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Photo du rédacteurAnne

L'Amanite printanière

Dernière mise à jour : 12 mai




Autres noms : Amanita verna - Agaric bulbeux printanier - Amanite printemps - Champignon des princes - Lera blanca picotada (niçois) - Oronge ciguë blanche - Oronge printanière -



Mycologie :


Lyra Ceoltoir décrit ainsi l'Amanite panthère dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) :


Sous ce joli nom évoquant fleurs et beaux jours se cache une redoutable empoisonneuse, l'une des tueuses de a triade violente des Phalloidaea, en compagnie de ses cousines germaines, les dangereuses amanites phalloïde et vireuse, dont elle partage les mêmes principes actifs. Sa blancheur et sa silhouette élancée en font un spectre inquiétant dans l'ombre des sous-bois, qui nous rappelle que la nature est ambivalente ; à la fois vie et mort, douceur et cruauté. Une leçon de vie qu'il serait bon de ne pas oublier...


Vie de champignon : Un tantinet plus grande que l'amanite phalloïde, l'amanite printanière, tout de blanc vêtue, présente un chapeau de 12 à 14 centimètres de diamètre, parfois légèrement lavé de jaunâtre au centre, lisse et nu, quelque peu visqueux quand le temps est humide, pourvu de lames libres, larges et serrées, d'un blanc immaculé. Son pied s'élève sur 8 à 13 centimètres de haut sur 2 centimètres de large. D'un blanc pur également, il est lisse et régulier, souvent creux avec l'âge, bagué d'un anneau assez haut perché et volanté comme une jupe, quelque peu diaphane, strié au-dessus et plutôt floconneux au-dessous, ce qui lui donne une élégance proverbiale. A sa base, le pied est bulbeux et la plupart du temps encore gainé dans sa volve blanche de naissance. La chair est tout aussi claire que le reste du champignon Assez molle et humide, elle dégage une odeur assez désagréable, écœurante, évoquant vaguement le safran un peu rance.

Il paraît que sa saveur en bouche est d'abord assez douce, avant de tourner à l'âcre à la mastication. Néanmoins, quelques grammes (1) étant suffisants pour s'assurer un aller sans retour dans le royaume du dessous, il est très déconseillé de tenter l'expérience. Elle est si vénéneuse que son poison est capable de passer la barrière de la peau : pour cette raison on évitera de la manipuler à mains nues, et on prendra bien soin d'enfiler des gants, de se laver les mains ensuite et de désinfecter à fond tous les outils avec lesquels elle sera entrée en contact.

Malgré son nom, il n'y a guère que les régions les plus ensoleillées du Midi qui peuvent la voir pointer le bout de son nez dès le mois de mai. Plus au nord, il faut attendre l'automne pour qu'elle se décide à pousser, dans les forêts de feuillus, où elle marque une nette préférence pour la compagnie des chênes et des châtaigniers et parfois de conifères, puisqu'elle se plaît également sous les épicéas. Devenue assez rare, elle peut se faire discrète, poussant seule ou en petits groupes, formant de temps à autre des cercles assez réguliers.


Note : 1) Il suffit de 7 milligrammes de sa substance active, l'alpha amanitine, pour tuer un homme adulte. La concentration de la toxine varie d'un champignon à l'autre, mais globalement, on estime que la moitié du chapeau d'un champignon adulte suffit.

 


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Usages traditionnels :


Selon Frédéric Duhart, auteur d'une « Contribution à l’anthropologie de la consommation de champignons à partir du cas du sud-ouest de la France (XVIe -XXIe siècles) », (Revue d’ethnoécologie [En ligne], 2 | 2012) :


De même, l’intérêt accordé à l’oronge blanche (Amanita ovoidea) dans certaines contrées, ainsi les environs de Montpellier, et les empoisonnements faisant suite à l’ingestion d’amanite printanière (Amanita verna) signalés dans la banlieue bordelaise ou sur l’île d’Oléron rappellent que tous les cueilleurs ne se détournaient pas des champignons blancs (Planchon 1883 : 49 ; Laterrade 1837 : 162-164 ; Bernard 1882 : 23).




