Beltaine, la fête du 1er mai :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
BEL-TEIN. Fête superstitieuse qui se célèbre en Ecosse, le 1 " mai, et pendant laquelle on fait des offrandes et des libations aux esprits invisibles. Les membres du clan se rassemblent dans un emplacement désigné d'avance, et chacun apporte du whisky et une galette ou gâteau de farine d'orge. On commence par creuser une fosse carrée dans la terre, au milieu de laquelle on laisse un tertre ou autel de gazon. C'est là que le feu est allumé. Un grand vase est placé sur ce feu : les assistants font le cercle et jettent dans le vase leurs offrandes. Ce sont des œufs, du beurre, de la farine d'orge et du lait. Quand ce mélange a bouilli, on en fait des libations aux esprits invisibles du monde. Alors les dévots du Bel-tein apportent leurs galettes votives, pétries par la ménagère elle- même, avec neuf échancrures,; ils se tournent vers le feu, cassent la galette en neuf morceaux et les jettent par-dessus l'épaule, en s'adressant aux êtres naturels et surnaturels qu'ils espèrent se rendre propices, ou dont ils veulent conjurer le mauvais vouloir : « A toi ! disent-ils, préserve mes chevaux ! - A toi ! préserve mes moutons ! » Ainsi de suite, sans désigner autrement l'être inconnu qu'ils invoquent. Puis c'est le tour des destructeurs visibles : « A toi ! renard, je te donne ceci pour que tu épargnes mes agneaux. Ceci à toi ! corbeau noir. - Ceci à toi aigle de la montagne. » Ce sacrifice achevé, les sacrificateurs s'asseyent et partagent entre eux le reste des provisions, qu'ils arrosent de whisky, afin que le repas soit complet, et quelquefois ce repas se termine par une danse. La veille du Bel-tein, les montagnards ont envoyé leurs enfants ou sont allés eux-mêmes dans le bois pour y cueillir des branches de frêne qu'ils placent en croix sur les portes, attribuant à cet arbre la vertu de chasser les mauvais esprits. On fait remonter l'origine de cette fête au culte de Palès, la déesse des bergers.
MAIA OU MAYO. Dans toute la Provence, le 1 " mai, on fait choix de jolies petites filles, qu'on habille en blanc, qu'on pare d'une couronne et de guirlandes de roses, et qu'on place, assises, sur une estrade élevée dans les rues. On l'appelle la mayo. Cet usage remonte à une très haute antiquité et, selon Bouche, ce serait un reste des fêtes de Vénus, déesse qui était chère aux habitants de la contrée, et qui avait deux temples aux environs d'Antibes. D'autres voient dans la mayo une représentation de la déesse Flore ; quelques-uns enfin la rapportent à Cybèle. Quoi qu'il en soit, celle coutume existait chez les Romains, où elle s'appelait majuma, et, négligée pendant un certain temps, elle fut rétablie par une loi des empereurs Arcadius et Honorius. On plaçait aussi la jeune fille sur unthéâtre orné de guirlandes.
Autrefois, la fête de la maia se pratiquait encore en d'autres lieux qu'en Provence, et voici ce qu'écrit à ce sujet M. Désiré Monnier « Le christianisme n'a pas complètement aboli la fête païenne du mariage de la terre ; il a fini par ne voir dans la continuation de cette jolie solennité, dont le sens primitif s'oblitérait de plus en plus, qu'un divertissement innocent de l'adolescence. Nous voyons même que les monastères le reconnaissaient. En 1466, il entrait dans les bons usages de l'abbaye de Saint-Claude, qu'au 1 " mai, le grand prieur prît sur sa prébende pour donner à la Reine et aux jeunes filles qui l'accompagnaient. La règle du réfectoire porte expressément que ces filles, qui sont « de 9 ans en bas et qui ne doivent s'introduire ni au dortoir, ni au chapitre, recevront chaque année une part de prébende. Le révérend Père ne leur doit que ce qui lui plait, sans y estre tenu nullement, feur (sinon) que par bonne coustume et de grâce. » En d'autres établissements monastiques, au contraire, on imposait une obligation aux filles qui promenaient l'épousée au prieuré de Saint-Jean de Sône, département de la Côte-d'Or,« les vierges du village d'Echenon (village dont le duc de Bourgogne avait, au XIVe siècle, fait donation à ce prieuré), devaient, dans le mois de mai, porter un chapeau de violettes à monsieur le prieur, qui, en échange, leur rendait pour étrennes une fouasse, c'est-à-dire un gâteau. »
Dans l'arrondissement de Montbéliard, département du Doubs, la maïa ou belle de mai, reçoit le nom de mairiotte ; dans celui de la Tour-du-Pin, département de l'Isère, on l'appelle la belle mayence.
