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Le Coudrier



Étymologie :


  • AVELINE, subst. fém.

ÉTYMOL. ET HIST. − xiiie s. bot. avellane « espèce de grosse noisette » (Guill. de Tyr, II, 332 ds Gdf. Compl. : Noisettes de coudres que l'en claime avellanes et chasteignes seiches) ; forme avellane, avelaine bien attestée jusqu'au xvie s. (Cotgr. 1611), avellane repris au xix e ; 1898 (J. Richepin, Contes de la décadence romaine, p. 76) ; 1898 avelane (Nouv. Lar. ill.), synon. de noisette ; 1393 aveline « id. » (Ménagier, éd. Sté Bibliophile fr., t. 2, p. 271 ds Fr. mod., t. 23, p. 301 : Buvrages de avelines Eschaudez-les et pelez...). Empr. au lat. (nux) avellana « id. » (Celse, 3, 27, 4 ds TLL s.v., abella, 64, 64) : plutôt attesté sous la forme abellana (Caton, Rust., 8, 2, ibid., 64, 63) ; abellana subst. fém. (Pline, Nat., 15, 88, ibid., 64, 64) ; dér. de Abella, nom d'une ville de Campanie.


  • COUDRIER, COUDRE, subst. masc.

Étymol. et Hist. A. xie s. judéo-fr. coldre (Glose de Raschi, éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, n°227) ; 1160-70 codre (M. de France, Lais, éd. J. Rychner, Chevrefoil, 51) ; ca 1179 noiz de coudre (Renart, éd. M. Roques, branche I, 119) ; qualifié de ,,v. lang.`` par Ac. Compl. 1842. B. 1503 couldrier (J. Le Maire, Illustr. [éd. 1512], I, 215, Stecher ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 497) ; 1555 coudrier (Ronsard, Les Meslanges, Le Houx, éd. P. Laumonier, t. VI, p. 138). A empr. au lat. pop. *cŏlŭrus, réfection du lat. corylus (graphie hellenisante pour corulus, le mot étant considéré comme empr. au gr., v. TLL s.v.) sous l'infl. du celt. *collo < *coslo (v. Dottin, p. 248), cf. le dér. colurnus « de coudrier ». B. dér. de A, suff. -ier*.


  • NOISETIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1530 noisettier (Palsgr., p.220) ; 1546 noisetier (Est.). Dér. de noisette*; suff. -ier*.


  • NOISETTE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1225-30 «fruit du noisetier» noiseite (Guillaume de Lorris, Roman de la Rose, éd. F.Lecoy, 1350) ; 2. 1607 couleur de noisette (Advertissement Bovant Caillet de Neufchâteau ds IGLF) ; d'où elliptiquement 1769 noisette (Nouveau Teinturier parfait, I, 196, ibid.) ; 3. 1822 gastron. noisette de veau (A. Carême, loc. cit.) ; 4. 1888 « charbon » (Ser, Phys. industr., p.69). Dér. de noix* ; suff. -ette*.


Lire aussi les définitions de aveline, coudrier, noisetier et noisette afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Corylus avellana - Abélanié - Algouanié - Conrère - Courière - Colère - Colieure - Coudrière - Coudrier - Noiselier - Nozié - Neûzi - Ninsolé - Oulonié - Nougié -

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Botanique :


Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de la Noisette :


Le noisetier est un arbuste abondant dans les haies et les forêts de toute l'Europe. Son fruit a contribué à l'alimentation des hommes préhistoriques et on en a trouvé plusieurs traces dans des sépultures néolithiques. Son nom latin, Corylus, rappelle l'enveloppe en forme de casque qui recouvre la noisette et qui est en réalité une cupule, caractéristique dy groupe des cupulifères. Son nom spécifique Avellana, évoque la ville italienne d'Abella, en Campanie, réputée pour la qualité de ses noisettes. De Corylus découle le nom français de coudrier, et d'Avellana le terme d'aveline, réservé aux noisettes à longues cupules.


Quiconque a suivi pendant quelques années la croissance d'un noisetier n'aura pas manqué d'être frappé par son extrême rapidité. Sans doute est-ce pour cette raison que les Celtes en firent un symbole de vie et de fertilité. Ainsi peut-on le rapprocher de l'eau souterraine qui jaillit de la source. La baguette du noisetier, quand elle se cabre entre les mains d'un sourcier, indique la présence de l'eau aussi bien et parfois mieux que n'importe quelle étude géologique. On lui a aussi prêté maintes qualités divinatoires et autant de vertus contre l'impuissance, la calvitie, les ensorcellements, les luxations, les fractures, la phtisie, l'épilepsie... Aucune de ces propriétés traditionnelles n'a été confirmée. Toutefois, muni de sa baguette, un sourcier sorcier, dit-on, serait capable de retrouver des trésors enfouis ou de dépister des maladies résultant d'incantations. En fait, la baguette n'est ici qu'un support dont certains sourciers à l'exceptionnelle sensibilité peuvent se passer.

L'aire d'origine du noisetier s'étend sur presque toute l'Europe. Quelle que soit l'époque, il a toujours été une espèce propre à la cueillette. Son abondance et son comportement pionnier dans les formations boisées ont de tout temps facilité l'accès à ses fruits. La France cultive aujourd'hui deux mille hectares de noisetiers dans le Sud-Ouest, ce qui couvre à peine 10% de la consommation. Le reste est importé de Turquie, d'Italie ou d'Espagne.

La noisette est particulièrement riche en matières grasses (60%) ; aussi représente-t-elle un aliment d'une exceptionnelle valeur nutritive : 657 calories pour 100, ce qui constitue une manière de record ! Elle est beaucoup plus digeste que la noix, surtout lorsqu'elle est sèche. Car l'huile de noix a tendance à rancir rapidement, ce qui n'est pas le cas de celle de noisette. Elle contient, par ailleurs, beaucoup de magnésium, de vitamines B1 et E, mais peu de vitamine C. Sa très forte teneur en vitamine E en fait un aliment du plus haut intérêt, à qui l'on peut pronostiquer une très brillante carrière, comme d'ailleurs aux autres fruits à coque : noix, châtaignes et amande notamment.

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Dans Petit Grimoire : Plantes sorcières, Les Sortilèges (Éditions « Au bord des continents... », mars 2019, sélection de textes extraits de Secrets des plantes sorcières) Richard Ely présente ainsi le Noisetier :


C'est un peu partout, dans les haies sauvages comme aux abords des forêts, que pousse le noisetier, coudrier ou avelinier. L'arbrisseau de la famille des Bétulacées est volontaire, mais craint les températures extrêmes. C'est pourquoi il évite les sommets comme le pourtour méditerranée, où il se fait plutôt rare comparé à son foisonnement partout ailleurs en France.

Il hisse ses branches jusqu'à quatre mètres de haut. Il porte l'écorce fine, se détachant en lamelles le long de ses troncs multiples. Sa feuille se reconnaît aisément à son acumen, cette pointe qui pare son extrémité. Un feuillage denté et poilu qui donne à l'arbuste un air sorcière s'il en est. Autre particularité, sa floraison précoce, bien avant les feuilles, de janvier à mars.

Discrète pour les femelles : de petites fleurs rouges posées à même les rameaux. Plus remarquée pour les mâles : des fleurettes groupées en de longs chatons dotés. Le fruit régale nos papilles dès septembre de son amande comestible protégée d'un péricarpe ligneux. Les Romains l'appelaient d'ailleurs corolus, du grec kortus qui signifie le casque, en référence à la forme coriace qui protège la graine. Enfin, les vergers et jardins l'accueillent volontiers, pour ses nombreuses qualités à commencer par la succulente aveline...

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


La noisette, Corylus avellana, est le seul fruit sauvage qui soit récolté pour en tirer de l'huile. Dans certaines montagnes, à Pragondran par exemple, quelques paysans n'en consomment pas d'autres pendant l'hiver.




Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


NOISETIER OU COUDRIER. Il est des contrées où les paysans vont frotter sur la tête ou les pieds d'un saint, de bois ou de pierre, une baguette de noisetier, préparée à cet effet, dans la persuasion où ils sont qu'en en frottant ensuite leurs bestiaux , cela les préservera non- seulement des maléfices, mais encore des maladies.

