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La Fourmi



Étymologie :


  • FOURMI, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1121-34 entomol. (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1031 ds T.-L.) réputé masc. par Cotgr. 1611, fém. par Rich. 1680 ; 1831 avoir des fourmis dans les jambes (Kock, Cocu, p. 152) ; 2. av. 1664 « personne laborieuse et économe » (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, éd. M. D. L. Gilbert, XI). Issu d'un lat. pop. *formicus, class. formica « fourmi » ; cf. l'a. fr. formie fém. < formica (xiiie s. ds T.-L.), furmiz (*formice), masc. et fém. (Ph. de Thaon, ibid.).

Lire aussi la définition du nom fourmi pour amorcer quelques pistes symboliques.

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Zoologie :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt s'intéresse à la communication chez les animaux et chez les plantes :


Chez une fourmi (Acanthomyops claviger), les glandes mandibulaires, sous l'effet de la peur, excrètent une série de substances très parfumées (géranial, citronnellal, nériol...). Les congénères voisines se rapprochent et émettent les mêmes substances d'alarme, de sorte que, de proche en proche, toute la fourmilière est mise en émoi et se place sur le pied de guerre. On assiste ainsi à une véritable mobilisation chimique. Comme les termites, les fourmis utilisent également des substances chimiques pour marquer leurs pistes. Mais il arrive que les prédateurs repèrent ces traces et les suivent : les fourmis sont prises à leur propre jeu.

[...]

Récemment, des phénomènes alimentaires singuliers ont été révélés chez deux plantes du Sud-Ouest asiatique (Hydnophytum formicarum et Myrmecotia tuberosa). Il s'agit d'épiphytes des forêts tropicales, c'est-à-dire d'espèces herbacées poussant sur les fourches et les branches des arbres, et dépourvues de racines enterrés. Il est évident que de telles espèces ont a priori quelques difficultés à s'alimenter normalement, puisqu'elles ne disposent pas des mêmes ressources alimentaires que leurs congénères solidement enracinées au sol. Pourtant, la plupart d'entre elles savent s'adapter à ces conditions et ont su mettre au point toutes sortes de dispositifs de prélèvement de l'eau et de la nourriture. Il semble toutefois que ces espèces aient besoin d'une ration alimentaire supplémentaire, qui leur est apportée par les fourmis vivant en permanence dans les cavités qu'elles creusent dans leurs tiges. Elles y accumulent des déchets animaux et, notamment, des larves d'insectes. En rendant ces larves radioactives, on a pu montrer que les acides aminés qu'elles contiennent se propagent rapidement dans toute la plante. Bref, les fourmis nourrissent la plante en lui abandonnant une portion de leurs propres proies : la floraison et la production de graines s'en trouvent fortement accrues.

On connaît aujourd'hui plusieurs espèces de plantes qualifiées de « myrmécophiles », c'est-à-dire « amies des fourmis ». Dans cet exemple, phénomène nouveau et tout à fait insolite, on voit non plus un animal se nourrissant d'une plante, cas général dans la nature, pas plus d'ailleurs qu'un végétal se repaissant d'un animal, comme chez les plantes carnivores, mais bel et bien un animal qui nourrit une plante ; et non pas de sa propre chair, mais en lui apportant sa pitance comme le ferait une nourrice, avec cette efficacité industrieuse dont les fourmis sont, on le sait, coutumières. Les carnivores capturent les insectes et les dévorent ; ces étranges myrmécophiles ont l'élégance de se faire nourrir en passant un contrat d'assistance mutuelle avec les fourmis : elles les abritent en leur sein, en échange de quoi ces dernières chassent pour elles et leur offrent leur part de butin !

[...] Vu le perfectionnement des dispositifs attractifs mis en œuvre par les plantes, on en a naturellement déduit que ces fourmis devaient rendre en échange à ces végétaux quelque service utile à leur perpétuation. Ainsi, par exemple, les fourmis du genre asteca, vivant sur des plantes de la famille des orties (Cecropia), les protègent de l'envahissement des fourmis attas, dévastatrices redoutables capables de dépouiller un arbre en peu de temps, d'om leur nom de « coupeuses de feuilles ». La moindre attaque par les attas provoque une riposte immédiate des astecas, qui donc sauvegardent le végétal porteur. En fait, ce sont moins les arbres que défendent les astecas, que leur propre nid ; l'arbre ne bénéficie, en quelque sorte, que des retombées de la bataille.

Il semble en définitive que toute cette affaire ne soit qu'une « affaire entre fourmis » et que l'arbre puisse vivre sans elles « comme un chien sans puces ». L'inverse n'est pas vrai : les fourmis astecas, elles, ne peuvent vivre ailleurs que sur lui ; lorsqu'il meurt, elles meurent aussi. D'ailleurs, c'est en sécrétant leur salive qu'elles déclenchent la prolifération des tissus en forme de galles dont elles se nourrissent. Curieuse manière de contraindre l'arbre à produire la nourriture dont elles ont besoin tout en le respectant ! Car si elles consomment également les jeunes pousses en voie de croissance et les jeunes bourgeons, elles ne le font qu'accessoirement, se nourrissant en priorité des tissus qu'elles obligent l'arbre à fabriquer par l'action de leur salive.

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D'après Stefano Mancuso et Alessandra Viola, auteurs de L'Intelligence des plantes (édition originale 2013 ; traduction française Albin Michel 2018) :


"Et puis, il y a les fourmis. Leur alimentation inclut, entre autres, de petits fruits qu'elles ne consomment pas là où elles les trouvent mais qu'elles transportent dans leur fourmilière, où elles les placent dans leur "garde-manger" afin de s'en nourrir plus tard. Cette habitude est très appréciée de nombreuses plantes, qui voient satisfaites d'un seul coup deux de leurs exigences : éloigner les graines de la plante mère ; les faire parvenir en un lieu idéal (le sous-sol) pour leur future germination. L'aide des fourmis étant si précieuse, on ne s'étonnera pas qu'afin de s'assurer leurs services, de nombreux végétaux produisent des graines dotées d'une excroissance charnue appelée "élaïosome" (du grec élaios, "gras", et soma, "corps"), riche en énergie, presque entièrement huileuse et dont ces insectes raffolent. L’échange opéré ici apparaît donc à la fois très simple et très avantageux pur la plante : la fourmi prend ses graines, les transporte dans la fourmilière, mange l'élaïosome et laisse le reste intact dans une zone très favorable à la germination puisque humide, bien abritée et gorgée d'engrais.

Les fourmis et les plantes ont ainsi mis au point un partenariat remarquable, fondé sur un système de communication et d'assistance mutuelle qui continue de fasciner les chercheurs. Une découverte assez récente a par exemple montré que, non contentes d'assurer la défense de certains végétaux avec lesquels elles paraissent entretenir un rapport très étroit, les fourmis Camponotus rendent aussi des services à plusieurs espèces carnivores, en particulier les Nepenthes. On a décrit plus haut [voir nepenthès] le mécanisme du redoutable piège où elles attirent leurs victimes en sécrétant du nectar autour d'une sorte de petit sac qui une fois refermé, les empêche de s'évader.

Mais pour que le traquenard fonctionne jusqu'au bout, il faut que les parois de ce sac restent aussi propres et glissantes que possible : si des détritus ou de la poussière s'y accumulaient, les animaux capturés pourraient s'en servir comme appuis dans leurs tentatives de fuite. De là l'importance du'ne alliance avec les Camponotus, qui, en échange d"un peu de nectar, se prêtent volontiers au nettoyage des parois en question. Selon toute apparence, même les plus effroyables "machines de mort" du monde végétal nécessitent le concours d'animaux amis."

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Selon Joël de Rosnay, auteur de La Symphonie du vivant, Comment l'épigénétique va changer votre vie (Éditions Les Liens qui libèrent, 2018),


"Les fourmis constituent un autre excellent modèle d'étude du comportement social. Dans leur monde, l'impact de l'épigénétique est plus frappant encore, car il consiste dans le remplacement de castes par d'autres. Si vous avez passé de longs moments à observer des fourmilières dans votre enfance, vous avez sans doute remarqué qu'elles sont composées de trois castes : les reines, les ouvrières (stériles) et les mâles. Vous n'ignorez pas non plus qu'il existe une seule reine dans une colonie de fourmis. Peut-être même avez-vous réussi à l'identifier, car c'est la plus grosse de toutes. C'est aussi la seule à pouvoir pondre. Au cours de sa vie, elle peut donner naissance à des millions d’œufs.

