Anne
La Tulipe
Étymologie :
TULIPE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1593 bot. tulipa (Marnix de Saint-Aldegonde, Corresp., 25 nov., éd. A. Gerlo, Bruxelles, 1985, p. 112 [cf. G. Roques ds Z. rom. Philol. t. 103, p. 636] : il y a de bulbes 5 tulipas orientaux) ; 1600 tulipan (O. de Serres, Théâtre d'agriculture, 6, 12, p. 577 : le Tulipan) ; 1611 tulippe (Cotgr.) ; 1624 tulipe (Guez de Balzac, Lettres, éd. H. Bibas et K. T. Butler, t. 1, p. 48) ; 2. 1752 zool. (Trév. Suppl.) ; 3. a) [1876 « verre à boire de forme ovoïde, renflé au milieu » (Lar. 19e d'apr. FEW t. 19, p. 188, mais ce sens n'apparaît pas s.v. tulipe)] 1893 (DG) ; b) 1893 « globe en verre ou en cristal dont on recouvre une lampe » (Courteline, Boubouroche ds Œuvres compl., Paris, Bernouard, t. 3, 1926, p. 17 : la tulipe de verre suspendue au plafond). Empr. au turc tülbent « turban » (en raison de la forme de la fleur), et celui-ci au persan dulband « turban ». La tulipe, appelée lāla en persan et lâle en turc, est mentionnée par Busbeck en 1554 dans la relation de son ambassade en Turquie (A. de Busbecq, Itinera Constantinopolitanum, Anvers, 1582, 27, cité par R. Arveiller ds Mél. Rostaing (Ch.), Liège, 1974, p. 20 : [flores] quos Turcae Tulipan vocant; ibid., 28 : Tulipanti [...] odor [lettre datée de sept. 1554] ; v. aussi Lok., n°544 et FEW t. 19, pp. 188-189). La tulipe fut introd. en Europe occidentale vers 1560 (Privat-Foc. 1870).
Lire également la définition du nom tulipe afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Tulipa ; Fleur des Sultans ;
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Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Les oignons des tulipes si communes dans certains localités : Saint-Jean-de-Maurienne, Aime, Macôt, Tulipa praecox, planifolia, aximensis, Didieri, Billietiana, mauriana, Marjoleti, sylvestris (1), ont été employés dans l'alimentation, pendant les famines, comme ceux des lis et des aulx, et avec le même insuccès. C'était un pauvre régal. « Parlant par respect, (2) vous disaient les anciens, ils vous donnaient la colique. » Partout où ces belles fleurs infestent les cultures, on voyait, il y a quelques années, au printemps, des tas d'oignons arrachés pourri au bord des champs, sans que l'on songeât même à les préparer pour la nourriture du bétail. L'exploitation inconsidérée qui en a été faire pour les envoyer à un horticulteur bien connu, les a rendu rares, et il est à craindre qu'elles ne finissent par disparaître.
Notes : 1) Il paraît que, dans le nord de l'Europe, l'oignon de la tulipe sylvestre est comestible, peut-être à cause de la différence des climats.
2) Parlant par respect ou Parlant sauf votre respect, locution qu'emploient les gens de la campagne, lorsqu'ils ont à vous parler de choses malpropres.
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur :
Printemps - Mars.
TULIPE - DÉCLARATION D'AMOUR.
Sur les rives du Bosphore, la tulipe est l'emblème de l'inconstance ; mais elle est aussi celui du plus violent amour. Telle que la nature la fait croitre aux champs de Byzance, avec ses pétales de feu et son cœur brûlé, elle va dire, malgré les grilles et les verrous, à la beauté captive, qu'un amant soupire pour elle ; et que, si elle daigne se montrer un moment, sa vue mettra son visage en feu et son cœur en charbon. Ainsi, un jeune homme naïf, sortant des mains de la nature, présente un hommage sans fard : bientôt, façonné par le monde, comme la tulipe par les mains du jardinier, il sera plus aimable, plus enjoué, il saura plaire, il aura cessé d'aimer. La tulipe, sous le nom de tulipan ou de turban, coiffe le front superbe de ces Turcs (1) barbares, qui adorent sa fleur et font porter des fers à la beauté. Idolâtres de sa tige élégante, et du beau vase qui la couronne, ils ne peuvent se lasser d'admirer les panaches d'or, d'argent, de pourpre, de lilas, de violet, de rouge foncé, de rose tendre, de jaune, de brun, de blanc, et de tant d'autres nuances qui se jouent, se marient, se rejoignent, se séparent sur ses riches pétales sans jamais s'y confondre. Dès les premiers jours du printemps, on célèbre, dans le sérail du Grand Seigneur, la fêle des tulipes. On dresse des échafauds, on prépare de longues galeries, on y place des gradins en amphithéâtre, on les recouvre des plus riches tapis, et bientôt ils sont chargés d'un nombre infini de vases de cristal, couronnés des plus belles tulipes du monde. Le soir venu, tout s'illumine ; les bougies répandent les odeurs les plus exquises, des lampions de couleurs brillent de tous côtés comme des guirlandes d'opales, d'émeraudes, de saphirs, de diamants et de rubis ; une quantité prodigieuse d'oiseaux renfermés dans des cages d'or, tous éveillés par ce spectacle, confondent leur ramage avec les mélodieux accords des instruments que touchent d'invisibles musiciens ; une pluie d'eau-rose rafraichit les airs : les portes s'ouvrent, et les jeunes odalisques viennent mêler l'éclat de leurs charmes et de leur parure à celui de cette fête enchantée. Au centre du sérail on voit le pavillon du Grand Seigneur : le sultan, nonchalamment étendu sur des coussins, y parait au milieu des présents qu'étalent à ses pieds les seigneurs de sa cour ; un nuage est sur son front ; il voit tout d'un air farouche. Quoi ! le chagrin a-t-il pénétré jusqu'à ce mortel tout-puissant ? A-t-il perdu une de ses provinces ? Craint-il la révolte de ses fiers janissaires ? Non, deux pauvres esclaves ont seuls troublé son cœur. Il a cru voir, pendant les solennités de la fête, un jeune icoglan présenter une tulipe à la beauté qui le captive. Le sultan ignore les secrets réservés aux amants ; cependant une inquiétude vague est entrée dans son cœur ; la jalousie le tourmente et l'obsède : mais que peut ce sentiment, que peuvent les grilles et les verrous contre l'Amour ? Un regard et une fleur ont suffi à ce dieu malin, pour changer un affreux sérail en un lieu de délices, et pour venger la beauté outragée par des fers.
Note : 1) Jardin d'hiver, ou Cabinet des fleurs, contenant vingt-six élégies les plus rares, et signalées par Jean Franeau. Un volume in- 4°, imprimé à Douai en 1616.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Tulipe - Flamme ; Déclaration d’amour.
La tulipe en bouton ressemble bien à une flamme; ses couleurs éclatantes (sa couleur primitive semble être le rouge de feu) symbolisent bien la vivacité d’un premier amour. La tulipe est la fleur aimée des Orientaux. En Hollande on a vu une seule tulipe se vendre 4,600 florins.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
TULIPE - ORGUEIL.