En Bretagne, on déposait jadis, auprès de la couche nuptiale, une corbeille pleine de noisettes, attendu, disait-on, que ce fruit, renfermé dans une double enveloppe, est l'image de l'enfant dans le sein de la mère.

Mais ce qui a valu surtout au noisetier ou coudrier une grande célébrité, c'est la superstition de la baguette divinatoire, faite avec une de ses branches les plus légères, et que les charlatans appelaient encore caducée, verge d'Aaron, bâton de Jacob ; puis verge luisante, ardente, transcendante, tremblante, etc. Cette baguette devait tourner d'elle-même dans la main, pour indiquer des sources cachées, des trésors, des mines, etc. Quelques exploiteurs cependant remplaçaient le coudrier par des branches d'amandier , de laurier, ou des troncs d'artichauts ; d'autres prétendaient qu'il n'était bon que pour chercher l'or et l'argent ; qu'il fallait employer le frêne pour le cuivre ; le pin sauvage pour le plomb, et que, pour trouver l'or, il était même indispensable d'ajouter des pointes de fer à la baguette, que l'on devait aussi avoir coupée durant la pleine lune.

La manière la plus commune de se servir de la baguette divinatoire était de prendre une branche fourchue de noisetier, de quarante-huit centimètres de long et grosse comme le doigt. On saisissait alors les deux branches de la fourche dans ses deux mains, sans beaucoup serrer, de manière que le dessus de la main fut tourné vers la terre, que la pointe allât en avant, et que la baguette fût parallèle à l'horizon. Il fallait marcher doucement. D'autres portaient la baguette en équilibre sur la main , ou la tenaient en appuyant un bâton un peu courbé, avec les deux mains, le dessus de la main du côté du visage.

Jacques Aymar, paysan de Saint-Véran, près de Saint-Marcellin, en Dauphiné, se rendit très célèbre dans cette jonglerie, sous la régence du duc d'Orléans Il prétendait découvrir, avec sa baguette, non seulement les eaux, les mines et les trésors cachés sous terre, mais encore les cadavres de ceux qui avaient été assassinés, leurs meurtriers, et même les traces de ces meurtriers. Le régent le fit venir à Paris, et toute cette cour, composée en grande partie d'esprits forts qui ne croyaient pas en Dieu, fut cependant émerveillée des soi-disants miracles opérés par Jacques Aymar. Cet astre du charlatanisme perdit son éclat, comme cela devait être, lorsqu'on suivit sérieusement l'une de ses opérations.

Peu d'années avant la révolution de 1789, les magiciens bretons causaient encore l'admiration, dit-on, avec la baguette divinatoire. Il semblait que cette baguette merveilleuse s'était brisée aux clartés des lumières du XIX siècle, sous les rails des chemins de fer ; mais voilà qu'en 1850, un journal des Hautes-Pyrénées, La conciliation, racontait ce qui suit à ses lecteurs : « Le célèbre abbé Paramel a trouvé un rival dans nos contrées : Romain Ortigué, âgé de quatorze ans, vient, à l'aide de sa baguette fourchue de coudrier, de doter de nouvelles sources notre vallée déjà si favorisée. Plusieurs prairies qui n'avaient jamais été arrosées sont, grâce à lui , couvertes de verdure, et plusieurs hameaux doivent à son talent les belles fontaines dont ils étaient jadis dépourvus. Des expériences souvent renouvelées témoignent en faveur du don merveilleux de Romain Ortigué : on enfouit dans la terre une pièce d'or ou d'argent, on efface avec soin les traces qui pourraient en faciliter la découverte ; mais c'est en vain que l'on prend toutes ces précautions, Romain arrive, les yeux bandés, sa baguette joue, et lui fait connaître le trésor si rigoureusement caché. Ces faits authentiques sont connus de tous les habitants de Campan : nous laissons à la science le soin de les expliquer. »

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cet arbre sorcier :


Hiver - Février.

COUDRIER - PAIX, RÉCONCILIATION.

Il fut un temps où aucun lien n'unissait les hommes entre eux ; sourds aux cris de la nature, l'amant abandonnait sa maitresse en sortant de ses bras ; la mère arrachait à son fils expirant un fruit sauvage dont il voulait apaiser sa faim. Le malheur les réunissait-il un moment , soudain la vue d'un chêne chargé de glands, ou d'un hêtre couvert de faines, les rendait ennemis. Alors la terre était remplie de deuil. Il n'y avait ni loi, ni religion, ni langage : l'homme ignorait son génie ; sa raison sommeillait, et souvent on le vit plus cruel que les bêtes féroces, dont il imitait les affreux hurlements. Les dieux eurent pitié des humains ; Apollon et Mercure se firent des présents et descendirent sur la terre. Le dieu de l'harmonie reçut du fils de Maïa une écaille de tortue dont il avait fait une lyre, et lui donna en échange une verge de coudrier, qui avait la puissance de faire aimer la vertu, et de rapprocher les cœurs divisés par la haine et l'envie. Ainsi armés, les deux fils de Jupiter se présentent aux hommes. Apollon chante d'abord la sagesse éternelle qui a créé l'univers ; il dit comment les éléments furent produits, comment l'amour unit d'un doux lien toutes les parties de la nature, et enfin comment les hommes doivent apaiser, par des prières, le courroux des dieux : à sa voix, vous eussiez vu les mères pâles et tremblantes s'avancer, tenant leurs petits enfants entre leurs bras ; la haine fut suspendue, la vengeance s'enfuit de tous les cours. Alors Mercure toucha les hommes de la baguette que lui avait donnée Apollon. Il leur délia la langue, et leur apprit à peindre la pensée par des paroles. Ensuite il leur enseigna que l’union fait la force, et qu'on ne peut rien tirer de la terre sans un mutuel secours. La piété filiale, l'amour de la patrie naquirent à sa voix pour unir le genre humain, et il fit du commerce le lien du monde. Sa dernière pensée fut la plus sublime ; car elle fut consacrée aux dieux ; et il apprit aux hommes à s'élever jusqu'à eux par l'amour et la bienfaisance.

Ornée de deux ailes légères environnées de serpents, la baguette de coudrier, donnée au dieu de l’éloquence par le dieu de l'harmonie, est encore, sous le nom de caducée, le symbole de la paix, du commerce et de la réconciliation.

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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Coudrier - Réconciliation.

Chez les anciens, les envoyés qui demandaient un armistice se présentaient au camp ennemi avec une branche de coudrier à la main.

 

Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


NOISETIER - RÉCONCILIATION.

Hâtez-vous de vous réconcilier avec votre adversaire pendant que vous êtes en chemin avec lui, de peur que peut-être votre adversaire ne vous livre au juge et que le juge ne vous livre à son ministre et que vous ne soyez envoyé en prison.

Mathieu : V, 5.

Le noisetier est un arbrisseau d'une taille moyenne dont la tige droite, tachetée, se divise en rameaux flexibles. Les feuilles sont ovales, arrondies, dentelées et un peu pubescentes. Les chatons mâles sont réunis trois ou quatre au même point d'intersection ; ils se montrent vers la fin de l'hiver bien avant les feuilles. Les fruits portent les noms de noisettes ou d'avelines. Ce dernier nom lui vient du territoire de la ville d'Avella ou Abella dans la Campanie, où les noisettes sont excellentes. Cet arbre croit abondamment dans les haies, dans les bois, au bord des taillis, au nord comme au midi de la France.

Mercure fit un jour présent à Apollon, d'une lyre faite avec une écaille de tortue ; le dieu de la poésie lui donna en échange une baguette de coudrier qui avait la vertu de réconcilier les ennemis les plus acharnés dès qu'on les en touchait. Un jour qu'il se promenait sur le mont Cythéron, il rencontra deux serpents qui se battaient ; pour éprouver sa baguette il la jeta entr'eux. Aussitôt les reptiles cessèrent leur combat et s'entortillèrent autour de la verge, de manière que la partie la plus élevée de leur corps formait un arc. Mercure voulut depuis porter ainsi son caducée dont il fit le symbole de la paix. Il y ajouta deux ailes pour indiquer à la fois le dieu de l’éloquence et du commerce.

DU NOISETIER COMMUN.