Symbolisme :


Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Dans le chaudron : Sa grande toxicité exige les mêmes précautions que sa cousine, l'amanite phalloïde. En revanche, malgré leurs points communs, leurs vertus magiques diffèrent.

En raison de sa blancheur dissimulant un poison violent, l'amanite printanière entre volontiers dans la composition des sortilèges de tromperie, de vengeance, de dissimulation et de malédiction. Il serait trop réducteur de la juger maléfique pour autant et de la bouder comme une ennemie. Comme tout dans la nature, elle n'est ni bonne ni mauvaise, mais simplement pure énergie de mort et de fin, nécessaire au renouveau et au cycle de la vie.

Son apparence pure, élégante et élancée en fait également une alliée intéressante pour travailler en spiritisme et en nécromancie, mais dans une optique plus douce que l'amanite phalloïde. On peut ainsi l'employer pour chasser les mauvais esprits, préparer une séance ou encore se connecter aux autres mondes. Là encore, la prudence reste de mise. De telles opérations rituelles ne doivent jamais être entreprises à la légère. Rappelez-vous de ce que nous avons dit dans les « Notes sur les pratiques liminales » : vous n'iriez pas prendre le volant sur l'autoroute sans jamais avoir obtenu le permis de conduire, n'est-ce pas ?


Le Message de l'Autre Monde : « Je suis le spectre. Regarde-moi, ou plutôt, ne pose pas directement les yeux sur moi, mais plutôt à côté, en laissant ton regard vagabonder pour me distinguer faiblement dans le brouillard de ta vision périphérique. Me vois-tu ? Je suis là et ailleurs à la fois, diaphane, légère, évanescente. Je flotte librement entre les mondes, te chuchotant que tout est connecté et que, toi aussi, tu mourras un jour, pour venir grossir les rangs des spectres sans souffle. Cen 'est pas une menace, plutôt une promesse. Si nous ne savons jamais de quoi demain sera fait, nous savons au moins avec certitude que nos chemins convergent tous vers la même fin. Vous autres, humains, avez peur de la mort. Moi qui l'effleure de près, je sais qu'elle n'est qu'un passage obligé, une étape dan le grand cycle. N'aie pas peur, mais ne néglige pas pour autant la brièveté de l'existence. Profite du jour présent, car il prendra fin tôt ou tard. »


Le Spectre de la Forêt : Premier contact avec le monde du dessous

Le spiritisme peut être une expérience enrichissante, mais cette voie particulièrement délicate possède sa part de dangers et d'écueils. Si vous n'avez jamais soulevé le voile entre les mondes, l'esprit de l'Amanite printanière peut vous aider à faire vos premiers pas de manière raisonnable... et raisonnée.

En raison de sa grande toxicité, il est inutile de chercher à manipuler ce champignon pour un rituel. Si vous avez la chance d'en trouver une en forêt, vous pouvez pratiquer à ses côtés. Cela dit,, sa rareté, en particulier dans les régions les plus au nord, peut rendre l'entreprise difficile. Auquel cas, vous pouvez travailler à partir d'une photo dudit champignon,, que vous rechercherez sur Internet puis imprimerez ou trouverez dans un ouvrage de référence et photocopierez.

Travaillez idéalement le soir, à l'heure faisant la transition entre le jour et la nuit, aux alentours du coucher du soleil, pour bénéficier des énergies liminales de ce moment. Choisissez de préférence une lune décroissante, un samedi ou un lundi, gouvernés respectivement par Saturne et la Lune, tous deux fortement connectés aux mondes du dessous.

