top of page

Blog

  • Photo du rédacteurAnne

Le Coucou (oiseau)



Étymologie :


  • COUCOU, subst. masc.

Étymol. et Hist. I. 1. 2e moitié xie s. judéo-fr. cucu « oiseau grimpeur du genre pie » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, p. 38) ; ca 1180 cucu (M. de France, Fables, 46, 8 ds T.-L.) ; 1538 couquou (Est., s.v. cuculus) ; d'où 1832 « horloge dont la sonnerie imite le cri du coucou » (G. Sand, Valentine, p. 327) ; [1829 coucou « montre » ds Bras-de-Fer, Nouv. dict. d'arg., p. 44] ; 2. a) 1557 coquu « primevère » (L'Escluse ds Roll. Flore t. 9, p. 67) ; 1667 cocou (Pomey, Indiculus univers., p. 49, ibid.) ; 1671 coucou (Pomey) ; b) 1845 « narcisse des bois, des prés » (Besch.) ; 3. a) [ca 1800 « petite voiture publique qui conduisait les voyageurs dans les environs de Paris » ds Brunot t. 10, p. 900 et FEW t. 2, p. 1455 a] 1813, 19 juin cochers de coucou (Jouy, Hermite, t. 4, p. 6) ; b) 1914, 24 déc. « avion » (Lectures pour tous, août 1915, p. 148 ds Esn. Poilu, p. 176) ; c) 1916 « petit train » (ibid., p. 177). II. 1660 « cri des enfants jouant à cache-cache » faire Coucou (Oudin, Fr.-Esp.) ; 1887 « cri pour manifester sa présence » (Zola, loc. cit.). I du lat. class. cŭcūlus « oiseau grimpeur du genre pie » avec infl. du cri de l'oiseau pour le développement phonét. : redoublement du [k] [type kükü], peu à peu assimilation des deux voyelles (types koku, kuku) ; le lat. désigne à l'époque impériale la morelle noire (Pline ds André Bot.); cf. brachacuculi « primevère » (1542 ds Roll. Flore t. 9, p. 63) ; brayes de cocu (1544, ibid., p. 65). II, onomatopée imitant le cri de l'oiseau du même nom.


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.

*

*




Zoologie :


Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) nous fait découvrir le comportement particulier du coucou :


Parasitisme de couvée : quand le coucou impose violemment l'adoption de sa progéniture


Mieux vaut un grand nid chez les autres qu'un petit à soi. Telle est la maxime que semblent appliquer pluseirus espèces de coucous, en particulier le coucou gris etle coucou geai. De façon déroutante, ces drôles de volatiles choisissent en effet de ne pas s'occuper de leur progéniture et laissent l'entièreté des soins parentaux à la charge de couples « adoptifs » dupés. Cet étrange comportement est appelé « parasitisme de couvée ».

Le coucou gris (Cuculus canorus) est un oiseau bien connu des campagnes françaises où son chant aux sons émis en forme de « cou-cou » est reconnaissable entre tous. Cet oiseau semblable à un petit faucon est généralement très présent dans toute l'Europe. Le coucou geai (Clamator glandarius) se répartit quant à lui dans le sud de la France et les régions méridionales de l'Europe. il mesure une trentaine de centimètres et possède une crête caractéristique sur la tête. Dans les deux cas, la femelle peut pondre une dizaine d'œufs au printemps, de façon parasitaire.


Un comportement d'autant plus singulier qu'il va à l'encontre des pratiques habituelles en matière de soins parentaux chez les oiseaux. Appartenant aux espèces homéothermes - c'est-à-dire qu'ils doivent tout faire pour conserver leur chaleur -, les oiseaux sont dans l'obligation de couver leurs œufs pour les garder au chaud. gare alors à ceux qui s'approchent du nid, les parents défendent bec et griffes leurs petits.

Les coucous gris et geais agissent donc comme un parasite, autrement dit comme « un organisme vivant qui utilise un autre organisme vivant, appelé l'hôte, à la fois comme habitat et comme source d'énergie » explique le biologiste spécialiste du parasitisme Claude Combes dans son ouvrage L'Art d'être parasite. les associations du vivant (Éditions Champs Sciences, 2010).

Comment font ces coucous pour squatter ainsi les nids des passereaux ou des pies ? D'abord c'est une décision conjointe du mâle et de la femelle, qui prennent le temps d'observer les nids alentour pour savoir lequel apparaît comme le plus éligible à ce tour de passe-passe. Ce n'est donc pas un comportement attribuable seulement à la mère.