Si nous comparons le noisetier commun aux autres grands arbres de nos forêts, nous le trouverons bien petit. Nous le préférons cependant sous beaucoup de rapports. Il ne porte point une tête qui se perd dans les nues, mais sa tige peu élevée se divise en branches touffues, inclinées, qui nous offrent, aussi bien que les arbres très élevés, des ombres basses, des bosquets de verdure, des retraites solitaires : leurs rameaux flexibles se prêtent plus aisément à la main qui veut en cueillir les fruits. Les fleurs n'ont point d'éclat, mais avec quel plaisir on les voit paraître, quand vers la fin de l'hiver, elles nous annoncent le retour du printemps ! que de titres en faveur de cet arbrisseau ! que de fois il a excité une aimable rivalité dans une jeunesse qui se dispute la possession de ces fruits ! Il a été le témoin de nos premières jouissances ; c'est notre ancien ami. Les premières émotions seront toujours chères à l'homme sensible et les objets qui les lui rappellent ne peuvent lui être indifférents. Telle est la cause de ce charme secret attaché aux plantes que d'ancien plaisirs ont mises en rapport avec nous.

Les Romains connaissaient anciennement les noisettes et en faisaient beaucoup de cas. Le noisetier, d'après Virgile, croissait au bord des bois, sous l'ombrage de l'orme. « Asseyons-nous ici entre ces ormes mêlés de coudriers. » (VIRGILE, Eglogue V.) Ailleurs, le coudrier est l'arbre que chérit de préférence la bergère Phyllis ; et le coudrier tant qu'elle continuera à l'aimer, l'emportera toujours, aux yeux de Corydon sur le myrthe et le laurier.

(Virgile, Eglogue VII.)

Si l'homme s'en était tenu à ces peintures riantes, à ces tableaux animés de la simple nature, on n'aurait point à lui reprocher d'avoir mêlé de dangereuses erreurs à la vérité ; mais guidé par l'amour du merveilleux, il a cherché à persuader que le coudrier possédait des propriétés occultes. L'on a cru pendant un certain temps, que ses rameaux flexibles avaient la faculté de s'incliner vers la partie de la terre qui renfermait des sources d'eau ou des métaux : de là l'invention de cette fameuse baguette divinatoire, employée avec profit par les charlatans et les empiriques.

Le coudrier est plus utile à l'économie domestique qu'à la médecine, cependant les noisettes donnent une huile douce, agréable, anodine, légèrement odorante qui peut remplacer l'huile d'amandes douces. Les racines de l'arbrisseau contiennent dans leur écorce un principe astringent, faiblement fébrifuge.

La grosse aveline qu'on obtient par la culture paraît au dessert sur les meilleures tables ; elle accompagne ordinairement les amandes à coque tendre, les raisins de Malaga et les figues de la Provence. Les confiseurs les recouvrent de sucre, et en font d'agréables dragées.

Le noisetier est propre à plusieurs usages domestiques, son bois est recherché par les ébénistes et par les vanniers; il fournit des tasses, des étuis, des petits cerceaux, des claies, etc.


RÉFLEXION.

La réconciliation avec nos ennemis qui se fait au nom de la sincérité, de la douceur et de la tendresse, n'est qu'un désir de rendre notre condition meilleure, une lassitude de la guerre et une crainte de quelques mauvais évènements.

(LA ROCHEFOUCAULT.)

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :

Coudrier - Paix, Réconciliation et aussi Évocation.

Le coudrier est une espèce de noisetier. C'est autour d'une branche de coudrier que Mercure tenait à la main, que s'enroulèrent les deux serpents qui se battaient et dont ce dieu fit le caducée. On prétend aussi que Moïse frappa le rocher avec une baguette semblable, lorsqu'il en fit jaillir l'eau qui manquait aux Hébreux. C'est probablement en se fondant sur cette croyance, que les prétendus sorciers se servaient de la fameuse baguette de coudrier cueillie à minuit, le jour de Saint-Jean, pour découvrir les trésors el les sources cachées, pour évoquer les esprits, etc.


Noisetier - Promenade sentimentale.

C'est en automne, alors que la nature va bientôt se dé pouiller de ses ornements, que le noisetier livre ses fruits mûrs. C'est alors que l'on aime se promener à deux sous son vert feuillage, et à se rappeler les souvenirs du passé et à échafauder les projets d'un avenir de bonheur et de calme.

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Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) rappelle le caractère magique du coudrier :


II existe un autre arbuste qui trouve communément son emploi dans les haies, c'est le « Coudrier » (Noisetier, Aveline) ou Corylus Avellana L., bien connu magiquement dans la nature des baguettes divinatoires. Pour les Anglais, c'est hazel ou Wich-hazel, (anciennement hoesel) et pour les Allemands hasel, les Hollandais hazel. On fait dériver hazel de haga, hadja, vu précédemment ; et Wich est autrement le « Sorcier ».

Dans la mythologie germanique, le Coudrier était l'un des arbres préférés de Thor, le dieu du tonnerre, qui maniait la foudre (Odin, Jupiter, Zeus). Son aspect métallurgiste engendra l'emploi des tiges de Coudrier pour la recherche des filons d'argent et autres; de là encore l'idée des forgerons dans le sous-sol (Vulcanistes), sorciers souterrains ou étant eux-mêmes les filons métallifères. D'où la recherche prospective avec la plante préférée de Thor (Thèse rapportée par Friend, Conway, etc.).

On est là en pleine démonomancie utilitaire ; aussi, le hazel serait Wich-hazel, l'arbre-haie des Sorciers. Il est l'arbre magique des Allemands (Zauber-strauch) , tout comme la « Mandragore » est leur « racine » (Zauber-wurzel) (1).

Mais le Wich, quelle sorte de sorcier est-il ? C'est la propriété des tiges du Coudrier qui nous l'indique.

Vieil angl. Wice, Wych, Wicea (fem. Wicce) qui ont donné Wizard et Wich pour « sorcier », dérivent de Wican, Wicen, « plier, ployer, arquer, courber, fléchir ; to bent » (Friend, Flower and Flower-Lore).

La signification s'adapte bien au Coudrier dont on faisait autrefois des arcs pour attraper les oiseaux et pour piéger près des terriers, dont les tonneliers faisaient les cintres ou cercles de barils et que les chandeliers utilisaient pour préparer la chandelle commune « à la baguette » . Et ses tiges ont été à la base de l'instrument de divination et de prospection, la baguette divinatoire, la baguette de sourcier ou sorcier.

Ainsi, les sorciers Wiches ne sont pas à l'origine des jeteurs de sorts mais des devins-prospecteurs.

Le Coudrier que nous trouvons dans les haies n'est pas un support maléfique ou une animation ayant mauvais esprit.

Le Coudrier était une plante sacrée. La loi des Francs Ripuaires faisait prêter serment sur une baguette de cet arbuste ou sur un anneau. En beaucoup de régions nordiques on avait coutume, en certaines occasions, de jalonner la Place d'Armes et la Place du Tribunal de baguettes de Coudrier (Cari Clément in De Gorce, Histoire des Religions, Paris, Quillet, lre éd., pp. 457-466). [...]

Chez les Saxons, les sanctuaires étaient des bosquets de Coudrier ou d'Orme.


Note : 1) Un nom connu pour le Coudrier en Normandie et dans le Sud de l'Angleterre (donc postérieur à 1066) est fibert, de « Saint-Philbert » fondateur de l'Abbaye de Jumièges, mort en 684, et dont la fête au calendrier des Saints est au 20 août, époque où les noisettes sont mûres ; il ne paraît pas qu'il y eût là une opération de contre-magie comme on pourrait le penser.

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D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969, édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


« Cet arbre [le coudrier] et son fruit – la noisette – ont joué un rôle important dans le symbolisme des peuples germaniques et nordiques. Iduna, déesse de la vie et de la fertilité, chez les Germains du Nord, est libérée par Loki, transformé en faucon, qui l'emporte sous la forme d'une noisette. Dans un conte islandais, une duchesse stérile se promène dans un bois de coudrier pour consulter les dieux qui la rendront féconde. La noisette a souvent sa place dans les rites de mariage : au Hanovre, la tradition voulait que la foule criât « noisettes, noisettes » aux jeunes époux ; la mariée distribuait des noisettes au troisième jour de ses noces, pour signifier que le mariage avait été consommé. Chez les Petits Russiens de Vohlynie, au cours des repas de noces, la belle-mère jetait sur la tête de son gendre des noisettes et de l'avoine ; enfin, l'expression casser des noisettes était employée en Allemagne comme un euphémisme amoureux.

