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L'Olivier



Étymologie :


  • OLIVIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Fin xe s. oliver (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 38) ; 2. a) ca 1160 raim d'olivier « rameau d'olivier, considéré comme symbole de paix [p. allus. biblique, Genèse, 8, 11] » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6008) ; b) av. 1573 olivier « id. » (Jodelle, Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 170 : apporter l'olivier) ; 3. 1225 « bois de l'olivier » (Boeve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 8015). Dér. de olive* ; suff. -ier*.


  • OLIVE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « olivier » (Roland, éd. J. Bédier, 72) fréq. jusqu'au xvie s. (v. Hug.) ne subsiste que dans le lang. poét., dans des expr. telles que rameau, branche d'olive, Jardin, Montagne des Olives p. réf. à la Bible ; 2. ca 1200 « fruit de l'olivier » (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 183, 3) ; 3. a) 1694 « ornement en forme d'olive, en architecture » (Corneille) ; b) 1801 « sorte de mollusque » (Lamarck, Système des animaux sans vertèbres, p. 73) ; c) 1878 anat. (Lar. 19e Suppl.) ; 4. 1699 adj. inv. « qui est de la couleur de l'olive » (Guiffrey, Inventaire du mobilier de Louis XIV, t. 2, p. 1699 : Une pièce d'étoffe des Indes, fond olive). Du lat. oliva « olivier » et « fruit de l'olivier ».


Lire aussi les définitions de l'olivier et de l'olive pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Olea europaea - Aourivié - Ouliéou -

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Botanique :


Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle :


L'OLIVIER. La culture de l'olivier chez les anciens ; olivier d'Europe ; usage de son bois et de son fruit ; préparation à faire subir aux olives ; huile d'olive ; l'olivier chez les Grecs et les Romains.


L'olivier commun dépasse rarement quinze mètres ; il est cependant plus ou moins grand suivant les lieux où il croît; il est plus grand dans la Provence que dans Je Languedoc, et va toujours en croissant à mesure qu'il approche de l'Europe méridionale, de l'Asie et surtout de l'Afrique, où il devient un arbre de haute futaie.

La culture de l'olivier était connue chez les Hébreux dès le temps de Job, et très pratiquée du temps de Moïse. L'Attique paraît avoir été le premier canton de la Grèce où la culture des oliviers et l'art de tirer de l'huile de leurs fruits aient été connus, et c'est à Cécrops, prince venu de Sais, ville de la basse Egypte, que les Athéniens sont redevables de cet art.

L'olivier d'Europe, qui est l'olivier commun, est sans doute originaire d'Asie ; on croit qu'il fut introduit en Provence six cents ans avant Jésus-Christ, par les Phocéens, fondateurs de Marseille.

Cet arbre croît très lentement, mais sa durée dépasse deux et trois siècles. Il se multiplie par graines, par rejetons, par boutures, et même à l'aide de simples lambeaux d'écorce que l'on enterre dans un terrain bien ameubli. Les coteaux exposés au soleil, les terrains pierreux sont les lieux qui lui conviennent le mieux ; il est sensible à la gelée des grands hivers.

Peu de bois sont aussi riches de nuances et veinés de plus belles couleurs ; il est dur, susceptible d'un beau poli ; on en fait des manches de couteau, des tabatières, des boîtes et des meubles de la plus grande beauté.

Tout le monde connaît le fruit de l'olivier : il est charnu, ovale, ayant au centre un noyau dur et ligneux, qui renferme une amande ; sa chair, ferme et verte avant la maturité, mollit en mûrissant, et se couvre d'une pellicule presque noire : c'est alors qu'on le presse pour en extraire l'huile.

Les olives qui desservent les tables n'ont point atteint leur dernier degré de maturité au moment où on les récolte ; elles ont une saveur amère et désagréable, qu'on corrige en les faisant macérer dans une saumure avec diverses plantes aromatiques.

« Les campagnes qui l'environnent (Uzès), écrivait J. Racine à La Fontaine, sont toutes couvertes d'oliviers qui portent les plus belles olives du monde, mais bien trompeuses pourtant ; car j'y ai été attrapé moi-même. Je voulus en cueillir quelques-unes au premier olivier que je rencontrai, et je les mis dans ma bouche avec le plus grand appétit qu'on puisse avoir ; mais Dieu me préserve de sentir jamais une amertume pareille à celle que je sentis ! J'en eus la bouche toute perdue plus de quatre heures durant, et l'on m'a appris depuis qu'il fallait bien des lessives et des cérémonies pour rendre les olives douces comme on les mange. L'huile qu'on en retire sert ici de beurre, et j'appréhendais bien ce changement ; mais j'en ai goûté aujourd'hui dans les sauces, et sans mentir il n'y a rien de meilleur. On sent bien moins l'huile qu'on ne sentirait le meilleur beurre de France. Mais c'est assez vous parler d'huile, et vous me pourrez reprocher, plus justement qu'on ne faisait à un ancien orateur, que mes ouvrages sentent trop l'huile.

[Suite de l'article dans la rubrique Symbolisme].

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Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de l'Olive :


Des fruits sucrés aux fruits oléagineux, on reste toujours, avec l'olive, dans le domaine des fruits à noyaux.

On pense que l'olivier est originaire de Syrie ; il serait ensuite passé en Égypte d'où Cécrops, célèbre héros de la mythologie grecque, fondateur d'Athènes, l'aurait rapporté en Grèce seize siècles avant notre ère. En France, les premiers oliviers semblent avoir été introduits par les Phocéens qui fondèrent Marseille au VIIe siècle avant Jésus-Christ.

L'olivier, tel que nous le connaissons et le voyons dans tous les paysages méditerranéens, est une création humaine ; il représente une forme cultivée qui n'a cessé d'évoluer au cours des millénaires, car il fut sélectionné et greffé de génération en génération. En revanche, on trouve toujours et abondamment dans la nature l'oléastre, ou olivier sauvage, arbrisseau buissonnant et épineux vers lequel l'olivier est tenté de retourner lorsqu'on le laisse à l'abandon. L'olivier cultivé vit très vieux et l'on discute toujours pour savoir si les oliviers du jardin de Gethsémani sont ceux qu'a vus le Christ lors de son agonie. Peut-être, hypothèse plus probable, s'agit-il de rejets de deuxième génération ? Leur souche, en tout cas, a sans doute plus de deux mille ans et on peut les considérer come ayant été contemporains du Christ.

L'olivier est un arbre typiquement méditerranéen. Pour les écologistes, son aire de répartition géographique coïncide avec la carte du Bassin méditerranéen dont il est le symbole.

Son tronc est trapu et tourmenté ; il se divise très vite en grosses branches tortueuses, puis en rameaux fins et élégants porteurs de feuilles persistantes, opposées deux à deux, d'un vert glauque et brillant à la face supérieure, blanches et argentées en dessous. Ses fleurs sont insignifiantes et ne portent que deux étamines, élément caractéristique de la famille des oléacées.

[...]

Mais l'olivier finit par se démocratiser ; il devint une denrée très recherchée par les Athéniens durant le siècle de Périclès. C'est en exportant l'huile d'olive qu'Athènes payait ses importations de blé. L'exportation de cette huile s'effectuait à un coût fort élevé, la ville s'en étant réservé le monopole. On trouvait déjà sur les marchés les diverses qualités encore produites et vendues actuellement. L'huile de première pression, d'abord, ou huile vierge, strictement réservée à l'alimentation, obtenue en pressant modérément et à froid les olives mûres dans des sacs de toile. L'huile de deuxième pression résultait d'une pression plus accentuée des olives broyées au cours de la première pression ; elle servait à fabriquer des onguents. Enfin, l'huile de troisième pression était réservée aux lampes à huile, comme elle le serait aujourd'hui, mutatis mutandis, aux moteurs de voitures...

L'olive est absolument immangeable lorsqu'on vient de la cueillir ; elle doit subir des traitements variables selon qu'on désire obtenir une olive verte ou une olive noire. Les olives vertes se récoltent en septembre ; elles passent dans une lessive composée de quatre parties de cendre de bois pour une partie de chaux ; elles y restent le temps nécessaire pour que le noyau se sépare facilement de la pulpe et que l'épiderme vire au jaunâtre ; on les place ensuite dans de l'eau renouvelée pendant quatre à cinq jours jusqu'à ce qu'elles soient débarrassées de toute alcalinité ; puis on les conserve dans une saumure renfermant 60g de sel pour 800g d'eau. Pour obtenir des olives noires, on attend que les fruits atteignent leur complète maturité, qu'ils soient entièrement noirs et ridés ; on les saupoudre de sel, puis on les fait sécher au soleil sur des claies avant de les conserver dans l'huile.

Les olives possèdent un fort pouvoir calorique : elles contiennent 11% de lipides, ceux-ci étant principalement constitués d'acides gras mono-insaturés (acide oléique) dont on verra qu'ils jouent un rôle essentiel dans l'alimentation.

L'huile d'olive, comme l'olivier, marque la civilisation méditerranéenne. La zone où pousse l'olivier a dessiné en France une sorte de frontière culinaire naturelle : au sud, la cuisine à l'huile ; au nord, la cuisine au beurre. Contrairement à ce que l'on croit, l'Europe médiévale consommait encore relativement peu de matières grasses : c'est le lard qui apportait la graisse, bien plus que l'huile ou le beurre. Dès la seconde moitié du Moyen Âge, le développement des villes entraîna une plus grande consommation de viande ; l'accroissement des troupeaux provoqua une détérioration des oliveraies que les agriculteurs préférèrent abandonner. A cette époque, l'olivier recule. Sa renaissance s'effectue entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, quand on en plante de nouveau en Provence et en Languedoc. Il est aujourd'hui inséparable des paysages du Midi.

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Symbolisme :


Dans Botanique biblique ou Courtes notices sur les végétaux mentionnés dans les Écritures (Genève, 1862), le Comité des publications religieuses propose une synthèse des évocations du végétal dans la Bible :


Sur le soir le pigeon revint...... il avait dans son bec une feuille d'Olivier qu'il avait arrachée, et Noé connut que les eaux s'étaient retirées de dessus la terre. (Gen. VIII , 11.)