Pendant que les reines pondent, les ouvrières s'activent. Elles mettent en œuvre une forme d'intelligence collective pour organiser la vie de la fourmilière et transporter les matériaux nécessaires à sa construction. Certains jours, peut-être leur facilitiez-vous la tâche en retirant avec précaution les minuscules obstacles encombrant leur chemin. D'autres jours, au contraire, vous preniez sans doute un malin plaisir à les détourner de leur route, curieux de voir à quelles solutions elles recourraient pour arriver à leurs fins. Malgré les obstacles, les fourmis trouvent toujours le chemin le plus court pour aller chercher de la nourriture et la rapporter à la fourmilière. Comment fonctionne cette intelligence collective ?

Mettons que l'on pose un pot de confiture renversé à quelque distance d'une fourmilière et qu'il ne soit accessible qu'en contournant un obstacle dissymétrique : par la droite, le chemin est plus court ; par la gauche, il est plus long. Les premières fourmis qui ont trouvé la nourriture ont autant de chances de revenir en empruntant la route de gauche que la route de droite. On sait que les fourmis sont pratiquement aveugles et communiquent avec leurs antennes grâce à une substance très odorante appelée "phéromone", dont elles déposent une petite goutte sur le chemin pour signaler à leurs congénères de les suivre. L'odeur des phéromones s'estompant au bout d'un certain temps, les fourmis privilégient logiquement la distance la plus courte. Ainsi, lorsque les fourmis se déplacent sur une courte distance, l'odeur des phéromones est d'autant plus forte que le circuit est embouteillé. Donc, les chances pour que la fourmi suivante choisisse le chemin le plus fréquenté sont plus grandes. En déposant son parfum, chaque nouvelle fourmi renforce, par un effet de feedback positif d'amplification (ou d'autocatalyse), la préférence pour un chemin par rapport à un autre. Au bout d'un certain temps, toute la colonne de fourmis aura opté pour le chemin le plus court.

Pourquoi le chemin le plus court est-il plus important pour les fourmis ? Tout simplement parce qu'elles vont ainsi économiser de l'énergie, une énergie qui pourra être réinvestie dans le nettoyage et dans le maintien et la protection de la fourmilière, des reines, des œufs, ce qui contribue à la survie de l'espèce, au sens darwinien du terme.

Mais c'est la coordination collective qui fait la différence. Certaines colonies abritent deux types de castes d'ouvrières aux comportements sociaux différents, bien que possédant des gènes parfaitement identiques. Le plus étonnant, comme dans les sociétés d'abeilles est que ces comportements et l'aspect physique propres à chaque caste ne sont pas déterminés à vie. Des scientifiques ont montré qu'il est possible de les "reprogrammer". Il suffit pour cela de modifier les marqueurs chimiques déterminant l'expression de certains gènes. Ils sont intervenus sur l'acétylation des histones, ce mécanisme épigénétique bien identifié consistant à modifier chimiquement les protéines associées à leur ADN. C'est la régulation épigénétique qui explique les différences entre castes - notamment le fait que les fourmis "guerrières" possèdent des mandibules puissantes qui leur permettent de combattre leurs ennemis et de transporter des aliments lourds et encombrants, ou que les fourmis ouvrières, plus petites et plus nombreuses, consacrent tout leur temps à la recherche de nourriture.

Le biologiste E. O. Wilson a mené une expérience très intéressante. Il a démontré que, en éliminant une portion importante d'une caste donnée dans une population de fourmis équilibrée (comprenant des ouvrières ou des guerrières), les fourmis restantes évoluaient de manière à compenser cette diminution : elles se métamorphosaient en fourmis appartenant à la caste détruite ou réduite. Ainsi, il suffit de diminuer la population d'une caste (ouvrières, "infirmières", récolteuses ou reines) pour la voir se reconstituer par transformation épigénétique."

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Croyances populaires :


Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses: qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :


FOURMIS. - Les Thessaliens honoraient ces insectes, dont ils croyaient tirer leur origine. Les Grecs étaient si sottement vains, qu'ils aimaient mieux descendre des fourmis de la forêt d'Egine que de reconnaître qu'ils étaient des colonies de peuples étrangers. La fourmi était un attribut de Cérès ; elle fournissait matière aux observations des augures.

 

Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


FOURMI. Les gens crédules ont accordé peut-être beaucoup trop de qualités, de facultés merveilleuses à la fourmi ; mais les sceptiques lui ont dénié, avec leur ignorance et leur aplomb ordinaires, cette intelligence supérieure qui lui assigne un rang si remarquable parmi les animaux. Nous en avons fourni des preuves nombreuses dans notre Dictionnaire des merveilles, qui fait aussi partie de l'Encyclopédie Migne ; mais nous en citerons ici une exemple que nous n'y avons pas fait connaître, et que nous empruntons à M. Gratien de Semur.

Après la mort de l'illustre Lagrange auquel il servait de collaborateur bénévole dans la solution de ses problèmes transcendants, Parseval-Deschênes, un des hommes les plus complets et les plus modestes que nous ayons connus, cet homme qui, plus de dix ans avant la découverte de la Pallas, avait annoncé l'apparition de cette planète d'après la constante étude qu'il faisait de la région céleste, où elle se montra en effet à l'époque qu'il lui assignait, Parseval-Deschênes renonça à ses travaux mathématiques. Il fallait donc que son besoin d'étudier, d'observer, se reportât sur quelque autre objet. Etant allé passer quelques mois à la campagne, chez un autre de ses amis, M. d'Aubusson de la Feuillade, dans une de ses rêveuses promenades il avisa, dans un bois, une énorme fourmilière , et aussitôt il prit la résolution d'étudier les fourmis. Il sortait avant l'aube et ne rentrait au château qu'à la nuit, d'assez mauvaise humeur. Le quatrième ou le cinquième jour, il revint rayonnant de joie. Parseval-Deschênes se donnait bien garde d'étudier plusieurs fourmis à la fois, comme dans le monde on croit apprendre à connaître les hommes par de nombreuses fréquentations. Voici comment il procédait arrivé près de la fourmilière, avant qu'aucune fourmi se fût mise en course, il attendait leur départ, et alors il en choisissait une qu'il suivait des yeux depuis le moment de sa sortie jusqu'au moment de sa rentrée. Comme nous l'avons dit, les premières journées furent sans résultat. Quant à la dernière journée ! .. Il nous semble encore entendre Parseval-Deschênes racontant ses observations avec son animation habituelle. Figurez-vous, nous disait-il, que, vers quatre heures de l'après-midi, je vois ma fourmi arriver au pied d'un monticule. Impossible lui est de le franchir avec son fardeau ; alors elle le dépose, regarde de tous côtés, et, ne découvrant point de fourmis, sans hésitation elle retourne à vide sur ses pas. Jugez avec quelle anxiété je la suivis des yeux. A une quinzaine de pas ma fourmi rencontre une de ses compagnes chargée aussi d'un fardeau. Elles s'arrêtent toutes les deux ; elles semblent tenir un conseil pendant quelques instants, après quoi elles reprennent ensemble la voie qui les conduit au pied du monticule. Là je vis le spectacle le plus curieux auquel j'aie jamais assisté. La seconde fourmi déposa aussi son fardeau, et ensuite elles se munirent ensemble d'un brin d'herbe ; agissant de concert, elles en introduisirent une extrémité sous le fardeau trop pesant, et, presque sans efforts, elles lui firent franchir le monticule. Chacune des fourmis reprit sa charge, et toutes deux parvinrent à la fourmilière sans autre encombre. » A la fin de son récit, Parseval-Deschênes se frottait les mains ; il trépignait d'aise, et il ajoutait avec une expression de physionomie dont nous ne saurions donner une idée : Ai-je bien fait de renoncer aux mathématiques ? Les fourmis connaissent le levier d'Archimède.

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Symbolisme :

Selon Hildegarde de Bingen, dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines (XIIe siècle ; traduction P. Monat, 2011) :


"La fourmi est chaude et se développe à partir de l'humeur qui produit les aromates, et elle a ainsi quelque chose de la nature des œufs d'oiseaux.

Si on a beaucoup de flegme dans la tête, l'estomac ou la poitrine, il faut prendre une fourmilière avec les fourmis et faire cuire le tout dans de l'eau. Puis verser cette eau sur une pierre chauffée à blanc : mettre alors ce liquide dans les narines et la bouche, dix à quinze fois, et le flegme diminuera.

