trouvé une solution amusante à ce problème : le sexe. Et, comme le sexe nécessitait la présence d'un autre individu, l'arbre demanda au Rêveur de lui rêver une compagne attirante. En un clin d’œil, un deuxième arbre apparut à proximité. Le premier arbre en devint désespérément amoureux, et voulut commencer à se reproduire immédiatement. Mais le deuxième arbre avait ses propres plans, et il préférait se ramifier pour assurer sa croissance personnelle avant de faire des racines et d'élever de jeunes plants. Évidemment, les deux se querellèrent, et le deuxième arbre s'éloigna, offensé. S'il n'avait pas changé d'avis, le monde serait toujours paralysé par sa colère, mais, fort heureusement, les deux arbres se retrouvèrent et fondèrent une famille.

      C'est ainsi que le Rêveur mit un arbre au centre de l'univers, et que de cet arbre naquirent le temps, l'espace, l'individualité, le conflit, le sexe et la mort. Tous les ingrédients d'une bonne histoire, et la première qu'a inventée l'arbre est toujours l'une des meilleures : le garçon rencontre la fille; la garçon perd la fille, et, pour finir, le garçon récupère la fille. Depuis lors, chaque fois qu'une plante germe, des douzaines d’histoires naissent avec elle, de sorte que le Rêveur ne s'est depuis jamais ennuyé un seul instant."

​

​

      Dans "Le symbolisme de la forêt et des arbres dans le folklore." (Perception des forêts. Unasylva, 2003, vol. 213, n°54, pp. 37-43), Judith Crews rappelle la signification de l'Arbre de vie :

​

        L'arbre de vie (ou l'arbre cosmique)

       L’arbre de vie est un motif très répandu dans de nombreux mythes et contes populaires dans le monde entier, et grâce auquel les cultures ont cherché à comprendre la condition humaine et profane relativement au royaume divin et sacré. De nombreuses légendes parlent de l’arbre de vie, qui pousse au-dessus du sol et donne la vie aux dieux et aux hommes, ou d’un arbre cosmique, qui est souvent lié au « centre » de la terre. C’est probablement le mythe humain le plus ancien, et peut-être un mythe universel.

[...]

       L’arbre de la vie de la Kabbale (le courant ésotérique et mystique du judaïsme) Dans la mythologie norvégienne, le frêne géant Yggdrasil reliait et protégeait tous les mondes commune au judaïsme, au christianisme et à l’islam. Les mythes d’arbres cosmiques se retrouvent dans le folklore haïtien, finnois, lituanien, hongrois, indien, chinois, japonais, sibérien et chamanistique de l’Asie du Nord. Les populations anciennes, notamment hindoues et scandinaves, voyaient le monde comme un arbre divin naissant d’une seule semence semée dans l’espace; parfois il était renversé (Hall, 1999). Les légendes des anciens Grecs, Persans, Chaldéens et Japonais décrivaient l’arbre-axe autour duquel tourne la terre. Les disciples de la Kabbale du Moyen Age représentaient la création comme un arbre dont les racines plongeaient dans la réalité de l’esprit (le ciel) et les branches avait 10 branches, le Sephiroth, représentant les 10 attributs ou émanations grâce auxquels l’infini et le divin étaient en relation avec le fini. Le chandelier à branches appelé ménorah, l’un des symboles les plus anciens du judaïsme, avait des liens avec l’arbre de vie. La forme de la ménorah, selon la Bible, avait été dictée à Moïse par Dieu (Exode 25 :31- 37 ); il devait avoir six branches, avec des calices en forme d’amandes avec pommes et fleurs. Dans les Proverbes 3 : 18, il est dit que la sagesse est « un arbre de vie pour ceux qui le saisissent ».

         L’arbre cosmique, est une autre forme de l’arbre de vie. Il y a avait un arbre cosmique dans le jardin d’Eden du livre de la Genèse, et cette tradition est commune au judaïsme, au christianisme et à l’islam. Les mythes d’arbres cosmiques se retrouvent dans le folklore haïtien, finnois, lituanien, hongrois, indien, chinois, japonais, sibérien et chamanistique de l’Asie du Nord. Les populations anciennes, notamment hindoues et scandinaves, voyaient le monde comme un arbre divin naissant d’une seule semence semée dans l’espace; parfois il était renversé (Hall, 1999). Les légendes des anciens Grecs, Persans, Chaldéens et Japonais décrivaient l’arbre-axe autour duquel tourne la terre. Les disciples de la Kabbale du Moyen Age représentaient la création comme un arbre dont les racines plongeaient dans la réalité de l’esprit (le ciel) et les branches touchaient la terre (réalité matérielle). L’image de l’arbre renversé se retrouve aussi dans les positions inversées du yoga, où les pieds étaient les réceptacles de la lumière solaire et d’autres énergies « divines » qui devaient être transformées comme l’arbre transforme la lumière en d’autres énergies dans la photosynthèse (de Souzenelle, 1991).

        Cependant, en règle générale, on pensait que les racines de l’arbre cosmique se situaient dans le monde souterrain et ses branches dans l’empyrée. Il était aussi considéré à la fois comme naturel et surnaturel, autrement dit, il appartenait à la terre sans toutefois en faire partie. Le contact avec cet arbre, ou la permanence dans l’arbre, assurait en général la régénération ou la renaissance pour un individu. Dans de nombreuses épopées, le héros mourait sur un tel arbre et était régénéré. Il était aussi estimé que l’arbre cosmique racontait l’histoire des ancêtres, et reconnaître l’arbre voulait dire reconnaître sa place comme être vivant. Le bois de cet arbre était considéré fréquemment comme une matière universelle. En grec, le mot hylé désigne aussi bien le «bois» que la «matière» et la « première substance » (Pochoy, 2001).

         

     

​

Bouleau sous la neige
Le bouleau sous la neige

 

         Le bouleau est un arbre magique

 

"Il y a dix mille ans, une invasion de bouleaux suivit le recul des glaciers : car les bouleaux sont des pionniers qui s'installent dans les milieux les plus durs, où aucun autre arbre ne pourrait tenir. Leur grande résistance au frois en fait l'arbre privilégié du nord de la taïga sibérienne, où son tronc blanc se fond dans les paysages enneigés."

Jean-Marie Pelt, La Vie sociale des plantes, Fayard, 1984.

Forêt moussue
La symbiose végétale

 

      La mousse, le lierre et l'arbre

Le Pommier généreux

A l'heure de la maturité, la sagesse

 photo jlggb (avec son aimable autorisation)

Hêtres en automne
La parure royale de la forêt

 

      Quand vient le temps de l'automne, la forêt flamboie de mille feux avant de s'endormir pour l'hiver. C'est le dernier embrasement, la plénitude de la maturité avant le sommeil recréateur.

bottom of page