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La Myrtille



Étymologie :


  • AIRELLE, subst. fém.

Étymol. ET HIST. − 1596 (Hulsius, Dict. françois-alemand et alemand-françois d'apr. Behrens ds Z. fr. Spr. Lit. t. 23, 2e part., p. 10 : airelle, steinberlein und schwarzebeer). Empr. à un mot dial. du Massif Central (Chamalières éi̭réla, Recharenge ai̭relo ds Nauton, Atlas ling. du Massif Central, t. 1, 1957, carte 212, points 9 et 4) ou des Alpes (voir Rolland, Flore pop., t. 7, p. 235 et Dauzat, Ling. fr. 1946, pp. 243-244), dér. d'un simple attesté par le prov. mod. aire, du lat. ater « noir ».


  • BRIMBELLE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1765 brinbelle (Encyclop., s.v. mirtille) ; 1775 brimbelle (Valmont de Bomare, Dict. raisonné universel d'hist. naturelle d'apr. Fr. mod., t. 14, p. 299). Dér. du rad. onomatopéique bri(m)b-, cf. bribe et aussi brimborion exprimant l'idée de petitesse (FEW t. 1, p. 528a) ; mot dial. attesté en Normandie, dans l'Est (FEW, loc. cit.) et en prov. (brimbello « fruit de l'airelle », Mistral) avec suff. -elle (favorisé par airelle). L'aire géogr. du mot semble difficilement compatible avec une orig. germanique (cf. FEW, loc. cit.).


  • MYRTILLE, subst. fém.

Étymol. et Hist. Ca 1256 mertille (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Lanfdouzy et R. Pépin, 55, 25) ; xiiie s. mirtilles (Platearius, Livre des simples médecines, 114) ; 1565 myrtilles (S. de Vallambert, Cinq livres de la manière de nourrir et gouverner les enfans..., 268). Empr. au lat. médiév. myrtillus « myrtille » (1250 ds Latham).

Lire aussi les définitions de airelle, brimbelle et myrtille pour amorcer la réflexion symbolique sur ces deux fruits des bois.


Autres noms : Vaccinum ovalifolium - Airelle noire - Myrtillier -

Vaccinum myrtillus - Airelle myrtille - Ambrune - Bleuet - Loutrié - Myrtille -


NB. Dans les Vosges, la brimbelle désigne la myrtille, c'est-à-dire la baie bleu-noir à chair rouge et non la baie bleu-noir à chair blanche.

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Botanique :

Selon le site www.doctissimo.fr,


"La myrtille appartient à la famille botanique des éricacées, tout comme l'airelle ou la grande airelle, la canneberge (ou cranberry). Il faut distinguer la myrtille européenne du bleuet, originaire d'Amérique du Nord. Les plants cultivés actuellement constituent fréquemment un croisement entre les deux espèces. Petit arbuste trapu de type couvre-sol, la myrtille produit des baies bleu foncé, parfois noires. Elle aime les sols acides et drainés. Elle s'installe de manière privilégiée après un feu de forêt.

 











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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


On vend sur nos marchés, en même temps que les fraises et les framboises, les baies de myrtille, Vaccinum myrtillus ou ambrunes. Celles de l'airelle ponctuée, Vaccinum vitis idoea, son peu estimées dans nos montagnes, et celle du Vaccinum uliginosum encore moins ; les premières sont pourtant agréables au goût quand le froid les a ramollies ; les secondes ont, paraît-il, une propriété enivrante.

[...]

Parmi les nombreux astringents de la flore indigène, les plus réputés sont les baies de myrtille et le rhizôme de bistorte. [...] Avec les myrtilles airelles, ambrunes (azere) ou loutrié, Vaccinium myrtillus, on prépare un vin pour combattre la diarrhée et spécialement celle des vieillards.

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Bienfaits :

Si l'on en croit le site www.doctissimo.fr,


"Utilisée depuis le Moyen Age en Europe, la myrtille est un petit arbuste de la famille des éricacées. On emploie généralement le fruit, de petites baies bleu foncé, ou encore les feuilles, en infusion. La notoriété actuelle de cette plante en phytothérapie provient surtout de l'utilisation du bleuet, espèce voisine, en Amérique du Nord, et plus particulièrement au Canada, utilisée, entre autres, contre des troubles digestifs.