Si un homme souffre d'une surabondance d'humeurs et qu'il a la goutte, on prendra une fourmilière avec les fourmis elles-mêmes : on fera cuire dans de l'eau et on préparera alors un bain. Le malade entrera dans le bain et s'y plongera tout entier, à l'exception de la tête, qu'on recouvrira seulement d'un linge qui aura trempé dans cette eau. Car si ta tête trempait dans l'eau et recueillait toute sa force, elle ne souffrirait facilement. Faire cela souvent et la goutte disparaîtra.

Si on souffre de la lèpre, de quelque espèce qu'elle soit, il faut prendre de la terre où se trouve une fourmilière, là où l'on peut se rendre compte que la terre a été humidifiée par la présence des fourmis. Mettre cette terre dans des cendres de hêtre encore chaudes, pour qu'elle en soit réchauffée, de façon qu'il y ait un peu plus de terre que de cendres ; puis on fera passer de l'eau chaude sur cette terre, comme pour une lessive ; on mélangera du suif de bouc avec légèrement plus de graisse de vieux porc, et on mettra cela dans ladite eau ; quand le mélange sera pris, on enlèvera l'eau. Ensuite, on ajoutera à ces graisses de la poudre de violette avec une plus petite quantité de poudre de camomille : on fera ainsi un onguent. Le malade frictionnera les endroits lépreux avec cet onguent, pendant neuf mois, ou davantage, et il sera guéri... si cette lèpre ne doit pas être la cause de sa mort, ou alors c'est que Dieu ne veut pas qu'il guérisse. Quand il s'est frotté avec cet onguent, il se gardera de passer près d'un homme ou d'un porc, de peur que la puissante vapeur de lèpre qui émane de lui n'aille se jeter sur eux, car, dans ce cas, ils seraient forcément atteints par la lèpre.

Si on souffre de glandes et de tumeurs, on alignera des œufs de fourmis sur la feuille verte d'un chêne et on placera du fumier de poule sur cette feuille, le long des œufs : on mettra tout cela, chaud, sur les glandes ou les tumeurs, et celles-ci disparaîtront.

Si quelqu'un est en colère, ou oppressé ou plongé dans la tristesse, on prendra des jeunes fourmis, auxquelles l’œuf est encore attaché, avec une partie de la fourmilière où elles sont installées ; on attachera le tout dans un linge de lin ; puis, quand l'homme sentira son esprit accablé, il dénouera le linge dans lequel se trouvent les fourmis et les placera sur son cœur, jusqu'à ce qu'il soit couvert de sueur. Il retrouvera la paix de l'esprit, redeviendra joyeux et retrouvera toute sa tête pour les affaires auxquelles il s'applique."

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Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"La fourmi est un symbole d'activité" industrieuse, de vie organisée en société, de prévoyance, que La Fontaine pousse jusqu'à l'égoïsme et à l'avarice. Citant Proverbes 6, 6, Saint Clément d'Alexandrie écrit : "Aussi est-il dit : Va voir la fourmi, paresseux, et tâche d'être plus sage qu'elle. Car la fourmi, à la moisson, met de côté une nourriture abondante et variée pour faire face à la menace de l'hiver (Stromates, 1).

Le bouddhisme tibétain fait aussi de la fourmi dans la fourmilière un symbole de vie industrieuse et d'attachement excessif aux biens de ce monde.

Dans le Talmud, elle enseigne l'honnêteté. Dans L'Inde, elle suggère le peu de prix des êtres vivants individuels, voués à la médiocrité et à la mort, s'ils ne tendent pas à s'identifier à Brahman, l'infini de la petitesse évoquant l'infini de la divinité. [...]

La fourmi joue un rôle important dans l'organisation du monde, selon la pensée cosmogonique des Dogon et Bambara du Mali. A l'origine, lors de la première hiérogamie ciel-terre, le sexe de la terre était une fourmilière. A la dernière étape de la création du monde, cette fourmilière devint une bouche, d'où sortirent le verbe et son support matériel, la technique du tissage, que les fourmis transmirent aux hommes. Elles leur fournirent également le modèle de leurs habitations traditionnelles. Les rites de fécondité demeurent associés à la fourmi : les femmes stériles vont s'asseoir sur une fourmilière pour demander au dieu suprême Amma de les rendre fécondes. Les hommes doués de pouvoirs, - tels que les forgerons - s'y transforment momentanément en animaux, panthères et faucons.

L'association fourmilière-sexe féminin (à la fois mont de Vénus et vulve-source) entraîne de nombreuses applications pratiques : ainsi pour les Bambaras, les fourmis ndiginew sont réputées être en liaison avec l'eau invisible du sous-sol. Aussi, quand on veut forer un puits, ne saurait-on choisir meilleur endroit que l'emplacement même d'une fourmilière. La terre de cette fourmilière, rituellement utilisée par certaine sociétés initiatiques, en rapport avec l'abdomen et les fonctions digestives de l'homme, symbolise l'énergie circulant dans les entrailles de la terre, prêt à se manifester sous forme de source.

Au Maroc on faisait avaler des fourmis aux malades atteints de léthargie."

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Dans l'Encyclopédie des symboles (1989, éd française 1996) établie sous la direction de Michel Cazenave, on apprend que :


"En dépit de sa petite taille, la fourmi occupe une place importante en symbolique. Le texte du Physiologus des débuts de l'ère chrétienne cite les paroles de Salomon : "Va voir la fourmi, paresseux !" (Les Proverbes VI, 6) et présente la fourmi et l'abeille comme des symboles d'ardeur et de zèle. Ce même texte affirme aussi que, lorsqu'elles voient quelques unes de leurs consœurs porter des graines sur leur dos, les fourmis ne leur demandent pas l'aumône mais se mettent à leur tout au travail, ce qui prouve leur intelligence. On peut en voir un autre signe dans la façon dont elles mordent les graines amassées dans leur fourmilière pour les empêcher de germer, ou encore dans leur habitude de récolter des graines lorsqu'elles se préparent les tempêtes hivernales (symbole de la prévoyance). Cette capacité de discernement est montrée en exemple à l'ensemble des chrétiens qui doivent savoir distinguer les paroles littérales de l'Ancien Testament de l'Esprit qui les anime, afin que ce dernier ne succombe pas à l'apparence des mots. Les hommes, selon cette vue, subiraient autrement le même sort que les juifs qui ont refusé de reconnaître le Sauveur et qui sont condamnée depuis lors à une espèce de longue agonie spirituelle. Le Physiologus raconte enfin, à propos de la fourmi, qu'elle sait reconnaître l'orge et le seigle à leur odeur et ne récolte que les véritables céréales, non les plantes fourragères. "Toi aussi, homme, fuis les nourritures réservées à l'animal ; mais récolte les céréales et engrange-les soigneusement. car l'orge est tel le discours de l'hérétique, la véritable céréale telle la foi perpétuelle dans le Christ".

Au contraire de l'Occident, le va-et-vient apparemment confus des fourmis symbolise en Inde l'agitation absurde des hommes qui n'ont pas encore trouvé l'accès aux vérités les plus hautes.

Différents peuples exotiques célèbrent cet insecte "zélé" comme l'assistant de la divinité qui a créé le monde. Dans les mythes grecs antiques, les premiers habitants d'Egine sont appelés myrmidons, c'est-à-dire fourmis, car ils ont travaillé le sol avec la patience, la persévérance et l'ardeur des fourmis. Une légende de Thessalie raconte que la charrue fut inventée à l'origine par une nymphe du nom de Myrmex (fourmi). Les fourmis y étaient considérés comme des animaux sacrés."

 

Canalisation de Caroline Leroux qui communique avec les devas des animaux.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


La fourmi, « symbole d'activité industrieuse, de vie organisée en société, de prévoyance, que La Fontaine pousse jusqu'à l'égoïsme et à l'avarice » est un insecte bénéfique. Selon la croyance commune à la France (région mentonnaise notamment) et aux États-Unis, trouver sur soi une fourmi est un bon présage. Cependant, au XVIIe siècle, rêver de ces insectes annonçait des querelles.

Une fourmilière installée près d'une maison protège ses habitants et leur procure la prospérité et la sécurité financière.

