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La Reine-des-prés



Définition :

  • REINE(-)DES(-)PRÉS,(REINE DES PRÉS, REINE-DES-PRÉS), subst. fém.

Les libellules brunes et bleues volaient sur les herbes aquatiques, les reines des prés embaumaient l'air (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 136).

Prononc. et Orth. : [ʀ εndepʀe]. Ac. 1762 : reine des prés ; dep. 1798 : reine-des-prés (id. ds Littré, Lar. Lang. fr., Rob. 1985). Docum. : avec ou sans trait d'union. Plur. des reines(-)des(-)prés.

Étymol. et Hist. 1655 (Guérin, Le Chirurgien charitable, p. 69 ds Roll. Flore t. 5, p. 167). Comp. de reine*, de la prép. des* et de pré*.


Autres noms : Filipendula ulmaria ; Barbe-de-bouc ; Barbe-de-chêne ; Barbe de chèvre ; Belle des prés ; Fausse spirée ; Fleur des abeilles ; Grande potentille ; Herbe aux abeilles ; Ormière ; Spirée ulmaire ; Ulmaire.

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Botanique :




























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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Dans les vallées et les basses montagnes on administre comme diaphorétiques, les fleurs de reine-des-prés, Spiroea aruncus et Ulmaria.

[...]

Lorsque la plaie est compliquée d'hémorragie, l'emploi de l'amadou et de l'orenste est recommandé, de même que la poudre de feuilles sèches de reine des prés, Spiroea ulmaria, dont on couvre la blessure et qu'on y maintient sans y toucher jusqu'à guérison complète.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la reine-des-prés :


SPIRÉE ULMAIRE - INUTILITÉ.

On accuse la Spirée ulmaire, appelée aussi Reine des prés, d'être une belle inutile, parce que la médecine ne lui reconnait aucune vertu, et que les animaux n'en font pas leur pâture. Mais n'est-ce donc rien d'être belle ?

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


SPIRÉE ULMAIRE OU REINE DES PRÉS - INUTILITÉ.

La beauté d’une fleur ne fait pas le trésor d’une prairie. Les paysans n’estiment que les plantes utiles qui nourrissent leurs bestiaux ou qui ont quelque emploi en médecine. La spirée ne remplit pour eux aucune de ces conditions, elle est inutile à leurs yeux.

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Selon Mai Bui Thi et Michel Girard, auteurs d'un article intitulé "Pollens, ultimes indices de pratiques funéraires évanouies" paru In : Revue archéologique de Picardie (Numéro spécial 21, 2003. Sens dessus dessous. La recherche du sens en Préhistoire. Recueil d'études offert à Jean Leclerc et Claude Masset. pp. 127-137) :


LES VÉGÉTAUX ET LE MONDE DES MORTS : Lors des cérémonies funéraires, les plantes ont été fréquemment mises à contribution pour confectionner des bouquets, des couronnes, des litières florales, dont les éléments peuvent d'ailleurs servir d'indicateur saisonnier. Les végétaux ont aussi participé au rituel sous la forme d'offrande de produits alimentaires et de préparations destinées à assurer la sauvegarde des corps.


LES BOUQUETS ET LES COUSSINS DE FLEURS : Les dépôts de fleurs dans les tombes sont sans doute les plus anciennes manifestations que l'on soit parvenu à repérer parmi les pratiques funéraires. La plus vénérable d'entre elles a été observée dans la tombe d'un homme de Néandertal découverte dans la grotte de Shanidar en Irak. Le corps du défunt était accompagné de fleurs sauvages de différentes couleurs (centaurées, achillées, séneçon, muscari et rose trémière) dont on a retrouvé les traces sous la forme d'amas polliniques caractéristiques (Leroi-Gourhan, 1968, 1975, 1999, 2000). On savait que les chasseurs moustériens enterraient parfois leurs morts avec des offrandes d'origine animale, comme à Techik Tach ou à Qafzeh par exemple, mais la découverte du dépôt floral intentionnel de Shanidar montre que les préoccupations spirituelles de nos lointains ancêtres s'étendaient également au monde végétal.

Curieusement, cette pratique n'a pas encore été mise en évidence au cours du Paléolithique supérieur et du Mésolithique, mais il faut dire que les découvertes récentes de sépultures de ces époques sont rares et que la recherche systématique des pollens n'y a pas toujours été faite.

Il est également étonnant de ne pas l'observer fréquemment au Néolithique, période pour laquelle les inhumations sont pourtant très nombreuses. Le site de Vierville (Manche) est l'un des rares gisements actuellement connus qui apporte des informations dans ce domaine. M. Clet-Pellerin (1985, 1986) a effectué des analyses dans une tombe située dans l'une des chambres du tumulus néolithique. Le sédiment sur lequel reposait le crâne a en effet livré deux spectres contenant de fortes proportions de tilleul (Tilia) et de reine des prés (Filipendula). L'analyse correspondant au sol situé à 5 cm sous le crâne a révélé 27 % de pollens de Tilia et 49 % de pollens de Filipendula, tandis que celle du sédiment immédiatement en contact avec le crâne a montré la quasi absence du tilleul (1 %) et une forte teneur en reine des prés (58 %). L'auteur pense que ces spectres indiquent la disposition sur le sol de la tombe de « branches de tilleul en fleurs entremêlées de fleurs de reine des prés » tandis que la tête du défunt aurait été couronnée par des fleurs de reine des prés.