Si vous le souhaitez, commencez par prendre un bain ou une douche de purification, par exemple, en vous rinçant avec ne infusion de sauge officinale (Salvia officinalis), d'hysope (Hyssopus officinalis) et d'écorce de citron (Citrus limon). Enfilez des vêtements amples en fibres naturelles, détachez vos cheveux et ôtez vos bijoux, à l'exception éventuellement de ceux que vous n'enlevez jamais, à condition qu'ils ne soient pas trop nombreux. Installez-vous confortablement dans un endroit où vous ne serez pas dérangé, déposez un bol d'eau fraîche à côté de vous (en guise de condensateur fluidique) et allumez une bougie blanche près de laquelle vous disposerez l'image de l'amanite, en appelant l'esprit du champignon pour vous soutenir par une petite incantation comme :


« Amanite printanière, champignon immaculé,

Redoutable empoisonneuse, fantôme de la forêt,

Je me tines entre les mondes, le voile je veux soulever.

Montre-moi la voie à prendre, garde-moi loin du danger. »


Allumez ensuite une bougie noire et fixez-en la flamme en laissant votre esprit vagabonder. Chassez une à une les pensées parasites, les préoccupations, les soucis quotidiens, les bavardages de l'esprit. Imaginez que chacun de ces « bruits mentaux » est propulsé hors de votre tête par chaque expiration. Visualisez-les comme une fumée sombre ou colorée s'éloignant un peu de vous, sans disparaître. il ne s'agit pas de chasser vos pensées, simplement de les mettre temporairement à distance ; vous les récupérerez après le rituel. Prenez votre temps même si cela doit durer une heure. ou deux. Ou huit.

Quand (ou plutôt si) vous vous sentez parfaitement détendu (1), placez vos deux mains à plat sur le sol, vos pouces en contact l'un avec l'autre, et appelez doucement l'esprit que vous souhaiteriez contacter. Votre appel doit être précis et clairement défini : pas question d'un simple « Esprit es-tu là ? » ; évidemment qu'il est là, nous sommes littéralement cernés par des esprits et des énergies en permanence, dont la plupart se fichent d'ailleurs éperdument de notre présence. Optez plutôt pour un « Esprit de Marie-Hortense Houlbert Joubarbe, toi qui es née le 25 février 1930 et passée de 'autre côté le 18 mars 2013, toi que l'on surnommait "fleurette des prés" et qui étais capable de chanter 'hymne national en entier, fille de Sidonie-Gertrude Houlbert et de Patrick-Enguelbet Joubarbe, qui vivaient au 138 impasse des terrariums, es-tu là ? » Vous en conviendrez, avec autant de détails, il est difficile de se tromper.

Taisez-vous, fermez les yeux et déployez vos autres sens. Sentez-vous une présence ? Cela peut se manifester par un changement de température, une odeur (le parfum légendaire de pivoine et de brioche de Marie-Hortense, par exemple), un son (sa chanson préférée, que vous avez l(impression d'entendre au loin) ou même un goût (la saveur du délicieux gâteau à la fleur d'oranger de Marie-Hortense, que vous avez soudain dans la bouche). A la moindre perception d'une sensation en lien avec l'esprit de vous tentez de contacter, remerciez-le abondamment de sa présence et honorez sa mémoire par une prière, un chant, une incantation de votre cru, accompagné d'une offrande, l'idéal étant de lui offrir le friandise qu'il préférait de son vivant. Si Marie-Hortense était une inconditionnelle des Kinder Pingui, tout ridicule que cela puisse paraître, disposez l'une des ces barres chocolatées glacées sur une petite assiette. Cessez la communication pour le moment ; ce premier contact suffit amplement pour une première fois.

Si vous ne ressentez rien, ne vous en faites pas. Il est possible que l'esprit en question en soit pas disposé à établir le contact pour une raison ou pour une autre. Remerciez le quand même et adressez-lui son offrande. Vous pourrez réessayer une prochaine fois. (2)

Rangez soigneusement votre matériel et purifiez-l'espace (et vous-même, par la même occasion), par exemple à l'aide d'une fumigation de sauge officinale, ou en pulvérisant de l'eau infusée de cette même plante un peu partout (en particulier dans les angles, et également sur votre personne). Vous pouvez même, pour une fois, ajouter du sel, en particulier si le contact avec l'esprit a été éprouvant. Aérez la pièce, secouez les coussins et les rideaux, claquez les portes, tapez dans vos mains, chantez à tue-tête, frappez du pied sur le sol ; en somme, faites du bruit et du mouvement pour forcer les énergies à se (re)mettre en mouvement et faire partir les petits curieux qui auraient pu s'approcher.