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D'après Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :


"Selon la mythologie grecque, Myrmèx, qui avait obtenu les grâces d'Athéna, la déesse guerrière, s'appropria l'invention de la charrue que l'on attribue communément à Athéna. par vengeance, cette dernière transforma Myrmèx en fourmi. Toutefois, Zeus, en sa clémence, la libéra du sort que lui avait jeté Athéna et, du même coup, fit des êtres humains de tout le peuple des fourmis. Symbole du travail organisé, accompli en commun pour le bien de la communauté et, par analogie, de l'honnêteté, de l'abnégation et de la solidarité, hors de sa communauté, la fourmi n'existe pas. Si Jean de La Fontaine choisit la fourmi comme interlocutrice à la cigale, pour illustrer sa célèbre fable traitant de l'imprévoyance et du manque de générosité, en réalité, l'une comme l'autre ne peuvent survivre individuellement. De ce fait, l'apparition d'une fourmi, s'entend d'une seule fourmi, dans un rêve, est souvent un signe d'isolement dangereux pour le rêveur. Mais la vision d'une fourmilière n'en est pas moins inquiétante, en cela qu'elle révèle une espèce d'agitation cérébrale très organisée, certes, qui peut donc paraître saine et équilibrée vue de l'extérieur, mais qui n'en est pas moins l'expression d'un esprit si logique, si cohérent, si replié sur lui-même et fixé sur un but unique et précis qu'il s'interdit toute perspective d'évolution, d'ouverture au monde et à la vie. De fait, les fourmis dans un rêve reflètent un attachement trop vif à la vie matérielle et aux biens de ce monde, qui ne peuvent qu'être frustrants pour la sensibilité et l’imagination du rêveur."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message des insectes de la quatrième et de la cinquième dimension


Nous sommes honorés de vous apporter la guérison, l'amour

la lumière, les messages et la sagesse de nos planètes. Nous avons

beaucoup plus à vous offrir que ce ce Diana a pu partager.

Cela ne représente que la pointe de l'iceberg.


[...] Je connais beaucoup de gens, y compris moi-même, qui demandent aux fourmis, qui sont dans la maison et qui sont très évoluées, de déménager dans un endroit plus approprié. Je me souviens de ma surprise quand je l'ai fait pour la première fois il y a de nombreuses années et que les fourmis se sont effectivement arrêtées à l'endroit où je leur avait offert un refuge sûr (dans le jardin).


Les insectes de la cinquième dimension : Les fourmis

Ces vaillantes petites créatures sont venues de Lakumay, l'aspect ascensionné de Sirius, en apportant avec elles leur connaissance des la géométrie sacrée. Elles opèrent sur une bande de très haute fréquence et avec une intention pure. Leur but supérieur ou leur mission d'âme est d'apprendre et d'enseigner la géométrie sacrée. Elles démontrent leurs principes quand elles construisent leurs nids.

Quand quelque chose est construit selon la géométrie sacrée, que ce soit une cathédrale, une maison ou un nid, les formations vibrent à une fréquence si élevée qu'elles produisent des harmonies magiques. Chaque objet présent dans ce monde émet une vibration et une note. Si vous avez des objets artisanaux qui ont été faits avec amour dans votre maison, ils émettent de belles harmoniques, ce qui élève la fréquence de vos pièces. Les artefacts produits en série émettent les énergies des ateliers dans lesquels ils ont été faits.

Tout ce qui est fait selon la géométrie sacrée crée une lumière pure dans l'éthérique et vibre avec des harmoniques angéliques.

Les nids des fourmis, soigneusement construits avec la géométrie sacrée, constituent des aimants angéliques qui attirent les anges pour chanter sur leurs foyers. Et toutes sortes d'élémentaux sont attirés vers leurs nids, afin qu'elles puissent s'imprégner de la lumière angélique qui les entoure.

Les fourmis enseignent aussi la façon d'avoir une vie familiale structurée et de vivre collectivement, en faisant preuve d'une grande coopération, pour le plus grand bien de tous.

La fourmi a deux estomacs : un pour elle-même et un deuxième pour la nourriture qu'elle doit partager.

Les fourmis peuvent se déplacer très rapidement. Si nous, les humains, pouvions nous déplacer à la même vitesse qu'une fourmi, nous pourrions courir aussi vite qu'un cheval de course. Elles peuvent également soulever 20 fois leur propre poids corporel. Ce sont des petits guerriers spirituels. leur travail de service consiste à construire des tunnels qui aèrent le sol, décomposent les déchets organiques et aident à garder l'environnement propre.

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Dans Rencontre avec votre animal totem (édition originale 2010, traduction française 2015), Phillip Kansa et Elke Kirchner nous proposent la fiche suivante sur la fourmi :


"Caractéristiques positives :

Dévouement, force curative, énergie de la Terre Mère.


En quoi cet animal m'aide : La fourmi te montre ce qu'il y a à entreprendre dans ta vie en ce moment. Elle t'aide aussi à être au bon endroit au bon moment. Elle vit dans la Terre Mère et te relie ainsi à la féminité originelle. Les fourmis transportent de petits cailloux jusqu'en haut de leurs dômes. Pour les Indiens d'Amérique, ces petits cailloux sont sacrés et ils sont utilisés lors de rituels, car ils favorisent le lien à d'autres dimensions. Ainsi, cet animal totem t'aide avec son cadeau à te relier au créateur et à la force de guérison.

Comment la fourmi me protège : La fourmi t'empêche de stagner et te donne l'impulsion pour avancer. Elle te montre que tu n'es pas seul et que la Terre Mère te protège non seulement physiquement, mais aussi énergétiquement, avec l'énergie de la féminité originelle. Quand tu as beaucoup de choses à gérer et que tu as le sentiment d'être débordé, la fourmi te montre que tout chemin commence par le premier pas. Une étape après l'autre. Elle te montre que la force vient par l'action. Relié à l'énergie et à l'inépuisable de la Terre mère, tu es protégé de l'épuisement et du burn-out.


Exercice pour me relier à cet animal : Imagine que tu es devant le dôme d'une fourmilière et que tu observes les fourmis. Tu te retrouves souvent sur le dôme et tu es de la taille des insectes. Tu peux sentir et voir que les fourmis sont liées, au niveau énergétique, à la Terre mère, et qu'elles puisent sans cesse une énergie nouvelle. La force circule dans ces petites créatures assidues, et elles mettent cette force au service de leur action. Maintenant, tu sais pourquoi ces insectes ne se fatiguent jamais. Ce courant énergétique circule aussi en toi. Respire en ton cœur : tu as maintenant retrouvé ta taille normale et te trouve à l'extérieur du dôme. Respire encore une fois en ton cœur et reviens dans l'ici et maintenant. Observe dans tes sensations, dans tes pieds et dans tout ton corps, et ressens le flux énergétique. Remercie le peuple des fourmis et la Terre mère."

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Selon Annie Pazzogna, auteure de Totem, Animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens des Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012, 2015), dans le cercle des animaux, la Fourmi (Tazuska) fait partie, au même titre que la Tortue, le Lézard, le Blaireau, le Renard, la Taupe et le Castor, des Animaux qui se situent à l'Ouest, symbolisé par le noir, la Mère Terre, l'élément terre et le physique.

Mots-clés : (en négatif) : Cruauté

(en positif) : Prévoyance - Patience.


Par sa programmation génétique, Fourmi possède la connaissance des choses prévisibles.

Sa société est composée de femelles stériles / travailleuses, de mâles qui vivent juste le temps de la reproduction de l'espèce et de femelles / reines.

Après avoir volé quelque heures les femelles fondent un nouveau nid, seules ou en compagnie de travailleuses ou bien, elles retournent à la fourmilière mère. Elles sont alors dépouillées de leurs ailes par les travailleuses. Ces dernières construisent le nid, élèvent les larves, nourrissent, défendent la colonie... La fourmilière est une cité dont les habitants s'assistent, se répartissent les tâches, vivent sans conflits ni autorité. Elle symbolise l'énergie circulant dans la ventre de notre Terre.

Travailleuse, prévoyante et patiente, Fourmi / fécondité est associée à la féminité.

Tazuska visite l'intérieur de la Mère terre et de ce fait, met à jour des petites pierres rondes qu'elle roule. Ces minuscules cailloux sont recherchés dans le monde lakota pour garnir les crécelles : cent quatre pour les plantes ou quatre cent cinq pour les esprits de toutes choses. Elle ramène aussi en surface les perles qui ornent les vêtements des défunts ; elles sont recherchées pour le même usage."

