Étymologie :
ORPIN, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Fin xiie s. bot. (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2789) ; 2. ca 1262 chim. anc. (Chans. et dits artésiens, éd. R. Berger, XIII, 44). Forme abrégée de orpiment*.
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Rhodiola rosea - Rhodiole - Orpin rose -
Sedum telephium - Grand orpin - Grassette - Herbe à la reprise - Herbe de la Saint-Jean - Herbe saint Jean - Joubarbe des vignes - Orpin reprise -
Hylotelephium anacampseros - Sedum anacampseros - Herbe de la Bonne Vierge - Orpin bleu - Orpin courbé -
Sedum album - Orpin blanc - Herbe bonne aux salades - Petite joubarbe comestible - Perruque - Raison de souris - Raisin des souris - Tripe-madame - Trique-madame -
Sedum acre - Illecebra - Joubarbe âcre - Orpin âcre - Orquin brûlant - Pain d'oiseau - Petite joubarbe - Poivre de muraille - Sedon - Trique-Madame - Vermiculaire brûlante -
*
*
Botanique :
*
Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques des Orpins :
Sedum acre : Propriétés Physiques et Chimiques. - Cette plante est inodore ; elle possède une saveur d'abord froide et herbacée, puis brûlante et âcre et presque caustique ; les feuilles perdent une grande partie de leurs propriétés par la dessication, cependant elles conservent encore une saveur poivrée. Le suc qui produit l'inflammation et la vésication de la peau, administré à haute dose (130 grammes) a fait périr des chiens (Orfila). M. Caventou a isolé le principe âcre qui a quelque ressemblance avec la bile cystique.
Usages Médicaux. - Le suc est fortement émétique et purgatif à la dose de 15 grammes ; il irrite violemment les organes ; on le dit aussi antiscorbutique et diurétique. C'est un remède vulgaire en Suède contre les fièvres intermittentes et le scorbut. Nos paysans belges se l'administrent aussi comme fébrifuge. La poudre séchée et pulvérisée a été vantée en Allemagne contre l'épilepsie et le cancer ; cette pratique a été suivie par des médecins français qui paraissent avoir eu à s'en louer. L'application d'un cataplasme de sedum âcre sur les tumeurs du sein rebelles a donné de bons résultats. Localement le suc modifie avantageusement les vieux ulcères, les cors et autres excroissances cutanées.
Formes et doses. - Décoction dans l'eau ou la bière, une poignée pour un kilogramme. Poudre, 25 centigrammes à 1 gramme et plus. Suc 4 à 15 grammes et plus.
Sedum telephium - Propriétés Physiques. - Cette plante est inodore, d'une saveur un peu herbacée et visqueuse ; les fleurs sont légèrement acerbes ; l'odeur des tubercules rappelle un peu celle de la pomme de terre ; leur saveur est mucilagineuse sans âcreté.
Usages Médicaux. - Son nom de reprise lui vient de la propriété qu'on lui supposait à tort d'être vulnéraire ; le peuple l'emploie encore souvent comme cicatrisant sur les plaies saignantes ; il l'applique aussi sur les brûlures et sur les cors. Les feuilles charnues sont alimentaires dans quelques pays ; elles sont rafraîchissantes comme celles de la joubarbe. On a donné cette plante à l'intérieur comme astringente dans la dysenterie et l'hémoptysie. C'est le Sedum majus des dispensaires ; il entre dans l'onguent populeum.
Sedum album - Usages Médicaux. - Le suc de cette plante est légèrement styptique et rafraîchissant. Les feuilles se mangent en salade dans quelques contrées. On leur suppose des vertus adoucissantes. C'est le Sedum minus des dispensaires ; il entre également dans l'onguent populeum.
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Nombreux sont les remèdes contres les brûlures : feuilles de [...] l'erba de la bonne Vierze, Sedum anacampseros, maximum, etc.
*
*
Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », (Bulletin de la Murithienne, no 102, 1984, pp. 129-158) proposent la notice suivante :
Rezïn de ràte, m. / rezïn di ràte, m. / = « raisin de (des) souris » = orpin blanc = Sedum album.