Après avoir choisi conjointement le bon nid déjà rempli d'œufs, la femelle coucou attend le moment opportun, celui durant lequel le couple de passereaux s'absente un court laps de temps. Elle surgit alors dans le nid pour venir subrepticement y pondre. L'air de rien, mais à toute vitesse. Il ne lui faut qu'une poignée de secondes pour sortir la progéniture de son corps, presque à la demande, alors qu'il en faut ordinairement beaucoup plus aux autres volatiles. Ce n'est pas un hasard. Tout s'est perfectionné chez elle pour que son parasitisme de couvée soit le plus efficace possible. Mieux encore : la femelle coucou ne se contente pas d'agir avec promptitude. Pour que le nombre d'œufs dans le nid reste le même, elle fait disparaitre un des œufs de la portée du passereau. Ni vu ni connu.

Le coucou peut ainsi renouveler l'opération dans une dizaine d'autres foyers. Pour éviter de se faire repérer, il développe d'étonnantes stratégies, étudiées par les scientifiques. Claude Combes, dans un ouvrage collectif (Claude Combes, Laurent Gavotte, Catherine Moulia et Mathieu Sicard, Parasitisme - Écologie et évolution des interactions durables, Dunod, 2018), analyse les moyens mis en œuvre pour contrer les comportements de défense des passereaux. D'abord la lourdeur de l'œuf du coucou, difficile à déplacer et donc à éjecter du nid ; ensuite le mimétisme de sa forme et de sa couleur avec ceux des parents adoptifs pour tromper leur vigilance ; et puis « un comportement mafieux » basé sur la possibilité de représailles : « C'est le cas du coucou geai dans les populations de pies (Pica pica). Les femelles coucous surveillent les nids dans lesquels elles ont déposé un de leurs œufs et vont tout simplement détruire la totalité de la couvée des hôtes qui l'auront rejeté. »

Un comportement bien en phase avec les déterminations génétiques qui poussent l'oisillon coucou, dont l'œuf est le premier à éclore, à éliminer les autres embryons encore dans leur coquille qu'il trouve autour de lui. A partir de ce moment, les parents adoptifs sont lourdement mis à contribution pour nourrir cette progéniture qui n'est pas la leur et qui les dépasse vite en taille.

En cherchant à comprendre pourquoi ces hôtes continuaient à agir de la sorte alors que le coucou ne leur ressemble pas, les scientifiques ont découvert qu'ils sont là encore dupés par la capacité de l'oisillon à imiter les vocalises de ses parents adoptifs. Le couple de passereaux continue donc de s'épuiser à donner des soins, là où les coucous s'économisent.

C'est sans doute pour cette raison que la stratégie parasitaire a trouvé cette voie au cours de l'évolution : éviter de se dépenser dans des soins parentaux pour concentrer toute son énergie à sa propre survie. Les incroyables pouvoirs de la nature ne font pas toujours forcément merveille...

*

*




Croyances populaires :


Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :


Pour faire taire le coucou, il faut lui crier : Coucou bâtard.

 

Selon Paul Sébillot, auteur de Le Folklore des pêcheurs (1901) :


Le coucou figure aussi parmi les oiseaux de bon augure ; les pêcheurs anglais regardent son chant au printemps comme un présage de beau temps et de bonne chance. Les voisins des Jaguens prétendent que celui qui, étant en mer, entendait le premier son chant, avait cinquante francs de prime. Les pécheurs de Saint-Jacut croyaient que le coucou aimait beaucoup la raie. Le premier bateau qui le voyait lui en jetait une comme offrande, et l’équipage croyait être assuré d’avoir de la chance pendant la campagne.

 

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


Si on a de l'argent en poche lorsqu'on entend le Coucou chanter pour la première fois en printemps, on en aura toute l'année. […]


L'idée qu'une espèce peut se transformer en une autre au cours de sa vie se retrouve assez souvent. On dit que, en vieillissant, le Coucou devient Epervier, que le grand papillon de nuit Saturnia pyri donne naissance aux papillons de la Cochylis.

*

*

Selon Jean Baucomont, auteur d'un article intitulé "Les formulettes d'incantation enfantine", paru dans la revue Arts et traditions populaires, 13e Année, No. 3/4 (Juillet-Décembre 1965), pp. 243-255 :


La tradition orale se perpétue dans le folklore de la vie enfantine. […] Une des catégories les plus curieuses de ces formulettes est celle des formulettes d'incantation.

