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La Fleur (suite)

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • 18 mars
  • 23 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 avr.








Symbolisme celte :


Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on apprend que :


"On ne possède que des éléments très vagues sur le symbolisme floral du monde celtique. Il a existé car les fleurs entrent quelquefois dans des comparaisons de forme ou de couleur, mais on ne peut rien en dire de précis. Une Galloise, Blodeuwedd, et une Irlandaise, Blathnat, portent le nom de fleur. L'une, créée par magie d'un grand nombre de fleurs, est la femme du dieu Llew, et elle le trahit au profit d'un seigneur du voisinage. L'autre est la femme du roi du monde Cùroi, et elle le trahit pour l'amour de Cùchulainn.

La fleur semble être ici un symbole d'instabilité, non d'une versatilité qui serait propre à la femme, mais de l'instabilité essentielle de la créature, vouée à une évolution perpétuelle, et tout particulièrement du caractère fugitif de la beauté."

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


[Les fleurs] sont la joie multicolore éparpillée dans le vent de la création du monde. Elles sont une pluie de notes fraîches tombées sur la terre depuis la musique des sphères. Sous mille parures, somptueuses ou sobres, sus mille formes, extravagantes ou discrètes, sous mille nuances de couleurs, provocantes ou tendres, elles sont la Beauté. Elles sont couleurs, fraîcheur, parfum, fête, promesse. Elles sont la vie. Offrir une fleur, c'est remettre une part de son âme. Cueillir une fleur, c'est oser un sacrifice. Contempler une fleur, c'est commettre un acte de foi naïve.

Ainsi parlerions-nous si nous devions nous exprimer sur la seule inspiration poétique. Il suffira d'une dose minime de méditation analytique pour s'affranchir du charme de ces impressions premières. La fleur, alors, apparaîtra dans son éphémère réalité de future porteuse de graines. L'essence féminine, la vocation maternelle d'une image florale seront fatalement révélées par cette nouvelle approche. Les rêves contiennent de nombreuses séquences qui confirmeront la pertinence d'une telle interprétation. Combien d'entre elles montreront la rêveuse en personne sortant du cœur de la fleur ou proposeront des corolles jouant ostensiblement le rôle de matrice, voire de matrice dévorante ! Les fleurs carnivores, représentation de la mère avide d'engloutir ce qu'elle a créé ou du vagin castrateur, ne sont pas rares.

Ainsi le poète et l'analyste se placeront, chacun de son point de vue, dans un compartiment de la vérité. L'observation des productions de l'imaginaire dans le rêve éveillé libre va montrer que le réalisme onirique, s'il épouse volontiers les formes de la poétique, se sert des teintes de son vocabulaire floral pour peindre des compositions plutôt sombres. Comme il eût été plaisant de se laisser porter, plusieurs pages durant, par l'heureuse vision du poète ! Mais la beauté des mots mêlée à la beauté des fleurs dessinerait un de ces chemins illusoires qui n'aboutissent nulle part. [Je m'inscris en faux contre cette affirmation. Je pense au contraire que le poète a accès à une forme de vérité qu'il convient d'envisager à sa juste valeur.]

Le langage des fleurs a suscité des traducteurs capables de donner sens à des dizaines d'espèces différentes. L'onirisme est beaucoup plus sobre. S'il évoque, au fil de l'inspiration des rêveurs, une quinzaine de fleurs spécifiques, dont certaines n'apparaissent qu'une fois pour cinq cents rêves, six d'entre celles-là suffisent à ses besoins courants : la rose, le coquelicot, la marguerite, la tulipe, le tournesol et le lis. Ce dernier n'atteint même pas tout à fait la fréquence de 1% des scénarios. Chacune des cinq premières fleurs citées fait l'objet d'une étude séparée. Pour le présent article, nous n'avons retenu, autant qu'il était possible, que des rêves dans lesquels aucune fleur particulière ne prend une signification déterminante. Le mot fleur, au pluriel ou au singulier, est prononcé dans 23% des scénarios de rêve éveillé.

S'il existe quelques séquences de rêve où les fleurs printanières ou estivales disséminées dans la prairie semblent être à l'unisson d'une joie intérieure éprouvée par le rêveur, il faudra bien vite reconnaître qu'elles sont peu nombreuses. Au long des scénario, que de fleurs artificielles, de fleurs fanées, de fleurs coupées, viendront contrarier l'enthousiasme initial du chercheur, parti allègrement à la découverte de ces rêves fleuris ! Son propre rêve se dissipe sur les aspérités de l'observation objective. Il apprend rapidement que la prairie la plus égayée par les taches multicolores de sa parure florale n'est qu'une étape d'un itinéraire qui conduit à l'évocation de la mort ! La lecture des rêves impose cette révélation que l'analyse des corrélations statistiques transforme en certitude.