Loupï, m. = Sedum telephium : on met les feuilles sur les plaies ; si la plaie est infectée, on y applique un mélange de saindoux et de feuilles de lôûpï écrasées ; si un mouton ou une chèvre se casse une jambe, on fabrique un emplâtre avec du saindoux, des feuilles de lôûpï et de la résine, on bande et on fixe une attelle.
Selon le dossier Les plantes essentielles pour lutter contre contre les infections virales (réalisé par la rédaction de La Pharmacie secrète de Dame Nature PureSanté – SNI Éditions SA) :
C’est elle qui donnait de la force aux Vikings !
La rhodiole (Rhodiola rosea) aurait donné force et endurance aux redoutables guerriers vikings. Elle augmenterait les capacités physiques et psychiques. De nombreuses études ont trouvé qu’elle optimisait les fonctions en situation de stress et agissait sur l’abattement et la dépression.
200 à 400 mg, 2 fois par jour d’extrait sec (titré en rosavine et salidrosine). Idéalement pendant au moins un mois avant les périodes d’épidémies saisonnières ou en cas de fatigue. À éviter le soir, chez les femmes allaitantes ou enceintes et en cas de troubles bipolaires.
*
*
Usages traditionnels :
Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions sur l'Orpin blanc :
Trique-madame ! Ce n'est ni un ordre ni une injonction, mais un des noms de l'orpin blanc (Sedum album), cette ravissante vivace succulente, dont les feuilles aux vertus cicatrisantes sont délicieuses en salade. En fait, ce nom étrange et quelque peu péremptoire serait la déformation de tripe-madame, la tripe étant une sorte de gigue. Autrement dit, l'orpin blanc est réputé tellement « efficace » pour ce que vous imaginez, que même les dames les plus prudes qui en consommaient se retrouvaient sous son charme, prises d'irrépressibles envies de sauter, de s'envoyer en l'air. Beaucoup plus sagement, la trique-madame est aussi une « herbe bonne aux salades », comme nous le rappelle en 1843 Pierre-Claude-Victor Boiste dans le Dictionnaire universel de la langue française. Il est peut-être préférable, si vous souhaitez vous aussi en préparer et le servir à des amies, de l'appeler « petite joubarbe comestible », autre nom qui lui est traditionnellement attribué et sera nettement plus passe-partout écrit sur un menu de mariage par exemple.
P.S. Je sais que je suis un incorrigible bavard, mais je tiens à ajouter que chez les Sedum, les feuilles du très commun Sedum spectabile sont également délicieuses mêlées aux salades, avec leur texture et leur saveur proches de celles du pourpier.
*
*
Croyances populaires :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
En Basse-Bretagne, on plante debout, derrière la corniche d'un meuble, une fleur appelée Louzaouenn Sant lann, dont on a fait passer neuf fois la tige dans les flammes du feu sacré : si en séchant elle fléchit la tête, la personne qui t'a cueillie doit mourir dans l'année.
Dans le sud-ouest quelques herbes sont sensibles à la présence des adeptes de la sorcellerie ; dans la Gironde, ceux qui ont chez eux un pot d'herbe de la Saint Jean (sedum telephium), la voient se flétrir, dès qu'elle se trouve dans le voisinage d'une personne ayant fait un pacte avec le diable en Saintonge, les tiges de l'herbe de Saint Jean ou Chasse diable (hypericum perforatum), liée en botillons et attachée au plancher, s'inclinaient comme si elles s'étaient soudainement fanées quand un sorcier pénétrait dans la maison. L'herbe de la Vierge (Sedum cepœ) que l'on attache au plafond dans les campagnes angevines, continue, grâce aux réserves nutritives accumulées dans ses feuilles, à vivre, à végéter et même à fleurir mais elle meurt aussitôt et se dessèche si un sorcier pénètre dans la pièce où elle est.