L'incantation, nous disent les dictionnaires, signifie étymologiquement : un enchantement produit par l'emploi de paroles magiques pour opérer un charme, un sortilège. Le recours à l'incantation postule une attitude mentale inspirée par l'antique croyance au pouvoir du verbe, proféré dans certaines circonstances.

[…]

« L'incantation, dit Bergson, participe à la fois du commandement et de la prière. » On constate effectivement, que la plupart des formulettes d'incantation comportent à la fois une invocation propitiatoire : promesse d'offrande en cas de succès et une menace de sacrifice expiatoire, d'immolation en cas d'échec. Ce qui est proprement le caractère de l'opération magique traditionnelle.

[…]

Coucou des bois

Coucou des marais

Combien d'années

A me marier ?

(Champagne, Dauphiné, Vendée, Lorraine)

On compte le nombre de syllabes du chant du coucou.

Coucou coucou

Chante :

Le diable te casse le cou.

(Nivernais)

Se dit pour faire taire l'oiseau.

Coucou des bois

Regarde sur ton livre,

Dis-moi combien d'années

J'ai encore à vivre.

(Lorraine)

*

*




Symbolisme :


Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant


"Le coucou est pour nous symbole de jalousie, sentiment dont il est l'aiguillon, et plus encore de parasitisme, en raison du fait qu'il pond ses œufs dans le nid d'autres oiseaux ; signe de paresse aussi, car on le suppose incapable de bâtir lui-même son propre nid.

On le retrouve parfois comme emblème de Héra (Junon). Zeus a séduit Héra en voletant vers elle et se blottissant sur son sein sous la forme d'un coucou, l'oiseau annonciateur du printemps. A partir de cette légende, on a voulu faire du coucou un symbole de l'esprit de Dieu véhiculé par la foudre dans es eaux aériennes, eaux que représenterait la déesse.

Au Japon, son apparition à l'aube en fait un messager du royaume de la nuit ; son vol matinal accompagne la fuite des ombres.

Chez les peuples sibériens, le soleil et la lune sont parfois figurés par deux coucous. L'oiseau, en rapport avec le printemps et l'éveil de la nature, assiste le chaman et ressuscite les morts. Chez d'autres peuples de la même région, il préside à la distribution de la justice.

Dans la poésie anglaise il a été chanté comme un symbole de la voix éparse du printemps par William Wordsworth :

Sois bienvenu, favori du Printemps.

Encore ici tu es pour moi

Non pas oiseau, mais un être invisible.

Une simple voix, un mystère...


En Afrique, son chant est censé rendre fou le bétail qui l'entend pendant les heures chaudes de la journée. sans doute excite-t-il à l'extrême leur instinct et attise-t-il le feu sexuel.

Dans les traditions védiques, le coucou symboliserait l'âme humaine, avant et après l'incarnation. Le corps serait comme un nid étranger, dans lequel l'âme viendrait se poser.

D'après une légende populaire, le premier chant du coucou au printemps peut être promesse de richesse, si l'on a une pièce de monnaie sur soi quand on l'entend."

*

*

Dans l'Encyclopédie des symboles (1989, éd française 1996) établie sous la direction de Michel Cazenave, on peut lire que :


"Le coucou est "l'oiseau qui dit son propre nom". De nombreux peuples le considéraient comme l'oiseau des âmes, comme un oracle ou comme le messager du printemps. Le sceptre de la déesse Héra portait un coucou, car Zeus s'était une fois, avant leur mariage, transformé en coucou. On connaissait déjà dans l'Antiquité la particularité du coucou, qui est de déposer ses œufs dans les nids d'autres oiseaux. Le nombre de cris de coucou que l'on entend est, d'après la croyance populaire, celui des années qui nous restent à vivre, ou celui des années qu'il faudra encore attendre avant de se marier. Quand on entend le cri du coucou, il est d'usage dans les pays alpins de faire tinter des pièces de monnaie : il s'agit d'une superstition selon laquelle l'argent ne viendra jamais à manquer pour l'année à venir. Le nombre des cris entendus semble aussi se trouver dans ce cas dans une étroite relation avec le nombre de pièces de monnaie qu'on espère. Le Livre des oiseaux tibétain, livre lyrique de réflexions religieuses, présente le coucou comme l'une des formes d'apparition d'Avalokiteshvara (bodhisattva de la compassion dans le bouddhisme Mahâyâna ou du Grand Véhicule, ou Tschenresig pour les Tibétains), qui s'incarne par ailleurs dans la personne du Dalaï-lama."

*

*

Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), la colombe répond aux caractéristiques suivantes :

Points clés : L'annonce d'une nouvelle destinée.