Classification botanique : famille des éricacées ( Ericaceae )

Formes et préparations : baies fraîches ou séchées, décoctions, poudres de fruits, poudres de feuilles.


Propriétés médicinales de la myrtille :

  • utilisation interne :

    • contre la diarrhée : décoction de fruits séchés.

    • laxatif : myrtilles fraîches.

    • traitement des maladies dégénératives de l’œil, en particulier celles liées aux troubles de la circulation veineuse.

    • Traitement du diabète : infusion de feuilles de myrtille.

  • utilisation externe : Contre les inflammations de la muqueuse de la gorge et de la bouche : décoctions et gargarismes.

  • indications thérapeutiques usuelles : diarrhée ; troubles de la vision nocturne ; troubles de la micro-circulation

  • autres indications thérapeutiques démontrées : Troubles de la circulation veineuse.

Histoire de l'utilisation de la myrtille en phytothérapie : La myrtille est employée comme traitement de phytothérapie depuis un millénaire. Dès le Moyen Age, on s'en servait en Europe dans les cas de diarrhée et pour enrayer les épidémies de dysenterie. Les femmes en absorbaient pour interrompre la production de lait. La myrtille a aussi été utilisée pour lutter contre le scorbut. Au cours des siècles, d'autres utilisations thérapeutiques de la myrtille firent leur apparition dans la médecine occidentale : les feuilles avaient la réputation d'abaisser le taux de sucre dans le sang, ce qui en faisait un remède contre le diabète. Comme de nombreux petits fruits, la myrtille a été utilisée pour traiter les problèmes circulatoires. L'emploi de cette baie dans les cas de maladies oculaires, comme le glaucome ou la cataracte, s'est maintenu jusqu'au XXe siècle. Lorsqu'ils s'installèrent en Amérique du Nord, les premiers colons y découvrirent une plante proche de la myrtille, le bleuet . Ce dernier était consommé par les Indiens d'Amérique, mais on ne sait pas s'il entrait dans la composition de remèdes de la pharmacopée traditionnelle. Les fleurs auraient été employées par certaines tribus pour soigner les cas de maladie mentale, tandis que les feuilles auraient servi à la purification du sang. C'est à la suite d'une série d'incendies qui détruisirent les massifs forestiers d'Amérique du Nord (en particulier au Canada) que le bleuet se répandit sur le territoire.


Parties utilisées : les baies, fraîches ou séchées ; on peut aussi les congeler ; les feuilles.


Principes actifs : Le pigment bleu foncé de la myrtille et du bleuet appartient à la famille des anthocyanosides. C'est principalement lui qui serait impliqué dans les effets thérapeutiques du fruit. La myrtille et le bleuet contiennent aussi des dérivés des flavonoïdes, les flavonols, dont la quercétine. L'effet antidiarrhéique du bleuet serait dû à la teneur de la baie en tanins.


DES BIENFAITS RECONNUS : Les préparations à base d'extraits de myrtille sont recommandées pour traiter les troubles de la vision. Elles permettent en particulier d'améliorer la vision nocturne ou crépusculaire, souvent faible chez les myopes. Elles aident aussi à lutter contre la fatigue oculaire ou contre les affections dégénératives de l’œil. En cas de diarrhée, la consommation de poudre, d'extraits ou de myrtilles séchées peut aider à diminuer les symptômes et à rétablir plus rapidement un transit normal.

Comme tous les petits fruits et les baies, la myrtille et le bleuet ont un effet antioxydant reconnu. Leur consommation contribue donc au tonus général et soutient le système immunitaire.


AVERTISSEMENT : L'utilisation des feuilles de myrtille dans la prise en charge du diabète est empirique et non prouvée scientifiquement à ce jour. Et si les préparations à base d'extraits de myrtille présentent de nombreux bienfaits, notamment dans le traitement des troubles de la vision, il ne s'agit cependant que de traitement d'appoint. La consultation d'un médecin est toujours recommandée.

La recherche sur la myrtille : Les recherches les plus récentes sur la myrtille ont porté sur la relation entre la consommation de petits fruits (myrtille, bleuet, framboise, etc.) et la prévention du cancer. D'autres ont cherché à mettre en évidence un effet bénéfique dans la prévention des maladies cardio-vasculaires. La myrtille aurait des vertus neuroprotectrices, mais davantage d'études semblent nécessaires pour confirmer les premiers résultats. La myrtille a en particulier été étudiée par le chercheur canadien Béliveau, dans le cadre plus général d'une alimentation préventive contre les affections cancéreuses (années 2000).

