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Le PĂȘcher

  • Photo du rĂ©dacteur: Anne
    Anne
  • 25 fĂ©vr. 2017
  • 32 min de lecture

DerniĂšre mise Ă  jour : 19 mai



Étymologie :


  • PÊCHER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 peskiers (Conte de Floire et Blancheflor, Ă©d. J.-L. Leclanche, 2026) ; fin xive s. pescher (Roques t. 2, n°9123) ; 2. 1316 fleur de pĂȘcher « nuance de rose » (L. Douet-D'Arcq, Comptes de l'argenterie des rois de France, p. 5 : pour 2 aunes de [drap] fleur de peschier). DĂ©r. de pĂȘche1*; suff. -ier* (normalement rĂ©duit Ă  -er aprĂšs une palatale). Cf. dĂ©jĂ  le lat. mĂ©diĂ©v. persicarius (viiie s., Capitulare de villis ds AndrĂ© Bot.).


  • PÊCHE, subst. fĂ©m.

Étymol. et Hist. 1. [Fin xie s. persches [?] « fruit du pĂȘcher » (Raschi, Gl., Ă©d. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n°798)] ca 1180 pesches (Vie de St Gilles, Ă©d. G. Paris et A. Bos, 1925) ; 1903 pĂȘches Melba (v. Melba) ; 2. a) 1803 « d'un rose pĂąle » (ThĂ©ophile, Monsieur Botte, comĂ©die, p. 41 ds Roll. Flore t. 5, p. 287 : un habit rose pĂȘche) ; 1846 (Baudel., loc. cit. : une lumiĂšre rose ou couleur de pĂȘche) ; 1909 (La Mode illustrĂ©e, 30 mai, 257a ds Quem. DDL t. 16 : nuance pĂȘche) ; b) 1849 p. anal. d'aspect (Gabriel, La Belle Cauchoise, comĂ©die ds Roll. Flore t. 5, p. 288 : ses joues ont le duvet de la pĂȘche) ; 1877 (Zola, Assommoir, p. 709 : une peau veloutĂ©e de pĂȘche) ; 1884 (Id., Coquill. M. Chabre, p. 248 : teint de pĂȘche) ; 3. arg. a) 1866 dĂ©poser une pĂȘche « dĂ©fĂ©quer » (Delvau) ; b) 1878 « tĂȘte » (Rigaud, Dict. jargon paris. : Épiler la pĂȘche (se faire). Se faire raser) ; 1938 se fendre la pĂȘche « rire, s'amuser » (CĂ©line, Bagatelles pour un massacre, p. 102 ds Cellard-Rey 1980) ; c) 1900 « coup, gifle » (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p. 207 : dĂ©tacher une pĂȘche : envoyer un coup de poing) ; d) 1960 avoir la pĂȘche « avoir le moral » (ds Esn., prob. d'apr. le suivant) ; 1961 (P. Roche, L'Arg. de l'École de l'air ds Vie Lang., p. 176 : avoir la pĂȘche [...] « possĂ©der un moral de fer »). Du b. lat. persica « pĂȘche » (vie s., Dioscoride en lat. ds AndrĂ© Bot. ; cf. aussi la forme pessica, ive-ve s. (?) Appendix Probi ds Walde-Hofm. et AndrĂ© Bot.), neutre plur. pris comme fĂ©m. sing. de persicum (ier s., Pline), issu p. ell. de malum persicum proprement « fruit de Perse » (ier s., Celse ds OLD), ainsi nommĂ© en raison de sa provenance. Les noms du pĂȘcher en lat. Ă©taient persica arbor proprement « arbre de Perse » (Pline), persicus (ier s., Columelle), persica malus (ve s., Macrobe). Au sens 1, les pĂȘches Melba ont Ă©tĂ© ainsi nommĂ©es en 1893 par le cuisinier fr. G. A. Escoffier, en l'honneur de la cantatrice australienne Nellie Melba (Ac. Gastr. 1962 ; Encyclop. brit., s.v. Escoffier).


Lire Ă©galement les dĂ©finitions de pĂȘche et pĂȘcher du nom pour amorcer la rĂ©flexion symbolique.


Autres noms :

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Botanique :

Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulĂ© simplement Des fruits (Librairie ArthĂšme Fayard, 1994), brosse le portrait de la PĂȘche :


Le pĂȘcher est originaire de Chine, oĂč prĂȘtres, poĂštes et sculpteurs en firent un symbole de l'immortalitĂ©, qu'il Ă©ternisĂąt la vie pour les uns ou qu'il empĂȘchĂąt le corps de se corrompre pour les autres. Le pĂȘcher est Ă  l'estampe japonaise : un emblĂšme de la plus pure beautĂ©. TĂ©nus et Ă©vanescents, les pĂȘchers illustrent, de leurs fleurs dĂ©licatement rosĂ©es, miniatures, aquarelles et objets d'art chinois.

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La pĂȘche fut cultivĂ©e en Perse dont on l'a d'abord crue originaire, comme le rappelle sa dĂ©nomination latine, Prunus persica. Elle fut introduite en Italie sous le rĂšgne d'Auguste. Puis elle connut la vindicte des naturalistes romains, de Pline et de Galien en particulier ; il est vrai qu'Ă  l'Ă©poque les pĂȘches Ă©taient plus riches en eau qu'en saveur. Venance Fortunat, poĂšte italien du VIe siĂšcle, « goinfre fieffĂ© et redoutable pique-assiette », mentionne Ă  la fin d'un repas offert par un riche habitant de Soissons , « ces doux fruits que le vulgaire appelle les pĂȘches ». La pĂȘche est ensuite signalĂ©e dans le capitulaire De Villis de Charlemagne.

Sous le rĂšgne de Louis XIV, on comptait dĂ©jĂ  trente-trois variĂ©tĂ©s de pĂȘches, dont La Quintinie Ă©tablit la liste. Celui-ci cultivait les pĂȘchers en espaliers, appuyĂ©s Ă  des murs blancs qui reflĂ©taient la chaleur solaire, selon une technique rĂ©cemment redĂ©couverte, elle aussi d'origine chinoise. Louis XIV raffolait des pĂȘches et ses successeurs hĂ©ritĂšrent de cette prĂ©dilection.

Henri Leclerc rapporte une anecdote concernant Louis XVIII qui tenait lui aussi les pĂȘches en grande estime : « Un matin, Saturnin, jardinier de Louis XVIII, confie Ă  son enfant deux pĂȘches magnifiques, dessert attendu du roi ; l'enfant met soigneusement les fruits dans un panier et les porte Ă  Sa MajestĂ©. A la vue de ces pĂȘches sans pareilles, Louis XVII, voulant louer l'enfant, le fait venir, le fait asseoir et, sĂ©ance tenante, savoure avec dĂ©lices la plus belle des deux pĂȘches. Quelle voluptĂ© ! Le fruit est d'une suavitĂ© incomparable, et l'enfant est futĂ©, mutin, charmant : "Petit, lui dit le roi, tu me plais : prends cette seconde pĂȘche et mange-la. - Volontiers", fait le gamin, ravi. Et, tirant de sa poche un couteau rustique, il se met Ă  peler dĂ©licatement le fruit que le roi lui a donnĂ© : "Malheureux ! s'Ă©crie Louis XVIII en saisissant de sa main gonflĂ©e par la goutte la main de l'enfant. Tu ne sais donc pas, petit sot, qu'une pĂȘche ne se pĂšle jamais ? - Je vais vous dire, raconte tranquillement l'enfant : en route, j'ai laissĂ© tomber mon panier en cueillant des mĂ»res et les pĂȘches ont roulĂ© dans la crotte". »,

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Parmi les diverses variĂ©tĂ©s de pĂȘches figuraient, Ă  l'Ă©poque du Roi-Soleil, la belle de Vitry et la belle de Chevreuse. Ces dĂ©nominations nous rappellent que les cultures fruitiĂšres se dĂ©veloppaient alors dans la rĂ©gion parisienne, avant que la croissance de la mĂ©tropole ne vĂźnt remplacer arbres et vergers par des tours de bĂ©ton et des citĂ©s-dortoirs. De surcroĂźt, les anciens vergers d'Île-de-France eurent Ă  subir la concurrence de ceux du Midi et de ceux, encore plus Ă©loignĂ©s, d'Espagne ou d'Italie du jour oĂč le chemin de fer permit le transport rapide de ces fruits fragiles.