Cycle de puissance : Printemps.


Dans toutes les langues européennes, la nom de cet oiseau a été calqué sur le chant qu'il émet. Et celui-ci est le chant d'accouplement du mâle au printemps. Comme vous allez le voir, ce trille a toujours été associé à l'annonce d'une nouvelle destinée.

A un autre niveau, entendre son chant indique que vous devriez parfaire vos dons d'écoute. Il y a des choses non dites par ceux qui vous entourent, mais à propos desquelles vous en apprendrez, si vous écoutez bien. Écoutez ce qui n'est pas dit. Faites confiance à votre ouïe.

Le coucou est un parent du grand géocoucou (1) et, là encore, vous serez sans doute désireux d'étudier aussi celui-là pour découvrir des connexions complémentaires avec votre vie. Un examen des couleurs du coucou qui est entré dans votre vie fournira aussi des éléments sur le nouveau rôle ou la destinée qui vous attend à court terme. Généralement, c'est la couleur du bec qui se distingue le plus. Normalement, il est soit noir, soit jaune. Dans les faits, il montre comment devrait être votre propre communication. Si c'est un coucou à bec noir, vous allez devoir faire encore plus attention à ce que vous dites et à qui. Si le bec est jaune, cela peut signifier que vous êtes sur le point d'acquérir une connaissance qu'il sera bon de partager.

Le coucou ne se construit plus de nid lui-même. En Europe, il se comporte de manière similaire au vacher en allant pondre ses œufs dans le nid d'un autre oiseau. En général, il choisit un nid dont les œufs ont une couleur semblable aux siens. Le coucou américain ne fait pas ça. Néanmoins, chaque fois qu'un coucou se montre, cela peut traduire un changement dans la maison ou la famille. Quelque chose de nouveau s'annonce dans cet environnement.

Le coucou est l'un des rares oiseaux qui touche la chenille duveteuse/velue. Il ne se préoccupe pas de l'enveloppe extérieure de l'insecte. Pour ceux qui ont ce totem, cela reflète une possibilité d'apprendre à assimiler ce qui ne pouvait pas l'être auparavant. Cela peut donc aussi traduire une moindre sensibilité aux autres et une capacité accrue à pénétrer sous la surface. C'est une opportunité de découvrir la vraie personne - quelle que soit son apparence externe.

Le coucou mange aussi les chenilles très destructrices de la livrée des forêts De ce fait, il induit des enseignements liés à l'élimination de ce qui est venu nous envahir ou nous ronger, afin de pouvoir entamer une nouvelle vie. Cela reflète un temps d'élimination du négatif dans nos vies pour, encore une fois, annoncer un nouveau printemps - ne serait-ce que symboliquement.

Le coucou est un oiseau lent et déterminé. Il a un bec gracieusement incurvé et une répartition unique de ses doigts sur les pattes, avec deux à l'avant et deux à l'arrière, ce qui lui procure équilibre et stabilité. Conjuguées, ces qualités traduisent un besoin de ne pas chercher la facilité rapide. S'il manifeste l'arrivée d'un nouveau printemps, il s'agit de faire avancer ses énergies lentement et sûrement. Le coucou est un oiseau qui peut nous enseigner comment laisser se déployer gracieusement et facilement le cours de la vie et tous ses rythmes. Il nous apprend à ne pas souffrir au cours de notre croissance. Si nous envisagerons notre existence lentement et délibérément, tout arrive au bon moment pour nous, de la bonne manière et avec les bons moyens.

Le coucou a depuis longtemps symbolisé une nouvelle destinée et l'irruption de nouvelles conditions dans la vie des humains. La plupart des anciennes croyances sont centrées autour de son chant et du moment où il se fait entendre. On considérait qu'il était très auspicieux d'avoir de l'argent sur soi quand on entendait pour la première fois son chant au printemps. Quoi que vous fassiez au moment où vous percevez ce chant pour la première fois au printemps, vous seriez bien avisé de le refaire fréquemment tout au long de l'année pour attirer la chance. Ce chant était perçu comme un appel vous indiquant que cette activité allait vous être bénéfique. Pour les célibataires, le nombre d'appels ou de notes devait préciser le nombre d'années qu'ils allaient devoir encore attendre avant de se marier.

Si le chant du coucou venait de la droite, c'était signe de bonne fortune, mais s'il venait de la gauche, beaucoup pensaient que cela annonçait l'infortune. Même aujourd'hui, surtout en Europe, nombreux sont ceux qui croient que l'on peut prévoir précisément la pluie grâce à ce chant. Pour cette raison, on l'a même appelé un temps en Amérique du Nord le « corbeau - ou corneille - de pluie » (rain crow).