Dans plus de 50% des scénarios, les fleurs sont explicitement associées à la mot, au cimetière, au cercueil. Lorsqu'on tient compte d'autres représentations symboliques qui portent le même sens, c'est 80% des rêves dans lesquels apparaissent les fleurs qui exposent cette association. Quand on a constaté cette corrélation, la réflexion sur le symbole prend une orientation nouvelle. L'onirisme oblige à voir ce que la conscience refusait ! Un mécanisme de défense fait de la plante, de la fleur, une sorte de modèle d'animation lente, de croissance imperceptible. La réalité est radicalement inverse. La fleur met sous le regard de celui qui la contemple l'image accélérée des phases de son propre destin. De la promesse radieuse dune fleur à peine éclose à la chute de pétales desséchés, en passant par la splendeur de la maturité et les premières atteintes de la fanaison, tout se joue, en quelques jours, pour certaines espèces, en quelques heures pour d'autres !

En fait, tout regard qui se pose sur une fleur sait que celle-là va mourir et qu'il est impuissant à la rendre immortelle. En s'imprégnant intensément d'une beauté éphémère, les yeux espèrent en secret l'installer dans une éternité ! Chaque fleur est un masque riant posé sur la certitude de l'irrémédiable. Dans l'article qui la concerne, nous démontrons que la tulipe est étroitement associée à la mort. L'étude concernant la rose expose beaucoup d'images de fleurs artificielles. Le bouquet de fleurs, dans de nombreuses situations oniriques, renvoie au deuil, pris dans le sens d'achèvement d'un chagrin, d'acceptation d'une fin. Une brève séquence du quatrième rêve de Gwenaël illustrera cette affirmation. Gwenaël a vingt et un ans. Il porte la charge d'une longue souffrance. Des angoisses lourdes ont accompagné son adolescence, parsemée d'échecs, scolaires et sentimentaux. Dans le scénario le rêveur se trouve soudain au cœur du village où réside toujours une jeune fille pour laquelle il nourrissait des sentiments très forts : « ... Là... je viens de voir le cimetière et l'église de T. ! Ah ! je vois très bien l'église... il fait gris... il fait sombre... et... là... j'ai l'image d'un énorme bouquet de fleurs qui vient par-dessus celles que je venais de voir !... Qui se superpose au cimetière et à l'église... comme si c'était un peu pour égayer ces images-là !... »

Dans cet exemple, le cimetière et le bouquet de fleurs se conjuguent pour exprimer la fin d'une aventure douloureuse. William est un homme mûr, qui dirige une entreprise importante. Son attente par rapport à la cure de rêve éveillé concerne davantage un élargissement du champ de conscience que l'action thérapeutique. Son vingt-quatrième scénario va montrer que même les fleurs les plus réjouissantes en apparence sont, dans l'imaginaire, structurellement associées à la mort : « ... Là... je recherche vraiment le lâcher-prise !... Je me sens en profonde relaxation... j'arrive dans un endroit où il y a énormément de fleurs, de toutes les couleurs... rouges, jaunes, violettes, blanches... comme dans les jardins de Bagatelle, où il y a plein de fleurs... c'est un grand jardin avec des allées pas très ordonnées... et je me promène parmi ces fleurs... j'ai vu passer une panthère, magnifique ! ... J'avance, au milieu de ces fleurs.. il y a de très beaux arbres... c'est un plaisir très grand de voir toutes ces couleurs de fleurs... c'est cette variété qui me touche !... Et... ça c'est étonnant : il me vient un désir de chasser, ce que je n'avais encore jamais ressenti ! Envie de tenir un fusil à la main et... de tuer des oiseaux !... Envie de chasser là où il n'y a pas de fleurs, pour qu'ils ne tombent pas dessus... et c'est pas pour manger ! Non ! C'est plus un instinct de mort... »

De telles séquences abondent dans les rêves. La multiplication des exemples ne ferait pas progresser l'interprétation. Le lien structurel qui unit la fleur et la mort apparaîtra plus sûrement à travers le contenu de ceux courts extraits des scénarios de Reine et de Françoise.

Reine : « ... là, je sens comme un nœud dans mon ventre... et... je vois une spirale qui se forme et qui s'élève, comme comme une fumée, et s'ouvre en fleur... enfin en calice... et puis... c'est comme si le calice était étranglé... que deux mains le serraient... »

Françoise : « ... je vois le centre d'une fleur... c'est le cœur d'une fleur ou un œil qui se transforme en fleur... une grosse pâquerette... cette fleur flotte dans... elle n'a pas de tige... elle flotte ou vole... elle plane... on dirait qu'elle veut tourner sur elle-même pour aller plus vite... c'est maintenant comme un tourbillon, comme une grande spirale... c'est une grande vague... je suis à l'intérieur... »

