Autres noms : Glechoma hederacea - Aisse (Wallonie) - Brunette de Saint-Jean - Courroie de Saint-Jean - Courroie de terre - Couronne de terre - Couvre-sol - Drienne - Esserole - Gléchoma faux lierre - Gléchome - Herbe à la glèbe - Herbe à la lune - Herbe de lune - Herbe d'Olhon - Herbe de Saint Jean - Herbe du bonhomme - Herbe rondelette - Lâche - Laurier de terre - Lierre courant - Lierre des nagots - Lierret - Lierre traînant - Maître à tout - Poison des haies - Ronde-lette - Rondelette - Rondelotte - Rondette - Rondotte - Saint-Jean traînée - Terrète - Terrette - Terrette à feuilles réniformes -
Botanique :
Dans Petit Grimoire : Plantes sorcières, Les Sortilèges (Éditions « Au bord des continents... », mars 2019, sélection de textes extraits de Secrets des plantes sorcières) Richard Ely présente ainsi le Lierre :
Petite Lamiacée, mais Ô combien précieuse pour notre santé que ce lierre terrestre. Elle dresse ses tiges rectangulaires de cinq jusqu'à vingt centimètres de haut pour porter ses fleurs, petites gueules roses, bleues ou violettes, tachetées de pourpre sur la lèvre supérieure bilobée, l'inférieure comportant, elle, trois lobes dont le central prend la forme d'un cœur, si ce n'est d'un rein. Elle égaye de sa floraison le printemps. Elle chemine le long des haies touffues, à la lisière des forêts, dans les coins où l'ombre joue avec la lumière. Ses feuilles, opposées sur la tige, molles, forment elles aussi un cœur, voire un rein au bord crénelé. Elles ont tendance à persister l'hiver, tenant tête au gel.
La plante soigne les bronches, les reins, l'estomac, les intestins. Tonique, elle vous donne un bon coup de fouet grâce à sa teneur en vitamine C. Aromatique, elle décore de ses fleurs les salades, ses feuilles relèvent le goût des potages aux champignons ou, une fois hachées, se mêlent volontiers à un fromage frais s'étalant sur une délicieuse tartine grillée qui épatera vos convives. Elle fait recracher le mal, guérit les blessures. Elle est connue en cela depuis l'Antiquité, et fut prisée durant le Moyen Âge.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Lierre terrestre :
Propriétés Physiques et Chimiques. ― Le lierre terrestre possède une odeur forte, particulière, aromatique, agréable ; une saveur amère, chaude, un peu aromatique et légèrement âcre. Ses vertus sont mieux constatées lorsqu'elle est recueillie sur un terrain sec et élevé. Elle cède ses propriétés à l'eau bouillante. Elle contient une huile volatile, un extrait amer et du tannin.
Usages médicaux. — Les propriétés toniques, amères, un peu excitantes de cette plante la rendent surtout utile dans le traitement des catarrhes chroniques, des véritables bronchorrhées ; elle modère les sécrétions trop abondantes et convient aussi dans l'asthme humide, les catarrhes pulmonaires et certaines formes de phtisie. Elle est légèrement apéritive et a été prescrite dans la débilité d'estomac, les flatuosités, la dyspepsie (Baglivi). On lui a attribué une légère propriété astringente qui l'a fait prescrire dans l'hémoptysie (Morton, Murray). A l'extérieur elle a été usitée comme vulnéraire et errhine ; on l'employait en poudre, en décoction, en cataplasme, comme résolutive, détersive ; avec de la graisse on préparait aussi un onguent contre les brûlures.
Formes et doses. — Infus . , 10 à 50 grammes. — Eau distillée, 30 à 100 grammes - Extrait, 1 à 4 grammes - Suc, conserve, sirop.
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A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :
Lierre terrestre. Calamenta vulgaris. Calament de montagne.
Lierre terrestre. Calamenta odore. Calament à odeur de pouliot.
Lierre terrestre à feuille ronde rampant. Calamenta humiiefolio rotundiore. Terrelle.
De ces trois lierres les uns viennent sur les montagnes les autres dans les bois, d'autres le long des haies, partout dans les lieux friches, incultes. La feuille est presque ronde, découpée tout le tour, elle naît aux nœuds des tiges qui sont rampantes et émettent des racines à ces nœuds ; comme le fraisier, ces tiges sont carrées et les fouilles qui naissent aux nœuds sont longuement pédonculées, accompagnées de deux autres feuilles beaucoup plus petites, les fleurs naissent dans l'aisselle des feuilles, labiées dont la lèvre supérieure est partagée en deux et l'inférieure en trois, leur couleur est bleue, comme celle de la violette, mais est bien deux fois plus petite ; toute la plante est lanugineuse et ne ressemble en rien au lierre grimpant, que tout le monde connaît.