En Suède, la direction d'où provenait son appel allait spécifier le type exact de son qui nous attendait à court terme. Si le chant venait du Nord, c'était signe de tristesse. S'il venait de l'Est, cela reflétait la consolation. Arrivant du Sud, c'était la mort, et de l'Ouest, la chance.

De manière générale, un oiseau ou un animal associé à autant de légendes doit être examiné plus attentivement encore. Cela révèle souvent les énergies archétypales dynamiques qui le sous-tendent et qui, même si elles ne sont pas totalement comprises, seront au moins ressenties. Travailler avec le coucou peut vous aider à l'utiliser, lui et son chant, pour comprendre quelle destinée vous attende dans votre vie. c'est assurément un oiseau qui peut transmettre le don de l'augure intuitif.


Note : 1) Appelé en anglais road runner ("coureur de route"), dont l'espèce a été immortalisée dans la fiction à travers le personnage de dessins animés, Bip-Bip.

[Il y a ici, semble-t-il, confusion avec le géocoucou].

*

*

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Selon une superstition répandue dans toute l'Europe, le fait de ne pas avoir d'argent sur soi lorsqu'on entend, pour la première fois au printemps, le coucou chanter, laisse planer l'ombre de la pauvreté ou une menace de querelle sur toute l'année. A l'inverse, avoir quelques pièces sur soi garantit douze mois sans souci financier. Pour que le charme agisse, il faut se rouler sur des pierres (Bourgogne), faire tinter ou retourner sa monnaie dans sa poche (Angleterre et Allemagne). De plus, selon une croyance belge, la fortune est assurée pour ceux qui touchent des pièces d'argent. Par ailleurs, ne pas avoir faim en entendant le premier chant de l'oiseau assure que l'on l'appétit sera toujours satisfait, à condition de ne pas être à jeun car cela rendrait fainéant (comme le coucou, incapable de construire lui-même son nid), apathique, faible, fiévreux, victime des puces, ou cocu. Les filles, elles, « se coifferont de travers toute l'année ». Celui qui l'entend depuis son lit sera également paresseux jusqu'au printemps suivant, tandis qu'en Bretagne, « s'il est à faire ses besoins, il aura un dérangement de corps ».

Au XVIIe siècle, ceux qui avaient la chance d'entendre ce premier chant ramassaient ce qui se trouvait sous leurs pas et le conservaient quelque temps en guise d'amulette censée porter bonheur ou prenaient la terre sous leur pied droit puis la répandaient chez eux pour chasser les puces, suivant le conseil déjà donné par Pline. Dans l'île de Guernesey, faire quelques enjambées devant soi rendait alerte. Les enfants wallons s'attendaient à faire une trouvaille agréable, ceux du Nivernais à découvrir des nids. Il est en outre conseillé de faire un vœu car celui-ci a toutes les chances d'être exaucé, mais déconseillé de regarder vers le sol, car cela peut faire mourir dans les douze mois.

Se laisser tomber sur le dos ou se frotter par terre au premier chant du coucou préserve pour toute l'année du mal de dos ou de reins, des rhumatismes, de la sciatique, du lumbago et même de la colique et de la migraine (les Allemands recommandent toujours de se rouler dans l'herbe lorsqu'un coucou chante - même si ce n'est pas la première fois de l'année - pour faire disparaître les douleurs de dos). Les Anglais, eux, enlèvent leurs bas ou chaussettes et arrachent un poil des deux gros orteils, qu'ils enveloppent dans un petit papier. Si, dix jours plus tard, le poil a conservé la même couleur, on peut être rassuré sur la fidélité de son amant(e).

On avance qu'autrefois, parmi les pêcheurs de Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes-d'Armor), celui qui, en mer, entendait le premier chant du coucou recevait cinquante francs de prime ; en outre, jeter une raie comme offrande à l'oiseau permettait une bonne pêche. Oiseau de bon augure pour les pécheurs qui l'entendent chanter avant d'embarquer, il devient funeste pour ceux de Saint-Cast (Côtes-d'Armor), qui se trouvent le ventre vide, persuadés alors non seulement de rentrer bredouilles mais aussi d'être victimes d'un ensorcellement.