Dans l'article consacré à la marguerite, nous montrons que cette fleur renvoie à la symbolique du cercle en mouvement, des cercles concentriques et de la spirale. Les deux séquences qui précèdent obligent à soupçonner que l’association avec la dynamique spiralique concerne la fleur, considérée dans le sens générique. Décrivant le processus d'accomplissement de la psyché, Jung, dans Psychologie et alchimie exprime une réflexion convergente :

« ... Ce chemin ne va pas en ligne droite : il est apparemment cyclique. Une connaissance plus précise a montré qu'il s'élevait en spirale. Après certains intervalles, les thèmes oniriques ramènent sans cesse à des formes données qui, à leur façon, désignent un centre... [...] On pourrait mettre ces développement spiralés en parallèle avec le processus de croissance des plantes. On y est d'ailleurs amené d'autant plus facilement que le motif des plantes, arbres, fleurs, etc. apparaît fréquemment dans ces rêves. » Ainsi la fleur imaginaire serait-elle avant tout l'expression de la dynamique de réalisation, c'est-à-dire du processus d'évolution, du devenir.

Dès lors que l'on a reconnu cette traduction, on comprendra que le symbole puisse intervenir dans le rêve en fonction d'états différents de la relation du rêveur à la dynamique d'évolution. Ces états vont du refus de toute flexibilité à l'adhésion éperdue aux changements.

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La fleur peut être l'image incitative qui vient percuter la psychologie figée dans son système défensif et lui suggère d'amorcer la voie spiralique du devenir, sans crainte de l'avancée vers l'inéluctable fin. Elle peut, à l'inverse, - c'est plus particulièrement le rôle habituel de la marguerite - exposer le danger d'un comportement exagérément disponible pour les métamorphoses. La mort, dans le rêve, se confond alors avec la définition du physicien, résumée en un mot : l'entropie.

D'autres fleurs viendront éclairer le patient sur quelques pièges conduisant à la mort de l'âme. Dans ce registre, la tulipe peut dénoncer un blocage lié à la fixation sur le décès de l'un des parents. Le tournesol expose les risques associés à la situation œdipienne.

Au terme de la réflexion, quelle que soit la sombre tonalité des images en corrélation avec la fleur du rêve, celle du psychologue n'est pas si distante de celle du poète : l'une et l'autre sont la figuration splendide du processus d'accomplissement psychologique qui s'épanouit dans la spirale du devenir, jusqu'à l'entré confiante dans la mort. La voix du poète n'a-t-elle pas exprimé en termes définitifs ce qu'on ressenti toutes celles et tous ceux qui ont cueilli la fleur onirique ? « Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses... »

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Contes et légendes :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Des plantes chantent pour dénoncer un coupable ou pour révéler un secret : un enfant assassiné par son frère est enterré dans un jardin rempli de fleurs magnifiques ; un berger qui passe un peu après, cueille la plus belle, et elle se met à chanter aussitôt que ce n'est pas lui qui l'a tué.

Les plantes qui, en se flétrissant, indiquent un danger ou un changement de condition, sont bien plus rares que les arbres doués de cette faculté ; elles figurent dans un épisode d'un récit breton dont l'origine populaire est douteuse : au moment d'entrée en danse, chaque amoureux prenait son amoureuse par la main, la conduisait au grand dolmen, tous deux y déposaient fleurs et épis, et ils étaient sûrs de les retrouver aussi frais à l'heure du départ s'ils avaient été fidèles. Dans un conte de l'Ille-et-Vilaine, une sœur recommande à son frère avant de partir pour un lointain voyage, de regarder tous les jours une fleur, et que s'il la voit se pâmer elle sera en grand péril ; d'après un conte un peu obscur, à mesure que trois belles fleurs croissent dans un jardin, les feuilles se flétrissent et tombent à terre ; le seigneur qui les remarque croit d'abord que sa femme est en danger de mourir, mais elles signifient simplement qu'elle est devenue grosse.

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Ce conte nous indique le désir d’un gentil géant Gentigigan, habitant d’une grotte au sommet des monts Dores, de respirer le parfum des fleurs ! Ce qui était impossible vu sa taille bien plus haute que celle d’une maison !

Il aurait pu s’allonger pour respirer les fleurs mais sous son corps immense il aurait écrasé des milliers de plantes. Alors il se contentait d’admirer les fleurs. Toutes étaient belles : les campanules et les gentianes, les pensées sauvages et les œillets, les primevères et les jacinthes, les boutons d’or et les pois senteur…

C’est pour les épargner qu’il ne buvait pas l’eau des sources. Le vent lui portant quelquefois leurs merveilleux parfums il le respirait avec délice et parfois pleurait. Se cachant les mains, il n’avait pas vu arriver un jeune berger qui curieux avançait vers cette forme jamais vue auparavant. Il vit alors le géant, c’en était un assurément, le berger vit de grosses larmes couler entre les doigts du géant qui s’écrasait avec un bruit de pluie d’orage et l’éclaboussaient.