VERTUS : Aucune plante n'approche do celle-ci comme pectorale, pour les rhumes, bronchites, courbatures, toux opiniâtres ; une infusion de cette plante, une bonne poignée dans un litre de lait ou d'eau, en boire deux grands verres avant de se coucher, arrête la toux on divisant les humeurs de la poitrine, et si le lendemain on en prend un verre le matin, un à midi, l'autre au soir, le rhume le plus fort est dégagé, sinon guéri, la toux est apaisée et la fièvre tombée, on peut sucrer à volonté et y ajouter même une cuillerée à café de bonne eau-de-vie par verre.
Il fait la base de tous les alexitères, il est incisif des humeurs de la poitrine, est cordial, stomachique, antihystérique, emménagogue, céphalique, carminatif ; pour la grippe ou l'influenza prenez 50 grammes de lierre terrestre, mélisse, romarin, fenouil, hysope, 5 grammes chaque (fraîchement cueillis), faites une infusion pendant 20 minutes, dans un litre d'eau, ajoutez au moment de boire bien chaud une cuillerée à soupe de bon rhum par verre, à prendre trois verres par jour (sucrer ce que l'on veut). Extérieurement, il est aussi très bon comme vulnéraire discussif dans les plaies, ulcères, les douleurs de goutte, dé rhumatisme, les névralgies, etc.. Dans le lâron prenez cinq grosses poignées de lierre terrestre, les mettre dans un chaudron, y ajouter deux verres de vinaigre de vin, un verre d'huile d'olive, faire chauffer très chaud et appliquer de même sur le mal, continuer pendant cinq jours. Pour les douleurs des animaux, le lierre est toujours aussi bon ; il entre dans la thériaque, le sirop antihystérique et cordial de Stoechas, d'armoise, le baume vulnéraire, l'onguent martiatum.
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Les lithontriptiques, végétaux auxquels les gens de la campagne ont le plus souvent recours pour dissoudre les calcules rénaux et vésicaux et la gravelle, sont [...] ceux du lierre terrestre, Glecchoma hederacea, [qui] ont été employées autrefois.
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Dans Des hommes et des plantes (Éditions Opéra Mundi, 1970), son autobiographie, Maurice Mésségué évoque le savoir ancestral de son père sur lequel il a construit ses connaissances :
[...] Enfin, j'augmentai dans de fortes proportions la dose de lierre terrestre qui n'a rien à voir avec les lierres grimpants. C'est une petite plante jolie et modeste, on l'appelle « courroie de Saint-Jean ». Je n'en utilise que les tiges. Au XVIIe siècle de nombreux médecins lui attribuent des vertus antiphtisiques qu'elle est loin d'avoir. Mais en 1876 le Docteur F. J. Cazin (Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes), l'un de nos meilleurs expérimentateurs modernes, a affirmé avoir guéri des affections pulmonaires chroniques uniquement à l'aide de lierre terrestre. Dès qu'il s'agissait de voies respiratoires, j'avais toujours vu mon père obtenir de bons résultats avec ce lierre qu'il appelait « l'herbe rondelette » à cause de la forme de ses feuilles.
Dans sa thèse de Doctorat en pharmacie intitulée Les plantes médicinales des pelouses calcaires de la Réserve Naturelle de Montenach (57) (Nancy, 2010), Stéphanie Schaal recense les usages thérapeutiques du Lierre terrestre :
Le lierre terrestre n’a de commun avec le lierre grimpant que la reptation, qu’il accomplit « à la façon du lierre » mais au ras du sol. Connu depuis le haut Moyen Age comme plante médicinale, le lierre était apprécié par sainte Hildegarde, au XIIème siècle, pour deux de ses usages modernes : pectoral, vulnéraire. Au XVIème siècle, il était recherché pour soigner les plaies internes et externes et même pour combattre la folie. Cuit dans du lait, c’est encore un des remèdes les plus couramment utilisés dans les campagnes contre les affections des bronches (DELAVEAU et al, 1981). La feuille du lierre est inscrite à la Pharmacopée Française et Européenne.
[...]
Utilisation traditionnelle : En cas d’asthme, bronchite, toux : laissez infuser 20 g de feuilles dans un litre d’eau bouillante pendant dix minutes. Filtrez et sucrez avec du miel, à votre goût. Il est conseillé de boire cette tisane, une tasse à la fois, dans un délai de 24 à 36 heures (TICLI, 1999).
En cas de diarrhée, inappétence, préparez l’infusion suivante : 2 cuillerées à café de feuilles coupées en petits morceaux dans 250 ml d’eau bouillante pendant dix minutes. Il est conseillé de boire deux tasses par jour de cette tisane (TICLI, 1999).
Rééquilibrant du tonus musculaire de l’estomac : laissez infuser 25g de cette plante dans 500 ml d’eau bouillante pendant dix minutes. Il est conseillé de boire cette tisane tiède, à raison de deux tasses par jour loin des repas.
Les sommités fleuries ont des propriétés expectorantes utilisées dans la bronchite chronique (BRUNETON, 1999).
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Croyances populaires :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
En Poitou, la vieille femme qui se ceint les reins de lierre terrestre, l'herbe à Saint-Jean, pendant que ses parents et amis iront baller autour du feu, et qui conserve cette ceinture jusqu'à son coucher, évite les douleurs de l'âge.