À partir de l'Âge des Métaux la documentation relative aux dépôts floraux devient plus importante. Quatre tombes de l'Âge du Bronze découvertes en Écosse ont ainsi livré des groupes de pollens immatures de reine des prés (Filipendula t. ulmaria ou F. vulgaris) dont la présence indique un dépôt de fleurs (Tipping, 1994). Cette grande plante, aux inflorescences en panicules situées à l'extrémité de longues tiges, se prête aisément à la confection de bouquets esthétiques et parfumés, mais l'analyste pense que le choix de cette espèce contenant du salicylate fait plutôt référence à ses propriétés médicinales. En Écosse, on prépare encore, par infusion de ces fleurs, un « élixir de vie » dont la tradition remonte peut-être à cette lointaine période.

L'utilisation millénaire de cette plante dans le milieu funéraire pourrait ainsi correspondre à un rite faisant référence au savoir médicinal des populations du Néolithique et de l'Âge du Bronze.

[...]

La prise en compte des périodes de floraison des plantes identifiées dans les tombes permet très souvent de préciser la saison durant laquelle se sont déroulées les cérémonies funèbres. [...] À Vierville, la présence simultanée de tilleul et de reine des prés situe l'événement au mois de juin. En Écosse, la reine des prés qui fleurit apparemment plus tard qu'en France, indique que les inhumations ont été effectuées en été (juillet-août).

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Symbolisme celte :


Dans L'Oracle druidique des plantes, travailler avec la flore magique de la tradition druidique (Éditions Véga, 2008) de Philip et Stephanie Carr-Gomm, les mots clefs associés à cette plante sont :


en "position droite : Transition - Bénédiction - Célébration

en position inversée : Nature passagère - Le familier - Routine.


La reine-des-prés est une plante pérenne résistante poussant partout en Europe, dans les régions tempérées de l'Asie et dans l'est de l'Amérique du Nord. Membre de la famille des rosacées, elle aime les prairies humides et les berges des rivières, les fossés, les marais et les bois humides. Capable d'atteindre un mètre de hauteur, ses minuscules fleurs crème à cinq pétales fleurissent de juin à août, remplissant l'air d'une fragrance douce rappelant l'amande.

La carte montre des abeilles butinant le pollen d'une reine-des-prés en fleur. On y voit également Bloddeuwedd, dont l'histoire fait partie de la quatrième branche de Mabinogion - le récit de Math, fils de Mathonwy. Fabriquée par le sorcier Gwydion à partir de chêne, de genêt et de reine-de-prés pour être l'épouse Lleu Llaw Gyffes, elle s'est transformée par la suite en hibou.


Sens en position droite. Des traces de reine-des-prés, de bruyère et de fougère royale ont été découvertes dans des récipients à boire néolithiques en Écosse - ce qui a conduit les archéologues à penser qu'on tirait de ces plantes une bière légère. Plus tard, la reine-des-prés avait servi lors des cérémonies de mariage. Cette carte signale qu'une époque de célébration ou de transition est nécessaire. Les fleurs crème de la reine-des-prés et son parfum printanier rappellent que le changement est l'une des grandes spécificités dans ce monde, et que la meilleure façon de l'accepter est de le célébrer. Que vous quittiez un emploi, une relation ou un environnement familier ou que vous joigniez vos forces à celles de vos collègues ou d'un partenaire, le moment est approprié pour fêter le changement en cours - en offrant des fleurs aux dieux ou à la Déesse et en acceptant les transformations apportées par cette transition.

La carte peut aussi inciter à marquer officiellement une transition ou un événement important de votre vie ou de votre famille, que vous avez été tenté d'ignorer : déménagement, départ de la maison, puberté, réussite d'un projet créatif, atteinte d'un âge significatif, séparation, divorce.


Sens en position inversée. Jadis le changement était considéré comme important et était souvent célébré rituellement. Nous sommes tellement habitués à changer maintenant, que nous n'y pensons presque plus - nous changeons d'ordinateur, de voiture, de maison, de partenaire, d'emploi, à une allure qui aurait étonné nos ancêtres. Bine que notre potentiel d'apprentissage et de liberté se soit élargi, nous en avons souffert. En nous précipitant vers l'avenir, nous avons oublié comment vivre dans le moment présent et comment profiter du changement et de la stabilité qui vient de ce qui est connu.