Des études plus anciennes ont porté sur l'amélioration de la vision nocturne, la plus connue étant celle menée après la Seconde Guerre mondiale sur un échantillon de pilotes de la Royal Air Force. Trois recherches ultérieures, avec emploi de groupe témoin et placebo, n'ont pas donné de résultats probants, tant sur la vision nocturne que sur le risque d'éblouissement. Il faut cependant noter que les doses employées étaient faibles.

Deux études datant de 2005 ont souligné l'intérêt de préparations à base d'extraits de bleuet dans le ralentissement du vieillissement cérébral (patients atteints de la maladie d'Alzheimer, en particulier). En 2009, des chercheurs canadiens ont prouvé expérimentalement les effets du jus de bleuet fermenté sur le diabète et l'obésité. Néanmoins, des études supplémentaires semblent nécessaires dans ce domaine.

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Symbolique :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la myrtille :


MYRTILLE - TRAHISON.

Œnomaüs, père de la belle Hippodamie, avait pour écuyer le jeune Myrtille, fils de Mercure. Fier de cet avantage, il exigeait que tous ceux qui prétendaient à la main de sa fille entrassent en lice avec lui et lui disputassent le prix de la course des chariots. Pélops, qui voulait obtenir Hippodamie, promit à Myrtille une grande récompense, s'il voulait ôter la clavette qui tenait les roues du char de son maitre. Myrtille se laissa séduire, le char versa et Œnomaüs fut tué ; mais en expirant il supplia Pélops de le venger, ce qu'il fit en je tant le traitre écuyer à la mer. Les eaux ayant rapporté son corps sur le rivage, Mercure le changea en l'arbuste qui porte son nom : cet arbuste ressemble à un petit Myrte. C'est l'Airelle anguleuse. Elle croit aux bords de la mer, dans les lieux couverts et frais . A ses jolies fleurs en grelots succèdent des baies d'un bleu foncé, d'une saveur piquante et agréable .

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Airelle ou myrtille - Trahison.

Myrtille est le nom d’un traître écuyer qui, d’après la fable, fut changé par Mercure en l’arbuste de ce nom.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


AIRELLE - MYRTILE : TRAHISON.


Il y aura des hommes amateurs d'eux-mêmes, avares, sans foi et sans parole ... Traitres, qui auront une apparence de piété, mais qui n'en auront pas la réalité : Fuyez-les. (2 Timothée. III , 2 -5. )


L'airelle myrtile est un petit arbrisseau qui vient dans les lieux frais et ombragés de nos montagnes et dont la tige se divise en rameaux glabres, verdâtres, hauts d'environ vingt-cinq centimètres. Ses feuilles sont ovales et d'un vert gai. Ses fleurs d'un blanc lavé de rouge paraissent en mai ; il leur succède une baie ronde d'un bleu foncé ou noirâtre dans leur maturité et d'une saveur aigrelette. On lui a donné le nom de myrtille ou petit myrthe à cause de sa jolie verdure. Pélops avait demandé en mariage Hippodamie fille du roi Anomaüs. Mais celui-ci ne consentit à la lui donner que lorsqu'il l'aurait vaincu lui-même à la course des chars. Pélops gagna Myrtile, écuyer du roi, pour ôter la clavette qui retenait les roues du chariot de son maître. Anomaüs renversé par cette trahison pria Pélops de le venger et mourut. Le vainqueur fit jeter l'écuyer dans la mer et Mercure le métamorphosa en un arbuste qui porte son nom.


DE LA TRAHISON.

La trahison est une perfidie, un manque plus ou moins grand de fidélité envers sa patrie, son souverain, ses amis, en un mot envers celui qui a mis en nous toute sa confiance. On ne saurait employer des expressions trop fortes et trop énergiques pour flétrir les traitres, car pour eux les serments les plus solennels, les promesses les plus positives, rien n'est sacré ; ils trahiront, s'il le faut, leur pays, leurs parents, leurs bienfaiteurs par fanatisme ou par cupidité ou par es prit de vengeance. Or, quelque soit le motif qui décide le traître, comme ce motif est toujours coupable, nous ne serons pas surpris que tous les peuples aient considéré la trahison comme un crime. Il y eut une époque où l'on fit plus : on regarda comme criminel celui-là même qui trahissait sa patrie, tout en voulant la servir.

