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Les Nymphes

Dernière mise à jour : 10 déc. 2023


Étymologie :

  • NYMPHE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. a) 2e moitié xiie s. « divinité des fleuves, des bois ou des montagnes, représentée sous les traits d'une jeune fille, dans la mythologie » (Narcisse, éd. M. Thiry-Stassin et M. Tyssens, 677) ; b) 1630 « fille galante » (A. d'Aubigné, Les Avantures du Baron de Faeneste, II, XVIII ds Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t. 2, p. 473) ; 2. 1599 anat. (Hornkens, Recueil de dict. françoys, espaignolz et latins) ; 3. 1682 «larve d'insecte» (Journal des Savants, p.208) ; 4. 1780 nymphe de Ternate « espèce de martin-pêcheur » (Buffon, Hist. nat. des oiseaux, t.7, p.197). Empr. au lat. nympha, lui-même empr. au gr. ν υ ́ μ φ η « divinité », « jeune fille ou jeune femme », en anat. « clitoris » et « chrysalide de l'insecte ».


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


NAINES BLANCHES OU DEMOISELLES. Des nymphes de ce nom habitent les rives de la Valouse, dans le canton d'Arinthod, département du Jura. On les voit se promener, avant le lever du soleil, à travers les vapeurs de la terre qui les enveloppent comme un voile de gaze. Quelquefois elles forment des rondes et se livrent à la danse avec un entrain gracieux. Leur parure est d'ailleurs des plus séduisantes, et les rubans et les fleurs s'y marient aux pierreries, brillant d'un éclat sans pareil.




Symbolisme :


Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


Les Nymphes sont des "divinités des eaux claires, des sources, des fontaines : Néréides, Naïades, Océanides, sœurs de Thétis. Elles engendrent et élèvent des héros. Elles vivent aussi dans des cavernes, lieux humides : de là, un certain aspect chtonien, redoutable, toute naissance étant en relation avec la mort et réciproquement. Dans le développement de la personnalité, elles représentent une expression des aspects féminins de l'inconscient. Divinités de la naissance, et particulièrement de la naissance à l'héroïsme, elles ne vont pas sans susciter une vénération mêlée de peur. Elles volent les enfants, elles troublent l'esprit des hommes à qui elles se montrent. Le milieu du jour est le moment de l'épiphanie des nymphes. Celui qui les voit devient la proie d'un enthousiasme nympholeptique... C'est pourquoi, au milieu du jour, recommande-t-on de ne pas s'approcher des fontaines, des sources, des cours d'eau ou de l'ombre de certains arbres. Une superstition plus tardive parle de la folie qui saisit celui qui aperçoit une forme sortant de l'eau... sentiment ambivalent de peur et d'attirance... fascination des nymphes (qui) amène la folie, l'abolition de la personnalité. Elles symbolisent la tentation de la folie héroïque, qui veut se déployer dans des exploits guerriers, érotiques ou de n'importe quel ordre."

 

Ludmila Vinogradova et O. Mélat, "La roussalka dans les rites et croyances des Slaves." (In : Revue Russe n°8, 1995. La culture populaire slave. pp. 91-103) :


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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Les nymphes ou naïades (issues des mythologies gréco-romaines), et les ondines (mythologie germano-scandinave), parfois appelées ondins, qui vivent dans les rivières d'eau pure, les fontaines, les sources, les cascades, et les lacs, sont « composées des plus subtiles parties de l'eau ».

Si nymphes et ondines sont d'une grande beauté, elles se montrent souvent, à l'instar des sirènes, malfaisantes et cruelles. Elles enlèvent les enfants et « rendent fous les hommes qu'elles ont séduits ». Si quelqu'un hésite « entre deux chemins, elle s'offre à le conduire, l'autre est heureux, mais elle l'entraîne à l'eau et le noie » (Moselle, Rhône). Selon les croyances allemandes, du fond de l'eau, elles épient le pêcheur et l'attirent, dès que l'occasion se présente, dans un gouffre où il disparaît pour toujours.

En Suède, chaque rivière a ses esprits des eaux : on voit parfois, d'un petit trou dans la glace des lacs, sortir une main qui saisit les offrandes qu'on lui fait. On dit d'ailleurs parfois d'une femme : « Elle a la main comme celle de l'esprit du lac ».

Pour l'abbé Migne (Dictionnaire des sciences occultes, 1848), comme pour bien d'autres théologiens, ces esprits de seaux étaient des démons femelles. La preuve en est, dit-il, que « les Grecs disaient qu'une personne était remplie de nymphes pour dire qu'elle était possédée des démons ».