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la Fourmi est définie par les caractéristiques suivantes :

Traits : La fourmi est puissante, bien qu'elle soir minuscule. Elle peut soulever des choses qui font jusqu'à cinquante fois son poids. La fourmi symbolise le sens de l'organisation dans une communauté, le travail méticuleux que l'on fait ensemble pour parvenir à un but commun. La fourmi, c'est accepter sa position, être dévoué, fidèle, un travailleur acharné, un bon équipier, opiniâtre et déterminé. Une fourmi ne marche pas en ligne droite. elle a tendance à faire des méandres et parfois même à reculer, mais en gardant toujours son but à l'esprit. Lorsqu'elle est en danger, la fourmi va mordre ou piquer ; les fourmis vont se mettre à fourmiller en groupes pour attaquer. c'est un rappel du fait qu'il y a de la sécurité dans le nombre. La fourmi communique par les phéromones, le toucher et le son, ce qui veut dire que vous devez écouter vos propres sensations au fur et à mesure de votre travail. La fourmi signifie que vous êtes très adaptable et motivé, ce qui vous assure le succès. Vous agissez et prenez des décisions basées sur ce que vous entez être le mieux pour le groupe au lieu de ce qui est le meilleur pour vous.

Talents : Dévoué - Déterminé - Discipliné - Bon équipier - Travailleur acharné - Industrieux - Ordonné - Organisé - Patient - Persistant - Opiniâtre - Sens de la communauté - Structuré - Soutient les autres - Attaché aux traditions.

Défis : Peut devenir trop concentré - Oublie d'avoir une vision d'ensemble - Rend les choses plus difficiles que nécessaire - Louvoie au lieu de suivre le chemin direct vers son but - Répétition - Rigide - Travaille trop.


Élément : Terre.


Couleurs primaires : Noir - Rouge.

Apparitions : La fourmi est le signe que vous devez travailler plus dur pour parvenir à vos buts, ou une indication que vous avez besoin de faire une pause pour vous reposer et vous réorganiser. La fourmi signifie que vous êtes quelqu'un qui va jusqu'au bout avec l'esprit d'équipe, qui voit ses projets jusqu'à leur réalisation. Vous êtes industrieux, créatif et patient. Vous êtes une partie du tout et vous devez avoir confiance autant dans vos capacités à faire le travail que dans celles des personnes avec qui vous travaillez. Vous préférez la structure et l’ordre au chaos. Vous avez tendance à veiller à ce que chaque nouvelle entreprise ait une fondation solide et soit organisée et structurée pour en assurer le succès. La fourmi apprend aux autres membres de sa colonie en formant un tandem, aussi l'apparition de la fourmi veut dire de chercher autour de vous quelqu'un qui a besoin d'aide. La fourmi signifie que,s vous vous isolez des autres, il est temps à présent de revenir à leur contact. Si c'est une reine fourmi qui vous apparaît, cela veut dire soit que vous êtes dans le rôle de leader ou de parent, soit que vous allez entrer dans ce rôle. Y a-t-il un projet ou quelqu'un de jeune dont vous pouvez prendre soin pour qu'ils prennent toute leur dimension en bénéficiant de votre savoir, de votre guidance et de votre enseignement ?


Aide : Vous essayez de tout faire seul au lieu de demander de l'aide aux autres. Demandez qu'on vous aide. La fourmi signifie de prendre en charge votre vie, et si nécessaire de restructurer et de reconstruire de nouvelles fondations pour un nouveau commencement, un déménagement ou des choix. La fourmi peut faire diminuer votre niveau de stress, alléger vos frustrations et vous rendre plus patient. Les fourmis sont sociables, aussi leur apparition indique que vous devriez considérer la façon dont vous êtes en relation avec les autres dans votre vie.


Fréquence : La fréquence de la fourmi fait un son qui ressemble à un faible grattement que l'on peut à peine entendre parce qu'il est enfoui sous terre. Si vous écoutez attentivement, cela ressemble tout à fait à des parasites qui seraient émis par une télévision. Cela chatouille votre peau, un minuscule trottinement d'énergie que vous sentez bouger sur vous.

Imaginez...

Vous êtes appuyé contre une barrière lorsque vous sentez quelque chose sur votre bras. C'est une fourmi, et vous la balayez immédiatement de la main. En regardant la barrière, vous remarquez qu'une file de fourmis est en train de grimper. Elles font des petits pas, s'arrêtent et reculent un peu, puis continuent à avancer. C'est comme si elles attendaient que la fourmi de derrière les rattrape. Quand elle les rejoint, elles avancent à nouveau. Si elles rencontrent d'autres fourmis, elles s'écartent pour que toutes puissent se déplacer. Vous ressentez une chatouille sur la main et remarquez qu'une autre fourmi est montée sur vous. Cette fois-ci, au lieu de la balayer, vous l'observez marcher sur votre main. Vous vous concentrez sur son énergie et éprouvez un sentiment de calme. La fourmi redescend le long de la planche de bois. Elle continue avec détermination, et vous suivez donc sa progression. Arrivée à la planche suivante, elle descend cette fois jusqu'au sol. Vous remarquez alors à la base de cette planche qu'il y a une petite fourmilière dans le sol. Votre fourmi disparaît et d'autres fourmis la suivent.

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Aigle Bleu dans Les Animaux totems dans la tradition amérindienne (Édition revue et augmentée Le Dauphin blanc, 2019) nous transmet la sagesse de ces ancêtres :


Le mot clé de la médecine de la Fourmi est patience. La Fourmi peut parcourir des distances considérables afin d'apporter un peu de nourriture à sa fourmilière. Elle a un pouvoir de travail ahurissant. Elle ne s'arrête jamais dans ses tâches et elle a une force incroyable : elle peut porter plusieurs fois son propre poids.

Elle combine le pouvoir de plusieurs animaux : elle est une bâtisseuse comme le castor, elle a l'agressivité du blaireau, l'endurance de l'élan, elle sait regarder les détails comme la souris et donner comme la dinde sauvage.

Cela parce que les fourmis travaillent dans un esprit de groupe, une communauté où chacune a sa place, où chacune sait ce qu'elle a à faire. Tous les individus sont au service de l'ensemble, ainsi le don de soi fait partie de la médecine de la fourmi. Mais la plus grande de toutes ses médecines est la patience.

Les gens qui ont cette médecine sont très actifs, ils ont un esprit très communautaire et savent prévoir et planifier comme l'écureuil. Ils sont contents de faire un peu à la fois tous les jours. Dans la société d'aujourd'hui et avec cette tendance selon laquelle tout le monde veut toujours tout, tout de suite, c'est une grande qualité.

Un autre élément de sa médecine, qui est très utile aujourd'hui, est la capacité d'aller lentement et délibérément et de connaître ce qui lui appartient. La fourmi a une connaissance de ce qui est dans son univers et une confiance en cette abondance qui est très importante. Grâce à cette confiance, elle agit toujours avec une grande conviction , ce qui lui donne une puissance de travail exceptionnelle.

Ceux qui possèdent cette médecine savent avoir confiance et faire preuve de patience dans toutes les situations de vie. Lorsque l'on a besoin de ces qualités-ci, il est bon de faire appel à la médecine de la fourmi.

La confiance en l'abondance de l'univers est parfois oubliée dans un contexte social et civilisé où conditionnements et programmations ont été axés sur le sentiment de pénurie afin d'enlever aux gens de confiance que la nature et l'univers nous fournissent déjà tout ce qui nous est nécessaire. Ainsi, très nombreux sont ceux qui sont devenus assujettis à un système plutôt que souverains dans la nature.

La fourmi peut nous ramener vers notre condition de dieux e de déesses de la nature, nous ramener à la confiance dans l'abondance de la nature et du merveilleux univers qui nous donne tout ce dont nous avons besoin.

Faites appel à la médecine de la fourmi pour trouver votre place et la garder. Il est important de connaître nos forces et nos faiblesses. Nos forces sont toujours là où nous avons nos passions, ce dans quoi nous prenons joie, le travail qui n'est pas un travail parce que nous l'aimons. Une fois que nous avons trouvé cela, il faut y aller patiemment, mais sans relâche et trouver par la résonance de nos convictions les gens avec qui nous pourrons réussir notre œuvre de vie. Si vous travaillez comme la fourmi, vous aurez une place inébranlable et pourrez déplacer les montagnes si cela peut servir votre communauté.

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Dans Le Monde caché, comment les champignons façonnent notre monde et influencent notre vie (Édition originale, 2020 ; traduction française : First Éditions, 2021), Merlin Sheldrake nous invite à reconsidérer notre vision du vivant :


Après les humains, les animaux qui forment les sociétés les plus complexes et les plus étendues sur Terre son les fourmis coupe-feuille. Leurs colonies peuvent atteindre ne population de plus de huit millions d'individus, et leurs nids souterrains peuvent s'étendre sur plus de 30 mètres de rayon. La vie des fourmis coupe-feuille est centrée autour d'un champignon qu'elles cultivent dans les chambres de la fourmilière et nourrissent de fragments de feuille.