Ancrez-vous solidement : mangez et buvez quelque chose, et accomplissez une tâche terriblement terre à terre qui vous reconnectera fortement à votre vie quotidienne. Repassez votre linge, décapez votre four, payez vos factures, acquittez-vous de vos tâches administratives, regardez / lisez /écoutez les informations, passez un coup de fil à quelqu'un, allez faire vos courses...

Consignez vos impressions et vos ressentis plus tard, si vous le souhaitez, dans votre journal ou votre Livre des Ombres. Aussi petits et insignifiants soient-ils au premier abord, ils sont précieux et formateurs. Vous avez fait vos premiers pas au-delà du voile, même si vous n'en avez pas l'impression. Repensez à notre métaphore de la conduite automobile : même si vous n'avez rien ressenti du tout, même si vous n'êtes même pas parvenu à faire le vide en vous, vous êtes quand même, aujourd'hui, monté dans une voiture. C'est déjà un grand pas.


Blanc comme Neige : Bannir une personne Malveillante

Avant toute chose, il est bien évident que si quelqu'un vous cause du tort nous ne pouvez pas vous contenter de la magie pour espérer résoudre le problème. Il vous faudra nécessairement passer également par des réactions dans la sphère légale, quotidienne et tangible. Si, par exemple, vous êtes victime de harcèlement au travail, signalez d'abord le problème à votre direction, prenez contact avec un syndicat ou un médiateur, et déposez une main-courante ou une plainte avant de vous tourner vers votre chaudron. La magie ne résoudra pas vos ennuis par miracle, mais viendra ajouter de la puissance aux actions que vous entreprenez. Si vous ne faites rien... eh bien, multiplier par zéro n'a jamais rien donné que zéro, n'est-ce pas ?

Pour renforcer vos actions de défense et de protection envers une personne malveillante qui semble acharnée à vous causer du tort malgré vos tentatives pour résoudre le problème par la manière douce, munissez-vous d'une image d'Amanite printanière, d'un petit bocal en verre fermé par un bouchon à vis, d'une bougie noire (teintée dans la masse, d'un petit miroir ou d'éclats de miroir brisé (suffisamment petits pour pouvoir entrer dans le bocal), de petits piments de Cayenne (Capsicum annuum) séchés et d'une petite poignée de clous de girofle (Syzygium aromaticum).

Travaillez en lune décroissante, de préférence un mardi (sous les auspices du belliqueux Mars) ou un samedi (gouverné par l'austère Saturne).

Déposez les ingrédients devant vous, allumez la bougie et placez l'image de l'Amanite révélée sous vos yeux. Contemplez-la un moment et appelez son énergie, par exemple par une petite incantation telle que :


« Amanite printemps, blanche oronge ciguë,

Écoute ma supplique, accepte ma requête.

Bannis la malveillance, la haine continue,

Chasse-la loin de moi, apaise la tempête. »


Écrivez le nom complet de la personne ainsi que toutes les informations civiles dont vous disposez la concernant (date de naissance, adresse, etc.) au dos de l'image de l'Amanite. Si vous n'avez pas assez d'éléments, décrivez cette personne aussi précisément que possible Pliez l'illustration, nom vers l'intérieur, à neuf reprises, en effectuant toujours les plis vers l'extérieur, jamais vers vous.

Placez le papier plié dans le bocal. Ajoutez les miroirs en leur demandant de renvoyer à la personne en question sa propre malveillance. Ajoutez ensuite les piments de Cayenne (pour entraver les mauvaises actions) et les clous de girofle (pour apaiser les conflits). Fermez le couvercle en le serrant à fond et scellez-le avec la cire de la bougie noire. Pendant que celle-ci refroidit, placez vos mains de part et d'autre du bocal et incantez pour définir votre intention. Cela peut-être quelque chose comme :


« (Nom de la personne, j'enferme ta malveillance,

La voilà contenue, la voilà brisée.