Malgré la peur à la vue de ce géant, le berger eut pitié de lui et lui demanda pourquoi il pleurait tant. Sans succès, il frappa ensuite sur la jambe du géant qui le vit enfin et le porta vers son oreille et entendit le berger lui proposer son aide, il faillit rire de savoir comment un homme pouvait aider un géant ! Le géant lui raconta ses malheurs, l’homme lui répondit qu’il promit de réfléchir à une solution et de revenir le lendemain. Le berger ne dit rien à ces compagnons de peur qu’ils se moquent de lui.

De retour à la bergerie, il vit une bouteille de lait vide et eut une idée, il grimpa rapidement de nouveau vers la montagne du géant et ramassa des fleurs entre temps, il ne les cueillait pas mais enlevait seulement les pétales des fleurs dont le parfum était le plus fort. A chaque cueillette il referma la bouteille pour en conserver l’arôme. Il se rendit auprès du géant qui prit entre ses doigts la bouteille et enleva le bouchon grâce à l’aide du berger et put sentir le parfum extraordinaire des milliers de fleurs de la montagne, des larmes de bonheur montèrent à ces yeux. – Merci, je t’offre en échange mon amitié, dis le géant. Le berger remplit régulièrement la bouteille et ils restèrent jusqu’à la fin de leur jour des amis fidèles.

C’est ainsi grâce à la gentillesse d’un jeune berger pour un bon géant malheureux que naquirent les parfums.

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Littérature :

Les Fleurs

Ô terre, vil monceau de boue Où germent d'épineuses fleurs, Rendons grâce à Dieu, qui secoue Sur ton sein ses fraîches couleurs !


Sans ces urnes où goutte à goutte Le ciel rend la force à nos pas, Tout serait désert, et la route Au ciel ne s'achèverait pas.


Nous dirions : — À quoi bon poursuivre Ce sentier qui mène au cercueil ? Puisqu'on se lasse en vain à vivre, Mieux vaut s'arrêter sur le seuil. —


Mais pour nous cacher les distances, Sur le chemin de nos douleurs Tu sèmes le sol d'espérances, Comme on borde un linceul de fleurs !


Et toi, mon cœur, cœur triste et tendre, Où chantaient de si fraîches voix ; Toi qui n'es plus qu'un bloc de cendre Couvert de charbons noirs et froids,


Ah ! laisse refleurir encore Ces lueurs d'arrière-saison ! Le soir d'été qui s'évapore Laisse une pourpre à l'horizon.


Oui, meurs en brûlant, ô mon âme, Sur ton bûcher d'illusions, Comme l'astre éteignant sa flamme S'ensevelit dans ses rayons !


Alphonse de Lamartine, "Les Fleurs" in Méditations poétiques, 1820.

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La fleur fossile


Jamais coupe d’opale, où boivent les abeilles, Jamais perle d’azur, étoilant nos corbeilles, Ou vivant de notre air dans l’air vivant des blés, N’ont agi plus longtemps sur mes songes troublés, Que ce fantôme noir d’une plante momie, Dans son champ souterrain six mille ans endormie. Les jeunes sœurs d’hier, opulentes ou non, Ont toutes des couleurs, qui nous disent leur nom, Qui content à nos sens les secrets de leur vie ; Mais cette fleur de pierre, aux cavernes ravie, Que semble, en l’éclairant, renier le soleil, Quelle énigme sans fond renferme son sommeil ! Obscur comme la tombe, et plus impénétrable, Sphinx jadis éphémère, aujourd’hui si durable, Voyageur engourdi, qui reviens de si loin, Que sais-tu de la terre ? Avait-elle un témoin, Quand, la couronne au front, de ta couche élancée, La lumière sauva ta royauté passée ? Né comme toi des pleurs ou des baisers du jour, Le vol des papillons t’a-t-il parlé d’amour Oasis de parfums, dans les déserts flottante, À quel sylphe nomade as-tu servi de tente ? Quelle ombre a rafraîchi ton germe ? quel oiseau Vint, pour te saluer, chanter sur ton berceau ? Avant d’y promener sa force vagabonde, L’homme avait-il déjà des vassaux dans ce monde ; Ou, du globe encor vide astre silencieux, N’as-tu de ta splendeur étonné que les cieux ?


Quand j’interroge ainsi ton spectre avec mon rêve, Je ne sais quel brouillard de ta cendre s’élève, Où, comme des vaisseaux, glissent, appareillés, Des jours évanouis les trésors réveillés. Des monstres primitifs la race qui s’exhume Repeuple devant moi cet océan de brume, Et l’air ressuscité s’encombre de dragons, Dont le vol fait crier le monde sur ses gonds. Autour de ton néant je vois, comme un mirage, Des continents proscrits bouillonner le naufrage, Et des mers d’autrefois ranimant les complots Je te vois, dans ta fosse installé par les flots, Des siècles décédés confident oculaire, Nous garder, de leur fin, ta mort pour exemplaire.