Les multiples variĂ©tĂ©s de pĂȘches se diffĂ©rentient par trois caractĂšres : la peau plus ou moins veloutĂ©e ou plus ou moins lisse, comme c'est le cas pour la nectarine et le brugnon, hybride du pĂȘcher et du prunier ; la couleur de la chair, rouge chez les pĂȘches dites de vigne (la seule variĂ©tĂ© cultivĂ©e qui soit apte Ă  se reproduire aisĂ©ment Ă  partir du noyau, le pĂȘcher Ă©tant communĂ©ment greffĂ© sur amandier ou sur prunier) ; blanche chez la plupart des espĂšces, mais jaune chez les pĂȘches abricots dont les variĂ©tĂ©s pavies sont le plus frĂ©quemment cultivĂ©es aujourd'hui ; chez ces variĂ©tĂ©s, la chair adhĂšre au noyau, ce qui est le cas Ă©galement du brugnon, mais non de la nectarine ; c'est lĂ  en effet le troisiĂšme caractĂšre distinguant les diverses variĂ©tĂ©s de pĂȘches.

Si, autrefois, la pĂȘche fut facilement dĂ©noncĂ©e comme un fruit suspect, sans doute Ă  cause de sa propension Ă  pourrir trĂšs rapidement, les hygiĂ©nistes se sont toujours accordĂ©s pour en conseiller l'usage aux dyspeptiques. En effet, en raison de sa faible aciditĂ©, de sa faible teneur en sucre, du moelleux de sa chair, elle est l'un des fruits les mieux tolĂ©rĂ©s par l'estomac. Mais si les Anciens se mĂ©fiaient des fruits du pĂȘcher, ils faisaient en revanche grand cas de ses feuilles et des es fleurs. Henri Leclerc nous rappelle que « le sirop de fleurs de pĂȘcher Ă©tait un des rares purgatifs qui trouvĂąt grĂące aux yeux de Gui Patin, dot on sait que l'arsenal thĂ©rapeutique se rĂ©duisait ordinairement au sĂ©nĂ©, au son et Ă  la saignĂ©e, ces trois "S" avec lesquels ThĂ©ophraste Renaudot l'accusait charitablement d'envoyer ses malades dans un monde meilleur... »

Les fleurs et feuilles du pĂȘcher, tout comme les noyaux - de mĂȘme, d'ailleurs, que les noyaux de la plupart des Prunus -, contiennent des traces d'acide cyanhydrique, encore qualifiĂ© d'acide prussique, car il est apparentĂ© chimiquement au bleu de Prusse. On en fit jadis des remĂšdes sĂ©datifs et on conseillait Ă  bon droit le sirop de fleurs de pĂȘcher dans le traitement de la coqueluche : en l'espĂšce, il rĂ©pond Ă  une double indication en jouant simultanĂ©ment le rĂŽle d'un calmant et d'un laxatif, tout en soustrayant les jeunes malades aux dĂ©bauches mĂ©dicamenteuses dont les accable trop souvent la sollicitude de leur entourage.

La pĂȘche est Ă©galement un fruit efficace contre la constipation ; mais, trop verte u trop mĂ»re, elle peut provoquer des diarrhĂ©es. Il convient donc de choisir des pĂȘches Ă  point. On trouve en outre dans la pĂȘche un grand nombre d'oligo-Ă©lĂ©ments, mais assez peu de vitamines.

S'il est en Chine un symbole d'immortalitĂ©, le pĂȘcher lui-mĂȘme ne bat aucun record de longĂ©vitĂ© : on lui donne au plus quinze ans d'espĂ©rance moyenne de vie.

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore mĂ©dicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriĂ©tĂ©s thĂ©rapeutiques du PĂȘcher :


PropriĂ©tĂ©s physiques. - Les feuilles que l'on rĂ©colte en juin et en juillet et les jeunes pousses ont une odeur d'amandes amĂšres et une saveur analogue ; les fleurs lĂ©gĂšrement odorantes ont la mĂȘme saveur ; en sĂ©chant elles perdent leur odeur et conservent leur saveur. Les feuilles, les fleurs, les bourgeons, et les amandes contiennent de l'acide cyanhydrique auquel elles doivent la plupart de leurs propriĂ©tĂ©s mĂ©dicales.


Usages MĂ©dicaux. - Toutes ces parties du pĂȘcher deviennent vĂ©nĂ©neuses Ă  haute dose ; les feuilles que beaucoup de personnes ont la mauvaise habitude de mĂącher peuvent occasionner des accidents ; il en est de mĂȘme des amandes qui ont causĂ© des empoisonnements. Les feuilles et les fleurs du pĂȘcher sont purgatives, anthelminthiques et laxatives . Le sirop de fleurs de pĂȘcher est connu depuis fort longtemps comme laxatif et vermifuge ; il en est de mĂȘme de leur infusion dans le lait. La prĂ©sence de l'acide cyanhydrique justifie l'emploi qui a Ă©tĂ© fait des feuilles, des fleurs et des amandes du pĂȘcher comme antispasmodiques dans les douleurs nĂ©phrĂ©tiques et vĂ©sicales, les spasmes, la coqueluche, les vomissements nerveux. L'Ă©corce et les feuilles de pĂȘcher sont aussi dites fĂ©brifuges ; Cazin a employĂ© les feuilles en topique comme anthelminthique et pour calmer les coliques. Chacun connaĂźt l'usage du fruit dont l'arĂŽme et la saveur sont si agrĂ©ables ; il est nourrissant, rafraĂźchissant et adoucissant. C'est une pulpe qui convient dans les affections inflammatoires, mais qui demande chez les vieillards et les estomacs paresseux Ă  ĂȘtre relevĂ©e par un peu de sucre et de vin.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, prĂ©jugĂ©s, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


NOYAUX MERVEILLEUX. Nos pĂšres, qui avaient un grand amour pour les recettes Ă©tranges et estimaient surtout celles qui leur Ă©taient communiquĂ©es par les magiciens et les sorciers , accordaient une confiance toute particuliĂšre Ă  la suivante, quoiqu'ils ne l'eussent probablement jamais mise en pratique. Afin de se procurer, disaient-ils, des noyaux de pĂȘcher ou d'amandier sur lesquels son nom fĂ»t Ă©crit, on prenait un noyau ou une amande provenant d'un beau fruit, on le mettait en terre et on l'y laissait durant six ou sept jours jusqu'Ă  ce qu'il fĂ»t Ă  demi ouvert. On le retirait alors avec prĂ©caution, on Ă©crivait dessus son nom avec du cinabre, et lorsqu'il Ă©tait sec, on le replaçait en terre, aprĂšs l'avoir refermĂ© au moyen d'un fil. L'arbre obtenu de ce semi, fournissait Ă  son tour des fruits dont tous les noyaux devaient porter immanquablement le nom du planteur.


PÉCHER. Les Chinois donnent le nom de Theo-jin ou homme de pĂȘcher, Ă  des statuettes en bois de cet arbre, qu'ils placent comme un talisman sur la porte de leurs maisons.

Il existe aussi cette croyance que des boĂźtes faites avec du bois de pĂȘcher qui n'est pas mort sur pied, donnent au tabac qu'on y enferme un parfum agrĂ©able.

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Historique des empoisonnements relatifs Ă  l'acide cyabhydrique :


Nicolas Simon, dans une thĂšse intitulĂ©e Le poison dans l’histoire : crimes et empoisonnements par les vĂ©gĂ©taux et soutenue Ă  la facultĂ© de pharmacie de Nancy, (Sciences pharmaceutiques. 2003. ffhal-01732872f) nous rappelle la dangerositĂ© de plantes que l'on juge souvent inoffensives :


Les plantes contenant le plus d'acide cyanhydrique appartiennent Ă  la famille des Rosaceae qui regroupe des plantes plus que familiĂšres telles que le pĂȘcher, le cerisier, le pommier, l'abricotier, le prunier ou l'amandier. Ces plantes, nous les connaissons bien et nous croyons tous qu'elles ne peuvent pas nous faire de mal. Et pourtant les noyaux de leurs fruits contiennent en quantitĂ© non nĂ©gligeable un des poisons les plus toxiques et les plus foudroyants que l'Homme ait jamais dĂ©couvert: le cyanure.