Le commencement de l'homme, c'est de se séparer de Dieu : parce que son cœur se retire de celui qui l'a fait ; parce que le commencement de tout péché c'est l'orgueil. Celui que l'orgueil saisit sera chargé de malédiction, et l'orgueil amènera sa ruine.
Ecclésiastes : X, 14, 15.
La tulipe de Gesner est une fort belle espèce dont les variétés sont infinies et plus ou moins recherchées ; elle s'élève sur une hampe droite, cylindrique, haute d'un pied et plus, garnie à sa base de quel ques feuilles larges. Au sommet de chaque hampe est une fleur unique dont la figure est celle d'un beau vase. Six beaux pétales la compo sent. Trois d'entre eux font pour ainsi dire la corolle extérieure. Les trois autres sont placés intérieurement sur leurs intervalles. Ils s'ouvrent peu à peu, avec cette grâce, avec cette majesté qu'il n'appartient qu'à la nature de répandre sur ses ouvrages. Ils ne se renversent jamais.
DE LA TULIPE.
La tulipe, transportée des champs de la Cappadoce en Europe, y fleurit pour la première fois en l'an 1559. Son apparition occupa les savants Le célèbre Clusius n'a point voulu que la postérité ignorât qu'un ambassadeur illustre, Angémis Burbecque, lui en envoya des graines de Turquie à Vienne. Ce don eut de singulières suites, et l'innocente étrangère, par ses charmes nouveaux excita de nouvelles passions. On compta, on classa ses attraits ; on lui en créa de convention et par la culture on les varia. En 1710, la possession d'une tulipe reconnue parfaite, selon les conditions qu'avaient les amateurs n'eut plus de prix. On avait décidé que la hampe (nommée baguette, en langue d'horticulture), devait être forte, haute, d'un vert éclatant ; que les six divisions de la corolle arrondies à leur extrémité, présenteraient six pétales d'un tissu épais, panachés de couleurs vives, contrastées, aussi brillante à l'extérieur qu'à l'intérieur et ne se mêlant jamais avec la nuance du fond ; que les étamines seraient brunes au lieu d'être jaunes, que la corolle enfin, plus haute que large serait à peine évasée.
Dans les commencements de son introduction en Europe la tulipe fit faire de véritables folies, surtout en Hollande. Depuis 1644 jus qu'à 1647, les tulipes y montèrent à des prix énormes et enrichirent beaucoup de spéculateurs. Les fleuristes estimaient surtout quelques espèces auxquelles ils donnaient des noms particuliers. L'espèce la plus précieuse était celle qu'on nommait la semper augustus, on l'évaluait à deux mille florins ; on prétendait qu'elle était si rare, qu'il n'existait que deux fleurs de cette espèce, l'une à Harlem et l'autre à Amsterdam. Un particulier pour en avoir une, offrit quatre mille six cents florins, avec une belle voiture attelée de deux chevaux et tous les accessoires. Un autre devint propriétaire d'une de ces fleurs par l'échange de trente-six sacs de blés, quatre de riz, quatorze bœufs, douze brebis et huit porcs engraissés, deux muids de vin, quatre tonneaux de bière, deux de beurre, dix quintaux de fromage, un lit, des habits, etc. Le contrat de ce marché existe encore en original et l'on y apprend que le nom de vice-roi désignait la fleur qui en fut l'objet. Douze arpents de terre furent offerts en vain pour une autre tulipe ; une quatrième se paya vingt mille francs ; une certaine mère brune fut échangée en France contre un moulin ; et la mère brune aujourd'hui vaut trois francs ! .. Enfin les prix allèrent si loin qu'en Hollande, les Etats-Généraux crurent devoir intervenir et mettre un frein à la prodigalité des fous-tulipiers.
Dans l'Orient on célèbre avec beaucoup de pompe la fête des tulipes.
RÉFLEXIONS.
L'orgueil est à craindre dans bien même que nous faisons ; et le désir de l'approbation et de la gloire anéantit tout ce que nous pouvons faire de plus digne d'approbation et de gloire. (Saint AUGUSTIN.)
Il n'est point de poison plus subtil que l'orgueil. Il a corrompu jusque dans le ciel les plus sublimes intelligences ; ne nous étonnons donc pas que sur la terre il puisse pervertir les âmes d'ailleurs les mieux constituées et les plus fermes. (BOURDALOUE, Pensées diverses.)
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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :
TULIPE - GRANDEUR - MAGNIFICENCE.
Ce fut vers le milieu du XVI° siècle, que Gessner la vit pour la première fois à Augsbourg, dans le jardin d'un amateur qui l'avait reçue de Constantinople, et ce n'est qu'au commencement du XVIII ° siècle qu'elle fut introduite en France. Dans le siècle dernier, l'amour des tulipes était une manie, une espèce de fureur. Il n'était pas rare de voir des familles ruinées par la passion d'un père pour cette fleur. A Lille, dit M. Bescherelle aîné, toute une brasserie, qui porte encore le nom de brasserie de la tulipe, fut troquée par un de ces précieux oignons. Madame de Genlis parle ainsi du tulipier, le plus beau de France et peut-être de l'Europe :
« Son petit jardin était fameux par un arbre superbe , inconnu alors en Asie : c'était un tulipier de soixante-dix pieds de haut, et qui, dans le temps de la floraison, se couvrait de plus de deux mille tulipes d'une beauté merveilleuse. Le propriétaire avait fait pratiquer autour de cet arbre éblouissant, un escalier circulaire qui s'élevait jusqu'à la hauteur de trente pieds ; là se trouvait un repos, une espèce de nid posé solidement sur deux grosses branches qui lui servaient de charpente. Ce nid était assez grand pour contenir en même temps trois ou quatre personnes ; et rien n'était plus singulier que de se voir, dans le mois de juillet, placé au milieu de cet arbre, dont chaque rameau, chaque extrémité de branche, présentaient une superbe tulipe ; on en était entouré, couronné ; on en voyait de tous côtés et sous tous les aspects. Au sein de ce réduit mystérieux, parfumé des plus douces odeurs, un poëte aurait pu se croire dans le bosquet chéri de Flore. » « C'est parmi les Turcs, dit un autre auteur, la marque de la plus haute estime, que d'envoyer une tulipe en présent. Cette fleur y partage en quelque sorte les honneurs de la divinité. C'est au mois d'avril que se célèbre la fête des tulipes. On construit dans la cour du sérail des galeries en bois, et l'on dresse des bancs sur lesquels on range on amphithéâtre, une quantité prodigieuse de carafes garnies de tulipes. Ces vases sont entremêlés de flambeaux, et les bancs les plus élevés sont réservés aux serins du Grand Seigneur, enfermés dans de magnifiques cages, et à des globes de verre remplis de liqueurs de différentes couleurs. — Au centre du sérail, est le pavillon du sultan, devant lequel sont étalés les présents que les seigneurs de la cour destinent à Sa Hautesse. Les femmes du sultan se regardent parmi les fleurs, en sorte que, pendant le reste de la journée, la nature et l'art semblent se réunir pour briller aux yeux du Grand Seigneur. - Tel est le besoin de céder aux grâces - Le despote lui même, ajoute l'auteur, le despote qui traite la beauté en esclave, sent qu'il lui faut honorer une simple fleur. »
La tulipe s'élève : un port majestueux,
Un éclat qui du jour reproduit tous les feux,
Dans les murs byzantins méritent qu'on l'adore,
Et lui font pardonner son calice incolore. ROUCHER.
