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Plantes carnivores en action


Étymologie :


  • CARNIVORE, adj.

Étymol. et Hist. 1. a) 1556 adj. « qui se nourrit de chair » (Le Blanc, Cardan, f°188 v° ds Gdf. Compl. : les bestes carnivores), attest. isolée ; repris par Encyclop. 1751 ; 1814 poisson carnivore, insecte carnivore, supra ; 1838-41 végétaux carnivores (Boucher de Perthes, De la Création, t. 2, p. 182) ; b) 1851 « qui est à base de viande » (Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances, p. 102 : régime carnivore) ; 2. 1751 subst. masc. plur. « ordre de mammifères » (Encyclop. t. 2). Empr. au lat. carnivorus au sens 1 (Pline ds TLL s.v., 480, 25) composé du rad. carn- de caro, carnis (chair*) et du rad. de vorare « dévorer ».

Lire également la définition du mot carnivore pour amorcer la réflexion symbolique.

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Botanique :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :


L'Antiquité, dont on sait qu'elle n'excellait pas dans le sens de l'observation, puis le Moyen Âge ignorèrent les plantes carnivores. Il fallut attendre le début du XVIIe siècle pour voir apparaître les premières relations, généralement agrémentées de surprenants commentaires où l'observateur semblait donner libre cours à son imagination. Le botaniste allemand Karl Liche, par exemple prétendait avoir été le témoin d'un sacrifice humain perpétré par un arbre anthropophage de Madagascar, dont il rapporta la scène dans un journal scientifique de Karlsruhe : « Arrivée près de l'arbre, la jeune fille se hissa péniblement le long du tronc, atteignit la fleur gigantesque et but un peu du liquide qui se trouvait à l'intérieur de la corolle. Redescendue, elle s'adossa à l'arbre, les yeux clos, les mains crispées sur l'écorce rugueuse. C'est alors que les étamines, une à une, commencèrent à grandir, à saillir de plus en plus, se courbant, descendant vers la proie qui, paralysée par le breuvage absorbé, se tenait immobile. Elles lui enlacèrent la taille, s'agrippèrent à sa gorge, lui entourèrent les bras et les jambes. Pendant ce temps, les feuilles à leur tour s'étaient mises à bouger ; elles se déplièrent, laissant voir deux rangées d'épines acérées. » On devine la suite.

Ce morceau de bravoure relève naturellement de la botanique-fiction, où les plantes étrangleuses, ensorceleuses, empoisonneuses, dévoreuses o cannibales ont fait la fortune de bien des auteurs. Dans la nature, leurs performances sont plus modestes et leurs appétits ne menacent guère que les insectes.

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Selon Stefano Mancuso et Alessandra Viola, auteurs de L'Intelligence des plantes (édition originale 2013 ; Traduction française Albin Michel, 2018) :


"Il faut attendre la publication, en 1875, de l'ouvrage de Darwin justement intitulé Insectivorous Plants (Les Plantes insectivores), pour apporter des réponses sensées à ces questions et pour convaincre la communauté scientifique de parler de "végétaux qui mangent des insectes", une expression plus proche de la réalité mais encore quelque peu inexacte. Car à l'époque de Darwin, on avait déjà découvert et observé un nombre considérable de plantes capables de prendre au piège et de digérer de petits animaux comme les rats ou les lézards, qui n'appartiennent certes pas à la catégorie des insectes. Des dizaines d''espèces ont malgré cela été qualifiées d'insectivores : elles avaient beau chasser aussi de tout autres proies, on jugeait encore, en cette seconde moitié du XIXe siècle, que l'épithète "carnivore" était trop forte pour s'appliquer à une plante. On connaissait pourtant le comportement de certaines espèces, et en particulier plusieurs Nepenthes, en mesure de capturer et de tuer de petits mammifères. Peine perdue. L'idée qu'il puisse exister des plantes se nourrissant de viande demeurait inconcevable. Et d'ailleurs, comment se fait-il que certains végétaux suivent ce type de régime ?