Les funestes effets de l'acide cyanhydrique Ă©taient connus depuis l'AntiquitĂ©: ce sont eux que les prĂȘtres Ă©gyptiens utilisaient, aprĂšs avoir extrait l'acide de la pĂȘche, pour punir les initiĂ©s qui avaient trahi les secrets de l'art sacrĂ©, et selon la coutume juive et Ă©gyptienne, les « eaux amĂšres », prĂ©dĂ©cesseurs de l'eau de laurier-cerise, de l'essence d'amandes amĂšres et mĂȘme du kirsch, servaient au chĂątiment des femmes adultĂšres sans laisser la moindre trace dans son cadavre. Nous avons vu prĂ©cĂ©demment que Britannicus aurait visiblement succombĂ© sous l'effet du cyanure.

C'est en 1709 que le philosophe allemand Conrad Dissel, se piquant d'alchimie, prépara le bleu de Prusse. Puis, en 1782, partant de ce produit, le suédois Charles Guillaume Scheele, l'un des fondateurs de la chimie organique, en isola un acide qui reçut le nom d'acide prussique. Il garda ce nom jusqu'en 1814 aprÚs que Louis Gay-Lussac ait obtenu la molécule d'acide cyanhydrique à l'état pur et son précurseur, le cyanogÚne.

On dit que le scientifique suédois fut la premiÚre victime de sa trouvaille puisqu'il mourut subitement dans son laboratoire en 1786. Un chimiste autrichien, Schlaringen, serait mort d'avoir laissé trop longtemps de l'acide prussique au contact de son bras nu.

Ce poison si toxique, nous pouvons le trouver tous les jours Ă  portĂ©e de main: Ă©crasez un noyau de cerise ou un pĂ©pin de pomme et vous sentirez une odeur d'essence d'amande amĂšre caractĂ©ristique de l'acide cyanhydrique que vous venez de produire par hydrolyse. Mais pour ressentir le moindre dĂ©but d'intoxication, il faudrait ingurgiter une quantitĂ© considĂ©rable de noyaux. En revanche, le danger peut rapidement venir de l'amande ; il existe deux types d'amandier, l'un produisant les amandes douces (Prunus amygdalus var. dulcis) et l'autre, les amandes amĂšres (Prunus amygdalus var. amara). L'amertume des amandes de cette deuxiĂšme variĂ©tĂ© est due Ă  la prĂ©sence d'un hĂ©tĂ©roside cyanogĂ©nĂ©tique (c'est-Ă -dire qui produit du cyanure) : l'amygdaloside. Une centaine de grammes d'amandes amĂšres constituerait une dose lĂ©tale pour l'homme et cinq Ă  six amandes suffiraient Ă  provoquer la mort d'un enfant. Et il faut savoir qu'il n'est pas rare de trouver quelques amandes amĂšres dans un lot d'amandes douces, d'oĂč un nombre important d'intoxications parfois fatales.

[...] De par sa rapidité d'action, c'était autrefois le moyen favori de suicide des photographes, chimistes, médecins (qui en disposaient toujours dans leurs laboratoires), mais aussi des espions, tombés aux mains de l'ennemi, qui se supprimaient grùce à une capsule de cyanure cachée dans une dent creuse.

Citons l'histoire d'Alan M. Turing (1912-1954), qui fut l'un des plus grands génies du 20Úme siÚcle. Premier théoricien de l'informatique, il formalise les notions qui vont permettre à celle-ci et à J'intelligence artificielle de se développer (machine de Turing, test de Turing ... ). Au service de l'armée britannique pendant la seconde guerre mondiale, il vient à bout du cryptage des messages nazis en perçant les secrets de la machine Enigma, procurant un avantage stratégique inestimable aux Alliés. Mais pendant la guerre froide, il fut persécuté par l' administration britannique pour son homosexualité et il fut condamné à la castration chimique. Il mit fin à ses jours le 7 juin 1954, en croquant dans une pomme qu'il avait imprégnée de cyanure. Plusieurs années plus tard, trois jeunes américains fondent une société d'informatique promise à un grand avenir, qu'ils baptisent Apple et prennent pour logo une petite pomme entamée, aux couleurs de l'arc-en-ciel. Beaucoup, dans le milieu étroit de l'informatique naissante des années 70, y reconnaßtront un hommage au destin tragique du pÚre fondateur de l'informatique.


Des années sombres : L'acide cyanhydrique connut une de ses heures de gloire lors de la premiÚre guerre mondiale, en effet, l'acide prussique fut l'un des nombreux gaz de combat utilisés sur les champs de bataille pendant cette guerre, souvent associé au phosgÚne. Les spécialistes français, qui croyaient beaucoup aux vertus militaires de l'acide cyanhydrique, l'utilisÚrent de façon massive dans des projectiles d'artillerie à partir de 1917. Mais cet acide a aussi connu une période plus trouble, plus dévastatrice et surtout plus honteuse dans l'Histoire : c'est lui qui était le composant principal du Zyklon B. Les nazis s' aperçurent que ce gaz, initialement utilisé comme insecticide, était d'une toxicité sans égale et pouvait se révéler l'outil idéal dans leur immense projet de purification ethnique. Les premiÚres chambres à gaz à Zyklon B furent installées en 1941 à Auschwitz. Au début, elles pouvaient permettre de gazer prÚs de neuf cent personnes entassées à plus de dix par mÚtres carrés en une seule opération.

Le témoignage suivant nous est rapporté par R. Vrba et F. Wetzler, rescapés d'Auschwitz :


« Pour persuader les malheureux qu'on les conduit vraiment au bain, deux hommes vĂȘtus de blanc leur remettent Ă  chacun un linge de toilette et un morceau de savon. Puis on les pousse dans la chambre des gaz C. Deux mille personnes peuvent y rentrer, mais chacun ne dispose strictement que de la place pour tenir debout. Pour parvenir Ă  parquer cette masse dans la salle, on tire des coups de feu rĂ©pĂ©tĂ©s afin d'obliger les gens qui y ont dĂ©jĂ  pĂ©nĂ©trĂ© Ă  se serrer. Quand tout le monde est Ă  l'intĂ©rieur, on verrouille la lourde porte. On attend quelques minutes, probablement pour que la tempĂ©rature dans la chambre puisse atteindre un certain degrĂ©, puis des SS revĂȘtus de masques Ă  gaz montent sur le toit, ouvrent les fenĂȘtres et lancent Ă  l'intĂ©rieur le contenu de quelques boĂźtes de fer blanc : une prĂ©paration en forme de poudre. Les boĂźtes portent l'inscription "Cyklon" (insecticide), elles sont fabriquĂ©es Ă  Hambourg. Il s'agit probablement d'un composĂ© de cyanure, qui devient gazeux Ă  une certaine tempĂ©rature. En trois minutes, tous les occupants de la salle sont tuĂ©s. »

Le poison fut responsable, dans les camps de la mort, d'un nombre incalculable mais sûrement gigantesque de victimes innocentes. La «solution finale» des nazis a permis au poison de prendre subitement une autre dimension: il était auparavant l'outil d'un homme qui voulait supprimer un autre homme; avec les camps de la honte il devient un outil de mort industriel, un outil d'extermination de masse. C'est cette facette du poison qui perdurera jusqu'à nos jours et qui continuera encore longtemps aprÚs nous. Et ne l'oublions pas, ce sont d'innocentes plantes qui ont servi de base à cette industrie de mort.