Il semble donc bien que cet arbre de la fertilité soit souvent devenu l'arbre de la débauche. En certaines régions d'Allemagne des chants folkloriques opposent au coudrier le sapin, comme arbre de la constance.

Ainsi, à la lumière des pratiques du Moyen Âge, s'explique le choix de la baguette de coudrier par les sourciers et chercheurs d'or : les métaux mûris dans le ventre de la Terre-Mère, de même que l'eau de source, expriment son inépuisable fertilité que provoque, par homéopathie, la baguette de ce bois. Mahhhardt signale qu'en Normandie on frappait trois fois la vache d'une baguette de coudrier pour qu'elle donne du lait ; des minutes d'un procès de sorcellerie, daté de 1596, en Hesse, il extrait la citation suivante : si dans la nuit de Walpurgis ladite sorcière avait battu la vache avec la baguette du diable, cette vache donnait du lait toute l'année. Ainsi le coudrier, arbre de fertilité, devient peu à peu l'arbre de l'incontinence, de la luxure, et enfin du diable. Le noisetier, dans les coutumes celtiques, sera souvent lié aux pratiques magiques. La mythologie germanique en fait un attribut du dieu Thor.


A l'entrée Noisetier on peut lire : "dans tous les textes insulaires, le noisetier, le sorbier et le coudrier (coll), qui ne sont pas toujours bien distingués les uns des autres dans la lexicographie, sont considérés comme des arbres à caractère magique. A ce titre, ils sont fréquemment employés par les druides ou par les poètes comme supports d'incantation. L'emploi le plus notable est la gravure sur bois des ogam ou lettres magiques. Le noisetier voisine dans cet usage avec l'if et le bouleau, et la noisette est assez souvent un fruit de science. Un des rois mythiques de l'Irlande se dit MacGuill, fils du coudrier.

Symbole de patience et de constance dans le développement de l'expérience mystique, dont les fruits se font attendre.

Il me fit alors pareille au noisetier

qui tôt fleuri dans les mois sombres

et longtemps laisse attendre ses fruits désirés.

(Hadewijch d'Anvers)"

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Noisetier (Carylus avellana) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Soleil

Élément : Air

Divinités : Hermès-Mercure, Artémis- Diane.

Pouvoirs : Fidélité conjugale, divination, guérison.


Année de nésilles (noisettes), année de filles : l'année où il y a beaucoup de noisettes, il naîtra plus de filles que de garçons (Franche-Comté).


Utilisation magique : Contre l'épilepsie, mettez dans une noisette, sans la casser, par un petit trou fait exprès et après avoir l'avoir vidée de son amende à l'aide d'une épingle, du vif-argent ; bouchez le trou, enveloppez la noisette dans un morceau de tissu écarlate, pendez-la au cou de manière qu'elle pende sur le creux de l'estomac à nu.

Une fille accepte-t-elle des noisettes de son amoureux ? Qu'elle ne s'avise surtout pas de les casser avec ses dents pendant la semaine qui précède la Toussaint ! Autrement, toutes ses dents seront gâtées pour Noël, et tombées pour Pâques.

Quand on entend pour la première fois le râlet (croassement) des jeunes crapauds au printemps, on prend une baguette de coudrier et on en frappe huit fois, sans reprendre haleine, le lit conjugal défait; on ne sera pas cocu cette année-là.

Pour que la vache menée au taureau retienne, il faut la frapper sur le flanc de cinq coups de baguette de coudrier; pour que la femme courtisée par un galant se retienne, il lui faut au moins le double de coups.

Les sorciers font pleuvoir en battant l'eau des mares avec des baguettes de Noisetier.

Avec une fourche faite de ce bois, on trace la nuit un cercle sur le sol; on se met au milieu et on force ainsi les saints à vomir (Basse-Bretagne).

Pendant la nuit de Noël, dans chaque buisson de Noisetier il y a une branche qui se transforme en rameau d'or; mais pour la cueillir, il faut se dépêcher avant que minuit ait achevé de sonner et la couper très vite sans regarder. Cette baguette, difficile à obtenir, égale, dit-on, en pouvoir celles des plus puissantes fées.

Si on prend une baguette de coudrier en forme de fourche et qu'on la tourne du côté où l'on a sa bonne amie, si on est aimé, la baguette s'incline d'elle-même vers la terre.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Arbre magique par excellence, consacré par les germains au dieu Thor, le noisetier ou coudrier, dont le bois servait de support aux lettres magiques des Celtes, est « symbole de patience et de constance dans le développement de l'expérience mystique, dont les fruits se font attendre ».

Dès la plus haute antiquité, on façonnait dans son bois les sceptres royaux et les baguettes magiques (ou divinatoires) utilisées dans a divination et la recherche des sources ou des trésors souterrains. Pour Angelo de Gubernatis, comme la noisette est une des formes botaniques de la lune, et que c'est « la lune qui découvre les trésors au milieu de la nuit, qui aide à découvrir le trésor caché », le noisetier a nécessairement le même pouvoir. Selon une croyance du XVIIe siècle, le jeune coudrier qui n'a pas encore produit de fruits se penche naturellement « du côté des veines minérales ».

Du temps des Romains, Mercure aurait reçu d'Apollon un bâton de coudrier dont il se servit pour calmer les passions des hommes et améliorer leurs vertus. C'est ce bâton, entouré de deux serpents et surmonté de deux ailes, plus connu sous le nom du caducée, qui devint l'emblème de la profession médicale. On dit encore à propos de la baguette de Mercure que ce dernier la jeta entre deux serpents qui se battaient : « Les reptiles cessèrent aussitôt la luette et s'enroulèrent fraternellement autour du petit bâton ; frappé de ce prodige, le dieu les immobilisa pour toujours dans cette posture et, de la figure ainsi formée, il fit le symbole de la paix ».

Aujourd'hui encore, on recommande de planter un noisetier près de l'entrée d'une maison pour protéger la sérénité du foyer, tandis qu'un morceau de son écorce constitue une amulette empêchant les querelles. En outre, deux amoureux en désaccord se réconcilient aussitôt s'ils cueillent ensemble des noisettes.

Pour porter chance au jeune couple, les Latins du temps de Pline brulaient, le jour des noces, des torches de noisetier, lequel fut également, rappelons-le, l'arbre de Thor, dieu associé à la fertilité. Frapper une vache d'une branche de noisetier garantit d'ailleurs le succès d'une saillie (Orne). La noisette, qui enfermée dans une double enveloppe est l'image de l'enfant dans le sein de sa mère, est plus encore que l'arbre qui la produit, considérée comme une promesse de fécondité : autrefois, dans de nombreuses régions, on déposait des noisettes, parfois bénies, au pied de la couche nuptiale. On peut aussi servir au repas de noces un dessert à base de noisettes ou, selon une coutume anglo-saxonne antérieure au jet de riz, faire en sorte qu'une femme ayant plusieurs enfants et de la même famille que la mariée lui en présente à la sortie de la messe.

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On appelle « pluies merveilleuses » des pluies formées d'objets, de végétaux et même d'animaux ! Ces faits prodigieux, accueillis avec la plus grande réserve par les scientifiques, ont été signalées depuis l'Antiquité et jusqu'à ces dernières années. Dans son ouvrage le Livre des damnés (1919), Charles Fort, journaliste américain (1874-1932) qui, dès l'âge de quarante-deux ans, se consacra aux mystères et phénomènes inexpliqués évoque des pluies de substances gélatineuses, de noue, de matières végétales, de feuilles mortes (qui tombèrent une demi-heure durant à Clairvaux en 1794 et pendant dix minutes en Indre-et-Loire, à Autrèche, en avril 1869), de lavande (à Oudon, Loire-Atlantique en 1903), de carbonate de soude, d'acide nitrique, de calcaire, de sel, de coke, de cendres, de serpents, de fourmis, de vers et de boulets de canons. Charles Berlitz, (Les Phénomènes étranges du monde, 1989) mentionne qu'il y a eu des déluges d'oiseaux et même de morceaux de viande saignante. [...]


