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La Perdrix



Étymologie :


  • PERDRIX, subst. fém.

Étymol. et Hist. Ca 1170 perdriz (Rois, éd. E. R. Curtius, I, XXVI, 20, p. 53) ; fin xive s. perdrix (Roques t. 2, 9044) ; 1555 [éd.] perdris blanches (Belon, Observations de plusieurs singularitéz..., chap. IX, fo11 rods Delb. Notes mss). Issu de l'a. fr. perdix, ca 1119 (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1959 ds T.-L.), du lat. perdicem, acc. de perdix, gr. π ε ́ ρ δ ι ξ, - ι κ ο ς de même sens ; sur l'origine du -r- après -d-, v. FEW t. 8, p. 228b, note 1.


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion sur la signification symbolique de cet oiseau.


Autres noms : Perdix perdix - Perdris grise -

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


PERDRIX. Jadis, on était convaincu qu'un malade était à peu près garanti contre la mort, lorsqu'on le couchait sur un lit de plumes d'ailes de perdrix.

 

Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :


A la Saint-Rémi,

Tous perdreaux sont perdrix.

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Symbolisme :


Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée, Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :


http://www.photodenature.fr/perdrix/photo-perdrix-8/

"Si la Chine, comme l'Europe, a remarqué le désagrément de son cri, elle en fait cependant parfois un appel à l'amour. La perdrix passait autrefois pour protéger des poisons.

Dans l'iconographie de l'Inde, la perdrix sert de référence pour la beauté des yeux.

En Iran, on compare l'allure de la perdrix à la démarche d'une femme élégante et hautaine.

Dans la poésie et les traditions populaires kabyles, la perdrix est le symbole de la grâce et de la beauté féminines. Manger sa chair, c'est comme absorber un philtre d'amour.

La tradition chrétienne en fait un symbole de la tentation et de la perdition, une incarnation du démon. Une légende grecque en fait aussi un oiseau plutôt méchant. Un neveu de Dédale que son oncle précipitait, par jalousie, du haut des rochers de l'Acropole, fut sauvé par la pitié d'Athéna, qui le transforma au cours de sa chute en perdrix. Mais cet oiseau aurait assisté avec joie aux funérailles d'Icare, le fils de Dédale mort d'une chute.

On le voit, le symbolisme de la perdrix est assez ambigu."

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Si, en Kabylie, où la perdrix représente la grâce et la beauté féminine, "manger sa chair, c'est comme absorber un philtre d'amour", dans la tradition chrétienne, elle symbolise la tentation, la perdition et incarne même le démon, ce qui n'empêche pas qu'un malade, alité dans une couche faite de plumes d'ailes de perdrix, guérira de toutes les maladies.

Comme elle était associée à la fécondité, on disait d'elle "qu'elle concevait à la voix seule, au vol ou haleine du mâle". La perdrix protégeait autrefois des poisons tandis que son fiel était un remède souverain pour les yeux, éclaircissant même la vue.

Dans la tradition anglo-saxonne, une perdrix assise sur la marche d'entrée le matin est présage de mort et en manger une qui a les pattes rouges porte malheur. Si l'on tue une perdrix, il faut la plumer quand elle est encore chaude et la suspendre par la patte gauche : faute de quoi, elle attire l'infortune. Les Bohémiens eux croient que si une perdrix vole au-dessus de la maison, cette dernière sera brûlée.

Un dicton signale que "lorsque tu entendras les perdreaux chanter à la couchée, le marin sortira le lendemain et la pluie interviendra le surlendemain".

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :


La plus commune est la perdrix grise, présente dans presque toute l'Europe, jusqu'en Asie centrale. Elle vit en groupes sédentaires dans les steppes, les prairies et les champs cultivés auxquels elle a fini par s'adapter. toutefois, vers la fin du mois de février, les couples se forment et se séparent de leur groupe, pour permettre à la femelle de pondre de 10 à 20 œufs qu'elle va couver avec le mâle pendant près de quatre semaines, entre les mois d'avril et de juin. Le couple de perdrix, très uni, est particulièrement solidaire. Sa nourriture est composée surtout de graines, de mauvaises herbes et d'insectes nuisibles. La perdrix est donc un oiseau très utile, dont la chair, tendre et faisandée, est pourtant très appréciée des chasseurs.

Symbolisant la grâce, le charme et la beauté féminine en Inde ou en Iran, en Chine elle fut une figure de l'amour érotique, lascif et charnel. En effet, cet oiseau qui ne se sépare de son groupe, comme nous l'avons vu, que pour vivre en couple, fut perçu par nos ancêtres comme un être aux mœurs très légères, d'autant que la parade boitillante du mâle à la saison des amours, qui se prolonge plus de trois mois chez les perdrix, est tout à fait révélatrice des plaisirs auxquels il aime s'adonner. C'est ainsi qu'à la perdrix, se rattachèrent des rites initiatiques et érotiques que l'on pratiquait au printemps."

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Dans Les Cartes médecine, Découvrir son animal-totem de Jamie Sams et David Carson (1999 ; traduction française 2010), on trouve la notice suivante :


"Déjà, d’abondants troupeaux de Perdrix vivaient à travers toute l’Amérique du Nord, mais maintenant, même dans les plaines où ils étaient si nombreux, on ne les voit que très peu. Plusieurs tribus des Indiens des Plaines exécutent la danse des Perdrix pour rendre hommage à ces oiseaux. Cette danse giratoire tournoie comme la spirale, ancien symbole de naissance et de renaissance, tunnel strié de l’éternel retour.