Tel est le premier passage de la Bible où nous voyions figurer un arbre nommé plus fréquemment que tout autre dans les Saints Livres. On le rencontre abondamment dans la Palestine, que Moïse décrit déjà comme un pays d'Oliviers qui portent de l'huile. (Deut. VIII, 8.).

C'est probablement à cause du rôle qu'elle joue dans le récit de la fin du déluge, que la feuille d'Olivier a été regardée dès lors comme l'emblème de la paix, elle annonçait le terme de la colère de Dieu contre un monde pécheur. La tradition des Grecs, selon laquelle une colombe apporta la première branche d'Olivier dans leur pays, n'est qu'une altération du fait biblique.

L'Olivier (Olea europaea) est originaire de la Syrie, de l'Europe méridionale et de quelques parties de l'Afrique. Le grand nombre des Oliviers ajoute beaucoup à la beauté du paysage, et la brise, en faisant voir le revers argenté de leurs feuilles, produit un mélange de nuances plein d'harmonie. Les collines plantées d'Oliviers qui couvrent une partie du territoire de Juda, semblent encore aujourd'hui sourire au voyageur, et le sol stérile et blanchâtre du mont des Oliviers est égayé par ces arbres, dont il tire son nom. Ce fut en ces lieux que David vint pleurer dans sa fuite ; notre Sauveur s'y rendait aussi avec ses disciples, qui y furent témoins de l'Ascension de leur Maitre. (Actes I, 9.) Le voyageur chrétien éprouve de vives émotions lorsqu'il se trouve dans un endroit plein de tels souvenirs.

L'Olivier est remarquable par sa longévité : «Si vous voulez laisser un héritage durable aux enfants de vos enfants, plantez un Olivier, » dit un proverbe italien. Plusieurs de ces arbres, encore en pleine vigueur près de Terni en Italie, existaient déjà probablement du temps de Pline. Bové en a mesuré quelques-uns aux environs de Jérusalem et constate que leur hauteur est de 9 à 10 mètres (27 à 30 pieds) ; la circonférence de plusieurs d'entre eux est de six mètres (18 pieds) ; il les croit âgés de deux mille ans. Châteaubriand établit ingénieusement l'identité de plusieurs de ces Oliviers du Jardin de Gethsémané (pressoir à huile) avec ceux qui lui valurent son nom. Ils sont, dit-il, pour le moins aussi vieux que l'empire d'Orient ; en voici la preuve : En Turquie, chaque Olivier trouvé sur pied par les Musulmans lorsqu'ils firent la conquête de l'Asie, paie une médina au fisc, mais chacun de ceux que l'on a plantés depuis la conquête est taxé à la moitié de son rapport ; or, les huit Oliviers dont nous parlons ne paient que huit médinas.

De grands changements sont survenus dans la Palestine ; depuis qu'elle est foulée aux pieds par les Nations, les palmiers ont langui et disparu peu à peu, les cèdres du Liban ont diminué, mais Dieu conserve toujours sur la montagne des Oliviers ces arbres qui doivent y servir de témoignage. « Chose curieuse et intéressante, » dit Carne, durant une période d'un peu plus de deux mille ans, des Assyriens, des Romains, des Musulmans et des Chrétiens ont successivement occupé les montagnes rocailleuses de la Palestine, tandis que l'Olivier est resté toujours en possession du sol natal où il a été respecté jusqu'à nos jours. »

Les feuilles de l'Olivier sont semblables à celles du saule, mais d'un vert plus foncé et blanches en dessous ; des fleurs odorantes et délicates égaient ses rameaux au mois de mai. En cet état, l'Olivier présente l'image de la santé et de la vigueur, surtout lorsque le soleil fait briller son feuillage. L'Éternel t'avait appelé : Un Olivier verdoyant , beau et d'un beau fruit, dit Jérémie (XI, 16). Sa beauté sera comme celle de l'Olivier, disait Osée (XIV, 6) en annonçant au peuple d'Israël les jours bénis où il retournerait à l'Éternel et se reposerait à l'ombre de ses ailes.

L'huile d'Olives est encore aujourd'hui employée en Orient, en Espagne et en Italie en guise de beurre ou de graisse. Les Grecs et les Romains en faisaient des libations à leurs dieux ; les Juifs l'employaient dans les cérémonies du culte, et construisaient avec les grandes branches de l'Olivier les cabanes de feuillage sous lesquelles ils s'abritaient pendant la fête des Tabernacles. Le bois de cet arbre est très dur ; il servit à l'ornementation du temple de Salomon (1 Rois VI, 23), et est encore aujourd'hui recherché en Italie pour une quantité d'usages. Dans quelques parties de la France, les Olives sont avec du pain l'un des mets ordinaires des paysans ; quelques espèces demandent à être bouillies préalablement dans de l'eau chaude pour perdre leur amertume.

Les Athéniens estimaient tellement l'Olivier, qu'ils en regardaient la culture comme un devoir et le consacrèrent à Minerve. Il est mentionné par Homère et par presque tous les anciens auteurs.

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Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme


OLIVIER - PAIX.

La Paix , la Sagesse, la Concorde, la Douceur, la Clémence, la Joie et les Grâces se couronnent d'Olivier. La colombe envoyée par Noé rapporta dans l'arche une branche d'Olivier, comme le symbole de la paix que le ciel venait d'accorder à la terre.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Olivier - Paix.

La colombe de Noé rapporta dans son bec un rameau d’olivier qui était le signe de la paix entre la terre et le ciel. Depuis, l’olivier a toujours eu la môme attribution.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


OLIVIER - PAIX.

Vivez en paix si cela se peut et autant qu'il est en vous avec toutes sortes de personnes. Ceux qui vivent selon les choses de l'esprit éprouvent les choses de l'esprit ; or, l'amour des choses de la chair est la mort, et l'amour des choses de l'esprit est la vie et la paix.

- Romains : XII , 15. — XIII , 5, 6. -

L'olivier jouit d'une très grande réputation depuis un grand nombre de siècles, mais ce n'est point à l'élégance de son port qu'elle le doit ; ses rameaux tortueux et en désordre n'ont rien de gracieux ; ce n'est point non plus à un feuillage sans ombrage, composé de feuilles étroites d'un vert foncé ou grisâtre , ni à la beauté de ses fleurs, petites et sans odeur. Cette huile précieuse, fournie par l'en veloppe de ses fruits, lui a, seule, attiré cet empressement avec le quel il a été accueilli chez toutes les nations dont le climat leur en a permis la culture, au grand regret de celles qui ne peuvent jouir de cet avantage.

On distingue deux sortes d'olivier, celui d'Europe dont nous allons parler, et l'olivier odorant que les Chinois cultivent beaucoup leurs jardins, à cause de l'odeur extrêmement agréable de ses fleurs avec lesquelles ils aromatisent le thé.

DE L'OLIVIER D'EUROPE.

L'olivier sauvage abonde sur les collines de la Numidie, de la Grèce et de la Sicile. Privé d'une nourriture suffisante, il est ordinairement petit, grêle, tortueux, d'un aspect triste et agreste. Perfectionné par la culture, il devient plus régulier, plus élevé, plus beau. Sa tige, revêtue d'une écorce lisse et cendrée, se divise en rameaux nombreux, garnis de feuilles opposées. Les fleurs sont blanches, petites ; le fruit est un drupe ovale, charnu, dont la pulpe succulente entoure un noyau très dur, à une ou deux semences.

La connaissance de l'olivier et de ses usages remonte jusqu'à la plus haute antiquité. Les livres sacrés, les historiens, les poètes, les vieux naturalistes, en font mention. Dans l'Évangile, l'olivier et la vigne sont souvent les sujets de comparaisons tantôt douces et gracieuses, et tantôt sublimes, ainsi que d'un grand nombre d'admirables paraboles. L'olivier était alors d'autant plus utile que les anciens ne pouvaient se passer de l'huile qu'il produit, car ils n'ont pas connu l'usage du beurre qu'ils n'employaient que dans la composition d'onguents et de drogues médicinales. La Genèse nous dit que la colombe lâchée par Noé après le déluge, revint avec un rameau d'olivier. L'Ecclésiaste fait croître ce bel arbre dans les champs de l'Asie : Quasi oliva speciosa in campis.

Homère fait une description touchante de l'olivier, dont il compare la chute à la mort du jeune Euphorbe. « Comme un bel olivier, tendre arbuste, cultivé par une main habile en un lieu solitaire où jaillissent d'abondantes eaux, porte au loin son heureux feuillage, et, balancé tour à tour par l'haleine de tous les vents, se blanchit déjà de fleurs, quand un tourbillon impétueux arrivé soudain, le déracine et l'étend à terre : ainsi l'illustre fils de Panthus est immolé par Ménélas, qui se hâte de lui enlever ses armes. » (Iliade, chant XVII.)

Suivant les mythologues, l'olivier fut porté d'Égypte dans l'Attique par Cécrops. D'autres prétendent qu'Hercule, après ses glorieuses expéditions, en fit présent à la Grèce, qu'on le planta sur le mont Olympe, et que ses rameaux servirent à couronner les vainqueurs aux jeux de l'Elide. On connait la fameuse contestation de Minerve et de Neptune devant Jupiter et le triomphe de la déesse de la sagesse, qui avait fait sortir du sein de la terre un olivier couvert de fleurs et de fruits.

Cet arbre n'était pas moins en honneur chez les Romains. Selon Pline, il était défendu de le faire servir à des usages profanes ; on ne permettait pas même de le brûler sur les autels des dieux.

L'olivier était regardé comme l'heureux emblème de la paix et de la concorde. A l'aspect d'un simple rameau d'olivier, présenté par l'ennemi vaincu, les phalanges grecques ou romaines arrêtaient leur marche, et l'aimable paix, ce doux présent du ciel, ce ferme appui des empires, succédait aux alarmes et à l'horreur des combats. On allait implorer l'assistance d'un peuple ami ou même inconnu en portant à la main des branches d'olivier.