Écho pétrifié des temps qui sont perdus, Tes oracles muets, dans mon âme entendus, Refont tout le passé dépouille par dépouille. Fleur antique, salut ! chrysalide de houille, D’où s’envole, à mes yeux, un vivant univers. Pour qui l’y veut chercher, quelle moisson de vers Rayonne sous la nuit de tes mornes pétales, Genèse où le déluge a scellé ses annales, Et qu’à livre fermé comprennent nos esprits ! Poème plus confus que ces vieux manuscrits, Que rangeait Pompeïa dans ses cases de poudre, Et qui dorment sans voix calcinés par la foudre, Ton silence éloquent me parle plus haut qu’eux. Tout ce qu’on peut glaner sous leurs plis ténébreux, Fût-ce un soupir perdu de la Grèce ou de Rome, C’est quelque mot terrestre, imparfait comme l’homme, Dont le sens préféré n’est pas toujours le bon : Toi, l’on n’épelle pas tes feuilles de charbon Sans en voir aussitôt, comme une ombre empressée, Sortir un mot de Dieu, traduit par la pensée.


Jules Lefèvre-Deumier, "La Fleur fossile" in Le Couvre-feu, dernières poésies, 1857.

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Fleurs


D’un gradin d’or, — parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, — je vois la digitale s’ouvrir sur un tapis de filigranes d’argent, d’yeux et de chevelures.

Des pièces d’or jaune semées sur l’agate, des piliers d’acajou supportant un dôme d’émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d’eau.

Tels qu’un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.

Arthur Rimbaud, "Fleurs" in Les Illuminations, 1886.

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Les fleurs de Stéphane Mallarmé

Des avalanches d'or du vieil azur, au jour

Premier et de la neige éternelle des astres Jadis tu détachas les grand calices pour La terre jeune encore et vierge de désastres,


Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin, Et ce divin laurier des âmes exilées Vermeil comme le pur orteil du séraphin Que rougit la pudeur des aurores foulées,


L'hyacinthe, le myrte à l'adorable éclair Et, pareille à la chair de la femme, la rose Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair, Celle qu'un sang farouche et radieux arrose !


Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure À travers l'encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure !


Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs, Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes ! Et finisse l'écho par les célestes soirs, Extase des regards, scintillements des nimbes!


O Mère qui créas en ton sein juste et fort, Calice balançant la future fiole, De grandes fleurs avec la balsamique Mort Pour le poëte las que la vie étiole.

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Dans une de ses dernières nouvelles intitulée "Gigi" (1944), Colette parle des fleurs avec une émotion toute en délicatesse :


Tous, nous tressaillons lorsqu’une rose, en se défaisant dans une chambre tiède, abandonne un de ses pétales en conque, l’envoie voguer, reflété, sur un marbre lisse. Le son de sa chute, très bas distinct, est comme une syllabe du silence et suffit à émouvoir un poète. La pivoine se défleurit d’un coup, délie au pied du vase une roue de pétales. Mais je n’ai pas de goût pour les spectacles et les symboles d’une gracieuse mort. Parlez-moi au contraire du soupir victorieux des iris en travail, de l’arum qui grince en déroulant son cornet, du gros pavot écarlate qui force ses sépales verts un peu poilus avec un petit « cloc », puis se hâte d’étirer sa soie rouge sous la poussée de la capsule porte-graines, chevelue d’étamines bleues ! Le fuchsia non plus n’est pas muet. Son bouton rougeaud ne divise pas ses quatre contrevents, ne les relève pas en cornes de pagode sans un léger claquement de lèvres, après quoi il libère, blanc, rose ou violet, son charmant juponnage froissé… Devant lui, devant l’ipomée, comment ne pas évoquer d’autres naissances, le grand fracas insaisissable de la chrysalide rompue, l’aile humide et ployée, la première patte qui tâte un monde inconnu, l’œil féerique dont les facettes reçoivent le choc de la première image terrestre ?...Je reste froide à l’agonie des corolles. Mais le début d’une carrière de fleur m’exalte, et le commencement d’une longévité de lépidoptère. Qu’est la majesté de ce qui finit, auprès des départs titubants, des désordres de l’aurore ?

*

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque un syndrome qui n'est répertorié que par les poètes :

12 décembre

(Paris, XVIe)


Tout le temps que j'ai dû vivre à Paris, j'ai été malheureux. Je veux dire : en bloc. Je ne manquais pas de satisfactions physiques, intellectuelles ou sentimentales ; mais elles ne me consolaient pas. Je souffrais d'un syndrome de privation de fleurs sauvages. C'est une névrose d'angoisse qui naît de la fréquentation abusive du béton, du bitume et de la bagnole. Les manifestations en sont tantôt psychiques et tantôt somatiques. On observe des rémissions, mais pas de guérison définitive aussi longtemps que les causes persistent.