Pluie de noisettes : Selon le Symons Monthly Meteorological Magazine, en 1867 se produisit à Dublin une pluie de « noisettes fossiles » : elle était si violente « que les policiers, pourtant pourvus de casques d'une résistance exceptionnelle, ont été obligés de chercher un abri pour se protéger de cette fusillade aérienne ! »

A Bristol, en mars 1977, un couple qui se trouvait dans la rue reçut une véritable « douche de noisettes » (environ quatre cents). Fait étrange, « non seulement il n'y avait pas de noisettes ailleurs dans la rue, mais les noisettes ne seraient pas de saison avant les mois de septembre ou d'octobre, et on était au mois de mars ! » De plus, les noisettes, qui se révélèrent mûres et très bonnes, tombèrent d'un ciel bleu où ne se trouvait qu'un seul nuage.

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) :


"C'est dans les légendes mythologiques et poétiques de l'Edda germanique que cet arbre figure en bonne place. En effet, le bâton de noisetier ou coudrier est l'un des attributs de Thor,le fils d'Odin, avec le marteau bien sûr, à l'aide duquel il frappe l'enclume, acte symbolique représentant sa force redoutable et sa colère terrible. Mais c'est en prenant appui sur son bâton de noisetier que lui remit la géante Grigr, dont le nom signifie "l'avide" ou "la violente", qu'il parvint à éviter la noyade dans la rivière Vimur ou "la pétillante" et à vaincre les géants. Ce bâton se nommait Gridarvörl, de Gridr, la géante et vörl ou völva, qui est le nom que l'on donnait aux baguettes magiques et divinatoires des voyantes.

Plus tard, au cœur du Moyen Âge, s'inspirant sans doute de cette légende de la mythologie germanique, le bâton de noisetier devint la baguette magique des fées, comme le bâton de coudrier, le cousin du noisetier, devint celui des sourciers. Ce fut aussi le bâton magique qu'Apollon remit à Hermès-Mercure, et grâce auquel ce dernier put exercer la médecine, soulager et soigner les hommes, mais aussi apaiser leur cœur et leur esprit de leurs maux et de leurs tourments. Ainsi, le bâton d'Hermès, autre baguette magique, autour duquel s'enroulent les deux serpents de la connaissance, devint le caducée, le symbole de la médecine encore en usage aujourd'hui."

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Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des noisettes :


Parmi les propriétés « merveilleuses » des plantes, il y a celle d’augmenter l’intelligence des hommes. [...]

Les noisettes (bunduq, Corylus avellana L.) ont les mêmes propriétés, et al-Qazwīnī, d’après Hippocrate, fait l’observation suivante : « Les noisettes renforcent le cerveau, et si elles sont consommées régulièrement, aiguisent la mémoire. » (Al-Qazwīnī, El Libro de las plantas, p. 99.)

 

Dans Petit Grimoire : Plantes sorcières, Les Sortilèges (Éditions « Au bord des continents... », mars 2019, sélection de textes extraits de Secrets des plantes sorcières) Richard Ely précise les caractéristiques magiques du noisetier :


L'Arbre à baguettes : En cas d'égarement dû à quelque lutin farceur, appelez-en au diable et au noisetier pour vous y retrouver. Coupez une branche de coudrier, faites par trois fois le signe de croix, tournez-vous vers l'endroit où la lune fait son lever et récitez : « Lune, je te commande de me désenchanter, au nom du grand Lucifer. » Cognez alors l'arbuste de votre baguette aussi fort que vous désirez qu'en soit frappé à son tour le sorcier qui vous a joué ce mauvais tour. Vous retrouverez votre chemin aussi vite que la gifle atteindra le malin ! La sorcière en a un usage certain comme le sourcier s'en sert pour trouver la souterraine rivière. Puissante, la baguette de noisetier se révèle pour tous une arme efficace pour frapper le jeteur de sorts mal intentionné. Légère, elle accompagne les bergères dans le Berry et les Vosges pour se protéger du diable et de ses sbires. L'aveline rompt la discorde des amoureux lorsqu'ils vont ensemble la cueillir. L'arbuste planté près de la maison confère sérénité dans le foyer.

Pour lui conserver tous ses pouvoirs, il faut de préférence couper la baguette en la veille de la Saint-Jean, en s'approchant de l'arbuste à reculons, sans bruit aucun, et passer ses mains entre les jambes pour atteindre la branche désirée. Elle vous révélera le lieu de trésors inouïs et vous indiquera à coup certain l'emplacement de l'objet de votre quête. Tenue de la main gauche et coupée au lever du jour d'un couteau neuf, elle se montrera tout aussi puissante et vous aidera alors à guérir les âmes meurtries et les corps malades. Sectionnée entre onze heures et minuit un mercredi de lune montante, la baguette servira dans ce cas à tracer pentacles et cercles magiques sur le sol. Mais arrachée lors de la nuit de Noël, elle se soumettra aux plus sombres sorciers pour que réussissent tous leurs maléfices.


Amulette : Prendre une noisette percée d'un ver. A travers l'orifice, l'évider au moyen d'une aiguille neuve. La remplir d'une plume de paon et de mercure. Boucher le trou à l'aide d'un morceau de soie rouge. La porter autour du cou afin de repousser tout sort ou maléfice.


Signature : Soleil

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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :


Sois souple : le Noisetier

« Mieux vaut plier que casser » est une devise que suivent beaucoup d’abres, et les humains peuvent aussi se l’approprier. Les arbres doivent pouvoir fléchir afin de ne pas être mis à terre par les rafales, et de la même façon nous devons nous adapter quand la vie nous met face à des imprévus. En termes de résilience et de souplesse, le Noisetier est le yogi des arbres. Il forme de lui-même des taillis, en produisant de nouvelles pousses à partir de la base chaque année. Ces tiges droites et souples sont d’une grande utilité pour les humains depuis des milliers d’années. « Solide, mais souple », c’est le Noisetier.

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Symbolisme celte :


Selon Thierry Jolif, auteur de B. A.-BA Mythologie celtique (Éditions Pardès, 2000),


"Les noix, les glands et les noisettes sont traditionnellement considérés comme des fruits de connaissance et de sagesse. Dans Le Voyage de Cormac au Pays de la Promesse, il est dit que les neuf coudriers de Buan laissaient tomber leurs fruits dans une source où cinq saumons les saisissaient, puis jetaient les coquilles dans cinq ruisseaux dont le bruit était plus doux que toute mélodie.

Le saumon symbolise la connaissance, et la source qui se trouve dans l'Autre Monde est bien évidemment la source primordiale, la source de toute vie. Extraite du Dindshenchas métrique, cette strophe est sans aucun doute plus évocatrice qu'un long discours :


"Du suc des noix, ce n'est pas une chose vulgaire, furent faites les coquilles d'inspiration qui descendent à tout moment des ruisseaux au flot vert." (Traduction Christian-J Guyonwarc'h, in Les Druides, Ouest-France, 1986, chapitre troisième, II, 8, Le chêne, le sorbier et le coudrier ; L'if et le pommier, p. 152)."

 

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Éditeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.

La famille des Maîtres comprend le Chêne, le Bouleau, le Houx, le Noisetier, le Pommier, le Saule et l’Aulne. Ils ont une fonction régulatrice et inspirante auprès du peuple végétal, du peuple animal et des humains. Ces arbres étaient déjà reconnus par les druides et regroupés dans le Bosquet des Druides.

Lorsque le disciple est prêt,

Le maître apparaît.


Dans la nature, les arbres aiment se rejoindre, se compléter, s'inspirer, se protéger. Leur place, qui peut sembler aléatoire, est en fait très cohérente sur un plan invisible. Dans la tradition celtique, sept arbres sacrés se retrouvent pour former ensemble le Bosquet des Druides Ils se réunissent et forment un cathédrale végétale à travers laquelle chacun peut exprimer au mieux son énergie. Ces arbres au nombre de sept sont le Bouleau, l'Aulne, le Saule, le Chêne, le Houx, le Noisetier et le Pommier. Lorsque dans la forêt, ils sont réunis en cercle, ils tiennent conseil et constituent le « bosquet druidique », lieu sacré, magique. Ce cercle végétal devient alors place d'initiation puissante, où les druides apprennent puis enseignent les secrets du monde de l'invisible. Le Bosquet des druides se positionne souvent près d'une source, d'une rivière ou d'une zone tellurique importante où toutes les connaissances cachées des arbres deviennent claires et accessibles aux initiés qui savent où se placer.


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Année de noisettes,

Année de disette.