*
*
Symbolisme :
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Comme la joubarbe, l'orpin, surnommé "Herbe de la Vierge", qui croît sur les murs et les toits, est une plante très protectrice : elle met à l'abri de la foudre et du feu et tient à distance les sorcières. Selon un usage vendéen, on profite également de ses pouvoirs contre les maléfices en plaçant une tige d'orpin chez soi, pendue à un fil ou étalée sur deux clous : la plante continuera ainsi de pousser et de fleurir.
Cueillie à la Saint-Jean, l' "herbe de la Vierge" protège des accidents ; placée dans une étable, elle protège le bétail des sorts et posée sur l'épaule d'un malade, elle le guérit. De l'orpin de la Saint-Jean suspendu dans la maison éloigne l'infortune à condition que l'herbe ne se détache pas avant la Saint-Jean de l'année suivante. Si elle fleurit le jour de l'Assomption, c'est un signe de prospérité mais qu'elle se flétrisse avant et il faut redouter la mort prochaine d'un membre de la famille. En Provence, on prétend « deviner l'avenir des gens nés un dimanche à midi » en allant ramasser la veille de la Saint-Jean, à minuit, de l'orpin. L'opération n'est efficace que si l'on marche à reculons.
De l'orpin qui a été passé neuf fois dans le feu de la Saint-Jean et dont on se frotte les paupières prévient les maux d'yeux et fortifie la vue.
Des deux côtés de la Manche, la médecine populaire prescrit l'application d'orpin sur les hémorroïdes, d'où son surnom d' "herbe aux amours rudes" (amours rudes = hémorroïdes). En Vendée, contre ce mal, on fait frire la plante dans de la graisse de truie (pour un homme) ou celle de cochon (pour une femme) avant d'en faire un cataplasme. Dans d'autres régions, il faut suspendre une racine fraîche d'orpin à un fil entre les deux épaules et faire autant de nœuds que de "boutons hémorroïdaux". Lorsque la racine sèche, la douleur est partie. En Belgique, le simple fait de porter des racines de la plante vient à bout des hémorroïdes.
Les Anglais attribuent à l'orpin de nombreuses propriétés médicinales : en décoction, il guérit la fièvre paludéenne, empêche l'infection et les effets funestes d'un poison, remédie à une plaie ou un ulcère. Ils prescrivent encore d'appliquer de l'orpin écrasé sur les yeux en cas de maladie ophtalmique.
En Wallonie, « le rite de la cueillette de l'orpin, dite "tête de souris" est magique et vise à la suppression des souris ; on coupe l'orpin brûlant en tournant sur soi-même et en prononçant une formule. »
*
*
*
Symbolisme celte :
Selon L'Oracle des druides, Travailler avec la flore druidique de nos ancêtres de Stephanie et Philip Carr-Gomm, l'orpin rose fait partie de la carte des Reconstituants au même titre que la valériane et le millepertuis. Les mots clefs représentatifs de cet ensemble de plantes sont :
en position droite : Retraite - Équilibre - Calme
en position inversée : Déséquilibre - Anxiété - Perturbation
Les reconstituants sont un trio de plantes druidiques anciennes, qui rétablissent l'équilibre entre le corps et l'âme, et guérissent le cœur et le mental par leurs propriétés apaisantes et fortifiantes. La rhodiole rose pousse dans les régions montagneuses du Pays de Galles et de l’Écosse et sur les collines des rivages du nord-ouest de la Grande-Bretagne. La valériane est visible partout dans la campagne sur des sols humides et dans les fossés, ainsi que sur les berges des fleuves et les prairies imbibées d'eau, alors que le millepertuis célèbre les bois secs et les collines.
La carte montre une druidesse dans sa hutte, assise près du feu. Par la porte ouverte, on voit les Highlands écossais. Des bottes de rhodiole rose et de valériane sont accrochées à des chevrons pour sécher, et du millepertuis fraîchement ramassé est posé sur la table.