Dans le folklore arménien, la nymphe ou « périe », qui représente l'idéal de la beauté, est décrite ainsi : « La périe est une nymphe élégante, de grande taille ; nue, elle se couvre avec ses cheveux blonds, qui descendent jusqu'aux pieds. Elle a le front large, les yeux noirs et fendus en amande, les sourcils noirs arqués, les joues rouges comme la pomme, la bouche très petite et les lèvres comme les feuilles d'une rose ; les pieds si petits et si légers que la croyance populaire pense qu'une rose pousse à l'endroit où elle met son pied : bref, on pense qu'un jour Dieu n'ayant pas d'occupation a pris un pinceau et l'a peinte ».

Selon la légende, les péries descendent de l'homme mais ont été maudites par Dieu à la suite des faits suivants : quand Noé et ses enfants allèrent dans l'arche, Dieu leur interdit de s'approcher des femmes ; mais Cham, fils de Noé, désobéit et s'en approcha de si près qu'il devint père d'un garçon et d'une fille. Après le déluge, tous les passagers sortirent de l'arche, sauf les deux enfants qui y étaient cachés. Dieu demanda :

- Il n'y a plus personne ?

- Tshiq (il n'y en a pas), répondit Noé.

- S'il y a quelqu'un, dit Dieu, qu'il devienne « tshiq ». Et les deux enfants devinrent « tshiq » ou « périe ».

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Édition Larousse Livre, 2000) :


"Dame Hollé est une sorte de nymphe des eaux qui préside au renouvellement de l'année ou tout au moins parcourt la terre germanique de Noël aux Rois ; quand il neige chez les hommes c'est elle qui secoue son lit de plumes. Elle donne aux femmes qui viennent la trouver la santé et la fécondité. Les enfants nouveau-nés proviennent de son étang. Elle punit les fileuses paresseuses, salit leurs quenouilles, brouille leurs fils ou met le feu à leur lin. Au contraire, elle envoie des fuseaux aux jeune filles qui filent avec ardeur et pendant la nuit avance leur travail ou l'achève. Elle attire volontiers les enfants dans son étang ; elle porte bonheur à ceux qui sont bons et laborieux et fait des misérables de ceux qui sont mauvais ou paresseux." (Pierre Saintyves, Les Contes de Perrault et leurs Récits parallèles, texte rédigé d'après Les Veillées normandes de Grimm, éditions Robert Laffont, 1987).

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Symbolisme celte :


Selon Jean-Jacques Hatt, auteur d'un ouvrage intitulé Mythes et dieux de la Gaule, tome II (inachevé et noon daté) :


Les Nymphes : Les dédicaces aux Nymphes ont été placées tantôt près des sources, tantôt dans des carrières militaires. Elles font souvent l’objet d’une double référence : au corps de troupe en faveur duquel a été réalisée l’offrande, au responsable qui s’en est chargé.

CIL XIII 6606 Ammerbach : pour le numerus des Bretons Triputiens, aux bons soins d’un centurion de la XXIIe légion.

6649 Stockstadt : les Nymphes d’Apollon ont été restaurées à juste titre, elles doivent être gratifiées d’autels, ces deux actes ont été accomplis avec joie, pour lui même et les siens par L Memmius Iuvenis, bénéficiaire consulaire, sous le consulat de Pudens et de Pollio, 166 ap. J.C.

7278 Castel : Deabus Numpis Antiochus Apollinaris.

7279, ibid. : d’un vétéran, préfet de l’eau.

7460 Saalburg : pour la IIe cohorte des Rhètes citoyens romains, leur préfet.

7724 Brohl, pour un détachement de la XXIIe légion = Esp : 6175 Nymphe couchée.

7691 Brohl : à Apollon et aux Nymphes, d’un vétéran.

Le culte des Nymphes est en rapport direct avec celui d’Apollon. Il est presqu’exclusivement pratiqué par des militaires, soit en activité, soit en tant que bénéficiaires ou vétérans. Deux exceptions cependant, un étranger, Antiochus Apollinaris, un indigène romanisé, C. Carantinius Maternus, préfet de l’eau du vicus de Castel, dont les fonctions consistaient sans doute à organiser et à surveiller la distribution de l’eau pour le vicus. Tel qu’il apparaît dans cette région, le culte des Nymphes paraît avoir été directement importé de Narbonnaise ou d’Italie. Dans certains cas (6649), il pouvait recouvrir un culte local.