Proverbe paysan

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Le Noisetier, également appelé Coudrier, est l’un des arbres les plus anciens du globe. Âgé de 70 millions d’années, il est l’une des rares espèces à avoir survécu depuis l’Ere secondaire. Sa grande faculté d’adaptation à des terrains arides en fait un arbre solide qui dispose d’une grande souplesse de caractère. Il peut vivre sur des terrains volcaniques, mais sa personnalité se plaît surtout dans les forêts de l’hémisphère nord. Arbre du Bosquet des Druides, le Noisetier entretient une relation particulière avec l’eau. Il est lié à la purification, et les licornes venaient se reposer à l’ombre de ses branches. Il prêtait ses rameaux aux sourciers pour fabriquer leurs baguettes et offrait ses grandes branches aux sorcières pour confectionner leurs balais. Ces fameux balais avaient vocation à nettoyer l’énergie négative des lieux. Très en lien avec le monde invisible, son esprit inspirait les druides dans leurs incantations. Le Noisetier est le Maître de la radiesthésie. Sa grande sensibilité est appréciée des radiesthésistes et des magnétiseurs, car le Noisetier repère aussi facilement les veines souterraines d’eau que les traces aurifères. Le jeune arbuste, lorsqu’il se plaît sur un terrain, devient un arbre solide qui atteint jusqu’à sept mètres. Son fruit, la noisette, est apprécié depuis dix mille ans. On a retrouvé des restes de noisettes fossilisées sur des sites de la Préhistoire. Si les noisettes sont appréciées des écureuils et des petits rongeurs, nous utilisons du Noisetier avec gourmandise son fruit, son huile, mais aussi ses feuilles, l’écorce de ses jeunes rameaux et ses chatons. Ses décoctions sont précieuses dans la médecine. Par sa capacité à purifier l’eau, le Noisetier est précieux pour rééquilibrer l’insuffisance veineuse (varices, phlébites). Le Noisetier jouit de capacités astringentes (qui ont la propriété de resserrer les tissus) et cicatrisantes. On l’utilise en onguents pour soigner les dermatoses, les plaies et les coupures. La noisette est hautement énergétique. Elle contient des sels minéraux et oligo-éléments (phosphore, soufre, fer, calcium, potassium, sodium, magnésium, cuivre…) ainsi que des vitamines E, A, B nécessaires à l’équilibre vital. Elle est recommandée pour les enfants et les femmes enceintes. De nature joviale et joyeuse, l’esprit du Noisetier porte bonheur. Autrefois, on jetait des noisettes sur les jeunes mariés et sous le lit nuptial. L’écorce, comme celle de ses frères le Frêne et le Tilleul, est fébrifuge ; elle adoucit les fièvres intermittentes. Par la qualité de ses fruits, la souplesse de ses branches et sa capacité d’adaptation, le Noisetier nous apparaît comme un arbre complet, riche et particulièrement inspirant.


Mots-clés : La purification – l’eau – l’intuition – la divination – les messages prémonitoires – la circulation des énergies – la protection – la fécondité – les jeunes enfants – l’abondance – l’économie – la richesse – la fortune – la sensibilité.


Lorsque le Noisetier vous apparaît dans le tirage : Il vient vous parler d’abondance et de sensibilité. Il vous rappelle que la Terre-Mère est généreuse et que la richesse est à votre portée pourvu que vous soyez dans cet état d’esprit d’ouverture, de sensibilité, de réceptivité et de confiance en la vie. Le Noisetier est le Maître de la sensibilité et de l’intuition. Il vous aide à incarner votre sensibilité tout en vous sentant sécurisé. Il vous accompagne pour retrouver la source de votre abondance, celle qui s’appuie sur la confiance et l’estime de vous. Lorsque vous n’êtes pas sécurisé, vous n’utilisez pas votre intuition spontanée, mais votre mental pour faire des choix raisonnables plutôt que justes. Vous sentez-vous en sécurité ? Si vous regardez en arrière, vous verrez que finalement les événements s’harmonisent généralement bien. Le Noisetier vous invite à vous choisir et à vous respecter. Il vous encourage à croire et à investir dans vos valeurs, dans votre talent et dans votre savoir-faire. Avant tout, le Noisetier vous encourage à suivre votre intuition, à écouter les changements subtils dans votre corps comme des indices pour vous signaler ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Le Noisetier vous aide à décrypter les signes en vous et autour de vous. Il vous enseigne à affiner vos perceptions. Faites confiance à votre intuition au moment de prendre une décision. Sentez-vous relié. Votre sang est l’eau de la terre. Vous êtes votre plus belle richesse. Le Noisetier vous aide à acquérir la sensibilité nécessaire pour vous connecter à votre mission de vie, à votre véritable nature. Le Noisetier peut également vous interroger sur votre notion du partage. Savez-vous partager équitablement ? Savez-vous vous accorder la part du lion ? Savez-vous vous choisir, prendre soin de vous ? Le Noisetier peut indiquer une peur de vous engager, de partager, un projet, une vie commune, une peur du changement, de l’investissement. Si vous freinez à vous engager, c’est que vous doutez des ressources de l’autre, et donc des ressources de l’Univers auxquelles vous êtes relié. Le Noisetier vous accompagne à assumer vos engagements. En vous connectant à votre infinie générosité, vous vous permettez d’offrir et de recevoir en abondance.


Signification renversée : Lorsqu'il est renversé, le Noisetier vous interroge sur une difficulté à offrir, ou à recevoir ce qui dans les deux cas, bloque le mouvement naturel de la vie et de l'abondance. Il vous invite à explorer votre rapport à l'argent, à l'investissement, à l'économie, au don. Vous autorisez-vous à attirer l'abondance ? La richesse ? La fortune ? Êtes-vous à l'aise avec ces notions ? Le Noisetier renversé vous rappelle que l'argent est une énergie qui a besoin de circuler. Il vous interroge sur votre propension à calculer, à anticiper, à contrôler plutôt que de vous appuyer sur votre intuition et de suivre le flux naturel de l'abondance qui vous traverse comme le torrent traverse la montagne. Le Noisetier renversé peut aussi vous inviter à prendre soin de vous et de vos économies. Soyez attentif à ne pas laisser un portefeuille traîner ou d'autres objets de valeur. Enfin, le Noisetier renversé peut vous alerter sur une carence en vitamine ou une nécessité de vérifier si votre alimentation est saine et adaptée.


Le Message du Noisetier : Je suis le Noisetier. Je suis porteur de la sagesse des anciens. Je me plais à vivre près des puits et des rivières auprès de qui je partage ma sagesse. Car la sagesse a besoin d'eau pour être transmise. Cette eau qui draine la terre, la nettoie et purifie le corps physique et les informations qui souvent se cristallisent dans ton corps. La sagesse ne sera jamais figée. Elle circule à travers mes racines, mon tronc, es branches, mes feuilles, le plus délicat de mes rameaux et jusqu'à mon fruit. Je me plais à offrir mes noisettes au Peuple Humain et Animal. Chaque fois que j'offre un fruit, mes branches se préparent à accueillir une nouvelle fleur qui donnera à son tour un fruit. Et toi, qu'offres-tu au monde ? Qu'oses-tu offrir ? Et comment offres-tu ? Attends-tu un remerciement lorsque tu offres ? Il ne s'agit pas uniquement d'offrir un cadeau matériel. Cela est bienvenu, mais la lumière de ta gratitude et de ta joie est le plus beau cadeau que tu puisses partager. En étant dans ta joie et dans ta vérité, tu inspires chacun. Tu ne sers pas le monde quand tu te serres, quand tu te limites ou quand tu te restreins. Agis sans limites; Partage au monde le meilleur de toi. Ose être impétueux, fougueux, spontané, généreux, et tu recevras de la vie le meilleur pour ton âme. Je suis le Noisetier. Je suis le Maître de la sensibilité. Les sorcières, les sourciers et les druides ont utilisé mon bois dans leur pratique. Je les ai aidés comme je peux t'aider à développer ton intuition. Il ne s'agit même pas de la développer, puisqu'elle est déjà là, mais de l'écouter, de lui faire confiance. Tes os, tes doigts, tes organes peuvent vibrer aussi finement que vibrent mes rameaux les plus délicats. Ne cherche plus la vérité. Ecoute le silence, écoute l'espace entre les mots, écoute ce sui suit des images qui te viennent, la réponse est en toi. Lorsque tu te libères de tes conditionnements, tu deviens la vérité.