La spirale sacrée est un des plus anciens symboles du pouvoir personnel. Quand vous pensez à la médecine de la Perdrix, visualisez un remous ou encore une tornade puisque la spirale sacrée vous ramène en plein centre. La spirale illustre la vision personnelle et l’éveil. Plusieurs initiés en Quête de Vision peignent une spirale sur leur corps ; ils croient que ce symbole amènera le Grand Mystère à leur inspirer des visions de puissance et de détermination. Les derviches tourneurs de certains ordres soufis ont maîtrisé la danse-spirale ; par la répétition de ce mouvement sacré, ils parviennent aux plus hauts niveaux de conscience. On dit que ces derviches peuvent voyager vers le centre de la spirale et en rapporter le pouvoir magique de leur choix. Dans cet état, le derviche pénètre le Grand Silence et entre en communication avec le Créateur. En tournant dans le sens des aiguilles d’une montre puis dans le sens contraire, le derviche attire et repousse certaines énergies précises. La danse soufie établit le lien avec la Source divine en prescrivant certains rituels du mouvement. Si vous avez la médecine de la Perdrix dans vos cartes, entreprenez une méditation sur les diverses qualités du mouvement au sein de votre monde. Commencez par visualiser le soleil en tant qu’un des astres de ce colossal groupe d’étoiles qui tournoient dans les dédales de la Voie Lactée. Puis, retirez-vous de ces volutes lumineuses pour vous engager dans la double hélice de votre propre ADN, dont la disposition ressemble à une échelle de corde enroulée comme un tire-bouchon.

Analysez la façon dont vous vous déplacez dans votre monde. Quelle réaction suscite l’énergie que vous déployez dans l’univers ? Quels mots utiliseriez-vous pour décrire la façon dont vous cheminez dans les mondes matériel et spirituel ? En dernière analyse, votre mouvement est-il compatible avec vos aspirations et vos buts les plus profonds ? Plusieurs disciplines spirituelles exigent que vous cessiez tout mouvement extérieur afin de reconnaître la vie intérieure. La médecine de la Perdrix, elle, vous invite à la danse. Par sa danse-spirale sacrée, qu’elle vous offre en cadeau, la Perdrix célèbre la Source divine. Apprendre à harmoniser votre danse aux cycles de la Terre-Mère, à lui offrir cette rotation créatrice comme expression désintéressée de la beauté, c’est l’affaire d’une vie. Suivez la Perdrix dans ce mouvement vers l’harmonie.


A l’envers : Choisir la carte de la Perdrix à l’envers, cela indique que vous dissipez votre énergie, que vous manquez de contrôle et de discipline. C’est le symbole que vous avez perdu le lien avec la Source et que votre débordement d’énergie n’est pas canalisé vers un but précis. Vous sentez que vous battez de l’aile et que tous vos espoirs sont perdus ? Faites face à la confusion où qu’elle se trouve : chez vous ou chez les autres. Examinez comment votre énergie engendre de la friction, des étincelles ou entraîne des complications qui ont besoin d’être clarifiées. Travaillez à harnacher cette énergie et à la diriger vers des buts clairement définis. Voilà la nature de la danse sacrée de la Perdrix. En utilisant ces mouvements sacrés pour rectifier la Perdrix en sens contraire, vous trouverez probablement un outil qui vous permettra de vous centrer ou de vous brancher. En vous branchant, vous reprenez contact avec la Terre-Mère et vous cessez de vous affoler. Si vous avez le nez collé sur un problème au point que vous ne puissiez plus le percevoir clairement, vous pouvez vous sentir étourdi et manquer de concentration. Voilà un signe que vous vous perdez en pensées de toutes sortes qui ont peu de lien avec la réalité physique. Dans ce cas, vous devez vous « brancher ». La danse ou la marche vous remettra en contact avec la Terre et avec votre corps. La Perdrix pourra alors vous enseigner comment observer les mouvements d’énergie qui amènent l’harmonie et l’équilibre au sein du corps, du cœur et de l’esprit.


Mot-clef : spirale sacrée."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :

Message des oiseaux de la troisième dimension :

Nous voulons que vous compreniez qu'un aigle

n'est pas meilleur qu'un moineau. Pas plus qu'un colibri n'est

meilleur qu'un corbeau. Ils vibrent simplement à des fréquences

différentes et ont des leçons uniques à vous enseigner. Nous

avons choisi les leçons que nous voulons vous transmettre et la

manière dont nous allons vous les présenter, un peu comme un

conférencier choisit le sujet qu'il veut enseigner et la façon dont

il veut l'enseigner. Vous êtes unique et spécial, quelle que

soit la fréquence à laquelle vous vibrez.


Tous les oiseaux de la troisième dimension appartiennent à une groupe d'âmes et nous enseignent des leçons à les démontrant dans leurs propres vies. Ils viennent de Sirius ou sont descendus sur Terre en passant par cette planète.


Les pigeons, les colombes, les perdrix, les pluviers, les grouses et les faisans : Ces oiseaux travaillent avec les anges de la paix et de l'amour. Le travail de l'âme des perdrix, des pluviers, des grouses et des faisans est de répandre le message d'amour et de paix dans la campagne. Leur travail de service consiste à picorer le sol pour le préparer, afin que les graines poussent.


VISUALISATION POUR TIRER DES ENSEIGNEMENTS DES OISEAUX DE TROISIÈME DIMENSION

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Fermez les yeux et détendez-vous.

  3. Pensez à un oiseau et appelez-le, mais vous pouvez aussi laisser n'importe quel oiseau apparaître dans votre esprit.

  4. Dites mentalement à l'oiseau que vous êtes prêt à écouter ses enseignements et demandez une communication ou une démonstration.

