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L'Amanite vireuse




Étymologie :

  • AMANITE, subst. fém.

Étymol. ET HIST. − 1611 bot. (Cotgr. : Amanite. The name of a wholesome toadstoole). Empr. au gr. α ̓ μ α ν ι ́ τ η ς « sorte de champignon », Galien, 6, 370 ds Bailly. Amanitine, 1838 chim. (Ac. Compl. 1842).

  • VIREUX, -EUSE, adj.

Étymol. et Hist. 1. Fin xive s. « de goût rance, fétide » (Eustache Deschamps, Balades de moralitez ds Œuvres compl., éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 1, p. 188 : Becuit vireux [note de l'éd. : peut-être véreux] et poulz, puces et ras), attest. isolée ; 1611 « rance, fétide, à odeur forte ; vénéneux » (Cotgr.) ; 1812 ciguë vireuse, laitue vireuse (Mozin-Biber) ; 1812 plante vireuse (Boiste) ; 1824 substances vireuses (Nysten) ; 2. 1561 goût vireux (Du Pinet, Les Commentaires de M. P. A. Matthioli sur Dioscoride, chap. XXIII, p. 27 : le Cancamum estre de goust vireux) ; 1753 odeur vireuse (A. Le Camus, Médecine de l'esprit, t. 2, p. 89 : plantes [...] d'une odeur vireuse) ; 1830 saveur vireuse (Encyclop. méthod. Méd.). Empr. au lat. virosus « d'odeur fétide, infect », dér. de virus (virus*).


Lire également la définition des termes amanite et vireux afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Amanita virosa : Amanite ciguë ; Ange de la mort ; Ange destructeur ; Ciguë blanche ;

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Mycologie :


Lyra Ceoltoir décrit l'Amanite vireuse dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) de la manière suivante :


"Ange de la mort"... Le surnom de ce champignon annonce la couleur : l'amanite vireuse est un poison mortel, à l'instar de ses cousines, les amanites phalloïde et printanière, avec lesquelles elle forme la terrible triade des Phalloidaea, la plus dangereuse de nos forêts. Toutes trois se partagent l'Europe en fonction de leurs préférences climatiques et géographiques, et sont souvent confondues à cause de leurs apparences semblables et de a substance identique qui fait leur sinistre réputation, l'amatinine.

Vie de champignon : L'amanite vireuse ressemble fortement à l'amanite printanière, bien qu'elle soit de taille un peu plus modeste et qu'elle préfère, pour sa part, les régions du nord. Son chapeau de 5 à 10 (rarement jusqu'à 12) centimètres de diamètre, est tout blanc, lisse et visqueux, mais bien moins régulier : généralement asymétrique, il a tendance à pencher d'un côté ou de l'autre, lui donnant un curieux air de casquette de Gavroche. Ses lames sont blanches, serrées, jamais marginées. Son pied, (qui s'élance sur 10 à 15 centimètres de haut, est d'aspect irrégulier, contrairement à celui de l'amanite printanière, totalement lisse. Il est comme pelucheux et duveteux en dessous de l'anneau floconneux et fragile, la plupart du temps rattaché a chapeau par des vestiges de la volve de naissance, qui galbe également la base bulbeuse du pied.

La chair est blanche, mince, et dégage une odeur désagréable. Une réaction chimique la fait virer immédiatement au jaune d'or au contact de la potasse (1), un procédé que l'on utilise habituellement pour l'identifier, en particulier pour la distinguer de l'amanite printanière, qui reste blanche en présence de cette substance. Son poison est aussi virulent et dangereux que celui de ses cousines ; un seule champignon suffit pour condamner un homme adulte à mort. Une mort lente et douloureuse... Comme l'amanite phalloïde, l'amanite vireuse est une tueuse méthodique : elle provoque d'abord de violents troubles digestifs 4 à 16 heures après l'ingestion, puis une semaine plus tard, après une fausse rémission détruit irrémédiablement le foie. Environ 60% de ses victimes succombent (2).