Dans tous les cas, la trahison traine après elle quelque chose de si odieux qu'elle éteint la plus brillante gloire. C'est pourquoi n'eût-on pas assez de vertu pour détester un infâme traitre, qu'il faudrait alors le fuir, un homme de cette moralité étant un objet d'horreur, même pour ceux qui l'emploient. Ceci rappelle une réponse accablante que Philippe, roi de Macédoine, fit à deux misérables qui, lui ayant vendu leur pays, se plaignaient à lui de ce que ses soldats les traitaient de traîtres : « Ne prenez pas garde, dit Philippe, à ce que disent ces grossiers, qui appellent chaque chose par son nom.

La trahison est donc une infamie, mais celte infamie est d'autant plus honteuse pour le traitre lui-même, qu'il a acheté les quelques instants de satisfaction qu'il pourra goûter, par un crime! de là pour quelques-uns, une vie toute entière passée dans le chagrin et les remords. Tel fut Judas ; il trahit son maître pour quelques pièces d'or, mais bientôt poussé par le désespoir d'avoir livré le sang du juste, il fut son propre bourreau, il se pendit ! ... Combien de Judas dans le siècle où nous sommes, qui n'ont pas autant de conscience que ce disciple du Christ ! Aussi quand bien même nous n'aurions pas assez de vertu pour détester la trahison, notre propre intérêt devrait nous faire haïr et éviter le traître.


RÉFLEXIONS.

Il n'est point de crime plus criant que la trahison : elle est parmi les vices ce que l'araignée est parmi les animaux venimeux c'est-à-dire tout poison. (OXENSTIERN.)


L'on fait plus souvent des trahisons par faiblesse que par un dessein formé de trahir. (LA ROCHEFOUCAULT.)

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Myrtille ou Airelle — Vous recherchez la solitude.

Cette plante doit son nom à son port et à son feuillage qui la fait ressembler à un petit myrte . Ses baies bleuâtres sont astringentes et servent à faire un vin assez agréable et une eau-de-vie excellente quand elle est très vieille. Le myrtille se plait à l'abri des grands bois ombragés .

 

Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Myrtille (Vaccinium myrtillus) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Vénus

Élément : Eau

Pouvoir : Protection - Chance - Rêves prémonitoires -


Toutes les croyances et traditions attachées à l'airelle peuvent être rapportées à la Myrtille, qui en est une variété noire.

Nous avons cependant relevé une utilisation, tchèque, qui semble ne concerner que les Myrtilles : dans les monts Krkonose (l'ancien Riesengebirge des Sudètes), les jeunes filles de Trautenau (aujourd'hui Trutnov) allaient jeter des Myrtilles dans une cascade appelée Falkenwass ; elles couraient ensuite en bas, et la direction qu'avaient prises les baies noires dans les remous leur indiquait si elles allaient ou non se marier dans l'année.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Selon une tradition des Côtes-d'Armor et de Saône-et-Loire, c'est la métamorphose des grains du chapelet d'un saint qui a donné naissance aux baies de myrtille.

Aux États-Unis, pour remédier à la stérilité, un couple marié jette des myrtilles à travers la route à proximité de sa maison.

En Belgique, si l'on a taché ses vêtements en mangeant ces baies, il est dit qu' "on ne parviendra pas à enlever cette tache durant toute la saison des myrtilles".

 

Dans L'Oracle des Simples, savoir ancestral des Sorcières de campagne (Éditions Arcana Sacra, 2019), Siolo Thompson présente ainsi sa relation à l'Airelle à feuilles ovées (Vaccinum ovalifolium) :


Mot-clef : Débrouillardise


Je vis dans le nord-ouest des États-Unis (ou le « coin en haut à gauche », comme l'appellent ses habitants). Quand je ne suis pas dans mon studio, occupée à mes productions artistiques, je me promène souvent dans la montagne ; je parle aux arbres, je nage dans les lacs... je fais des trucs dans la nature. L'une des plantes que j'ai le plus envie de rencontrer chaque année quand l'été cède la place à l'automne, c'est l'airelle à feuilles ovées. On la trouve facilement sur les sentiers montagneux et près des lacs de montagne. Délice des glaneurs, le fruit de diverses espèces d'airelles est généralement comestible et peut s'employer de bien des façons en cuisine. Ces baies sont consommées par de nombreux animaux, dont les ours, les oiseaux, les daims et les êtres humains. Elles constituent même l'un des aliments préférés des grizzlys en hiver, et représentent jusqu'à un tiers de leur régime alimentaire à la fin de l'été et en automne. Ses applications en médecine traditionnelle comprenaient le traitement de la douleur, les maladies cardiaques, et les infections. On croit que les baies, riches en vitamine C, renforcent le système immunitaire. ON s'en sert aussi dans la prévention des maladies du coeur et des yeux. Excellente source de vitamine A et B, ces baies sont excellentes pour maintenir un métabolisme en bonne santé.

