Étymologie :
FRAMBOISIER, subst. masc.
Framboisier, subst. masc. attest. 1306 bot. (Doc. ds Bibl. Éc. Chartes t. 53 (1892), p. 414) ; du rad. de framboise, suff. -ier*. − Fréq. abs. littér. : 35.
FRAMBOISE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. Subst. ca 1175 bot. (B. de Ste-Maure, Ducs de Normandie, 30819 ds T.-L.). B. Adj. 1919 « couleur rose » (Benoit, loc. cit.). Prob. de l'a. b. frq. *brambasi « mûre de ronce » ; cf. a. h. all. bramberi « id. » (Grafft. 3, col. 304) ; pramperi (ibid., col. 204) ; all. Brombere. Les attest. les plus anc. du mot figurent dans des gloss. lat.-all. des xe et xie s. sous la forme framboses « hintperi » (cf. Z. rom. Philol. t. 28, p. 523). La forme avec la diphtongue oi (pour ai : *frambaise), vient de l'influence de la labiale précédente ; le changement de b- initial en f-, s'explique par l'infl. anal. de fraise*.
Lire aussi la définition du nom framboise et framboisier pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Rubus idaeus - Roge Amoni (Wallonie) - Ronce-framboise - Ronce du mont Ida -
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Botanique :
Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de la Framboise :
Rubus idaeus, la ronce de l'Ida : en baptisant ainsi la framboise, les botanistes ont conservé ici une tradition antique, repise par Pline, selon laquelle cette ronce serait ainsi nommée parce qu'elle pousse sur le mont Ida, en Crète, et nulle part ailleurs ! Jadis, d'après la légende, toutes les framboises étaient blanches, mais un jour que Jupiter, encore enfant, poussait des cris furieux aux flancs de la montagne, la nymphe Ida, sa nourrice, voulut pour l'apaiser lui offrir une framboise ; elle s'égratigne le sein aux épines de l'arbuste, le sang jaillit et teignit à jamais les fruits d'un rouge éclatant. C'est depuis ce jour que les framboises arborent cette carnation translucide, semblables à es perles de corail parcourues d'un sang virginal.
En français, framboise est une abréviation de « fraise des bois », car on la trouve dans les mêmes stations que cette dernière : bois humides, ombragés et rocailleux du nord de l'Europe.
Le framboisier est une sorte de ronce améliorée par la culture. Il pousse à l'état sauvage dans les régions montagneuses d'Europe occidentale. Les fruits sont rouges, rarement blancs ; ils proviennent d'une fleur très semblable à celle de la fraise, dont les nombreux ovaires sont placés sur le réceptacle central et bombé. Mais à la différence de celui de la fraise, ce réceptacle ne gonfle pas après fécondation ; il reste en l'état et demeure le support d'une collection de petites drupes : les drupéoles, dont chacune - on l'observe aisément - possède un minuscule noyau dans lequel se trouve une graine. La framboise est donc un ensemble de drupes sans réceptacle accrescent, tandis que la fraise est un ensemble d'akènes disséminés sur un réceptacle bombé et accrescent.
La framboise n'a jamais fait une grande carrière thérapeutique. Fruit très digeste, on s'accorde à la recommander en cas de troubles digestifs. Elle a un pouvoir calorique relativement faible et sa teneur en sucre est assez modeste pour qu'on puisse la conseiller aux diabétiques au même titre que les myrtilles, les cerises et les groseilles. Très riche en pectine, elle convient bien à la confection de gelée et de confiture et donne par fermentation une excellente eau-de-vie. Qui donc résisterait à ce délicieux sandwich préconisé par Huysmans, formé de deux tranches de pain d'épice beurrées recouvertes de gelée de framboise et appliquées l'une contre l'autre ? L'écrivain y voyait une heureuse harmonie de la pourpre et de la bure...
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Serge Schall, auteur de Histoires extraordinaires de plantes et d'hommes (Éditions La Source Vive, 2016) consacre un article à la Framboise :
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Framboisier :
Propriétés physiques et Usages médicaux. - Les feuilles inodores sont légèrement styptiques et peuvent être employées aux mêmes usages que celles de ronce. Les fruits sont d'un rouge clair et comme cendré ou quelquefois blancs ; ils ont une odeur suave et fragrante et une saveur sucrée, parfumée, fort agréable. Ils servent à préparer un sirop, un alcoolat, un ratafia, un vinaigre et une conserve qui sont employés comme boissons rafraîchissantes et prescrites dans les affections inflammatoires, fièvres bilieuses, angine, scorbut, etc. Le sirop de vinaigre framboisé est principalement usité contre les maux de gorge.