Plutôt rare, elle marque une préférence pour la montagne en raison de ses sols siliceux, notamment les Vosges, les Ardennes et les Alpes, même si elle ne dédaigne pas forcément les plaines. C'est une espèce septentrionale, préférant les régions et pays du nord de l'Europe, où elle pousse, le plus souvent seule, dans les forêts de la fin de l'été jusqu'à la fin de l'automne, de préférence en compagnie des conifères, mais aussi des bouleaux et des myrtilliers, qu'elle affectionne particulièrement.


Notes : 1) L'hydroxyde de potassium, communément nommé potasse, est une substance corrosive notamment employée dans les engrais et l'industrie chimique.

2) Neville (P.) et Poumarat (S.), Fungi Europaei, vol. 9, Amanitaea ; Amania, Limacella et Torrendia, éditions Candusso, Otiggio, 2004.

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Symbolisme :


Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Dans le chaudron : Le troisième membre de notre triade de la mort est associé quant à lui à l'aspect plus cruel et violent de cette étape de la vie. Alors que l'amanite phalloïde est en lien avec les inframondes et la printanière avec l'immuabilité de la mort,, l'ange de la mort est plutôt en adéquation avec la douleur, le deuil, les morts violentes et le sentiment d'injustice que l'on ressent parfois face au décès. Comme ses cousines, elle n'en est pas maléfique pour autant : il s'agit simplement de notre perception de l'ne des facettes de la fin de vie.

Pour cette raison, elle entre souvent dans la composition des rituels de destruction, destinés à aire mourir symboliquement quelque chose de manière brutale, violente et douloureuse? Là encore, nul maléfice, seulement l'ordre des choses ! Certaines choses doivent en effet mourir dans la douleur pour disparaître finalement, comme des attitudes toxiques, des dépendances, des addictions, dont le traitement passe par une phase nécessairement difficile et tortueuse afin de s'en purger pour de bon. Il n'y a pas de manière douce de se sevrer d'une substance addictive, n'est-ce-pas ?


Le Message de l'Autre Monde : « Je suis l'ange de la mort. Le destructeur. Là où je passe, je ne laisse rien indemne, personne indifférent, aucune chose dans l'état où elle était auparavant. Je brise, je casse, j'effondre, je tue. On me déteste souvent pour cela, et pourtant, je suis nécessaire. Vital. Si tout vivait sans jamais mourir, à quoi ressemblerait le monde ? Ne me crains pas. Mais ne me cherche pas non plus. Inutile de venir à ma rencontre, c'est moi qui viendrai te chercher, quand le moment sera venu. Regarde autour de toi :la mort et la destruction sont partout, même si tu ne les vois pas. Les plantes fanent, les feuilles tombent, la grêle martèle le sol, le gel mord les racines. "Cruel" ? Peut-être. mais comment reviendrait le printemps, s'il n'y avait pas l'hiver ? »


Sortilège : Tabula rasa : Bannissement irrévocable

Les sortilèges de bannissement sont parmi les plus répandus et peuvent embrasser un large spectre d'effets, du plus léger (qui éloigne quelque chose sans le aire disparaître) au plus fort. On s'en doute, l'emploi de l'ange destructeur appartient à la dernière catégorie,, celle qui non seulement fait disparaître, mais réduit en cendres ce que 'l'on bannit par la même occasion. Par conséquent, n'employez ce rituel que pour un bannissement très sévère car ce que vous chassez ne reviendra plus et sera annihilé. Il vaut donc mieux être sûr de vous. Naturellement ce sortilège ne s'emploie jamais sur une personne ; seulement sur une attitude, une situation ou une habitude devenue délétère.