L'airelle à feuilles ovées est une plante intéressante qui a résisté à tous les efforts des êtres humains pour la domestiquer. Malgré de nombreuses tentatives, personne n'est parvenu à la cultiver. ses baies bleu-noir ressemblent beaucoup à la myrtille commune. Bien que leur goût soit très similaire, leurs graines sont très différentes ; celles de l'airelle à feuilles ovées donnent à ses fruits une texture croquante que la myrtille n'a pas. L'airelle à feuilles ovées a aussi une peau plus épaisse et une saveur plus acide. Ces baies juteuses sont très périssables et on les fait donc souvent sécher, ou bien on en fait rapidement des confitures, des gelées ou des sirops. Elles ont constitué un aliment de base pour les tribus amérindiennes du Nord et du Midwest pendant des milliers d'années. On trouve dans les journaux de l'expédition de Lewis et Clark de nombreuses anecdotes intéressantes sur l'utilisation de ces baies par les Amérindiens.


Propriétés oraculaires : L'indication oraculaire, Débrouillardise, fait référence à la capacité de cette plante à pousser au flanc des falaises, sur un sol de gravier, sur des corniches rocheuses et dans les zones de montagne où la neige recouvre le sol en couche épaisse pendant la moitié de l'année. Dans les zones dévastées par les feux de forêt, cet arbuste est l'une des premières plantes à émerger des cendres. En fait, cette plante incroyable a été l'une des seules survivantes de l'éruption du volcan du mont Saint Hélène en 1980. La débrouillardise peut signifier trouver des moyens de transformer l'adversité en opportunité, comme le fait l'airelle à feuilles ovées, qui tire profit du surcroît de soleil là où la canopée forestière a été endommagée par le feu. Une autre sorte de débrouillardise, c'est l'aptitude à tirer le maximum de ce que vous avez. L'airelle à feuilles ovées me rappelle toujours que parfois, on ne parvient pas au succès en étant le plus brillant ou le plus téméraire, mais par la stratégie et la patience, en se faisant discret, en se cachant sous la neige jusqu'à ce que la bonne opportunité se présente.

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


La Myrtille est une petite dame, agile de ses doigts, amie de Mercure, avec du vif-argent dans les veines et remuante comme un tourniquet sur l'eau. Elle n'hésite pas, elle ne réfléchit pas trop longtemps, elle est tout le temps en action... Sans jamais s'arrêter, elle court par-ci, elle court par-là Malgré cela elle parvient en un très bref laps de temps à jouir intensément ; elle tire la dernière goutte de son flacon pour se délecter brièvement mais vivement... ; elle puise les substances délicieuses du noyau (tout comme l'abeille butine la fleur pour en aspirer le nectar) pour ensuite reprendre aussitôt ses activités avec la même vigueur. Elle a un peu la nature de la fourmi : animée d'une ardeur au labeur, elle n'a aucune difficulté à porter des charges, elle bouge lestement les objets à déplacer, elle travaille pour quatre, aucune tâche de la rebute. Capable de faire mille choses à la fois elle bavarde et discute aisément sans discontinuer - fût-ce quelquefois en monologuant - tout en étant occupée à faire autre chose. Elle ne se répand pas en lamentations, elle travaille avec plaisir. Extrêmement dynamique, elle prend les choses plutôt en riant, ne se fait pas de souci et exécute, le coeur léger, les tâches que la vie lui a confiées.