Note : Les fourmis coupe-feuille ne font pas que nourrir et loger leurs fungi, elles leur prodiguent aussi des soins. Les jardins fongiques des fourmis coupe-feuille sont des monocultures, en ce qu'elles consistent en un seul type de fungus. A l'instar des monocultures humaines, ces fungi sont vulnérables. Leur plus grande menace est un type de fungus parasite spécialisé qui est en mesure de détruire un jardin fongique. Les fourmis coupe-feuille hébergent des bactéries dans des chambres spécialisées de leurs cuticules, et les nourrissent grâce à des glandes spécialisées. Chaque nid cultive sa propre souche de bactéries, que les fourmis reconnaissent et préfèrent aux autres souches, même celles qui y sont étroitement apparentés. Ces bactéries domestiquées produisent des antibiotiques qui ont un fort pouvoir inhibiteur sur le fungus parasite et accélèrent la croissance des fungi cultivés. Sans ces fungi, les colonies de fourmis coupe-feuille ne pourraient pas atteindre la grande taille qui est la leur. Voir Currie et al. (1999), Currie et al. (2006) et Zhang et al. (2007).


=> symbole d'une organisation sociale complexe ; d'un haut degré d'agriculture ; d'un haut degré de conscience en réseau et de collaboration écologique.

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Symbolisme celte :

Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant :


"La fourmi occupe une place très humble dans la tradition celtique. Le seul texte où il en est question est le conte gallois de Kulhwch et Olwen. Parmi les multiples objets réclamés dans la quête préalable par le géant Yspaddaden Penkawr figure un sentier de graines de lin. Elles sont toutes apportées à Kulhwch par les fourmis du voisinage, sauf une, apportée avant la nuit par la fourmi boiteuse. Symbole de serviteur appliqué et infatigable."

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Pour Gilles Wurtz, auteur de Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres (Éditions Vega, 2014),


"Les fourmis constituent des colonies, les fourmilières, de plusieurs dizaines à plusieurs millions d'individus.

La plupart des fourmis, les ouvrières, sont des femelles stériles. Les mâles, dont le rôle est de féconder les reines, ont une vie très brève. Incapables de se nourrir seuls, ils meurent après l'accouplement. La fourmi ouvrière peut vivre de trois semaines jusqu'à un an. La reine, elle, peut vivre plusieurs années.

Le rôle des fourmis évolue au cours de leur vie. Durant ses premiers jours à l'état adulte, une ouvrière s'occupe de la reine et des jeunes, puis elle contribue à l'entretien et à la construction de la fourmilière, avant d'être affectée au ravitaillement et à la défense.

Aujourd'hui, le nombre de fourmis sur terre dépasse les dix millions de milliards, leur biomasse est supérieure à celle de l'humanité.

Les fourmis sont les seuls animaux connus qui en domestiquent d'autres : les pucerons qui produisent du miellat dont elles se nourrissent.

Certaines espèces protègent les arbres de l'invasion d'insectes nuisibles, d'autres ont un rôle comparable à celui des lombrics puisqu'elles remuent des quantités impressionnantes de terre pour construire leur nid imposant.

Pour protéger leurs œufs, les fourmis sécrètent naturellement plusieurs substances, dont des insecticides, des bactéricides, et des virucides.

Applications chamaniques celtiques de jadis : Pour les Celtes, les fourmis étaient un exemple de perfection en matière d'organisation et de logistique. Les Celtes étaient capables de se mobiliser très rapidement pour partir au combat, avec toute la logistique qu'il fallait. Ils étaient souvent accompagnés de leurs familles, chargées de la nourriture et du bétail pour assurer le ravitaillement des troupes. capables de se mobiliser efficacement, ils pouvaient rassembler plusieurs dizaines de milliers d'hommes en quelques jours à peine.

Les villages étaient eux aussi très bien organisés : les différents artisanats qui répondaient aux besoins quotidiens y étaient présents. Les savoir-faire étaient réparti de manière optimale dans un secteur ou une région, afin de servir le plus grand nombre.

La technique de la métallurgie, domaine dans lequel les Celtes excellaient, était soigneusement retransmise à chaque génération qui l'enrichissait à son tour, l'améliorant et le perfectionnant toujours plus.


Applications chamaniques celtiques de nos jours : De nos jours, les fourmis sont observées et étudiées de près et l'on découvre leurs extraordinaires capacités à s'organiser dans le cadre de groupes parfois extrêmement nombreux. Leur exemple est toujours aussi intéressant, surtout si l'on considère notre population humaine qui ne cesse d'augmenter et de se concentrer dans de grandes agglomérations. La fourmi a encore beaucoup à nous apprendre en matière de cohabitation, de vivre ensemble. Il semble judicieux par exemple d'interroger l'esprit de la fourmi dans un travail chamanique pour lui demander conseil pour résoudre des problèmes concrets d'organisation, de logistique qui touchent toutes les villes et les villages qui voient surgir de nouvelles constructions, mais aussi pour aplanir des difficultés générées par la collectivité même, pour pouvoir faire avancer tout le groupe sur la meilleure voie. Les fourmis restent d'excellentes conseillères en la matière.

Mots-clefs : La logistique ; L'organisation."

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Symbolisme onirique :

Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


En opposant la cigale et la fourmi, Jean de La Fontaine misait en toute sécurité sur la caractéristique symbolique la plus évidente de la fourmi. Celle-ci est, d'abord, représentative de dispositions psychologiques centrées sur l'utilitaire, l'activité industrieuse, le but, la réalisation du plan fixé, le maintien des acquis.

La fantaisie, la poésie, la fleur cueillie sur le chemin de la vie ne sont pas de ses comportements usuels ! On ne peut même pas dire que la fourmi suit son chemin : elle suit la route tracée par le groupe, comme si elle avait abdiqué toute volonté individuelle. La fourmi imaginée, la fourmi du rêve, confirmera constamment cette impression. 50% des corrélations observées avec la fourmi concernent des animaux et 50% de ceux-là sont des insectes. Les plus fortes associations se rapportent à trois insectes volants : l'abeille, la coccinelle et le papillon. La lecture des textes concernés montre que lorsqu'un de ces animaux apparaît dans une même séquence que la fourmi, c'est pour souligner une opposition de nature identique à celle que met en scène le fabuliste. Dans le rêve, c'est surtout l'abeille qui se trouve opposée à la fourmi, ce qui oblige à réflexion puisque les deux insectes ont en commun la soumission à leur instinct grégaire. La cigale n'occupe, dans l'imaginaire, qu'une place tout à fait négligeable. Le fantaisiste et chatoyant papillon et l'abeille d'or la remplacent avec brio dans le rôle de faire-valoir de la fourmi ! Au-delà de la connotation d'attitude industrieuse ,, voire austère, qui lui est franchement spécifique, la fourmi participe inévitablement du symbolisme des insectes. L'insecte, c'est d'abord la métamorphose. Cette propriété si particulière de succession des trois stades de son développement - larve, chrysalide, insecte parfait - inscrit dans l'imagination de chaque enfant la conviction d'une possibilité de transformation magique.

L'insecte, acteur assidu de toutes les nuits de Walpurgis, compagnon de toutes les œuvres féeriques ou de sorcellerie, dénonce toujours quelque peu, chez le patient, l'espérance en une issue magique à sa problématique. L'apparition de l'insecte peut n'être alors qu'une des multiples formes de la résistance à l'analyse, celle de la recherche d'une solution exonérée de l'effort authentique d'approfondissement. L'insecte entraîne également, en raison du nombre élevé de ses pattes toujours en mouvement, l'association avec l'agitation intérieure, le grouillement incontrôlable des ressentis, révélateurs de l'angoisse névrotique. Devant l'insecte du rêve, l'analyste trouvera souvent bénéfice à se référer à la notion de dispersion des énergies dans la poursuite des buts multiples, au défaut de concentration de l'élan vital. Et puis l'insecte - et la fourmi en est un des plus remarquables exemples - présente toutes les apparences d'une créature mécanique. Sa cuirasse, les articulations des différentes parties de son corps, les antennes, ont imposé à l'imagination cette idée de robot, de mécanique destiné à reproduire exclusivement les gestes et mouvements pour lesquels il a été conçu. L'uniforme que porte la fourmi, noir ou rouge selon l'espèce, alourdit encore son image d'activiste ascétique.