En Lorraine, le chant d'un coucou à proximité d'une maison annonce une mort prochaine, mais, en Bretagne et en Finlande, il présage aux jeunes filles un mariage avant l'hiver. Selon une superstition anglaise, il est bénéfique pour ceux qui sont à l'extérieur, maléfique pour ceux qui sont encore couchés.

Lorsqu'un homme voit en songe un coucou chanter, il doit craindre une infidélité de sa femme, mais si c'est sa femme qui fait ce rêve, elle doit se méfier des mauvaises langues qui l'accuseront auprès de son mari (Nivernais).

Jadis, les paysans observaient attentivement cet oiseau qui pouvait leur prédire le coût du froment : « Autant de fois chante le coucou, autant de francs vaut le froment. » D'autre part, toujours d'après le nombre de fois qu'il crie « coucou », l'oiseau annonce le nombre d'années que l'on doit attendre avant de se marier, d'avoir un enfant, ou le nombre d'années qu'il reste à vivre. Des formules pour consulter le coucou ont été relevées dans toute l'Europe (France, Italie, Portugal, Espagne, Angleterre, Allemagne, pays scandinaves). En Pologne, c'est le dieu Zywic qui, sous la forme de l'oiseau, délivre ses oracles.

D'un point de vue météorologique, les notes aiguës de l'oiseau qui prend son envol précèdent toujours des averses et « quand le coucou chante au nord, pluie le lendemain, si le coucou chante à l'adret, signe de beau temps ». Les Suédois pronostiquent également à partir du chant du coucou ; venu de l'est ou de l'ouest, l'année sera bonne, venu du sud, la production de beurre sera excellente, mais venu du nord, il n'y a pas à se réjouir.

L'arrivée du coucou, entre le 21 mars et le 15 avril en France, annonce le printemps, comme celle de la cigogne ou de l'hirondelle, mais, si, lorsque le coucou apparaît, les arbres ne sont pas encore verts, on prévoit une pénurie de blé. Au psy de Galles, entendre le coucou avant le 6 avril est de très mauvais augure mais l'entendre pour la première fois le 28 annonce une année de prospérité. En Europe, le chant du coucou survenant après le mois d'août, surtout en septembre ou en octobre, n'est pas bon signe et présage la mort avant une année. Il est rare, d'ailleurs, de le voir encore à cette époque s'attarder dans nos contrées car, en général, il émigre vers la fin du mois de juin. L'imagination populaire a d'ailleurs attribué ce départ à diverses causes : blessé jadis par une faux (haute Bretagne) par une gerbe de blé qui lui rompit le cou (Poitou), le coucou prend le large dès que commencent les travaux des champs. En Italie, (Val d'Aoste), on dit que la vue des meules le fait fuir depuis qu'un de ses ancêtres a été brûlé dans du foin. D'après d'autres récits, l'oiseau part dès l'approche de la moisson pour ne pas rendre le blé qu'il a emprunté et éviter les remontrances des paysans. On croyait d'ailleurs, depuis l'Antiquité et surtout en Angleterre, que le coucou se transformait à son départ en un oiseau de proie - auquel il ressemble - et reprenait sa forme au printemps.

En Chine, le coucou aide aux travaux des champs, mais s'il crie trop, il crache du sang : ce crachat donne naissance à l'azalée. En France, on croyait autrefois que du crachat de cet oiseau, se formaient des grillons ou des cigales.

Selon Pline, un coucou enveloppé dans une peau de lièvre fait dormir le malade sur lequel on l'applique. Ses cendres sont en outre réputées guérir les désordres intestinaux.

Enfin, sachez d'une part que, lorsqu'il chante, l'oiseau se déplace sans cesse et que, quand un humain tente de l'approcher, il se montre à un autre lieu, se signale par un « coucou », change d'endroit et ainsi de suite, de là l'expression se « faire coucou » ; d'autre part, sa femelle pondant dans un nid qui n'est pas le sien mais celui d'un petit oiseau, on a pris l'habitude de dire « coucou ! » aux maris trompés, le « coucou » se transformant par la suite en « cocu ». La couleur attachée traditionnellement au cocuage s'explique aussi par le fait que la primevère jaune, appelée d'ailleurs fleur de coucou, qui fleurit à la même époque que l'apparition de l'oiseau, est devenue l'emblème du coucou.