A cette heure douteuse où l'ombre plus tardive
Fuit du jour qui s'éteint la clarté fugitive,
La nymphe loin de Flore, hélas ! loin pour jamais,
Des champs et de son cour goûtant l'heureuse paix,
Sous l'odorant feuillage où chantait Philomèle,
Savourait du repos la douceur infidèle.
Zéphire l'aperçoit, et, d'un souffle enflammé,
Caresse des attraits dont son œil est charmé.
La fille de Protée, à cette douce haleine,
Entr'ouvre avec lenteur sa paupière incertaine,
Et ne voit pas encor , dans son enchantement,
Que ce bruit de Zéphir est la voix d'un amant.
Mais bientôt, à l'aspect du jeune époux de Flore :
« Déesse, à tes bienfaits si j'ai des droits encore,
Dit-elle, contre un dieu qui trompe tes amours,
J'implore ta vengeance, ou du moins ton secours. »
Tout à coup, ô prodige ! une forme étrangère
La dérobe aux transports d'un désir adultère.
Son beau corps dont Zéphir presse en vain les appas,
En tige souple et frêle échappe de ses bras ;
Ses cheveux, qui tombaient en boucles agitées,
S'élevant sur son front en feuilles veloutées,
L'entourent d'un calice ; un doux balancement
Semble prouver encor qu'elle craint son amant.
Le dieu veut, en parfums, respirer son haleine ;
Ce baume de l'amour adoucirait sa peine :
Nul parfum ne s'exhale ! et ce dernier désir
Prive la fleur d'un charme, et l'homme d'un plaisir.
Mais la nymphe, héritant du secret de son père,
De cet art protecteur se fait un art plaire,
Et, trompant le regard par sa variété,
De changeantes couleurs enrichit sa beauté.
Tu vois errer Zéphir, mais il ne cherche qu'elle,
Et s'il paraît volage, il n'est plus infidèle. BOISSOLIN.
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Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte une équivalence du Calendrier de Flore :
Avril - Tulipe odorante des jardins.
Ce mois, chez les Romains, était consacré à Vénus, car il ramène avec lui la verdure, les fleurs et l'amour. Les hirondelles reviennent dans ce mois.
La nature au lit se repose,
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Pour les petites pâquerettes
Sournoisement, lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes,
Et cisèle des boutons d'or. THÉOPHILE GAUTIER.
L'autrice évoque également le symbolisme de la tulipe dans le langage des fleurs traditionnel :
Tulipe – Magnificence.
Pour couronner enfin les richesses qu'étale
Des jardins renaissant la pompe végétale,
La tulipe s'élève. Un port majestueux,
Un éclat qui du jour reproduit tous les feux,
Dans les murs byzantins méritent qu'on l'adore,
Et lui font pardonner son calice inodore.
C'est, parmi les Turc , la marque de la plus haute estime que d'envoyer une tulipe en présent.
Cette fleur, en Orient, est regardée comme l'emblème printemps ; car c'est au mois d'avril que se célèbre la fête des tulipes . On construit dans la cour du sérail des galeries en bois, et l'on dresse des bancs sur lesquels on range en amphithéâtre une quantité prodigieuse de carafes garnies de tulipes. Ces vases sont entremêlés de flambeaux , et sur les gradins les plus élevés sont placées de magnifiques cages remplies d'oiseaux des espèces les plus rares. De distance en distance de grosses boules de cristal contiennent des essences de différentes couleurs qui produisent un merveilleux effet. Au centre de la cour se dresse le pavillon du sultan devant lequel sont étalés les présents que les grands dignitaires offrent à Sa Hautesse. La musique et les danses terminent cette fête.
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Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :
TULIPE SIMPLE : Déclaration ; Chasteté.
— DOUBLE : Amitié constante ; Honnêteté.
— DE CELS : On vous rendra justice.
— DES FLEURISTES : Plaisirs champêtres.
— DE L'ÉCLUSE, ses fleurs sont blanches : Vertus enfantines.
— DRAGONNE : Folie furieuse.
— SAUVAGE : Je vous déteste.
Oui, je suis la tulipe, une fleur de Hollande,
Et telle est ma beauté, que l'avare Flamand
Paye un de mes oignons plus cher qu'un diamant,
Si mes fonds sont bien durs, si je suis droite et grande,
Mon air est féodal, et comme une Yolande.
Dans sa jupe à longs plis étoffée amplement,
Je porte des blasons peints sur mon vêtement,
Gueule, fascé d'argent, or avec pourpre en bandes.
Le jardinier divin a filé de ses doigts
Les rayons du soleil et la pourpre des rois,
Pour me faire une robe à trame douce et fine.
Nulle fleur du jardin n'égale ma splendeur,
Mais la nature, hélas ! n'a pas versé d'odeur
Dans mon calice fait comme un vase de Chine. H. de BALZAC.
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Édouard Grimard, auteur de L'esprit des plantes, silhouettes végétales. (Éditions Mame, 1875) propose sa propre vision des plantes :
Le mot Tulipe, nous assure-t-on, est une altération de Toliban, nom d'origine persane. Cette éclatante Liliacée, que les anciens ne semblent pas avoir connue, nous a été apportée de l'Asie Mineure. Le botaniste Gesner la découvrit le premier, en 1559, dans le jardin d'un amateur auquel elle avait été envoyée de la Cappadoce. Ce ne fut que vers la fin du XVIe siècle que la culture des Tulipes se répandit en France. Les Hollandais la connaissaient déjà. On sait à quel degré de folie arrivèrent les tulipomanes de ce pays.
On fut amené à créer un mot spécial pour désigner Tulipe. ces êtres insensés, qui, pour un oignon rare, allaient jusqu'à aliéner tout ou partie de leur fortune, on les appela des fous-tulipiers. C'est un de ces maniaques jaloux qui, en présence d'un amateur auquel il refusait de vendre un certain oignon de Tulipe, même aux prix les plus extravagants, finit par écraser l'oignon désiré, afin que « nul au monde ne pût désormais en contempler la beauté » ; c'est ainsi qu'il s'exprima, tandis que le talon de sa botte broyait en germe l'innocente fleur.
Il était naturel qu'une telle passion multipliât presque indéfiniment le nombre des variétés de la Tulipe. C'est ce qui est arrivé en effet, puisqu'on en compte plus de deux mille aujourd'hui, auxquelles on a donné, pour en augmenter l'importance, les dénominations les plus pompeuses et les plus absurdes, telles que Henri-le-Grand, Beauté incomparable, Gloire du monde, Rose invincible, Triomphe de Flore, Splendeur de la vie ... Je vous fais grâce des autres.
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Tulipe (Tulipa) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Féminin
Planète : Vénus
Élément : Terre
Pouvoirs : Gains matériels ; Amour attachement.