L'origine de la coutume de la belle de mai mérite certainement l'attention des archéologues. Maia est l'un des surnoms de Cybèle ou la Terre. Maia est aussi le nom d'une des étoiles de la constellation des Pléiades. Enfin, dans la mythologie hindoue maya est la mère de la mer de lait, c'est-à-dire de la matière première de toutes choses, laquelle sort de son sein en deux ruisseaux. « Maya, dit M. l'abbé Bourgeat ; est à la fois l'énergie créatrice latente au sein de l'Etre infini ; l'intelligence, la sagesse, la bonté, la volonté toute-puissante, le désir et l'amour de Brahm, la mère des dieux et des hommes et de tous les êtres, le principe passif ou femelle ou matériel de toute la création, la matrice, le type, le modèle idéal , l'idée divine et éternelle de tout cet univers et de tous les mondes qu'il embrasse dans son vaste sein ; c'est enfin la Divinité nature. »
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Guy Le Nair, propose un vademecum qui fait le point sur les différents significations des fêtes celtes intitulé Les Fêtes celtes au XXIe siècle :
Belteine (Br. Kenteven, Kala mae)
Panthéon celtique : Belénos – Bélisama
Belteine formait avec Samain l’axe de l’année des humains, séparée en deux périodes égales, la saison sombre et la saison claire. Pendant ces deux moments « hors du temps », les portes de l’Autre Monde, le monde des dieux et des héros morts s’ouvraient plus largement sur le monde des humains.
Belteine marquait le début de la saison claire et le commencement de l’été. C’était la fête du printemps et de la lumière, qui prenait place entre l’équinoxe de printemps et le solstice d’été. Elle affirmait la victoire du soleil sur la pénombre et la prévalence de l’ordre diurne. Belteine était l’occasion de rendre hommage à la Terre et à la Grande déesse mère.
Il est parfois fait mention de l’offrande d’un lièvre à la déesse. Le lièvre qui dort le jour et gambade la nuit est dédié à la lune et à la Grande déesse. Le lièvre est associé à la sexualité, aux eaux fécondantes régénératrices de la végétation et au renouvellement perpétuel de la vie. En Irlande et en Grande Bretagne, les Celtes élevaient des lièvres, mais ne consommaient pas leur chair. Dans le sud de la France, les traces d’un culte, qui donnait lieu à l’offrande d’un lièvre, ont été découvertes sur le site d’Entremont à Aix-en-Provence.
Avec la puissance jaillie de la terre, le mois de mai était celui des amours. L’aubépine, en pleine floraison, était le symbole de la sexualité.
En Irlande, le 1er jour du mois de mai est désigné par bel-tene. La racine indo-européenne bhel, dans sa forme celtique, souligne la notion de lumière vive. Tene désigne le feu.
Le feu est le symbole principal de Belteine, élément comme le sont l’air et l’eau sur lesquels la magie des prêtres de la religion des Celtes était réputée opérante. Le feu bienfaisant de la lumière spirituelle et de la chaleur qui permet la transformation souligne avec force le caractère particulier de la fête. Le vieil irlandais « bil tene », qui signifie, feux favorables, peut également se rapporter à cette célébration.
En Irlande, Sainte Brigitte a perpétué le symbolisme igné de Belteine en étant la gardienne du feu perpétuel dans le sanctuaire de Kildare. L’importance de Belteine en Irlande est soulignée par le fait que c’est à cette période symbolique qu’ont débarqué les peuples mythiques qui s’y sont succédé.
Belteine est aussi placée sous le signe du chêne dont le bois alimente les feux sacrés à cette occasion.
Le feu de Belteine était composé de neuf essences différentes de bois, communes pour les zones géographiques concernées. Seulement huit sont citées dans un vieux texte écossais :
« - le saule des rivières, le noisetier des rochers, l’aulne des marais, le bouleau des cascades, le frêne de l’ombre, l’if de la résistance, l’orme de la colline, et le chêne du soleil »
L’allumage de ce feu se faisait à l’aide d’un rameau de chêne enflammé. La cérémonie se passait au sommet d’une colline, ou sur un lieu élevé. Le feu de Belteine était réputé raviver les sens endormis par la saison froide.
La tradition d’Irlande indique qu’à Belteine, on faisait passer le bétail entre deux feux pour le protéger contre les épidémies. La fête de Belteine a conservé jusqu’au XIXème siècle une vocation prophylactique pour le bétail.
La tradition d’une protection pour le cheptel a été reprise par le clergé romain. Ainsi, le 17 janvier, jour de la Saint Antoine (le Grand) protecteur des porcs, le clergé procédait à une bénédiction du bétail. A partir du XVème siècle, Saint Antoine le Grand fut remplacé par Sainte Roseline dans le calendrier chrétien. La bénédiction du bétail fut alors reportée au 13 juin, jour de la Saint Antoine de Padoue.
Dans certaines contrées d’Irlande, les cultures faisaient également l’objet d’un cérémonial particulier destiné à protéger les futures récoltes.
La veille du 1er mai, les paysans agitaient des bouquets d’ajoncs enflammés en direction des champs.
Le 1er mai, l’eau puisée dans certaines sources sacrées avait également un usage prophylactique pour le cheptel.
La coutume de faire passer le bétail entre les feux de Belteine s’est perpétuée en Bretagne, dans le Morbihan, jusqu’au début du XXème siècle.