  5. L'oiseau peut chanter pour vous, auquel cas relaxez-vous et laissez le message pénétrer dans votre cœur.

  6. Si l'oiseau vous montre une photo, demandez-vous quel est le message.

  7. L'oiseau peut communiquer avec vous par télépathie, alors restez ouvert pour apprendre.

  8. Remerciez l'oiseau et cherchez-en un de ce type dans votre vie, dans un livre ou à la télévision.

  9. Si vous en voyez un, sachez que cela vient confirmer qu'il vous apporte un message important.

Alternativement, vous pouvez sortir dans votre jardin, un parc ou la campagne et observer quels oiseaux se présentent à vous.

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Selon Annie Pazzogna, auteure de Totem, Animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens des Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012, 2015), dans le cercle des animaux, la Perdrix (Zi'ca) fait partie, au même titre que le Bison, l’Élan, l'Oie, la Mouffette, l'Hermine et le Canard, des Animaux qui se situent au Nord, symbolisé par le rouge, l'Étoile du Matin, l'élément air et l'intellect.


Mots-clés :

"(en négatif) : Dispersion

(en positif) : Éveil - Harmonie.


Le plumage de Perdrix va du beige au brun roux et noir ; les deux sexes sont identiques. C'est un oiseau terrestre qui répugne à voler et préfère courir en cas de danger.

Monogame, il vit en union durable à partir de la lune du corbeau ou celle de l'herbe, "mars-avril'. Les coqs en surnombre s'associent aux couples pour former des trios. Les oiseaux se regroupent par temps froid composant des compagnies où le couple subsiste.

A la lune des plantations, "mai", les poules font leur nid dans les taillis, en un creux dégagé au sol par le mâle et garni de feuilles. Madame y pondra de dix à quinze œufs que le couple couvera vingt-quatre jours environ.

Si Perdrix se perche dans les arbres et les buissons, elle se nourrit au sol de plantes, parfois d'insectes et de grenouilles.

Trop chassée, Zi'ca est méfiante.

Cette éveillée, à l’œil tout rond, tourne, virevolte et prend l'énergie de la Terre Mère pour mieux s'élever vers le cœur du Grand Mystère. Perdrix lors de sa danse giratoire est liée au Vent Tourbillonnant et par son harmonie à l'énergie féminine.

Ses plumes ornent les crécelles qui sonnent aux Quatre Directions.

Corbeau est son prédateur."

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la Perdrix est définie par les caractéristiques suivantes :


Traits : La Perdrix symbolise une façon élaborée de déployer son action, et qui capte l'attention. Qu'il s'agisse de danser, de vous assurer d'être vu et entendu dans votre travail, ou de parader pour attirer l'attention du sexe opposé, la perdrix va vous aider à obtenir absolument toute l'attention que vous recherchez. La parade d'accouplement du tétra des armoises (sorte de perdrix) est exubérante : les plumes de sa queue se hérissent, les poches sur sa poitrine se gonflent, sa crinière de plumes blanches se dresse, et il a une façon unique de danser en cercle. Lorsqu'il gonfle et dégonfle ses poches, cela fait le bruit fort de quelque choses qui éclate, ce qui attire ainsi les partenaires. Ce tétras a des plumes aux narines et aux pattes, et en hiver, même le bout de ses pattes va se couvrir de plumes ou de petites écailles pour les protéger du froid et de la neige.


Talents : Beauté ; Excellent danseur ; Gracieux ; Expressif ; Rythme ; Sensible aux vibrations ; Extraverti.


Défis : Se plaint ; Excentrique ; Avide ; Souvent irritable ; Énervé ; Soif de pouvoir ; Comportement répétitif et ritualisant ; Exagération.


Élément : Terre.


Couleurs primaires : Noir ; Brun ; Rouge ; Blanc.


Apparitions : Lorsque la Perdrix apparaît, cela veut dire que vous devez prendre le temps de danser. Abandonnez-vous à la musique, en laissant votre corps se mouvoir librement à son rythme : cela vous permettra de vous connecter à votre véritable essence. Laissez votre esprit être libre, sans souci ni stress, et faites un avec le son qui vous enveloppe. La présence de la perdrix signifie que chaque chose a sa place dans votre vie - donc, lorsque les choses ne sont plus en place, vous risquez de paniquer un peu. Restez calme et remettez tout là où cela doit être. Vous êtes fortement porté sur les modèles, les rituels, et attaché à votre façon spécifique de faire les choses. Mais, simplement, n'oubliez pas que ce n'est pas la fin du monde si les choses ne suivent pas ce qui a été planifié. La perdrix vous met en garde contre le fait d'être trop rigide., au lieu de suivre le courant. Lorsque vous êtes énervé, la perdrix peut vous aider à revenir à votre centre, à vous pomponner et à reprendre le mouvement majestueux de votre danse.


Aide : Vous avez besoin de paraître sous votre meilleur jour lors d'un événement, d'accélérer votre rythme de façon positive ou de vous déstresser en relâchant vos mouvements. La perdrix vous aide à vous exprimer en vous montrant comment vous servir du mouvement, de l'intention et de la performance pour attirer ce que vous souhaitez dans votre vie. Lorsque vous essayez de vous exprimer, essayez de créer votre propre danse ou d'ajouter une gestuelle pour appuyer vos intentions. Cela accroît le flux d'énergie vers vous. Cela vous permet aussi d'atteindre des niveaux supérieurs de conscience et contribue à accélérer le rythme de votre croissance spirituelle. votre compréhension des royaumes spirituels se trouve décuplée. ce qui n'était jadis pas clair ou hors d'atteinte vous est à présent tout à fait accessible. La perdrix vous enseigne l'harmonie et à apprécier le rythme naturel de la vie au lieu d'essayer de forcer le mouvement dans votre avancée. Lorsque vous arrêtez de vouloir provoquer les choses et que vous commencez à danser, vous alléger votre énergie et vous vous permettez de faire un avec le flux universel de la vie. La perdrix est une grande libératrice de stress ; elle peut vous donner de l'énergie et renforcer votre capacité à faire confiance aux autres.