A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :
Ronce. Rubus vulgaris fructu nigro. Ronce épineuse.
Framboisier. Rubus ideus fructu nigro nul alba.
VERTUS. Les framboises ont les mêmes vertus que les mûres, sauf les racines qui sont apéritives et diurétiques. Los extrémités des branches tendres ou les feuilles de ronce sont do très bons astringents mâles avec les fleurs de roses pour les gargarismes dans les maux de gorge.
Dans L'Effet guérisseur de l'arbre, les bénéfices émotionnel, cognitif et physique de la biophilie (2016), Clemens G. Arvay nous apprend que :
"Les baies sont les plus grands ennemis des cancers et des tumeurs. Elles sont remplies d'anti-oxydants et d'autres substances anti-cancérigènes.
L'acide ellagique est une substance anti-cancérigène qui détruit les cellules empoisonnées. Elle est présente dans les framboises, les mûres et surtout dans leurs graines. Alors que l'industrie agraire cultive des framboises sans pépins, mâchez bien les pépins de vos framboisiers, ils vous feront du bien. Cette substance se trouve dans la chair des fraises et des canneberges et les noisettes en contiennent aussi."
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Symbolisme :
Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
FRAMBOISIER - DOUX LANGAGE.
Ne mêlez pas les reproches au bien que vous faites et n'unis sez jamais à vos dons des paroles dures et amères. La rose ne rafraichit elle pas l'ardeur du jour ? La parole douce vaut mieux que les bienfaits.
Ecclésiastes. XVIII, 15-17.
Le framboisier est un arbrisseau qu'on dit originaire du mont Ida et qu'on trouve pourtant dans nos montagnes, où il s'élève à près de deux mètres de hauteur . On le reconnait à ses tiges droites et blanchâtres. Ses fleurs sont blanches, disposées en petites panicules, latérales et terminales. Elles donnent des fruits sphériques succulents, rougeâtres et d'un parfum exquis.
La pulpe fine, parfumée, mucilagineuse de la framboise offre au convalescent un aliment léger, rafraichissant, anti-scorbutique. On la mange seule au dessert, ou mêlée avec la fraise et la groseille. Ces fruits rouges se marient fort bien ensemble, et font les délices de la table pendant les chaleurs de l'été. On en fait des tourtes, des gâteaux, des compotes, des gelées, des glaces, des sirops, des liqueurs extrêmement suaves. On aime à retrouver le parfum de la framboise dans certains vins qui manquent d'arôme, mais non dans les vins naturellement parfumés. On gâte assez souvent les bons crûs de Bordeaux et des côtes du Rhône par cette addition peu rationnelle. On peut, au reste, obtenir, par la fermentation des framboises, des liqueurs vineuses, alcooliques, fort utiles dans les pays où le vin est rare. C'est ainsi que, dans quelques parties de la Pologne, on se désaltère avec du vin de framboises. Les Russes et les Suédois préparent avec ses fruits, du miel et de l'eau, une sorte d'hydromel qu'ils trouvent délicieux.
Le framboisier croit spontanément dans les bois et sur les montagnes de l'Europe, dans les Alpes du Dauphiné et de la Suisse, dans les Pyrénées, au Mont-d'Or.
RÉFLEXION.
On juge si superficiellement des choses que l'agrément des actions et des paroles communes dites et faites d'un bon air avec quelque connaissance des choses qui se passent dans le monde, réussissent souvent mieux que la plus grande habileté.
(Mme DE LA SABLIÈRE.)
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Framboisier sauvage (Rubus idaeus) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Féminin
Planète : Vénus
Élément : Eau
Pouvoirs : Protection ; Désir sexuel.
Utilisation magique : Les croyances et les traditions se rapportant à cette plante buissonnante viennent essentiellement d'Allemagne. Vous pouvez suspendre des branches de Framboisier sauvage au-dessus des portes et des fenêtres comme protection.
Dans plusieurs localités de l'Odenwald, surtout dans la haute vallée du Main, quand un décès a eu lieu, on met de ces branches dans toutes les pièces de la maison afin que l'esprit du mort, qui rôde encore alentour pendant plusieurs jours, se détache du lieu qui a été son domicile et perde l'envie d'y revenir.
