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L'Amanite citrine

Dernière mise à jour : 21 juil.




Étymologie :


  • AMANITE, subst. fém.

Étymol. ET HIST. − 1611 bot. (Cotgr. : Amanite. The name of a wholesome toadstoole). Empr. au gr. α ̓ μ α ν ι ́ τ η ς « sorte de champignon », Galien, 6, 370 ds Bailly. Amanitine, 1838 chim. (Ac. Compl. 1842).


  • CITRIN, INE, adj.

Étymol. et Hist. A. Adj. av. 1150 « (d'une pierre précieuse) qui a la couleur du citron » (Lapidaire de Marbode, 343 ds Anglo-norm. Lapidaries, éd. Studer et Evans, p. 41). B. Subst. fin xiie s. subst. fém. citrine « sorte de pierre précieuse » (Simund de Freine, Rom. de philosophie, éd. J. E. Matzke, v. 464) ; xiiie s. subst. masc. cytherin « id. » (Troisième lapidaire en prose, XIV ds Anglo-norm. Lapidaries, éd. Studer et Evans, p. 144) ; 1536 citrin (ds Hug.). A empr. au lat. médiév. citrinus « qui a la couleur du citron » (viie-viiie s. ds Mittellat. W. s.v., 652, 70) ; B substantivation de A, cf. citrinus désignant plusieurs matières de couleur citron.


Lire également la définition des termes amanite et citrine afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Amanita citrina - Amanita mappa - Amanite sulfureuse - Coronge citrine - Grapaoudin jaouné - Oronge cigüe jaunâtre - Oronge citrine - Lera roussa picotada (niçois) - Peullarg -

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Mycologie :


Lucien Plantefol, auteur d'un article intitulé "Questions scientifiques : les champignons et nous (In : Revue des Deux Mondes (1829-1971), 1937, vol. 42, no 3, pp. 669-681) nous révèle les incertitudes des spécialistes sur la toxicité de l'Amanite citrine :


Il y a des champignons mortels. Combien d'espèces en France ? Je préfère ne pas répondre par un nombre.

D'abord les limites entre espèces et variétés sont ici très mal définies ; [...]

De plus, on ne sait pas toujours si une espèce, très bien définie pour le mycologue, est toxique ou non : l'amanite citrine a des caractères indiscutables et se reconnaît très aisément ; or elle était, il y a encore vingt ans, dans les atlas mycologiques français, un champignon qui tue. En Italie, pendant la grande guerre, ceux de nos majors qui connaissaient les champignons, eurent la surprise de voir soldats et paysans italiens récolter la citrine... Avec un peu d'imagination, vous reconstituerez des scènes où la science, qui se croyait sûre, n'eut pas toujours le beau rôle. Donc aujourd'hui, la citrine n'est plus mortelle. J'avoue que j'hésiterais encore à en manger...

 

Dans Les champignons mortels d'Europe (Éditions Klincksieck, collection De Natura Rerum, 2015), Xavier Carteret nous explique que :


[...] Comme si certaines espèces embrassaient soudainement une carrière d'assassin.... Les innocents deviennent suspects et, à l'inverse, certains suspect deviennent innocents. Ainsi a-t-on définitivement acquitté, en 1927, l'Amanite citrine (Amanita citrina), jusque-là « réputée mortelle », par ressemblance avec l'Amanite phalloïde : le délit de faciès existe aussi en mycologie. Lorsque l'on sut parfaitement distinguer l'une de l'autre, un grand banquet fut organisé au siège de la Société Mycologique de France, et c'est en ne mourant pas après s'en être gavé, que l'on rendit à la citrine les hommages dus à sa réhabilitation. La consommation de l'amanite citrine reste fortement déconseillée, d'une part parce qu'elle est médiocre au goût, mais surtout par risque de confusion avec l'amanite phalloïde. Il ne faut jamais se prendre pour un mycologue ; sachez que les plus grands spécialistes des champignons osent rarement employer ce terme pour eux-mêmes...

En réalité, il est tout à fait improbable que les participants au banquet précité se soient, comme nous l'avons écrit un peu vite, « gavés » d'amanites citrines. Car, en matière de consommation de champignons, la modération est obligatoire.