Celui qui éprouve un grand besoin de manger de Myrtilles aspire quelque peu à la sphère que nous venons de décrire. Il se sait, au fond de lui, cloué sur la croix par les douleurs et par les peines. Il souffre trop pour pouvoir bouger... Il se sent ligoté dans une certaine situation ; au fait, il est lié à lui-même. Comme il se trouve quasiment réduit à l'immobilité il préfère s'effacer le plus possible dans la vie, de peur d'essuyer aussitôt une volée agressive de flèches empoisonnées. Il devra enfin comprendre qu'il est seul à pouvoir se faire mal (physiquement et psychiquement en même temps). Il se peut qu'il craigne ces accès de douleur ; il devra "faire demi-tour" sur son chemin pour éliminer toute souffrance de son âme et de son corps.

La solution se situe en l'occurrence dans un changement d'optique puisque cet être humain s'est empêtré dans une conviction : "Suis-je venu ici pour être victime, pour souffrir, pour être livré au martyre ? Dois-je me sacrifier continuellement, dois-je faire don de moi-même, m'oublier complètement ? Mes muscles, mes articulations, tout me fait tellement mal... La vie est-elle réellement si dure ? Aïe ! Pauvre de moi !"

Qu'il commence surtout par se rendre compte que la "douleur" et la souffrance ne surviennent pas sans raison. Tant qu'il se croit condamné à la souffrance sur cette terre, il s'attirera effectivement de la souffrance. Tant qu'il est convaincu d'être voué à servir de victime, de n'avoir pas droit au bonheur parfait, il s'attirera des circonstances - comme certaines conditions de travail - qui ne lui procureront pas de plaisir, voire qui ne li conviennent nullement. Si, en revanche, il se dirige dans l'autre sens, il mènera sa vie avec la conviction d'être né pour que la vie lui procure de la joie ; dès lors, il se saura content d'être celui qu'il est ; il sera reconnaissant de faire son travail, de s'acquitter de ses tâches et c'est dans cette gratitude qu'il s'attirera (par exemple) un nouveau travail ou une réorientation de sa mission, occurrences qui lui donneront réellement une grande satisfaction !

Obligé de "déverser" quelque part les nombreuses énergies dont il dispose, cet être humain fera bien d'écouter avec abandon la voix de son Moi intérieur. il deviendra clair ainsi quelle est sa tâche de vie et la direction à donner à son chemin. Il ne doit pas s'arrêter, ne "rien" faire, se répandre en lamentations. Il lui faudra changer ses convictions pour constater ensuite que certaines conditions de vie changeront dans un sens agréable !

S'il acquiert la conviction que la jouissance et le travail peuvent très bien aller ensemble, sa vie deviendra active et amusante. travailler, ce sera alors la joie, la détente, le plaisir.


Une forte envie de Myrtilles rappelle à l'être humain qu'il fera bien de descendre dans son corps terrestre, de se réjouir et de se délecter de son être matériel. Elle lui rappelle qu'il ne doit absolument ps souffrir. Elle lui indique qu'au lieu de s'éreinter il lui est PERMIS de vivre dans son corps, qu'il lui est PERMIS de travailler.. S'il en est convaincu et reconnaissant, il ne s'attirera aucune activité ni circonstance qui le fasse "souffrir".

A l'extrême : se sent-il douloureusement emprisonné dans son corps ? C'est souvent le signe d'une OPPOSITION à la vie même, au fait de vivre dans un corps. Il soumet peut-être la vie à des "conditions", mais sans pouvoir obtenir ce qu'il convoite : il préfère alors ne vivre plus ; il veut s'en aller comme un enfant gâté qui se met en colère quand ses caprices ne sont pas satisfaits... Des maux peuvent le rappeler alors dans son corps, le confrontant ainsi à ses convictions relatives à sa vie. De cette façon il critique, il est en quelque sorte fâché contre la vie même. Cette attitude de plainte le coupe douloureusement. Il refuse alors de faire ce que la vie lui demande de faire. La vie dans la matière, il devra s'y mettre, la saisir des deux mains, au sens propre comme au figuré, dans le contentement et la gratitude !

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Croyances populaires :


D'après Véronique Barrau, auteure de Plantes porte-bonheur (Éditions Plume de carotte, 2012),


"Contre les intrusions en tout genre et selon vos besoins, vous pourrez [...] prendre exemple sur les Polonais et placer des airelles des marais sur le seuil pour repousser les lutins."

 

Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


On retrouve dans les Côtes-du-Nord un parallèle, fondé aussi sur une similitude de forme, de la tradition qui fait naître les baies du myrtille des grains de chapelet d'un saint.