De l'Alsace aux Balkans, les framboises ont une réputation aphrodisiaque.
Les femmes enceintes devraient en porter sur elles, cueillies vertes, pour alléger les douleurs de l'accouchement.
La plupart de ces croyances se retrouvent dans beaucoup de communautés allemandes des États-Unis.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Suspendre au-dessus des portes et des fenêtres des branches de framboisier sauvage protège la maison (Allemagne). Dans certaines régions allemandes (vallée du Main), en cas de décès, on place des branches de framboisier dans toutes les pièces de la maison "afin que l'esprit du mort, qui rôde encore alentour pendant plusieurs jours, se détache du lieu qui a été son domicile et perde l'envie d'y revenir".
Des framboises cueillies vertes portées par une parturiente soulagent les douleurs de l'accouchement.
Selon la légende, toutes les framboises étaient blanches à l'origine mais un jour, Jupiter, encore enfant, criait tant qu'une nymphe voulut l'apaiser en lui cueillant une framboise : "Elle s'égratigna le sein aux épines de l'arbuste dont son sang teignit à jamais les fruits d'un rouge éclatant".
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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000), fraise et framboise sont analogiques en terme de symbolisme :
"On ne peut dissocier la fraise de la framboise qui, outre leur origine étymologique commune, partagent de nombreuses qualités. D’aspect, de forme, de consistance, elles se ressemblent. Leurs vertus médicinales sont assez semblables, elles aussi : elles ont des propriétés tonifiantes, dépuratives et laxatives, elles sont riches en vitamine C et la nature de leur sucre, le lévulose, en fait des fruits que les diabétiques peuvent déguster. Et sait-on que, à partir de fraises écrasées, on obtient un excellent dentifrice, plus agréable au goût et plus efficace que la chlorophylle ? Toutefois, avant que nous ayons inventé la pollution et la surproduction qui dénaturent le goût des choses et nous conduisent au gâchis, c'était un crime de laver des fraises ou des framboises pour les savourer car, ce faisant, on leur ôtait tout leur parfum, toute leur saveur. Mais aujourd'hui, à moins de cultiver des fraises dans son jardin, il vaut mieux les laver avant de les déguster, au risque d'intégrer autant, sinon plus de produits insecticides et pesticides que de vitamine C.
Du fait que l'on trouvait les fraises et les framboises à l'état sauvage dans les bois et les forêts, symboliquement, elles furent souvent assimilées aux fées et aux sorcières, aux lutins des bois et aux gnomes. Ainsi, les paniers de fraises et de framboises sont souvent présents dans les contes et les légendes. A cause de leur couleur, elles furent aussi mises en analogie avec le sang d'un ange ou d'un être surnaturel blessé qui, en se répandant et en se coagulant sur la Terre, se serait transformé en fraises et en framboises. Ainsi, pour les raisons que nous venons d'énumérer, ces deux fruits ont un goût d'enfance, de rêve, de douceur, de tendresse qui en fait, bien sûr, de belles et rassérénantes apparitions dans un rêve.
Toutefois, pour être tout à fait complet, nous devons faire allusion à l'expression populaire "ramener sa fraise", relativement récente, puisqu'elle date de 1920, inspirée de l'argot "fraise" utilisé pour désigner un visage. Or il faut bien comprendre que le langage symbolique des rêves s'exprime dans un champ où le passé, le présent et l'avenir ne font qu'un, où toutes les dimensions du temps et de l'espace que nous connaissons dans la vie réelle sont bouleversés, où, donc, tout est possible. De ce fait, le langage des symboles, qui est celui de l'univers onirique, exploite aisément des éléments ou des facteurs actuels, qui n'existaient pas par le passé, comme le train ou l'avion, par exemple, mais aussi des expressions contemporaines qui sont elles-mêmes des métaphores. C'est le cas de l'expression métaphorique "ramener sa fraise", qui signifie venir, arriver, se montrer, apparaître, mais aussi, comme on le sait, prendre la parole ou position, s'interposer ou s'imposer.
Ainsi, rêver d'une fraise peut-être une allusion à sa propre personne, au fait que l'on ressent le besoin de prendre position, de s'imposer plus à l'attention des autres. jadis, un tel rêve n'aurait pas pu être interprété de cette façon. Aujourd'hui, à cause de l'expression populaire que nous connaissons, il peut l'être. Enfin, comme tous les autres fruits, les fraises et les framboises peuvent aussi être interprétées sous l'angle des richesses de la terre, de la fécondité et de la fertilité."