Fréquence : L'énergie de la perdrix est très affairée. Elle fait un bruit semblable à un cliquetis, quelque chose qui éclate, un roucoulement et un grattement, et tout cela tourneboule dans un grand nuage de positivité. Ce nuage vous entoure, vous donne sa chaleur et vous élève. Cela ressemble à un ami perdu de vue depuis longtemps qui vous serre dans ses bras.


Imaginez...

Vous êtes en train de conduire à travers des espaces découverts, au milieu de plaines qui s'étendent au loin, lorsque vous arrivez sur une aire de repos. Vous décidez de prendre quelques minutes pour vous détendre les jambes. vous vous servez une boisson au distributeur automatique et vous faites quelque pas. Il y a un champ à l'arrière du parking, aussi vous vous dirigez par là. Et vous découvrez en plein champ un tétras mâle en train de faire la cour à une femelle. Son plumage est ébouriffé, les plumes de sa queue se dressent alors qu'il fait son numéro devant la femelle.mais elle l'ignore. Donc, il se rapproche d'elle et gonfle ses poches, mais elle ne le regarde même pas lorsqu'elles font le bruit de quelque chose qui éclate. il se met à tourner autour d'elle en soulevant ses ailes, en exhibant son plumage et ne gonflant à nouveau ses poches. Cette fois, elle tourne les yeux vers lui, et le spectacle continue de plus belle. En revenant vers votre voiture, vous pensez au rythme de cette danse et vous vous rendez compte que votre pas a pris une sorte de rebond.

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Dans l'édition revue et augmentée de Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Éditions Le Dauphin blanc, 2019) Aigle bleu nous transmet la médecine de la perdrix :


Les mots clés de la médecine de la perdrix sont spirale de vie. La perdrix qui danse en spirale est une image qui se retrouve partout dans l'iconographie des Premières Nations d'Amérique du Nord. Elle était autrefois l'un des animaux les plus prolifiques d'Amérique du Nord.

Toute énergie dans l'univers, la tornade aussi bien que la création d'une galaxie, se meut en spirale. Au sein de la spiritualité des peuples premiers, la spirale a toujours été une porte pour obtenir des visions ainsi qu'une connexion au Divin. Les Amérindiens, lorsqu'ils entreprenaient une quête de vision, se dessinaient souvent des spirales sur le corps afin de favoriser leur connexion au Grand Esprit et l'obtention de visions.

Nous avons des danses de méditation qui utilisent la spirale pour ouvrir les méridiens d'énergie du corps, ce qui favorise une meilleure santé et une plus grande clarté d'esprit. Parmi bien des Premières Nations, on retrouve des danses honorant la perdrix, et elles sont toujours effectuées en spirale.

La médecine de la perdrix permet d'accéder à une compréhension plus holistique de notre sentier de vie. L'utilisation de la spirale en danse et en méditation ouvre les chemins de l'intuition et de la santé. En effet, il est plus aisé d'accéder à une grande clarté d'esprit et d'intuition en étant dans le mouvement plutôt que dans l'immobilité. c'est ce qu'enseigne la médecine de la perdrix.

Par ailleurs, la femme perdrix est maîtresse du subterfuge. Afin de protéger ses petits contre l'approche d'un prédateur, la perdrix cache les poussins et elle mime une aile cassée en s'éloignant, clopin-clopant, à une allure qui invite le prédateur à la prendre en chasse. Elle maintient cette allure, juste assez lente, pour préserver l'intérêt du prédateur. Puis, aussitôt qu'elle est assez loin de ses petits, elle s'envole dans la direction opposée, laissant le prédateur sur sa faim inassouvie. Ainsi, les femmes qui ont la médecine de la perdrix savent jouer la comédie nécessaire à l'obtention des meilleurs conditions de vie pour leurs enfants, ce qui est un atout certain dans le système auquel nous faisons face aujourd'hui.

Quant à l'homme perdrix, il affiche une grande prestance. Il aura beaucoup de succès dans tous les arts de la scène. Il sait maintenir une belle clarté du mental, ce qui le rend efficace dans tous les milieux de travail où la réflexion et la création sont de mise.

Nous devrions tous apprendre à danser en spirale et à honorer la perdrix, qui est aussi un grand signe d'abondance. L'abondance est une loi de l'univers, une loi que l'Homme civilisé oublie trop souvent dans sa peur de manquer de tout et de rien Ceux qui jardinent et cultivent les fermes et les jardins remarquent que la nature nous donne très souvent beaucoup plus que nos besoins. Reposons-nous donc sur la médecine de la perdrix, dansons les joies de l'abondance et honorons la spirale de vie.