L'angoisse me prenait chaque fois que je songeais à la ronde enchantée de mes heures enfantines. Je tournais autour du Louis XIV de la place des Victoires en imaginant conduire mes chèvres sur des rochers constellés de joubarbes et de lis orangés. Je remontais le boulevard Beaumarchais en saluant des parterres de sabots-de-Vénus et d'ancolies des Alpes. J'allais à pied de la place de l'Etoile à la gare de Lyon en me représentant çà et là des prairies de pulsatilles, des vallons de gentianes et des amphithéâtres d'edelweiss de laine blanche.

[...]

9 janvier

(Au-dessus de Menton)


Le parfum des fleurs est presque toujours en accord avec leur forme et leur couleur : ce n'est ni une illusion des sens, ni un effet de l'imagination, ni une reconstruction intellectuelle a posteriori. Au contraire : on peut être assuré qu'entre des millions de combinaisons possibles d'odeurs, de morphologies et de teintes, une seule est biologiquement possible. rien n'interdit donc de qualifier les messages chimiques des corolles en utilisant le vocabulaire de n'importe quel domaine de la perception. [...]

23 mars

(Fontaine-la-Verte)


Les oiseaux et les fleurs sont unis par des correspondances symboliques et poétiques aussi fondamentales que leurs relations écologiques. Les passereaux et les orchidées s'attirent avec force. Parfois, l'affinité tient dans la forme d'une plume et d'une feuille, d'un bec et d'un labelle ; dans une nuance de rose et de mauve, dans un reflet, dans un équilibre des courbes, dans une manière de se balancer sous la brise.

C'est ainsi que défilent les fiancés de la fête au village :


le bouvreuil et la céphalanthère rouge ;

la mésange bleue et l'ophrys jaune ;

le pinson et l'helléborine rouge ;

la mésange charbonnière et l'orchis sureau ;

le gorge-bleue et l'ophrys mouche ;

le rouge-gorge et l'orchis papillon ;

le loriot et le sabot-de-Vénus ;

le pouillot véloce et l'orchis homme-pendu ;

le verdier et l'orchis grenouille ;

l'étourneau et le limodore avorté.


Saluez trois fois ! Recommencez !

[...] 3 juin

(Fontaine-la-Verte)


Malgré maints épandages d'herbicides sélectifs signés Bayer ou Rhône-Poulenc, les fleurs sauvages triomphent dans les blés verts. J'y vois plusieurs types d'étoiles :


pavots roses : supernovas

centaurées et scabieuses : géantes bleues

coquelicots : géantes rouges

chrysanthèmes des moissons : moyennes jaunes

stellaires et silènes : naines blanches

gueules-de-loup : naines brunes

pensées sauvages : étoiles à neutrons, avec leurs cœurs de trous noirs.


En entrant dans le bois, j'ai le sentiment de franchir le porche d'une église, tant les plantes y paraissent recueillies... Graminées à genoux comme des bigotes sur leurs prie-Dieu. Mélampyres-enfants de chœur. Lianes-grandes orgues. Feuilles-rosaces. C'est Chartres, version chlorophylle. La chapelle aux fleurs de saint François d'Assise...

*

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Dans La Citrouille a besoin de vous (Anatolia Editions, 1994 pour la traduction française) P. G. Wodehouse dépeint un Lord anglais très attaché aux fleurs de son jardin, mais pas seulement :


"On dirait qu'il va faire beau, pas vrai ?" fit-il remarquer d'un ton affable.

Lord Emsworth ne répondit pas. Il n'avait même pas entendu. Il y a dans un parterre de fleurs bien disposé un je-ne-sais-quoi qui agit comme une drogue sur les amoureux des jardins, et le comte était entré dans une espèce de transe. Il avait déjà complètement oublié où il se trouvait et croyait être de retour chez lui, dans son paradis de Blandings. Il fit un pas en direction du parterre, et se tint en arrêt comme un setter.

L'homme qui lui avait adressé la parole prit un air encore plus approbateur. Ce personnage à casquette était un des gardiens du parc, chargé de faire régner la loi et l'ordre dans la partie où se trouvait actuellement lord Emsworth. Lui aussi adorait ces parterres, et il lui semblait discerner dans la personne du digne comte une âme sœur. Le grand public n'avait que trop souvent tendance à passer son chemin sans rien regarder, accaparé par ses affaires, ce qui ne manquait pas de blesser le gardien. Il crut reconnaître en ce nouveau venu un chic type comme il les aimait.

"On dirait qu'il...", reprit-il.