*

*

Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) :


A l'instar du corbeau et de la corneille, il fait lui aussi partie de l'espèce des passereaux. Toutefois, s'il est agréable d'entendre son chant au printemps - qui fait la joie des petits et des grands, à ce point que son nom, qui à l'origine était déjà une onomatopée, est devenu une interjection que l'on prononce lorsque l'on veut créer un effet de surprise -, il n'en est pas moins réputé pour ses mœurs paresseuses et parasites. En effet, il a coutume de pondre l'un de ses œufs dans le nid d'autres oiseaux, généralement des passereaux comme lui. Et lorsque son oisillon, nourri par d'autres femelles que sa mère donc, sort de sa coquille et grandit, il est enclin à jeter les œufs de la couvée de ses parents adoptifs par-dessus bord. Tout ceci lui a valu une fâcheuse réputation, comme on s'en doute.

Pourtant, malgré ses mœurs un peu particulières, mais qui sont sûrement justifiées par des nécessités vitales qui n'ont rien à voir avec des jugements de valeur morale humains, en Europe comme en Asie, le coucou symbolise le printemps. En Inde et au Tibet tout particulièrement, où cet oiseau et son chant figurent la venue de cette saison, bien sûr, l'éternel renouveau, la Bonne Nouvelle, comme l'appellent les Chrétiens, mais aussi le bonheur spirituel obtenu par un renoncement spontané. En effet, en Extrême-Orient, le fait que la femelle du coucou ponde ses œufs dans d'autres nids est perçu comme un symbole de renoncement au monde et le signe d'une grande élévation spirituelle qui coïncident avec l'avènement du printemps et donc de renouveau de la vie."

*

*

Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message des oiseaux de la troisième dimension :


Nous voulons que vous compreniez qu'un aigle

n'est pas meilleur qu'un moineau. Pas plus qu'un colibri n'est

meilleur qu'un corbeau. Ils vibrent simplement à des fréquences

différentes et ont des leçons uniques à vous enseigner. Nous

avons choisi les leçons que nous voulons vous transmettre et la

manière dont nous allons vous les présenter, un peu comme un

conférencier choisit le sujet qu'il veut enseigner et la façon dont

il veut l'enseigner. Vous êtes unique et spécial, quelle que

soit la fréquence à laquelle vous vibrez.


Tous les oiseaux de la troisième dimension appartiennent à une groupe d'âmes et nous enseignent des leçons à les démontrant dans leurs propres vies. Ils viennent de Sirius ou sont descendus sur Terre en passant par cette planète.


Les oiseaux des haies : Il fut un temps où tous les jardins et les champs étaient bordés de haies vives qui abritaient de nombreux petits oiseaux - moineaux, grives, coucous, fauvettes, bécassines, sittelles, merles, mésanges, alouettes, roitelets et pinsons.

Ce sont des oiseaux chanteurs qui diffusent les messages quotidiens des anges. leur mission d'âme a pour but de nous renseigner sur les énergies cosmiques, le meilleur moment pour planter ou récolter les végétaux, la météo, les inondations, les tremblements de terre. Ils vivent près des humains pour nous montrer qu'il existe de nombreuses façons de vivre nos vies domestiques.

Le coucou met en garde contre le défi d'élever la progéniture d'un autre et suggère de faire preuve de discernement.


VISUALISATION POUR TIRER DES ENSEIGNEMENTS DES OISEAUX DE TROISIÈME DIMENSION

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Fermez les yeux et détendez-vous.

  3. Pensez à un oiseau et appelez-le, mais vous pouvez aussi laisser n'importe quel oiseau apparaître dans votre esprit.

  4. Dites mentalement à l'oiseau que vous êtes prêt à écouter ses enseignements et demandez une communication ou une démonstration.

  5. L'oiseau peut chanter pour vous, auquel cas relaxez-vous et laissez le message pénétrer dans votre cœur.

  6. Si l'oiseau vous montre une photo, demandez-vous quel est le message.

  7. L'oiseau peut communiquer avec vous par télépathie, alors restez ouvert pour apprendre.

  8. Remerciez l'oiseau et cherchez-en un de ce type dans votre vie, dans un livre ou à la télévision.

  9. Si vous en voyez un, sachez que cela vient confirmer qu'il vous apporte un message important.

Alternativement, vous pouvez sortir dans votre jardin, un parc ou la campagne et observer quels oiseaux se présentent à vous.