Les Anciens, s'ils l'ont connue, n'en parlent pas. Plusieurs botanistes pensent que les « lis rouges » observés au Levant par le voyageur Pierre Bellon étaient des Tulipes. C'est possible, toutefois il faut attendre encore quelques années pour que ce nom soit mentionné pour la première fois, en 1554, par Busbecq, ambassadeur de Ferdinand 1er d'Allemagne (le frère de Charles Quint) auprès de Soliman le Magnifique. Busbecq dit avoir vu avec étonnement, au cœur de l'hiver, des sortes de narcisses, mais plus gros, que les Turcs appellent tulipam. C'est lui qui rapporta des oignons à Vienne où la mode semble avoir pris très rapidement ; en 1561, un pépiniériste d'Augsbourg nommé Fuggers en propose dans le commerce ; l'année suivante, un marchand d'Anvers reçoit de Constantinople une « pleine cargaison » de bulbes.
L'engouement gagna la France et l'Angleterre. Pour un bulbe appelé «Mère Brune », un gros meunier d'Alençon céda son moulin. Les nobles désargentés virent là une aubaine, et une variété, bien vite baptisée « Mariage de ma fille », servit à pourvoir en dot des demoiselles qui auraient probablement été laissées pour compte sans les précieux oignons.
Mais c'est en Hollande, au début du XVIIe siècle, que la Tulipenwoede (tulipomanie) prit une allure de folie collective. Dans ce pays, en effet, les innocentes Tulipes furent à la base d'un énorme scandale financier, égal à ceux de la Compagnie du Mississippi (John Law, 1720) et de l'affaire du Panamá (1892-1893). Du fait de la montée en flèche des prix, tout Hollandais et son voisin « faisait de la Tulipe ». Au début tout le monde était gagnant; les prix montaient toujours. On commença à emprunter, voire à hypothéquer ses biens, pour acheter des bulbes dans l'espoir de les revendre avec un substantiel bénéfice quelques mois ou quelques semaines plus tard. Dans les premiers temps, la spéculation était seulement en effervescence entre le mois de juin (où les bulbes sont sortis de terre) et septembre-octobre (où on les remet en terre pour la floraison de printemps). Mais bien vite les tulipomanes découvrirent les frissons et les affres des achats et ventes « à. découvert ». Un marché à terme s'installa, parfaitement rodé, techniquement impeccable, avec ses systèmes de « report ». Rien n'y manquait, pas même les mécanismes des « options » et du « stellage ». On se mit à spéculer tout au long de l'année, achetant, vendant sur le papier des Tulipes que l'on ne voyait jamais, que l'on ne recevait pas et ne souhaitait pas recevoir. Le marché devint purement fictif. Il se négociait trois fois, cinq fois plus de bulbes qu'il n'en existait réellement sur le marché. Ajoutez à cela l'extrême facilité des fraudes, puisque rien de l'extérieur ne permet de distinguer un oignon d'un autre...
Le «Jour noir des Tulipes » arriva au début du printemps de 1637.
Effondrement brutal des cours. Ruée des vendeurs paniqués, qui ne trouvaient plus d'acheteurs en face d'eux. Pour essayer en vain de redonner confiance au public, un gros négociant de Leyde alla jusqu'à monter de toutes pièces une fausse séance de « bourse aux Tulipes », faisant monter des prix entièrement fictifs par ses employés et commis. Les Hollandais, hébétés, apprenaient chaque jour la ruine ou le suicide des personnalités les plus en vue. Le krach secoua la nation à un point tel que des délégations furent envoyées des principales villes hollandaises à Amsterdam pour assainir la situation et esquisser les bases d'une réglementation (1).
Utilisation magique : Ce nom Tulipam, rapporté par l'ambassadeur d'Allemagne, vient lui-même de tolipend = turban en turc. Plusieurs contes turcs et persans établissent des rapports magiques entre un oignon de Tulipe et le couvre-chef national des Orientaux. Les différences que nous rencontrons en examinant cette plante bulbeuse si populaire ne sont pas celles qui existent entre monde latin et monde anglo-saxon, mais entre Orient et Occident. En Perse comme aux Indes, cette fleur semble représenter l'amour malheureux. Dans la Rose de Bakawali, conte hindoustani, en décrivant la magnifique fée de l'aurore Bakawali, on dit « que la Tulipe s'était plongée dans le sang à cause de la jalousie que lui inspiraient ses délicieuses lèvres vermeilles (2) ». En quittant la fée, Taj-ulmuluk ajoute : « Je quitte ce jardin en emportant dans mon cœur, comme la Tulipe, la blessure de l'amour malheureux. Je m'en vais la tête couverte de poussière, le cœur saignant, la poitrine brûlée. »
Dans le Touti-Nâmeh (Livre du perroquet) persan, un conte montre une femme jalouse cachant un oignon de Tulipe dans les plis du turban de son époux ; celui-ci a en effet une maîtresse qui ne tarde pas à lui faire de violentes scènes et à le quitter.
Cette tradition ne semble pas avoir gagné l'Europe où la plante a partout une réputation « bénéfique ».
La curiosité naturelle qu'est la Tulipe à deux fleurs (phénomène assez rare qui peut se produire sur toutes les variétés) est l'équivalent du trèfle à quatre feuilles : un porte-bonheur de premier choix pour celui qui la trouve.
Note : 1) Wilfrid Blunt, Tulipomania, Londres, Penguin books, 1950. Cette période de folle spéculation aux Pays-Bas sert de toile de fond et d'intrigue au roman d'Alexandre Dumas la Tulipe noire.
2) Voir la jalousie d'Aphrodite à propos du lis ; dans le labyrinthe de la mythologie grecque, il est fréquent qu'une déesse éprouve de la jalousie à l'égard d'une jolie fleur, et vice versa.
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Sheila Pickles écrit un ouvrage intitulé Le Langage des fleurs du temps jadis (Édition originale, 1990 ; (Éditions Solar, 1992 pour la traduction française) dans lequel elle présente ainsi la Tulipe :
Mot clef : Tulipe rouge : Déclaration d'amour
Tulipe panachée : Admiration
Tulipe jaune : Amour sans espoir
Moi, je suis la tulipe, une fleur de Hollande ; Et telle est ma beauté, que l’avare Flamand Paye un de mes oignons plus cher qu’un diamant, Si mes fonds sont bien purs, si je suis droite et grande.
Mon air est féodal, et, comme une Yolande Dans sa jupe à longs plis étoffée amplement, Je porte des blasons peints sur mon vêtement, Gueules fascé d’argent, or avec pourpre en bande.
Le jardinier divin a filé de ses doigts Les rayons du soleil et la pourpre des rois Pour me faire une robe à trame douce et fine.
Nulle fleur du jardin n’égale ma splendeur, Mais la nature, hélas ! n’a pas versé d’odeur Dans mon calice fait comme un vase de Chine.
Théophile Gautier (1811-1872), "La Tulipe" in Poésies nouvelles et inédites.
Savez-vous que l'on trouve, assez communément, des Tulipes sauvages dans nos prés et nos champs ! C'est une jolie petite fleur jaune (Tulipa sylvestris), qui se plaît en plein soleil. Mais la tulipe que l'on cultive dans les jardins vient de Turquie et de Perse, et elle est auréolée d'une riche histoire.