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Lyra Ceoltoir décrit l'Amanite citrine dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) de la manière suivante :


Elle a beau ressembler à ses cousines, Amanites phalloïde (Amanita phalloides) et vireuse (Amanita virosa), l'amanite citrine est loin d'être aussi violente. Dans le monde souvent très empoisonné des Amanites, elle est même plutôt inoffensive. Cependant, ne nous y trompons pas, ce n'est pas une bonne idée pour autant de l'ajouter à nos assiettes puisqu'elle est immangeable. En revanche, sa couleur fraîche et sa silhouette emblématique, grand chapeau perché sur un haut pied bagué d'une volve semblable à une jupe volantée, en font une bien belle demoiselle des sous-bois.


Vie de champignon : L'Amanite citrine est un champignon de taille moyenne, au chapeau toujours un peu convexe, même s'il s'étale avec l'âge. C'est ce dernier, d'un diamètre compris généralement entre 6 et 12 centimètres, qui lui donne son nom, à cause de sa douce couleur jaune pâle, évoquant cependant davantage le beurre frais que le citron. L'âgé a tendance à le faire blanchir sous les écailles éparses qui le parsèment, vestiges de sa volve de naissance, qui peuvent virer au brun quand le temps est sec. Dessous, les lames sont blanches, souvent bordées d'une marge citrine. Le pied est assez élancé, mesurant de 8 à 12 centimètres sur 2 centimètres de diamètre, nanti d'un anneau, jaune citron au-dessus, blanchâtre et floconneux en dessous. Comme chez toutes les Amanites, il est bulbeux à sa base, bordé des vestiges de la volve. La chair en est blanche et tendre, mais dégage une odeur désagréable de pomme de terre crue annonçant la couleur : ce champignon n'est vraiment pas fait pour être consommé ! Si l'on s'est aperçu qu'elle n'était pas toxique, ou en tout cas pas assez pour inquiéter le consommateur imprudent (1), sa saveur âcre et amère est tellement déplaisante qu'elle est boudée par toutes les assiettes.

L'Amanite citrine est très commune en Europe, poussant dès l'été et jusqu'à la fin de l'automne dans les forêts de feuillus, de préférence en compagnie des chênes et des bouleaux. Aimant les sols siliceux et humides, elle se montre tout particulièrement après la pluie. Celle-ci a tendance à lui faire perdre ses écailles, la rendant très semblable aux terribles Amanites phalloïde et vireuse, au point qu'on l'a longtemps classée parmi les champignons mortels, par amalgame. Si, aujourd'hui, on sait qu'il n'en est rien, le cliché est resté : en anglais, on l'appelle encore « false deathcap », soit « fausse amanite phalloïde ». A croire qu'elle ne se résume qu'à un cliché, destiné à rester dans l'ombre de ses cousines.

Pourtant, l'Amanite citrine, une fois l'apparence dépassée, ne possède pas grand-chose en commun avec ses parentes. Légèrement toxique crue, elle est certes immangeable, mais relativement inoffensive cuite, et ses teintes tirant sur le jaune lui donnent une belle aura douce et solaire, renforcée par ses pousses estivales. Il serait sans doute temps de lui redonner l'attention qu'elle mérite.


Note : 1) Elle contient de la bufoténine, une substance irritante que l'on retrouve notamment dans les glandes des crapauds, mais celle-ci est détruite à la cuisson.

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Symbolisme :


Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Dans le chaudron : En raison de sa couleur et de sa saison de pousse, l'Amanite citrine est associée à la joie et à l'abondance. Pour cette raison, elle peut entrer dans la composition des charmes et des sortilèges énergisants, destinés à éclairer des situations difficiles et à dissiper les peurs et les angoisses. Elle est liée à l'aube et à l'optimise, rappelant que le soleil finit toujours par se lever de nouveau, même après la nuit la plus noire. Pour cette raison, on peut l'employer pour aider à la récupération après une épreuve, ou pour développer la confiance en soi et la créativité.

Discrète et souvent dans l'ombre de ses cousines, l'Amanite citrine est généralement employée pour lutter contre la timidité, les phobies sociales, ainsi que pour aider à dépasser les clichés, les préjugés et les idées reçues. pour cette raison, elle entre facilement dans la composition des sorts visant à rétablir la vérité, à dépasser les premières impressions erronées, à lutter contre les phobies, les faux-semblants ou encore la calomnie.