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Mythologie :


Dans Mythologie zoologique ou Les légendes animales, tome 2 (A. Dunand et Pedone Lauriel Éditeurs, 1874) Angelo de Gubernatis nous apprend que :


Aux quarante-deuxième et quarante-troisième hymne du Rigveda, il est question d'un oiseau qui tient de la nature du coucou et de celle du héron ou de l'outarde. Cet oiseau « annonce, prédit ce qui naît, lance sa voix comme le batelier lance son bateau ; on lui demande d'être de bon augure » afin que « le faucon ne le frappe pas » non plus que « le vautour » ni « l'archer armé de flèches » de sorte « qu'ayant appelé vers la région funèbre de l'Occident, il prononce des paroles propices et de bon augure » et qu'il « prononce des paroles propices et de bon augure du côté oriental des habitations ». Cet oiseau prophétique que la Brihaddevatâ apelle kapingala, est regardé par les auteurs du Dictionnaire de Saint-Pétersbourg, comme un coq de bruyère (haselhuhn) ; kapingala est parfois aussi synonyme de tittiri, perdrix. D'après une tradition indienne rapportée dans les Brâhmanas, les disciples de Vâiçampâyana se changèrent en perdrix pour becqueter le véda de Yâgnavlakya. Les disciples de Vâiçampâyana sont les compilateurs du Tâittiriya-Veda, le véda des perdrix.

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Littérature :


Les Coqs et la Perdrix


Un homme qui avait des coqs dans sa maison, ayant trouvé une perdrix privée à vendre, l’acheta et la rapporta chez lui pour la nourrir avec les coqs. Mais ceux-ci la frappant et la pourchassant, elle avait le cœur gros, s’imaginant qu’on la rebutait, parce qu’elle était de race étrangère. Mais peu de temps après ayant vu que les coqs se battaient entre eux et ne se séparaient pas qu’ils ne se fussent mis en sang, elle se dit en elle-même : « Je ne me plains plus d’être frappée par ces coqs ; car je vois qu’ils ne s’épargnent pas même entre eux. »

Cette fable montre que les hommes sensés supportent facilement les outrages de leurs voisins, quand ils voient que ceux-ci n’épargnent même pas leurs parents.

 

L’Oiseleur et la Perdrix


Un hôte se présenta un peu tard chez un oiseleur. Celui-ci, n’ayant rien à lui offrir, s’en fut vers sa perdrix privée, et il allait la tuer, quand elle lui reprocha son ingratitude : « Ne lui était-elle pas fort utile en appelant les oiseaux de sa tribu et en les lui livrant ? et il allait la tuer ! — Raison de plus pour t’immoler, répondit-il, puisque tu n’épargnes même pas ceux de ta tribu. »

Cette fable montre que ceux qui trahissent leurs parents sont odieux non seulement à leurs victimes, mais encore à ceux à qui ils les livrent.


Ésope, Traduction par Émile Chambry. Fables, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927

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Selon Ovide dans Les Métamorphoses (VIII) :


La perdrix, sur un rameau, fut témoin de la douleur de Dédale, lorsqu'il plaçait dans le tombeau les restes de son fils. Elle battit de l'aile, et par son chant elle annonça sa joie. C'était alors un oiseau unique dans son espèce, on n'en avait point vu de semblable dans les premiers âges. Nouvel hôte de l'air, il devait à jamais, ô Dédale, instruire de ton crime l'univers. Ta sœur, ignorant l'avenir, avait confié son fils à tes soins. À peine pour la douzième fois cet enfant voyait recommencer l'année, et déjà son esprit recevait avidement tes leçons. Un jour qu'il avait examiné l'arête des poissons, il voulut l'imiter. Il aiguisa sur le fer des dents continues, et la scie fut inventée. Il réunit, par un nœud commun, deux baguettes d'acier, dont l'une portait sur un point fixe, tandis que l'autre décrivait un cercle, et le compas fut trouvé. Jaloux de l'inventeur, Dédale le précipita du haut de la tour de Pallas, et publia que sa chute était due au hasard; mais Pallas, qui protège les arts, le soutint, et le couvrit de plumes au milieu des airs. Cette vigueur si prompte qu'il eut dans son esprit passa dans ses ailes et dans ses pieds. Il conserva le nom qu'il avait auparavant. Cependant cet oiseau est humble dans son essor. Il ne construit point son nid sur les rameaux d'un arbre ou sur les hauteurs, mais il vole en rasant les sillons; il cache ses œufs à l'ombre des buissons, et se souvenant de sa chute, il craint de s'élever.

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Farid Al-Din Attar, poète persan auteur de La Conférence des oiseaux (1177 ; Diane de Selliers, 2012, remaniée par Jacques Prévost) évoque la perdrix :


Sois la bienvenue, ô perdrix ! qui te balances gracieusement dans ta marche. Tu es contente lorsque tu parcours la montagne de la connaissance divine. Livre-toi à la joie en songeant aux avantages de ce chemin ; frappe du marteau la porte de la maison de Dieu. Fais fondre humblement la montagne de tes inclinations perverses, afin qu'il en sorte une chamelle ; alors tu verras couler un ruisseau de lait et de miel. Pousse donc en avant cette chamelle, si tu le peux, et Salih lui-même viendra à ta rencontre.

[...]