Inversée, cette carte signale que le moment est venu de célébrer le familier et de profiter de ce qui est stable dans votre vie. La routine et la monotonie peuvent enlever toute valeur aux choses, mais aussi offrir un terrain où améliorer votre caractère et votre âme.

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Reine de la prairie

Pendant des milliers d'années, la reine-des-prés a été associée à la pratique spirituelle des druides. Selon certains, c'était l'une des trois plantes les plus sacrées des druides anciens, les deux autres étant la menthe aquatique et la verveine. A l'époque pré- ou proto-druidique de l'âge du bronze, ses fleurs étaient des offrandes dans les nécropoles. Cette pratique a probablement continué jusqu'à l’époque du druidisme classique, puisque l'analyse des grains de pollen a confirmé l'utilisation des fleurs de reine-des-prés sur des sites aussi distants que les Orkneys et le Perthshire (Écosse) au nord et le Camarthenshire (Pays de Galles), à l'ouest.

La sépulture galloise où des reines-des-prés ont été trouvées parmi les poteries, les outils en silex et les os calcinés, se trouve au-dessus du lac Llyn y Fan Fach, site d'origine des médecins de Myddfai. Ces célèbres guérisseurs étaient censés avoir hérité un grand savoir des anciens - il est intéressant que des preuves matérielles de l'utilisation d'une plante faisant partie pendant des siècles de l'herboristerie druidique traditionnelle aient été découvertes dans leur région.

Au XIXème siècle, on a extrait la salicine de l'écorce de saule et de la reine-des-prés, ce qui a abouti au développement de l'aspirine, nommé d'après le nom latin de l'une des variétés de cette dernière, Spinza ulmaria. Les herboriste utilisent la reine-des-prés en infusion pour toute une série de problèmes. L'eau de pluie où ont macéré ses fleurs est un tonique dermique. Une décoction de ses racines bouillies est appliquée sur les plaies et les ulcères.

Selon les druides, la reine-des-prés est la fleur parfaite pour les funérailles. Ce genre d'événement étant en essence un rite favorisant le passage entre un état et le suivant, cette plante convient également à toute initiation. Jadis, elle assaisonnait la nourriture et était offerte en petits bouquets aux jeunes mariés. On l'écrasait aussi sur le sol pour parfumer l'air de sa fragrance douce, rappelant le massepain avec des touches de miel et de musc. Les fleurs parfument les vêtements rituels ou, macérées dans l'huile, donnent un baume rituel."

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Selon Mai Bui Thi et Michel Girard, auteurs d'un article intitulé "Pollens, ultimes indices de pratiques funéraires évanouies" paru In : Revue archéologique de Picardie (Numéro spécial 21, 2003. Sens dessus dessous. La recherche du sens en Préhistoire. Recueil d'études offert à Jean Leclerc et Claude Masset. pp. 127-137) :


LES VIATIQUES D'ORIGINE VÉGÉTALE : Les sépultures peuvent aussi renfermer des offrandes dont le rôle de viatique pour le voyage dans l'au-delà paraît évident (fruits, mets préparés, miel, élixirs, etc.).

[...]

Les offrandes de miel les plus anciennes actuellement connues remontent à l'Âge du Bronze. L'une d'elles a été identifiée dans une tombe du IIP millénaire située à Ashgrove, au sud-est de l’Écosse. Localisé au niveau de la poitrine du défunt, le dépôt analysé consistait en une matière friable noire de faible dimension (un pied carré) qui devait être à l'origine une substance contenue dans un récipient détruit par le temps. L'analyse a montré la présence de taux très élevés de pollens de tilleul (Tilia cordata) et de reine des prés (Filipendula cf. ulmaria) qui sont des espèces très appréciées des abeilles, la première pour son nectar, la seconde pour son pollen (Dickson, 1978). Bien que les grains de ces deux plantes soient également les éléments majeurs des miels britanniques actuels, l'auteur pense que le dépôt archéologique correspond plutôt à de l'hydromel parfumé avec des fleurs de reine des prés en raison des dénominations vernaculaires écossaises et même Scandinaves de Filipendula qui font systématiquement référence à l'hydromel (i. e. meodu, mead ou mede).

Nous avons vu plus haut qu'un spectre comparable avait été observé dans le tumulus néolithique de Vierville (Clet-Pellerin, 1985, 1986). Comparé aux données écossaises, l'assemblage pollinique obtenu dans ce monument fait évidemment penser à ceux qui caractérisent l'hydromel parfumé mais la situation sous la tête de ce sédiment riche en tilleul et reine des prés ne milite pas en faveur d'une telle offrande à moins d'imaginer une libation funéraire qui est impossible à démontrer. On peut se demander pourquoi retrouve-t-on cet assemblage pollinique particulier aussi bien dans la composition des hydromels protohistoriques que dans les dépôts floraux funéraires de ces mêmes périodes ? La reine des prés devait certainement bénéficier d'un statut particulier dans les croyances des populations de ces époques.

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