Outre l’espoir et la joie dans la perspective de la belle saison, Belteine faisait aussi penser aux catastrophes qui pouvaient ravager les récoltes. Les rituels coutumiers avaient alors vocation à protéger les prochaines récoltes contre les mauvaises conditions climatiques et les maladies.
La magie de l’eau était également présente dans les rituels de la période de Belteine. En Ecosse, du côté d’Aberdeen au milieu du XIXème siècle, il a été rapporté un rite particulier en rapport avec l’eau. Ainsi, le premier dimanche du mois de mai, des femmes se rassemblaient autour d’un puits. Se tenant par la main elles effectuaient une ronde avec leurs jupes relevées, retenues sous leurs bras, tandis qu’au centre une vieille femme les aspergeait avec l’eau du puits.
L’aubépine, associée à la sexualité, est l’arbre de la période de Belteine par l’association des couleurs sacrées, le vert de son feuillage et le blanc de ses fleurs (peut-être la neuvième essence de bois pour le feu de Bel ?).
Sur le continent, à Belteine, des branches d’aubépines étaient accrochées aux portes des étables et des écuries le soir du 30 avril, dans un but de protection contre les mauvais esprits qui profiteraient de l’ouverture des portes entre les deux mondes pour s’en échapper. Cette coutume s’est longtemps conservée, en particulier dans le Nivernais.
Au Moyen Age, le muguet, une plante originaire d’Asie, s’est acclimaté en France, où il a remplacé l’aubépine comme porte-bonheur. Cet usage particulier aurait été introduit par Charles IX en 1561. Le muguet est ensuite devenu le symbole du 1er mai. Le muguet a été associé à la fête du travail organisée par les syndicats de travailleurs, en remplacement de l’églantine et du triangle rouge qui symbolisait la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil et loisirs. Cette tradition syndicale des temps modernes se place dans la continuation de la fête de Belteine qui marquait, pour les Celtes, la reprise des activités laborieuses et guerrières des hommes.
La fête de la lumière et du feu célèbre la vie, la croissance, l’amour et la sexualité. Belteine souligne l’aspect fertile et généreux de la Terre au sein de laquelle les racines puisent pour faire monter la sève nécessaire à la production des fruits de l’été. L’aigle, créature suprême du monde supérieur par sa capacité à voler très haut, est associé à la fête. Il symbolise la sagesse qui vient d’en haut. Le cerf, par la mue de ses bois, symbolise le cycle de la nature et celui des vies. Il symbolise également la saison noire durant laquelle la végétation doit mourir pour se régénérer. Le cerf, symbole de spiritualité commun à Samain et à Belteine, constituait le mets privilégié, associé aux fêtes de Belteine.
Le folklore a gardé une trace de la fête de Belteine dans la coutume de « l’arbre de mai ». Aux calendes de mai, un arbre, ou un mat, était érigé dans un espace public. Du mat, symbole phallique, pendaient des rubans que danseurs et danseuses agrippaient pour une danse qui rappelait une ancienne coutume en rapport avec la fécondité. Autour de l’arbre, la joie de la population se manifestait également par des danses, dans un rite particulier qui célébrait la fécondité et la procréation. La manifestation populaire réactualisait l’acte primordial de la régénération cosmique et mettait l’accent sur l’amour et la sexualité.
L’Église s’est efforcée de lutter contre ces coutumes païennes. Pour l’Inquisition, les festivités qui se déroulaient la nuit du premier mai, correspondaient au sabbat des sorcières. A l’occasion du cinquième Concile de Milan, en 1579, l’Église a prononcé l’interdiction suivante : « - Le premier jour de mai, fête des apôtres saint Jacques et saint Paul, de couper les arbres avec leurs branches, de les promener dans les rues et dans les carrefours et de les planter ensuite avec cérémonies folles et ridicules. »
En dépit de l’interdiction, la coutume s’est perpétuée, par exemple en Allemagne, en Belgique et en France. En Bretagne, à Locronan, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un arbre de mai était élevé sur la place, au milieu de laquelle est situé un puits. L’arbre était brûlé au solstice d’été dans une ambiance festive.
La fête des feux de Belteine glissera ensuite vers la célébration des feux de la Saint-Jean. La période était propice au rapprochement des jeunes gens. La nuit, les jeunes hommes décoraient les portes de l’élue de leur cœur de bouquets végétaux. Dans certaines régions, une moitié de pomme était ajoutée au bouquet.
Derrière la célébration de la Terre nourricière, de la fécondité et de l’amour, symbolisés par Brigitt, se profilerait l’image subliminale de la très vieille Grande Déesse Mère associée à la fécondité. C’est également le cas pour la déesse nordique et germanique Ostara, célébrée au moment de l’équinoxe de printemps, associée aux festivités de l’arbre de mai. Chez les Saxons, la déesse se nommait Eostre. Chez les Romains, la déesse de la fécondité s’appelait Maia et le mois de mai lui était consacré.
Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que l’Église catholique romaine a fait du mois de mai, le mois de Marie, la mère de Jésus.