CHAPITRE 7. LA PERDRIX. Puis la perdrix s'approcha, contente, et marchant avec grâce ; elle sortit de son trou timidement et comme en état d'ivresse. Son bec est rouge, son plumage aurore, le sang bouillonne dans ses yeux. Tantôt elle ole avec ceinture et épée, tantôt elle tourne la tête devant l'épée. « Je suis constamment restée dans les ruines, dit-elle, parce que j'aime beaucoup les pierreries. L'amour des joyaux a allumé un feu dans mon cœur, et il suffit à mon bonheur. Quand la chaleur de ce feu se manifeste, le gravier que j'ai avalé rougit comme s'il était ensanglanté ; et tu peux voir que lorsque le feu produit son effet, il donne tout de suite à a pierre la couleur du sang. Je suis restée entre la pierre et le feu dans l'inaction et la perplexité. Ardente et passionnée, je mange du gravier, et, le cœur enflammé, je dors sur la pierre. O mes amis ! ouvrez les yeux, voyez ce que je mange et comment je dors. Peut-on provoquer celui qui dort sur une pierre et qui mange des pierres ? Mon cœur est blessé, dans cet état pénible, par cent chagrins, parce que mon amour pour les pierres précieuses m'attache à la montagne. Que celui qui aime une chose autre que les joyaux sache que cette chose est transitoire ; au contraire le règne des joyaux est un établissement éternel ; ils tiennent par leur essence à la montagne ; je connais et la montagne et la pierre précieuse. Pour chercher le diamant, je ne quitte pas un instant ma ceinture ni mon épée, dont la lame moirée m'offre toujours des diamants, et là même je les cherche. Je n'ai encore trouvé aucune essence dont la nature fût supérieure aux pierreries, ni une perle d'aussi belle eau qu'elles. Or le chemin vers le Simorg est difficile, et mon pied reste attaché aux pierres précieuses, comme s'il était enfoncé dans l'argile. Comment arriverais-je bravement auprès du Simorg la main sur la tête et le pied dans la boue ? Je ne me détourne pas plus du diamant que le feu de sa proie ; ou je meurs, ou je trouve des pierres précieuses. La noblesse de mon caractère doit se déployer, car celui qui ne l'a pas en partage est sans valeur. »

La huppe lui répondit : « O toi qui as toutes les couleurs comme les pierreries ! tu es un peu boiteuse et tu donnes des excuses boiteuses. Le sang de ton cœur teint tes pattes et ton bec, et tu t'avilis à la recherche des joyaux. Que sont les joyaux, sinon des pierres colorées ? Et c'est cependant leur amour qui rend ton cœur d'acier ; sans couleur, elles ne seraient que de communs petits cailloux. Or celui qui s'attache à la couleur (rang) n'a pas de poids (sang). Celui qui possède l'odeur ne recherche pas la couleur, comme celui qui recherche le vrai joyau de la qualité foncière ne se contente pas d'une pierre. »

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Jules Renard nous propose dans ses Histoires naturelles (1874) de petits portraits ou historiettes relatives aux animaux les plus communs mais pourtant tous plus étonnants les uns que les autres :


Les perdrix


La perdrix et le laboureur vivent en paix, lui derrière sa charrue, elle dans la luzerne voisine, à la distance qu’il faut l’un de l’autre pour ne pas se gêner. La perdrix connaît la voix du laboureur, elle ne le redoute pas quand il crie ou qu’il jure.

Que la charrue grince, que le bœuf tousse et que l’âne se mette à braire, elle sait que ce n’est rien.

Et cette paix dure jusqu’à ce que je la trouble.

Mais j’arrive et la perdrix s’envole, le laboureur n’est pas tranquille, le bœuf non plus, l’âne non plus. Je tire, et au fracas d’un importun, toute la nature se désordonne.


Ces perdrix, je les lève d’abord dans une éteule, puis je les relève dans une luzerne, puis je les relève dans un pré, puis le long d’une haie ; puis à la corne d’un bois, puis...

Et tout à coup je m’arrête, en sueur, et je m’écrie :

« Ah ! les sauvages, me font-elles courir ! »


De loin, j’ai aperçu quelque chose au pied d’un arbre, au milieu du pré.

Je m’approche de la haie et je regarde pardessus.

Il me semble qu’un col d’oiseau se dresse à l’ombre de l’arbre. Aussitôt mes battements de cœur s’accélèrent.

Il ne peut y avoir dans cette herbe que des perdrix. Par un signal familier, la mère, en m’entendant, les a fait se coucher à plat. Elle-même s’est baissée. Son col seul reste droit et elle veille. Mais j’hésite, car le col ne remue pas et j’ai peur de me tromper, de tirer sur une racine.

Çà et là, autour de l’arbre, des taches, jaunes, perdrix ou motte de terre, achèvent de me troubler la vue.

Si je fais partir les perdrix, les branches de l’arbre m’empêcheront de tirer au vol, et j’aime mieux, en tirant par terre, commettre ce que les chasseurs sérieux appellent un assassinat.

Mais ce que je prends pour un col de perdrix ne remue toujours pas.

Longtemps j’épie.

Si c’est bien une perdrix, elle est admirable d’immobilité et de vigilance, et toutes les autres, par leur façon de lui obéir, méritent cette gardienne. Pas une ne bouge.

Je fais une feinte. Je me cache tout entier derrière la haie et je cesse d’observer, car tant que je vois la perdrix, elle me voit.

Maintenant nous sommes tous invisibles, dans un silence de mort.

Puis, de nouveau, je regarde.

Oh ! cette fois, je suis sûr ! La perdrix a cru à ma disparition. Le col s’est haussé et le mouvement qu’elle fait pour le raccourcir la dénonce.

J’applique lentement à mon épaule ma crosse de fusil...

Le soir, las et repu, avant de m’endormir d’un sommeil giboyeux, je pense aux perdrix que j’ai chassées tout le jour, et j’imagine la nuit qu’elles passent.

Elles sont affolées.

Pourquoi en manque-t-il à l’appel ?

Pourquoi en est-il qui souffrent et qui, becquetant leurs blessures, ne peuvent tenir en place ?

Et pourquoi s’est-on mis à leur faire peur à toutes ?