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Symbolisme :


D'aprĂšs Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les lĂ©gendes du rĂšgne vĂ©gĂ©tal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),

PÊCHER. — D’aprĂšs une superstition populaire sicilienne, celui qui a le goĂźtre et qui, la nuit de la Saint-Jean ou de l’Ascension, mange une pĂȘche, en guĂ©rit sans faute, Ă  condition que le pĂȘcher Ă  l’instant mĂȘme pĂ©risse ; on pense que le pĂȘcher, en mourant, prend le goĂźtre sur lui, et en dĂ©livre celui qui a le malheur d’en ĂȘtre affligĂ©. Dans la Lomelline (Haute-Italie), on cache soigneusement les feuilles du pĂȘcher sous la terre, oĂč elles pourrissent : elles aident Ă  la guĂ©rison des boutons qui se forment sur les mains, dits poireaux.

Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles, (1Úre édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"Le pĂȘcher en fleur est en raison de sa floraison prĂ©coce, un symbole du printemps. La Chine en fait simultanĂ©ment, et pour la mĂȘme raison de renouvellement et de fĂ©conditĂ©, un emblĂšme du mariage. Les fĂȘtes cĂ©lĂ©brĂ©es au Japon en l'honneur des fleurs de pĂȘcher (Momo) semblent y ajouter la double notion de puretĂ© et de fidĂ©litĂ© : la fleur de pĂȘcher symbolise la virginitĂ©.

Le fruit se rattache en revanche au mythe d'Izanagi qui, grĂące Ă  lui, se protĂ©gea du tonnerre. Il possĂšde un rĂŽle de protection contre les influences mauvaises, une valeur d'exorcisme, qu'on retrouve trĂšs nettement en Chine. L'exorcisme est pratiquĂ© Ă  l'aide d'u bĂąton de pĂȘcher, peut-ĂȘtre parce que Yi-l'Archer fut tuĂ© par un tel bĂąton, lequel est une arme royale. Au nouvel an, des figurines en bois de pĂȘcher sont placĂ©es au-dessus des portes pour Ă©liminer les influences perverses.

Souvent, le pĂȘcher - et la pĂȘche - sont des symboles d'immortalitĂ©. Le pĂȘcher de la Siwang mou, la Royale MĂšre de l'Ouest, produit tous les trois mille ans des pĂȘches qui confĂšrent l'immortalitĂ©. Les Immortels se nourrissent de fleurs de pĂȘcher (et de prunier) ou, comme Koyeou, des pĂȘches du Mont Souei. La sĂšve du pĂȘcher, rapporte le Pao-p'ou tseu, rend le corps lumineux. La pĂȘche apporte mille printemps, assure l'iconographie populaire.

Les lĂ©gendes des sociĂ©tĂ©s secrĂštes chinoises reprennent symboliquement le thĂšme historique du Serment du Jardin des PĂȘchers. Or certaines versions en font un Jardin d'ImmortalitĂ©, sorte d'Eden de la nouvelle naissance, ce qui identifie le pĂȘcher Ă  L'Arbre de Vie du Paradis terrestre, aboutissement ici du voyage initiatique.

On ajoutera que la vue des fleurs de pĂȘcher fut la cause de l'Illumination du moine Ling-yun, c'est-Ă -dire qu'elle produisit spontanĂ©ment son retour au centre, Ă  l'Ă©tat Ă©dĂ©nique.

D'aprĂšs le Livre des monts et des mers, petit ouvrage de gĂ©ographie mythologique, composĂ© vers le IIIe siĂšcle avant notre Ăšre, il y avait un pĂȘcher colossal, avec un tronc de 3000 lis de tour (environ 1500 mĂštres), dans les branches duquel s'ouvrait La Porte des Revenants. Les gardiens de cette porte Ă©taient chargĂ©s de saisir les revenants malfaisant et de les donner en pĂąture aux tigres, car les tigres ne se repaissent que d'individus tarĂ©s. C'est le fameux empereur Houang-Ti, qui eut l'idĂ©e de ne plus utiliser de gardiens, mais de suspendre tout simplement leur effigie en bois de pĂȘcher sur les portes. C'est Ă©galement en bois de pĂȘcher que l'on fabrique les pinceaux de divination, le Ki-Pi, sorte de fourche laquĂ©e de rouge dont les mouvements, en dessinant les caractĂšres, rendent l'oracle."

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'EncyclopĂ©die des herbes magiques (1Ăšre Ă©dition, 1985 ; adaptation de l'amĂ©ricain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le PĂȘcher (Prunus persica) a les caractĂ©ristiques suivantes :

Genre : Féminin

PlanÚte : Vénus

ÉlĂ©ment : Eau

Pouvoirs : Fécondité - Sagesse - Longévité.


Il y avait alors, Ă  Babylone, deux juges corrompus qui, ayant surpris une femme, la chaste Suzanne, dans son jardin alors qu'elle prenait son bain Ă  la fontaine, voulurent la sĂ©duire en la menaçant de l'accuser d'adultĂšre si elle leur rĂ©sistait. Suzanne rĂ©pondit qu'elle aimait mieux mourir, et elle se mit Ă  crier au secours ; mais les deux affreux vieillards dĂ©clarĂšrent en prĂ©sence du peuple qu'ils l'avaient vue en situation compromettante dans les bras d'un jeune homme qui avait pris la fuite Ă  leur approche. Suzanne allait donc ĂȘtre lapidĂ©e suivant la loi, lorsque Daniel, ayant conçu des doutes, demanda la parole.

Il fit séparer les deux accusateurs pour les interroger l'un aprÚs l'autre, et demanda au premier :

« Sous quel arbre de son jardin avait-il surpris cette femme en train de fauter ?

- Sous un figuier », répondit sans hésitation le juge véreux.

Puis Daniel posa la mĂȘme question Ă  l'autre qui rĂ©pondit :

« Sous un PĂȘcher. »

peuple reconnut alors la fourberie des deux vieillards, et il les lapida Ă  la place de Suzanne.


Utilisation magique : Manger des pĂȘches rend amoureux et sage en mĂȘme temps, ce qui est assez exceptionnel : ne dit-on pas plutĂŽt que « l'amour rend fol », alors que la sagesse Ă©choit au contraire aux tempĂ©rants, aux abstinents. Telle est pourtant la tradition anglo-saxonne attachĂ©e Ă  ce fruit – tradition qu'ont longtemps observĂ©e les jeunes Anglaises et AmĂ©ricaines en s'empressant de servir Ă  l'homme qu'elles convoitaient d'appĂ©tissantes compotes ou de croustillantes tartes aux pĂȘches...

Porter sur soi une boule de « sang » qui perle en Ă©tĂ© sur l'Ă©corce des vieux PĂȘchers assure une vieillesse vigoureuse, prĂ©servĂ©e de la sĂ©nilitĂ© comme des maladies.

En Chine, autrefois, les branches de cet arbre fruitier Ă©taient utilisĂ©es pour chasser les mauvais esprits et expulser les maladies qui avaient rĂ©ussi Ă  pĂ©nĂ©trer dans le corps d'un humain ou d'un animal. Dans beaucoup de provinces du centre, les petits enfants, comme les animaux domestiques du village, portaient Ă  leur cou un noyau de pĂȘche enfilĂ© sur un cordon.

L'amande qui se trouve Ă  l'intĂ©rieur du noyau Ă©tait pilĂ©e; et le lait recueilli servait aux rites de dĂ©sensorcellement. Pour les Japonais, le PĂȘcher est un arbre fĂ©condant. Son bois fait de trĂšs bonnes baguettes de divination.

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Dans Le Livre des Fleurs (Librairie philosophique J. Vrin, 1989), Georges Ohsawa (Nyoiti Sakurazawa) tente d'initier les Occidentaux à la subtilité de l'art des fleurs.


Au Japon, "Chaque fĂȘte populaire est en mĂȘme temps une fĂȘte de fleur. Au nouvel an, c'est le pin et le prunier qui sont Ă  l'honneur. Au mois de mars ce sont les fleurs de pĂȘcher, symboles de la virginitĂ©. Alors les jeunes filles disposent leurs poupĂ©es sur une ou plusieurs Ă©tagĂšres dĂ©corĂ©es de branches fleuries.