Les feux de la Saint-Jean s’inscrivent, d’une certaine manière, dans la continuation des feux de Belteine. Les jeunes avaient coutume de sauter par-dessus les feux. En Bretagne, on leur donne le nom de Tantad, le feu-père. Comme à Samain, les âmes des disparus venaient se réchauffer près du feu, aux côtés de leurs familles. C’est à leur intention que des pierres, destinées à leur servir de sièges, étaient disposées en cercle autour du feu de joie, délimitant une aire sacrée.
L’allusion à une lumière spirituelle se retrouve dans la célébration de la Pâque chrétienne qui commémore la résurrection du Christ. Elle est fixée le dimanche après la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps.
Au cours de la veillée pascale est célébré le Christ-lumière. C’est un moment privilégié pour communier dans la foi avec la communauté des fidèles et célébrer, dans sa globalité, l’ensemble du mystère du Christ. Cette fête est le sommet de l’année liturgique chrétienne, le renouvellement de la profession de foi baptismale pour l’ensemble de la communauté, scellée dans l’eucharistie.
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Dans L'Oracle de la sagesse gauloise (Éditions Le Courrier du Livre, 2021) écrit par Caroline Duban et illustré par Lawrence Rasson, une carte à dédiée à Beltaine :
Beltaine
Début de la saison estivale
Les saisons celtiques et gauloises se divisaient en quatre grandes fêtes qui formaient un cycle basé sur l'opposition et la complémentarité. Lugnasad s'équilibrait avec Imbolc, tandis que Beltaine contrebalançait avec Samain.
L'étymologie de Beltaine est très spéculative pour l'heure. Mais peut-être y a-t-il une piste avec belo- « fort », « puissant » et tanno- « chêne vert ». On connaît déjà l'importance et la symbolique du chêne pour les Gaulois qui voient en lui une interprétation des mondes, une représentation de l'Arbre cosmique (voir les cartes du druide et de l'Arbre de Vie). En outre, la saison correspondrait bien avec la floraison du chêne et la période de célébration, au début du mois de mai. A défaut d'avoir des éléments archéologiques tangibles, ou des textes antiques relatant cette fête en Gaule, de la même manière que l'on a pu retrouver la mention de Samain sur le calendrier de Coligny (voir Trinox Samoni), on ne peut que se baser sur les textes irlandais médiévaux, des légendes maintes fois retranscrites et des études des XVIe-XViIIe siècles. Ainsi peut-on lire qu'au temps du légendaire roi Tuathal Techtmbar (1er s.) se tenait une grande assemblée au moment de la fête de Beltaine. On y échangeait marchandises et biens de toutes sortes, tandis que l'on opérait des sacrifices au dieu Bel (Beil en irlandais, Belenos pour les Gaulois) qui présidait ces festivités. C'est alors que dans chaque canton d'Irlande, de grands feux étaient disposés l'un en face de l'autre, suffisamment espacés pour permettre le passage d'un spécimen faible de chaque espèce parmi le bétail afin de le préserver de la maladie et de la mort durant l'année à venir. C'est en l'honneur de ces feux purificateurs et salutaires que cette fête fut nommée Beltaine, « les feux de Bel » (Geoffrey Keating, History of Ireland, XXXIX, . 248).
Les hypothèses les plus récentes font correspondre Beltaine au lever héliaque de l'étoile Aldébaran, dans la constellation du Taureau. C'est en ce sens que la créature mythique du taureau à trois cornes apparaît sur la lame. L'animal a été sculpté à plusieurs reprises dans le bronze et dans la pierre, demeurant encore partiellement aujourd'hui une énigme. Celui que l'esprit de Beltaine fait jaillir entre ses mains est inspiré du taureau tricornu d'Auxy (en Saône-et-Loire). Celui-ci a été retrouvé en parfait état sur son socle dédicacé, posté dans une niche qui se refermait par une grille tout en haut d'un pilastre. L'inscription sur le socle est toujours lisible :
AVG SACRVM/BOIIORIX/ DAESVAPE/CVNIA
« A l'empereur Auguste, Boiorix a offert cela avec son argent »
Il n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, une trentaine environ est connue actuellement, mais le plus imposant est sans doute l'Uros « auroch » d'Avrigney, sur le territoire des Sequani. Ce dernier, malgré trois membres manquants, est d'une incroyable finesse et réaliste en tout point. Le détail de sa frange étonne par la rosace formée avec quelques-unes de ses mèches, imitant un disque solaire (?) placé juste en dessous de la corne frontale.
On peut se demander si le taureau aux trois grues, TARVOS TRIGARANUS, figuré sur le pilier des Nautes - colonne monumentale dressée par les Navis (Nautes) de Lutèce au 1er s., en l'honneur de Jupiter - est une autre interprétation tripartite de la fertilité, de l'abondance et de la puissance guerrière réunies. Sans témoignages, mêmes indirects ni preuves tangbles archéologiques ou historiques, nous sommes pour le moment dans la supputation. Néanmoins, le taureau à trois cornes, honoré et finalement matérialisé par les Gaulois romanisés, adopte toujours une posture fière, la queue relevée, le port de tête altier et le corps en mouvement. Il semble symboliser la force physique, la fécondité et donc la prospérité.