À peine se posent-elles maintenant, que celle qui guette sonne l’alarme. Il faut repartir, quitter l’herbe ou l’éteule. Elles ne font que se sauver, et elles s’effraient même des bruits dont elles avaient l’habitude.

Elles ne s’ébattent plus, ne mangent plus, ne dorment plus.

Elles n’y comprennent rien.

Si la plume qui tombe d’une perdrix blessée venait se piquer d’elle-même à mon chapeau de fier chasseur, je ne trouverais pas que c’est exagéré.


Dès qu’il pleut trop ou qu’il fait trop sec, que mon chien ne sent plus, que je tire mal et que les perdrix deviennent inabordables, je me crois en état de légitime défense.


Il y a des oiseaux, la pie, le geai, le merle, la grive avec lesquels un chasseur qui se respecte ne se bat pas, et je me respecte.

Je n’aime me battre qu’avec les perdrix !

Elles sont si rusées !

Leurs ruses, c’est de partir de loin, mais on les rattrape et on les corrige.

C’est d’attendre que le chasseur ait passé, mais derrière lui elles s’envolent trop tôt et il se retourne.

C’est de se cacher dans une luzerne profonde, mais il y va tout droit.

C’est de faire un crochet au vol, mais ainsi elles se rapprochent.

C’est de courir au lieu de voler, et elles courent plus vite que l’homme, mais il y a le chien.

C’est de s’appeler quand on les divise, mais elles appellent aussi le chasseur et rien ne lui est plus agréable que leur chant.


Déjà ce couple de jeunes commençait de vivre à part. Je les surpris, le soir, au bord d’un labouré. Elles s’envolèrent si étroitement jointes, aile dessus, aile dessous je peux dire, que le coup de fusil qui tua l’une démonta l’autre.

L’une ne vit rien et ne sentit rien, mais l’autre eut le temps de voir sa compagne morte et de se sentir mourir près d’elle.

Toutes deux, au même endroit de la terre, elles ont laissé un peu d’amour, un peu de sang et quelques plumes. Chasseur, d’un coup de fusil tu as fait deux beaux coups : va les conter à ta famille.


Ces deux vieilles de l’année dernière dont la couvée avait été détruite, ne s’aimaient pas moins que des jeunes. Je les voyais toujours ensemble. Elles étaient habiles à m’éviter et je ne m’acharnais pas à leur poursuite. C’est par hasard que j’en ai tué une. Et puis j’ai cherché l’autre, pour la tuer, elle aussi, par pitié !


Celle-ci a une patte cassée qui pend, comme si je la retenais par un fil.

Celle-là suit d’abord les autres jusqu’à ce que ses ailes la trahissent ; elle s’abat, et elle piète ; elle court tant qu’elle peut, devant le chien, légère et à demi hors des sillons.

Celle-ci a reçu un grain de plomb dans la tête. Elle se détache des autres. Elle pointe en l’air, étourdie, elle monte plus haut que les arbres, plus haut qu’un coq de clocher, vers le soleil. Et le chasseur, plein d’angoisse, la perd de vue, quand elle cède enfin au poids de sa tête lourde. Elle ferme ses ailes, et va piquer du bec le sol, là-bas, comme une flèche.

Celle-là tombe, sans faire ouf ! comme un chiffon qu’on jette au nez du chien pour le dresser.

Celle-là, au coup de feu, oscille comme une petite barque et chavire.

On ne sait pas pourquoi celle-ci est morte, tant la blessure est secrète sous les plumes.

Je fourre vite celle-là dans ma poche, comme si j’avais peur d’être vu, de me voir.

Mais il faut que j’étrangle celle qui ne veut pas mourir. Entre mes doigts, elle griffe l’air, elle ouvre le bec, sa fine langue palpite, et sur les yeux, dit Homère, descend l’ombre de la mort.


Là-bas, le paysan lève la tête à mon coup de feu et me regarde.

C’est un juge, cet homme de travail ; il va me parler ; il va me faire honte d’une voix grave.

Mais non : tantôt c’est un paysan jaloux qui bisque de ne pas chasser comme moi, tantôt c’est un brave paysan que j’amuse et qui m’indique où sont allées mes perdrix.

Jamais ce n’est l’interprète indigné de la nature.


Je rentre ce matin, après cinq heures de marche, la carnassière vide, la tête basse et le fusil lourd. Il fait une chaleur d’orage et mon chien, éreinté, va devant moi, à petits pas, suit les haies, et fréquemment, s’assied à l’ombre d’un arbre où il m’attend.

Soudain, comme je traverse une luzerne fraîche, il tombe ou plutôt il s’aplatit en arrêt : c’est un arrêt ferme, une immobilité de végétal. Seuls les poils du bout de sa queue tremblent. Il y a, je le jurerais, des perdrix sous son nez. Elles sont là, collées les unes aux autres, à l’abri du vent et du soleil. Elles voient le chien, elles me voient, elles me reconnaissent peut-être, et, terrifiées, elles ne partent pas.

Réveillé de ma torpeur, je suis prêt et j’attends.

Mon chien et moi, nous ne bougerons pas les premiers.

Brusquement et simultanément, les perdrix partent : toujours collées, elles ne font qu’une, et je flanque dans le tas mon coup de fusil comme un coup de poing. L’une d’elles, assommée, pirouette. Le chien saute dessus et me rapporte une loque sanglante, une moitié de perdrix. Le coup de poing a emporté le reste.

Allons ! nous ne sommes pas bredouille ! Le chien gambade et je me dandine d’orgueil.


Ah ! je mériterais un bon coup de fusil dans les fesses !