Ce sortilège est très simple dans son déroulement, beaucoup moins dans les faits, puisqu'il vous faudra partir en quête d'un amanite vireuse. Ne la cueillez pas, vous l'utiliserez en la laissant sur place. Une fos le champignon déniché, il suffit de lui chuchoter ce que vous souhaitez voir détruit, avant de symboliser cette chose sous la forme d'un sigil que vous tracerez en noir sur un carré de papier blanc, et de le faire se consumer à l'aide d'une allumette ou d'un briquet. munissez-vous d'un récipient ignifugé afin de recueillir les braises ainsi que les cendres, et d'une petite pince pour tenir le papier enflammé sans vous brûler.

Pendant que les cendres refroidissent, psalmodiez un mantra en boucle, en laissant les mots s'emmêler et se confondre pendant plusieurs minutes. Arrêtez-vous quand il vous devient difficile d'articuler correctement. Ce mantra doit être très simple et court, par exemple :


« Disparais, va-t-en, sois détruit... »


Répandez les cendres refroidies au pied de l'amanite, remerciez-la d'une libation ou d'une offrande appropriée et partez sans vous retourner.

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Littérature :


Anne Roser, autrice de Les empoisonnements dans les romans de C. L. Grace. (Sciences pharmaceutiques, Université de Lorraine, 2012) mentionne un empoisonnement à l'amanite vireuse :


La consommation de champignon est habituelle au Moyen Age. La toxicité de quelques espèces était bien connue et certains entraient dans la composition de philtre empoisonné. Dans un des romans de C. L. Grace, on retrouve une intoxication à l’amanite vireuse.


Le Marchand de mort : p. 211

Emma, la fidèle servante, avait préparé une potion mortelle.

Pour essayer d’identifier le poison, Kathryn huma le fond de la coupe de vin. « L’odeur était nauséabonde. » Elle sait alors quel poison est en cause. « Je pense qu’Emma a utilisé ce que les latinistes appellent Amanita virosa, un champignon mortel. Il a un chapeau en forme d’œuf, d’un blanc soyeux, brillant, mais sa chair a la couleur d’un renard brun. » « On prépare avec ce champignon une potion fatale dont on déguise le goût en la mélangeant avec du vin de Bordeaux. »


Kathryn nomme le poison Amanita virosa. Elle le décrit comme un champignon mortel, au chapeau blanc soyeux, brillant, en forme d’œuf et dont la chair est couleur d’un renard brun. Son goût est fort, l’odeur nauséabonde.

[...]

Kathryn nomme le champignon Amanita virosa. Le premier à donner des noms d’espèce en latin à quelques champignons est Gaspard Bauhin (1560-1624) à la Renaissance. Jusqu’alors, les botanistes s’étaient contentés d’identifier les espèces en les numérotant. La langue commune et unique en latin est lancée mais elle n’est qu’à son début.

En 1583 dans l’ouvrage De plantis de Pier Andrea Cesalpin, on voit encore les boleti désigner les amanites et les suilli, les bolets. Et, on le sait, ce n’est qu’au XVIIIème siècle que Linné impose la nomenclature binomiale [95]. Kathryn, au XVIème siècle, ne peut pas nommer ce champignon de la sorte. De plus c’est Christian Hendrik Persoon qui a publié en 1797 le premier le genre Amanita (dans son sens actuel).

L’Amanita virosa n’apparaît pas chez les auteurs de l’époque. Kathryn en donne néanmoins une description précise. S’agit-il d’une erreur de l’auteur ? Ou connaissait-t-elle ce champignon ? Considérant la répartition de l’amanite vireuse dans le climat tempéré nord, Kathryn aurait pu la connaître, bien qu’elle reste peu courante.

[...]