Interprétation : Si votre question implique une période, vous pouvez la faire correspondre à la saison qui s'étend d'avril à juin, avec une influence particulière dans le courant du mois de mai. C'est le moment où le printemps s'exprime pleinement, temps de la renaissance et du réveil. Une inspiration très singulière peut s'épanouir. C'est un moment idéal pour entreprendre un voyage, concevoir un enfant, stimuler vos sens.
Si votre interrogation porte sur un concept ou une pensée sans lien avec un délai, vous pourrez reporter votre attention sur une prise de conscience ou une révélation qui éclairera votre chemin. La nature de cette révélation devra être précisée par une autre carte à placer à côté de celle-ci, le cas échéant. Quel que soit le message qui se formera par ce duo de lames, sachez qu'il vous permettra de prendre une décision qui vous enrichira intérieurement. les arbres gonflent leur ramure pour grandir un peu plus chaque année. Cela nécessite parfois un peu d'adaptation, de contournements, de changements de direction... C'est le cours normal de chaque existence et aussi ce qui en fait sa saveur.
Les feux de Bel devraient vous réconforter. Si vous vous sentez faible ou le moral en baisse, les feux purificateurs éloigneront les mauvaises influences, les vibrations basses susceptibles de vous amoindrir physiquement et/ou psychologiquement pour toute l'année. Le taureau aux trois cornes vous garantit prospérité et fertilité, peu importe le domaine concerné. La santé physique recouvrée permet d'entretenir un esprit combattif et inversement. Les foyers de Beltaine sont préparés par la communauté et le bétail mené par des hommes. C'est pourquoi les feux peuvent figurer une personne ou un lieu qui auront le même effet. Vous avez peut-être besoin d'air frais, plus pur et léger que celui que vous respirez quotidiennement. Le contact de la nature, l'entourage d'une famille, la complicité d'une amitié, les bons soins d'un guérisseur peuvent représenter ces feux bénéfiques. Bel, le dieu puissant et fort, sommeille au plus profond de vous et n'a pas besoin de grand-chose pour dévoiler toute sa splendeur. Il vous faut une bouffée d'oxygène pour faire affluer cette sève riche en nutriments dans chacune de vos cellules, faire vibrer chaque partie de votre être pour vous sentir libre. Fermez les yeux et laissez votre espirt s'évader. La méditation est un puissant moreur de vagabondage si le déplacement géographique ne vous est pas possible. Prenez le temps, chaque jour, de vous prêter à cet exercice qui deviendra très rapidement un besoin. La respiration est un moyen de faire circuler les énergies dans le corps et de chasser les tensions et les pensées troublantes. Cherchez ce qui vous conviendra le mieux pour atteindre la plénitude. Livres, vidéos ou enseignants... Enquêtez pour trouver la personne ou la méthode qui vous plaira le plus. Ne renoncez pas si vous êtes déçu par un type d'exercice. Il vous faudra trouver un accompagnant en qui vous aurez confiance et auprès de qui vous vous sentirez à l'aise pour pouvoir pratiquer la méditation, la respiration, le yoga ou toute autre forme de purification qui vous fera du bien.
Le passage entre les deux foyers vous pousse aussi au mouvement, tout comme la marche du taureau tricornu. Des vacances, un nouveau paysage à contempler, une nouvelle langue à entendre même si vous ne la parlez pas, une autre luminosité dans laquelle vous plonger, tout autant de détails qui pourraient paraître insignifiants, mais qui sont en réalité vivfiants.
Enfin le texte de Keating précise un rassemblement de population où des échanges s'effectuent, un peu comme une foire où biens et marchandises sont le ciment entre protagonistes. Dans ce contexte, on vous conseille de sortir de votre solitude pour prendre un « bain de foule ». Vous avez peut-être tendance à vous isoler physiquement ou mentalement. Si ce sont des repères rassurants en ce qui vous concerne, il serait bon pour vous de sortir de votre coquille et d'aller à la rencontre des personnes. Ce peuvent être des retrouvailles avec ceux et celles que vous connaissez déjà et ne fréquentez pas assez, ou plus depuis un moment, ou encore le fait d'aller vers de nouvelles têtes et de partager quelques moments de convivialité. Un petit rien peut (re)faire prendre conscience de faits essentiels. Il est agréable et humble de se recentrer et de se replacer par rapport à la nature, au cosmos, à l'infiniment grand et l'infiniment petit. Cela fait relativiser bien des choses ; petites poussières d'étoiles que nous sommes...
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Plantes et animaux associés :
Philip et Stephanie Carr-Gomm, dans leurs deux jeux de cartes divinatoires L'Oracle druidique des plantes, Travailler avec la flore magique de la tradition druidique, 2008 et L'Oracle des druides, Comment utiliser les animaux sacrés de la tradition druidique, 2006 associent Beltaine :
au Faucon. Sur la carte le faucon est représenté sur une falaise au-dessus d'une plage "où brûlent deux feux de Beltane" et sur laquelle le soleil se lève. On peut y voir une référence à la citation de La Chanson d'Amergin : "Je suis le faucon sur la falaise." Le faucon, qui symbolise la noblesse, la grandeur, la diginité, la fierté, le souvenir, le voyage dans le temps pour reprendre possession de son héritage et la purification, est un des plus vieux animaux du monde dans la tradition irlandaise. Il est associé à Beltaine parce qu'il est le symbole de l'aube et de la fraîcheur du jour nouveau.