On croit généralement que les Phocéens qui fondèrent Marseille environ 600 ans avant Jésus-Christ, y apportèrent l'olivier et la vigne, qui de là se répandirent dans les Gaules et dans l'Italie. Il y a dans Pline un passage qui s'accorde assez bien avec cette tradition. Cet auteur assure que, sous le règne de Tarquin l'Ancien, il n'y avait point encore d'olivier en Europe, ni même sur les côtes d'Afrique. L'olivier croit spontanément et en grande abondance dans les montagnes de l'Atlas ; on y récolte les olives sauvages, et dans quelques endroits on en retire une huile très estimée. Cet arbre fleurit au printemps ; ses fruits sont mûrs en automne et on les récolte dans le mois de novembre. Il produit, comme tous les arbres cultivés, un grand nombre de variétés de fruits qui diffèrent par la forme, la grosseur et la qualité. On obtient une huile très fine des olives cueillies avant qu'elles soient mûres, mais en moindre quantité. Les olives fraiches sont d'une amertume et d'une âcreté insupportables, qu'on leur fait perdre en les lessivant. Le bois de l'olivier est dur, veiné, susceptible d'un beau poli, et sa racine est agréablement marbrée. Il est bon pour le chauffage ; on en fait des manches de couteaux, des tabatières, des boîtes et autres ouvrages d'ébénisterie. Les anciens l'employaient à faire des statues. Tout le monde connait les usages multipliés de l'huile d'olive.

RÉFLEXIONS.

Comment peut-on avoir la paix avec soi-même, quand on est en guerre avec Dieu ?

(Mme DE LA SABLIÈRE.)

La vraie joie n'est que dans la pos session de Dieu, et la possession de Dieu ici-bas, ne se trouve que dans la soumission à la foi et dans l'obéissance à la loi.

(FÉNELON, Réflexions.)

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


OLIVIER - PAIX.

Arbre à feuilles entières, toujours vertes, à fleurs petites, disposées en grappes ou en panicule auxiliaire ou terminale. L'olivier figure, dans la mythologie des anciens, comme un arbre exceptionnellement vénéré. Neptune et Minerve s'étant disputé l'honneur de nommer la ville d'Athènes, nouvellement bâtie, ils convinrent que celui des deux qui lui ferait le don le plus précieux aurait la préférence. Neptune frappa aussitôt la terre de son trident, et il en sortit un cheval, emblème de la guerre. Minerve fit paraître l'olivier, emblème de la paix, et c'est elle qui fut choisie pour nommer la ville nouvelle.


Du vert laurier, superbe est la couronne,

Moins d'apparence a le pâle olivier ;

Mais plus amer est le fruit du laurier,

Plus doux le fruit que l'olivier nous donne.

DU BELL.

Lorsque chacun des dieux prit un arbre en partage,

Alcide, nous dit-on, choisit le peuplier ;

Le lierre, pour Bacchus, déploya son feuillage, Apollon sourit au laurier.


De la céleste cour le monarque suprême

Au chêne décerna l'empire des forêts :

Minerve à l'olivier dit : Tu seras l'emblème De l'abondance et de la paix.

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie.


Olivier - Paix, Concorde.

Dès la plus haute antiquité, cet arbre a été connu, quoique la fable attribue à Minerve la naissance de l'olivier. Il y a lieu de croire que l'importation de ce précieux végétal en France est due à la colonie phocéenne qui fonda Marseille. Une branche d'olivier est regardée comme l'emblème de la paix, et ce fut cet arbre que Dieu choisit pour apprendre à Noé que son courroux était passé et qu'il pardonnait à ses enfants.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


OLIVIER : Paix.

Depuis la plus haute antiquité, les branches de l'olivier symbolisent la paix.


Lorsque l'on... aime, on préfère

En secret le myrthe au laurier ;

Or, le myrthe ne croît guère

Qu'à l'ombre de l'olivier. DEMOUSTIERS.

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Après avoir décrit l'olivier J. Rambosson dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871) étudie le symbolisme de l'arbre :


L'huile d'olive est la plus estimée de toutes pour les usages alimentaires; elle sert à diverses branches de l'économie et des arts, à la fabrication des savons fins, à l'éclairage, etc.

L'olivier était en très grande vénération chez les peuples de l'antiquité; les Grecs en avaient fait le symbole de la sagesse, de l'abondance et de la paix, et l'avaient spécialement consacré à Minerve. Le peuple allait autrefois demander la paix en portant à la main des branches d'olivier. Une couronne du même arbre était le prix de la victoire aux jeux olympiques. L'olivier sauvage était consacré à Apollon ; on le plantait devant les temples, et on y suspendait des présents et les vieilles armes.

A Rome, les nouveaux époux portaient des guirlandes d'olivier, et l'on en couronnait aussi les morts que l'on portait au bûcher. Un olivier frappé de la foudre annonçait, suivant les augures, la rupture de la paix.

Virgile représente Numa Pompilius une branche d'olivier à la main, pour marquer que son règne fut pacifique. Sur les médailles, une branche d'olivier à la main d'un souverain désigne la paix donnée ou conservée à l'État.

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Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :


l'olivier est un "arbre d'une très grande richesse symbolique : paix, fécondité, purification, force, victoire et récompense.

En Grèce, il était consacré à Athéna et le premier olivier, n' d'une querelle d'Athéna avec Poséidon, était conservé comme un trésor derrière l'Erechteion. Ce sont de ses rejetons, paraît-il, que l'on voit encore aujourd'hui sur l'Acropole. Il participe des valeurs symboliques attribuées d à Athéna, dont il est l'arbre consacré.

Les oliviers poussaient en abondance dans la plaine d’Éleusis. Ils y étaient protégés et ceux qui les endommageaient étaient traduits en justice. Ils sont comme divinisés dans l'hymne homérique à Déméter, qui introduit précisément aux initiations éleusiniennes.

Dans tous les pays européens et orientaux, il revêt de semblables significations. A Rome, il était consacré à Jupiter et à Minerve.

Selon une légende chinoise, le bois d'olivier neutraliserait certains poisons et venins : ce qui lui confère une valeur tutélaire.

Au Japon, il symbolise l'amabilité, ainsi que le succès dans les études et les entreprises civiles ou guerrières : arbre de la victoire.

Dans les traditions juives et chrétiennes, l'olivier est symbole de paix ; c'est un rameau d'olivier qu'apporta la colombe à Noé à la fin du déluge. La croix du Christ, selon une vieille légende, était faite d'olivier et de cèdre. C'est en outre, dans le langage du Moyen Âge, un symbole de l'or et de l'amour. Si je peux voir à ta porte du bois d'olivier doré, je t’appellerai à l'instant temple de Dieu, écrit Angelus Silesius, s'inspirant de la description du temple de Salomon.

En Islam, l'olivier est l'arbre central, l'axe du monde, symbole de l'Homme universel, du Prophète. L'Arbre béni est associé à la Lumière, l'huile d'olive alimentant les lampes. Semblablement, dans l'ésotérisme ismaélien, l'olivier au sommet du Sinaï est une figure de l'Imâm : c'est à la fois l'axe, l'Homme universel et la source de la lumière.

On dit de l'olivier , considéré comme l'arbre sacré, que l'un des noms de Dieu ou quelque autre mot sacré est écrit sur chacune de ses feuilles ; et la baraka de son huile peut être si forte qu'elle peut faire s'accroître la quantité d'huile d'elle-même et devenir dangereuse. Dans certaines tribus, les hommes boivent de l'huile d'olive pour augmenter leur pouvoir de procréation.

L'admirable verset coranique de la Lumière (24, 35) compare la lumière de Dieu à une niche où se trouve une lampe, la lampe dans un verre, le verre comme un astre de grand éclat ; elle tient sa lumière d'un arbre béni, l'olivier, - ni d'est ni d'ouest - dont l'huile éclaire, ou peu s'en faut, sans même que le feu y touche.


Une autre interprétation du symbole de l'olivier identifie cet arbre béni avec Abraham, et avec son hospitalité, qui sera maintenue jusqu'au Jour de la Résurrection. L'arbre abrahamique des bienheureux, dont parle le hadith suivant, serait aussi l'olivier. L'olivier symbolise en définitive le Paradis des élus."

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Olivier (Olea europaea) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Soleil

Élément : Feu

Divinités : Athéna-Minerve ; Apollon ; Amon-Râ

Pouvoirs : Pacification ; Fécondité.


Sur le tombeau d'Adam, premier homme, premier géniteur, naquit un Olivier. De cet Olivier fut détachée la branche qu'une colornbe apporta à Noé, le régénérateur du genre humain. De ce même Olivier fut tiré le bois qui devait servir à la croix du Rédempteur, régénérateur spirituel des hommes englués dans le purgatoire de la matière.


Utilisation rituelle : Les Grecs, et les Romains à leur suite, ont vénéré cet arbre. Les Grecs en avaient fait le symbole de la sagesse, de l'abondance et de la paix. C'était de l'huile d'olive vierge, très pure, que l'on brûlait dans les lampes des temples.

L'Olivier cultivé était consacré à Athéna. Le peuple alla, pendant longtemps, demander la paix en tenant à la main des branches d'Olivier. Une couronne du même arbre était le prix de la victoire aux jeux Olympiques. L'Olivier sauvage était consacré à Apollon ; on en ramenait des montagnes pour les replanter devant ses temples, ou bien on choisissait pour bâtir ceux-ci un lieu où les Oliviers sauvages croissaient en abondance. Les pèlerins suspendaient des présents aux branches ; les soldats y accrochaient fréquemment de vieilles armes, ou des trophées pris à l’ennemi.

Qu'il soit de Minerve (domestiqué) ou d'Apollon (sauvage), un Olivier frappé par la foudre annonçait, suivant les augures, la rupture de la paix.

À Sparte, la feuille d'Olivier était l'insigne des Irènes, jeunes gens de vingt ans, puceaux, engagés volontaires pour servir dans les corps d'élite.

Sur les médailles ou les statues, une branche d'Olivier dans la main d'un empereur indique que, sous le gouvernement de ce monarque, la paix fut donnée ou conservée à l'Etat.

Le respect des anciens Grecs était tel que les hommes appelés à cultiver ces arbres devaient être d'excellente moralité, et n'avoir « de commerce sexuel qu'avec leurs épouses légitimes » ; et pour la cueillette des olives, on ne recrutait que des jeunes filles vierges, d'un physique agréable. C'est à l'observance de cette règle rigoureuse que les Athéniens attribuaient la continuité et l'abondance des récoltes. Des inspecteurs particuliers étaient chargés de veiller à l'application du règlement.