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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de la Framboise (Rubus idaeus) :
Mot-clef : Créez de l'espace
La framboise est la petite sœur de la rose : douce et sauvage, mais aussi d'une grande stabilité émotionnelle. Le framboisier aime la terre et ses petites créatures ; ses branches exubérantes grimpent, rampent et se tordent pour offrir des nids aux oiseaux et des cachettes aux serpents. Il berce les tout-petits et trottine avec les bambins, cédant rarement au sérieux qui envahit la plupart des membres de sa famille. On entend des rires dans son feuillage quand il se tortille. « Vous aussi vous pouvez être comme ça ! » dit-il en montrant sa souplesse liée à sa capacité à absorber en profondeur les minéraux du sol. Asseyez-vous à côté de lui et il vous montrera comment il fait pour tisser l'espace et contenir solidement le vide dont toute nouvelle vie a besoin pour se développer. Quand la framboise vous apparaît, réfléchissez à la manière dont vous nourrissez (ou pas) votre espace intérieur.
Rituel : Créez votre espace extérieur
Nourrir son espace intérieur commence souvent par la création et l'expérimentation d'un espace physique structuré qui puisse vous offrir un lieu de réflexion régulier où puiser une énergie et des idées neuves. Il n'a pas besoin d'être grand, mais bien à vous. Ce peut être :
Une chaise ou un fauteuil avec une petite table à côté pour prendre le thé et noter vos réflexions.
Un coin dans le garage ou le sous-sol, transformé en atelier artistique.
Un petit bout de jardin à cultiver à votre goût.
Une surface dégagée au-dessus du frigo des petites mains ne pourront pas accéder.
« Vous vous réappropriez votre intuition quand vous lui faites de la place et faites taire les bavardages de votre esprit rationnel. »
(Anne Lamott, Bird by Bird)
Réflexion : Cultivez votre espace intérieur
Souvent, nous ne nous laissons pas d'espace dans notre quotidien ou nous ne créons pas une structure qui nous permettrait de grandir et d'exprimer pleinement nos rêves. Avant de créer à l'extérieur, la framboise nous enseigne à cultiver notre espace intérieur.
Avez-vous de la place pour vous dans votre esprit et votre cœur,
ou votre tête est-elle remplie des besoins et des projets des autres ?
Éprouvez-vous de la culpabilité ou d'autres pensées toxiques quand vous envisagez
de revendiquer un espace -mental, physique ou émotionnel - rien que pour vous ?
Craignez-vous de prendre trop d'espace, intellectuellement ou physiquement ?
Imaginez que votre espace intérieur de création se trouve dans les étoiles, dans une forêt, dans l'océan et ses vagues ou dans une prairie ensoleillée. Utilisez la métaphore qui vous parle le mieux. Pénétrez dans ce paysage intérieur. Observez ses contours naturels : l'endroit où les arbres finissent, où l'océan se retire. Tracez ces limites en affirmant que cet espace intérieur est à vous, sacré et inviolable.
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
De nature très féminine, ce fruit a le sens de la musique, de la danse et du rythme. La Framboise est douce, gentille, aimable, sensible au cœur.
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Mythologie :
D'après Roland Desrosiers (1978) auteur d'un article intitulé "Notes sur l'usage de quelques plantes chez les Indiens Squamish (Colombie-Britannique)" (in Anthropologie et Sociétés, 1978, vol. 2, n°3, pp. 139-156) :
[...] Nous rattacherons le poirier aux algues et le framboisier aux fougères.
Framboisier (rubus spectabilis, Pursh.)
[usage] droit [(qui ouvre la femme)] : les jeunes pousses sont pelées et mangées, ou bouillies avec des œufs de poisson fumés ; mangés en grande quantité, les fruits constipent ; les ours noirs mangent beaucoup de framboises ; le vois sert à la fabrication des valves de harpon.
[usage] dérivé [(qui referme la femme)] : la tige sert de paille au nouveau danseur ; la fougère arborescente qui pousse près de cette plante est un excellent médicament et un charme d'amour.