Si la fourmi du rêve prend résolument part aux significations symboliques générales que nous venons de rappeler, elle présente, au-delà de sa connotation spécifique de créature industrieuse, des sens moins évidents mais que l'étude des rêves invite à considérer comme majeurs.

Lorsqu'on écarte le rideau des premières investigations, on se trouve confronté, face à la fourmi du rêve, à quelques constatations qui paraissent presque trop faciles tant elles rejoignent le sens commun. Les images que décrivent les patients sont cependant parfois tellement saisissantes qu'elles conduisent à des conclusions dépassant de beaucoup les simples évidences.

Dans un très grand nombre de cas, la fourmi rêvée exprime un rapport de dimensions. Si l'on ne peut nier quelques formulations du type "... je vole maintenant dans le ciel, je vois les gens, en bas comme des fourmis...", la plus grande part des observations échappe complètement à cette banalité. La fourmi, dans le rêve, est étroitement liée à l'expression des proportions de taille. Parfois, le rêveur grandit au point de ne plus oser remuer un pied par crainte d'écraser la foule réduite aux dimensions d'une colonne de fourmis. Tantôt c'est lui-même qui subit une réduction de taille lui permettant de s'introduire, sous la forme de l'insecte, dans de minuscules canalisations... Il n'est pas rare non plus que ce soit une fourmi géante qui surgisse, au détour de l'imaginaire, sous le regard du patient interloqué.

Ce que l'on aurait envie d'appeler un "complexe de Gulliver" et qui place le patient tantôt dans le rôle du célèbre géant, tantôt dans celui de l'un des habitants de Lilliput n'est probablement qu'une manifestation de la réduction et de l'agrandissement de taille, agents actifs de la dynamique d'évolution. Cette constatation est la première qui vienne en contradiction de la signification de fermeture que l'on était porté d'attribuer à la fourmi. Ce ne sera pas la seule. Alice, rapetissant ou grandissant selon les situations et indépendamment de sa volonté, le redoutable et tendre King Kong tenant dans ses mains la minuscule jeune fille, ont, vus sous cet angle, une parenté symbolique inattendue avec la fourmi. Ces fantasmes de réduction et d'agrandissement de taille, très fréquents dans le rêve éveillé, sont expressifs de la démesure, c'est-à-dire de la liberté prise par le rêveur de sortir de la mesure, de quitter le carcan des repères, des acquis, des réflexes, bref, de la route tracée.

Lorsque le rêveur ou la rêveuse se voient planant au-dessus de la foule de fleurs semblables réduits à la dimension de fourmi – ce mot étant exprimé -, il y a lieu de noter que leur vision s'accompagne de la notion de relativisation. Le patient prend littéralement de la distance par rapport aux préoccupations secondaires qui obstruaient le passage vers son accomplissement. L'œil qui voit un monde de fourmis se place d'emblée dans un état d'indifférence, dans le sens où il annule les différences qui encombraient sa vision. Ainsi Jeanine : « … je flotte dans l'air, comme un ballon... je me mets à l'horizontale et, au-dessous, je vois mes semblables, très affairés, très pressés, comme des fourmis... mais je n'en tire aucune conclusion... ça circule.... c'est tout ! C'est effrayant en fait ! Les gens se déplacent énormément... je continue de voler... je m'accroche à un clocher, pour me reposer... j'ai peur que les gens me prennent pour King Kong... pourtant, je ne ressemble pas à King Kong ! »

La différence c'est la comparaison et la comparaison s'inscrit dans le champ du paraître. Quitter ce champ, c'est se replacer dans l'être, donc dans le devenir !

La réflexion de Jeanine relative à la circulation renvoie aux associations les plus nombreuses et les plus fortes que déclenche l'image de la fourmi. Elle ouvre peut-être la voie vers la valeur la plus profonde du symbole. A partir de celle-là, une expression du langage courant trouve une surprenante résonance. « Des fourmis dans les jambes » ! Qui l'eût supposé ? Cette image prend racine bien plus profondément que le laissait penser une réflexion hâtive. Elle est un de ces produits subtils de la puissante alchimie des associations neuroniques ! La première séance de Sylvie fournit une illustration très complète de ce qu'il s'agit de démontrer :

« … J'avais peur de la souris mais maintenant je suis beaucoup plus petite qu'elle... je ne suis plus qu'une fourmi... quand on est petit on peut être écrasé mai on peut se cacher aussi... je tombe dans un grand trou, comme une canalisation, à la taille de la fourmi... je cours dedans.. je me dis « si quelqu'un versait de l'eau ! ». Je remonte dans ce couloir cylindrique que... je sors... dehors, quelques gouttes de pluie. Je me retrouve dehors, dans les herbes hautes... je ne vois rien... si... une coccinelle... je me dis que j'aurais préféré être une coccinelle... trop tard pour cette fois-ci... je n'ai pas choisi... la magie est finie... je redeviens moi... je m'endors au pied de l'arbre et quand je me réveille, y a des souris et des fourmis qui essaient de me manger les pieds... voilà ! J'ai des vraies fourmis dans les veines et elles veulent me manger le cœur... je n'ai pas de sang... c'est que des fourmis... elles arrivent rouges, par les orteils, et sortent noires, au bout des doigts... et pour que ça continue et que je reste vivante, il ne faut pas que je bouge... si on bouge on meurt... ça me fout la trouille mais je bouge quand même ! Je remue et alors ce ne sont plus des fourmis mais du sang dans mes veines. »

Cette séquence n'est pas unique ! D'autres patients et patientes ont des images semblables. Nathalie exprime clairement le sentiment d'être habitée par un courant de fourmis, de pestes qui ont une influence négative et la poussent à des comportements indépendants d'elle. Une autre rêveuse, devenue gigantesque, pose un pied sur chaque rive d'un fleuve et sert ainsi de pont à une armée de fourmis qui circulent tout au long de son corps, entrant par une oreille et sortant par l'autre ! On ne peut éviter de remarquer qu'il s'agit toujours d'une mise en mouvement, d'un courant, d'un flux. Le terme de circulation qui revient obstinément dans ces rêves de fourmis est surtout d'usage courant pour désigner le courant des voitures, des personnes et... du flux sanguin.

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Cela oblige à considérer que l'apparition de la fourmi dans le rêve, loin d'être expressive d'un état statique, du refus névrotique de la flexibilité évolutive, participe d'un processus de régénération, de remise en mouvement de la dynamique de transformation. Pour l'imaginaire, la fourmi se conjugue rarement au singulier. Et même dans ce cas elle est toujours quelque peu le signe avant-coureur d'une colonne, d'une armée, d'un courant de fourmis. Le flot de fourmis qui circule dans les veines de Sylvie est un prélude au retour de la vie symbolisée par le sang. Une heureuse métamorphose s'opère qui part d'un comportement figé, automatique et stérile, pour aller vers l'engagement vital, l'acceptation des sentiments douloureux refoulés.

A la suite de cette séquence, Sylvie entre immédiatement dans l'expression d'un souvenir jusque-là inacceptable et la fin de lu rêve baigne dans une atmosphère très émotionnelle. C'est ce que l'on peut observer chez tous les patients qui produisent ces étranges images de fourmis dans leur corps et particulièrement dans les jambes. L'accent mis par tous sur les pieds et les jambes, instruments de la circulation, confirme aussi cette acception de la fourmi indicatrice d'une nouvelle impulsion circulatoire.

Au plus profond du sens, nous irions jusqu'à voir dans la fourmi imaginaire, un indice de remise en harmonie des différents niveaux de l'être : instinctuel, émotionnel, intellectuel et spirituel.

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Contes et légendes :


La Pauvre fourmiguette
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Le conte de la Petite Fourmiguette :




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Jean-Pascal Debailleul termine son ouvrage intitulé La synchronicité par les contes, Une ouverture sur l'infini des possibles (Éditions Le Souffle d'Or, 2003) avec un petit conte que voici :


La petite fourmi qui va à Jérusalem


Voici une petite fourmi qui va à Jérusalem.

Elle rencontre la neige, et la neige serre la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem.

- Ô neige, que tu es forte, toi qui serres la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem !

Et la neige répond :

- Bien plus fort est le soleil qui me fond.

- Ô soleil, que tu es fort, toi qui fonds la neige qui serres la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem !

Et le soleil répond :

- Bien plus fort est le nuage qui me cache.

- Ô nuage, que tu es fort, toi qui caches le soleil qui fond la neige qui serres la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem !

Mais le nuage répond :

- Bien plus fort est le vent qui me chasse.

- Ô vent, que tu es fort, toi qui chasses le nuage qui cache le soleil qui fond la neige qui serres la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem !

Et le vent répond :

- Bien plus forte est la montagne qui m'arrête.

- Ô montagne, que tu es forte, toi qui arrêtes le vent qui chasse le nuage qui cache le soleil qui fond la neige qui serres la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem !

Et la montagne répond :

- Bien plus forte est la terre qui me porte.

- Ô terre, que tu es forte, toi qui portes la montagne qui arrête le vent qui chasse le nuage qui cache le soleil qui fond la neige qui serres la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem !

Et la terre répond :

- Bien plus fort est Dieu qui m'a faite.

- Ô Dieu, que tu es fort, toi qui a fait la terre qui porte la montagne qui arrête le vent qui chasse le nuage qui cache le soleil qui fond la neige qui serres la patte de la petite fourmi qui va à Jérusalem !

Et Dieu a pitié de la petite fourmi qui va à Jérusalem. Il dit :

- Terre, tremble !

La Terre tremble. La montagne s'écroule. Le vent passe. Le nuage s'en va. Le soleil brille. La neige fond. Et la petite fourmi retire sa patte et va à Jérusalem.

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Littérature :

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La Fourmi et la Marmotte

Contre les Avares.

Une Marmotte rebondie En ses quartiers d’hiver, vous me comprenez bien, S’en allait à pas lents, déjà presque endormie. Elle rencontre en son chemin Dame Fourmi maigre et fluette, Qui des pieds et qui de la tête Entraînait un énorme grain Dont elle avait fait la conquête Sur le bord du chemin Voisin.


— Par le Dieu du sommeil, ma chère, Où traînez-vous donc ce butin ? Lui cria la grasse commère. Qui vous met l’esprit à l’envers ? Car, s’il faut croire Ce qu’un savant écrit de votre histoire, Si, comme nous, vous passez les hivers Dans une parfaite indolence, Pourquoi tant de travail ? Pourquoi tant d’imprudence ? Ne vous assommez pas, rentrez vite chez vous Et ne songez qu’à dormir un bon somme. Un bon somme, ma chère, est-il rien de si doux ?


— Celui qui nous créa ne nous fit pas pour nous, Dit la Fourmi ; mais pour instruire l’homme ; Car nous tous autres animaux, Ne sachant rien, pleins de faiblesse, Nous sommes pour lui les échos De la plus sublime sagesse. Des vers viendront manger le grain qu’à si grands frais Dans mon réduit je leur prépare : C’est pour apprendre à l’homme avare Qu’il est un insensé d’entasser des bienfaits Dont les soins épuisent sa vie Et dont sa stupide manie Non seulement ne profitera pas ; Mais qu’elle amasse, hélas ! Pour éveiller la sombre envie, Ou pour des inconnus, ou pour des cœurs ingrats. Oui, c’est folie De trop chichement ménager Pour enrichir un étranger. Mais, adieu, ma bonne commère. Il faut, sans nous décourager, Instruire le roi de la terre, Et, tant pis, si ses passions Le rendent sourd à nos leçons ! De sa sottise, un jour, il aura le salaire.


Abbé Louis-Maximilien Duru, « La Fourmi et la Marmotte », Fables nouvelles, ou Leçons d’un maître à ses élèves, 1855.​

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Jules Renard nous propose dans ses Histoires naturelles (1874) de petits portraits ou de petites histoires qui mettent les animaux à l'honneur :

Les fourmis I

Chacune d’elles ressemble au chiffre 3.

Et il y en a ! il y en a !

Il y en a 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3... jusqu’à l’infini.

II

La fourmi et le perdreau

Une fourmi tombe dans une ornière où il a plu et elle va se noyer, quand un perdreau, qui buvait, la pince du bec et la sauve.

« Je vous la revaudrai, dit la fourmi.

– Nous ne sommes plus, répond le perdreau sceptique, au temps de La Fontaine. Non que je doute de votre gratitude, mais comment piqueriez-vous au talon le chasseur prêt à me tuer ! Les chasseurs aujourd’hui ne marchent point pieds nus. »

La fourmi ne perd pas sa peine à discuter et elle se hâte de rejoindre ses sœurs qui suivent toutes le même chemin, semblables à des perles noires qu’on enfile.

Or, le chasseur n’est pas loin.

Il se reposait, sur le flanc, à l’ombre d’un arbre. Il aperçoit le perdreau piétant et picotant à travers le chaume. Il se dresse et veut tirer, mais il a des fourmis dans le bras droit. Il ne peut lever son arme. Le bras retombe inerte et le perdreau n’attend pas qu’il se dégourdisse.

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Dans un étrange roman policier intitulé M. Malbrough est mort (1ère édition, 1937 ; Librairie des Champs-Élysées, 1991), Pierre Véry joue avec les mots :


Gil et moi, des fourmis nous galopaient dessus ! Les pieds, les jambes, les bras, les mains, la nuque, le nez, partout ! De toutes parts s'élançait leur silencieux assaut. Vous en apercevez une sur votre manche, vous la chassez ; il en apparaît une sur votre genou, vous la chassez ; en voici une qui grimpe sur votre chaussette, vous la chassez ; vous en sentez une sous votre faux-col, vous la chassez ; il en bouge une derrière votre oreille... Cette chasse n'a pas de fin !

Ainsi, à l'assaut de mon esprit, montaient les soupçons. Je repoussais celui-ci avec écœurement, cet autre avec horreur, ce troisième comme méprisable, ce quatrième était par trop sot, ce cinquième était le comble de l'absurdité, etc... Il s'en présentait toujours un nouveau - ou les mêmes qui revenaient à la charge. Je suspectas tout, et tout le monde, jusqu'à Mme Marthe de La Sauve. Je ne parvenais à rien épargner, à rien trouver de respectable, de propre, de sûr...

 
Vian, Les Fourmis
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Une nouvelle de Boris Vian :




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La Fourmi

Une fourmi de dix-huit mètres Avec un chapeau sur la tête, Ça n’existe pas, ça n’existe pas.


Une fourmi traînant un char Plein de pingouins et de canards, Ça n’existe pas, ça n’existe pas.


Une fourmi parlant français, Parlant latin et javanais, Ça n’existe pas, ça n’existe pas. Eh ! Pourquoi pas ?

Robert Desnos, "La Fourmi" in Chantefables et Chantefleurs, 1952.

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Dans Un peu plus loin sur la droite (Éditions Viviane Hamy, 1996) de Fred Vargas, le meurtrier nous livre ses pensées intimes :


"Donc, il y a un minable qui a mis le nez dedans. A cause de ce con de chien. Et à présent, les flics sont là. C'est sans importance, je m'en fiche, tout était prévu en cas d'embrouille. Pas si bête. Le petit rechigné, Guerrec, ira où on lui dira. Il a l'air de l'homme qui n'en fait qu'à sa tête. Il est comme tout le monde, il en a seulement l'air. Avec une petite poussée, il ira où on voudra, comme une fourmi. Le rechigné ne fera pas exception. On raconte beaucoup de niaiseries sur l'intelligence de la fourmi. Mais ce n'est qu'une esclave abrutie, rien d'autre. Il suffit de poser le doigt devant sa route pour qu'elle tourne. Ainsi de suite jusqu'à ce que la lumière change. Le résultat est infaillible. Elle ne sait plus où est la maison, elle est perdue, elle meurt. Je l'ai fait des tas de fois. Guerrec, pareil, Il n'y aura qu'à lui poser le doigt devant. Ce n'est pas à la portée du premier venu. Un assassin ordinaire, qui se tasse à l'arrivée du premier flic, quoi n'a jamais songé à l'histoire de la fourmi et du soleil, se ferait épingler dans les deux jours."

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Sylvain Tesson entreprend grâce à Vincent Munier une véritable quête initiatique qu'il relate dans un récit de voyage qu'il a intitulé La Panthère des neiges, (Éditions Gallimard, 2019). Ce faisant, il évoque également d'autres souvenirs :

Sur la dune à genoux, elle disait : « Elle va retrouver sa colonne, elle a été attirée par le suc de l'orpin, les autres sont passées au plus facile. »

Cette fois c'était une fourmi qui rejoignait sa procession après un crochet vers un bouton jaune. D'où venait son infinie tendresse pour la minutie des bêtes ? « De leur volonté de bien faire, disait-elle, de leur précision. Nous autres, ne sommes pas sérieux. »

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