La réponse, comme souvent, tient aux lois de l'évolution. Il y a des millions d'années, ces espèces avaient pour habitat des milieux humides situés sur des terrains marécageux, où l'azote - un gaz indispensable à la vie et d'une importance fondamentale dans la production de protéines - était peur ou pas du tout disponible. Les plantes contraintes de vivre dans des régions où il manquait ont donc dû inventer un système d'approvisionnement indépendant des racines et de la composition des sols où elles les plongeaient. La solution au problème leur est venue de leur partie exposée à l'air : au fil du temps, elles ont modifié la forme de leurs feuilles, transformées ainsi en véritables pièges susceptibles d'emprisonner ces petits réservoirs d'azote volants que sont les insectes. Toutefois, les plantes de ce type ne ses ont pas contentées de les capturer et de les tuer ; elles ont aussi mis en place, sur leurs feuilles, un système de digestion de leurs proies servant à assimiler les éléments nourrissants qu'elles contiennent. La faculté se doter d'un appareil digestif reste d'ailleurs, de nos jours encore, un critère déterminant pour l'attribution à une plante du qualificatif de carnivore : car elle doit être à même non seulement de s'emparer d'un animal, mais encore de le métaboliser, de produire des enzymes qui le dissolvent et permettent à la feuille d’absorber les substances nutritives qu'il lui apporte. [...]

Les plantes carnivores offrent, outre ce bel exemple de la façon dont certains végétaux utilisent leur faculté dégustative, l'occasion d'une réflexion stimulante sur leur régime alimentaire. Il faut avant tout indiquer qu'elles ne sont pas en aussi petit nombre que l'on pourrait être amené à le penser : on en connaît au moins six cents espèces, qui mettent toutes en action les pièges, traquenards et inventions les plus variés pour capturer différents types d'animaux. La carnivorie végétale est donc un phénomène bien plus répandu qu'on ne le croit ; elle concerne une multitude d'espèces, dont la quantité s'accroît beaucoup si l'on tient aussi compte de celles qui retirent, d'une manière ou d'une autre, un profit indirect de la capture d'insectes. Il y a encore quelques années, on pensait en effet que seules quelques-unes d'entre elles, les carnivores au sens strict du terme, étaient capables de digérer de petits animaux et d'en tirer les substances nutritives dont elles avaient besoin. Toutefois, de récentes études ont jeté un éclairage nouveau sur la question et montré que dans le monde végétal, le recours à une nourriture d'origine animale est assez courant.

S'il vous est déjà arrivé d'observer des feuilles de pomme de terre, de tabac ou de plantes à peine plus exotiques, par exemple le Paulownia tomentosa (un arbre originaire de Chine que l'on rencontre de plus en plu souvent en Europe), vous aurez peut-être remarqué qu'il est assez fréquent d'y retrouver de petits insectes morts. Mais alors, comment se fait-il que ces végétaux sécrètent des substances collantes ou vénéneuses qui tuent les insectes, puisqu'ils en sont ensuite pas en mesure de les digérer ?

La réponse est très simple et, à bien y réfléchir, tout à fait sensée : bien que les cadavres de ces insectes ne soient pas digérés aussitôt, plusieurs finissent par tomber au sol, se décomposer et émettre l'azote que la plante utilise pour compléter son alimentation ; quant à ceux qui restent sur les feuilles, ils nourrissent les bactéries qui s'y trouvent et dont le végétal n'a aucun mal à absorber les déchets, eux aussi riches en azote.

Par conséquent, sans être carnivores à proprement parler, de nombreuses espèces parviennent à se servir d'animaux pour enrichir et diversifier leur régime. Mes chercheurs les ont qualifiées de "protocarnivores".

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Symbolisme :

Selon le site de Tristan-Frédéric Moir,


"Ce symbole, assez rare, est principalement associé à un aspect féminin négatif. Au lieu de donner de l’amour, de l’oxygène ou de nourrir, cette plante étouffe ou dévore. C’est une inversion de fonction. La plante carnivore représente ainsi la partie féminine dévorante psychique, celle d’une femme proche le plus souvent. En effet, la plante n’ayant pas la possibilité de se mouvoir, elle représente une personne proche ou que nous visitons régulièrement."

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Serge Schall, auteur de Histoires extraordinaires de plantes et d'hommes (Éditions La Source Vive, 2016) consacre un article au plantes carnivores :


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