Mais l'histoire de l'Olivier dépasse et déborde celle de la Grande-Grèce; elle est aussi liée à celle de tous les peuples qui ont habité le bassin méditerranéen. Chez les Égyptiens, les Hébreux, les Orientaux en général, l'huile d'olive vierge était la seule acceptée pour l'éclairage et les usages domestiques, pour la médecine et les cérémonies religieuses ; or les hommes de ces civilisations savaient très bien, et depuis fort longtemps, extraire de l'huile du lin, des noix, du tournesol, etc.

On répandait de l'huile d'olive sur le bûcher des morts ; on s'en frottait au sortir des thermes pour se purifier. L'huile omphacine, dont faisaient si grand cas les athlètes antiques, n'était que le suc visqueux, très frais et utilisé aussitôt, de la grosse olive verte méditerranéenne ; ils s'en couvraient, puis se roulaient dans du sable fin bien sec que le soleil avait rendu brûlant.


Utilisation magique : De nos jours, l'arbre et son fruit sont très employés aux Indes dans les rituels d'apaisement. Quand c'est la nature qui est en furie, on offre de l'Olivier à une rivière en crue pour la faire rentrer dans son lit, à un typhon pour se détourner d'une région, à un tremblement de terre pour qu'il reste mineur, etc. Quand les hommes sont saisis de folie meurtrière, on fait des sacrifices d'Olivier pour mettre fin aux guerres, aux émeutes, aux troubles de toutes sortes qui viennent perturber le cours tranquille et naturel de l'existence. On apporte aussi de l'Olivier et des olives aux couples qui se disputent.

Dans le sud de l'Espagne et en Afrique du Nord, cet arbre a joué un grand rôle magique par le passé, et si les traditions qui s'y rapportent sont sans doute affaiblies, elles sont loin d'être éteintes. L'olive n'est pas un aphrodisiaque classique, au sens d'excitant, mais elle a la réputation d'assurer la fertilité et un haut niveau de puissance sexuelle chez les hommes. Les Algériennes de la région de Tlemcen empilent leurs vêtements dans des coffres où les couches d'habits alternent avec des branches d'Olivier et des olives; elles pensent ainsi être de meilleures reproductrices.

Partout en Espagne, de l'Olivier suspendu au-dessus des portes protège la maison, la grange, l'étable.

Dans tout le Maghreb, de l'huile d'olive vierge entre dans les rituels de guérison.

Les noyaux sont employés en magie noire.

On dit que le chêne planté dans la fosse d'un Olivier devient stérile.

« Qui en soigne [songe] cueille olives ou les mengut [mange], c'est signe de joye et de lyesse, mais qu'elles soyent bien meures. Mais s'il semble ad celli qui soigne que il les mengue verdes, c'est signe de ire et de courroux. »

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Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), évoque la symbolique traditionnelle de l'olivier :


L'olivier occupa dans l'économie de la Grèce une place prépondérante. Il arbitra même la rivalité qui opposait la déesse Athéna, la Minerve des Romains, et le dieu Poséidon, leur Neptune, pour la possession d'Athènes. Les dieux décidèrent, en effet, que la cité appartiendrait à celui des dieux qui lui offrirait le présent le plus utile. Poséidon, dieu de la Mer, intervint le premier et, d'un coup de son trident, fit jaillir une source sur l'Acropole ; car la Grèce, déjà partiellement déboisée et désertifiée à l'époque, avait grand besoin d'eau. Hélas ! le dieu de la mer, comme la plus belle fille du monde, ne pouvait donner que ce qu'il avait : ce fut donc une source salée qui jaillit de l'Acropole, menaçant de stériliser les cultures. Le cadeau de Neptune ne fut donc pas apprécié. En revanche, Athéna, déesse de la Pensée, fit surgir le premier olivier. La victoire lui revint et la ville prit son nom. Les Athéniens vénérèrent longtemps le vieil olivier de l'Acropole qui fut brûlé, en tant que symbole de la cité, lors du sac de cette dernière par les Perses de Xerxès. Mais on prétend qu'il repoussa sitôt après avoir été consumé... Une loi athénienne punissait sévèrement ceux qui endommageaient les oliviers. Au cours des guerres lacédémoniennes, les Spartiates qui saccageaient l'Attique épargnèrent les oliviers par crainte de la vengeance des dieux. Il était aussi défendu de se servir de leur bois pour le brûler.

La promotion de l'olivier par Athéna rejoignait une ancienne tradition biblique rapportée dans le Livre de la Genèse : à la fin du Déluge, l'humanité rentra à nouveau en grâce auprès de l'Éternel lorsque la colombe envoyée de l'arche de Noé y revint avec un rameau d'olivier dans son bec ; c'était le signe de réémergence et du reverdissement des terres englouties sous les eaux avant l'apparition de l'arc-en-ciel, symbole de la Nouvelle Alliance. Les Hébreux prêtaient donc à l'olivier la même signification symbolique que les Grecs : ils en faisaient un symbole de paix et de prospérité.

Par ailleurs, l'olivier fut considéré de tout temps comme un « arbre lumineux », en raison de l'huile qu'on en tirait pour alimenter les lampes. C'est pourquoi Démosthène se vantait d'avoir consommé dans ses nuits plus d'huile que de vin. L'huile, de fait, n'est pas moins sacrée que l'olivier. On connaît les saintes huiles des Chrétiens, plus particulièrement l'extrême-onction naguère administrée aux agonisants, symbole de vie éternelle. Il faut évoquer aussi l'huile divine dont les héros et les dieux de la Grèce antique aimaient à s'enduire pour préserver leur beauté immortelle.

Un admirable verset du Coran compare la lumière de dieu « à une niche où se trouve une lampe ; la lampe est dans un verre ; le verre est comme un astre de grand éclat ; elle tient sa lumière d'un arbre béni, l'olivier, [...] dont l'huile éclaire, ou peu s'en faut, sans même que le feu y touche. » (La Lumière 24-35). En terre d'Islam en effet, l'olivier est l'arbre central, l'axe du monde, le symbole de l'homme universel et celui du Prophète. Cet arbre béni est là encore associé à la lumière, puisque c'est son huile qui alimente les lampes.

L'huile d'olive vaut plus que tout, y compris pour l'olivier lui-même. On se souvient du récit biblique des arbres qui se cherchent un roi (Le Livre des Juges, 9, 8-15). Pressentis, le figuier puis la vigne se dérobent, puis l'olivier en fait autant ; c'est finalement un buisson épineux qui accepte la couronne. Comment mieux exprimer que les prestations de l'olivier et de son huile dépassent en prestige et en utilité le pouvoir des prêtres et des rois ?

L'huile d'olive se vit jadis reconnaître des vertus magiques : on la croyait capable de capter les radiations maléfiques. Le christianisme, qui reprend à son compte bon nombre de symboles païens, la fit entrer dans la composition des saintes huiles et du saint chrême (ce dernier étant un mélange d'huile d'olive et de baume) pour l'administration des sacrements. Durant les siècles de foi naïve, la croyance au pouvoir surnaturel du saint chrême fut si forte que les huiles sacrées étaient devenus des butins très recherchés par les voleurs et autres larrons. Ceux-ci pensaient que, s'ils s'en enduisaient, elles les protégeraient et leur éviteraient d'être jamais découverts.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Consacré par les Romains à Jupiter et à Minerve, l'olivier à la verdeur perpétuelle fut, chez les Grecs, l'arbre d'Athéna

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000), le symbolisme de l'huile est essentiellement associé à l'olivier :


"Où vous frapper encore,

vous qui persistez dans la défection ?

s'écrie Isaïe, le prophète visionnaire,

à l'encontre du peuple d'Israël,

Toute la tête est devenue malade Et tout le cœur est souffrant ;

De la plante des pieds jusqu'à la tête

Rien en lui n'est intact :

Blessures, meurtrissures plaies vives,

Ni bandées, ni passées,

Ni adoucies avec de l'huile ! "

(Isaïe, I, 5-6).


Au Moyen Orient comme en Égypte, l'huile provenait essentiellement de l'olivier, et on l'utilisait aussi bien pour s'éclairer dans les maisons à la nuit tombée, la brûler sur les autels et dans les temples, préparer des aliments, s'en oindre le corps ou se soigner à l'aide de macérations de plantes. De ce fait, l'huile a toujours été un symbole de pureté, de douceur, de clarté et de prospérité. Elle l'est encore de nos jours, même si, aujourd'hui, nos huiles ont quelque chose de frelaté, qui leur ôte toute leur pureté originelle. Par ailleurs, n'oublions jamais que, selon d'antiques traditions, les princes et les rois étaient souvent oints pour marquer leur souveraineté ou leur puissance divine.

Ainsi, rêver que l'on prend un bain d'huile, que l'on reçoit ou touche de l'huile, est souvent un gage de bonheur."


A l'entrée "Olivier", le même auteur écrit : "C'est un arbre d'une grande douceur, d'une grande richesse, dont le fruit est un gage de fécondité, de longévité, de purification, et le rameau un symbole de paix et de prospérité. En Grèce antique, l'olivier était l'arbre consacré à Athéna, la déesse guerrière, fille de Zeus et de Métis, armée d'une lance, coiffée d'un casque, pourvue de l'égide -une cuirasse en peau de chèvre qui lui permettait de se rendre invisible à volonté - et d'un bouclier sur lequel figurait la tête de la Gorgone méduse, qui glaçait d'effroi tous ceux qui la voyaient. toutefois, malgré son aspect souvent impressionnant et guerrier, Athéna était la déesse protectrice des villes de Grèce.

L'olivier était aussi l'arbre d'Apollon, en l'honneur duquel les prêtres brûlaient des lampes à huile d'olive dans les temples consacrés au dieu solaire. Toujours selon les légendes mythiques grecques, la massue d'Héraklès était en bois d'olivier. Enfin, dans la Bible, l'olivier est considéré comme le roi des arbres (Juges 9, 8), comme une nourriture divine et un onguent sacré (Deutéronome 8, 8 et Ézéchiel 16, 9)."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message des arbres :

Nous venons du cœur de Dieu. Nous n'avons rien

à apprendre et beaucoup à offrir. Nous avons été ensemencés

sur la Terre pour le bien du règne humain et animal, incluant

les oiseaux et les insectes, et pour nourrir la planète elle-même,

physiquement, émotionnellement et spirituellement. Nous

diffusons l'amour et la guérison pour vous.