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Symbolisme :
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Lierre terrestre (Glechoma hederacea) a les caractéristiques suivantes :
Pouvoirs : Contre-envoûtement.
Utilisation magique : L'« herbe de lune » est la toute première parade en cas d'attaque par les œuvres de magie noire. Si quelqu'un mobilise les forces négatives pour les lancer contre vous, il est primordial que vous sachiez, pour commencer, d'où vous arrivent ces maléfices.
Entourez d'une couronne de Lierre terrestre une chandelle jaune. Vous allumerez cette chandelle un jeudi, à la lune descendante. L'image de votre ennemi apparaîtra.
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Dans Petit Grimoire : Plantes sorcières, Les Sortilèges (Éditions « Au bord des continents... », mars 2019, sélection de textes extraits de Secrets des plantes sorcières) Richard Ely précise les propriétés magiques du Lierre :
Tout dans le regard : Si le lierre terrestre est connu pur purifier le sang, soigner les bronchites et les refroidissements lorsque bu en infusion mêlée de miel, il est surtout considéré en magie comme une plante attachée au pouvoir de la vue. Ou, pour préciser encore un peu plus les choses, de double-vue... Le lierre terrestre adoucit les irritations des yeux. Quelques feuilles trempées dans de l'eau claire attribueront à cette eau, une fois filtrée, la vertu d'être un bon moyen d'apaiser des yeux fatigués, irrités, touchés par l'impureté. Est-ce cet usage qui a fait glisser le pouvoir de la plante vers un autre, lié aux visions ? Nul ne sait mais une choses est certaine, le lierre terrestre confère aux hommes la capacité de voir les sorcières, de les révéler tout comme nombre d'autres esprits et créatures qui voisinent dans leur entourage habituellement de manière fort discrète, voire secrète. Ainsi, en Allemagne, si une jeune fille vierge porte une branche de la jolie plante contre sa poitrine ou en couronne dans ses cheveux le jour de Walpurgis, elle aura cette faculté de percevoir la sorcière parmi ses congénères.
Une pommade de feuilles de lierre terrestre écrasées appliquée sur les paupières agira de même en Angleterre. Oint de cette plante, les yeux levés au ciel, vous verrez y passer les sorcières sur leurs balais, se rendant au sabbat. Vous identifierez facilement parmi vos amies lesquelles pratiquent réellement l'art sorcier et vous verrez mille choses impossibles ainsi que tous ces êtres éthériques qui transformeront votre réalité à jamais.
Herbe liée à Vénus, le lierre terrestre se révèle efficace pour toutes les questions d'amour, mais aussi pour les arts : musique, théâtre, poésie, mode... Laissez la plante vous guider dans vos choix, placez-en un rameau au coin de votre bureau ou, mieux encore, couchez-vous là où la plante est abondante pour une sieste inspirante.
Esserole : En Aquitaine, le lierre terrestre prend le nom d'esserole. La plante y est connue pour guérir magiquement les entorses et les douleurs aux articulations. La sorcière doit s'adresser à la plante en disant : « Esserole, esserole, tu es belle et lui souffre. Tu es souveraine de toutes les herbes et tu tiens les clefs, en dehors de l'artémise et du pain souverain. »
Signature : Vénus
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Stéphanie Lafranque et Vic Oh, dans un ouvrage intitulé Gardiennes de la lune (Éditions Solar, 2019) évoque le Lierre terrestre comme plante esprit du mois de septembre :
Septembre - Plante-esprit
Le Lierre terrestre
Ses noms : Le Lierre terrestre (Glechoma hederacea) est aussi connu comme gléchome, terrète, maître à tout, couronne de terre, rondelotte ; il fait partie des herbes guérisseuses dites « de la Saint-Jean ».
Il fleurit entre mars et octobre. Cette plante rampante et persistante est répandue dans les zones tempérées, en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, où elle pousse sur les troncs, les rochers.
Ses vertus : Elles sont très grandes (tonique, antiscorbutique, vulnéraire...), et toute les parties de ce petit lierre rampant sont bonnes d'où son appellation aussi de « maître à tout » ; c'est avec ses longues tiges qu'on faisait les couronnes.
Sa symbolique : Toujours vert, le Lierre rampant représente la renaissance, le lien entre la vie et la mort, la vie éternelle. Il était à ce titre associé à l'immortel Osiris. On le retrouve dans de nombreuses cultures en tant que porte-bonheur. Par son évocation de la persévérance et de la stabilité, il est un parfait symbole des liens affectifs durables : les jeunes gens désirant trouver l'amour glissaient une feuille sous leur oreiller, et les nouveaux mariés étaient ceints d'une couleur tressée. Couronne que l'on retrouve dans les cérémonies druidiques, le lierre figurant la déesse double, celle qui offre des dons et qui les reprend, le cycle de la vie. Ses feuilles sont sacrées et liées à la Déesse de la Lune, car il favorise la prophétie et la quête de soi. Son lien fort à la terre et à la pierre en fait le symbole de l'enracinement et de la profondeur des liens affectifs, parfois aussi de l'étouffement.
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