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Mythes et légendes :


Dans Arbres filles et garçons fleurs, Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs (Éditions du Seuil, février 2017) de Françoise Frontisi-Ducroux, on peut lire que :


Les filles qui sont transformées en arbres "sont pour la plupart en relation avec les nymphes, qu'elles soient elles-mêmes, comme Daphné, fille d'un dieu fleuve, ou qu'elles soient leurs compagnes et leurs protégées. Ce sont parfois les nymphes qui les métamorphosent.


Le statut des nymphes est ambigu. Plus exactement le mot "nymphe", polysémique, s'applique à des réalités différentes. Sur le plan religieux, les nymphes sont des divinités dites "secondaires", qui reçoivent un culte, des prières, des offrandes et des sacrifices, et qui possèdent des sanctuaires, grottes ou nymphées, près des sources et des rivages. C'est en reconnaissant la grotte des Nymphes, où il a été déposé pendant son sommeil par les Phéaciens, qu'Ulysse comprend qu'il est enfin de retour à Ithaque. et c'est à ces divinités bien-aimées qu'il adresse sa première prière : "Ô vous, filles de Zeus, ô Nymphes, ô Naïades, que j'ai cru ne jamais revoir, je vous salue..." Les archéologues sont convaincus d'avoir retrouvé ce sanctuaire, probablement ultérieur à l'Odyssée. Si leurs lieux de cultes sont souvent implantés en pleine nature, ou dans les zones marginales, les nymphes ont aussi droit de cité. Athènes les honore en plusieurs endroits, y compris en son centre, sur la pente sud de l'Acropole. on les dit soumises à la mort, quoique dotées d'une vie plus longue que les mortelles. et leur longévité s'accompagne d'une jeunesse prolongée. L'état de nymphe semble incompatible avec le vieillissement. de surcroît certaines possèdent en même temps que l'immortalité, un statut d'authentique déesse, telle Calypso, la "nymphe bouclé", qui tâche en vain de retenir Ulysse ; telle aussi la Néréide Thétis, la mère d'Achille, inconsolable d'avoir mis au monde un fils mortel. Ce sont là des nymphes de haut rang, des nymphes d'épopée. Leurs sœurs plus modestes remplissent pourtant des fonctions importantes auprès des humains, des femmes surtout. Elles sont associées à certains rituels prénuptiaux. Car le nom de nymphe désigne aussi la jeune fille, aux alentours périlleux du mariage. La nymphé humaine est la fiancée, aussi bien que la jeune mariée, dans tout l'éclat de sa séduction. Elle ne perd vraiment ce titre que lorsqu'elle enfante. C'est en devenant mère que l'on devient femme. Ici encore les héroïnes épiques font exception : Hélène, la bigame, après vingt ans de mariage, est interpellée sous le nom de nymphé. Pénélope aussi, mère d'un grand fils de vingt ans. Il est vrai qu'elle est assiégée par la meute des Prétendants qui aspirent à l'épouser, tandis qu'Ulysse ne rêve que de la retrouver. Quant à Hélène, ses attraits sans pareils ne sont pas soumis aux atteintes du temps. Qu'elles soient déesses, semi-divines, ou héroïnes mortelles, les nymphes sont avant tout des créatures féminines désirables et désirées. Certaines sont aussi désirantes. On les accuse d'enlever les garçons, de les rendre fous en les frappant de nympholepsie, et même de leur faire des enfants. Aphrodite conseille ainsi à Anchise, avec qui elle vient de faire l'amour, de dire que le bel enfant qu'elle lui fera bientôt livrer - le futur Énée - est le fils d'une nymphe "semblable à un bouton de rose". La déesse espère ainsi éviter le déshonneur d'avoir succombé à un mortel (Hymne homérique à Aphrodite, 281-285). Mais le plus souvent les nymphes des sources et des bois, quand elles ne font pas escorte aux déesses et aux dieux, passent leur temps à danser, secourant à l'occasion les filles en passe de perdre leur statut de... nymphé.

Les nymphes d'Ovide, créatures éminemment poétiques, et donc nécessairement polysémiques, semblent réunir un peu de chacune de ces valeurs. (Note : le mot "nymphe" désigne aussi la poupée que la jeune fiancée abandonne au moment de se marier, et, en anatomie, une partie du sexe féminin : le clitoris, selon Galien.)"

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