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et lĂ©gendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), ÉloĂŻse Mozzani nous propose la notice suivante :


En Provence, les noyau des pĂȘches bĂ©nies Ă  la fĂȘte de Saint-CĂ©saire protĂšgent du malheur et guĂ©rissent les fiĂšvres. On croit d'ailleurs que le pĂȘcher par sa seule prĂ©sence a un pouvoir bĂ©nĂ©fique sur l'Ă©tat fĂ©brile. les Marseillais recommandent aux malades de sommeiller sous cert arbre pendant deux ou trois heures, le dos bien appuyĂ© au tronc. En Sicile, manger une pĂȘche ou mordre dans l'Ă©corce de l'arbre qui la porte, la nuit de la Saint-Jean ou de l'Ascension, guĂ©rit du goitre mais ces procĂ©dĂ©s provoquent la mort du pĂȘcher. Les Italiens se dĂ©barrassent des verrues en enfouissant des feuilles de pĂȘcher dans le sol.

Pour les Anglo-Saxons, manger des pĂȘches rend amoureux - d'oĂč la « tradition qu'ont longtemps observĂ©e les jeunes Anglaises et AmĂ©ricaines [...] de servir Ă  l'homme qu'elles convoitaient d'appĂ©tissantes compotes et de croustillantes tartes aux pĂȘches » - et sage Ă  la fois. Pour vieillir en bonne santĂ© tout en conservant un esprit alerte, les Anglo-Saxons recommandent de porter sur soi « une boule de "sang" qui perle en Ă©tĂ© sur l'Ă©corce des vieux pĂȘchers ». Le bois de pĂȘcher fait d'excellentes baguettes divinatoires. Pour obtenir un pĂȘcher dont tous les fruits porteraient en leur noyau le nom d'une personne, il fait, selon une vieille recette, mettre en terre le noyau d'une pĂȘche quelconque, l'y laisser jusqu'Ă  ce qu'il s'ouvre Ă  moitiĂ© (si ou sept jours) ;puis on Ă©crit son nom avec du cinabre, on referme le noyau qui reprend sa place dans le sol et on attend que l'arbre aux « noyaux merveilleux » pousse. Cette recette est valable Ă©galement pour l'amandier et l'amande.

Au Japon, oĂč la fleur de pĂȘcher figure la virginitĂ©, la pĂȘche protĂšge des influences dĂ©moniaques ; et en Chine, oĂč lep^cher en leur symbolise fĂ©conditĂ© et mariage, on exorcise avec un bĂąton de pĂȘcher. Le bois de cet arbre fruitier y sert aussi Ă  fabriquer des figurines placĂ©es au-dessus des portes au nouvel an pour Ă©loigner les mauvaises influences et Ă  fabriquer des berceaux car il assure la longĂ©vitĂ©.

Pour finir, signalons que, selon de vieux grimoires, les noyaux de pĂȘche peuvent servir Ă  la fabrication d'une « encre pour noter les sommes qu'on prendra dans les trĂ©sors cachĂ©es et pour en demander de plus fortes Ă  Lucifuge dans les nouveaux besoins ». VoilĂ  comment il faut s'y prendre :


Prenez des noyaux de pĂȘche sans en ĂŽter les amandes, mettez-les dans le feu pour les rĂ©duire en charbons bien brĂ»lĂ©s ; alors retirez-les, et, lorsqu'ils sont bien noirs, prenez-en une partie, que vous mĂȘlerez avec autant de noir de fumĂ©e ; ajoutez-y deux parties de noix de galle concassĂ©es ; faites dans l'huile dessĂ©chĂ©e de gomme arabique quatre parties ; que le tout soit mis en poudre trĂšs fine et passĂ©e par le tamis. Mettez cette poudre dans de l'eau de riviĂšre. Il est inutile de faire remarquer que tous les objets dĂ©crits ci-dessus doivent ĂȘtre absolument neufs.

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D'aprĂšs​ Le Livre des symboles, rĂ©flexions sur des images archĂ©typales (2010) dirigĂ© par Ami Ronnberg et Kathleen Martin, avec le concours des auteurs de ARAS,


"Une vierge de jade tient un plateau chargĂ© de succulentes pĂȘches roses prĂ©parĂ©es pour la dĂ©esse. Celle qui s'apprĂȘte Ă  dĂ©guster ces fruits extraordinaires est Xiwangmu, la reine-mĂšre d'Occident. Ils ont mis 3 000 ans Ă  mĂ»rir, car ce sont des pĂȘches d'immortalitĂ© (Little). Maintenant qu'elles ont Ă©tĂ© cueillies, Xiwangmu invite les autres dieux taoĂŻstes Ă  une fĂȘte oĂč ils pourront manger les fruits de cette rĂ©colte miraculeuse (Eberhard).


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Le pĂȘcher de Xiwangmu pousse dans le jardin de son palais situĂ© dans le paradis chinois du Mont Kunlun (Little). Faisant trois mille lieues d'envergure, ses branches enchevĂȘtrĂ©es grimpent jusqu'au ciel et servent d'Ă©chelle aux dieux pour aller et venir entre la terre et les cieux. Outre le fait d'ĂȘtre protĂ©gĂ© par des gardiens divins, le bois du pĂȘcher contient du ling, la force spirituelle, et protĂšge donc des mauvais esprits (Birelle, Leach).

Le symbolisme de la pĂȘche est variĂ©, conjuguant le sensuel et l'Ă©sotĂ©rique, l'humain et le divin. En apparence et en goĂ»t, la pĂȘche suggĂšre une abondance juteuse Ă  la fois naturelle et sacrĂ©e. Fleurissant au dĂ©but du printemps, le pĂȘcher annonce avec certitude la rĂ©gĂ©nĂ©ration de la nature. Tant en Occident qu'en Orient, la pĂȘche, avec ses formes rondes et son sillon, est associĂ©e depuis longtemps au sexe fĂ©minin et au principe fĂ©minin de fĂ©conditĂ© et de renouveau (Stevens). Ne dit-on pas des femmes qui ont bonne mine et une peau saine qu'elles ont "un teint de pĂȘche" ? Le Printemps de la fleur de pĂȘcher Deux mythes, l'un chinois l'autre japonais, Ă©tablissent poĂ©tiquement le rapprochement entre la pĂȘche et le renouveau de la vie. Le premier, , parle d'une profonde grotte au fond de laquelle on accĂšde Ă  un monde enchantĂ© au-delĂ  de la vie mortelle (Eberhard). Dans le second, Le Petit Garçon pĂȘche, un couple sans enfant trouve une grosse pĂȘche flottant dans un ruisseau. En la fendant, ils dĂ©couvrent Ă  l'intĂ©rieur un minuscule garçon, Momotar, ou "garçon-pĂȘche". En grandissant, celui-ci devient un hĂ©ros et rĂ©cupĂšre un trĂ©sor volĂ© par une bande de dĂ©mons (Pigott).

Les pĂȘches ne sont pas uniquement des fruits magiques et la nourriture des Immortels, elles touchent Ă©galement les vies ordinaires. Shou-Lo, un vieillard barbu reprĂ©sentĂ© sortant d'une pĂȘche, est le dieu chinois de la longĂ©vitĂ©. Cette promesse est cĂ©lĂ©brĂ©e par une soupe spĂ©ciale consommĂ©e en Chine le premier jour de l'an (Leach).

On raconte que lorsqu'une Ăąme mange un fruit du pĂȘcher sacrĂ©, elle jouit de trois mille ans de bonne santĂ©. Mais chaque fois que nous mordons dans la chair juteuse d'une pĂȘche, nous n'avons pas besoin de jardin divin ni d'entrevoir l'Ă©ternitĂ©. Tandis que nous perçons sa surface duveteuse et que notre palais est envahi par sa riche saveur sucrĂ©e, nous sommes de plain pied dans le prĂ©sent et goĂ»tons Ă  notre propre petit paradis."


Anne Birrell, Mythes chinois, trad. V. Thierry Scully, Paris, 2005 /

Wolfram Eberhard, A Dictionnary of Chinese Symbols, Londres et NY, 1986 /

Maria Leach (ed.), Funk & Wagnall Standard Dictionnary of Folklore, Mythology and Legend, NY, 1949 /

Stephen Little et Shawn Eichman, Taosim and the Arts of China, Berkeley, 2000 /

Juliet Pigott, Japanese Mythology, Londres et NY, 1969 /

Anthony Stevens, Ariadne's Clue : A Guide to the Symbols of Humankind, Princeton, 1998.