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Contes traditionnels :


Dans Conte-moi les Alpes (Éditions De Borée, 2015) Pierre Adam et Martial Debriffe nous racontent le conte de "La fée myrtille et le chamois" :


Il existe, dans les immenses montagnes des Alpes, un glacier que nul ne connaît. Ce glacier appartient aux fées des sommets.

La reine des fées fixe le jour de réunion de ses sujettes qui, toutes, doivent rejoindre le glacier mystérieux. Parmi ces fées, plus belles les unes que les autres, il y en avait une qui les dépassait en beauté. Elle s'appelait la fée Myrtille.

Là-haut sur un flanc de montagne, une femelle chamois venait de mettre au monde son petit durant la nuit. Debout sur une pointe rocheuse, elle offrait la mamelle au nouveau-né, qui ne savait pas encore se tenir sur ses pattes. Elle était bien touchante en cette attitude, cette brave petite chevrette des montagnes, et la fée Myrtille, le cœur saisi d'émotion, arrêta le nuage sur lequel elle se déplaçait, afin de pouvoir admirer la jolie bête.

Mais hélas, au même moment, la chevrette venait d'être aperçue par des chasseurs en campagne. La chevrette les avait vus aussi. La frayeur la faisait trembler ; seule, elle se serait enfuie, mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner son petit.

Parfois, elle partait d'un bond rapide, comme décidée à s'éloigner, puis elle se retournait et, d'un autre bond, revenait auprès de son petit, le flairait, le léchait, lui faisait entendre de légers béguètements, comme pour l'encourager à la suivre.

Le petit animal essayait en vain de se redresser et de se tenir sur ses pattes, mais celles-ci, encore trop faibles, refusaient de porter le poids de son corps pourtant si frêle.

Les chasseurs, pendant ce temps, gagnaient du terrain, grimpaient, sautaient de rocher en rocher. La mère et son nourrisson allaient être la proie des hommes sans pitié. A ce spectacle, la fée Myrtille, si bonne et si tendre, ne peut se défendre d'une profonde compassion. Vite, elle change de direction, et le nuage floconneux qui lui servait de véhicule vient s'arrêter au flanc de cette paroi où la chevrette avec son nouveau-né attendent ou la mort ou une captivité encore plus odieuse pour ces agiles et sveltes habitants des montagnes. La fée posa le pied sur le rocher et examina le petit. Ses paupières sont encore si étroitement collées à ses yeux qu'il est privé de l'usage de la vue, et ses jambes si fragiles qu'elles se refusent à porter son corps.

Alors, de sa baguette magique, la fée touche les paupières du petit pour lui dessiller les yeux. Elle lui touche ensuite les membres pour les rendre à la fois robustes et souples.

A peine ce geste accompli, le gracieux animal se met à sauter sur ses petits sabots, aguerri et joyeux. Ses pattes devenues fermes et solides sont impatientes de courir. Ses yeux brillent d'audace et d'intrépidité.

Cependant, les chasseurs avaient été retardés dans leur escalade par le nuage soudain épaissi qui portait la fée. Ils ne voyaient plus rien à deux pas devant eux, et , de crainte d'une mauvaise chute, ils interrompirent leur périlleuses ascension. la mère et son petit ne les avaient pas attendus et s'étaient éclipsés bien vite.

La fée Myrtille, constatant que la maman chamois et son petit étaient désormais hors d'atteinte, était remontée lestement sur son nuage et avait repris le chemin du mystérieux glacier. Mais elle avait perdu beaucoup de temps. Elle eut beau se presser, elle arriva en retard au concile tenu par les fées sous la présidence de leur reine. Or, c'est un grand malheur pour une fée d'arriver en retard à ces sortes de réunion. En raison de ce retard, il fut interdit à la pauvre Myrtille de s'asseoir aux côtés de ses compagnes dans la poussière d'or du soleil levant. Elle dut comparaître comme ne criminelle devant la reine. Celle-ci s'était montrée toujours fort jalouse de l'extrême beauté de Myrtille, et voyait en elle une rivale dangereuse. Elle profita de cette occasion inespérée pour satisfaire ses secrètes rancunes : sans permettre à Myrtille de se justifier, elle lui infligea immédiatement une lourde punition :

"Je te condamne à errer au sommet de ce glacier sous les traits d'une vieille mendiante couverte de haillons, et ta baguette magique ne sera plus désormais qu'un mauvais bâton entre tes doigts noueux. Ton châtiment durera aussi longtemps qu'un être terrestre n'aura point pitié de toi."