[usage] mythique : étendues au fond de leur canot, les deux filles d'un shaman chantent pour attirer un personnage sous-marin. Plusieurs se présentent et sont rejetés. Elles continuent à chanter et bientôt ramassent quatre flèches, un arc et un carquois qui remontent à la surface. Fils du Jour saute au milieu du canot et choisit la cadette pour épouse. Au retour, l'aînée s'en plaint à son père qui précise qu'il ne vivra pas longtemps. En effet, ce shaman utilisait ses filles pour attirer des hommes qu'il tuait ensuite grâce à ses pouvoirs magiques. La cadette prévient son époux et lui fait des recommandations. Celui-ci, qui affirme être le plus fort, surmontera les quatre épreuves. Finalement, le beau-père l'envoie cueillir des framboises mais c'est l'hiver. Le héros obtient l'aide de ses grands-parents. Il ramasse des fruits mûrs : ils seront pour son épouse, d'autres, qui ne sont pas mûrs, sont mélangés à des aiguilles de sapin-ciguë et offerts au beau-père : les aiguilles lui bloquent la gorge et poussent au travers de son crâne (M8).
Commentaire
La parenté empirique de M7 à M4 et M3 n'échappe pas. par rapport à M4, on observe un renversement intéressant : en M4, l'époux Vison, un mammifère terrestre, se noie à épouser Varech commun ; en M7, c'est Corbeau qui fait chuter la fille de Phoque, un mammifère aquatique, d'un poirier et en profite pour le manger. Ici, Corbeau, au lieu de faire du personnage aquatique sa nourriture métaphorique, en fait sa nourriture réelle.
La facture de M8 rappelle M6 où un jeune homme mange des centres durs de fougère. Si, en M6, le héros garde la vie mais perd la société, ici le héros échappe à la mort et maintient l'alliance au prix de l'élimination de son beau-père, la société.
Soulignons maintenant le rapport de M7 à M8. On dira qu'en M8, le père utilise ses filles comme Corbeau les fruits en M7 et qu'alors que les récits varient puisque la stratégie de Corbeau réussit, celle du père, non. Dans chaque cas, le fruit est à prétexte à "manger l'épouse", de manière droite avec M7, métaphorique en M8 où il permet d'éliminer définitivement le beau-père obstacle.
L'association des fruits d'une ronce, le framboisier, à des aiguilles végétales n'est pas gratuite. Deux plantes, brome (bromus carinatus, H. et A.) et cerfeuil (osmorhuza chilensis, H. e A. et o. purpurea, Coult et Rose), sont plus souvent ramassées avec les framboises. Mangées, elles irritent la gorge. De plus, un insecte (elasmolihies crucitaus, Say.) est souvent associé à ces fruits et leur donne un goût amer.
Selon Lévi-Strauss, un ustensile tel que la paille sert à protéger non pas le sujet buvant mais les autres de l'impureté du buveur. Si le danseur est bien un nouveau-né métaphorique, la paille peut renvoyer au cordon ombilical dont le rôle métaphorique serait de protéger la mère de l'enfant.
Alors que la tige du framboisier servirait à protéger l'environnement du danseur, on sait que la fougère polypode qui lui est associée protège le danseur de l'environnement. Les deux plantes écartent donc les esprits de manière complémentaire tout comme les algues écartaient l'homme du poisson.
Comme les humains, les ours aiment les framboises. On sait qu'une femme enceinte ne doit pas manger de viande d'ours. De plus, on raconte qu'une femme enceinte, ayant vu la carcasse d'un ours noir, donna naissance à un enfant qui avait du poil au dos. On raconte aussi qu'après s'être moqué d'un ours mort, un danseur fut la victime d'un ours. On peut donc dire que l'enfant et le danseur vont ressembler à un ours, l'un naissant avec du poil, l'autre rejoignant l'objet de sa raillerie dans la mort. Ces situations analogues appuient l'hypothèse du danseur nouveau-né métaphorique.
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Contes et légendes :
Une légende grecque raconte que la framboise, très prisée des dieux de l'Olympe, est née sur les pentes du Mont Ida, en Crète, d'où son nom : Rubus idaes, littéralement : « la ronce de l'Ida ».
Mais selon une autre version, la framboise serait à l’origine blanche. La nymphe Ida, nourrice de Zeus, voulut lui cueillir des framboises pour calmer son chagrin. Elle se piqua sur les ronces de framboisiers et une goutte de sang tomba sur le fruit qui devient rouge. Depuis, la framboise porte le nom latin de Rubus idaeus qui signifie "ronce de l’Ida", en référence à la nymphe de la mythologie.
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