*

*

Dans son roman autobiographique Poil de carotte (1894), Jules Renard met en scène à nouveau les perdrix : Les perdrix


Comme à l'ordinaire, M. Lepic vide sur la table sa carnassière. Elle contient deux perdrix. Grand frère Félix les inscrit sur une ardoise pendue au mur. C'est sa fonction. Chacun des enfants a la sienne. Sœur Ernestine dépouille et plume le gibier. Quant à Poil de Carotte, il est spécialement chargé d'achever les pièces blessées. Il doit ce privilège à la dureté bien connue de son coeur sec.

Les deux perdrix s'agitent, remuent le col.

Madame Lepic : Qu'est-ce que tu attends pour les tuer?

Poil de Carotte : Maman, j'aimerais autant les marquer sur l'ardoise, à mon tour.

Madame Lepic : L'ardoise est trop haute pour toi.

Poil de Carotte : Alors, j'aimerais autant les plumer.

Madame Lepic : Ce n'est pas l'affaire des hommes.

Poil de Carotte prend les deux perdrix. On lui donne obligeamment les indications d'usage :

-Serre-les là, tu sais bien, au cou, à rebrousse-plume.

Une pièce dans chaque main derrière son dos, il commence.

Monsieur Lepic : Deux à la fois, mâtin !

Poil de Carotte : C'est pour aller plus vite.

Madame Lepic : Ne fais donc pas ta sensitive ; en dedans, tu savoures ta joie.

Les perdrix se défendent, convulsives, et, les ailes battantes, éparpillent leurs plumes. Jamais elles ne voudront mourir. Il étranglerait plus aisément, d'une main, un camarade. Il les met entre ses deux genoux, pour les contenir, et, tantôt rouge, tantôt blanc, en sueur, la tête haute afin de ne rien voir, il serre plus fort.

Elles s'obstinent.

Pris de la rage d'en finir, il les saisit par les pattes et leur cogne la tête sur le bout de son soulier.

- Oh ! le bourreau ! le bourreau ! s'écrient grand frère Félix et sœur Ernestine.

- Le fait est qu'il raffine, dit madame Lepic. Les pauvres bêtes ! je ne voudrais pas être à leur place, entre ses griffes.

M. Lepic, un vieux chasseur pourtant, sort écœuré.

- Voilà ! dit Poil de Carotte, en jetant les perdrix mortes sur la table.

Madame Lepic les tourne, les retourne. Des petits crânes brisés du sang coule, un peu de cervelle.

- Il était temps de les lui arracher, dit-elle. Est-ce assez cochonné ?

Grand Félix dit : - C'est positif qu'il ne les a pas réussies comme les autres fois.

C'est le Chien.

M. Lepic et sœur Ernestine, accoudés sous la lampe, lisent, l'un le journal, l'autre son livre de prix ; madame Lepic tricote, grand frère Félix grille ses jambes au feu et Poil de Carotte par terre se rappelle des choses. Tout à coup Pyrame, qui dort sous le paillasson, pousse un grognement sourd.

- Chtt ! fait M. Lepic. Pyrame grogne plus fort.

- Imbécile ! dit madame Lepic.

Mais Pyrame aboie avec une telle brusquerie que chacun sursaute. Madame Lepic porte la main à son coeur. M. Lepic regarde le chien de travers, les dents serrées. Grand frère Félix jure et bientôt on ne s'entend plus.

- Veux-tu te taire, sale chien ! Tais-toi donc, bougre !

Pyrame redouble. Madame Lepic lui donne des claques. M. Lepic le frappe de son journal, puis du pied. Pyrame hurle a plat ventre, le nez bas, par peur des coups, et on dirait que rageur, la gueule, heurtant le paillasson, il casse sa voix en éclats.

La colère suffoque les Lepic. Ils s'acharnent, debout, contre le chien couché qui leur tient tête.

Les vitres crissent, le tuyau du poêle chevrote et sœur Ernestine même jappe.

Mais Poil de Carotte, sans qu'on le lui ordonne, est allé voir ce qu'il y a. Un cheminot attardé passe dans la rue peut-être et rentre tranquillement chez lui, à moins qu'il n'escalade le mur du jardin pour voler.

Poil de Carotte, par le long corridor noir, s'avance, les bras tendus vers la porte. Il trouve le verrou et le tire avec fracas, mais il n'ouvre pas la porte.

Autrefois il s'exposait, sortait dehors, et sifflant, chantant, tapant du pied, il s'efforçait d'effrayer l'ennemi. Aujourd'hui il triche.

Tandis que ses parents s'imaginent qu'il fouille hardiment les coins et tourne autour de la maison en gardien fidèle, il les trompe et reste collé derrière la porte. Un jour il se fera pincer, mais depuis longtemps sa ruse lui réussit.

Il n'a peur que d'éternuer et de tousser. Il retient son souffle et s'il lève les yeux, il aperçoit par une petite fenêtre, au-dessus de la porte, trois ou quatre étoiles dont l'étincelante pureté le glace.

Mais l'instant est venu de rentrer. Il ne faut pas que le jeu se prolonge trop. Les soupçons s'éveilleraient.

De nouveau, il secoue avec ses mains frêles le lourd verrou qui grince dans les crampons rouillés et il le pousse bruyamment jusqu'au fond de la gorge. A ce tapage, qu'on juge s'il revient de loin et s'il a fait son devoir! Chatouillé au creux du dos, il court vite rassurer sa famille.

Or, comme la dernière fois, pendant son absence, Pyrame s'est tu, les Lepic calmés ont repris leurs places inamovibles et, quoiqu'on ne lui demande rien, Poil de Carotte dit tout de même par habitude

- C'est le chien qui rêvait.

*

*




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