Au Bélier. En effet, les auteurs rapportent que les béliers avaient au-delà de leur valeur économique, une grande importance sacrificielle. Ainsi, "on les faisait rôtir lors de fêtes se déroulant à proximité des menhirs à Beltane et au milieu de l'été. On attachait le bélier à la pierre et on lui tranchait la gorge, puis on laissait la place aux danses, aux jeux et aux luttes. On pensait que la viande du bélier portait chance à ceux qui en mangeaient."
à la Vache puisque la cérémonie de Beltane annonçait avec le début de la saison claire, le changement de mode de vie, de l'hivernal vers l'estival et donc la transhumance des troupeaux. Avant leur départ, "on conduisait les bêtes entre les deux feux de Beltane pour les purifier et les revigorer."
au Cheval et à la Jument : en tant que symboles de puissance génésique, donc représentant simultanément la fécondité humaine et la fertilité généreuse de la terre, le cheval et la jument sont obligatoirement liés à Beltaine, comme l'attestent le mythe du mariage rituel des rois irlandais à la grande jument blanche. De plus, en tant que seuil de la naissance et de la vie nouvelle dans laquelle l'âme s'engage à son premier souffle, Beltane représente un des deux axes du cycle de l'existence, l'autre étant Samonios. Ainsi, "à Beltane, la déesse-cheval envoie sur les hommes un grand flot d'énergie bouillonnante, les rendant aussi forts que des étalons". C'est pourquoi certains chevaux sont montés rituellement à cette époque : "la race des Padstows et Mineheads apportent le mois de mai."
au Trèfle. Le Trèfle est associée à Beltaine car "en France et en Allemagne, les jeunes femmes se baignaient à l'aube [de la fête de Beltaine du 1er mai] dans la rosée des trèfles." Mais le trèfle est également lié à l'équinoxe de printemps et au solstice d'été.
Au Pied-de-veau. Aussi appelé "racine de vipère", le pied-de-veau fleurit à Beltaine. Son spathe et son limbe unis rappellent l'union du masculin et du féminin et préfigurent les noces alchimiques. Le spadice vertical du pied-de-veau évoque également les danses traditionnelles autour du mai. Cette plante a donc les qualités associées à Beltaine : la fertilité ; l'harmonie entre l'homme et la femme ; la fierté acquise à travers la beauté et la sexualité.
Au Genévrier. Il est l'arbre de Beltaine par excellence puisque c'est celui qui était utilisé pour la purification et le nettoyage des maisons. Il faisait également partie des essences choisies pour élaborer les grands feux de mai à travers lesquels on faisait passer le bétail pour le prémunir des épidémies.
à l'Alchémille. En effet, elle est appelée "coupe à rosée" en gaélique et, étant ainsi associée à la récolte de la rosée du matin, l'est obligatoirement avec Beltaine. Elle "imprègne [...] d'une influence subtile mais vitale la rosée qui se dépose dessus."
à la Primevère qui fleurit à l'époque de Beltaine. C'est la fleur du Barde en ce qu'elle symbolise la créativité. D'une grande longévité (25 ans), elle est associée à l'amour romantique et aux nouveaux commencements.
à l'Aubépine qui fleurit également en mai, à Beltaine. Elle ouvre la porte du monde des fées autant que celle du monde de la sexualité.
Nous n'entrons pas ici dans le détail du symbolisme de chaque plante, qui n'est pas lié exclusivement à la cérémonie de Beltaine et à ses significations.
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En complément, un petit travail sur l'animal qui pour moi, est plus spécifiquement lié à Beltaine : la Sterne arctique.
Rituels :
Les rituels que j'ai pratiqués (au Collège Druidique des Gaules ou à l'OBOD) restent réservés à leurs membres. C'est pourquoi je transmets ici des rituels rendus disponibles par leurs auteurs dans des ouvrages destinés à un grand public.
Sharlyn Hidalgo, autrice de Rites de magie celtique, Les Cérémonies des treize lunes et de Samhain (Éditions Danaé, 2020) propose un rituel en lien avec la Cérémonie du Chêne et la Pleine Lune des Fleurs :
Beltane est l'une des quatre grandes fêtes de l'année celtique. Elle marque le début de la saison estivale et de la période claire de l'année. Nous célébrons la fertilité. Autrefois, les Celtes considéraient ce jour comme le début de l'été et le moment des semailles. Le rituel avait pour objectif d'obtenir une culture de qualité et une récolte abondante à la fin de l'été et en automne.
Objectif : Célébrer Beltane.
Accueil et remerciements : Bienvenue à notre cérémonie de Beltane. Présentez-vous et faites le tour du cercle en demandant à chaque participant d'indiquer son nom et la raison pour laquelle il s'est joint à vous. Demandez à vos invités de fermer les yeux et observez un moment de silence pour vous préparer à la cérémonie.