Que le présent miroir renvoie tes médisances,

Et prouve tes méfaits et tes méchancetés / ton indignité. »


Cachez le bocal quelque part où il ne sera pas dérangé et où vous ne risquez pas de le voir par inadvertance. Lâchez prise et pensez à vous ancrer (voir rituel précédent).

Quand le problème sera réglé, enroulez le bocal dans une chute de tissu blanc et cassez-le avec un marteau en prenant bien garde de ne pas vus blesser, avant de vous en débarrasser, ainsi que de tout son contenu, dans les ordures ménagères (3).


Notes : 1) Il se peut que cela n'arrive pas lors de la première tentative. Pas de panique, ce n'est pas du temps perdu. Remerciez l'esprit de l'amanite, mouchez les bougies et récupérez vos ensées en mettant fin au rituel. Vous réitérerez l'expérience une autre fois, et vous verrez que cela sera de moins en moins difficile. Inutile d'insister si vous êtes bloqué, ce serait au mieux contre-productif, au pire dangereux.

2) Si, au bout de trois tentatives, l'esprit ne répond toujours pas, faites-vous une raison : visiblement, il ne peut ou ne veut pas établir la communication, ce qui doit être respecté. Cessez dès lors toute tentative de nouer un dialogue avec lui.

3) Oui, vous pouvez recycler le verre, faites simplement bien attention de ne pas vous couper en en manipulant les éclats.

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Littérature :


Dans L'Esprit de famille, tome 1 : Les Secrets du Bonheur (Éditions Fayard, 1979), Jeanine Boissard imagine un personnage collectionneur de champignons :


Ce soir, Cécile me guettait de sa fenêtre. Elle m'a entraînée dans sa chambre dont elle a refermé la porte à clef.

« J'ai trouvé une oronge ! »

Toute sa collection de champignons est exposée sur une grande serviette de bain. Elle l'a entreprise à l'insu des parents pour la bonne raison qu'elle ne choisit que les mortels. Armée de la brochure que le pharmacien met de côté chaque automne pour cette charmante enfant, elle fait tous les jours en rentrant de classe un tour par le petit bois. Les champignons sont mis ensuite à sécher dans toute la science de l'art afin qu'ils ne perdent, en se déshydratant, aucune de leurs propriétés.

Un sourire radieux aux lèvres, elle désigne l'oronge. Voici un an qu'elle cherchait cette pièce manquante à sa collection.

« Là ! »

Le champignon est plus blanc que le linge blanc. Je le considère avec répulsion tandis qu'elle me lit d'une voix triomphante sa description dans la brochure. Famille des amanites comme tous les vénéneux. Amanite printanière pour les profanes. Oronge ciguë blanche pour les connaisseurs, c'est-à-dire elle. J'ai souvent hésité à révéler à maman l'existence de cette collection. Cécile a dans son tiroir de quoi exterminer tous les environs.

« Elle a l'air si bonne, n'est-ce pas ? chuchote-t-elle attendrie.

- Si bonne ! »

Parmi les phalloïdes visqueuses, les lactaires aux bords velus, l'amanite panthère qui ne sait pas plus cacher son jeu que la citrine ou la vireuse, l'oronge se dresse, fragile, légère, lisse, délicatement humectée. Sa volve mince lui fait un charmant bottillon. On dirait une première communiante.

« Sens-la ! »

Je me penche pour lui faire plaisir. Rien !

« Oui, dit-elle, inodore. Mais ne t'y trompe pas. Une bouchée de cette petite et flac !

- Tu ne devrais pas !

- Et pourquoi ? dit-elle avec défi.

- C'est dangereux. »

Elle ne daigne pas répondre. Sans hâte, elle toujours si pressée, avec soin, avec amour, elle range sa collection au fond du tiroir dont la clé ne la quitte jamais. Je regarde son visage. Il est grave. Ce n'est pas une plaisanterie. Elle sait qu'elle tient là la mort enfermée.

« Tu mettras la serviette dans la machine en redescendant », ordonne-t-elle.

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