Sa naissance a donné lieu à maintes légendes. L'une d'elles évoque une princesse persane, Ferhad, amoureuse d'un jeune homme, Shirin, parti pour un long voyage. Désespérée de ne pas le voir revenir, elle partit à sa recherche à travers les déserts brûlants. Exténuée, elle s'évanouit sur des pierres aux arêtes tranchantes, qui la blessèrent ; des gouttes de son sang naquirent d'éclatantes Tulipes rouges. Depuis, chaque année, les jeunes gens de ce pays offrent ces fleurs écarlates à leurs amoureuses, en gage d'amour.
En Europe, cette fleur orientale, sensuelle et féminine, a cristallisé les désirs les plus profonds de tout le continent. Des marchands vénitiens ramenèrent les premiers bulbes au XVIe siècle. Elle déclencha les passions, surtout dans les pays du Nord - particulièrement en Hollande -, durant tout le XVIIe siècle. Des fortunes se firent et se défirent, et certains bulbes atteignirent des prix exorbitants (La Bruyère a dressé un portrait féroce de l'amateur de tulipes, dans les Caractères). Aujourd'hui, si l'on cultive toujours les grosses Tulipes hybrides, on apprécie de nouveau les Tulipes "botaniques", petites fleurs fraîches et pleines de charme.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Dans les croyances européennes, et particulièrement en Hollande, la tulipe est bénéfique et celle qui comporte deux fleurs porte bonheur. Dans un récit populaire anglais, des elfes soignent les tulipes et protègent ceux qui les cultivent.
Si, dans le langage des fleurs, la tulipe signifie "déclaration d'amour", elle semble représenter l'amour malheureux dans les croyances hindoues et persanes. Dans un conte hindoutani, la Rose de Bakawali, la tulipe, jalouse des lèvres vermeilles de la fée de l'aurore (Bakawali), "s'était plongée dans le sang". On y lit également ces quelques phrases : "Je quitte ce jardin en emportant dans mon cœur, comme la tulipe, la blessure de l'amour malheureux".
Le nom de "tulipe" vient du turc tulipam, lui-même dérivé de toliped ou turban : "Plusieurs contes turcs et persans établissent des rapports magiques entre un oignon de tulipe et le couvre-chef national des Orientaux".
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Selon Des Mots et des fleurs, Secrets du langage des fleurs de Zeineb Bauer (Éditions Flammarion, 2000) :
"Mot-clef : L'Amour ; La Perfection.
Savez-vous ? : C'est vers les années 1550 que les premiers bulbes de tulipe arrivèrent en Europe, cadeau que fit Soliman le Magnifique à Ferdinand de Habsbourg. Le botaniste Charles de l’Écluse est à l'origine de la culture intensive des tulipes en Hollande au XVIe siècle.
Usages : Dans les pays musulmans d'Asie, la tulipe blanche accompagne certains rites. Sa couleur et sa forme rappellent les turbans des imams et des mollahs, la couleur verte de la tige et des feuilles, celle du paradis de l'Islam.
Légende : La légende raconte que la tulipe était la fleur des amoureux et des amants ; les sultans de l'empire ottoman tranchaient la langue de leurs jardiniers afin que ces derniers ne puissent jamais raconter toutes les intrigues amoureuses qui se déroulaient autour des parterres de tulipes.
Message : Nous partageons un amour parfait."
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D'après Nicole Parrot, auteur de Le Langage des fleurs (Éditions Flammarion, 2000) :
"Simple, double ou panachée, la tulipe vous enchante. Pourtant, méfiez-vous d'elle. Son histoire le prouve, elle peut rendre fou. Offerte à une femme, elle parle net et ne s'embarrasse pas de formules creuses. Elle lui dit : "Tu as de beaux yeux. Tu triomphes. Je suis à toi". Envoyée à un homme comme aux siècles passés, elle lui témoigne une profonde estime, une confiance sans faille et lui promet une durable amitié. A tous deux, elle annonce la renommée.
Découverte par les botanistes hollandais dans les jardins du sultan de Constantinople au XVIe siècle, en un voyage interminable, elle subit les cahots de la malle-poste. Sitôt débarquée, elle se diversifie en une variété infinie de formes et de couleurs. Et déclenche une passion irrépressible, la tulipomanie. On spécule, on vend ses biens, on se ruine pour acquérir des oignons nouveaux. Au mariage de Louis XIII, le bulbe de tulipe se vend au prix du diamant. Rubens élève de hauts murs autour du jardin secret où il collectionne les espèces rares et bientôt La Bruyère, dans ses Caractères, décrit un doux maniaque, l'amateur de tulipes :
"Vous le voyez planté et qui a pris racine au milieu de ses tulipes [...] devant la Solitaire, il ouvre de grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse, il la voit de plus près, la quitte pour l'Orientale, oublie de dîner [...] il revient chez lui fatigué, affamé, mais fort content de sa journée : il a vu des tulipes".
Pas de doute, cette reine plaît autant aux hommes qu'aux femmes et ne cultive pas l'angélisme. Fanfan La Tulipe, sous les traits de Gérard Philipe, un brave de braves, la porte à la bouche pour monter à l'attaque et la reine mère d'Angleterre n'en orne pas ses chapeaux."
Mot-clef : "Si belle qu'elle peut rendre fou"
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Doreen Virtue et Robert Reeves proposent dans leur ouvrage intitulé Thérapie par les fleurs (Hay / House / Inc., 2013 ; Éditions Exergue, 2014) une approche résolument spirituelle de la Tulipe :
Nom botanique : Tulipa spp.
Propriétés énergétiques : Apporte grâce, équilibre et calme ; supprime les sources d'irritation ; soulage la colère ; évite les interruptions.
Archanges correspondants : Haniel, Raquel et Zadkiel.
Chakras correspondants : Chakra racine ; chakra sacré ; chakra du plexus solaire ; chakra coronal.
Propriétés curatives : Les tulipes dissipent les énergies qui provoquent de l'irritation et de la colère. Ces fleurs apaisantes vous aident à vous détendre et à mieux vous concentrer, même lorsque les circonstances semblent se liguer contre vous (par exemple un proche ou un collègue qui ne cesse de vous interrompre pour vous demander de l'aide). Dans les moments où vous avez la sensation de ne pas progresser, l'énergie des tulipes permet de rétablir l'équilibre, et tout se remet en ordre.
Message de la Tulipe : « Permettez à votre corps d'absorber mes énergies bienfaitrices. Débarrassez-vous de vos émotions négatives. Invoquez moi lorsque vous manquez de temps, pour vous-même ou pour votre travail. Il n'y a pas de meilleur moment que maintenant pour bénéficier de mes énergies curatives. Je vous soutiendrai et vous permettrai de vous en sortir avec clame et dignité. »
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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.
Les Artistes : la Rose, le Lilas, la Tulipe, le Narcisse, l’Edelweiss, le Lotus. Ils nous rappellent qu’au-delà des fonctions vitales, nous avons besoin de nous émerveiller, d’incarner et de nous éveiller à la magie du monde. Bien qu’elle puisse sembler accessoire, cette famille a un rôle fondamental dans l’équilibre de la planète.
[...]
Chaque sentiment, chaque émotion même la plus sensible,
dispose d’une couleur, d’une forme et d’une qualité pour être exprimé.