Mais brusquement un cri lui échappa. S'il n'avait pas vu la chose de ses propres yeux, il ne l'aurait pas crue. Mais il n'y avait, hélas ! aucune possibilité d'erreur. Brutalement dégrisé, il se rendit compte qu'il s'était laissé cruellement abuser par le séduisant inconnu. Extérieurement, sa mine était convenable, quoique un peu débraillée, et il paraissait propre et respectable, mais c'était en réalité un dangereux criminel, c'était le plus noir des êtres malfaisants, bref c'était un des cueilleurs de fleurs des jardins de Kensington.

Car au moment même où le gardien prononçait les mots "On dirait qu'il", l'homme avait lestement enjambé la clôture peu élevée, avait traversé à petits pas la bande de gazon et, sans lui laisser le temps de dire "va faire beau", avait perpétré son acte infernal. Profitant du bref instant durant lequel les cordes vocales du gardien refusèrent de lui obéir, l'odieux vandale avait pris l'avantage par deux tulipes à zéro et tendait déjà la main pour en cueillir une troisième.

"Hé !!!" rugit le gardien en retrouvant soudain l'usage de la parole. "Hé, vous, là-bas !!!"

Lord Emsworth se retourna en sursautant.

"Dieu me bénisse !" murmura-t-il d'un ton de reproche.

Il avait à présent pleinement retrouvé ses esprits, si faibles fussent-ils, et il saisit tout à coup l'énormité de sa conduite. Il regagna aussitôt l'allée goudronnée d'un air contrit.

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Dans son roman L"Inspecteur Ali et la C.I.A. (Éditions Denoël, 1997), Driss Chraïbi nous dresse le portrait d'un inspecteur de police marocain atypique, notamment dans son amour de la poésie. L'auteur a ainsi quelques envolées lyriques pour rendre compte de cet élan poétique :


"Et elle reprit de plus belle ses gnoses verbales, en même temps que sa salive et son souffle. Même dans le parc, assise sur un banc à un mètre soixante de lui, elle trouva l'inspiration pour décrire le sycomores et les conifères qui s'élevaient entre ciel et terre comme autant de cathédrales vertes, les immenses parterres de fleurs qui n'avaient rien d'autre pour s'exprimer que le silence de leur multiple splendeur. Outre les jolies femmes, l'inspecteur Ali adorait les fleurs, d'une dévotion quasi mystique. Pour les regarder, pour les écouter, il avait besoin de concentration. Il ferma par conséquent les oreilles. Ce fut comme s'il venait d'introduire dans chacune d'elles une boule Quiès. Il fit ce qu'il faisait souvent lorsqu'il voulait se retrouver seul dans une réunion : il appela à la rescousse sa faculté de libérer son esprit volonté.

Ici, à l'autre bout du monde et en cette fin de siècle, il se retrouva un court instant au Moyen Âge, dans l'Andalousie arabe à l'apogée de sa civilisation, assis dans un jardin en terrasses, la vue emportée par la symphonie des fleurs : mauve des mauves, rouge vif des hibiscus, feu des balisiers, chant multicolore des calcéolaires et des phlox - ma vraie prière musulmane sera pour ces fleurs, se disait-il, pour la terre qui les a enfantées, pour les hommes qui les ont entourées d'amour. Sources, jets, vasques, de toutes parts musiquait la musique des eaux. Comme à regret, l'inspecteur Ali se secoua, secoua ses pensées. Il n'était pas au Moyen Âge, hélas : Il ferma les yeux, les rouvrit presque aussitôt. Et il vit..."

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Dans le roman policier Le Parme convient à Laviolette (Éditions Denoël, 2000) de Pierre Magnan, on découvre l'amour de l'auteur pour les fleurs à travers une évocation particulièrement réussie des récipients fleuris qui ornent un village des Basses-Alpes :


"A Piégut, il y a encore chaque matin de vieilles femmes qui arrosent leurs géraniums avec des arrosoirs couleur de nuit constellées d'étoiles d'or ou qui aspergent leurs terrasses aux lauzes luisantes comme des pièces d'eau.

On vous accueille en silence et mystérieusement absentes par des profusions de fleurs tapies un eu partout : des bâtons de Saint-Jacques hauts de deux mètres hérissent les abords des maisons, tout épanouis de roses trémières comme au lendemain d'un miracle.

On vous offre des phlox dans des bidons de pétrole lampant sciemment éventrés et qui datent de mil neuf cent vingt-cinq ; des désespoirs-du-peintre vous proposent l'énigme de leur vrai nom imprononçable dans des boîtes carrées de biscuits bruns ; trois bégonias, en trois couleurs, répandent leurs corolles japonaises sur les bords nickelés d'un seau à champagne Mercier en provenance de feu l'Orient-Express (et ne demandez à personne comment il est arrivé là) et les cosmos élégants font jaillir très haut leur impalpable feu d'artifice depuis le pavillon bleu d'un antique gramophone dispos comme une vasque, à l'envers, entre quatre pierres choisies, après qu'on l'eut comblé de terre...."