Les oliviers : Ces arbres détiennent non seulement la connaissance de leur emplacement, mais également beaucoup de sagesse. Ils vous rappellent la longue histoire de la Terre, et quand vous vous asseyez en dessous, vous pouvez plus facilement vous connecter à la Terre creuse. Ils vous rappellent également que tous vos besoins seront satisfaits.


VISUALISATION POUR AIDER LES ARBRES

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Faites appel à l'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et sentez sa belle énergie vert-bleu.

  3. Permettez à n'importe quel arbre d'apparaître dans votre esprit.

  4. Bénissez-le et remerciez-le d'être venu vers vous.

  5. Demandez au rayon doré du Christ de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  6. Demandez au feu lilas de la Source de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  7. Demandez à l'énergie protectrice bleu foncé de l'archange Michaël de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  8. Demandez à la lumière aigue-marine de la sagesse féminine divine de l'ange Marie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  9. Demandez à la lumière argentée de l'archange Sandalphon de l'équilibre et de l'harmonie de se déverser dans l'arbre et de se répandre à travers ses racines.

  10. Prenez un moment pour invoquer toutes les énergies qui vous attirent et voyez-les se déverser dans l'arbre.

  11. Imaginez les couleurs qui s'écoulent d'une racine à l'autre en connectant le réseau d'arbres et en dynamisant les lignes ley.

  12. Ouvrez les yeux ensachant que vous avez aidé les arbres.

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Eric Pier Sperandio auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi l'Olive (Olea europaea) : "L"olivier est un arbre originaire de la Méditerranée dont les fruits et l'huile nous sont bien connus.


Propriétés médicinales : Les feuilles de l'olivier possèdent des propriétés antiseptiques et astringentes qui, en infusion, amènent un effet tranquillisant qui agit aussi bien sur le stress que sur les désordres nerveux. Une décoction de ses feuilles ou de son écorce est très efficace contre la fièvre. L'huile d'olive est également très efficace pour accroître la sécrétion biliaire ; un usage modéré de l'huile d'olive dans l'alimentation aide à réduire le taux de cholestérol. cette huile est aussi très bonne pour soulager les brûlures et les démangeaisons.


Genre : Masculin.


Déités : Athéna ; Minerve ; Râ.


Propriétés magiques : Guérison ; Aphrodisiaque (puissance sexuelle mâle) ; Protection.


Applications :

SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • L'utilisation de cette huile remonte à l'Antiquité où on la faisait brûler dans les lampes comme offrande aux dieux.

  • Pour créer une atmosphère de quiétude et de sérénité, placez quelques feuilles d'olivier dans les recoins de votre maison.

  • Un rameau d'olivier déposé sur la cheminée protège la maison contre les catastrophes naturelles.

RITUEL POUR ACCROÎTRE LA PUISSANCE SEXUELLE MASCULINE

Ce dont vous avez besoin :

  • une chandelle rouge

  • de l'encens de sang-de-dragon

  • une coupe de vin rouge

  • sept olives (vertes ou noires, selon votre préférence)

Rituel : Allumez la chandelle et faites brûler l'encens ; prenez la coupe de vin dans vos mains et élevez-la vers le ciel en disant :

Apollon et Mars qui veillez sur la virilité des hommes

Accordez-moi la puissance d'accomplir mon désir

Que je sois puissant et fort et puisse satisfaire

Les désirs de mon âme et de ma partenaire.


Buvez un peu de vin et mangez les olives en répétant chaque fois l'invocation."

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Dans Vert, Histoire d'une couleur (Éditions du Seuil, 2013), Michel Pastoureau nous apprend que :


"Tout verger est construit comme un espace symbolique, et [que] chaque plante qui s'y trouve possède sa signification propre. Celle des fleurs varie beaucoup selon les époques et les régions et prend en compte plusieurs particularités : la couleur, le parfum, le nombre de pétales, l'aspect des feuilles, les dimensions des unes et des autres, l'époque de la floraison, etc. Quelques idées peuvent néanmoins être dégagées pour le Moyen Âge central : Le lis est symbole de pureté et de chasteté, [...] De même, les arbres sont toujours signifiants. Le chêne (rare au verger) est un arbre de pouvoir et de souveraineté ; l'olivier, un arbre de paix..."

 

Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des plantes :


Parmi les propriétés « merveilleuses » des plantes, il y a celle d’augmenter l’intelligence des hommes. [...]

Dans ce groupe, nous pouvons inclure les fruits qui animent le cœur et l’esprit. Al‑Qazwīnī raconte cette histoire à propos de l’huile d’olive (zaytūn, Olea europaea L.) : « al‑Aḥwaṣ ibn Ḥakīm a raconté qu’il avait entendu de son père qui, à son tour, l’avait entendu du Prophète : les meilleures sauces sont le vinaigre et l’huile d’olive. Vous devez utiliser l’huile d’olive, car elle éclaire l’esprit, renforce les nerfs, supprime la faiblesse, améliore le caractère et elle est bénéfique pour l’âme. » (Al-Qazwīnī, El Libro de las plantas, p. 71-73.)

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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :

Donne sans rien attendre en retour : l’Olivier

Il peut sembler étrange que le fait de donner quelque chose apporte de la joie, mais c’est ainsi. Des études le prouvent, mais l‘Olivier n’a pas eu besoin de les lire : c’est ce qu’il a mis en pratique depuis des milliers d’années. On pourrait croire qu’un arbre qui pousse en sol pauvre sous un climat sec et chaud, se préoccuperait de sa seule survie. Pourtant il donne des fruits à la valeur énergétique phénoménale, et continue d’en produire sur 1 000 ans. Cet arbre généreux offre nourriture, propriétés médicinales et huile aux humains qui l’entourent depuis le Néolithique.

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.


Les Enseignants : le Cerisier, le Poirier, le Noyer, le Pêcher, l’Olivier, le Citronnier et le Figuier. Ils sont là pour nous apprendre, par leur posture et leur connaissance.

[…]

Le Monde ne manque pas de merveilles

Mais d’émerveillement.


Les Enseignants : Chaque pépin, chaque noyau planté dans le sol a le potentiel de donner naissance à un arbre. Chaque arbre donnera des milliers de fruits. Chaque fruit nous nourrira, car le pouvoir des arbres fruitiers est infini. Abricotier, Pommier, Cerisier, Figuier, les arbres fruitiers donnent en abondance, parce que c’est leur nature. Un Enseignant transmet par son exemple. A le regarder vivre, il est inspirant. L’Enseignant est généreux de ce qu’il offre, c’est pourquoi on retrouve tant d’arbres fruitiers dans cette famille. L’arbre ne se préoccupe pas que nous cueillions ses fruits pour en faire des tartes, de la confiture ou des salades. L’Enseignant enseigne parce que c’est sa nature. Il offre car il aime offrir. Il nous apprend ainsi la nature de la générosité : offrir sans rien attendre en retour, enseigner non pas pour se faire valoir, mais enseigner pour mieux comprendre soi-même et transmettre généreusement, offrir en se préparant à recevoir davantage, offrir parce que c’est notre nature.


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En affirmant ton courage, ta détermination,

ta patience et ta loyauté,

Tu sera vainqueur de tous les combats

Que tu mèneras sur toi-même.

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Il est symbole de paix et de longévité. Il incarne la puissance, la patience, l'équilibre, le courage et la persévérance. Il accompagne l'homme depuis la nuit des temps. Il est généreux et peut vivre plusieurs milliers d'années. Mais avant tout, l'Olivier est porteur d'une histoire où la réalité côtoie les mythes et les légendes. Cet arbre au tronc noueux et à l'écorce rugueuse et crevassée se plaît dans un sol profond, bien drainé et caillouteux. Il apprécie le soleil, la rocaille. Bien que rustique, il supporte bien la sécheresse pourvu qu'il soit un peu abrité du vent. C'est l'excès d'eau qui le met mal à l'aise. L'Olivier aime être planté au printemps. Il se plaît aussi bien seul qu'en compagnie d'autres individus de son espèce pourvu qu'on lui laisse la place nécessaire au déploiement de ses branches, car l'Olivier peut atteindre vingt mètres de haut et six mètres d'envergure. Une fois adulte, il aime être être taillé au moins une fois par an en évitant les périodes de gel et celles qui précèdent la floraison, ce qui renforcera le rendement de ses fruits. Lorsque les petites fleurs blanches ont terminé d'illuminer ce vieil arbre, elles laissent la place aux Olives. L'Olivier prend son temps. Ses récoltes augmenteront généralement d'une saison à l'autre, pourvu qu'il reçoive la chaleur de l'été. Les racines de l'olivier se mêlent à celles de l'homme. Ce vieil arbre mystérieux aurait déjà été présent à la Préhistoire en Asie Mineure, où les premiers hommes du Néolithique avaient repéré le pouvoir de ses fruits. On retrouve son berceau au Proche-Orient, où les Olives ont nourri la Syrie et la Palestine. Il se déplacera rapidement sur tout le bassin méditerranéen. Il s'établira quinze siècles avant notre ère en Égypte. L'Olivier est présent dans la Bible comme le primum arborum, le premier des arbres. Il accompagnera l'histoire des colonies, dans les zones les plus reculées de l'Afrique où les Espagnols le planteront pour reconstituer leur territoire natal. Aujourd'hui, il vit également aux États-Unis, au Japon, en Amérique du Sud. Depuis la nuit des temps, on reconnaît à l'Olive des qualités gustatives, nutritionnelles et médicales. L'Olivier se fraye entre le Blé et la Vigne une place d'exception parmi les végétaux les plus précieux pour l'homme. L'Olive est riche en vitamines A et E. Elle est antioxydante, anti-inflammatoire et antimicrobienne. Elle apaise le stress et améliore la mémoire, elle aide le bon cholestérol et réduit le risque de maladies cardiovasculaires. Elle améliore la vue, protège les yeux. Elle préserve l'élasticité de la peau. Elle aide à la perte de poids, améliore la digestion et renforce le pouvoir immunitaire. Le bois d'Olivier est particulièrement dense. On l'utilise pour fabriquer des ustensiles de cuisine, des saladiers, des manches de couteau dont la veinure rend chaque pièce unique. Hercule tailla sa massue dans ce bois compact, et c'est avec un pieu en Olivier qu'Ulysse terrassa le cyclope dans L'Odyssée. C'est toujours l'Olivier que choisirent Ulysse et Pénélope pour réaliser le lit dans lequel la belle attendra son héros durant les vingt-cinq ans de ses exploits. Symbole de patience, de constance, de vie éternelle, l'Olivier prêtait ses branches aux défunts, à qui on confectionnait des couronnes de feuilles. C'est Athéna qui lui donna naissance pour incarner à Athènes la force, la victoire, la sagesse et l'abondance. La couronne d'Olivier est offerte aux vainqueurs des Jeux olympiques d'Athènes. Cette couronne était il y a deux mille cinq cents ans, la seule récompense des vainqueurs devant le temple de Zeus. Courage, force, loyauté, l'Olivier accompagne autant le corps de l'homme qu'il accompagne son cœur et son esprit.