*

*


*

*


*





Symbolisme celte :


Dans sa thèse intitulée Lugus, le dieu celtique (Sciences de l’Homme et Société. Ecole Pratique des Hautes Etudes - EPHE PARIS, 2007. Français.), Gaël Hilly établit un lien symbolique entre le coucou et le hibou :


Dans le chapitre précédent, nous avons introduit le personnage de saint Gengoult. Il connaît lui aussi des problèmes conjugaux puisque sa femme succombe aux charmes d’un clerc. Autre élément, la plus grande fête de saint Gengoult se déroulait à Schweighouse (Bas-Rhin). Chaque année au 11 mai – date de la mort du saint –, se tenait le Kuckucksmarkt « la foire du coucou ». L’un des grands jeux consistait dans l’achat et l’usage intensif de sifflets, dont une variété s’appelait « un coucou » et rendait deux notes qui constituaient le cri de cet oiseau. Or, en Europe continentale, le coucou est l’un des grands symboles de l’infidélité conjugale, représentant aussi bien l’amant adultérin que l’époux bafoué. L’origine du terme cocu appliqué au mari trompé vient d’ailleurs du nom de cet oiseau, un sens connu dès les XIIe -XIIIe siècles.

L’image du coucou comme représentation de l’adultère s’explique sans doute par le fait que cet oiseau va pondre dans le nid des autres. Lors du Kuckucksmarkt de Schweighouse, on sifflait le coucou aux oreilles des uns et des autres et l’usage voulait que l’on déposait à leur porte des bouquets de fleurs jaunes. La présence de ces fleurs n’est certainement pas anodine. Il s’agit peut-être des primevères jaunes, dont les fleurs apparaissent en même temps que le chant du coucou ; par association, on leur a donné le nom de « fleur de coucou » ou « coucou » et, par la suite, sa couleur jaune est devenue l’emblème du cocu. Or, nous rappelons que Blodeuwedd a été créée notamment à base de fleurs de genêts (blodeu y banadyl) qui sont des fleurs de couleur jaune.

Cependant, cette fonction du coucou n’existe pas dans le folklore des Îles Britanniques. Dans les traditions galloises, c’est le hibou qui tient plutôt ce rôle ; son ululement signifie qu’une fille va se laisser séduire. Hiboux et chouettes sont toutefois des oiseaux très proches car ils appartiennent tous deux à la race des rapaces nocturnes. Nous avons en tout cas deux personnages lugiens (Gengoult, Lleu) qui sont associés, l’un par sa fête, l’autre par sa femme, à un oiseau (coucou, hibou) qui symbolise l’adultère.


Note personnelle : il est assez amusant de remarquer que dans la comptine enfantine, coucou et hibou semblent indissolublement liés : "Coucou hibou, Coucou hibou, coucou coulou coucou"

*


*





Mythologie et contes :


Dans Mythologie zoologique ou Les légendes animales, tome 2 (A. Dunand et Pedone Lauriel Éditeurs, 1874) Angelo de Gubernatis nous apprend que :


Le Kokila, ou coucou de l'Inde, est pour les poètes indiens ce que le rossignol est pour les nôtres. Les épithètes les plus délicates sont consacrées à décrire son chant, et la plus fréquente est hridayagrahin (celui qui ravit le cœur). Le mot Koka, synonyme de kokila, se rencontre dans un hymne védique (Rigveda, 11, 42). Le commentateur indien l'explique par cakravâka, nom d'un oiseau qui doit correspondre au héron, quoique les dictionnaires traduisent ce mot par la dénomination spéciale d'anas casarca. Aux quarante-deuxième et quarante-troisième hymne du Rigveda, il est question d'un oiseau qui tient de la nature du coucou et de celle du héron ou de l'outarde. Cet oiseau « annonce, prédit ce qui naît, lance sa voix comme le batelier lance son bateau ; on lui demande d'être de bon augure » afin que « le faucon ne le frappe pas » non plus que « le vautour » ni « l'archer armé de flèches » de sorte « qu'ayant appelé vers la région funèbre de l'Occident, il prononce des paroles propices et de bon augure » et qu'il « prononce des paroles propices et de bon augure du côté oriental des habitations ». Cet oiseau prophétique que la Brihaddevatâ apelle kapingala, est regardé par les auteurs du Dictionnaire de Saint-Pétersbourg, comme un coq de bruyère (haselhuhn) ; kapingala est parfois aussi synonyme de tittiri, perdrix.

*

*




Littérature :


Le Coucou


Voici venir le mois d’avril, Ne te découvre pas d’un fil. Écoute chanter le coucou !


Voici venir le mois de juin, C’est du bon temps pour les Bédouins, J’écoute chanter le coucou.


Voici venir la Saint-Martin, Adieu misère, adieu chagrin, Je n’écoute plus le coucou.


Robert Desnos, "Le Coucou", Chantefables et Chantefleurs, 1952

*

*

7 346 vues

Posts récents

Voir tout
bottom of page