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Editions QuĂ©bec-Livres, 2013), prĂ©sente ainsi le PĂȘcher (Prunus persica) :


"C'est un arbre que l'on cultive un peu partout dans le monde pour ses fruits splendides et d'un goût délectable.


Propriétés médicinales : Les feuilles de cet arbre, prises en infusion, accroßtront le flot urinaire. cette infusion a aussi un effet calmant sur le stress et la nervosité. Prises en décoction, ses feuilles agissent comme un expectorant utilisé dans les cas de bronchites chroniques et de congestion pulmonaire.

Une infusion des feuilles est également recommandée pour enrayer les nausées et les vomissements qui surviennent au cours d'une grossesse. Petite précaution : attention, une trop grande utilisation de cette plante en tisane pourrait avoir des effets purgatifs.


Genre : Féminin.


Déités : Aphrodite - Vénus - Perséphone.


PropriĂ©tĂ©s magiques : Amour - FertilitĂ© - SantĂ© - ConcrĂ©tisation de ses rĂȘves.


Applications :

SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • La tradition veut que les pĂȘches provoquent le sentiment amoureux chez ceux et celles qui en mangent.

  • En Asie, on utilise les branches de cet arbre pour chasser les mauvais esprits et on suspend un noyau de pĂȘche au cou des enfants afin d'Ă©loigner le mauvais sort.

RITUEL POUR CONCRÉTISER UN RÊVE OU UN SOUHAIT

Ce sortilĂšge doit ĂȘtre pratiquĂ© pendant sept jours consĂ©cutifs, durant le cycle croissant de la lune (idĂ©alement, vous pouvez l'achever le soir de la pleine lune). Chaque soir, vous devez vous concentrer sur le mĂȘme rĂȘve ou le mĂȘme souhait.


Ce dont vous avez besoin :

  • sept chandelles de couleur pĂȘche

  • de l'encens de pĂȘche

  • sept noyaux de pĂȘche sĂ©chĂ©s

  • un pot de verre

  • un morceau de papier de couleur pĂȘche.

Rituel : Allumez votre chandelle (une nouvelle chaque soir) et votre encens, puis inscrivez votre souhait sur le morceau de papier et glissez-le dans le pot de verre. Placez-y ensuite un noyau de pĂȘche en disant :


Perséphone, j'invoque ton aide

Voici mon désir, fais qu'il se réalise

Je te prie de m'accorder cette faveur

Je t'honore et invoque ta présence


RĂ©pĂ©tez ce rituel pendant sept soirs ; ajoutez un nouveau noyau chaque fois. A la fin, scellez le pot avec de la cire couleur pĂȘche et allez l'enterrer pour que votre souhait se rĂ©alise."

Viens Ă  mon aide sans tarder.

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Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple vĂ©gĂ©tal (Guy TrĂ©daniel Editeur, 2020) classe les vĂ©gĂ©taux en huit familles : les MaĂźtres, les GuĂ©risseurs, les RĂ©vĂ©lateurs, les Enseignants, les NourriciĂšres, les Artistes, les BĂątisseurs et les Chamans.


Les Enseignants : le Cerisier, le Poirier, le Noyer, le PĂȘcher, l’Olivier, le Citronnier et le Figuier. Ils sont lĂ  pour nous apprendre, par leur posture et leur connaissance.

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Le Monde ne manque pas de merveilles

Mais d’émerveillement.


Les Enseignants : Chaque pĂ©pin, chaque noyau plantĂ© dans le sol a le potentiel de donner naissance Ă  un arbre. Chaque arbre donnera des milliers de fruits. Chaque fruit nous nourrira, car le pouvoir des arbres fruitiers est infini. Abricotier, Pommier, Cerisier, Figuier, les arbres fruitiers donnent en abondance, parce que c’est leur nature. Un Enseignant transmet par son exemple. A le regarder vivre, il est inspirant. L’Enseignant est gĂ©nĂ©reux de ce qu’il offre, c’est pourquoi on retrouve tant d’arbres fruitiers dans cette famille. L’arbre ne se prĂ©occupe pas que nous cueillions ses fruits pour en faire des tartes, de la confiture ou des salades. L’Enseignant enseigne parce que c’est sa nature. Il offre car il aime offrir. Il nous apprend ainsi la nature de la gĂ©nĂ©rositĂ© : offrir sans rien attendre en retour, enseigner non pas pour se faire valoir, mais enseigner pour mieux comprendre soi-mĂȘme et transmettre gĂ©nĂ©reusement, offrir en se prĂ©parant Ă  recevoir davantage, offrir parce que c’est notre nature.


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C'est parce que tu donnes

de la douceur à ton cƓur,

Que ta peau est douce.

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Le PĂȘcher est un arbre fruitier rustique, c'est-Ă -dire qu'il peut s'Ă©panouir mĂȘme Ă  des tempĂ©ratures en dessous de zĂ©ro. Pour autant, il prĂ©fĂšre les climats chauds et tempĂ©rĂ©s pour rĂ©chauffer ses fruits. Le PĂȘcher se plaira dans une terre aĂ©rĂ©e, drainĂ©e, lĂ©gĂšre et riche en matiĂšres organiques. On plante l'arbre de prĂ©fĂ©rence lors de belles journĂ©es d'automne. Avec des soins attentifs, l'arbre atteindra rapidement les trois Ă  cinq mĂštres de sa taille adulte et offrira ses fruits dĂšs la cinquiĂšme annĂ©e. Cet arbre fruitier est trĂšs social et aime qu'on s'occupe de lui. AprĂšs avoir offert ses fruits, il apprĂ©cie qu'on le taille, qu'on Ă©limine ses branches mortes ou fragiles Ă  la fin de l'hiver, qu'on le couve de bouillie bordelaise pour le prĂ©munir des maladies. Il aime qu'on nourrisse son terreau de fumier, d'engrais et de paillis et qu'on l'arrose rĂ©guliĂšrement aux journĂ©es chaudes de l'Ă©tĂ© en fin de journĂ©e, lorsque le Soleil ne craint plus de brĂ»ler ses racines. Comme tous les fruits, la PĂȘche est un trĂ©sor pour la santĂ©. Elle est riche en antioxydants, en fibres, en vitamines C, E, en cuivre, en fer. Elle stimule le transit intestinal. DĂšs lors qu'elle est bio, elle se consomme avec la peau pour bĂ©nĂ©ficier de tous ses trĂ©sors de santĂ©. La PĂȘche rĂ©duit le risque de maladies cardiovasculaires er de certains cancers. Elle a des effets bĂ©nĂ©fiques sur la vue et freine les affections de l'Ɠil, telles que les cataractes. Elle limite le vieillissement des cellules. On trouve des sources de l'origine du PĂȘcher en Perse, comme on en trouve en Chine oĂč sa culture existait dĂ©jĂ  il y a quatre mille ans. Le PĂȘcher voyage du Proche-Orient Ă  l'Italie, au bassin mĂ©diterranĂ©en et au midi de la France. Au Moyen Âge, le PĂȘcher n'est pas populaire, mais il est reconnu pour ses vertus mĂ©dicinales. On se concentre sur ses feuilles, son Ă©corce et sur son mande, mais le fruit est dĂ©laissĂ©. On peut imaginer que les PĂȘches d'alors n'avaient pas les qualitĂ©s gustatives qu'elles ont acquises aujourd'hui. Le PĂȘcher se mĂ©tamorphose au fil des siĂšcles, qui feront Ă©voluer ses diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s. Petit Ă  petit, Ă  force d'Ă©volution, le PĂȘcher a amĂ©liorĂ© ses fruits, les a rendus moins amers, plus sucrĂ©s. Il a rendu sa chair plus gĂ©nĂ©reuse et son fruit plus goĂ»teux. En Chine, le PĂȘcher occupe une place particuliĂšre. Sa force symbolique l'associe Ă  la longĂ©vitĂ©. Il poussait dans les jardins sacrĂ©s et offrait ses fruits d'immortalitĂ© tous les mille ans. La fleur de PĂȘcher et son fruit dĂ©corent les vases de la vaisselle de l'Empire. Au Japon, la fleur de PĂȘcher est associĂ©e au mariage, Ă  la virginitĂ© et Ă  la fidĂ©litĂ©. Peut-ĂȘtre est-ce la couleur diaphane des fleurs de PĂȘcher qui rappellent le teint des jeunes femmes. Pour le Nouvel An chinois, il est d'usage de dĂ©poser des branches de PĂȘcher devant sa porte pour Ă©carter les mauvais esprits et attirer protection et fidĂ©litĂ© sur sa maison. Par sa symbolique et son pouvoir magnĂ©tique, le PĂȘcher est un symbole largement utilisĂ© en feng-shui pour asseoir les bases Ă©nergĂ©tiques de l'habitat. Si son fruit est raffinĂ© et dĂ©licieux, c'est qu'il a su s'amĂ©liorer au fil des siĂšcles. Le PĂȘcher reste un pilier du verger et un symbole aussi dĂ©licat que prĂ©cieux Ă  la santĂ©, la longĂ©vitĂ© et la vie.