Mots-clés : La force - Le courage - La victoire - La fidélité - La loyauté - L'éternité - Les voyages - La puissance - La dureté - L'originalité - L'histoire - La dignité - La réussite - Les muscles - Le Christ - La paix - L'immortalité -


Lorsque l'Olivier vous apparaît dans le tirage : C'est pour vous enseigner l'art de méditer sur la paix, la sérénité, la longévité et l'éternité. L'Olivier est une Enseignant de méditation accompli et inspirant. Il vous accompagne et vous rassure. Il renforce votre confiance, votre courage et votre persévérance. Il élargit vos perspectives, vous relie à votre légende personnelle. Quels que soient les obstacles que vous pouvez rencontrer sur votre chemin, l'Olivier vous donne le temps, il vous permet de prendre de la hauteur, il vous présente une perspective lumineuse et pleine de sens. Il vous éclaire et met en lumière vos ressources, votre talent et votre beauté. L'Olivier est l'arbre des vainqueurs. Il annonce une victoire. Si vous vous préparez à un examen, à un concours ou si vous êtes sur le point de porter un projet au monde, la présence de l'Olivier vous aidera, car cet arbre Maître annonce des signes très auspicieux. Avec lui, tous les espoirs sont permis. L'Olivier vous rassure sur le fait que vous pouvez vous faire confiance. Vous ne serez pas trahi et vous serez soutenu. L'Olivier enfin vous accompagne pour établir les liens entre vos aspirations les plus profondes et les actes concrets que vous pouvez poser.


Signification renversée : Dans sa position renversée, l'Olivier vous invite à observer les promesses que vous avez pu prendre. Les avez-vous tenues ? Êtes-vous attentif à la parole donnée ? Faites-vous un point d'honneur à tenir vos engagements ? Qu'en est-il de la fidélité ? Vous arrive-t-il actuellement, pour aller plus vite, pour être plus confortable de ne pas tenir vos engagements ? Votre ligne de conduite ? L'Olivier renversé peut signaler une certaine rigueur qui se traduit par une rigidité, peut-être faut-il mettre de l'huile dans les rouages ? L'Olivier peut aussi vous éclairer sur une fragilité au niveau des os. Votre structure est-elle solide ? Vous tenez-vous droit ? L'Olivier peut enfin vous interroger sur un possible ralentissement. Un projet, une relation peuvent tourner en rond. Dans ce cas, vous aurez besoin de vous concentrer sur la profondeur de vos racines et la beauté de vos valeurs.


Le Message de l'Olivier : Je suis l'Olivier. Peux-tu réaliser ? Je suis arrivé sur la terre il y a plus de douze mille ans avant notre ère, et il aura fallu attendre six mille ans de plus pour que les hommes découvrent la richesse et l'intérêt de mes fruits. J'ai en moi la mémoire matricielle de tes ancêtres. J'ai tant accompagné de générations depuis tous ces siècles où je suis sur la Terre que mes racines sont mêlées aux tiennes, que nos histoires, nos valeurs se sont tissées et tricotées les unes aux autres. J'ai appris à dénouer le vrai du faux, l'essentiel du superficiel. J'ai tant vu d'hommes tourner en rond dans leurs hésitations et circonvolutions que j'ai pu constater combien la patience, la droiture et le courage sont des qualités nécessaires aux êtres de bonne volonté. Tu ne sers pas le monde en étant petit, en n'osant pas. Avec moi, tu vas toucher le courage des athlètes, la célébration de ma couronne, l'éternité de mon histoire. Avec moi, tu vas toucher ton mythe, ta légende personnelle. Ose la voir en place. Tes blessures d'hier sont tes guérisons d'aujourd'hui. Tes hésitations sont des connaissances et tes échecs des qualités. Regarde-moi, enlace-moi et honore ton histoire comme une légende. Alors, tu incarneras enfin le héros que tu mérites d'être.


Le Rituel de l'Olivier : Prenez avec vous de quoi écrire. Connectez-vous à l'Olivier, à la puissance de ses racines, à l'histoire de son tronc et de son écorce. Connectez-vous à votre propre histoire. Prenez le temps d'écrire votre histoire comme on écrit sa légende. Mettez en avant la beauté de ce qui vous est arrivé, les épreuves, les accidents, les erreurs, ce qu'ils vous ont appris. C'est notre regard sur notre histoire qui en fait sa petitesse et sa grandeur et non les événements en eux-mêmes. Certains combats peuvent sembler insignifiants à certains et sont pourtant de grandes victoires pour d'autres. Le épopées des héros s'appuient sur les obstacles qu'ils ont rencontrés et les ressources qu'ils sont sollicitées pour les traverser. A l'image de ces héros, écrivez votre histoire comme une épopée. Lorsque vous rencontrez un Olivier, vous enterrerez votre histoire à son pied, ou brûlerez l'histoire et disperserez les cendres à son pied de façon à ce que votre histoire, en conscience, vienne nourrir la terre.

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :




Mythes et légendes :


Ovide, dans les Métamorphoses (1er siècle, traduction (légèrement adaptée) de G.T. Villenave, Paris, 1806, disponible sur le site de référence https://remacle.org) relate un épisode concernant la transformation d'un pâtre en olivier sauvage (XIV, 512-526) :


"Ainsi parle Diomède. Vénulus s'éloigne de ses états. Il traverse le pays des Peucétiens, et entre dans les campagnes de Messapie. Il y voit des antres ombragés par des arbres touffus ; une eau pure distille des rochers, et de faibles roseaux croissent dans cette onde. C'est la demeure du Dieu Pan : jadis c'était celle des Nymphes.

Un berger d'Apulie les ayant épouvantées par sa présence soudaine, elles fuirent ; mais bientôt, cessant de craindre, elles revinrent et méprisèrent le pâtre grossier qui les suivait encore. Elles formaient en chœur des pas cadencés, il insulte à leur danse, veut l'imiter par des sauts rustiques, et mêle à des propos obscènes d'abjectes injures : il ne se tut que, lorsque, enveloppant son corps par degrés, l'écorce d'un olivier sauvage eut pressé son gosier. Cet arbre fait encore connaître l'âpre caractère du berger, et, dans ses fruits amers, exprime la rudesse de son langage."

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D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


OLIVIER. — L’olivier joue un rôle essentiel dans les croyances populaires de l’Asie occidentale et de l’Europe méridionale. Dans la légende juive d’Abimelech, on lit cet apologue : « Les arbres un jour cherchaient un roi, ils s’adressèrent tout d’abord à l’olivier, qui refusa les honneurs de la royauté ; les arbres se tournèrent ensuite vers le figuier, vers la vigne et vers d’autres arbres qui refusèrent de même ; la couronne de roi fut enfin offerte au chêne, qui l’accepta. » On prétendait, en Grèce, que la massue d’Héraclès étant en bois d’olivier, elle prit racine et devint un arbre, dès qu’on la ficha dans le sol (des miracles pareils ont été produits par d’autres bâtons miraculeux ; cf. Chêne, Oléandre). Dans les jeux olympiques, institués par Héraclès, celui qui remportait la victoire obtenait une couronne d’olivier. La massue de Polyphème était un tronc vert d’olivier ; Odysseus en détache un long morceau qu’il aiguise, et s’en sert pour enlever au monstre son œil unique. Le même Odysseus raconte à Pénélope, dans l’Odyssée, qu’il a bâti et façonné son lit nuptial sur un beau tronc d’olivier, qui poussait au milieu de son enclos ; cet olivier, transformé en un lit élégant, devint le centre de sa chambre nuptiale. Pythagore chantait, au son de la harpe, les vers d’Homère, comparant Euphorbe tombé sous les coups de Ménélas à un superbe olivier. Le bonnet des prêtres de Jupiter était surmonté d’une petite branche d’olivier, peut-être en l’honneur de Minerve, la fille de Jupiter, à laquelle était tout spécialement consacré l’olivier. Dans la tragédie d’Euripide, Créüse fait reconnaître son fils Ion, par les objets trouvés dans son panier, un collier, des voiles brodés et une branche verte d’olivier détachée du premier tronc, immortel d’olivier qui poussait sur le rocher de Minerve. Athènes, la ville de Minerve, tenait en grand honneur l’olivier ; c’est pourquoi, en souvenir de l’entreprise glorieuse de Thésée à l’île de Crète, chaque année on envoyait d’Athènes à Délos un navire orné d’oliviers, avec des délégués chargés de célébrer des sacrifices en l’honneur d’Apollon. Les habitants d’Épidaure, d’après Hérodote, par ordre de l’oracle, firent venir d’Athènes le bois d’olivier qui devait servir pour les statues en l’honneur des deux vierges outragées, Dania et Augeria, qui s’étaient pendues de désespoir et, par leur mort, avaient réduit tout le pays à la stérilité ; les Athéniens consentirent à laisser emporter leur bois d’olivier, à la condition que, de la ville d’Épidaure, on enverrait chaque année à Athènes des délégués chargés de célébrer des sacrifices en l’honneur de Minerve. Le sage Épiménide, en compensation des services rendus par ses conseils et par ses remèdes à la ville d’Athènes pendant la peste, ne demanda et n’emporta avec lui qu’une branche d’olivier. Hérodote raconte que Xerxès, avant son expédition en Grèce, rêva qu’il avait sur sa tête une couronne d’olivier, dont les branches retombaient jusqu’au sol, mais qu’un moment après, cette couronne avait disparu ; que les Athéniens allèrent consulter l’oracle de Delphes, tenant à la main des branches d’olivier et lui demandant une réponse favorable au nom et par la grâce des oliviers, et que Tigrane en face de Xerxès (1) reprocha à Mardonius d’avoir poussé à la guerre contre un peuple qui, dans les jeux olympiques, se contentait d’une couronne d’olivier comme prix de la victoire, et qui ne combattait pas par amour du butin et de la richesse, mais seulement par amour de la vertu civique et de la gloire. On raconte même que, Miltiade ayant demandé pour unique récompense de la victoire de Marathon une branche de l’olivier sacré, cette récompense lui fut refusée par les démocrates, qui trouvaient la demande excessive, puisqu’il n’avait pas vaincu seul. Le plus sacré des oliviers d’Athènes poussait dans le temple de Minerve depuis les temps, disait-on, de la dispute entre Minerve et Neptune ; il fut brûlé par Xerxès avec le temple ; mais on prétend qu’il repoussa tout de suite après avoir été brûlé. Les anciens attribuaient à Héraclès l’introduction en Grèce de l’olivier sauvage (2) : Héraclès l’aurait rapporté du pays des Hyperboréens ; d’autres disent qu’Aristeus, fils d’Apollon et de Kyrène, aurait cultivé le premier olivier. Une tradition populaire hellénique attribue l’introduction de l’olivier dans l’Attique à la déesse Minerve qui, par consentement des dieux, ayant fait à l’Attique le don le plus précieux, obtint le privilège d’être vénérée comme la déesse protectrice de cette région. Les lois athéniennes punissaient très sévèrement ceux qui endommageaient les oliviers ; dans les guerres lacédémoniennes, les Spartiates qui saccageaient l’Attique épargnèrent les oliviers, par crainte de la vengeance des dieux ; il était aussi défendu de se servir du bois d’olivier pour le brûler. D’après un récit des Lesbiens, que rapporte Pausanias, les habitants de l’île de Céphalonie façonnaient en bois d’olivier l’image de leur dieu Bacchus. Le même Pausanias dit que les habitants d’Élée jonchaient leurs autels de fleurs d’olivier. Pline (XVI, 44) nous apprend que de son temps devait encore exister l’olivier auquel Argus attacha la malheureuse Io, changée en vache.