Le Rituel du Noisetier : Je me relie au Noisetier, aux branches, aux feuilles et aux fruits. Si j'habite près d'une forêt ou d'un parc, je vais offrir un sachet de noisettes au pied des arbres qui feront le bonheur des rongeurs ou des écureuils gourmands. A chaque noisette que je dépose, je me rappelle que mes ressources sont infinies et que plus je donne, plus je recevrai. Si je vis en ville, je consacre une somme au don. Pour cela, je garde avec moi, vingt et une pièces de monnaie. Chaque fois qu'une personne me le demande, je lui offre une pièce en la regardant dans les yeux. Je me répète intérieurement : « Je peux offrir, car je reçois moi-même tout ce dont j'ai besoin. Je mérite de vivre dans l'abondance, car je suis l'abondance. Dans le même temps, je ressens dans mon cœur et dans ma poitrine ce que je ressens lorsque j'offre. Ainsi, je développe mon lien aux autres, aux mondes. J'écoute ce lien sur lequel vibre mon intuition. »

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


ARECA (Areca-catechu), une espèce de noisette parfumée indienne. (Cf. Noisette.) Dall' Horto nous donne ses noms dans différents dialectes. « On l'appelle faufel, à Dopar et à Dhel, ports de l'Arabie ; dans le Malabar, chez le peuple, pac ; chez les nobles, areca ; dans le Guzerat et dans le Deccan, son nom est suppari ; à Zeilan, poaz ; à Malacca, pinan ; à Cochin, chacani ca-ca. » Vincenzo Maria da Santa Caterina nous apprend, dans son Voyage aux Indes Orientales (dix-septième siècle), que les Hindous parent de ces noisettes leurs dieux ; mais que, si une femme s'en pare la tète ou le sein, cela suffit pour la dénoncer comme femme publique. Nous lisons dans le Paéadandachattraprabandha, édité et traduit par le professeur Weber (1877), que DevadamanÍ (celle qui dompte les dieux) se rend à la cour du roi Vikramâditya, pour jouer avec lui, vêtue d'une robe couleur de ciel, ayant à la main et dans la bouche une noisette enveloppée dans une feuille de l'arbre kalpa. L'usage indien de présenter la noisette areca aux hôtes et de la manger avec la feuille du betel (en sanscrit nagaralli, tambulavalli, connu par les botanistes sous le nom de chavica-belel, classé parmi les piperaceae) est passé de l'Inde en Chine. C'est ce que nous apprend Bretschneider dans le Chinesc Recorder (1871) : « Le NangFang Tsao mu chuang (du quatrième siècle), dit-il, explique le nom Pin-lang, par l'usage qui se maintient toujours chez le peuple de Kiao et Kuang (Canton), où l'on présente le betel-nut (noix du betel) aux hôtes (du mot pin, hôte). Cet auteur chinois remarque que, si on ne présentait pas le betel-nut aux hôtes, ce serait un indice certain d'inimitié. Mais il semble plus que probable que le nom Pin-lang est une corruption du nom donné par les Malais à la noix d'areca, appelée « pinang ». D'après W. Jones, le nom sanscrit est gucaca, dont les synonymes sont ghonta, puga, kapura, cramuca ; son nom vulgaire en hindoustani est supyari ; en javanais, jambi ; en telinga, areca »

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NOISETIER. — Le noisetier a joué et joue encore un grand rôle dans la superstition populaire. D’après la Véritable Magie noire, que l’on prétend traduite de l’hébreu par le magicien Iroe-Grego, et qui porte la date de Rome, 1750, la verge des magiciens devait être en bois de noisetier, et faite d’une tige vierge, nue et sans insertions de branches secondaires. D’après une légende judaïque citée par Nork, Ève coupable se cache dans un noisetier. M. de Simone, dans son essai intitulé : Vita della terra d’Otranto, inséré dans la Rivista Europea, nous apprend que sainte Agathe traverse chaque année la mer de Catane à Gallipoli, sur la coque d’une noisette en guise de nacelle. C’est sur une pareille nacelle qu’Hercule arrive en Italie, à son retour du jardin des Hespérides. Les bonnes fées de nos contes populaires taillent leurs carrosses dans des noisettes (1), et tissent ou font tisser des robes si fines, qu’elles peuvent tenir aisément dans une seule noisette. Quelle est maintenant cette noisette prodigieuse ? D’après toutes les probabilités, la noisette est l’une des formes botaniques de la lune. C’est encore la lune qui découvre les trésors au milieu de la nuit, qui aide à découvrir le trésor caché ; le noisetier a le même pouvoir. Nous apprenons, par les proverbes russes de Dal (Paçlovitzj Russkavo naroda, Moscou, 1862), que celui qui porte dans sa bourse une noisette double, deviendra riche. C’est pourquoi, dans la bourse de quelques paysans russes, l’on voit réellement des noisettes doubles. M. Muscogiuri m’écrit de Mesagne, dans la terre d’Otrante, que les prétendues sorcières de son pays attribuent des propriétés surnaturelles à la branche de noisetier. Lorsqu’elles vont à la recherche d’un prétendu trésor, elles arrivent à l’endroit mystérieux, avec une branche de noisetier à la main. On prétend que la pointe de la branche se tourne d’elle-même du côté où gît le trésor caché (Cf. Fougère). Dans un conte populaire vénitien, publié par M. Bernoni (Venise, 1875), trois frères se placent sous trois noisetiers, dont l’un est stérile et deux sont morts ; dès que l’un des frères frappe le noisetier stérile, il en tombe une noisette si grande, qu’elle lui écrase un pied. D’après un conte anglais, traduit par M. Louis Brueyre, un médecin ordonne à Farquhar de se procurer une verge en noisetier semblable à la sienne. Farquhar reçoit aussi, avec l’ordre d’aller chercher la verge magique, une bouteille qu’il placera devant le trou de la demeure du serpent blanc, près du noisetier. Le serpent blanc entre dans la bouteille. On le fait cuire dans un pot en brûlant le noisetier ; Farquhar veut en goûter ; aussitôt qu’il porte un doigt à sa bouche, il acquiert soudainement la science universelle, et devient lui-même un médecin infaillible. Jähns (Ross und Reiter, Leipzig 1872, I) nous apprend que dans certaines étables allemandes on touche avec des branches de noisetier, pendant certaines processions du dimanche, au nom du Dieu, l’avoine destinée aux chevaux. D’après Mannhardt (Germanische Mythen), le noisetier était consacré au dieu Thor. Dans un conte siennois de Gentile Sermini, un médecin charlatan entreprend une expérience scabreuse sur une noisette, pour déclarer l’impuissance d’un mari. Dans les noces, on distribuait des noix et des noisettes, symbole probable de la génération ; dans un conte populaire du Casentino, en Toscane, la jeune mariée (une nouvelle Psyché) retrouve son époux que la sorcière lui avait enlevé, par une noisette prodigieuse, don des fées. C’est pourquoi, en Allemagne, on les plaçait aussi dans les tombeaux, comme bon augure de régénération et d’immortalité. Dans les anciens tombeaux du Wurtemberg, on a trouvé des citrouilles et des noix, mais surtout beaucoup de noisettes. (Cf. Nork, Sitte und Gebräuche der Deutschen, 229.) Le même Nork, dans sa Mythologie d. Volkssagen u. Volksmärchen (Stuttgart, 1848, 153), nous apprend que, par des baguettes de noisetier, on force les sorcières à rendre aux animaux et aux plantes, la fécondité qu’elles leur avaient enlevée. En Bohème, on vénère une chapelle élevée en honneur de la vierge Marie « im Haselstrauche », en souvenir d’un boucher auquel une statue de la Vierge, près d’un noisetier, avait parlé. Le boucher emporta la statue chez lui ; mais, pendant la nuit, la statue retourna à sa place. La Vierge a fait souvent des tours pareils à ses dévots. On peut retrouver le même récit dans un livre publié à Bologne en l’année 1679, intitulé Esempli de’ miracoli della Vergine. Par un contraste étrange, mais qui tient probablement à la signification phallique de la noisette, un proverbe hongrois dit que dans l’année où il y a beaucoup de noisettes, il y aura aussi beaucoup de femmes publiques. D’après Nork, en Westphalie, existe un proverbe pareil pour les noix : « Das Jahr, in welchem viele Nüsse wachsen, bringe auch viele Kinder der Liebe. » En Westphalie, on dit aussi « in die Haseln gehen », au lieu de « se livrer aux amourettes ».