Les Artistes : C’est tout un art de trouver le mot juste, de choisir l’expression exacte qui correspond à nos sentiments, à nos émotions. C’est tout un art de réussir à se faire comprendre et à toucher le cœur de l’autre. Les fleurs savent nous toucher pas seulement parce qu’elles disposent à travers leurs couleurs, leurs formes, leurs symboles d’une richesse d’expression illimitée, mais surtout parce qu’elles viennent toucher chez nous des sentiments forts tout en restant elles-mêmes sensibles et fragiles. C’est pourquoi les Roses, les Iris, les Marguerites, les Chrysanthèmes ou les Orchidées sauront toujours nous accompagner pour parler d’amour, de pardon, de remerciement.

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La valeur n'est pas dans le prix
de ce qui est vendu,
Mais dans le regard
de celui qui achète.
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Elle est considérée comme la Reine des fleurs à bulbe. La Tulipe est une fleur ordinaire, colorée, simple, élégante. Elle existe pratiquement dans tous les tons, des plus vifs aux plus pastels. On retrouve à travers les différentes variétés sensiblement toutes les nuances de rose, violet, jaune, rouge, orangé, bigarré. On plante ses bulbes dès l'automne et avant les grands froids dans une terre bien drainée et ensoleillée. Les tulipes aiment être plantées en grands groupes pour offrir aux champs et aux plaines leur grande diversité de couleurs. Elles sont symboles d'intelligence collective, de colonisation, d'aménagement. Cette fleur connaît un grand succès auprès des jardiniers tant elle est simple et de compagnie facile. Elle se plaît en pot, en massif, en pleine terre. La tulipe, Qu'on surnomme la Fleur des Sultans, nous vient du Moyen-Orient, où elle est considérée depuis le XVIIe siècle comme le joyau secret de Perse. Dans le même temps, elle pousse à l'état sauvage au pied de l'Himalaya. Son nom tulipan signifie « turban » car les Sultans piquaient une Tulipe sur leur turban pour affirmer leur charisme. Sa personnalité généreuse se construit une réputation au-delà des frontières. Elle séduit les cours d'Europe, d'Espagne, d'Italie et celle du Roi-Soleil, où la bourgeoisie ne jure que par elle. Mais c'est parce qu'elle y est accueillie comme une reine qu'elle s'installera aux Pays-Bas qui la choisiront - avec autant de déférence qu'elle le mérite - pour en faire une fleur emblématique. Symbole de luxe et de réussite, la Tulipe se paît aux Pays-Bas, apprécie les égards qu'on lui prodigue et s'y installe définitivement. Au fil des croisements, des rencontres, la personnalité de la Tulipe s'enrichit, ses couleurs se diversifient. Choyée et honorée, la Tulipe prend goût au luxe. Les riches marchands hollandais du XVIIe siècle investissent dans ce bulbe qui peut coûter des fortunes et se vend à prix d'or, à tel point que le bulbe de la Tulipe devient une monnaie d'échange et de commerce. En Hollande, de riches marchands vendent et achètent de confortables maisons sur les canaux avec des bulbes de Tulipe. Plus sa couleur est rare, plus les enchères flambent. De véritables titres de propriétés de bulbes s'établissent et s'échangent entre propriétaires, faisant encore grimper le prix de cette fleur délicate. La tulipe s'invite dans les plus riches demeures, elle investit les cercles du pouvoir de l'économie, de la politique. Elle s'impose partout. La tulipe provoque la convoitise, la spéculation, la popularité jusqu'à être responsable d'un véritable krach économique qui fragilisera tous les Pays-Bas. Bien que son goût n'aie rien d'exceptionnel, la Tulipe est comestible. Ses pétales comme ses bulbes peuvent êtres consommés et cuisinés. L'histoire a plusieurs fois les oignons de Tulipe à l'honneur en remplacement des pommes de terre au moment de famines, de guerres ou de crises, parfois délicatement préparés et présentés comme mets luxueux et originaux. Une fleur discrète et légère capable de s'adapter à tant de milieux, la Tulipe s'impose dans le règne végétal comme une fleur qui aura été capable de bouleverser la raison et l'économie de tout un pays. La tulipe est au peuple végétal ce qu'est l'Abeille au peuple animal, la conscience de l'intelligence collective.
Mots-clés : L'élégance - Le luxe - Le développement - La spéculation - La réussite - L'influence - La richesse - L'intelligence collective - La colonisation - Le rayonnement - La spoliation - La démesure - L'amour - Le couple.
Lorsque la Tulipe vous apparaît dans le tirage : C'est pour vous inviter à méditer sur votre rayonnement. Cette Artiste connaît le secret du succès et sait faire fructifier le talent, l'art, le génie, et le public. La tulipe a su se faire apprécier et reconnaître au fil de l'histoire comme un véritable produit de luxe, une unité de référence. Elle a influencé les valeurs, les mentalités. Certains ses ont ruinés pour la posséder. A quoi tient sa valeur ? A quoi tient votre valeur, votre réputation ? Chaque année, certaines marques, certains chanteurs, hommes politiques, leaders deviennent médiatiques presque du jour au lendemain en s'imposant dans les médias comme des figures incontournables de l'actualité puis disparaissent comme ils sont arrivés. La Tulipe vous interroge sur la valeur que vous vous donnez, sur la valeur que l'on vous donne, tant sur le plan professionnel, que sur le plan de l'influence. Par ailleurs, la Tulipe tient sa valeur de la diversité de tous les tons que sa communauté sait incarner. C'est la fleur de l'intelligence collective, de la beauté de l'harmonie. Chaque couleur correspond à une facette de votre personnalité. La Tulipe vient vous interroger sur l'harmonie de l'ensemble de votre œuvre.
Signification renversée : Dans sa position renversée, la Tulipe peut vous questionner quant à une mauvaise utilisation de votre fortune, de vos investissements. Peut-être vous focalisez-vous trop sur un projet, sur une action en perdant de vue la richesse et la complexité de l'ensemble de votre œuvre. La tulipe peut aussi vus questionner sur une trop grande tension que vous pourriez montrer à l'égard de certains de vos actes, de vos relations ou de vos activités. Lorsqu'elle apparaît dans sa position renversée, la Tulipe vous interroge sur les efforts que vous pourriez développer pour apparaître différent, unique. La Tulipe vous rappelle qu'il n'y a aucun effort à faire. La tulipe ne cherche pas à être différente de la Rose ou du Coquelicot. Elle l'est simplement, aussi la Tulipe renversée vous invite à vous faire confiance en plongeant dans l'authenticité de ce que vous êtes.
Le Message de la Tulipe : Je suis la Tulipe. Je t'apparais aujourd'hui pour te parler d'amour. Chaque fois tu te laisses toucher à entendre parler d'amour comme si c'était la première fois, tu reçois l'essence de l'amour, car l'amour est ton essence. Fais-tu confiance en l'amour. Peux-tu considérer l'amour comme une force vive une source inépuisable d'énergie et d'inspiration ? Lorsque nous sommes avec mes sœurs ensemble, nous formons toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et venons toucher même les cœurs les plus durs ou les plus fermés. Parfois tu sembles faire des efforts pour mettre en avant tes qualités ou ta spécificité. Ne cherche pas à impressionner qui que ce soit. Accepte d'être simplement toi-même. tu as souvent entendu ce conseil, mais peux-tu dire que tu l'adoptes totalement dans ton quotidien ? Il y a de la place pour chaque être ici. Si je viens te parler d'amour, ce n'est pas pour que tu te concentres sur l'être aimé mais sur le sentiment amoureux. Je t'aide à ressentir l'amour que tu peux te porter à toi-même. En accueillant ton naturel, en laissant ton être être traversé par la source de l'amour, tu retrouveras toute l'énergie dont tu as besoin. Tu rendras hommage à la beauté du monde.