Invocation des points cardinaux : Invoquez les énergies de Beltane. Nous honorons la fertilité et le renouveau de la vie. Invoquez les fées et remerciez-les pour leur contribution à la croissance de la flore sur la Terre. Invoquez la Déesse sous ses traits de jeune fille.
Enseignements : Aujourd'hui, nous exprimons notre reconnaissance pour le retour du soleil et l'abondance qui nous est offerte.
Nous honorons les fées, le peuple des elfes et le royaume invisible. Nous remercions les dévas et les dryades des plantes et des arbres qui organisent et protègent le cycle des saisons. Cette période de l'année est empreinte de magie, de gaieté et de jeu. Cette nuit, nous honorons la jeune fille et les jeunes générations. Nous rendons hommage à Gaïa, notre Terre-Mère. Nous honorons la sexualité, la sensualité, la descendance et le miracle de la naissance. Nous célébrons sa force de vie retrouvée. Tout autour de nous n'est que nouveauté dans les fleurs et les bourgeons du printemps.
Beltane marque la transformation de la jeune fille qui découvre sa sexualité. Les fleurs du printemps commémorent son épanouissement et son retour du monde souterrain. Coré, Flora, Freya (Scandinavie), Blodeuwedd et Perséphone (Grèce) sont quelques noms de déesses sous leur visage de jeune fille. Les fleurs symbolisent la saison et la sexualité féminine.
La danse du mât de mai fait partie de la célébration. Le mât représente un phallus géant planté dans notre Terre-Mère pour la féconder. Des rubans de couleur sont tressés sur et autour du mât. Les participants présents à l'intérieur du cercle doivent passer sous les rubans tenus par ceux qui se trouvent à l'extérieur avant d'échanger leur place tout en continuant de tourner autour du mât dans des directions opposées. Le tissage représente la trame de nos vies et de nos amours.
Nous célébrons la femme-araignée (Amérindiens) qui a tissé la toile de l'univers. Nous honorons l'épanouissement et la passion de la Déesse devenant femme et la Terre elle-même. C'est également à cette époque de l'année que nous célébrons la solidarité féminine. Nous célébrons l'attirance et l'amour romantique, garants de la sexualité qui conduit aux mystères de la fertilité et de la descendance. Dans l'ancien temps, la croyance voulait que les cultures seraient plus fertiles si l'on faisait l'amour dans les prés la nuit du 30 avril au 1er mai. Cette tradition est un vestige de l'époque où les femmes laissaient s'écouler leurs règles dans les champs, pour les mêmes raisons.
Chants : Chants en rapport avec la Déesse, la fertilité et la célébration :
Incantation : Que nous enseigne Beltane ?
La passion est un droit imprescriptible
Notre bonheur trouve sa source dans notre nature sensuelle
et sexuelle. Regardez ! Tous les actes de plaisir
sont ceux de notre Déesse.
Nous sommes libres de profiter des mystères de sa fertilité.
Nous recherchons le plaisir et l'expression de notre passion.
Que nous enseigne Beltane ? D'être libres.
Activité : tisser les rubans de nos intentions : Sur votre autel, prévoyez un panier contenant des rubans de couleur de vingt centimètres de long environ. Demandez aux participants de choisir un ruban et de réfléchir à ce qu'il représente. Ils peuvent lui donner un nom comme amour, pardon, rire, bonheur, intelligence, discrimination, croissance, etc.
En tant que maître de cérémonie, vous prenez votre ruban et indiquez son nom. Vous en faites ensuite passer une extrémité dans une fente ou un trou que vous aurez réalisé au centre d'une grande assiette en carton colorée. Tirez sur le ruban, de façon à ce qu'il reste en place. Prononcez les mots suivants : « Mon ruban représente l'amour et je l'offre à la communauté ».
Faites passer l'assiette pour que chaque personne puisse y insérer son ruban et dire : « Mon ruban représente ................................................................... et je l'offre à la communauté ».
Une fois tous les rubans insérés, le maître de cérémonie peut les attacher ensemble à l'arrière de l'assiette Une série de rubans multicolores en jaillit à présent.
Faites passer l'assiette et demandez à chaque participant de tresser les rubans tous ensemble. Chacun peut en tisser une partie avant de passer l'assiette à la personne suivante. Pendant ce temps, lisez la section suivante.
Lecture : Nous sommes un cercle. Nous nous retrouvons en son centre. Nous sommes plusieurs. Nous sommes un. Nous sommes venus avec notre lumière et notre amour pour les partager. Notre lumière grandit. Nous sommes infinis. Lorsque nous créons ensemble, nous créons de la beauté et de la paix. Ainsi soit-il. Bénis soyez-vous !
Incantation : Nous sommes les tisserands de la vie.
Nous sommes les créateurs dans le grand mystère.
Nous sommes la chaîne.
Nous sommes la trame.
Nous sommes la toile.
Nous sommes le fil.
Nous sommes les artisans de la beauté.
Avec nos mains, nos âmes et nos cœurs
Nous tissons, tressons et cousons nos visions.