Note : 1) Dans Roméo et Juliette, de Shakespeare, Mercutio nous montre la reine des fées Mab arrivant la nuit sur un carrosse qui est une noisette, travaillée par le charpentier Écureuil qui, depuis un temps immémorial, fabrique des carrosses aux fées.

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Selon Véronique Barrau et Richard Ely, auteurs de Les Plantes des fées (Éditions Plume de carotte, 2014), le noisetier est un "accessoire magique".


Plein de ressources : Le noisetier est un arbre très précieux pour les fées qui emploient ses fruits à plusieurs fins. Une fois évidés, ceux-ci font souvent office de minuscules chars pleins de charme. Cette caractéristique a d'ailleurs inspiré Shakespeare pour sa description du carrosse de la reine Mab dans Roméo et Juliette. Chaque nuit, cette enchanteresse grimpe dans une noisette creusée et façonnée par un écureuil qui exerce la profession de charpentier depuis la nuit des temps. Les fées emploient également les enveloppes dures du noisetier comme de petits coffrets dans lesquels elles rangent leurs robes au voile si léger qu'elles prennent une place infime.

Mais leur accessoire le plus connu est bien sûr leur baguette magique, réalisée avec du bois de noisetier. Qui n'a jamais rêvé d'entrer en possession d'un tel objet ? Selon une ancienne croyance, chacun des arbres qui nous intéressent ici déploierait une branche se transformant en or durant la nuit de Noël. Celui qui la prélève durant l'intervalle précis où les douze coups de minuit résonnent, déteindra un rameau aussi puissant que les baguettes de fée ! Grâce à lui, déceler un trésor enterré dans les entrailles de la Terre, une mine d'or ou de pierres précieuses se révèle être un jeu d'enfant.


Sites féeriques : Le sommet de la roche à Sept Heures, située dans les Ardennes, offre une vue imprenable sur la commune de Monthermé et la boucle de la Meuse. Dans le lit de ce fleuve, juste au-dessous de la fameuse montagne que nous venons d'évoquer, vit une ablette fantastique qui ne se montre qu'à l'heure du goûter. Seuls les pêcheurs en culotte courte ont une chance de l'attraper. A condition toutefois d'être muni d'un bâton de noisetier auquel est attaché un fil sans hameçon. Les enfants réussissant à attraper l'animal ne bénéficieront que de quelques secondes pour savourer leur victoire. Car à peine mettent-ils leur prise dans leur panier qu'elle disparaît pour s'en retourner à l'eau ! Il est un autre lieu où la magie n'opère plus depuis longtemps... Jadis, sur le mont Vaudois situé en Haute-Saône, on pouvait entendre parfois le grincement d'arbres frottés les uns contre les autres. A en croire la tradition populaire, l'Esprit des Noisetiers était à l'origine de cette étrange musique très prisée des Dames vertes. La mélodie mélancolique touchait également les humains au point de leur tirer des larmes. Mais jusqu'en 1874, un fort fut construit sur le mont en question, la créature cessa dès lors d'émettre le moindre bruit...


Rond magique : Si par une sombre nuit sans lune, vous avez dû quitter la chaleur de votre lit pour aller au-dehors et que vous ressentez la présence de mauvais esprits tournoyer à vos côtés, tracez sans attendre un cercle sur le sol avec une branche de noisetier avant d'y pénétrer. Nulle force du mal ne pourra vous atteindre.


Cadeau chaleureux : Les paysans de Roumanie avaient à cœur d'honorer les Bonnes Dames qui distribuaient leurs largesses en favorisant notamment les récoltes et la production laitière des vaches. Chaque mercredi soir et le lendemain matin, les enfants âgés de moins de quinze ans disposaient près de l'étable du pain et de l'eau pour subvenir aux besoins de ces fées. Ils brûlaient ensuite quelques branches de noisetier ou d'érable près de leurs offrandes pour réchauffer leurs aimables bienfaitrices.

Une noisette vide est signe qu'une sorcière a craché dessus... à moins qu'un balanin l'ait visitée."

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Croyances populaires :


Paul Dufournet recense des "Proverbes, dictons et locutions recueillis à Bassy et à Challonges (Haute-Savoie)". (In : Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, n°1/1973. pp. 7-21) :


A la Mâdlênâ les noê (ou lé alagne) son pienà ; a la sin Lôrin éguétà d'dien. (B).

A la Sainte Marie-Madeleine (22 juillet) les noix (ou les noisettes) sont pleines ; à la Saint Laurent ( 10 août) regarde dedans, elles commencent à devenir bonnes.

 

D'après Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012) : avec le noisetier "le bonheur sort de sa coquille".


L'amour à coup de baguette : Arbre de la connaissance pour les Irlandais, arbre de l'harmonie pour les Grecs ou arbre de la fertilité pour les Germains... La mythologie a doté le noisetier de divers attributs qui ont donné vie à des superstitions et à des rites dépassant largement les frontières. L'infidélité engendre souvent de violentes disputes qui pourraient être apaisées si le couple, au lieu de se déchirer, allait cueillir des noisettes. Il n'y aurait pas mieux pour retrouver une harmonie de couple. Vous n'avez pas l'air très convaincu... Peut-être ferez-vous plus confiance à la méthode préventive qui consiste à attendre les premiers croassements des batraciens émis au printemps pour taper huit fois d'affilée le lit conjugal défait avec une baguette de noisetier ? Certes, c'est un peu tiré par les cheveux mais qui n'essaie rien...


Le temps, c'est de l'argent : Durant la nuit de Noël, un rameau de chaque noisetier se transformerait en or. Si vous parvenez le cueillir dans l'intervalle des douze coups de minuit, il vous donnera tout pouvoir mais si vous opérez trop lentement, c'est la mort qui vous guette..


Noisette et fœtus : Son abondante production de fruits et l'analogie faite entre l'amande de la noisette enveloppée dans une coque et le fœtus contenu dans le ventre de sa mère donnèrent au noisetier un rôle majeur dans les rites de fécondité. Sa présence dans les mariages, sous forme de torches brûlées chez les Romains ou par ses fruits jetés sur les mariés russes de Volhynie ou déposés au pied des lits bretons lors de la nuit de noces, devait permettre aux femmes d'accéder plus facilement à la maternité.


La bourse aux noisettes : Au XVIIe siècle, les prospecteurs de Bohême, cherchant un filon minier, se laissaient guider par une branche de noisetier naturellement fendue en deux qui avait été taillée dans un jeune arbuste n'ayant encore jamais produit de fruit. La réputation des baguettes divinatoires de noisetier capables de déceler les sources souterraines était telle qu'on leur prêtait, entre autres talents, la faculté de trouver des trésors enfouis dans la terre. En Russie, on s'estimait déjà bien chanceux si on trouvait une noisette double. Placée dans une bourse, elle décuplait l'argent qui y était enfermé.


Assurance-vie : Français et Belges s'accordaient à considérer qu'une noisette portée sur soi permettait d'atteindre un âge avancé. D'ailleurs, les mineurs des environs de Liège portaient souvent à leur chaîne de montre, deux noisettes de taille différente pour se protéger des risques mortels liés à leur dur labeur.


Ça fait plus sourire : Aucune fiancée ne devrait casser la coque d'une noisette avec ses dents, surtout s'il s'agit d'un cadeau offert par son bien-aimé la semaine précédant la Toussaint ! La dentition de la malheureuse se gâtera à Noël puis tombera à Pâques... De quoi faire fuir les plus épris des promis !"

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque le Noisetier :

14 janvier

(Saint-Martin-de-Peille)

[...] Pleurent sous la pluie les chatons du noisetier - limes molles inventées par Dali. [...]

25 février

(Fontaine-la-Verte)


Les chatons du noisetier pendent au-dessus des tuiles du poulailler verdies de mousse : pluie jaune arrêtée dans l'espace ; hachures d'un stroboscope expressément conçu pour étudier le vent... Ces vermicules ont la couleur du citron sec. Leur bouche est maquillée de rouge. Sous leurs écailles mûrit un pollen livide qui vole en nuages galactiques.

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