Le Rituel de la Tulipe : La Tulipe noire est probablement la plus rare et la plus précieuse des Tulipes. Elle est considérée comme la muse des écrivains. D'Alexandre Dumas à Baudelaire, la Tulipe noire a inspiré les poètes, les écrivains. Et vous, quelle est votre muse ? Vous allez écrire aujourd'hui sur toutes les personnes qui vous ont inspiré. Il peut s'agir d'un parent, d'un ami, d'un conjoint ou de toute personne connue ou inconnue qui vous a réellement inspiré dans votre existence; A présent, concentrez-vous sur toutes les personnes que vous inspirez. Réalisez à quel point c'est en étant dans le cœur de votre authenticité que vous pouvez le plus influencer les esprits.
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Symbolisme onirique :
Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocab, que sur le plan de l'influence. Par ailleurs, la Tulipe tient sa valeur de la diversité de tous les tons que sa communautéulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),
"La langue des images a cueilli peu de ses mots dans les jardins du rêve ! Parmi les six fleurs qui figurent dans le compartiment végétal du vocabulaire symbolique courant, la tulipe se place en cinquième position, derrière la rose, le coquelicot, le nénuphar et la marguerite. Le tournesol la suit de près. Présente dans moins de 2% des scénarios de rêve éveillé, la tulipe s'impose surtout par les interrogations qu'elle suscite et l'atmosphère plutôt lugubre dont elle s'environne.
Les études relatives à chaque fleur apparaissant isolément sur la scène onirique conduisent d'ailleurs toutes là la même observation, surprenante. Chacune des fleurs paraît exprimer un inconfort psychologique, souvent mêlé de tristesse, qui s'oppose radialement à la joyeuse résonance qu'elle provoque dans la pensée consciente. Au fil des rêves dans lesquels se dressent, bien rangés, les turbans rouges des tulipes, le chercheur engagé dans une démarche naïve sent très vite s'effriter son illusion d'une investigation allègre ! Une plante raide et froide, que le rêve insère dans un décor sans joie, parfois même franchement douloureux, voilà ce qu'il rencontrera dans sa quête du sens.
Dans l'article consacré à la rose, nous montrons que l'onirisme dépouille assidûment cette reine des fleurs de son éclatante beauté, de son parfum sublime, au profit de roses artificielles faites de papier, tissus, porcelaine ou fer-blanc. Quel obscur dessein le rêve manifeste-t-il en transformant ainsi la fleur vivante en objet mort, fabriqué ? Ce mécanisme de l'imaginaire paraît concerner surtout la rose et la tulipe. Le rêve utilisera toutes les facettes de son talent pour dénaturer, au sens propre du terme, l'image de la tulipe. Non seulement il produira, çà ou là, une tulipe de marbre ou de verre, mais, alors même qu'il s'agira de la fleur réelle, il trouvera les mots aptes à la priver de fantaisie, de liberté, de naturel.
Geneviève, au cours de son vingt-troisième scénario, propose quelques phrases qui réunissent bien des aspects de la symbolique de la tulipe : "... Je vois, là... un scarabée en pierre... je marche dans le sable, d'une dune à l'autre... c'est absurde... ça ne mènera nulle part ! J'arrive dans un endroit où il y a des fleurs... des tulipes rouges... rouges... ou rouge et jaune... elles sont plantées un peu trop géométriquement à mon goût... c'est-à-dire pas vraiment naturel ! C'est une espèce de parterre... juste au bord du désert et on voit le sable à côté... [...] des souvenirs maintenant... que j n'arrive pas bien à situer... ça marche avec la maison de mon père... c'était les vacances... ma mère n'était pas morte..."
Nous reviendrons plus loin sur les thèmes d'enfance et du sable, qui apparaissent en liaison constante avec la tulipe. Il est préférable de préciser d'abord le portrait du symbole. Le nom de la tulipe vient du mot turc signifiant turban. L'observation ne retiendrait pas l'attention si deux des associations les plus fréquentes à proximité de cette fleur n'est pas justement la tête et les pieds. Une symbolique de la forme n'aura pas de difficulté à démontrer ce qui rapproche le turban et la corolle de la tulipe. Elle reconnaîtra de même que cette corolle est le prototype de toutes les cavités florales, de tous les vases, de toutes les matrices, de toutes les cavités féminines et maternelles.
La longue tige qui la supporte évoque, par son apparence et sa consistance, celle du nénuphar. Cela peut-il rendre compte du fait que, dans 60% des rêves où fleurit la tulipe, celle-là se trouve associée à des images étranges qui relient la profondeur aquatique à la surface, voire au ciel ? Un extrait du troisième rêve de Dominique illustrera ces corrélations : ".. Je vois une horloge aussi... et... un homme, en barque, qui rame et s'en va vers le soleil... [...] Là, ... une boule bleue est tombée du ciel, dans l'eau et... à cet endroit, une fleur énorme sort de l'eau... une fleur qui semble respirer... elle s'ouvre et se ferme de façon rythmée... une échelle de corde sort du cœur de la fleur et monte vers le ciel, tendue entre l'eau et le ciel... elle monte vers un endroit lumineux, jaune... là, je vois une petite maison, avec des moutons... y a beaucoup de fleurs... des tulipes surtout... des roses aussi..."
Il suffira de rapprocher les développements que nous proposons dans les articles consacrés à la rose et au nénuphar de ces éclairages jetés sur la tulipe, pour voir se dessiner la trame commune sur laquelle s'organise le langage onirique des fleurs ! Dominique voit une horloge, puis une fleur qui s'ouvre et se ferme de façon rythmée. L'analyse des corrélations montre que 80% des scénarios pris en référence exposent une chaîne d'associations construite à partir de telles images ou de thèmes apparentés : le rythme, l'horloge, les mouvements répétitifs et réguliers, l'ordre, l'alignement, l'éternité, la durée, la mort.
Le rythme et l'éternité ! Le temps mesuré et le temps absolu ! Les deux empreintes indélébiles engrammées par chaque personne au cours de la gestation. Souvenir ineffaçable, cordon ombilical virtuel, inscrit dans les couches les plus anciennes du système neuronique et qu'aucune main ne coupera jamais, sauf celle de la Mort.
La tulipe, plante sans parfum, au destin de fleur coupée, que le rêve place, dans plus de 70% des situations, près de la maison de l'enfance, près du lieu de la disparition du père ou, plus souvent, de celle de la mère, puiserait-elle sa substance onirique dans la terre où l'un des parents est enseveli ? L'ambiance funeste dans laquelle le rêve situe habituellement le symbole exprime non seulement la frustration d'amour, mais un parti pris de refus du besoin d'amour.