La reine comptait bien qu'aucun humain ne se hasarderait jamais sur le glacier mystérieux... Elle se trompait. La douce femelle chamois avait échappé aux chasseurs ainsi que son petit. Si vive avait été la frayeur de la mère, et la baguette de la fée avait communiqué une telle énergie au sang du petit chamois, que sa mère et lui étaient devenus insensibles aux fatigues de la course. De rocher en rocher, de sommet en sommet, ils parvinrent un jour au glacier mystérieux. Le glacier lui-même ne les arrêta pas. Ils en gravirent les prodigieux escarpements se trouvèrent sur l'immense dôme de glace. Et là, de bondir mieux que jamais !

Brusquement la mère chamois s'arrêta tout net. Elle venait d'apercevoir une masse sombre sur la glace miroitante. C'était un corps humain ; celui d'une vieille mendiante à bout de forces, étendue sur la glace et paraissant dormir. La mère chamois (le premier chamois à s'aventurer sur le glacier mystérieux) regarde longuement la mendiante immobile. Son instinct, plus sûr et plus rapide que l'intelligence des hommes, lui procure bientôt la certitude que cette vieille femme endormie est la même fée bienfaisante qui l'a sauvée des chasseurs ainsi que le son petit. Prise de pitié, la chevrette gentille abaisse son joli museau sur le front ridé de sa misérable créature et lui lèche tendrement le visage et les yeux.

Miraculeusement, le masque flétri retrouve la fraîche carnation de la jeunesse et se colore d'un rose de fleur. La femme ouvre les yeux qui brillent d'un éclat plus limpide que le cristal des sources. Elle se dresse : les loques dont elle était affublée et se métamorphosent en une légère écharpe tissée d'or et de soleil...

Son bâton redevient, entre ses doigts fuselés, la baguette magique au pouvoir illimité. Bref, la fée Myrtille vient de renaître plus belle et plus resplendissante que jamais, grâce à la pitié de la mère chamois.

Rayonnante, la fée dit à la chevrette :

"Merci ! Sans toi, la pauvre Myrtille aurait dû rester éternellement errante sur ce glacier désert. En reconnaissant j'accorde à toi et à toute ta race, à tous les chamois de ces montagnes, un privilège qui sera particulièrement agréable au cœur des mères. Dès que vos petits seront au monde,il vous suffira de leur lécher la face et les yeux, comme tu as eu toi-même la touchante pensée d'agir ainsi envers moi, et aussitôt le regard des nouveau-nés deviendra dix fois plus perçant que celui des chasseurs. Leurs jambes renforcées les emporteront à votre suite sur toutes les cimes. Ils passeront partout où vous aurez passé, et nul escarpement, nul précipice, si effrayants soient-ils, ne pourront arrêter dans leur course la mère et son petit."

Quand les fées virent reparaître Myrtille, elles lui décernèrent la couronne de reine, en dépossédant la fée jalouse qui avait si mal agi.

La nouvelle souveraine fit pousser sur tous les sommets des Alpes une plante portant son nom : la myrtille, aux fruit savoureux. Même au plus fort de l'hiver, même quand la neige est tombée en abondance, les chamois découvrent toujours quelques brins de cette plante providentielle accrochée aux saillies des rochers pour calmer un peu leur faim, en attendant le printemps."

*

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Littérature :


Asa Larsson dans son roman policier En sacrifice à Moloch (Édition originale, 2012 ; traduction française Albin Michel, 2017) évoque une cueillette mémorable :


" Vous savez, maintenant, ce n'est pas facile avec mon bras et tout ça. Je me souviens qu'une fois, ma femme Maj-Lis et moi, on est allés cueillir des myrtilles à Pauranki. Je crois que c'était en 95. En huit heures, j'ai ramassé cent quarante-cinq litres de myrtilles. Il y en avait partout. Au bord des tourbières, sur la lande sèche et dans les clairières. Les buissons étaient si lourds que les branches pliaient sous le poids des fruits. Au premier coup d'œil, on ne voyait que du vert. Il fallait soulever les branches pour cueillir les baies. Elles étaient énormes. Gorgées de soleil et très sucrées. Voilà, c'est là. Inutile de rentrer dans la cour. Il n'y a qu'à se garer au bord de la route."

*


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