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Philippe Claudel, dans Les Âmes grises (2003) construit un roman où la majorité des femmes ont un prénom évoquant les fleurs, en particulier le lys. Et ce n'est pas un hasard si le personnage le plus proche de la pureté de ces fleurs est un prêtre qui deviendra missionnaire :


"Le père Lurant avait de grosses mains, sans poils, dodues avec une peau délicate et des ongles sans ébréchures. [..] Puis on parla, longtemps, comme jamais on n'avait fait. On parla de fleurs, c'était sa passion, "la plus belle preuve, s'il en fallait une, de l'existence de Dieu", disait-il. Parler de fleurs, dans cette chambre, alors qu'autour de nous, c'était la nuit et la guerre, alors qu'autour de nous, quelque part, il y avait un assassin qui avait étranglé une fillette de dix ans, alors que loin de moi, Clémence perdait son sang dans notre lit et hurlait, criait, sans que personne ne l'entende ni ne vienne à elle.

Je ne savais pas qu'on pouvait parler des fleurs. je veux dire, je ne savais pas qu'on pouvait parler des hommes rien qu'en parlant de fleurs, sans jamais prononcer les mots d'homme, de destin, de mort, de fin et de perte. Je l'ai su ce soir-là. Le curé lui aussi avait la science des mots. Comme Mierck. Comme Destinat. Mais lui, il en faisait de belles choses. Il les roulait avec sa langue et son sourire, et tout soudain, un rien paraissait une merveille. On doit leur apprendre cela dans les séminaires : frapper les imaginations avec quelques phrases bien tournées. Il m'expliqua son jardin, qu'on ne voyait jamais à cause des hauts murs qui l'entouraient derrière le presbytère. Il me dit les anthémis, les hellébores, les pétunias, les œillets de poète, les œillets mignardises, les anémones crochues, les sedums, les corbeilles d'argent, les pivoines crételées, les opales de Syrie, les daturas, les fleurs qui ne vivent qu'une saison, celles qui reviennent d'année en année, celles qui ne s'ouvrent que le soir et s'évanouissent au matin, celles qui resplendissent de l'aube au crépuscule, épanouissant leurs corolles fines de liseron rose ou parme, et qui la nuit venue se ferment brutalement, comme si une main violente avait serré leurs pétales de velours, à les étouffer."

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Dans son ouvrage poétique La Grande Vie (Éditions Gallimard, 2014) Christian Bobin évoque très souvent la nature et sa beauté sacrée. Et en particulier, les fleurs.


L'amant, une fois atteint le degré requis d'attention, rayonne par lui-même et en lui-même. C'est le croyant qui fait exister Dieu, mais ce dieu n'est pas pour autant une une idée ou un fantasme. Il est la fleur du rien, la rose aux pétales d'air, le souffle à marée haute.

 

Dans son recueil poétique Notes du ravin (Éditions Fata Morgana, 2016) Philippe Jaccottet évoque lui aussi le mystère des fleurs :


Cette sorte de sourire que sont parfois aussi les fleurs, au milieu des herbes graves.

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Et cette sorte aussi de fleur ouverte, grand ouverte, à partir du cœur, que peut être un enfant, sous le même ciel dont le bleu nous déchire.

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Arts visuels :


Dans Les plantes font leur cinéma - de La petite boutique des horreurs à Avatar (Éditions Dunod, 2023) Katia Astafieff s'intéresse au traitement des fleurs au cinéma :


Les fleurs sont aussi l'un des présents les plus offerts aux personnes que l'on aime. On les apporte pour faire plaisir, mais aussi pour séduire et pour partager ses sentiments.

Dans Broken Flowers (Jim Jarmuschh, 2005), Bille Murray joue le rôle d'un célibataire endurci. Il reçoit une lettre anonyme d'une ancienne petite amie qui lui apprend qu'il est le père d'un fil de 19 ans. Il se lance alors dans un grand périple à travers les États-Unis pour retrouver ses anciennes amoureuses et démasquer l'autrice de la lettre. Avant chaque rencontre, il achète des fleurs ou en cueille lui-même dans la forêt. Sur l'affiche du film, le personnage tient un bouquet de roses à la main et le titre Fleurs brisées fait référence à ses amoures perdus.

Le film peut faire écho à Je veux seulement que vous m'aimiez de l'Allemand Rainer Werner Fassbinder (1976), dans lequel le personnage de Peter offre des fleurs aux femmes qui l'entourent : belle-mère, mère et fiancée. Les fleurs sont un moyen d'attirer l'attention et le titre du film suffit à l'expliquer.

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