Le Message de l'Autre Monde : « Je suis la calomniée, celle dont on se méfie à tort, le délit de sale gueule, celle que l'on montrer du doigt comme une criminelle. Pourtant, je n('ai rien fait de mal, à part exister et grandir sous une forme que d'autres jugent menaçante. Approche-toi, n'aie pas peur, écoute-moi, je ne te ferai pas de mal. Je ne te ferai peut-être pas de bien non plus, mais tu as le droit de savoir. Je suis la vérité cachée derrière els idées reçues et les clichés. Je suis parfois décevante, parfois violente, parfois rassurante, mais ça n'a pas d'importance. Je suis, voilà tout. N'est-ce pas là la clef de la sagesse ? »


Sortilèges : Chut, les ragots !

Pour faire taire des rumeurs (erronées !) à votre encontre ou à celle d'un proche (consentant à ce que vous pratiquiez la magie en son nom) et qui risquent ou commencent à causer du tort, partez à la recherche d'une Amanite citrine par une journée claire et ensoleillée. Si vous le pouvez, portez sur vous un bijou ou un galet de citrine, le cristal du même nom, car la synergie entre le champignon et ce minéral est particulièrement intéressante. Demandez la permission au champignon de le cueillir et assurez-vous, notamment en flairant son odeur de rave un peu pourrie, de bien récolter une Amanite citrine, et pas une des ses mortelles parentes.

De retour chez vous, installez-vous au calme, de préférence dans une pièce close, volets fermés ou rideaux tirés, pour être aussi « invisible » que possible. Si vous connaissez le nom de la personne qui répand de fausses informations à votre sujet, inscrivez-le sur un morceau de papier (la chose fonctionne aussi pour plusieurs personnes). Mieux, si vous en avez la possibilité, munissez-vous d'un échantillon de son écriture, d'une photographie de son visage ou de tout autre témoin permettant de se relier à elle (cheveux, ongles...). Si vous n'avez rien de tout cela, inscrivez simplement « rumeur mensongère » sur une bandelette de papier.

A l'aide de votre athamé ou d'un couteau bien aiguisé, pratiquez une petite incision dans le chapeau du champignon, juste assez grande pour y glisser votre témoin. Vous pouvez plier le papier ou la photo autant que nécessaire. Ce faisant, affirmez votre intention à voix haute, par exemple au moyen d'une petite incantation comme celle-ci :

« Ta langue est bien pendue, mais tout n'est que mensonges,

Tais-toi dès maintenant, fais silence dans l'oronge »


Refermez l'incision à l'aide d'épingles, d'aiguilles, de punaises ou de clous, très délicatement pour ne pas endommager le champignon. Sécurisez-le tout en l'enroulant entièrement dans un ruban blanc (ou une longue bandelette de tissu) en tissu naturel.

Enterrez le paquet dans un endroit ensoleillé, remerciez l'esprit du champignon et partez sans vous retourner.


Consolation en Forêt : Si vous vous sentez épuisé et usé après une épreuve, dont vous êtes sorti, mais non sans mal, partez en quête d'une belle Amanite citrine lors d'une journée radieuse, en pensant à glisser dans votre sac un thermos de votre boisson chaude favorite et votre friandise préférée. Asseyez-vous sur le sol à ses côtés (si votre mobilité vous le permet), et racontez-lui ce que vous venez de vivre, comme s'il s'agissait d'un ami à qui vous vous confiiez ou d'un psychologue à votre écoute. N'ayez pas peur du ridicule ni des débordements d'émotions ; si vous devez pleurer, crier, râler, ne vous retenez pas.

Une fois toute l'histoire narrée, prenez une très grande inspiration et soupirez de toutes vos forces, autant de fois que nécessaire pour vous sentir soulagé. Récupérez de vos émotions en dégustant votre friandise et en buvant votre boisson à petites gorgées. Si cette dernière n'est pas sucrée, gardez-en un peu pour en faire une libation sur le sol de la forêt une fois qu'elle aura refroidi, mais pas sur le champignon lui-même ; plutôt un peu plus loin, pour ne pas endommager le mycélium en surface. Adressez une prière de remerciement à l'esprit du champignon, de votre propre consommation pour être le plus sincère possible.

Sur le chemin du retour, soyez à l'affût du monde qui vous entoure et ramassez le premier élément qui vous appelle sur le sol de la forêt : caillou, feuille, gland, graine, pomme de pin... Suivez votre instinct et choisissez celui qui semble n'attendre que vous. Conservez précieusement cette amulette forestière, cadeau des esprits de la sylve pour vous rappeler que toutes les épreuves ont nécessairement une fin et que bientôt, le soleil se lèvera de nouveau sur votre horizon.

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