Mots-clés : La santé - La longévité - Le raffinement - Le soin - L'attention - La guérison - La transmission - La protection - Le mariage - L'harmonie - La virginité - La fraßcheur - La douceur - La sensualité - La peau -


Lorsque le PĂȘcher vous apparaĂźt dans le tirage : Le PĂȘcher est l'enseignant de la douceur. C'est un arbre dĂ©licat et Ă©lĂ©gant. Son enseignement est doux. Par sa peau duveteuse et sa chair sucrĂ©e, le PĂȘcher vous invite Ă  la sensualitĂ©, la tendresse, la dĂ©licatesse. Le PĂȘcher vient vous rassurer. Il vous enseigne Ă  quel point vous avez tendance Ă  vous inquiĂ©ter lorsque vous vous projetez dans le futur et Ă  vivre dans le regret lorsque vous vous accrochez au passĂ©. L'harmonie et la paix se rĂ©vĂšlent dans la plĂ©nitude du moment prĂ©sent. ApprĂ©cier l'instant prĂ©sent, respirer profondĂ©ment, se concentrer sur les sensations corporelles, sur vos cinq sens ou sur vos pensĂ©es sont autant de supports qui vous permettent de mieux vivre l'instant. Le PĂȘcher vous enseigne l'immortalitĂ©. Craignez-vous d'ĂȘtre immortel ? Le PĂȘcher vous questionne : Que considĂ©rez-vous comme immortel, votre Ăąme, votre esprit ? Et que considĂ©rez-vous comme mortel, votre corps, vos pensĂ©es ? Savez-vous distinguer ce qui est Ă©ternel de ce qui est temporel ? Car vous vivez avec ces deux attractions. Incarnez pleinement votre corps et sa dimension duelle et pĂ©rissable et Ă©levez-vous vers l'immensitĂ©, vers la non-dualitĂ© et vers l'immortalitĂ©. C'est entre l'attraction de ces forces spirituelle et matĂ©rielle, Ă©ternelle et temporelle, tellurique et cosmique que vous incarnez votre humanitĂ©. C'est dans la douceur que le PĂȘcher vous y invite.


Signification renversĂ©e : Dans sa position renversĂ©e, le PĂȘcher attire votre attention sur un manque de soin que peut-ĂȘtre vous vous accordez. Cela peut ĂȘtre au niveau de votre corps. Prenez-vous vraiment soin de votre peau ? Car la peau est l'un des organes les plus prĂ©cieux du corps humain. Il est l'intermĂ©diaire entre l'intĂ©rieur et l'extĂ©rieur, vous et les autres. La peau est ce que l'on voit de vous. Prenez-vous soin de votre peau ? Respire-t-elle profondĂ©ment ? La nettoyez-vous avec dĂ©licatesse ? Lui prodiguez-vous des soins quotidiens ? Lui Ă©vitez-vous d'ĂȘtre irritĂ©e de produits chimiques, de maquillages, de pollutions ? MĂ©ditez sur votre peau, sur les pores de la peau qui sont autant de portes vers l'extĂ©rieur. Prenez-vous soin des pensĂ©es que vous ruminez ? Il existe une vĂ©ritable hygiĂšne relationnelle et Ă©nergĂ©tique qui consiste Ă  prendre soin de ses pensĂ©es, celles qu'on rumine quotidiennement. En les identifiant, vous pouvez choisir de conserver celles qui vous font du bien en excluant les autres.


Le Message du PĂȘcher : Je suis le PĂȘcher, le grand frĂšre du verger. J'aime qu'on prenne soin de moi, car j'ai compris que nous sommes liĂ©s les uns aux autres. Lorsque le jardinier me prodigue autant de soins, lorsqu'il est attentif Ă  mes branches mortes, coupe mes fruits dĂ©licatement, me nourrit, m'arrose, il est rĂ©joui et fier des fruits que je lui offre. Il est aussi conscient de son rĂŽle dans la transmission du beau et du bon, et cela lui fait du bien. Ainsi, il sen sent aussi responsable que gĂ©niteur. Prendre soin de moi lui fait du bien. Car cela fait du bien de prendre soin de l'autre. Et toi ? Qui prend soin de toi ? Laisses-tu l'autre t'approcher, te seconder, te soutenir ? Ou prĂ©fĂšres-tu gĂ©rer tes affaires seul ? Te dis-tu que tu ne le mĂ©rites pas ou que si l'autre prend soin de toi, tu lui seras redevable ? As-tu peur d'ĂȘtre redevable ? Veux-tu coĂ»te que coĂ»te rester libre et indĂ©pendant ? N'es-tu pas finalement prisonnier de ton besoin d'autonomie ?


Le Rituel du PĂȘcher : Connectez-vous au PĂȘcher, sentez combien le jardinier prend soin de l'arbre. Aujourd'hui vous allez accepter que l'on prenne soin de vous. Acceptez de recevoir. Posez cette intention le matin. Le monde est prĂȘt Ă  vous aider dĂšs lors que vous programmez cette croyance. Si vous croyez que les gens sont devenus Ă©goĂŻstes, vous attirerez Ă  vous des Ă©goĂŻstes qui de plus profiteront de vous. Si en revanche, vous vous concentrez en vous rappelant que chacun est gĂ©nĂ©reux, qu'il est dans notre nature de prendre soin de l'autre et que cela vous fait du bien, vous allez attirer Ă  vous des hommes et des femmes qui auront du plaisir Ă  s'occuper de vous. DĂ©tendez-vous. RĂ©pĂ©tez-vous des phrases du type : « Longtemps je me suis fait croire que je ne mĂ©ritais pas qu'on s'occupe de moi. Pourtant, profondĂ©ment, je sais que cela nous fait du bien Ă  chacun de prendre soin de l'autre. Aujourd'hui, j'accueille la divinitĂ© en moi. J'ose ĂȘtre une dĂ©esse et un dieu et j'accepte que l'on s'occupe de moi. Car s'occuper de moi, c'est prendre soin de l'humanitĂ©. »

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflĂštent notre Ă©tat psychique :


Celui qui a un fort dĂ©sir de manger des PĂȘches ne sait - façon de parler - que faire de ses mains : il se tortille les doigts, ne sait pas sur quel pied danser. Il n'est pas dans son assiette... Des affaires qui l'ennuient lui pĂšsent sur l'estomac ; peut-ĂȘtre qu'il l'impute Ă  ceci ou Ă  cela... mais il s'apercevra qu'il y a au fond de lui une angoisse et une agitation qui demandent une solution fondamentale.

Celui qui a trĂšs envie de PĂȘches cache au plus profond de lui une problĂ©matique inconsciente, vague, mais qui le ronge... Sous un plexus solaire trop serrĂ© se trouve quelque chose de non rĂ©solu qui doit ĂȘtre remontĂ© Ă  la surface. Il devra rĂ©soudre une sorte de gĂȘne. Une profonde angoisse se tapit en lui. Cet humain devra travailler Ă  la dĂ©contraction de son estomac, de son plexus solaire. Il sera bon pour lui de "parler, de "s'exprimer", de dire ce qu'il ressent. Cela l'aidera Ă  se dĂ©barrasser d'une vague sensation d'angoisse. Il lui arrive de se pencher littĂ©ralement trop en avant sous les fardeaux Ă©motionnels et nerveux. Pourtant il semble Ă©cartĂ© tout cela en le dissimulant, Ă  lui-mĂȘme d'abord ; il a beau l'enterrer au fin fond de lui, ne vouloir pas en parler, la chose reste toujours lĂ ...