Dans la Natalis Comitis Mythologia (III), à propos des Euménides, on trouve ce renseignement, tiré de quelque auteur grec que je n’ai pu consulter : « Existimabatur vinum illis (aux Euménides) omnino non placere in sacrificiis, quare Œdipus, cum in illarum lucum accessisset, jubetur ab accolis ejus loci aquam e perenni fonte afferre, deinde pocula quaedam in hunc usum parata coronare, et labra et ansas lana juvenis agnae, ut scribit Theocritus in Pharmaceutria. Deinde, cum steterit ad orientem solem inferias effundere, mulsum neque vinum ullo pacto afferre ; sed post effusas inferias, jubetur novem ramos oleae ambabus manibus ter ad terram cum precibus deflectere et dejicere. »

L’olivier sauvage était aussi vénéré à Mégare : « Megaris, écrit Pline (XVI, 39), diu stetit oleaster in foro, cui viri fortes affixerant arma, quae, cortice ambiente, aetas longa occultaverat. Fuitque arbor illa fatalis excidio urbis praemonitae oraculo, cum arbor arma peperisset, quod succisae accidit, ocreis galeisque intus reperus. » Ici, l’olivier nous apparaît comme un arbre prophétique, de même qu’il était un arbre lumineux, non pas seulement à cause des dieux qu’il représentait, mais encore de l’huile qu’on en tirait pour les lampes ; c’est pourquoi Démosthène se vantait d’avoir consommé dans ses nuits plus d’huile que de vin. L’huile n’est pas moins sacrée que l’olivier. Sans parler de l’huile sainte que l’on administre aux chrétiens mourants, comme symbole de vie éternelle, on peut rappeler ici l’huile divine, dont les dieux et les héros de la Grèce aiment tant à se frotter, dans l’Odyssée homérique, pour préserver leur beauté immortelle, c’est-à-dire la lumière, dont l’olivier et l’huile sont l’emblème. Pour de plus amples renseignements sur le culte de l’olivier en Grèce, cf. le livre de Hehn, Kulturpflanzen und Hausthiere, où toute l’érudition classique relative à la culture de l’arbre de Minerve chez les anciens Grecs et Romains me semble avoir été épuisée. Je n’ajouterai donc ici que les détails plus modernes, qui n’étaient point l’objet des recherches du savant auteur allemand.

Dans le groupe sculpté figurant la Trinité, qu’Abélard fit placer dans sa retraite, le saint Esprit était représenté avec une couronne d’olivier sur la tête (Rémusat, Abélard, I, 168). L’olivier est un symbole de paix pour les chrétiens ; le dimanche des Rameaux, il remplace le palmier dans presque toute l’Europe méridionale et décore, en Sicile, la barque du pêcheur, les mulets ou les chevaux des charretiers ; les paysans vont planter la branche d’olivier au milieu de leurs champs ensemencés, dans l’espoir que cette bénédiction assurera la récolte. En Lombardie, pour garantir les champs de la grêle le dimanche des Rameaux on jette dans le feu quelques feuilles de l’olivier bénit. Dans le poème italien de l’abbé Giuseppe Barbieri, intitulé le Stagioni, je trouve une allusion à cette superstition populaire :

Sul domestico altare ardon le faci,

E fumigando crepita l’ulivo.


Pendant l’orage, pour éloigner la foudre, le peuple vénitien place l’olivier sur la cheminée, en ajoutant une invocation à sainte Barbe et à saint Simon :


Santa Barbera e San Simon,

Liberéne da sto ton ;

Liberéne da sta saeta,

Santa Barbara benedeta.


Dans la campagne de Chieti, dans les Abruzzes, le jour de saint Marc l’évangéliste, on va planter, au milieu des champs, une branche d’olivier, pour les préserver de l’orage. M. Muscogiuri m’apprend ce pronostic nuptial de la Terre d’Otrante : « La Domenica delle Palme, le contadine che hanno subito qualche rovescio amoroso, scrutano con ansia il futuro. Esse spiccano una foglia verde da un ramo benedetto d’olivo e l’adattano con cura sul carbone acceso. La foglia crépita, scoppia e va a cadere ad una certa distanza dal fuoco. Se la si trova rivolta in senso contrario a quello nel quale si è messa, allora si può aver fiducia di riacquistare l’amor perduto ; se la si trova poi nello stesso modo, non resta che la rassegnazione e le dolci reminiscenze di un affetto avvizzito. Durante la cerimonia si dicono alquante giaculatorie che non abbiamo potute sentire. » Le même usage existe en Ombrie, pour la veille de la fête des Rois, ou pour la Pasquella (petite Pâque). Les jeunes filles qui veulent apprendre si pendant l’année elles se marieront vont toutes nues (3) (ainsi du moins prétend-on qu’elles devraient aller pour que l’horoscope fut complet) cueillir une branche d’olivier vert. Elles en détachent une feuille, l’humectent avec de la salive et la jettent dans la cheminée, en prononçant ces mots :


Si me vuo’bene, salta salticchia,

Si me vuo’ male sta fissa fissa.


Si la feuille saute trois fois, ou, pour le moins, se retourne, on trouvera un mari ; si la feuille brûle sans se mouvoir, tout espoir de mariage doit être abandonné. (Cf. dans l’Atharvaveda, VII, 38, l’herbe qui se réjouit devant celui qui doit arriver ; dans la haute Italie, lorsque le bois craque en brûlant et que la flamme crépite, on dit qu’un ami va arriver dans la maison.)

Dans la campagne d’Arpinum (Italie méridionale), les jeunes filles connaissent le degré d’amour de leurs fiancés à la couleur du ruban dont ils entourent la branche d’olivier qu’ils apportent de l’église à la bien-aimée, le dimanche des palmes. Cette branche ornée est une espèce de mai, de bâton de commandement (peut-être aussi un symbole phallique), offert à la fiancée. En effet, dans le Cuento de la Suegra del diablo, publié par Fernand Caballero, je trouve ce détail curieux : « Cuando los novios se iban a retirar à la camara nupcial, llamò la tia Holofernes a su hija y la dijo : Cuando estan Vds recogidos en su aposento, cierra bien todas las puertas y ventanas ; tapa todas las rendijas, y no dejes sin tapar sino unicamente el agujero de la llave. Toma en seguida una rama de olivo bendito, y ponte a pegar con ella a tu marido haste que yo te avise ; esta cerimonia es de cajon en todas las Bodas y significa que en la alcoba manda la mujer. » Dans un chant populaire de l’Ombrie, la belle-mère donne la bénédiction nuptiale à sa belle-fille au moyen d’une branche d’olivier :


Te benedico colla palma dell’ ulia,

Possi portà la pace a casa mia.