Kathryn décrit bien l’amanite vireuse comme un champignon mortel, blanc, à odeur nauséabonde. Malgré tout, elle précise que le champignon a la chair brune alors que l’amanite vireuse a la chair blanche. Après renseignement pris auprès de mycologue avertis, la chair de l’amanite vireuse est toujours blanche et ne prend jamais une couleur brune, ni en vieillissant ni par oxydation. Est-ce là une erreur de la part de l’auteur des romans ? On sait que l’amanite vireuse ressemble au rosé des prés, Agaricus campestris (excellent comestible) et les confusions entre les deux champignons sont fréquentes et souvent à l’origine d’empoisonnement. Ce champignon possède un chapeau blanc, un anneau, pas de volve, une chair rosée et ses lamelles, d'abord de couleur rose pâle, deviennent brunes. Est-ce l’origine de la confusion ? Cette hypothèse n’est pas parfaite puisque l’erreur ne se situe qu’au niveau de la chair et que la description de l’empoisonnement reste correcte.

En comparant les descriptions de Kathryn aux connaissances de l’époque, on remarque beaucoup d’incohérences.

Tout d’abord il y a le nom « Amanita virosa » que l’héroïne ne pouvait pas connaître au XVIIIème siècle. Il s’agit là d’un anachronisme avéré. Le terme « latiniste » nous a paru également moderne, mais après vérification, cette expression était connue au milieu du XVème siècle.

D’autre part, comme on l’a montré, ce champignon n’a pas été décrit par les scientifiques de l’époque, pourtant Kathryn parvient à le faire. Encore une fois on peut penser, que même s’ils n’apparaissent pas dans les textes des botanistes, certains champignons étaient connus et que leur description et leurs effets avaient été rapportés par ceux qui les avaient rencontrés. Cependant cela en ferait une érudite spécialisée et on sait que Kathryn est un médecin apothicaire de Cantorbéry, qui certes a beaucoup de connaissances mais comme elle le dit elle-même, elles viennent surtout de son père ou des quelques manuscrits qu’elle détient chez elle, par exemple l’Antidotarium Nicolai, comme tout médecin ou apothicaire. Elle n’en sait donc certainement pas plus que ce que l’on a pu regrouper à propos des connaissances à son époque.

Là encore, il s’agirait d’un anachronisme.

La description du champignon faite dans le roman concorde avec les caractéristiques de l’Amanita virosa connue aujourd’hui sous ce nom, excepté la chair brune.

L’auteur se serait-il trompé ? Pourquoi cette erreur ? Est-elle volontaire, involontaire ? A-t-il réellement décrit l’Amanite vireuse ? On peut penser que oui car les symptômes décrits correspondent à ceux d’un empoisonnement à l’Amanite vireuse.

Le narrateur aurait-il délibérément commis une erreur dans la description du champignon pour mettre en évidence que le savoir de l’apothicaire repose aussi sur des affirmations d’auteurs qu’elle n’a pas pu vérifier mais qu’elle prend pour vrai ? Il paraît plus probable de penser que le narrateur, entraîné par son intrigue policière, a commis une erreur. L’hypothèse n’est pas vérifiable !

 

Koikoi Beavogui, auteur d'une Histoire des empoisonnements et principaux poisons (2020, Thèse de doctorat soutenue à l'Université Mohammed V de Rabat, Maroc) reprend presque mot pour mot le travail de la précédente :


Le champignon est l’un des aliments prisés du moyen âge. On avait une assez bonne connaissance de la toxicité des champignons et certains étaient employés pour constituer des philtres empoisonnés. Dans le roman « Le Marchand de la mort » de C. L Grace, on note un empoisonnement à l’amanite vireuse. L’héroïne décrit l’amanite comme étant un champignon mortel et le nomme Amanita virosa. Selon elle, il s’agit d’un champignon clair laineux, brillant, de forme arrondie et dont la chair est d’un renard brun. D’odeur nauséabonde, il a un gout fort.

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Litt woon Long, dans son roman intitulé La femme et les champignons : Une histoire de deuil et de retour à la vie raconte comment la découverte du monde des champignons... et des mycologues lui a permis de traverser le deuil de son époux :

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