Nous sommes les tisserands de la vie.
Lecture : C'est Beltane, le printemps dans toute son abondance. Le moment de s'ouvrir, de s'élever et de grandir. Mai est un mois de joie, d'espoir et de promesse. Nous sommes excités ; la sève de notre sensualité et de notre sexualité monte en nous. La jeune fille est rentrée de sa retraite hivernale. Elle a ses menstruations et commence à saigner. Qu'elles soient jeune femme, mère ou grand-mère, toutes les femmes partagent le mystère du sang avec elle. Tous les hommes, grâce à leur union avec la femme de leur vie, sont également bénis. Nous célébrons l'éclosion du printemps et le retour du soleil. Nous plantons nos graines, nos rêves et nos désirs. La jeune fille attire un jeune homme, l'autre moitié d'elle-même, et ensemble ils découvrent la passion. Tous les actes d'amour et de plaisir sont les rituels de la Déesse. Quelle chose aussi douce que du miel aimeriez-vous attirer dans votre vie ?
Chants : Passez la musique de votre choix ou entonnez des chants en l'honneur de la Déesse.
Méditation guidée : Prenez votre temps. Fermez les yeux et recueillez-vous. Inspirez profondément et ralentissez votre respiration. Oubliez le monde extérieur. Plongez dans la paix. Plongez dans le silence. Concentrez-vous sur votre cœur. Respirez dans le calme. (Pause)
Echanges : Accordez un moment aux participants pour qu'ils fassent part de leur expérience pendant cette méditation et de ce qu'ils souhaitent attirer dans leur vie.
Activité : passer au-dessus de la bougie : Demandez aux participants de sauter au-dessus du feu de joie (si vous êtes à l'extérieur) ou de la flamme de la bougie (si vous êtes à l'intérieur). (Soyez prudents. Retirez les vêtements amples et remontez les jupes longues). Ce rituel a pour but d'apporter santé, fertilité et chance pour l'année.
Prononcez les mots suivants : « Avant de sauter concentrez-vous sur vos rêves afin qu'ils deviennent réalité. Exprimez vos vœux à voix haute en sautant par-dessus le feu. Vous pouvez en faire autant que vous le souhaitez. Le dernier tour autour du feu de joie est consacré à attirer la santé et la prospérité. »
Clôture : Libérez les points cardinaux et remerciez les énergies de Beltane. Ouvrez le cercle.
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Cérémonies :
2015 : Feu de Bel sous la Pluie
Entourées d'orchis tendres ou plus foncées, près du rocher allongé, sous le chêne mi-mort mi-vivant, nous avons honoré Bel au son des hochets malgré la pluie et le brouillard persistant.
Au plus fort de la cérémonie la pluie a cessé brusquement pour reprendre de plus BEL lorsque nous sommes redescendues vers la ville embrumée.
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Rituel 2017 : Maryse et moi sommes arrivées vers 17h10 sur le parking de l’Écureuil. Après la grêle qui s'était abattue une heure auparavant sur Grenoble, la pluie était intense. A peine étions-nous sorties de la voiture qu'un énorme coup de tonnerre (unique, nous nous en sommes aperçues ensuite), nous a salué en se répercutant contre les falaises de calcaire.
Nous avons entrepris la montée vers la colline surplombante sous une pluie battante, accompagnées par le bruit des gouttes sur les feuilles et les senteurs mouillées de la forêt. Il faut bien le dire, les parties de nos corps non protégées étaient trempées quand nous sommes arrivées. J'avais prévu des lectures que je m'apprêtais donc à remettre à plus tard...
Sans nous démonter, nous avons ouvert le cercle au son des hochets, en entourant le rocher sacré et le chêne vert et brûlé de toute notre attention. L'autel a été installé sous la pluie, la bougie tremblotant sous les assauts du vent et des rafales réunies. Avant d'allumer le feu, nous avons invoqué Bel afin qu'il nous offre une éclaircie salutaire pour finaliser la cérémonie de soins commencée la veille au cercle de tambour.
Peu à peu, le soleil a daigné faire briller sa lumière derrière les nuages, augmentant de plus en plus la luminosité du lieu. Vers 18 heures, la pluie a définitivement cessé, nous permettant d'honorer Bel à travers sa manifestation du feu dans le chaudron de guérison...
Nous avons ensuite pu lire et faire nos offrandes de chants et de prières à loisir, profitant de la paix de la colline pour communier avec la nature et la ville ensevelie sous les nuages.
Tous les Grenoblois auront remarqué qu'à 19 heures, date officielle de la fin de notre cérémonie, le soleil s'est mis à briller franchement sur l'agglomération, ouvrant une fenêtre d'une demi-heure de pure lumière, qui s'est refermée ensuite pour une nuit voilée de nuées...
Que le Feu de Bel nous anime tous de sa douce puissance et nous offre la possibilité de partager la flamme de nos âmes dans la confiance et la joie !
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5 mai 2023 : cette année nous avons conjoint les cérémonies de pleine Lune des Fleurs et de Beltaine grâce à leur proximité dans le calendrier.