Je serais aussi tenté d’attribuer une origine phallique à la crainte superstitieuse du sel renversé ou de l’huile répandue. Le sel, dans le mythe, est la semence génératrice elle-même ; salax est l’homme sensuel. Par analogie, on a cru qu’en répandant du sel sur la terre, on arrêtait la génération ; Frédéric Barberousse, en semant du sel sur les ruines de Milan, croyait enlever à la ville tout espoir de renaissance. L’huile, de même, ne peut être répandue impunément. D’après une variante allemande de la légende de la Croix, sur le tombeau d’Adam, premier homme et premier générateur, naquit un olivier ; de cet olivier fut détachée la branche que la colombe apporta à Noé, le régénérateur du genre humain (4) ; de ce même olivier fut tiré le bois qui devait servir à la croix du rédempteur, du sauveur, régénérateur spirituel du genre humain (5). Ici, la signification phallique de l’olivier est évidente : l’huile est l’ambroisie de cet arbre phallique. Dans un cérémonial romain cité par Du Cange, nous trouvons indiqué cet usage romain du premier jour de l’an : « Mane surgunt duo pueri, accipiunt ramos olivae et sal, et intrant per domos ; salutant domum : Gaudium et laetitia sit in hac domo ; tot filii, tot porcelli, tot agni, et de omnibus bonis optant ; et, antequam sol oriatur, comedunt vel favum mellis, vel aliquid dulce, ut totus annus procedat eis dulcis, sine lite et labore magno. » Nous avons encore un indice de la signification phallique de l’olivier dans l’ancienne croyance qu’une femme publique, c’est-à-dire une femme qui n’accouche plus, rendait l’olivier stérile. De cette superstition, l’on trouve encore des traces dans le Malleus Maleficarum de Sprenger : « Etiam, ut Gulielmus in De Universo dicit, quod per experientiam habetur, si meretrix nititur plantare olivam, non efficitur fructifera ; quae tamen per castam plantata, fructifera efficitur (6). » Les sorcières, d’après la croyance populaire piémontaise, n’entraient point dans les maisons où l’on avait soin de garder la branche de l’olivier bénit. A Rome et en Toscane, le peuple qui croit au mauvais œil verse des gouttes d’huile dans l’eau, pour savoir si le mauvais œil a pris ou non. Les contes du moyen âge sont pleins de récits sur des huiles et des baumes fabuleux ; Jean l’Africain, dans sa description de l’Afrique (Ramusio), parle d’un arbre unique, très difficile à aborder, qui produisait le baume et qui poussait au milieu d’une fontaine. M. Louis Léger (Études slaves, Paris, 1875) mentionne à son tour l’huile qui coule de certains crânes mystérieux dans une chapelle de Kiew ; cette huile, « un mélange d’huile d’olive ou de palmier, cuite avec du vin rouge et des parfums », est employée pour l’onction sainte. Ici, l’hypocrisie humaine a évidemment abusé de la naïveté des croyants. Mais, lorsque le croyant védique et le prêtre catholique bénissent par l’onction sacrée tous les endroits par lesquels on suppose que la vie peut entrer dans le corps de l’homme ou en sortir, ils accomplissent un rite également solennel ; l’huile devient alors à la fois, un créateur et un purificateur. L’olivier devient l’arbre de la vie par excellence, pour la même raison que, d’après les croyances orphiques, l’abeille, qui prépare la cire, était un symbole de la vie éternelle. La cire, par les cierges, crée la flamme, symbole de vie ; l’huile qui allume les lampes, maintient la lumière dans le monde, et par la lumière, la vie. L’arbre d’Athéné était parfaitement digne d’elle, puisque Athéné, comme la Daphné Delphique, comme l’Aurore védique, devait illuminer le monde.


Notes : 1) 1 On raconte aussi qu’à l’arrivée de Xerxès à Laodicée, un platane se transforma en olivier, comme présage de la victoire des Grecs.

2) Chez Pline (XVI, 44), on lit : « Olympiae oleaster, ex quo primus Hercules coronatus est, et nunc custoditur religiose. »

3) Pline parle de la vierge nue qui devait cracher trois fois avec le malade dont on voulait guérir les tumeurs en disant : « Negat Apollo pestem posse crescere, quam nuda virgo restinguat. »

4) L’olivier symbolisait déjà la paix et la clémence avant que l’on connut en Europe la colombe biblique apportant la branche d’olivier. Irène, c’est-à-dire la Paix, était représentée avec une couronne d’olivier sur la tête et une branche d’olivier à la main.

5) Dans le Libro di Sidrach, on lit une prophétie d’après laquelle pour la naissance du Christ aurait jailli de terre une fontaine d’huile.

6) Pythagore défendait de nettoyer avec de l’huile l’endroit où l’on devait s’asseoir, sans doute à cause du caractère sacré qu’il attribuait à l’huile.

[...]

TRINITE. — Bauhin connaissait une Herba Sanctae Trinitatis ; l’arbre d’Adam aussi et l’arbre de la croix, à laquelle ont contribué, dit-on, trois arbres, le cèdre, le cyprès et le palmier (ou l’olivier, ou le pin), fut reconnu comme l’emblème de la Trinité. Caldéron le décrit ainsi :


El cedro, que es arbol fuerte,

Es como el padre divino,

Que engendra perpetuamente ;

La palma que dice amor,

Pues sin el amor no crece

Ni da fruto, semejante

Es al Espiritu ardiente,

Que enciende en amor los pechos ;

El cipres, que dice muerte,

Como el Fijo es, pues el solo

De las tres personas muere.

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Selon Françoise Frontisi-Ducroux, auteure de Arbres filles et garçons fleurs, Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs (Éditions du Seuil, février 2017),


"D'autres garçons [que Cyparissos] se sont transformés en arbres. Ce sont des bergers d'Apulie. Voyant un jour danser des nymphes pastorales, au lieu de se réjouir du spectacle, ils osent prétendre les surpasser et leur lancent un défi. Bien entendu, leurs danses grossières n'atteignent pas la grâce des évolutions des nymphes. Celles-ci, non contentes de les avoir vaincus, punissent leur audace en les transformant en arbres, on ne sait de quelle espèce. "Et la nuit, près du sanctuaire des nymphes, on entend encore maintenant des voix sortir des troncs, comme des gémissements." Est-ce pour avoir voulu faire les filles, en dansant comme elles, que ces imprudents deviennent des arbres ? Ovide raconte cette histoire en mettant en scène un seul individu, un grossier personnage, un berger qui commence par faire fuir les nymphes ; mais, retrouvant leurs esprits, elles reviennent "danser en ronde et en cadence". Le rustre se moque d'elles, essaie de les imiter en sautant grossièrement et débite des obscénités. "Soudain un arbre bloque sa voix dans sa gorge, car il est devenu arbre." Ovide précise que c'est un olivier sauvage, "dont les fruits sont aussi amers que son langage". Son nom latin, oleaster, est, exceptionnellement, de genre masculin (Antoninus Liberalis, Les Métamorphoses, XXXI ; Ovide, Métamorphoses, IV, 234 s.)."

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Littérature :


Dans le troisième volet de sa Trilogie de Pan ,intitulé Regain (Éditions Bernard Grasset, 1930), Jean Giono évoque les qualités du feu d'olivier :


Il y a du feu chez Panturle. Il se lève au blanc de l'aube. il est là, debout, devant l'âtre, à regarder les flammes bourrues qui galopent sur place à travers des ramées d'olivier sèches. Il prend le chaudron aux pommes de terre. De l'eau et des pommes de terre, c'est, tout à la fois, la soupe, le fricot et le pain.

Le feu d'olivier, c'est bon parce que ça prend vite mais c'est tout juste comme un poulain, ça danse en beauté sans penser au travail. comme la flamme indocile se cabre contre le chaudron. Panturle la mate en tapant sur les braises avec le plat de sa main dure comme de la vieille couenne.

La main en l'air pour un dernier coup, il dit à son feu :

- Ah, tu as fini ?

Il a fini ; il en a assez d'être battu. Il frotte son long poil roux contre le cul du chaudron.

 

Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque l'Olivier :

2 novembre

(La Bastide)


L'air est plus doux sous l'olivier trifide ; les larmes de la pluie d matin brillent mieux dans son ombre.

Triste, triste, la symphonie de ses feuilles-notes grises.

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Dans L'Homme à l'envers (Éditions Viviane Hamy, 1999), Fred Vargas, le lecteur est surpris de voir apparaître un olivier dans l'environnement montagneux du Mercantour et des Alpes, tout autant que certains personnages :


"- Bon, dit Camille, pensive. Je ne voyais pas le Mercantour comme ça.

- Tu le voyais comment ?

- Je voyais quelque chose de chaud et de modérément montagneux. Avec des oliviers. un truc comme ça.

- Eh bien c'est froid et exagérément montagneux. Il y a des mélèzes, et quand c'est trop haut pour subsister, il n'y a plus rien du tout, que nous trois, avec le camion.

- C'est gai, dit Camille.

- Tu ne sais pas que les oliviers s'arrêtent à six cents mètres ?

- A six cents mètres de quoi ?

- D'altitude, bon sang. Les oliviers s'arrêtent à six cents mètres, tout le monde sait cela.

- Dans les régions d'où je viens, il n'y a pas d'oliviers.

- Ouais. Vous bouffez quoi, alors ? - Des betteraves. C'est courageux la betterave. Ça ne s'arrête pas, ça fait le tour du monde.

- Si tu plantes ta betterave en haut du Mercantour, eh bien, elle crèvera.

- Bon. Ce n'est pas ce que je voulais faire, de toute façon. Combien de kilomètres pour atteindre ce foutu col ?"

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Dans Le Parme convient à Laviolette (Éditions Denoël, 2000), roman policier écrit par Pierre Magnan, on peut lire cette description de l'olivier :


"Laviolette regarda autour de lui. Comme en tous les octobres après-midi. Lurs n'avait plus que des murs, était vide d'habitants. Seuls, sur les terrasses abruptes du coteau qui montait depuis le plan de l’Ève, les oliviers amoureusement taillés témoignaient qu'il restait ici des gens d'autrefois qui avaient l'éternité. Car l'olivier regarde s'évaporer les changements sans vieillir ni mourir. Il est obstinément le même, rabougri, tors, arc-bouté contre le sol ingrat pour résister à tous les temps. Les hommes qui le cultivent meurent bientôt car ils sont tous vieux mais d'autres qui durant ce temps ont vieilli s'occupent longtemps encore du peu de soin qu'il réclame. Lorsque enfin ils disparaissent aussi, l'olivier, tel un vieux bien, est toujours recueilli par d'autres amoureux de cet arbre qui s'est assis sur l'éternité et n'en finit pas de faire réfléchir sur elle les hommes.

Cette nuit où ils s'étaient connus, Lemda et lui, c'étaient des oliviers , unique ornement du pays, qui murmuraient à la brise, sous les remparts de Lurs.

"Si elle ne se souvient pas de moi, se dit Laviolette, elle doit se souvenir d'eux."

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