Sens en position droite. Bien que l'aventure et l'excitation soient des ingrédients nécessaires dans la vie, nous avons aussi besoin de périodes de paix et de calme, oasis dans notre vie trépidante. Tirer cette carte dan une lecture signifie que vous devez vous offrir ces moments maintenant. Les retraites sont une partie importante dans la pratique spirituelle. Pour le druidisme, elles incluent les visites des sites sacrés anciens et le cheminement sur les sentiers de jadis. Vous pouvez effectuer une retraite où que vous soyez. Même si vous êtes occupé, essayez de prendre trois heures de pause et offrez-vous tout ce qui vous aide à trouver le calme. Une retraite de trois jours ou plus est encore meilleure dans la nature. Cette pause donnera à votre corps et à votre âme une chance de se rééquilibrer une fois de plus.
Sens en position inversée. Tirer cette carte signale que vous êtes déséquilibré, perturbé et anxieux. La vie est souvent troublante, les relations sont difficiles. Pas étonnant que tant de gens souffrent d'anxiété et de dépression. Le moment est venu de s'attaquer à ce déséquilibre par une combinaison de conseil psychologique, de phytothérapie et de changement de mode de vie.
La carte signale par ailleurs qu'une situation ou un projet est instable ou totalement irréaliste, et qu'une solide dose de bon sens est requise pour le remettre sur le chemin. engagez un consultant ou demandez à quelqu'un de regarder objectivement le problème et donnez son avis.
*
Plantes pour la guérison de l'âme
Plusieurs plantes sont bien connues pour leurs effets sur l'état mental. Le druide moderne spécialisé dans la guérison approche la détresse psychologique de deux façons : d'abord - s'il est conseiller qualifié - en agissant en tant que Anam Cara ou ami de cœur, qui écoutera le patient sans porter de jugement et interagir avec lui sur le plan thérapeutique, ensuite - s'il est phytothérapeute qualifié - en prescrivant des remèdes de plantes qui apaiseront l'anxiété et élèveront le moral. Il peut conseiller les trois reconstituants.
La rhodiole rose est une plante peu connue, indigène des régions montagneuses de la Grande-Bretagne et de certaines parties de l'Asie, du nord de l'Europe et de l'Arctique. Dioscoride connaissait sa valeur. La médecine traditionnelle scandinave, russe et sibérienne l'a utilisé pendant des siècles comme tonique. En Mongolie, les familles gardaient le secret de l'emplacement de cette plante. Ses propriétés sont si miraculeuses que dans The Healing Power of Celtic Plants, Angela Paine suggère que les druides ont pu faire pareil. Les analyses scientifiques confirment que la rhodiole rose est un adaptogène, stimulant le système immunitaire et les hormones sexuelles. De plus, elle a des effets antioxydants et atni-cancérigènes, et semble agir de manière similaire au ginseng, stimulant la libération des neurotransmetteurs, fortifiant l'apprentissage et la mémoire. Elle améliore par ailleurs le fonctionnement de la thyroïde, du thymus et des glandes surrénales. Actuellement, elle est commercialisée comme complément alimentaire.
Le millepertuis poussait en Grande-Bretagne avant la dernière glaciation. Dioscoride le conseillait pour la malaria, la sciatique et les brûlures. Les bottes étaient ramassées à la veille de la Saint-Jean et attachées aux avant-toits pour protéger de la foudre et chasser les mauvais esprits. Ce dernier usage monter qu'on connaissait sa capacité à atténuer la dépression - propriété découverte récemment. Des extraits de cette plante sont prescrits actuellement pour la dépression et les symptômes de la ménopause. Il semble que cette plante ancienne avec ses fleurs jaunes soit l'un des grands dons que la nature a offerts à l'humanité.
La valériane est connue des herboristes classiques en tant que diurétique. Plus de 120 substances chimiques actives ont été détectées dans la valériane, jadis tenue pour une panacée. Son effet curatif le plus notable est son pouvoir sédatif, utilisé pour le traitement de l'épilepsie et pour calmer les gens sur le point de se bagarrer. On la prescrit souvent (surtout en France et en Allemagne) à la place des tranquillisants, car elle diminue l'anxiété, favorise le sommeil et atténue le stress, sans danger d'addiction.
*
*
*