Il tarde Ă  cet ĂȘtre humain d'ĂȘtre dĂ©livrĂ© de ses crampes nerveuses, de ses angoisses, de ses douleurs. Son ĂȘtre a besoin de se dĂ©tendre amplement, de s'Ă©tendre, d'avoir la sensation libĂ©ratrice que l'estomac et les intestins, les poumons et le thorax ne se rĂ©trĂ©cissent plus le moins du monde et que, partageant l'Ă©moi d'un cƓur rĂ©joui, les Ă©paules se redressent en arriĂšre. Telle est la rayonnante sphĂšre de la PĂȘche.

Monsieur PĂȘche porte la tĂȘte haute. Ses joues roses respirent la santĂ©. Son sourire est radieux, son regard limpide. Conscient de sa Force Solaire il ne se fait pas de soucis. Son visage respire l'ouverture et la sincĂ©ritĂ© ; quand un problĂšme profond fait surface il le rĂ©sout sans tarder et sans mĂ©nagement. Ce caractĂšre ne tolĂšre pas que quelque chose "reste" lĂ , dans son Ăąme, sans solution ou sans ĂȘtre nettoyĂ©. Au lieu de fuit les problĂšmes il veut sur le coup y voir clair. Par consĂ©quent, ce brave Homme-PĂȘche a les Yeux absolument clairs : ses eaux profondes sont tout sauf troubles.

Il est sincĂšre avec lui-mĂȘme comme il l'est avec autrui. Il n'a rien Ă  cacher.

Il s'oriente vers le Bien, ne fait pas attention aux aspects négatifs de son environnement... Il porte son regard vers l'avant, trÚs loin ! Sa Conscience ne le tourmentera jamais car il est franc comme l'or. Il est un peu comme l'Or.

Celui qui Ă©prouve un grand besoin de manger des PĂȘches est "loin d'ĂȘtre mort", quoiqu'il en semble parfois persuadĂ©... Il sent ceci, il sent cela, il souffre peut-ĂȘtre de la "maladie imaginaire". Ces angoisses sont lĂ  parce qu'il ne se fie pas encore Ă  lui-mĂȘme. A ce propos, il n'a pas encore mis le pied dans le connu ; il vit trop dans l'indĂ©fini du vide. On dirait qu'il a peur de regarder en profondeur... Non ! Il ne doit pas craindre d'Ă©claircie certaines choses pour lui-mĂȘme ! Il ne doit pas apprĂ©hender la vĂ©ritĂ©. Ne pas fuir, ne rien cacher. Il apprendra Ă  parler avec les autres lorsque cela aide Ă  purifier, Ă  tirer au clair, Ă  rĂ©soudre certaines choses.

Cet humain devra se libérer de toute la pourriture qui peut assombrir son ùme. IL abandonnera les sphÚres morbides, fétides, mortes, malsaines. l se détournera définitivement de tout ce qui est négatif dans ce monde.

Au niveau personnel, il fera Ă©merger ce qu'il y a de plus positif s'il se dĂ©fait d'un tas de pensĂ©es et d'imaginations tĂ©nĂ©breuses, sinistres, nĂ©gatives, qui peuvent entre autres lui venir du PassĂ©. Il devra couper, rompre dĂ©finitivement avec le PassĂ©, avec les pensĂ©es entĂ©nĂ©brĂ©es, avec sa tendance Ă  se faire peur Ă  lui-mĂȘme, avec les prĂ©dictions nĂ©gatives et soucieuses qui souillent son cerveau.

Ce qu'il lui faut, c'est jeter comme un Sac Ă  dos encombrant la nĂ©gativitĂ© qui emprisonne sa vie "dans sa poigne" ; c'est aussi quitter Ă  tout jamais les sphĂšres sinistres. S'il s'oriente exclusivement vers ce qui est lumineux et pur, vers le bien... qu'il a confiance, vivant avec la conviction que toutes les belles choses vont croiser son chemin, il en sera ainsi. Toutefois, la PĂȘche l'incite Ă  faire place nette dans son Ăąme : ses pensĂ©es, ses sentiments, ses souvenirs, son imagination, ses attentes anxieuses... ne font que le ligoter au tas de fumier ! A prĂ©sent, il doit opter pour le Regard Pur, Ouvert, Clair, Lumineux, Positif sur lui-mĂȘme et sur la Vie !

Lorsqu'une personne est trop axée sur le mal, sur les ténÚbres dans le monde, nous pouvons dire qu'elle s'est branchée insuffisamment sur la Source Vitale Limpide qui coule en elle. Comme elle manque de foi dans ce Noyau, elle se tourne anxieusement, avec méfiance, vers le cÎté noir de l'existence dans son environnement, dans le monde entier. Elle sera obligée d'opposer un "non" irrévocable à "l'impur". C'est seulement ainsi qu'elle pourra porter sur l'avenir un regard éclairci, purifié, sain, sincÚre et sans soucis.

Elle fera bien de vomir pour ainsi dire toute sa nĂ©gativitĂ© accumulĂ©e ! Elle Ă©liminera toute impuretĂ© de son ĂȘtre pour ensuite n'y prĂȘter plus jamais attention.

La chose la plus indigeste, pour elle, telle une pierre qui lui reste sur l'estomac, st celle qui concerne la peur du "pire", Ă  savoir la mort physique (quand bien mĂȘme elle n'en serait pas conscient). Dans la vie, elle Ă©pie peut-ĂȘtre tout ce qui s'y rapporte, que ce soit directement ou indirectement... "Cela" se passe Ă  cĂŽtĂ©, pas chez elle, et pourtant cette douleur, cette souffrance, cette mort habite si prĂšs.. La douleur la plus profonde est enracinĂ©es lĂ . Elle devra donc changer de fons en comble sa vision de la vie.

Il est Ă©crit que la crĂ©ation a pour but final de faire exister l'ĂȘtre humain Ă©ternellement, dans une forme immortelle... S'il vit avec cette conviction, son corps entier se dĂ©tendra dans une sensation de Bien-ĂȘtre. C'est le commencement d'une vĂ©ritable dĂ©contraction bienfaisante. Toute crampe se dissipe. Les yeux deviennent clairs et limpides, le regard cesse d'ĂȘtre assombri par une profonde douleur, la nervositĂ© disparaĂźt... L'ĂȘtre humain baigne dans les sphĂšres de la PĂȘche : il se sent au milieu du paradis sur la terre. EntourĂ© des fleurs de PĂȘcher, toutes les tensions et toutes les angoisses profondes lui glissent des Ă©paules pour toujours, son cƓur se calme, les nerfs de son estomac s'apaisent, son plexus solaire rayonne puissamment en s'ouvrant sur n ciel bleu clair, dans la totale confiance ! Il se sent merveilleusement bien.

Son ĂȘtre cesse de se crisper anxieusement ; aucun nuage gris ne brouille plus la clartĂ© du ciel. Aucune tache noire ne mord plus son Ăąme puisqu'il a choisi la Vie. Il s'extĂ©riorise de maniĂšre expressive, en rayonnant comme s'il Ă©tait le Soleil en personne ; il donne, il s'ouvre, il parle franchement, il chante... Il est devenu un personne ouverte, sincĂšre, optimiste.

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Littérature :


Avril


J’ai vu fleurir le pĂȘcher rose,

le vieux pĂȘcher noir et chenu.

Il rit sous le ciel ingénu,

il rit de sa métamorphose.

Le mois d’avril est revenu,

J’ai vu fleurir le pĂȘcher rose,

le vieux pĂȘcher noir et chenu.

Devant le toit de tuiles roses,

un oiseau gris parfois se pose

sur le bout d’un rameau tĂ©nu.

Le mois d’avril est revenu.


Madeleine Ley, "Avril" in Les Petites Voix (Éditions Stock, 1937).

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