Ce que l'enfant ne pouvait plus recevoir, il a chois de ne pas le vouloir. Le rejet lui est apparu comme une meilleure défense qu'une souffrance exprimée, un deuil réalisé. Par ailleurs le chagrin, si vrai qu'il soit, s'accompagnera de l'intolérable soulagement ressenti à la faveur de l'effacement du parent disparu, ce rival de l'intrigue œdipienne. Un tel sentiment est si culpabilisant qu'il ne peut être évaporé dans la clarté de la conscience. Son refoulement, cependant, ne fait que renforcer la culpabilité.
L'imaginaire ne veut pas connaître les tulipes panachées, aux pétales ciselés, issues des habiles manipulations des obtenteurs d'hybrides. Il se réfère aux souches les plus simples. Dans 50% des rêves, les tulipes sont jaunes. Elles sont rouges dans 30% des situations. Les deux couleurs apparaissent ensemble dans près de 15% des scénarios, les autres productions oniriques étant réservées à la tulipe noire ! Dans l'article consacré au couple d couleurs "Rouge et jaune", nous montrons que celles-là se rapportent respectivement aux symbolisations paternelle et maternelle. La tulipe est l'un des supports les plus fréquents de l'expression du déséquilibre affectif vis-à-vis des composantes du couple parental.
Geneviève a été, très jeune, orpheline de mère. Mathilde a vu disparaître sa mère dans des circonstances particulièrement brutales, alors que la rêveuse était déjà une jeune femme. L'événement s'est produit moins de trois ans avant cette deuxième séance de cure. Le rêve commence par des images non équivoques : "Je vois quelque chose de réel, alors c'est gênant ! C'est une maison vide, fermée, avec des tulipes, des bacs de tulipes, rouges et jaunes, partout, dans l'herbe, dans des bacs... la seconde image c'est une tombe... celle de ma mère, entourée de fleurs... c'est tout... la maison vide, elle st réelle : c'est la maison de mon père, à M... depuis deux ans, je n'arrive plus à y aller... elle est ouverte, cette maison, mais je ne peux pas y entrer... surtout dans la cuisine... c'est la pièce où ma mère est morte..."
Béatrice avait douze ans lors du décès de sa mère. Nous extrayons de son deuxième rêve, exceptionnellement long, les phrases les plus significatives par rapport au symbole. Ces passages réunissent les thèmes du ventre et de la respiration rythmée, de la maison d'enfance et du sable. Les premiers mots du scénario sont une claire évocation du lien ombilical :
"Je vois un ventre... en fait je vois et je sens... c'est mon ventre qui se soulève... et voilà... c'est un ventre qui bat... je ne sais pas si je suis dedans ou si c'est mon ventre ! Je vois, maintenant, un train qui traverse la campagne... y a des fleurs le long de la voie... d'abord c'étaient des iris mais maintenant c'est des tulipes... rouges... (c'étaient les fleurs préférées de ma mère !)... maintenant, en fait, ce sont des prés entiers qui sont pleins de fleurs... y a des coquelicots, des tulipes... y a aussi des tulipes jaunes... c'est surtout rouge et jaune comme couleurs... il y a une maison... on passe, lentement, devant une maison qui est bizarre... une maison en brique rouge... elle est très austère... et, même, relativement hostile... [...] J'entre... la maison, qui était tellement hostile à l'extérieur est... déserte à l'intérieur ! On imagine que des gens ont dû y mener une vie agréable mais que, pour une raison X ou Y, un drame s'y est passé... et ses habitants sont partis... quelque chose qui est en rapport avec la mort, très certainement... [...] Là, maintenant, je vois un énorme sablier... c'est dans une ville et chacun, dans la vile, a son sablier... le sable coule et, quand il sera vidé, les gens meurent !... Chacun naît avec un sablier plus ou moins grand mais on ne voit la taille que de celui des autres... pas du sien ! Chaque sablier détermine la durée de la vie de celui qui le porte..." Dans la maison du drame, Béatrice s'octroie les bijoux qui ont appartenu à la mère, tuée par le père à coups de couteau. Le père la traite "comme une reine". Cette séquence, résumée à l'extrême, expose clairement l'ambivalence des sentiments de souffrance pollués par celui de la victoire acquise dans la compétition œdipienne. Dans le rêve de Béatrice le sable joue sans ambiguïté le rôle de comptable de la durée de vie.
Ces quelques phrases, réparties du début à la fin d'un très long texte, rassemblent les maillons de la chaîne d'associations, qui se forme naturellement autour de la tulipe imaginaire : le ventre maternel, le rythme, le temps compté, l'éternité, la maison d'enfance, l'absence, le jaune et le rouge, la mort.
40% des rêveuses ou rêveurs qui ont produit les scénarios soumis à l'étude ont été de jeunes orphelins de mère, 25% d'entre eux avaient perdu leur père pendant l'enfance. Mais ces circonstances dramatiques ne sont pas les seules qui puissent provoquer l'apparition d symbole dans le rêve. Une rupture affective précoce vis-à-vis de l'un des parents laissera des séquelles qui s'exprimeront par les mêmes manifestations oniriques.
50% des patients non orphelins qui ont vu fleurir la tulipe dans les jardins du rêve étaient encore, à ce moment de leur cure, en disposition de franche hostilité par rapport à l'une des membres du couple parental.
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Le praticien qui accueille des images de tulipes orientera son investigation vers l'état de la relation du rêveur à chacun de ses parents. Dans la plupart des cas, il découvrira - si cela ne lui est pas déjà connu - un déséquilibre dans le rapport à ces pôles essentiels de l'affectivité. Que la dysharmonie soit le résultat d'un positionnement psychologique hostile, qui s'est élaboré dès l'enfance, ou qu'elle découle de la mort de l'un des parents, elle appelle la même relation positive, équilibrée, aux deux images parentales.
La tulipe du rêve, en turban jaune ou rouge, est révélatrice à la fois de la souffrance refoulée et de l'activation du processus résolutoire qui s'achèvera dans la prise de conscience.
Est-il nécessaire de le rappeler ? La dynamique de l'imaginaire est l'une des rares possibilités de modification réelle de la relation du psychisme à l'image d'une personne disparue."
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Contes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
TULIPE. — D’après un conte populaire anglais, les Elfes prennent un soin tout particulier des tulipes et protègent ceux qui les cultivent. En Perse et dans l’Inde, la tulipe semble représenter l’amour malheureux. Dans la Rose de Bakawali, conte hindoustani, en décrivant la belle fée du ciel Bakawali, on dit que « la tulipe s’était plongée dans le sang, à cause de la jalousie que lui inspiraient ses charmantes lèvres ». En quittant la fée, Taj-ulmuluk ajoute : « Je quitte ce jardin en emportant dans mon cœur, comme la tulipe, la blessure de l’amour malheureux. Je me retire, la tête couverte de poussière, le cœur saignant, la poitrine brûlée.
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Dans la collection de contes et légendes du monde entier collectés par les éditions Gründ, il y a un volume consacré exclusivement aux fleurs qui s'intitule en français Les plus belles légendes de fleurs (1992 tant pour l'édition originale que pour l'édition française). Le texte original est de Vratislav St'ovicek l'adaptation française de Dagmar Doppia. L'ouvrage est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire ; la Tulipe raconte la sienne dans un conte venu des Flandres et intitulé " La fileuse et ses trois petites sœurs nées des tulipes " :

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